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Alban Abernaty
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3557-alban-abernaty-le-ciel-se-nourrit-d-ailes
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3559-alban-abernaty-voltali
Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
70
20638
2487
pokemon
Hoenn
17 ans
70
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Dernièrement, les choses ne s’étaient pas vraiment passées de la meilleure des façons à l’académie. Pour commencer, Alban avait de nouveau été sollicité par cette chère Mademoiselle Hortense pour une nouvelle tâche ingrate. Si la première lui avait effectivement permis de partir en Mission avec Aaron S. Mightley - devenu depuis son meilleur ami - et de mieux faire sa connaissance, il n’avait cependant pas pu trouver du bien dans le mal qu’elle lui avait imposé pour sa seconde tâche. Devenir le tuteur d’Alex J. Lovell. Sérieusement ?! Honnêtement, qu’avait-il fait de mal dans sa vie pour mériter pareille horreur ? Oh, il n’était pas contre le fait d’aider les autres de temps en temps. Après tout, en tant que Coach, c’était un peu son devoir et il adorait se forger une expérience en entraînant toute sorte de Pokémon de Types différents. Mais voilà… Alex était la personne qu’il détestait probablement le plus sur l’île de Lansat - oui oui, même Miyagi Tajiri le despote n’était pas aussi bas dans son classement -. Autant dire que ce n’était donc pas une partie de plaisir de devoir supporter sa présence et ses sarcasmes une fois par semaine. En outre, la Givrali s’amusait de cette situation ; elle le prenait de haut malgré sa piètre expérience, elle lui lançait des défis et remettait chaque fois en question ce qu’il tentait d’inculquer dans sa tête creuse. Quand il s’agissait d’être motivée en classe et d’apprendre ses leçons, elle pouvait être d’une paresse sans nom. Mais pour rendre la vie infernale à Alban ? C’était probablement son sport de prédilection. Autant donc dire que le jeune Voltali n’était pas de la meilleure des humeurs ces derniers temps.

Rajoutez à cela le retour du Zarbdomadaire, ce fameux Journal qui était rapidement venu reprendre sa place de leader sur le marché, éclipsant totalement la Gazette de Potiron, et vous aurez un Alban au trente sixième au-dessous. Oh, il n’avait rien contre le principe du Zarbdomadaire à la base. Un papelard de ragots, avec des interviews et des bons plans, c’était souvent intéressant. De même que la Gazette de Potiron, le concept lui avait paru intéressant de prime abord. Mais quand on parlait de son meilleur ami deux fois d’affilée ? Autant dire que ça ne lui avait pas beaucoup plu. Aaron était un grand garçon, cependant, et il était certain qu’il saurait garder la tête haute. Mais Aaron était également bon pour cacher ce qui le blessait réellement et faire comme si de rien n’était. Malgré tout, dire que le fait qu’on parle sur le rouquin était la seule chose qui l’inquiétait serait mentir. Car Alban ne savait plus vraiment comment se comporter vis-à-vis de son meilleur ami. La première fois, il n’y avait pas eu de problèmes. Le Chercheur l’avait certes embrassé dans cette Rue Commerçante, mais ils en avaient discuté et en étaient venus à la conclusion que ce n’était pas grand-chose. Une simple impulsion après tout, à qui cela n’arrivait-il pas ? La Gazette de Potiron avait alors relayé ce fait et les deux amis avaient pu en reparler. Pour autant, Aaron restait toujours fermé comme une huître dès lors qu’ils commençaient à parler de son orientation sexuelle. Déni complet ou simple erreur de cible le jour où il l’avait embrassé ? Le Voltali n’en savait rien mais il en était venu à penser qu’Aaron n’était peut pas être homosexuel après tout.

Voilà qu’une seconde nouvelle venait cependant le bouleverser. Premier numéro du Zarbdomadaire. Et nouvelle information qui venait remettre sur le tapis les interrogations d’Alban concernant son meilleur ami. Ce dernier était cependant resté muet sur le sujet. Pourquoi ne lui en parlait-il pas ? Le Voltali s’en fichait après tout : Aaron restait Aaron, qu’il aime les hommes ou non. Pourtant, il était son meilleur ami. Et de ce fait, il s’attendant à ce que le Phyllali se confie à lui si quelque chose le chagrinait. Que ce soit ses questions sur sa sexualité, ou bien sa déprime quant à toutes ces rumeurs qui parlaient de lui. Mais Aaron ne venait pas. Et, étrangement, il se comportait de façon assez bizarre ces derniers temps. Alban avait l’impression que son ami n’était plus le même qu’avant. Il riait avec moins d’entrain, souriait avec moins de naturel. Leur relation était comme sur un fil tendu ; prête à casser à la moindre perturbation. Et il n’aimait pas ça.

Qu’est-ce qui perturbait autant Aaron ? Pourquoi n’arrivaient-ils plus à parler comme avant ? Les rumeurs avaient bientôt fait de dévaler les couloirs comme un raz de marée. Si Aaron et Alban étaient moins vus ensembles ces derniers temps, c’était parce qu’il y avait une querelle entre eux. Des non-dits. Des tensions. Les filles en parlaient avec excitation. Se pourrait-il qu’Aaron soit amoureux d’Alban en secret mais soit déçu que ce dernier s’intéresse à une autre fille ? Se pourrait-il qu’Alban soit jaloux de cette danse entre Aaron et Narr, le soir d’Halloween ? Les hypothèses allaient bon train, et tout cela pesait de plus en plus sur ce pauvre Alban. Il n’aimait pas être le centre de l’attention. Et surtout pour des sujets aussi futiles. Mais il n’y recoupait pas, malheureusement… Si les filles le trouvaient encore plus séduisant suite à ces révélations - visiblement, le côté inaccessible faisait des ravages parmi les adolescentes de 15 ans -, Alban lui, se sentait comme un paria. Il avait même l’impression que certains de ses camarades Voltali croyaient ces rumeurs. Alors certes, si les Voltali qu’il connaissait bien ne lui faisaient jamais aucune remarque, il ne parvenait pas à couper aux regards insistants des autres. Cette espèce de diva de Zach Wester par exemple ne cessait de lui jeter des regards hautains accompagnés de petites piques dignes d’un gamin de 8 ans. Et le châtain savait qu’il n’aurait pas dû y faire attention. Et pourtant si.

Toute cette histoire le perturbait. Toute cette histoire l’agaçait. Et plus que tout, il comprenait de moins en moins Aaron. Mais il tenait toujours autant à lui. C’était son meilleur ami, c’était indéniable. Ce jour-là donc, après avoir essuyé une énième pique de la part de Zach, il s’était naturellement dirigé vers le Dortoir du Phyllali. Il risquait peut-être d’y croiser « Leo » - *fait style de vomir par terre* - mais qu’importe, il fallait absolument qu’il parle à Aaron pour essayer d’obtenir des réponses. Après une traversée du Parc en mode conquérant, Alban s’était donc arrêté devant l’immense bâtisse des Verts. Et, par chance, son meilleur ami se trouvait en extérieur avec ses Pokémon. Pas le temps de s’embarrasser de salutations inutiles.

- Aaron ! lui cria-t-il de l’autre côté de la cour.

S’avançant d’un bon pas vers le rouquin, Alban lui attrapa le poignet et ouvrit la bouche quand…

- Ah, vous êtes là, Matricule 0256, Matricule 0258 ! les interpela la voix virile suave de Jackie.

Alban s’immobilisa dans son geste, en fixant d’un air hébété le visage sévère et rude de la référente des Pyroli. Qu’avaient-ils fait ? L’ancienne Générale les toisa du regard l’un après l’autre, les bras croisés, droite comme un piquet. Autant dire que ça ne sentait pas forcément bon. Le châtain commença à paniquer. Quand Mademoiselle Hortense venait le voir, c’était déjà la catastrophe. Mais Générale Jackie ? Ce serait forcément pire…

- Tous les deux. Trois Pokémon. Mission dès demain sur l’île de la survie pour l’émission de M(agnéti)-6, leur annonça-t-elle de but en blanc.

Hein ? Que ? Quoi ? Mission ? Alban regarda Aaron avec un air surpris. Ce dernier devait forcément comprendre encore moins de chose que lui. Non seulement son meilleur ami déboulait pour lui parler, mais en plus Jackie enchaînait juste après. Pauvre Aaron… Devant leurs airs étonnés, Jackie leva les yeux, exaspérée par un tel manque de culture.

- La chaîne a lancé une nouvelle émission sur le thème de la survie. 8 candidats, une île déserte, avec pour but de survivre. Autant vous dire pour ceux qui étaient là l’année précédente - elle dévisagea avec insistance Aaron - ET qui ont fait le bon choix de choisir mon cours en spécialité - elle le fusilla du regard plus particulièrement -, que c’est du déjà-vu. Aussi ai-je eu l’autorisation de la Directrice d’envoyer quelques-unes de mes élèves. - elle soupira en fermant les yeux, comme en proie à un très mauvais souvenir -. Malheureusement, mes filles se sont montrées inaptes à faire un parcours satisfaisant durant l’émission. La cause ? Un esprit de compétition trop prononcé qui les a fait se tirer dans les pattes, et un manque de charisme qui les a empêché d’obtenir ces fameux « Baudrive de sponsor », petits sacs de vivres envoyés en direct par les spectateurs. D’autant plus, même si elles étaient adaptées à cet environnement de survie, leur manque de jugement et d’adaptation aux conditions du milieu ont conduit à leur échec. ET c’est pour cela que je compte sur vous deux pour faire un plus brillant parcours.

Elle s’arrêta et les fusilla du regard tour à tour, comme pour les intimider.

- Matricule 0258, malgré ta faiblesse physique, tu as un esprit calculateur et une froide intelligence, en plus d’avoir un sens de l’observation pointu. Andreas m’a également rapporté que tu avais eu l’enseignement de ce vieil ermite de Miyagi Tajiri. Matricule 0256, tu fais fantastiquement le babouin. Tu es agile, petit, vif, et Roseverte a déjà avancé le fait que tu aies participé à deux Expéditions hors de l’académie, tout en étant revenu, d’après ses dires « miraculeusement en vie ». Vous êtes donc les deux sur lesquels je vais miser. D’autant plus que vous, vous parviendrez facilement à coopérer et à obtenir les faveurs de la ménagère moyenne. Vous avez un certain capital sympathie. Aussi, je COMPTE sur votre parfaite coordination afin de porter HAUT les couleurs de l’école. Et autant dire que je n’attends pas uniquement que vous « fassiez de votre mieux ». Je veux que vous GAGNIEZ. Est-ce bien pigé ?

Alban rentra la tête dans les épaules. Avaient-ils vraiment le choix de toute façon ? Après les avoir toisés l’un après l’autre avec un visage dur, Jackie leur remis leur ordre de Mission et les força à les lire immédiatement. Alban regarda Aaron, et, d’un commun accord, ils ouvrirent le dossier. Départ le lendemain à 17h pour arriver sur l’île et commencer le jeu aux alentours de 20h. Une durée de jeu en moyenne de 5 jours. 3 Pokémon autorisés. Interdiction d’apporter d’autres affaires. Ahahaha… Comment dire…

- Je heuuu bah… oui d’accord, répondit Alban à la référente Pyroli, sentant tout son courage s’évaporer comme neige au soleil.
- J’espère bien. Bon. Matricule 0258, tu viens avec moi, on va faire quelques pompes sur le terrain pour essayer d’améliorer ton corps de faible avant demain. Matricule 0256, tu peux aller préparer tes Pokémon et tenter de trouver une stratégie avant demain. Et sur ce… ROMPEZ !

Elle attrapa ensuite Alban par la peau du cou comme un vulgaire Chacripan et l’emmena de force jusqu’au terrain d’entraînement, laissant le Phyllali derrière eux. Hm… Leur conversation ? Aha, ce serait sans doute reporté à une autre fois, hein… Eh merde. Dans la sueur et les beuglements, Jackie le fit donc s’entraîner jusqu’à épuisement. Le lendemain, dernier jour avant la reprise de la semaine, Alban était trop occupé à faire des recherches sur les végétaux comestibles en fouillant dans ses nombreux carnets de tourisme pour penser à aller voir Aaron. Ce dernier, de son côté, ne se manifesta pas… Ils ne se retrouvèrent que le soir, devant l’hélicoptère qui les attendait devant le portail du Campus et qui allait les mener sur l’île inconnue. Eh bien… La télévision faisait vraiment les choses en grand… Gêné, Alban laissa entrer Aaron en premier avant de grimper lui-même dans l’hélicoptère.

- Hm… Comment tu te sens ? lui demanda-t-il.

Ils se toisèrent silencieusement tandis que l’hélicoptère commençait à prendre son envol. Zéphyr et Mistral, perchés sur les épaules du châtain, saluèrent avec enthousiasme le Phyllali. Auster, quant à lui couché sur les genoux de son dresseur, inclina la tête d’un air noble. Eh oui. La fine équipe. Alban avait longtemps hésité entre Mistral et Zénith mais au final, choisir son Tylton lui avait paru plus pertinent… Avec un sourire crispé, il sortit son ordre de Mission et le posa sur ses genoux…

- Prêt pour une nouvelle aventure ?

Ils auraient tout le temps de parler de leur problème plus tard, après tout. Pour le moment, la concentration avant le début de l'émission était de mise. Qu'allaient-ils découvrir là-bas ?

Dernière édition par Alban Abernaty le Mer 17 Fév - 20:32, édité 2 fois
Nemo Kendhall
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[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor

Je jette ce torchon par terre d’un mouvement rageur. Heureusement que je suis seul dans le petit chalet. Je laisse aller ma tête contre mes mains. Putain de Zarbdomadaire. Je reste quelques minutes comme ça, tentant vainement de faire passer ma pseudo fureur. Je ne peux pas être énervé, enfin si ! Mais contre moi-même ! C’est moi qui ai laissé Vaaron s’emparer de moi. C’est moi qui ai laissé la Terreur prendre possession de mon corps. Elle jouait à quoi en dansant avec Narr ? Juste à m’attirer des ennuis ? Mais, pire, l’aurais-je remarqué si j’avais été moi-même ? J’ai beau fouiller dans mon esprit l’ensemble de la soirée d’Halloween me semble terriblement lointaine, floue et sans contour distinct.

J’émerge discrètement la tête d’entre mes doigts, jetant un regard en biais au journal chiffonné par terre. Je prends une grande inspiration. Je vais encore devoir éviter les regards suspicieux de mes camarades masculin du dortoir. Déjà qu’avec la parution de la Gazette ç’a n’avait pas été facile… Les rumeurs circulent bien trop vite. Je n’ai même pas la moindre idée de comment on a pu me voir embrasser Alban. Je repense furtivement au vendeur chelou. Ca ne peut qu’être lui, de toute façon. Ce n’est pas ça qui m’embête le plus, non, loin de là. Booon, il est vrai, on ne va pas se mentir non plus, c’est pas facile de se retrouver afficher d’une telle manière du jour au lendemain. On se sent un peu comme le centre d’attention, on chuchote sur mon passage. Bah’ , c’est une habitude à prendre… puis ça passe. Je sais que certains de mes camarades m’évitent à cause de ce dérapage, à vrai dire, je m’en fout. Ils pensent que je vais les reluquer sous les douches ? Ils sont bien loin de la réalité. Ils pensent que… j’aime les hommes. Je rosis à cette évocation. Je ne sais pas encore parfaitement où j’en suis. Non, ce que je sais en revanche c’est que la soirée d’Halloween m’a prouvé que je ne suis pas en sécurité, encore moins avec moi-même.

Je dois trouver un moyen d’endiguer la Terreur. A tout prix. Alors, depuis cette soirée, j’évite un peu tout le monde. Ce qui ne m’est jamais arrivé. Enfin, si, juste après ma sortie avec Alban… puis… la sortie de la Gazette…la soirée d’Halloween et… la sortie du Zarbdomadaire. Je compte sur les doigts de ma main. Okay. Ca commence à faire un petit bout de temps que je me réfugie tout seul. Je caresse le crâne d’Invy. Je crois que même mes Pokémon en ont marre de mon état. Le reste de l’équipe a pris sa petit indépendance, ils s’occupent très bien sans moi. Même mieux, peut-être. De toute façon, depuis mon dérapage avec la Terreur, ils ne me font plus confiance. Si, peut-être Invy, encore, mon Starter est bien fidèle. Enfin, endormi, surtout.

Je pousse un soupir. Il va bien falloir que je me magne un peu. Que j’aille prendre des nouvelles d’un peu tout le monde. Que je sorte de ma petite bulle. Ca ne me ressemble décidément pas de rester tout seul dans mon coin. Pourtant, une peur me vrille l’estomac. Si la Terreur s’empare à nouveau de moi ? Si le Comte Vaaron refait son apparition alors qu’Halloween n’a plus lieu d’être ? Qu’est-ce que je dirais à mes amis, moi ? Si j’en viens à… à… je ne sais pas, leur faire du mal ? Cette idée me stop net dans mon élan. Peut-être ferai-je mieux de rester ici ? Après tout…

Je m’assois au bord du lit, tapant du pied contre le parquet du petit chalet. Je me frotte les mains. L’hiver s’installe. Le temps au dehors est tout tristou. La mer vient lécher le sable, comme au ralenti. Ce paysage arrive à me faire oublier un instant tout mes soucis. Il me détend. Je respire à nouveau normalement et je sens une certaine paix s’insinuer en moi. Ca fait un bien fou. Je retrouve un certain entrain. Je me lève, tant pis, je dois sortir. Ce n’est pas en restant les bras ballants que la Terreur va revenir. Ce n’est pas en restant ici que j’apprendrai à la combattre. Je dois aller de l’avant. Et ça presse. Toutes mes pensées convergent vers Alban. Il est mon meilleur ami, il a le droit de savoir. Non, il FAUT qu’il sache. Il faut que je lui confie ce secret.

Je m’habille en vitesse sans vraiment me préoccuper de ma tenue, ce qui est assez rare pour le mentionner, attrape Invy que je glisse sur mes épaules et je file vers le bâtiment principal des Phyllali. Avant de partir à la rencontre d’Alban, il faut que je rassemble mon équipe. A eux aussi je leur dois des explications. Vivaldy est toute proche, elle veille au grain. Elle a vraiment gagné en maturité ces derniers temps. Ca ne l’empêche absolument pas de faire la folle avec Phy, mais avec plus de recule maintenant. En se levant pour venir à ma rencontre, elle fait revenir Phy qui déboule comme une fusée de la forêt. Elle fonce sur moi en me déséquilibrant presque. Je retrouve le sourire tout en caressant le haut de son crâne. En voilà une qui ne perd jamais de sa motivation. Genesy et Frey sont un peu plus loin, toujours ensemble. J’ai la désagréable impression qu’ils complotent contre moi. Pourtant, le petit Moustillon se précipite vers moi lorsqu’il me voit arriver. Cela me décroche un nouveau sourire. Par contre, je suis obligé de faire signe au Galegon pour qu’il daigne enfin s’approcher.

Mon équipe à grandie si vite. J’ai l’impression que ma visite chez le Collectionneur était hier. Me voilà maintenant entouré de quatre nouveaux Pokémon. Je respire l’air frais tout en admirant mes Pokémon. Ils sont tous beaux là, j’en suis très fier. Je n’ai pas envie de les préoccuper avec mes problèmes. Mais ils doivent savoir…

“_ Ecoutez je… je”

Je cherche mes mots. Un petit moment, puis, je suis coupé dans mon élan par un cris. D’une voie trop familière. C’est Alban. Je sens mon coeur bondir, je ne suis pas prêt. Je pensais pouvoir m’entraîner en l’expliquant à mes Pokémon… mais voilà que… qu’il m’attrape le poignet, je frissonne. La dernière fois qu’on s’est tenu comme ça… non ! Je ne veux pas y penser. Heureusement, un nouvel élément perturbateur s’ajoute à la liste. Pour la première fois depuis mon arrivée, on m’interpelle par mon numéro étudiant. Chose à laquelle je ne réagis pas tout de suite. C’est en voyant les yeux ronds de mon ami Voltali que je tourne enfin la tête vers… Jackie ? A ce moment, je me serais bien posé plus de question. Mais la Référente Pyroli ne nous laisse aucun répi. Moi qui n’avait encore jamais eu l’occasion de lui parler. Voilà une bien belle entrée en matière. Une mission ? Tout les deux ? Hein ? Quoi ? De quoi ? Pourquoi ? Je croise le regard bleuté du Voltali, non ! J’ai aucune idée de ce qui se passe moi non pluuuus ! C’pas moi !
Mais euuuuuh ! Pourquoi nous ? Et là je me prends un regard à glacer le sang. Okay. J’arrête de me plaindre. Je baisse les yeux. Okay. D’accord. on va y aller, oui. Promis. Un “fantastique babouin” ? Je voudrais disparaître sous terre. Merci pour le compliment. Participer ? Gagner ? De quoi ?

Je reste encore plusieurs minutes interloqué. Heureusement qu’Alban répond pour nous deux. Nous voilà embarqués dans une mission des plus improbables… passer à la télé ? Sérieusement ? Faire le show pour remporter je-ne-sais quelle émission de télé-réalité ? Bizarrement, l’idée me paraît aussi attrayante qu’effrayante. Qu’allons-nous devoir affronter ? J’ai l’impression d’être dans un film de science-fiction alors que Jackie emporte au loin Alban pour … pour faire quoi au juste ? Je crois que je n’ai pas encore tout suivis. Moi je dois… trouver une stratégie ?
Ben voyons.

Je tourne un regard dépité vers mes Pokémon. Lesquels d’entre eux devrai-je choisir ? Invy ne me quittera pas, ça c’est sûr. Mon regard alterne entre le duo de filles folles et celui des mecs ronchons. Umh. Galegon serait un atout certain pour l’équipe. Moustillon aussi. Les filles resterons donc se reposer. Le reste du temps avant le départ pour l’émission se passe dans une atmosphère très étrange. Je me sens planer à plusieurs milliers de kilomètres. J’ai l’impression que tout est irréel. Je ne sais pas ce que je vais foutre là-bas mais en tout cas, j’y vais. Ca c’est sûr.

Je me retrouve donc face à un hélicoptère flambant neuf qui nous fait monter à son bord sans ménagement. Alban paraît égal à lui même, quoi qu’un peu fatigué, est-ce à cause de l’entraînement imposé ou à ses propres recherches qui ont dû durer une bonne partie de la nuit ? Je me sens tout à coups un peu honteux. Moi, je n’ai rien fais du tout…

“_ Hein … ?” Ah, comment je le sens. Euh. “euh… je sais pas trop à vrai dire… et toi ?”

Non, ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas encore eu le temps de me faire à l’idée qu’on part pour une nouvelle aventure… en échos à mes pensées, Alban me demande si je suis prêt. Toute cette folle histoire me paraît tout à coup beaucoup plus tangible, presque palpable.

“_ Il va bien falloir…”

J’imagine que nous sommes à peu près dans le même état d’esprit. Nous allons devoir nous serrer les coudes. Mon coeur se serre. Sommes-nous actuellement filmés ? J’ai des choses importants à dire à Alban moi ! Mais sous les feux des projecteurs, impossible ! Je lui adresse un petit sourire, presque grimaçant. Raaah ! Je viens de tout foirer. Il va tellement croire que je lui cache des trucs !

Malheureusement, je mets trop de temps à me décider. Voilà que l’hélicoptère entame sa descente. A peine les portes sont-elles ouvertes qu’une horde de journalistes nous barre la voie. Ils sont finalement maîtrisés par ce qui semble être nous garde du corps. Ils nous empoignent par nos vêtements pour nous faire sortir sur un tapis rouge au moins long de dix mètres.

“_ Êtes vous prêts pour ce Défi ?

_ Pourquoi le Général Jackie a-t-elle préféré vous envoyer à la place de ses filles ?
_ Pensez-vous porter hautes les couleurs de la fabuleuse Pokémon Community ?
_ Mlle Snow est-elle au courant de votre présence ?
_ Monsieur Abernaty, votre genoux est-il enfin réparé ? Allez vous reprendre les courses de Vol ?
_ Les rumeurs quant à votre homosexualité sont-elles fondées ?
_ Pouvez-vous nous en dire plus sur le scandale avec la Team Rouage ?
_ Un mot ! S’il vous plait !
_ Pourquoi votre Abra dort-il tout le temps ? Un pokémon qui dort peut-il réellement être utile ?
_ Pour TV Poivre et Sel, un mot s’il vous plait ?”


Un micro se tend alors subitement sous ma bouche. Je le regarde, effrayé. Toutes ces questions dont je n’ai aucune réponse. Toutes ces questions qui n’ont absolument aucun rapport. J’attraperai bien la main d’Alban, pour le rassurer, je sais que la pique quant à son genoux va le toucher. Mais, cela risquerai d’être fort mal interprèté. Alors je lui adresse un sourire rassurant. Ensuite, je vérifie qu’Invy dort bien, il serait chamboulé de voir tout ce bordel. Je m’assure aussi que Genesy suit la marche, Frey a trouvé son crâne d’où il se pavane, un sacré numéro ! Phy doit être verte de jalousie ! Puis, je prends le temps de répondre à la journaliste, doté d’une assurance nouvelle.

“_ Ce qui est sûr, c’est que nous ferrons tout ce qui est en notre pouvoir pour gagner cette année.”


Bizarrement, j’ajoute un petit clin d’oeil à la charmante journaliste. Charmante ? Je me sens à nouveau moi-même, terrifié. Je comprends alors que la Terreur est à nouveau parvenue à s’emparer de moi. Je n’ai pas le temps d’entrer dans une rage folle, j’ai juste le temps d’entendre un remerciement de la journaliste, une autre qui se demande lequel d’entre eux est Aaron et son collègue qui lui répond qu’il est celui qu’on a encore jamais vu à la télé. Je me retrouve à nouveau en infériorité face à Alban, tout petit.

Le cauchemar cesse enfin. Nous parvenons à l’entrée d’un immense bâtiment en verre. Impossible de savoir réellement où nous sommes. J’interroge mon ami du regard pour savoir s’il en sait plus que moi. En tout cas, s’il avait une réponse, il n’a pas le temps de me la donner. Une femme immensément maigre s’avance vers nous.

“_ Ahhhh ! Mes petits chéris ! Enfin ! Vous allez pouvoir vous diriger dans la salle au fond. On vous y attends pour vous distribuer vos affaires !”

Pas le temps de murmurer un remerciement que l’on nous pousse dans cette fameuse salle. Ici, tout les murs sont gris, un jeune homme au teint pâle semble nous attendre. Tout un tas de matériel est entassé devant lui. Il nous jauge d’un regard avant de nous tendre un package.

“_ Vous enfilez ces combinaisons réglementaires et mettez l’ensemble de vos effets personnels dans ces boîtes.”

J'acquiesce et entre dans une cabine pour me changer. Tout est à nouveau devenu surréaliste. J’enlève mes vêtements, c’est con, ceux là je les avait parfaitement choisis. J’enfile la combinaison moulante proposée. Elle est de couleur sobre et moule parfaitement mon corps. Je me rends compte avec surprise que mon nom est gravé au dos. La classe ! Un petit sourire s’étend sur mes lèvres. Retour dans la salle principale où le mec récupère nos affaires. Je sens l’anxiété me gagner. Je dois à tout prix lutter. Sinon la Terreur va revenir à l’assaut ! Je m’approche imperceptiblement d’Alban, j’ai définitivement besoin de me raccrocher à quelque chose, à quelqu’un. On nous livre alors notre sac de survie tout en nous expliquant les dernières règles. Grosse modo, la même chose que nous avait dit Jackie.

Nous entrons dans une nouvelle salle. Deux tubes nous attendent. Pour la sécurité du jeu nos Pokémon doivent être dans leur Pokéball en début de partie. Je rappel donc dans leur cache Invy, Frey et Genesy. Je m’approche d’Alban, lui donnant une tape amicale sur l’épaule.

“_ Je sais pas ce qu’on fout là… mais on va le faire ! On se rejoint en haut !”


Pour la première fois de la journée, j’arrive à lui faire un vrai sourire. Celui dont j’ai le secret. Je m’installe dans mon tube. Là, j’ai vraiment l’impression d’être dans un film. Avec Alban, nous nous faisons face, dignes représentants de la PC. La plateforme se met à vibrer. Nous allons décoller. Un compte à rebours se fait entendre.

“_ 5…. 4….3...”

Je ferme les yeux. La voix métallique continue de résonner dans mes oreilles.

Aaron S. Mightley
Alban Abernaty
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Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
70
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pokemon
Hoenn
17 ans
70
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Les retrouvailles entre Aaron et Alban ne s’étaient pas passées de la meilleure façon qu’il soit. Avant même que le châtain n’ai pu dire quelque chose, voilà que la Générale Jackie débarquait de nulle part pour leur imposer sa nouvelle lubie ; faire passer ses élèves à la télévision. Ouah. Depuis quand la terrible référente des Pyroli s’occupait de choses pareilles ? Sa main à couper que c’était encore un coup de Ace Stupide Creed qui avait dû la titiller d’un peu trop près là-dessus. Même si, de l’avis d’Alban, après l’épisode de Thanksgiving, le référent des Noctali n’avait pas droit de faire de commentaires là-dessus. Et voilà donc que Jackie leur faisait un monologue sur M(agnéti)-6 et sa stupide émission sur la survie. Alban ne suivait pas trop ces genres de télé-réalité, mais il était à peu près sûr que le concept avait été épuisé plusieurs fois, et même plutôt plus que moins. Entre Koh Lansat sur TF(ouinar)1, les diverses îles de la Tentation et autres bêtises dans ce style, il commençait à être un peu lassé. Même si, honnêtement, il n’avait jamais cherché à regarder aucune d’entre elles. Quoi qu’il en soit, la terrible Générale semblait être motivée pour ce nouveau passage. Elle semblait d’ailleurs passablement en rogne, compte tenu du passage pitoyable de deux de ses Pyroli la semaine d’avant. Si elle s’inquiétait tant que ça de ses résultats, pourquoi n’avait-elle pas envoyé les meilleures, alors ? Alban était certain d’avoir vu Aileen se balader dans les couloirs récemment, tout en étant également persuadé que si quelqu’un représentait bien le Dortoir de Feu, c’était elle. Bah. Peut-être les Préfets n’avaient-ils pas le droit de s’éloigner trop longtemps de l’école au cours des Missions, après tout, il n’en savait rien. Mais toute cette histoire l’embêtait passablement.

A la base, il était simplement venu mettre les choses au clair avec Aaron. Et voilà qu’à présent, il se retrouvait avec un problème supplémentaire sur les bras. Jackie avait-elle prémédité son coup depuis la semaine d’avant en pensant à eux comme candidats potentiels, ou avait-elle eu cette idée subitement en les voyant tous les deux ? Quoi qu’il en soit, Alban ne pouvait s’empêcher de se sentir légèrement fautif. Il évitait au possible de croiser le regard du Phyllali, d’ailleurs. Ah… Pourquoi les choses étaient-elles devenues si compliquées ? Les mains derrière le dos, les poings serrés, le châtain réfléchissait. Lorsqu’il avait attrapé le poignet de son meilleur ami, il avait décelé dans son regard une once de surprise évidemment, mais également autre chose. Peut-être… de la peur ? Se pouvait-il qu’Alban ait fait quelque chose d’assez grave pour mériter pareil traitement ? Le jeune homme ne savait pas, mais toute cette histoire commençait à lui donner sacrément mal à la tête. Et les beuglements de Jackie n’arrangeaient pas vraiment les choses.

Forcé de quitter Aaron lorsque la terrible référente eut fini son explication, Alban n’eut même plus un moment pour lui dans la journée. Il avait enchaîné entrainement sur entrainement, avait cru qu’il allait vomir ses poumons entiers plusieurs fois d’affilée, et se fit même la réflexion que sa Doc allait le tuer si elle remarquait dans quel état pitoyable son genou était en fin de journée. Pourtant, il n’y avait pas de repos pour les braves. A peine eut-il terminé son terrible calvaire qu’il dû se pencher sur cette Mission. Toute la nuit et la journée suivante, il analysa les informations. Il consentit même à demander à quelques Givrali de sa connaissance si elles avaient déjà regardé l’émission, afin d’en recueillir quelques témoignages - plus ou moins - pertinents. Il dû pas mal trier entre les « Lui était teeeeellement beau gosse » et autres commentaires d’une affligeante inutilité mais, à la fin de la journée, il commençait enfin à comprendre comment fonctionnait l’émission. Ah… Jackie n’aurait-elle pas pu les prévenir plus tôt histoire qu’ils puissent visionner les anciennes éditions et se faire une idée plus précise de la chose ? Visiblement non. Tout se faisait dans l’urgence dans cette académie. Et le petit doigt d’Alban lui disait qu’il n’était pas au bout de ses peines…

Le soir-même, donc, Alban rejoignit Aaron devant l’hélicoptère. Même s’il s’était senti confiant la veille pour enfin parler à son meilleur ami, il sentait à présent sa volonté s’évaporer. En même temps, ce n’était pas forcément simple. Ils étaient loin d’être seuls dans cet hélicoptère, et le châtain avait la mauvaise impression d’être constamment sur écoute. Gêné, il essaya de lancer la conversation. Maladroitement, certes, mais au moins avait-il l’impression d’avancer. Un peu… Même la présence rassurante de Mistral et Zéphyr ne parvenait pas à chasser son malaise. Pour couronner le tout, Aaron semblait tout aussi fébrile que lui. Même si, par chance, dans son cas à lui, cela ne se voyait pas. Encore une raison qui faisait qu’il appréciait parfois sa plastique inexpressive. Légèrement hésitant, le rouquin lui répondit. Son regard était fuyant, toutefois. Depuis quand Alban avait-il besoin de forcer pour croiser les yeux émeraude de son meilleur ami ? Autrefois, ça ne se passait pas comme ça. Légèrement attristé, sans pour autant le montrer, Alban haussa les épaules.

- Un peu comme toi je suppose… soupira-t-il.

Ouais. La télévision, il connaissait, pourtant. Mais tous les paramètres autour étaient étranges. Premier point, ce n’était pas une course aérienne. Cela le mettait donc automatiquement hors de sa zone de confort et, même s’il avait eu l’habitude des caméras auparavant, il ne se sentait pas non plus particulièrement à l’aise en leur présence. Second point, ils allaient devoir survivre plusieurs jours sur une île dont ils ne connaissaient rien. A dire vrai, ce n’était pas non plus ce à quoi il se serait attendu. Il était certain que lors des cours Pokéathlètes, la Générale Jackie faisait tout son possible pour les pousser à bout et les préparer à ce genre de choses, indirectement. Mais Alban était physiquement faible. Il ne pouvait pas courir vite. Il n’était pas le meilleur sportif du monde. Il ne pouvait pas grimper aux arbres comme Aaron. En quoi allait-il être utile, alors ? Il avait beau retourner les éléments dans tous les sens, il était certain qu’il ne parviendrait qu’à se ridiculiser devant le monde entier. Quant au troisième point ? Eh bien il était en froid avec Aaron. Enfin… Ils ne s’étaient pas disputés ou quoi que ce soit, mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir les signes. Pour autant, il n’était pas sûr d’avoir l’occasion de lui parler de tout cela. Devant les caméras ? Très mauvaise idée. Ce qui signifiait qu’ils allaient dans le meilleur des cas devoir attendre quatre à cinq jours avant de pouvoir avoir une réelle discussion. Tout en se serrant les coudes pour survivre à deux en attendant. Comment dire… La situation sentait mauvais ? Clairement, oui.

Acquiesçant donc quand Aaron lui répondit qu’il allait bien falloir être prêt, Alban resta silencieux le reste du voyage. Il ne savait pas trop quoi dire au Phyllali, et de son côté, ce dernier n’engageait pas particulièrement la conversation. Pire que ça, même, il lui adressa un sourire étrange. Qu’est-ce que ça signifiait, ça ? Alban se crispa, sans trop savoir comment réagir. C’était typiquement la tête d’Aaron quand il lui cachait des choses. Bon sang, pourquoi ne pouvaient-ils pas parler comme des gens civilisés ? Au lieu de ça, ils restaient chacun butés de leurs côtés. Malheureusement, les langues ne se délièrent point sur le reste du trajet et l’hélicoptère alla finalement se poser sur la piste d’atterrissage. Sur le trajet, ils avaient pu manger et faire le plein de calories avant cette semaine qui allait s’annoncer rude sur le plan nutritionnel. Pour autant, l’estomac d’Alban resta noué. Il n’avait pas faim. Il se força tout de même à grignoter un peu de pain. Juste quelques morceaux histoire de se caler le ventre, mais pas trop non plus pour ne pas tout revomir. Vu son teint légèrement verdâtre, il craignait le pire. Il n’eut cependant à déplorer aucun accident et, dans un grincement, la porte de l’hélicoptère s’ouvrit.

Au dehors, la nuit était déjà tombée. Alban ne put cependant pas observer les lieux plus longtemps car de nombreux journalistes venaient de se jeter sur eux, voraces, à la quête de la moindre information. Les journalistes, il pouvait dire qu’il connaissait. Néanmoins, il n’avait jamais eu affaire à un aussi grand nombre à la fois. C’était… fou ? Ouais, c’était ça le mot. Il avait l’impression d’être accueilli comme une véritable star alors qu’ils n’étaient que des futurs participants à une émission de télé réalité. Quel était le succès de cette fameuse émission ? Peu rassuré, le châtain s’avança, entraîné par un type immense qui venait de les attraper, Aaron et lui. Sûrement un garde du corps ou truc dans le style. Grimaçant lorsque son pied se posa un peu trop abruptement sur le tapis rouge, Alban avança, son meilleur ami à ses côtés. Il était ébloui par le flash des appareils photos, et ses oreilles bourdonnaient tant les journalistes étaient bruyants. Sans répondre néanmoins, Alban traça sa route en essayant de ne pas laisser vagabonder son regard à gauche et à droite. S’il disait quoi que ce soit, ses propos seraient déformés et amplifiés par ces requins. Ce n’était pas une interview banale en tête à tête. Là, c’était une véritable guerre des médias, où le moindre petit mot pouvait être interprété d’autant de façons qu’il y avait de journalistes.

Ses Pokémon le suivant donc docilement, Alban ignora les questions. Parmi le tas cependant, il crut entendre deux trois petites choses qui ne lui plaisaient pas. Une question sur son genou ? Qu’est-ce que cela avait à voir avec le potage ? Il se renfrogna et pressa le pas, suivant toujours l’armoire à glace qui les protégeait. Là, un homme venait de les questionner sur leur homosexualité. Sans pouvoir s’en empêcher, Alban lui jeta un regard glacial, mais le journaliste fut rapidement camouflé par les autres qui s’étaient jetés sur le filet de sécurité pour tenter de toucher les deux adolescents. Même la team Rouage était de la partie. A présent largement excédé, Alban s’arrêta brusquement lorsqu’Aaron se fit prendre de revers par un journaliste. Micro devant le visage, il ne put faire autre chose que répondre. Alban ferma les yeux, ne sachant trop ce que son meilleur ami allait dire. Par chance, rien qui puisse être retourné contre eux. Sur l’impulsion du garde du corps, les deux garçons finirent enfin par quitter cette marée de journalistes. Haletant, Alban essuya les quelques gouttes de transpiration sur son front. Il n’avait clairement plus l’habitude de ce genre de choses…

Suivant donc leur guide dans un gratte-ciel en verre, Alban franchit la porte automatique qui se referma derrière eux dans un bruit feutré, étouffant tous les bruits de l’extérieur. Échangeant un regard surpris avec Aaron, Alban haussa les épaules. Il n’avait pas eu vent de cette étape là avec les maigres informations récoltées, mais il supposait qu’ils allaient pouvoir accéder à l’île par le biais de cette infrastructure. Leur trouble fut cependant de courte durée car une femme extravagante venait de se diriger vers eux, perchée sur ses hauts talons. La jupe de tailleur courte, les ongles vernis, les cheveux largement bouclés, elle tenait un petit calepin et les regarda derrière ses lunettes en monture d’écailles. Puis, avec un sourire de crocodile, elle écarta les bras et les incita à la suivre vers une nouvelle pièce. Sur le chemin, elle fit quelques commentaires sur les lieux, tout en se déhanchant de façon assez comique. Sourcils froncés, Alban ne se laissa cependant pas distraire. Rapidement, un nouvel employé leur donna à chacun un petit paquet en leur intimant d’aller se changer. Il leur confia également des boîtes pour stocker leurs affaires le temps des jeux.

De plus en plus nerveux, Alban récupéra les différentes boîtes puis alla dans la cabine d’essayage. Il se sentait incroyablement stressé. D'autant plus que son dernier souvenir des cabines d’essayages était un peu chaotique… Quand Aaron y était, il n’y avait pas de soucis, mais quand c’était son tour… Il hocha la tête de gauche à droite. C’était ridicule, il n’allait pas repenser à ce baiser maintenant. De même qu’il n’allait pas développer une phobie stupide des cabines d’essayages. Soupirant, il enleva donc ses affaires qu’il déposa dans les boîtes. Il enfila ensuite la combinaison noire derrière laquelle son nom était gravé en lettres argentées. Se regardant dans le miroir, Alban constata qu’il ressemblait à un de ces plongeurs. Enfin… le look était à peu près similaire, même si la texture devait être largement différente. Estimant alors qu’il était prêt, il ressorti donner ses affaires. Un regard vers Aaron et le voilà qu’il rougissait de nouveau. Dans ce genre de combinaison, ça faisait un brin… bizarre… Il ne se sentait pas vraiment à l’aise. Clairement pas, même. Soutenant cependant le regard de son ami, Alban ne rompit le contact que lorsque la femme revint leur expliquer les règles. Leur remettant le sac à dos, elle leur fit un clin d’œil.

- Vous verrez bien rapidement ce qu’il y a à l’intérieur. Chaque émission, le contenu du sac à dos change. Quoi qu’il en soit, une fois que vous serez à la surface, vous serez placés en cercle avec tous les autres candidats. D’ordinaire ce qu’il se passe, c’est que chaque candidat part chacun de son côté pour aller se cacher, les attaques Pokémon étant autorisées. Ah, et comme vous avez pu le lire dans le règlement, les attaques de Pokémon sur dresseur adverse sont interdites, mais vous pouvez bien évidemment mettre K.O les autres Pokémon. Si vos Pokémon tombent tous K.O, vous pouvez évidemment continuer la partie, même si ce sera très difficile dans ces conditions. On viendra vous chercher dès lors qu'on estimera que vous êtes dans une situation critique. Si vous voulez abandonner, utilisez votre fusée de détresse. Sur ce… Vous avez des questions ?

Alban hocha la tête de gauche à droite. Il avait à peu près saisi les règles, même s’il n’était pas sûr d’avoir tout assimilé. Trois Pokémon chacun. Des sacs à dos à récupérer pour survivre dans un environnement hostile mais dans l’immédiat pas mortellement dangereux. Possibilité d’obtenir des rations de la part des sponsors. Un décor qui change à chaque émission. Combats de Pokémon autorisés. Fermant les yeux, il tenta de faire le point. Il avait choisi ses Pokémon en fonction, évidemment. Auster allait lui être d’une utilité capitale en soirée, afin d’avoir de quoi s’éclairer. Zéphyr lui procurerait une source d’eau en continu, tandis que Mistral pouvait aisément leur assurer la fuite face aux adversaires grâce à son large panel d’attaques. Alban serra le poing. Le problème, ce n’était pas ses Pokémon. Mais bel et bien lui et son « corps de faible », comme lui avait dit Jackie. Néanmoins, il était là. Il n’allait donc pas se débiner afin de faire de son mieux. Respirant, Alban sourit lorsqu’il sentit la tape amicale qu’Aaron lui administrait. Voilà que l’instant d’une minute, ils redevenaient eux-mêmes.

- On se retrouve coûte que coûte, lui dit-il.

Puis, pénétrant dans l’étrange tube, Alban serra les poings. Ses Pokémon étaient au chaud dans leurs Pokéball, accrochées à sa ceinture. Il expira. Une voix mécanique s’éleva alors dans chaque alcôve, annonçant le compte à rebours. Alban fit une prière silencieuse et regarda devant lui, déterminé.

- 3… 2… 1… 0.

Le tube s’éleva comme une fusée. Alban s’accrocha aux parois lisses pour ne pas tomber. Il ferma les yeux, sentant qu’il était projeté non pas uniquement vers le haut, mais également sur les côtés. Où se trouvaient-ils ? Comment allaient-ils sortir du gratte-ciel ? Avant même d’avoir pu songer à des réponses, il rouvrit les yeux et se figea un instant.

Autour de lui, le décor était incroyable. Malgré l’obscurité, les lumières qui s’étaient allumées sur leurs plates-formes leur permettaient d’avoir une vision assez claire de leur environnement. C’était essentiellement de la forêt, hormis l’endroit où ils se trouvaient. Impossible de voir plus loin. Profitant de la protection des parois autour de lui, il observa rapidement les opposants. 3 garçons et 3 filles leurs faisaient face, chacun avec des profils bien différents. Il y avait le gros bourrin, la sportive, la fille qui avait l’air maline, le garçon avec ses lunettes qui devait sûrement être intelligent, et d’autres un peu moins clichés. Alban échangea un regard avec Aaron. La solution la plus logique était de courir droit derrière eux dès que les parois s’évaporeraient. Tout en sortant leurs Pokémon pour assurer leurs arrières… Inutile de commencer à essayer d’attaquer les autres, ils y perdraient des plumes. D’autant plus qu’Alban ne connaissait pas du tout la composition des équipes de leurs adversaires…

De nouveau, la voix métallique s’éleva.

- Ouverture des tubes dans 3… 2… 1… 0 !

La paroi se rétracta et Alban appuya sur la Pokéball de Zéphyr. La mouette chromatique se matérialisa immédiatement sur son épaule et le châtain détala. Derrière, il sentait que les autres participants libéraient également leurs compagnons. Un jet de flamme fusa juste à côté de sa joue. Une odeur de roussi émana d’une des mèches de ses cheveux.

- Zéph’ ! Utilise Vibraqua ! ordonna-t-il à son Pokémon.

Aussitôt, Zéphyr ouvrit la gueule et lâcha une trombe d’eau qui alla contrer la seconde Lance Flamme qui fusait vers lui. Du coin de l’œil, le Voltali aperçu Aaron, qui venait de le dépasser. Normal, il courrait forcément plus vite que lui. Évitant donc les attaques adverses grâce à Zéph’, Alban parvint sous le couvert des arbres juste à la suite d’Aaron. De là, ils détalèrent droit devant eux sans prêter attention aux autres participants qui livraient certainement une véritable bataille derrière eux. Une fois qu’ils eurent parcouru plusieurs mètres, Alban sortit Auster. Ce dernier courut à ses côtés, ses anneaux allumés au minimum pour leur permettre de voir la route sans pour autant être repérés par les autres. Enfin, au bout de dix minutes de courses, Alban fut contraint d’arrêter leur escapade là. Haletant, il se dirigea vers le roux.

- On… s’arrête… là… pour le moment… ça te va ? parvint-il à dire entre deux respirations sifflantes.

S’asseyant à même le sol, il jeta un coup d’œil inquiet derrière lui. Par chance, les autres participants ne semblaient pas avoir pris le même chemin qu’eux. D’autant plus qu’ils avaient empruntés de nombreux virages pour avoir une course imprévisible… Soufflant, Alban fit sortir Mistral puis ouvrit son sac à dos pour en faire l’inventaire. Ils n’avaient actuellement rien sur eux pour faire un campement, aussi comptait-il sur ses maigres rations. Faire commencer un jeu en pleine nuit ? Existait-il des limites au sadisme ?

- Bon alors… Une gourde, vide évidemment. Deux pastilles pour purifier l’eau. Un morceau de viande séchée. Deux biscuits. Un petit pain au sésame. Une pomme. Un imperméable. La fusée de détresse. Et… ah, un livre de Shakespeare. Je suppose que c’est notre papier toilette, résuma-t-il avant de tout ranger dans son sac.

Nul besoin de manger maintenant puisqu’ils avaient pris un repas dans l’hélicoptère. Ouvrant sa gourde, il demanda à Zéphyr de tirer un Pistolet à O à l’intérieur, puis bu une longue gorgée. Ce n’était pas le truc qui paraissait le plus hygiénique du monde, mais l’eau d’un Pokémon était largement potable. S’essuyant la bouche, Alban se releva. L’urgence maintenant, c’était de trouver un endroit sécurisé pour la nuit.

- Par où veux-tu qu’on aille ? demanda-t-il à son camarade.
Nemo Kendhall
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Région d'origine : Kalos
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[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor


Il a fallut que Jackie nous tombe dessous. A nous. Ben oui ! Nous sommes les personnes les plus aptes à partir à l’autre bout de monde pour aller combattre contre de grands inconnus. Tout est tellement logique dans cette école. J’ai un arrière goût de déjà vu. Ah oui ! Roseverte qui nous tombe dessus pour partir faire des recherches sur un Mew inexistant. Est-ce un nouveau traquenard ? Il va falloir que nous soyons plus vigilants. Il faudrait que je le prévienne. Mais voilà que Jackie l’a déjà emporté bien loin, raah ! Plus rien ne tourne rond. D’un geste rageur je retourne flâner dans mon petit chalet.

Je garde finalement assez peu de souvenirs de ce moment là. Je ne sais pas où mon esprit s’en est allé. Pas en face des trous de mes yeux, en tout cas. J’ai l’impression de planer à quelques centimètres du sol. Cette impression s’agrandit largement lorsque l’hélicoptère décolle de terre. Je sens mon cœur se soulever de quelques centimètres. Je me sens quitter le plancher des vaches. Telle une petite bulle s’envolant gracieusement à travers les cieux. Ne suis-je pas poétique ? Mais la petite bulle est à deux doigts d’éclater, incertaine, elle divague entre les nuages.

La pénombre m’empêche de distinguer totalement l’expression d’Alban. Ou alors est-il aussi inexpressif qu’à la plus grande de ses habitudes. Son Noctali et ses deux Pokémon Vol semblent plutôt heureux de me revoir. Cela a le don de me rassurer quelque peu. Il est rare que je parvienne à tisser des relations aussi saines avec des Pokémon qui ne m'appartiennent pas. Je n’ose même pas penser au soir d’Halloween ni à mes multiples échecs quant au dressage de Pokémon sauvages. Je pousse un soupir. Mon meilleur ami m’avoue être à peu près dans le même état que moi, à dix mille de là, totalement ailleurs. Je glisse un regard à travers la vitre. J’imagine que nous survolons la mer, difficile à dire dans toute cette noirceur.

Je parcours d’une main mal assurée la tête de mon petit Frey. Le Galegon s’est couché et semble rêvasser péniblement. Ce n’est même pas si l’un ou autre aurait accordé un regard au Voltali. Ils sont assez distants ces deux là. Très indépendants, je dirais aussi. Tout m’avais paru si évident avec l’arrivée de Vivaldy, puis de Phy. Ces deux petites ont un tel amour à revendre que tisser des liens amicaux avec elles a été d’une facilité enfantine. Me voilà maintenant face à deux nouvelles énergumènes. Pas que Frey ne soit pas gentil, non, il est plutôt… calculateur. Et froid. J’ai la réelle impression qu’il joue en permanence son petit jeu et ce, depuis l’éclosion de son oeuf. C’est très étrange, même là j’ai l’impression qu’il répond à mes caresses uniquement pour me faire plaisir. J’arrête alors mon mouvement, il tourne un regard attristé vers moi. Il est bon acteur. Je reprends alors mes mouvements mécaniques. Quant à Genesy, il ne m’a jamais supporté. En plus d’être un flemmard, il m’ignore, j’ai l’impression qu’il remet sans cesse mon autorité en question. C’est grâce au Moustillon que je parviens à le garder dans mon équipe, c’est un bon entremetteur. Je crois que j’ai apporté le Pokémon Acier - Roche pour tenter une nouvelle approche avec lui. Peut-être que sans Phy et Vivaldy celui-ci parviendra à s’ouvrir un tant soit peu à moi. Nous verrons bien, l'hélicoptère amorce sa descente. Mon coeur se soulève à nouveau et nous voilà aussitôt plongé dans cette foule de journalistes.

Je ne sais pas ce qui est le plus étrange, se retrouver propulsé dans une arène où nous allons devoir tout faire pour survivre où se retrouver physiquement confronté aux médias. Les deux sont très impressionnants. Pourtant, cette étape me parait beaucoup plus difficile que ce qui pourrait m’attendre par la suite. Nous voici donc dans un tohu-bohu sans réelle forme, baladés de droite à gauche, que se soit de manière corporelle ou par les différentes questions balancées à tord et à travers. J’ai envie de fermer les yeux, de crier un grand “STOP”, je ne suis définitivement pas préparé à ça ! Tout continue à se succéder très vite, mes yeux restent grands ouverts, mes oreilles captent la moindre des questions dérangeantes. Je ne peux m’empêcher de rougir à certaines d’entre elles. Je ne veux même plus penser auxquelles en particulier. Lorsque le micro se dresse devant moi tel un mur infranchissable ma dernière barrière de résistance s'effondre. Une atroce douceur s’empare de moi. Cette douce chaleur que je ne connais que trop bien maintenant. La Terreur. Elle n’en manque pas une pour faire son apparition. Maintenant, elle saute sur n’importe quelle occasion, profitant de mes moindres faiblesses et failles psychologiques. J’entends sa voix mielleuse s’écouler à travers ma propre bouche. Je sens toute son assurance, toute sa vivacité et toute son intelligence. Heureusement, je parviens à reprendre le dessus juste après la fin de sa phrase. Je fronce les sourcils pour la faire taire. Sous les feux des projecteurs, tout cela est-il passé inaperçu ? Comment vais-je gérer cela dans l’arène ?

Je me force à me concentrer sur le bâtiment qui se dessine droit devant moi. Imposant. Terriblement immense. J’en resterai bien bouche-bé si je n’étais pas entouré de caméra. La peur me noue à nouveau le ventre. A nouveau je sens la Terreur passer à l’action, mais je tiens bon. Il ne serait pas l’occasion qu’elle se mette à draguer la femme d’âge mûre et trop bien coiffée qui se dirige à grandes enjambées vers nous. Nous sommes automatiquement redirigés vers une autres pièces. On nous tend notre matériel de survie ainsi que notre nouvel habit.

Je me change à la hâte dans la cabine, si on m’avait dit que je porterai un maillot moulant à mon nom en lettres argentées, jamais je n’y aurais cru. Le chiffre trois s’étend sous mon nom, probablement de façon à me distinguer de manière plus aisée. Je n’ai jamais eu vent de cette émission, il faut dire que je suis pas très télé… Je sors de la cabine pour me retrouver face à un Alban tout en splendeur, un superbe quatre gravé au dos. Je ne sais pas si c’est son sport d’hier avec Jackie ou bien le fait que je ne l’ai jamais vu dans un pareil accoutrement mais il est diablement bien foutu. Et, comme à chaque fois, je repense à notre baiser échangé dans cette boutique. Mais cette fois-là, il n’était pas en costume moulant. Là, ça change tout. Je réfléchi quelques secondes avant de me rendre compte que je n’ai jamais vu Alban habillé d’une autre manière que “normalement”, j’image qu’il est "normal" que cela me fasse cet effet. Ou pas. Il est de toute façon trop tard, j’ai déjà rougi. Et ce n’est pas passé inaperçu, ni auprès de mon meilleur ami, ni du pseudo vendeur. Bon, peut-être attirerons-nous les sponsors ainsi ? Ce n’est pas une idée qui me déplaît mais elle est plutôt gênante. Très gênante, en fait.

Heureusement, la femme-trop-parfaite refait son apparition pour nous donner les dernières directives. J’apprends avec soulagement que nous n’avons pas le droit de se foutre véritablement sur la gueule. Au moins… on est sûr de survivre, il ne sont pas barbare à ce point. Ce n’est pas cette petite règle de plus qui parvient néanmoins à me rassurer. Ni cette étrange capsule qui va nous projeter au dehors. Nous effectuons un adieux rapide mais sincère. Des paroles qui me redonnent confiance. Le décompte se met en route. J’aurais aimé qu’il commence à un. Mes jambes se mettent à flageoler, ma respiration se saccade, j’ai l’horrible envie de vomir. Je me force à garder un regard assuré jusqu’à ce que le tube se mette à monter. Là, je m’autorise à fermer les yeux pour m’empêcher de pleurer. Ce répit est de très courte durée. Je parviens à la surface. Mes yeux agiles la parcourt rapidement. Nous sommes dans une grande clairière bordée d’immenses arbres. Impossible de voir au-delà. Notre chance se trouve par là-bas, c’est incontestable. Je sais qu’Alban a la même idée.

Alors qu’un nouveau compte à rebours se fait entendre j’avise nos concurrents. Trois filles et trois garçons. Ce qui fait pencher la balance à trois filles et cinq garçons en nous ajoutant tout les deux. Je n’ai pas le temps de m’interroger sur cette bizarrerie. Qui voulait réellement emmener Jackie à la base ? Le tube me libère tout à coup. Mon cerveau ne percute pas tout de suite. Évidemment, il faut qu’un tire de lave d’un Limagma me frôle pour que j’ose enfin me bouger le cul. L’idée d’utiliser mes Pokémon ne me traverse même pas l’esprit. Je suis focalisé sur mon but : la forêt. Plus rien ne peut m’arrêter. Je cours comme un dératé, peu importe les projectiles qui m’entourent, je dois y arriver. Alban ? Il doit être par là, je n’ai pas le temps de regarder autour de moi. Parvenu au couvert des arbres avant tout le monde, je m’autorise à ralentir. Mon meilleur ami que j’avais presque oublié me rejoint, invitant Auster à se joindre à nous. Nous continuons notre course un petit moment. Je n’ai jamais été très sportif, pourtant, cela me paraît être une petite balade de santé. Alban demande finalement à s’arrêter. J’étais chaud là ! Mais il a raison.

“_ D’accord, tu as raison, économisons notre énergie.”

Bizarrement, j’ai l’impression de peser tout mes mots avant de les prononcer. Comme si les caméras invisibles me faisaient soudainement un peu peur. Que pourrait-il bien ressortir de telle ou telle phrase ? Comment peut-on interpréter ce geste ou encore celui-là ? Alban se met à faire l’inventaire de notre petit sac. Je m’occupe de garder un oeil attentif sur la forêt. Malheureusement, tout est maintenant trop sombre pour y voir que que se soit, je reporte mon attention sur mon ami qui sort petit à petit le contenu. Je n’attendais rien vis-à-vis de ce sac. Vu ce qu’il contient, on n’ira pas très loin, dans tout les cas. Il va falloir trouver de quoi manger, de quoi monter la garde. Des multitudes de plans s’échafaudent dans mon esprit, plus invraisemblable les uns que les autres. Repoussant d’une barrière mentale ces conneries j’invite mes Pokémon à se joindre à moi. J’hésite un instant à laisser Invy dans sa Pokéball. Il ne va être qu’un poids sur mes épaules. Tant pis, je prends ce risque, il pourrait nous sauver d’une situation désespérée. S’il se réveil au bon moment, ce qui n’est pas gagné. Genesy tire aussitôt la gueule et Frey fait la fontaine avec sa bouche, c’est bien le moment ! Sur l’initiative d’Alban, je décide à mon tour de remplir ma gourde.

“_ Frey, Pistolet à O s’il te plaît.” Il s’exécute, avec de grands yeux. Il est vrai que ça doit être la première fois que je lui demande ça. Pas grave, voilà ma gourde bien pleine ! Par où va-t-on alors ? Je regarde autour de moi, comme si je savais où aller et que faire.

“_ Par là !” Je pointe une direction du doigt, l’air sûr de moi. Alors que c’est absolument pas le cas. Nous sommes partis vers l’ouest, je montre actuellement le nord. Peut-être tomberons-nous sur des candidats endormis ? Nous reprenons alors la route à une allure plus modérée. Auster a ses anneaux presque éteint pour ne pas nous faire repérer. La fatigue de la journée commence à se faire sentir, je ne pense pas que nous allons encore marcher très loin. Je continu à réfléchir avant de me décider à parler.

“_ Trouvons un grand arbre d’où je pourrais monter la garde pour la première partie de la nuit.”


Pas que je ne fasse pas confiance à nos Pokémon mais je préfère que l’un de nous deux reste éveillé. Sait-on jamais. Et Alban a besoin de reposer sa jambe avant demain. Tout est donc indiqué pour que je prenne le premier tour de garde. Miraculeusement un grand pin fait son apparition. Je le désigne de la main pour le montrer au Voltali.

“ _ Celui-ci ferra parfaitement l’affaire !”

Tout semble très calme. Un peu trop, même. Je sors la veste du sac, il ne serait pas question de prendre froid dès le début du jeu. Je n’arrive d’ailleurs pas à considérer cette émission comme un jeu. Je sais pas… c’est si bizarre. Le pire, c’est qu’on décide de se plier aux règles et d’aller éliminer nos adversaires. Non ! pas le moments de se rebeller Aaron ! Hop ! Concentration ! Je laisse Alban s’installer au pied de l’arbre et j’y grimpe aussi facilement qu’Invy aurait pu s’y téléporter. Je sais que Genesy va aussi garder l’oeil ouvert toute la nuit.

“_ Je te réveil dans quelques heures…”

Je n’ose rien évoquer de personnel, ni aborder le problème qui me taraude. Je garde les dents serrées sur mes problèmes. Mon regard se promène sur la verdure environnante. J’aurais presque l’impression d’être dans cette immense forêt de pins qui bordait autrefois la maison de mes parents. Mon regard s’attriste avant de redevenir aussi neutre qu’un masque, pas question qu’on me voit m'apitoyer sur mon sort lors de cette première nuit ! La fraîcheur commence à se faire ressentir, je frissonne même sous ma veste. Nous n’avons pas de Pokémon feu capable de nous réchauffer ni même de Pokémon assez poilu pour nous réchauffer. Je regrette soudainement la présence de Vivaldy. Mon grand cerf aurait magnifiquement bien tenu ce rôle. Mes pensées continuent leur bout de chemin. Les autres concurrents doivent aussi être en train de se reposer, il n’est pas commun de commencer ce genre d’émission de nuit. Demain sera plus agressif, il faut s’y préparer.

Lorsque mon tour de guet prend fin, je redescends agilement au sol, réveillant Alban. Je lui confirme qu’il ne s’est rien passé d’étrange avant de prendre place sur le lit de fortune. Malgré la bizarrerie de la situation, je m’endors aussitôt.
Aaron S. Mightley


Dernière édition par Aaron S. Mightley le Jeu 3 Déc - 16:43, édité 1 fois
Alban Abernaty
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Alban écoutait les directives avec une concentration extrême. Après le gênant passage de la cabine d’essayage, il essaya de chasser de son esprit toutes les pensées parasites. Il n’allait pas tarder à entrer dans l’arène et à se donner en spectacle devant des millions de spectateurs ; ce n’était pas le moment d’être perturbé par de futiles préoccupations adolescentes. D’autant plus qu’il était certain que bon nombre d’élèves de l’académie regarderaient l’émission avec assiduité tous les soirs. C’était à la fois stupide et ridicule. Il allait bientôt devoir tout faire pour survivre sans nourriture dans un environnement potentiellement dangereux, et il ne pensait à rien d’autre qu’au regard des autres ? Allons Alban, depuis quand étais-tu devenu si superficiel ? Un soupir traversa ses lèvres. Au moins était-il presque sûr que ses parents ne regarderaient pas une bouse médiatique pareille. Il ferma les yeux pour les rouvrir une seconde après, le regard focalisé sur la jeune femme avec son calepin. Ca y est, les connexions s’étaient tissées dans son cerveau. Avec attention, il écouta donc le discours de la femme, notant dans un tiroir de son esprit les différentes règles. Plus il en entendait, et plus son estomac se contractait. A bien des égards, il n’avait pas envie d’y aller. Il échangea un bref regard avec Aaron ; ce dernier avait une expression indescriptible, et ses yeux d’un vert vif avaient perdu de leur éclat. Lui aussi devait être aussi paniqué que lui. Il se sentait mal. Il avait envie de s’enfuir à toutes jambes, mais cette option-là n’était même pas envisageable. Il appréhendait énormément ce moment. Passer une semaine dans un environnement inconnu, à tenter de survivre en mangeant ce qu’ils trouveraient sur le chemin. Il était certain que la nature humaine la plus bestiale allait resurgir des tréfonds de leurs êtres, annihilant toute bienséance et compassion. Allait-il se transformer en monstre sanguinaire, capable de faire des coups bas aux autres pour survivre ? Jusqu’où pourrait-il aller pour les beaux yeux de la Générale Jackie ? Il n’en savait rien, mais la perspective d’être confronté à une partie peu reluisante de lui-même ne le rendait pas fou de joie. Il ne savait même pas de quoi il serait capable, une fois dans l’arène.

Alban déglutit difficilement. Une fois que la femme eu achevé de tout leur expliquer, elle se tourna et fit claquer ses hauts talons, leur intimant de la suivre. Voilà que la véritable épreuve commençait. Il n’y avait bien que la Générale Jackie pour les envoyer au casse-pipe sur une mission aussi périlleuse. Alban s’avança dans son immense tube, après quelques mots adressés à son meilleur ami. Il ne savait pas s’il était parvenu à le rassurer, ou si au contraire il l’avait encore plus stressé. Une chose était cependant sûre ; à présent, ils n’auraient plus le droit de reculer. Emprisonné dans cet espace rond, Alban posa ses doigts sur la paroi de verre qui s’était matérialisée autour de lui, l’enfermant comme un vulgaire oisillon en cage. Il eut une pensée fugitive pour la terrible référente des Pyroli. S’ils perdaient, valideraient-ils tout de même la mission ? Il se sermonna intérieurement. C’était ridicule. Pourquoi penser à tout cela maintenant ? C’était le cadet de ses soucis. Serrant donc les poings, ses trois compagnons confortablement installés dans leurs Pokéball autour de sa ceinture, il ferma les yeux quand son tube commença son ascension vers les hauteurs.

Un coup un peu violent le plaqua contre un côté des parois. S’aidant de ses mains pour se maintenir en position, il tenta de rester digne malgré tout. Un coup à gauche, puis à droite… Evidemment, pour sortir du gratte-ciel et atterrir dans l’arène, il fallait forcément emprunter plusieurs directions. Il tenta de résister à l’envie de vomir. Son corps était balancé comme une vulgaire poupée de chiffon dans tous les sens. Intérieurement, il croisait les doigts pour que cette séquence ne soit pas retranscrite à la télévision. Puis, au moment où il se sentait sur le point de tomber à genou, la capsule s’arrêta brusquement.

Il cligna des yeux. Malgré l’obscurité de cette froide nuit de Novembre, la lune et les lumières de leurs capsules éclairaient les lieux. Pour autant, il ne voyait pas plus loin que cette épaisse forêt qui s’étendait partout. Forêt. Un environnement qu’il connaissait plutôt bien, heureusement. Son cerveau n’eut cependant pas le temps d’analyser beaucoup d’autres informations. Il imprima vaguement la silhouette des autres participants, retint leur sexe, mais ne put aller plus loin dans ses déductions car déjà, les tubes de verre s’évaporaient. Aussitôt, ses réflexes d’ancien champion junior de courses ressurgirent. Ses doigts allèrent se poser sur la sphère de capture de Zéphyr, et, dans un éclat rougeâtre, sa mouette chromatique apparut. Sans prendre le temps de faire quoi que ce soit d’autre, Alban courut vers la forêt derrière-lui. Bien heureusement, Aaron avait eu exactement la même idée. Détalant plus vite que le Voltali, le rouquin atteignit le couvert des arbres bien avant. Lançant des Vibraqua derrière eux pour parer les attaques adverses, Zéphyr défendait son maître de la meilleure des façons. Une formalité pour un Pokémon entraîné aux courses comme lui. Ne manquant aucune cible, Zéphyr arrêta de tirer dès lors qu’Alban se fut engouffré dans la forêt.

De là, Aaron et Alban détalèrent de concert. Auster avait rejoint son dresseur peu de temps après son arrivée dans la forêt et, éclairant leur route, il leur était d’une utilité capitale pour leur éviter de se prendre les pieds dans une racine ou de tomber dans un traquenard. Ce n’était pas le moment de se jeter droit dans la gueule du loup. Ralentissant légèrement la cadence, Alban essaya de se ménager. Pourtant, à peine dix minutes après, il fut contraint de demander une pause à Aaron. Intérieurement, il se sentait coupable et faible ; sûr qu’il serait une nuisance pour le Phyllali. Pourquoi Jackie avait-elle insisté pour qu’il y aille ? Il ne comprenait rien. Son meilleur ami fut cependant compréhensif et il posa son paquetage à côté de lui. L’occasion d’enfin faire l’inventaire du sac à dos qu’ils avaient tous reçus. Pas qu’Alban s’attendait à quoi que ce soit de la part de ce dernier, mais faute de mieux…

Sortant donc les différentes affaires en les identifiant à voix haute, Alban eu un sourire quand il vit l’exemplaire du livre de Shakespeare. Il sentit ensuite Mistral se poser sur l’épaule qui n’était pas déjà occupée par Zéphyr. La chaleur des plumes de ses deux compagnons lui réchauffait les joues. Certes, ce n’était pas aussi puissant que les flammes de Zénith, mais ce dernier aurait été trop repérable de nuit, dans une forêt comme celle-ci… Se contentant donc des Pokémon qu’il avait, Alban rangea ses affaires et demanda où est-ce qu’ils devraient établir le campement. A dire vrai, lui-même n’en avait aucune idée. Néanmoins, il nourrissait l’espoir qu’Aaron pourrait grimper à un arbre pour lui indiquer la bonne direction. Un buisson caché à la vue des autres, une clairière où voir et être vu serait simple… N’importe quoi qui leur permettrait de repérer l’arrivée des autres participants, et de s’enfuir au besoin.

Comme il s’y était attendu, Aaron lui indiqua rapidement un chemin. Malgré tout, Alban le connaissait assez bien pour savoir que son assurance était feinte, et qu’il ne savait pas plus que lui vers où est-ce qu’ils se dirigeraient. Amusé, il suivit néanmoins le Phyllali. Il savait que ce dernier avait généralement une bonne intuition, et il lui vouait une confiance aveugle. Se relevant donc, Alban fit signe à Auster de le suivre. Le Noctali refit briller ses anneaux, à intensité modérée néanmoins pour ne pas être repérable de loin. Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes, avant qu’Aaron n’avise un grand arbre où il pourrait monter la garde. Alban acquiesça. Il aurait préféré prendre le premier quart, mais il n’avait pas vraiment la force de protester. Et puis, son corps et surtout son genou avaient besoin de repos. Il ne serait qu’un poids s’il montait la garde maintenant. Autant recharger ses batteries afin d’être réellement efficace.

- Bonne idée, complimenta-t-il le roux en esquissant un sourire crispé.

Le mieux qu’il puisse faire niveau expressions, pour le moment. Surveillant donc Aaron qui montait agilement dans le grand pin, Alban posa son sac à même le sol. Puis, détachant ses yeux du rouquin, il observa l’environnement autour de lui. Des buissons lui permettraient de se cacher à la vue des autres. Bien. Sortant donc son imperméable de son sac à dos, il entreprit de se faire un sac de couchage de fortune. Il ajusta la forme de son sac pour que ce dernier puisse faire un oreiller correct, et y posa la tête. Auster vint aussitôt se blottir contre ses hanches pour lui tenir chaud, tandis que Zéphyr et Mistral l’encadraient, chacun collé à une épaule. Le châtain passa ensuite l’imperméable sur eux tous, comme une couverture. Ainsi, leur température corporelle serait confinée sous le tissu, comme dans une serre. Regardant ensuite une dernière fois Aaron, presque invisible dans sa branche de pin, il lui répondit d’en bas.

- D’accord. Fais attention à toi, Aaron.

Puis, après s’être retourné sur le côté, il ferma les yeux. Malgré le stress et la peur de se faire attaquer en pleine nuit, la fatigue lui permit de s’endormir assez rapidement. Glissant dans les bras de Morphée, il se sentit progressivement sombrer.

Quelques heures plus tard, une petite main vint le secouer doucement. Ouvrant un œil vitreux, Alban reconnu le visage de son meilleur ami, éclairé par un rayon de lune. Il se redressa avec l’impression de ne pas avoir assez dormi. Mais duo oblige, il fallait qu’il assure également son tour de garde afin de laisser son meilleur ami dormir. Enfilant donc l’imperméable, il réveilla Auster et Zéphyr, mais laissa Mistral dormir. Ils n’avaient pas besoin d’être quatre pour monter la garde, et laisser un de ses Pokémon se reposer entièrement lui semblait être une bonne idée. Au moins, si les deux autres étaient fatigués, il y en aurait toujours un pour assurer le travail.

- Rien d’anormal ? chuchota-t-il à l’adresse du rouquin. Tu as vu quelque chose, d’en haut ?

Il se doutait bien que si Aaron ne l’avait pas réveillé, c’était qu’il n’y avait aucun danger proche. Malgré tout, du haut de son arbre, le garçon aurait pu voir des signes d’affrontements dans d’autres parties de la forêt. Rassuré quant à la réponse du Phyllali, Alban se leva pour le laisser dormir. Comment allaient-ils s’organiser pour cette nuit, alors ? Alban gratouilla le dessous du bec de Zéphyr.

- Zéph’, utilise Brume, chuchota-t-il à son Goélise.

Aussitôt, ce dernier ouvrit le bec et une brume épaisse se mit à flotter dans toute la forêt. Celle-ci semblait tellement naturelle qu’un quelconque autre participant n’aurait pas pu deviner la patte d’un Pokémon derrière. Demandant ensuite à Zéphyr de voler jusqu’à une branche haute pour surveiller, Alban se posa contre un tronc avec Auster. Avec le talent Regard Vif de Zéphyr en hauteur, et malgré la Brume, ils seraient en mesure de savoir si un autre participant approchait. Egalement, la Brume leur permettrait de s’enfuir facilement sur les directives de son Goélise, tandis que les intrus se perdraient dans cet écran de fumée épaisse. Ne souhaitant pas rester à faire le guet les bras croisés, Alban demanda à Auster de creuser quelques trous grâce à son attaque Tunnel. Silencieux comme une ombre, le Noctali réalisa quatre pièges de belle taille et de belle profondeur, sur lesquels Alban déposa des feuilles mortes, soutenues par des branches en croisillons. Quiconque marcherait sur ce piège de fortune serait au moins ralenti à l’intérieur du trou. Pas non plus le piège le plus sophistiqué, mais le Voltali faisait avec les moyens de bord.

Puis, se posant contre son tronc d’arbre, Alban attendit. La nuit progressait avec lenteur. Il ressentait des picotements désagréables au niveau de ses paupières, mais il se pinça la peau des bras pour ne pas s’endormir. La Brume autour de lui avait quelque chose d’inquiétant. Des craquements et des bruits nocturnes le perturbaient. Il savait qu’une forêt comme celle-ci devait forcément chanter ainsi le soir, mais le contexte le rendait paranoïaque et craintif. Ses nerfs étaient à vifs, comme limés au couteau. Alban tapota nerveusement sur son poignet avec ses doigts. Le fait d’attendre comme ça était vraiment insupportable. Il ne savait pas quand le danger pourrait survenir, et toutes ces petites choses le rendaient incroyablement tendu. Auster le rassurait un peu cependant, se frottant parfois à sa main, guettant l’obscurité avec une certaine assurance. Petit à petit, l’aube approchait.

Aaron et lui s’étaient mis d’accord pour repartir dès les premiers rayons du soleil. Alban consulta sa montre, qu’on lui avait autorisé à garder. 5 heures du matin… Soit, encore deux heures avant le lever du soleil, en cette saison. Levant les yeux vers Zéphyr, Alban échangea un regard avec lui. La mouette hocha la tête pour le rassurer ; il n’y avait personne dans les environs. Néanmoins, le Voltali avait un mauvais pressentiment… 5h30. Il but une longue gorgée dans sa gourde, sans cesser de surveiller les alentours. La nuit était de moins en moins sombre, mais le soleil ne s’était pas levé pour autant. La Brume de Zéphyr commençait doucement à s’évaporer, et la petite mouette était toujours perchée sur son arbre, ses ailes brillant d’un éclat doré. Nerveux, Alban se releva et alla vérifier ses pièges. Il entendait de plus en plus de craquements inquiétants en provenance de toutes parts. Allons… A peine plus d’une heure et il pourrait repartir avec Aaron. A ce moment alors, il se sentirait plus en sécurité.

Un craquement plus sonore que les autres lui fit redresser la tête. Instinctivement, il leva les yeux vers Zéphyr qui semblait concentré sur un point au loin. 5h45. Se pouvait-il que les autres candidats se soient déjà mis à bouger ? Zéphyr pencha un peu plus la tête pour voir plus loin, puis, paniqué, il redescendit à tire d’aile vers Alban pour lui signaler la présence d’un intrus. Eh merde.
Les sens en alerte, Alban se dirigea immédiatement vers Aaron et le secoua sans ménagement. Désolé mon pote, mais ça urgeait là.

- Il y a quelqu’un dans les parages, il faut qu’on file, lui murmura-t-il rapidement, avant d’aller réveiller Mistral.

L’oiseau cligna des yeux et vint se percher sur son épaule. Alban attrapa son sac à dos et le passa directement sur son épaule, prêt à partir. A présent qu’Aaron commençait à émerger, le châtain entendait les bruits encore plus distinctement. Combien étaient-ils ? Au moins deux, vu le vacarme qu’ils faisaient. Alors comme ça, Aaron et lui n’étaient pas les seuls à avoir fait une alliance… Pressant son meilleur ami, Alban lui fit signe d’aller dans la direction opposée aux pièges. Ils détalèrent droit devant eux, Zéphyr perché sur l’épaule d’Alban pour percer les ténèbres de sa vision aiguisée.

- MERDE C’EST QUOI CE TROU ?! cria quelqu’un derrière eux.

Un garçon, vu le timbre de sa voix. Alban aurait voulu esquisser un sourire étant donné que son piège avait fonctionné. Néanmoins, il était trop effrayé pour faire quoi que ce soit. Détalant encore plus vite avec Aaron, il maudit les participants derrière lui. Attaquer juste avant le lever du soleil ? Sérieusement ?! Alban pesta intérieurement. Puis, attrapant la main d’Aaron, il le fit sortir du sentier, direction un coin encore plus couvert de la forêt. Derrière, les voix des autres candidats se rapprochaient.

- Zéph’, Vibraqua sur l’arbre tout là-bas ! demanda Alban.

Le Goélise s’exécuta et fit tomber une branche dans un craquement sonore, le long du sentier qu’ils venaient de quitter. Puis, faisant signe à Aaron de se cacher dans les buissons, Alban s’accroupit également sous les feuilles. Plaquant une main sur la bouche de son meilleur ami, un index sur la sienne pour ne pas que ce dernier fasse du bruit, Alban retint sa respiration.

Une fille et un garçon apparurent devant eux sur le sentier éclairé par la lune. Le garçon était couvert de feuilles et avait le bas de la combinaison déchiré. Sûrement était-il tombé dans le trou.
Aaron et Alban n’étaient qu’à quatre mètres à peine d’eux, cachés sous les feuillages. De là où ils étaient, ils avaient une assez mauvaise vision sur le duo. Chose rassurante néanmoins, puisqu’on ne devait pas les voir également du sentier.

- AH ! Les débutants. Ils ont fait tomber un arbre le long du sentier en espérant que ça nous ralentirait, railla le garçon, avant de faire exploser l’arbre par son Rhinocorne.

Alban esquissa un sourire malgré lui. Aller se cacher dans un endroit et faire une diversion grâce aux Vibraqua de Zéphyr pour faire croire à l’ennemi qu’il était allé dans une direction précise. Une vieille technique qu’il adorait utiliser et qui l’avait déjà sauvé dans la base de la Team Rouage, plusieurs mois plus tôt. Après s’être débarrassé de l’obstacle, la fille et le garçon continuèrent donc leur route le long du sentier, au pas de course, suivis de leurs Pokémon. Alban soupira de soulagement…

Il attendit quelques minutes, le temps que les environnements redeviennent silencieux, puis se tourna vers son meilleur ami.

- Désolé… Mesure d’urgence… Tu vas bien ? Tu ne t’es pas fait mal ? Je ne devrais pas dire ça vu ce réveil en fanfare mais... Bonjour.
Nemo Kendhall
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Nemo Kendhall
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Je flotte au dessus du sol. Oh ? Vivaldy vole ? Tiens ? Elle est rigolote avec ses ailes en mousses. Si je je sautais par dessus cette palissade pour attraper les baies Ceriz qui me tendent les bras ? Hop ! Dans mes br…. BIM ! Roseverte ? Mais que fait-il là ? Tiens ? Il a de la barbe maintenant ? Et il est roux ? Mais… il vieillit là ? Pourquoi est-il en fauteuil roulant ? Hein ? Mais c’est Mlle Snow là ! Pourquoi a-t-elle ce sourire diabolique aux lèvres ? Oh… mais Aileen là ! Mais elle est aussi vieille que nos profs ! Cet endroit est définitivement bizarre. Je vais courir par là. Je vais à une vitesse incroyable, je ne touche même pas les pavés ! Ah ? me voilà en salle de classe avec Yade. Roseverte-le-jeune est assis à côté de moi. Pour une fois, il n’y a pas un bruit dans sa classe. Puis les murs se mettent à fondre. Je me retrouve dans du chocolat fondu. Et qui retrouve-t-on dans une piscine de chocolat fondu ? … Max et Alex ?! Ben non ! Il y a un bug dans la matrice ! Eh ho ! Qu’avez-vous fait à mon Rody ? C’est pas normal là hein ! Mais le chocolat se clarifie, soudainement remplacé par une eau limpide. Max et Alex sont encore là, mais aussi l’ensemble des élèves de la PC. Un immense feu de joie brille sur le sable. Je me fais éclabousser de tout les côtés, au ralenti comme dans un film. Tout les élèves rient comme des débiles. J’ai l’impression de ne pas être régler sur la même vitesse de déplacement. Alors que je rejoins la plage me voilà les pieds dans l’eau avec Gwenn. Tiens ? J’ai déjà vécu ce moment. Je connais la suite. Nous partons à la poursuite d’un Tutafeh. Nous voilà face à la falaise que j’enjambe sans plus de difficulté. Nous voilà dans les boyaux souterrains de la Citée. Tout devient sombre, noir et flippant. Mon corps se rappel encore de cet étrange rituel. Comme si la Terreur s’en rappelait aussi, elle prend forme pour la première fois sous mes yeux.

Prendre forme est un grand mot. Disons que je perçois pour la première fois sa substance en dehors de mon corps. Ou plutôt, au plus profond de moi. J’ai l’impression qu’elle me toise. Qu’elle me jauge. Comme si elle m’avait choisie. Et moi je ne parviens pas à lever les yeux vers elle. Je ne suis qu’un pauvre avorton chétif. L’ambiance est pesante. J’ai l’impression qu’elle veut me faire passer un message mais qu’elle ne parvient pas à articuler. Ca l’énerve. Elle se tortille dans les tréfonds de mon être. Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute, faisant volte face dans mon cauchemar. La Terreur, est-ce elle ? Mais non, la main se fait plus insistante. Transpireux, j’ouvre des yeux vitreux. La Terreur ? Où est-elle ? Je regarde de toute part. Est-il possible qu’Alban la perçoive lui aussi ? En tout cas c’est l’impression qu’il en donne. Quelqu’un dans les parages ? Son air inquiet me fait comprendre que oui, il peut La sentir. Cela me fait frissonner mais en même temps cela m’ôte un poids.

Je récupère mécaniquement mes affaires, vérifiant que je n’oublie rien puis que suis Alban. Nous nous cachons un peu plus loin. Mon ami a l’air d’avoir été prévoyant. Mais que peut-on faire contre une entité que je ne parviendrait même pas à décrire ? Pourtant, le Voltali a l’air sûr de lui. Je ne veux pas le contrarier. La Terreur est peut-être connue de tous et facile à éviter. La voix qui nous parvient paraît sortir des tréfonds de la terre. Des pièges ? La Terreur est effrayée par des trous dans la terre ? J’ai presque envie de rire, cela ne correspond pas vraiment à l’idée que je me faisait d’elle. Voilà qu’elle me déçoit !

Je n’ai pas le temps de partager mes pensées avec le châtain, il me prend la main pour m’emporter de plus en plus loin dans la forêt. Aura-t-elle peur de venir jusqu’ici ? Craint-elle les Vibraqua ? Autant de questions qui tourbillonnent dans mon esprit mais qui restent bel et bien sans réponse. Et je ne veut pas déranger mon meilleur ami qui semble avoir parfaitement la situation en main. Il me plaque même un doigt sur la bouche pour me faire taire. J’ai dis un truc ? Tu penses vraiment que j’ai envie que cette Chose nous rattrape ? J’ai une tête de suicidaire peut-être ? Pourtant… pourtant la Terreur semble se faire berner, elle reprend sa voix très grave pour suivre un autre chemin. Je la sens s’éloigner. Je pousse un soupir. Mon meilleur ami prend immédiatement de mes nouvelles et me souhaite un bon jour. Je souris maladroitement. Il vient de me sauver la vie, non ? La Terreur est partie, pour de vrai ? J’ai presque envie de lui sauter au cou. Mais je dois le remercier. Oui, Aaron, fais ça, remercie le. J’ai la désagréable impression que les mots mettent drôlement du temps à parvenir jusqu’à mon cerveau, à formuler des phrases et à sortir par ma bouche. Même ma voix résonne étrangement à mes oreilles.

‘_ Oui ça va. J’ai bien dormi. La Terreur est partie. Je ne pensais pas qu’on pourrait la berner aussi facilement ! Merci mon pote !”


Je lâche un rire puis une petite tape sur l’épaule de mon ami. Je me sens tout bizarre, tout léger. Je me lève alors tout en ayant l’impression de voir le sol tanguer. Mais ce n’est qu’une impression ! Probablement le contre coup de la désertion d’une partie de moi. Je suis pris d’un fou rire hystérique. La Terreur ! Cette chose en moi ! Partie aussi vite qu’elle n’était arrivée. Je me tord en deux, mort de rire. Je fais encore quelques pas tanguant avant de m’appuyer sur un arbre pour vomir le reste de ce qui remplissait mon estomac. Je me sens mieux. J’essuie du dos de ma main ma bouche avant de me tourner vers Alban, le plus naturellement du monde et réfrénant une nouvelle quinte de rire.

“_ Bon, on continue ? Je me sens tellement serein sans Elle à mes trousses. Je te revaudrai ça l’ami, je te le promet !”

Sachant qu’Alban me suis, je prends une direction qui parait convenir. Mes Pokémon ? Merde ! Tellement pris dans cette partie de cache cache je n’ai même pas vérifié s’ils me suivaient. Ouf ! Genesy et Frey sont bien là. Ah ! Je n’avais même pas remarqué Invy accroché à mon dos. J’ai tendance à l’oublier celui-là. J’avais tellement la tête dans le cul tout à l’heure que je n’ai même pas remarqué sa présence. Bon ! Je disais… ? Ah oui ! Par là. Tout droit ! Dans les feuillages. Par-fait ! Je me fraie un passage. C’est drôle, je n’avais pas vu une forêt aussi chatoyante depuis plusieurs années. Est-ce le fruit de mon imagination ? Oh tiens ! En parlant de fruits ! Des baies ? Quelles sont-elles ? Je me retourne, vif comme l’éclair pour questionner mon ami.

“_ Alban ? Ces baies là, elles sont mangeables ?”


Comment ça il ne voit pas les baies ? Il se fout de moi là ! Je me place à côté de lui pour tendre mon bras devant ses yeux et lui pointer mon objectif. Oui ces baies tout là-haut dans l’arbre. C’est parti ! J’ai trop faim de toute façon, je boufferai n’importe quoi ! Je laisse mon sac et mon équipe au Voltali avant de me lancer à la grimpette de l’arbre.
C’est drôle l'écorce sous mes doigts à une texture de marshmallow. Mon cerveau a le bon sens de ne rien dire à Alban, il me prendrait pour quelqu’un de bizarre, ce n’est définitivement pas le moment ! Je lâche un petit gloussement, c’est vraiment rigolo cette affaire.

J’arrive tant bien que mal à la première branche. Mon équilibre est très bizarre sur ce bois en guimauve. Je manque de tomber, heureusement ma main gauche est accrochée à un bout de branche qui dépasse du tronc. Fausse alerte mon pote ! Je continue ! Hop hop hop ! Maintenant que je suis habitué à cette étrange texture, c’est un jeu d’enfant. Mais quand même ! Cet arbre ne devrait pas me jouer des tour comme ça et cesser de bouger son tronc. Je vais finir par manquer l’une de mes prises et m’écraser lamentablement en bas. Remarquez, d’ici, le sol ressemble à du coton. Il a l’air tout mou ! Même Alban semble s’enfoncer petit à petit dans le sol. Je ferrais bien de le prévenir ? Je secoue la tête ! Mon Objectif ! Les baies ! Aaron, les baies ! Ah oui !

Je reporte mon attention sur la branche du dessus. Si je tends les bras vers le haut je dois pouvoir l’attraper. Alleeeeer. Encore quelques centimètres. Roh allez ! Je saute et parviens de justesse à choper la branche au dessus de mes bras. Parfait. Je m’y hisse alors. Un jeu d’enfant. Me voilà enfin à la hauteur des baies.


Elles sont très jolies. Bien mûres, bien rouges. Je les regarde, très envieux. Je n’ai qu’à tendre le bras. Oui ! C’est ça, vas-y Aaron ! J’en choppe une. Elle est magnifique dans ma main. Bizarrement, elle est aussi froide qu’une feuille. Mais elle est véritablement parfaite à mes yeux. J’en croque une. Ce jus ! Waouh ! C’est fantastique. Je la termine en une nouvelle bouchée. Puis, j’en balance quelques unes dans le vide en espérant qu’Alban les rattrape. Bizarrement elles mettent un temps infini à atteindre le sol, j’aurais eu le temps de descendre par le tronc aussi vite qu’elles ! Drôles de baies ! Ou est-ce mon cerveau qui me joue des tour ? Tiens ? Plus aucune baies dans cet arbre ? J’étais pourtant persuadé qu’il en restait un moins une dizaine la dernière fois que j’ai regardé. J’ai dû surestimer les capacités de production de l’arbre.

Oh ? Mais que vois-je dans le ciel ? Un ballon ? Mais non ! C’est un petit parachute aux couleurs argentées. C’est pour nous ? Je fais des grands signes vers Alban pour attirer son attention sur notre premier cadeau des sponsors. Il vient vers moi. Allez, encore un ou deux mètres et mon bras sera en mesure de l’attraper. Un coup de vent fout mon plan en l’air. Je vais donc être obligé de tester ce sol tout mou ? Regardez ! Alban a déjà la moitié des pieds enfoncés dedans. Cela ne doit pas être trop dangereux. Je me lève, en équilibre sur la branche cotonneuse. Je fais deux pas en arrière, je vise ma cible et m’élance dans le vide. Je reste en suspension. Le temps s’arrête. Waouh ! Je suis capable de faire ça ? C’est improbable. J’attrape avec une facilité déconcertante le petit baluchon.

Tout redevient normal. Mes sens retrouvent l'entièreté de leur capacités. La forêt s’assombrie à mes yeux. Un goût âcre mélangé à du vomi me remonte dans ma gorge. La douce chaleur de la Terreur est retournée se terrer au fond de mon estomac. Tout se passe ensuite très vite. Le sol s’approche à une vitesse vertigineuse, si je me pète les deux jambes c’est que nous sommes chanceux. L’intégralité de la matinée défile dans mon esprit. La Terreur est parvenue à altérer l’ensemble de mes sens. Elle a fait de mon son pantin. J’étais pris au piège. Mon corps n’a pu se réveiller qu’au moment où ma vie est en danger. Dans quelques fractions de secondes je vais m’exploser au sol. Il n’y a qu’une chose qui peut me sauver.

Toutes mes pensées se tournent de façon violente vers mon Starter télépathe. Je tambourine contre son crâne. Seul Invy peut me tirer de cette connerie. La situation était similaire lors de ma chute dans cette falaise. Sauf que… sauf que c’était involontaire. Je viens de sauter de mon plein gré !

Mon appel au secours fonctionne. Mon Abra se téléporte tout contre moi avant de nous faire atterrir tout en douceur au sol. A peine les pieds posés par terre que je m’effondre. Un mal de crâne doublé de troubles de la vision s’emparent de moi. J’entends le rire diabolique de la Terreur se foutre de ma gueule au fond de moi. Instinctivement je frappe mon estomac pour la faire taire. Cela ne m’aide qu’à me faire vomir le reste des feuilles ingurgitées plus tôt. Une peur panique s’empare alors de moi. Je suis tétanisé par la situation, dépassé par les évènements. Je ne parviens qu’à poser une main sur le bras d’Invy pour le remercier. Il s’est déjà accroché à mes épaules.

Je m’assois. Okay Aaron, on fait le point. Je n’ose pas lever les yeux vers Alban. Je sais qu’une multitudes de réponses brûlent ses lèvres. Je sais qu’une dizaine de caméras est braquée sur nous. Il va falloir la jouer fine. Je réfléchis à toute vitesse. Bien. Je chuchote, le plus bas possible, presque dans ma barbe.

“_ Elle n’est pas tout à fait partie…”


Cela a-t-il un quelconque sens pour lui ? Fait-il le rapport avec ce que j’ai pu lui dire tout à l’heure ? Comment l’ensemble des spectateurs ont-il réagit face à mes divagations ? Est-ce que je viens de nous faire perdre l’ensemble de nos sponsors. Je redirige mon regard vers Alban, l’air désolé et en piteux état. Je choisis mes mots avec soin.

“_Je… je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je pensais pouvoir viser le buisson là-bas. Mais j’ai surestimer mes capacités. Heureusement qu’Invy était là. Mais je l’ai !”


Je m’en veux de lui mentir aussi ouvertement. Mais je ne peux pas me résoudre à parler de ça à la planète entière. Je lui tends alors le petit paquet du bout du bras, un faux sourire triomphant sur les lèvres.
Aaron S. Mightley
Alban Abernaty
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Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
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Hoenn
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pokemon
Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
La nuit avait été courte. Beaucoup trop courte au goût d’Alban. Sans qu’il n’ait réussi à réellement se reposer, Aaron vint le réveiller doucement pour son tour de garde. Le châtain se frotta les yeux, l’air encore extrêmement ensommeillé. Plus que la faim ou les dangers de la nature, Alban avait l’impression que ce serait l’épuisement qui viendrait à bout d’eux. Cela ne faisait que quelques heures qu’il était entré dans l’arène, et il se faisait déjà ce genre de réflexions. Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ? Il se força à secouer la tête pour reprendre la maîtrise de ses émotions. C’était l’inconnu, la peur, la fatigue et le stress qui le faisaient penser. Il but une grande gorgée d’eau pour se rafraîchir les idées. La nuit, légèrement fraîche, serait impitoyable avec eux ; il fallait qu’il reste sur ses gardes, peu importe les aléas physiques et mentaux. Postant donc Zéphyr en hauteur, Alban entreprit la tâche de faire quelques installations. Il ne savait pas vraiment ce qu’il faisait, mais il avait lu dans plusieurs romans de sa jeunesse qu’il fallait toujours protéger son camp. Avec des fils tendus entre les arbres, des trous creusés, des rangées de casseroles destinées à repérer les voleurs… Qui aurait cru que toutes ses lectures lui seraient utiles dans pareille situation ? Il se sentit sourire. Poser des pièges, il savait faire depuis son stage auprès de Clyde le journaliste, sur l’île aux Oiseaux. Fort de son ancienne expérience, il demanda donc à Auster de creuser des trous. Un camouflage habile de branchages et de feuilles, et le résultat était presque invisible. Enfin. De nuit, tout du moins.

Satisfait de ses prouesses nocturnes, Alban retourna au campement et veilla sur Aaron toute la nuit. Il entendait constamment le tic-tac d’une horloge dans son esprit. Quand il courrait pour fuir ou dormait, il ne pensait pas à grand-chose si ce n’était survivre ou se reposer. Mais là, à veiller sur son coéquipier et ses Pokémon ? Il sentait que son esprit fourmillait de milles pensées. Des pensées pour la plupart bien obscures. Et c’était bien là, le problème. Il avait trop de temps pour penser. Trop de temps pour s’inquiéter. Trop de temps pour établir des dizaines de scénarios catastrophe sur ce qui pourrait leur arriver. La peur commençait à s’insinuer dans ses veines doucement. Il se crispa. Cet arbre là-bas ne venait-il pas de bouger ? Une ombre effrayante se diffusa sur le rayon de lune qui perçait à travers l’épais couvert des feuilles. Il ferma les yeux un instant. Allons, il n’avait pas peur tout de même, si ? Il était un grand garçon. Il avait passé des dizaines de nuits dans des conditions aussi précaires, sans pour autant être effrayé par la forêt. Il rouvrit doucement ses yeux bleutés, l’air fiévreux. Oui mais, dans toutes les situations précédentes, jamais il ne s’était senti comme une proie traquée.

Il sentit son corps se tendre. C’était bien l’impression d’être chassé qui le dérangeait. D’ordinaire, rien dans la forêt ne lui voulait de mal. Mais là, il y avait six autres participants qui risquaient de leur tomber dessus. Quelle serait leur stratégie ? Se cacher pour tenir le plus longtemps possible en état d’hibernation ? Aller récupérer tous les sacs à dos disséminés partout dans l’arène ? Ou pire… Traquer les autres ? Alban serra les mâchoires. Il ne savait même pas quelle stratégie ils allaient eux-mêmes adopter. Il fallait dire que Jackie ne leur avait pas non plus laissé beaucoup de temps pour y penser. Soupirant, Alban regarda brièvement Aaron, qui était dos à lui. Il avait l’air d’être tellement paisible, le bougre. Ne pensait-il pas à tout cela ? Le châtain n’en savait rien, mais ses yeux qui picotaient désagréablement lui rappelèrent qu’il fallait absolument qu’il soit vigilant. Dans ces conditions, il était le seul à pouvoir donner l’alerte s’il se passait quelque chose. Buvant une nouvelle gorgée d’eau, il posa son dos contre le tronc du grand pin. Les minutes passaient, interminables. Il sentait que progressivement, la Brume de Zéphyr commençait à s’évaporer. Il leva les yeux vers sa mouette chromatique, presque invisible parmi les branchages. Encore une minute. Puis une autre. N’était-ce pas le jour qui commençait à poindre, là-bas ? Une minute.

Un bruit le fit sursauter. Zéphyr donna rapidement l’alerte après s’être assuré d’une intrusion étrangère, et Alban réagit immédiatement. Bondissant vers son coéquipier comme un chat sauvage, il le réveilla sans ménagement. Puis, après avoir remballé leurs affaires, ils détalèrent comme deux lapins traqués. La chasse avait commencé. A présent, le jeu du chat et de la souris était pleinement lancé. Et, vu à quelle vitesse ils détalaient, quelque chose disait à Alban que c’était eux, les souris. Pourquoi d’ailleurs ? Ils auraient pu faire face aux adversaires et engager un combat. Mais non. Alban était mauvais pour les combats Pokémon. Et, avec deux Pokémon conscients sur trois du côté d’Aaron, les forces seraient clairement déséquilibrées. Jackie le lui avait dit, d’ailleurs, quand elle l'avait fait suer sang et os sur des séries de pompes interminables, la veille. Ils étaient malins. Ils étaient agiles et souples. Ils étaient discrets. L’objectif pour eux ne serait pas de chercher la confrontation directe. Mais bel et bien de fuir et de devenir des proies insaisissables. Puis, en jouant de leur ruse et de leur ingéniosité, faire tomber les autres uns à uns.

Cette pensée le fit frissonner. Il n’en avait pas parlé à Aaron car il n’avait pas trouvé le bon moment, mais les directives de la référente des Pyroli ne lui plaisaient que peu. Pour autant, lui-même n’avait pas de plan. Pour le moment, la seule priorité était de se sauver. Avisant un bosquet, Alban y entraîna Aaron. Puis, avec discrétion, il lui fit signe de se taire. Alors, quand un rayon de lune passa sur eux, il eut presque un hoquet en voyant l’expression de son meilleur ami.

Les yeux du Phyllali étaient terrifiés ; presque dilatés, même. Ses orbites émeraude brillaient d’une lueur malsaine. Qu’est-ce qu’il avait ? Alban n’eut pas le temps de s’en préoccuper plus car déjà, leurs poursuivants passaient juste à côté d’eux. Se ratatinant pour ne pas être surpris, Alban retint son souffle. Des branches craquèrent tout près d’eux, et ses yeux camouflés derrière les feuilles purent voir les chaussures de ses prédateurs. Cet angle de vue était vraiment pire que tout. Crispé, le cœur battant la chamade, Alban put enfin respirer quand leurs poursuivants s’éloignèrent, croyant qu’ils avaient fui par là-bas. Pour autant, ils n’étaient pas tirés d’affaire. Il y avait deux types qui les avaient repérés, et ne tarderaient pas à comprendre qu’ils s’étaient joués d’eux. La zone n’était plus sûre du tout. Ils devaient partir. Se tournant vers le Phyllali, il se fendit cependant d'un petit commentaire et d’un salut. Il ne savait pas si sa désinvolture apparente allait plaire aux sponsors, mais en tout cas, il allait faire au mieux pour être le plus charmant possible.

Ce n’était pas juste une épreuve de survie banale. Il allait devoir faire attention aux caméras, à ce qu’il disait et ce qu’il montrait. Ne l’ayant compris que trop tard, il décida de rattraper le coup. Aaron avait d’ailleurs l’air étrange. La Terreur ? De quoi voulait-il parler ? Donnait-il un nom à cette peur qu’ils avaient tous deux ressentie ? Non. C’était autre chose. Pour autant, il ne devait pas montrer aux spectateurs. Oui. Jouer l’assurance. La compréhension. C’était forcément comme ça qu’il s’attirerait la sympathie de l’audience. Esquissant donc un sourire doux et compatissant, il posa une main sur l’épaule de son meilleur ami.

- Pas de quoi. Tout va bien maintenant, mais il ne faut traîner dans les environs. Ils pourraient revenir, lui dit-il.

Il sentit aussitôt que le son de sa voix était différent d’ordinaire. Pour autant, Aaron ne sembla rien remarquer. Il eut un éclat de rire puis lui tapa sur l’épaule. Ils étaient si complices. Alban conserva son sourire doux, tout en ayant l’impression d’être un brin manipulateur. Il se sentait si faux, si trompeur. Et pourtant, il avait l’ultime conviction que c’était ce qu’il devait faire. Aaron se releva alors d’un coup, toujours aussi hilare. Puis, perdant légèrement l’équilibre, il tituba jusqu’à un arbre. Alban, inquiet de l’état de son ami, s’approcha de lui pour… le voir vomir par terre. Ah. Là, il y avait clairement un problème. Ne pouvant s’empêcher de froncer les sourcils, préoccupé, Alban vint soutenir le rouquin par les coudes. Ce dernier ne semblait cependant pas se rendre compte de son état, et il lui offrit un visage à la mine candide. Il lui affirma être plus serein sans elle à ses trousses. Elle ? La fille de tout à l’heure ? Alban réfléchit. Non… Ce qu’il appelait « La Terreur ». Son visage s’assombrit malgré lui ; visiblement, Aaron ne lui avait pas parlé de certaines choses, et il comprenait de moins en moins à quoi il faisait allusion.

- Ron… murmura-t-il, utilisant délibérément un diminutif qu’il n’employait jamais afin de montrer aux spectateurs leur complicité, et s’attirer des bons points. Je ne pense pas que… tu es sûr que ça va ? Il vaudrait mieux que tu te reposes encore un peu et…

Aaron ne le laissa même pas finir sa phrase. Reprenant sa route sans prêter plus d’attention au Voltali, le Scientifique se mit à marcher aléatoirement. Bruyant. Il était si bruyant. Qu’est-ce qui clochait ? Alban se leva difficilement et le suivit, sans pour autant pouvoir le rattraper. Ralenti par les grosses racines et les buissons, ainsi que son genou, il pesta intérieurement. Quand enfin il put arriver à la hauteur du rouquin, il constata que ce dernier s’était arrêté en lui pointant du doigt un arbre aux épaisses feuilles vertes. Quelles étaient ces baies ? Etaient-elles mangeables ? Alban leva la tête mais ne vit aucune touche de couleur dans ces arbres. C’était encore la nuit aussi, et même si une faible lumière dorée éclairait progressivement l’arène, il ne voyait rien.

- Je ne les vois pas… Où ça ? demanda-t-il en changeant de position pour tenter de les apercevoir. Rien à y faire. Aaron sembla s’énerver et, lui pointant du doigt le point précis, il lui montra les baies. Je ne pense pas qu’il y ait quelque chose, Ron…

C’en était trop pour le Phyllali. Il lança son sac à dos dans les bras d’Alban puis sauta sur la branche avec agilité. Alban voulut le retenir et lui murmura de descendre, mais Aaron était déjà bien trop haut pour qu’il ne le rattrape. Et avec son genou, il lui était impossible de grimper à son tour. A ses côtés, Zéphyr était en train de roucouler faiblement, inquiet de l’état du meilleur ami de son dresseur. Auster fronça les yeux mais ne fit aucun commentaire, se contentant de surveiller le roux ; s’il tentait quoi que ce soit sur son dresseur dans son état de folie passagère, au moins pourrait-il le maîtriser sans états d’âmes. Quant à Mistral ? Il se réveillait doucement avec mauvaise humeur, et continuait d’enfouir son bec dans ses plumes de coton afin de bouder ostensiblement. Alban paniqua. Que devait-il faire, à présent ? Aaron venait d’attraper une grosse poignée de feuilles et, un air gourmand sur le visage, les fourra dans sa bouche pour les mâcher. Mais qu’est-ce qu’il faisait ? Il n’était tout de même pas en train de prendre ces feuilles pour des baies, si ? Visiblement oui. Sans rien comprendre, Alban vit une dizaine de feuilles tomber doucement vers lui et se poser pour la plupart sur sa tête.

- Ron… le supplia-t-il à présent. Descend, tu risques de…

Il se figea net. En haut, un petit parachute brillant descendait vers eux avec un petit bruit de moteur. Un Baudrive de sponsor ! Aaron semblait d’ailleurs l’avoir remarqué car il tendit le bras pour l’attraper. Un coup de vent le dévia cependant de ses doigts et Alban sentit son sang se glacer en voyant Aaron tendre le bras. Non. C’était dangereux. Ses peurs se confirmèrent quand Aaron sauta carrément de sa branche pour attraper le Baudrive. Mais qu’est-ce qu’il fichait ?!! Il vit les doigts de son meilleur ami se refermer sur le parachute argenté, puis son corps tomber dans le vide. Comme au ralenti, il le vit chuter. Impuissant, il resta sur place les yeux écarquillés, avec l’impression qu’on poignardait son cœur de milles éclats de verre. Ca ne pouvait pas être vrai. Pas lui. Pas comme ça.

Il ouvrit la bouche pour crier mais aucun son ne sortit. A côté de lui, il entendit vaguement Auster aboyer, et Zéphyr couiner de panique. Tendant instinctivement les bras, les yeux flous de détresse, Alban vit le corps d’Aaron disparaître dans un scintillement, puis retomber doucement à quelques mètres de lui. Invy. La Téléportation.

Son corps entier tremblait. Il n’était même pas sûr d’être capable de faire le moindre geste. Vivant... Tétanisé, il sentit ses jambes se dérober sous lui et il s’écroula à genou au sol. Son genou droit lui fit un mal de chien quand il cogna contre la terre légèrement humide, mais il n’en avait rien à faire. Il avait envie de crier. Il avait envie de pleurer. Il avait envie de se ruer sur Aaron pour le frapper. Auster vint se positionner à côté de lui et lui donna un léger coup de museau dans le bras. Instinctivement, Aaron passa sa main sur le flanc de son Noctali pour en sentir la fourrure lisse et chaude. Il avait besoin de se raccrocher à quelque chose de familier pour ne pas paniquer. Ses doigts se refermèrent sur la fourrure de son Pokémon Ténèbres. La respiration sifflante comme un animal blessé, Alban s’aida d’Auster pour se relever. Puis, tremblant, il se dirigea vers Aaron.

Ce dernier venait de s’asséner plusieurs coups dans le ventre puis de vomir une nouvelle fois. Des morceaux entiers des feuilles mâchées tombèrent avec un bruit peu ragoûtant sur le sol. Il se tourna doucement vers lui et lui avoua qu’elle n’était pas tout à fait partie. Mais qui, bordel ?!! Alban avait envie de s’arracher les cheveux par touffes. Le souffle de Zéphyr près de lui, lui rappela néanmoins que des caméras étaient braquées sur eux. Avaient-elles suivi toute la scène ? Ce plan occupait-il tout l’écran à cette minute précise ? Alban n’en savait rien mais il se drapa rapidement de son masque médiatique. Il fallait qu’il sauve la situation. Pour eux. Pour les sponsors. Pour l’émission. Les spectateurs ne devaient pas penser qu’Aaron était fou. Il fallait trouver une solution, n’importe quoi. Tremblant, Alban s’avança vers Aaron et passa doucement une main derrière sa nuque. Agrippant ses cheveux avec légèreté, il fit venir son meilleur ami à lui. Leurs visages se rapprochèrent dangereusement. Alban pouvait même sentir l’odeur des eucalyptus que le rouquin avait mâchés. Puis, avec un bruit faible, le front d’Alban rencontra celui d’Aaron. Leurs lèvres ne se touchèrent pas. Elles ne devaient plus se toucher, après tout. Pour autant, leur proximité avait quelque chose de grisant et d’interdit. Le Voltali en était sûr ; ce plan précis lui vaudrait un gros succès. Et une aide colossale de la part des sponsors. C’était tout ce qu’il espérait à ce moment-là. Après tout, il était bien trop fâché contre Aaron pour toutes ces cachotteries et toute cette scène étrange. Pas la peine de le consoler ou de le rassurer. La priorité, c’était les sponsors.

- Ton front est chaud, Aaron… Je crois que…

Il le maintint fermement par la nuque et faucha ses jambes avec son pied valide. Le corps d’Aaron bascula doucement vers l’arrière et les mains d’Alban l’accompagnèrent de façon à le coucher au sol en douceur. Avec délicatesse et attention, Alban pris une mine incroyablement inquiète. Pour cela, il n’avait pas besoin de trop se forcer d’ailleurs, mais Aaron allait forcément griller qu’il surjouait.

- Il doit y avoir des spores hallucinogènes dans les parages. Ou alors un des candidats possède un Type Plante ou Poison qui diffuse des choses dans l’air. Je ne sais pas, mais tu as dû être touché. On va… on va trouver une solution, je te le promets. En attendant…

Il lui attrapa doucement les deux poignets et le cloua au sol quelques secondes. Son expression était volontairement triste et inquiète, mais ses yeux étaient durs. Le message était clair : « je ne crois absolument pas à ce que je dis, mais il va bien falloir que tu abondes dans mon sens. »

- … ne te sépare plus de moi. Je ne veux pas qu’il t’arrive la moindre chose, d’accord ?

Il aida ensuite Aaron à se relever, puis se rappela de la présence du petit parachute argenté dans les mains de son coéquipier. Il regarda la toile en forme de Baudrive, puis détacha le petit paquet qui y était accroché. Il l’ouvrit et y découvrit deux rations de viande séchée, avec deux baies juteuses. Les sponsors leurs étaient-ils venus en aide en pensant qu’Aaron avait pété les plombs, affamé ? Un petit mot était accroché au parachute : « gardez espoir ». Avec un sourire, Alban le fit lire à son meilleur ami puis partagea les rations. Ils mangèrent ensuite en silence, jusqu’à ce qu’un bruit alerte le Voltali sur sa gauche. Craignant qu’il ne s’agisse d’un adversaire, il se redressa doucement. Il avait certes dit à Aaron de ne plus se séparer de lui, mais il avait peur de l’amener. S’ils se faisaient repérer à cause d’une de ses « crises » ? Alban échangea un regard avec Auster, et ce dernier alla se poser sur les genoux du roux, une patte sur sa poitrine.

- Reste là, je vais voir de quoi il s’agit. Auster veillera à ce que tu ne bouges pas et à ce qu’il ne t’arrive rien en cas d’attaque. Je fais vite. Repose toi un peu et mange, tu en as besoin, lui dit-il avec un sourire rassurant.

Puis, se levant, il se sépara d’Aaron pour aller voir de quoi il en retournait. Il marcha quelques secondes, puis, se tournant vers Zéphyr perché sur son épaule, il lui demanda s’il voyait un autre participant. Réponse négative. Alors, le bruit se fit de nouveau entendre, et Alban reconnu immédiatement celui du petit moteur des Baudrive de sponsors. Se dirigeant vers le parachute, il détacha rapidement le paquet et trouva une seringue en verre avec un liquide à l’intérieur. Il y reconnut immédiatement un des sédatifs qu’il utilisait parfois pour dormir lors de ses crises. Un mot était accroché « Au cas où ». Il comprit aussitôt que la seringue n’était pas destinée à Aaron, mais à lui. L’un des spectateurs lui envoyait une aide au cas où son coéquipier deviendrait incontrôlable. Rangeant donc soigneusement la seringue dans ses affaires, Alban cacha le parachute dans un fourré. Il alla ensuite rejoindre Aaron, un sourire aux lèvres. Ce dernier était trop loin et trop caché par les fourrés pour avoir vu quoi que ce soit. En outre, Auster était encore positionné sur lui. Bien, il n’avait donc rien vu de tout cela.

- Fausse alerte, il n’y avait personne. Ceci dit, il faudrait qu’on bouge, sinon les autres risquent de nous tomber dessus. Tu vas mieux ? Bien, allons-y alors.

Il lui tendit la main et l’aida à se relever. Gardant ses doigts fermement verrouillés autour de ceux du Phyllali, il conserva son sourire doux. Pourtant, ses yeux étaient sombres et froids. Avec une mine radieuse, il se retourna ensuite et entraîna son meilleur ami avec lui parmi les sentiers avec l'impression d'être devenu incroyablement hypocrite. Pour autant, il ne s'en sentait même pas coupable. Et maintenant... Où allaient-ils aller ?
Nemo Kendhall
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Nemo Kendhall
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May the odds be ever in your favor

Cette impression est terrible. Se réveiller pour se retrouver à nouveau dans un rêve. Dans une réalité altérée. Non, ce n’est pas moi qui me réveille lorsque d’Alban me secoue légèrement l’épaule. C’est la Terreur.

Elle a profité de ce rêve décalé pour s’emparer de mon corps à mon réveil. Je suis impuissant, enfermé où ce monstre devrait l’être. Je me sens tout petit et tellement con ! Le pire, c’est que je me vois réagir de façon totalement absurde. Et encore pire, c’est de voir Alban me découvrir dans cet état. C’est insupportable de voir ses yeux me décrypter ainsi, alors que ce n’est pas moi. Et c’est encore plus insupportable d’entr'apercevoir son regard si compatissant envers la télévision. L’énervement commence à poindre en moi. Enfin, si on peut toujours parler de “moi”. Je n’ai le contrôle sur rien, la Terreur s’est emparée de mon corps et je suis impuissant. Ce Spectre puise même dans mes forces pour faire avancer ma carcasse.

La nuit n’a pas été longue et le réveil plus difficile qu’ordinaire. Je ne vais pas tenir longtemps à crapahuter à travers cette sombre forêt. Je prie pour qu’Alban garder un oeil sûr sur moi. Malheureusement, je ne serais pas capable de veiller à ma propre sécurité. J’ai l’impression de faire les cent pas au plus profond de mon être. De m’asseoir et d’attendre. J’ai déjà essayé de lutter. La Terreur ne laisse aucune faille. Elle ne connaît que trop bien les miennes et fait toujours attention à la moindre brèche lorsqu’elle parvient à me dominer. Et… elle s’assure ma soumission en puisant ma propre énergie. Cela a le don de me mettre dans une rage folle. Une rage qui ne peut être extériorisée. Je crois que cela altère mes conditions physiques, faisant divaguer mon corps, même sous l’emprise de la Terreur. Elle se met à raconter tout et n’importe quoi. A répondre des choses étranges à Alban. Faisant même allusion à elle. A moins que ce ne soit véritablement moi ? C’est difficile à dire. Je ne suis même plus capable de me rendre compte si c’est moi où elle qui formule les phrases dans mon cerveau. Ou est-ce les deux ? Dans tout les cas, c’est horriblement frustrant. Je tente alors une percée. Je rassemble toute ma volonté, profitant du répit physique que me laisse Alban. Je me lance. Je projette toute mon énergie contre cette barrière infranchissable. Je crois qu’Elle ne s’attendait pas à une attaque aussi soudaine.

Je vois sa sombre lumière vaciller un instant. Mon propre corps titube. Je force à nouveau contre cette forteresse. Elle est obligée de me faire appuyer contre un arbre pour régurgiter l’ensemble de mon estomac. Malheureusement, cela ne l’aide qu’à se ressaisir et elle me rejette dans les méandre de mon esprit. Furieux, je tente une nouvelle attaque. Mais non, elle est parfaitement inefficace et j’assiste au petit numéro de mon meilleur ami. Il joue avec les médias. Je brûle de l’intérieur. J’ai envie de lui fracasser la tête contre un tronc pour lui remettre les idées en place. “Ron” ?! Je vais lui en donner moi des idées à la con aussi ! Ouuuh, si j’étais moi, il ne payerai rien pour attendre. Je crois que la Terreur perçois ma rage, Elle doit fuir, s’éloigner de mon meilleur ami pour garder le contrôle. Elle me force à me diriger vers un arbre. Toujours la même technique, l’épuisement. Je serre les dents en lui prêtant mes capacités. J’y mets si peu de volonté qu’Elle ne doit même pas sentir de l’écorce sous ses doigts. Pourtant, mon corps monte inlassablement vers la cîme.

Je cherche alors mes Pokémon à travers les yeux de la Terreur. Le spectacle me met mal à l’aise, ils sont tout les trois en bas. Frey et Genesy me suivent d’un regard attentif comme si tout était le plus normal du monde. Et Invy ne semble pas vouloir se réveiller. Il n’est jamais là quand j’ai le plus besoin de lui… Je pousse un soupir intérieur, si cela est possible. J’assiste à mon propre pétage de plombs, une Terreur qui ne sait même plus ce qu’elle fait. Elle ramasse d’immenses feuilles d'eucalyptus et les balance en bas. Elle a aussi l’idée lumineuse de s’en fourrer quelques unes dans la bouche. Le goût âcre des feuilles se repend dans ma bouche. Beurk ! J’ai envie de tout recracher. Mon cerveau se met à nouveau à fonctionner et tire la sonnette d’alarme. Je me projette à nouveau contre les barrières mentale de la Terreur. Elle n’a que trop bien compris mon jeu. Elle veut en finir. Elle veut m’asservir pour de bon. Jamais !

Alors qu’elle jette mon enveloppe corporelle dans le vide, je massacre le mur à coups de poings. Jamais elle ne m’aura ! Je sens alors le souffle du vent dans mes cheveux, le Baudrive de sponsors dans ma main. Je perçois le sol se rapprocher si vite de moi. Pourtant, l’inspiration de que prends durant ce vol me paraît être la plus douce et la plus réconfortante de cette émission. Je suis à nouveau moi. C’est rassurant. La Terreur s’est cloîtrée au fond de mon ventre… jusqu’à la prochaine attaque. Je sonde mon être à sa recherche, je me heurte alors à un mur similaire. Mais cette fois, je suis du bon côté. Je tâtonne pour trouver une faille. Mais je n’ai pas le temps de chercher plus longtemps. Invy s’est téléporté à ma rescousse pour me poser délicatement sur le sol.

Après le joie d’avoir retrouvé l’ensemble de mes capacités, je me retrouve seul face à mes défaillances physiques et psychiques. Mes jambes soutiennent à peine mon poids. Ma tête tourne. La Terreur fait des siennes, trifouillant je ne sais quoi au fond de moi. Cherchant à la faire taire, je ne parviens qu’à me faire vomir à nouveau. Je crache avec désinvolture avant de glisser quelques mots à Alban. Lui, semble se foutre de la situation. Il est pris dans le jeu, recouvert par son image médiatique. Je manque de lui foutre une baffe, mais il est bien plus rapide que moi. Il s’empare de ma nuque. L’image de notre sortie shopping se superpose au moment présent. Je vois son regard se rapprocher dangereusement. Je ne peux me défiler, je ne veux pas me défiler. Mes yeux ancrés dans les siens, mes jambes flageolent. Je suis tellement persuadé de savoir comment cela va se terminer que je suis surpris -et presque déçu- de voir que nos lèvres ne se même frôlent pas. Pourtant, je sens son souffle tout proche me murmurer que mon front est chaud. Tu m’étonnes ! Je dois être rouge comme une pivoine. Il sait bien que son charme me laisse difficilement indifférent. Voilà qu’il joue avec le feu.

Mon monde entier chavire avant que je n’ai le temps de me rendre compte que c’est mon meilleur ami qui vient de me plaquer au sol. La situation est très étrange et a le don de me mettre extrêmement mal à l’aise. Pourtant, il faut bien avouer qu’Alban est l’unique d’entre nous à maîtriser la situation. Il parvient même à faire passer ma “crise” pour de simples hallucinations. Je serrais presque tenté de sourire mais la rougeur me tient toujours aux joues et je risque de fondre en larmes si j’émets la moindre parole. Peut-être cela plairait-il au public ? J’efface immédiatement cette pensée. Non, je ne joue pas pour le public. Je joue actuellement pour sauver ma peau. Pour échapper à la Terreur.

Le Voltali s’éloigne, je ne sais pas s’il a réellement entendu le moindre bruit mais de toute façon je ne pourrais pas vérifier ; Auster plaque fermement mon thorax contre le sol. Impossible de tenter de me relever. Je croise son regard sombre. Je lui fais les gros yeux mais il affirme sa supériorité en appuyant un peu plus fort sur sa patte. Je choisis alors de rester tranquille. J’en profite pour regarder autour de moi. Je serais bien incapable de dire d’où nous venons. En tout cas, Genesy a profité de l’agitation pour se reposer un peu alors que Frey fait des bulles sur son dos. Toujours des activités utiles celui-là… il est totalement à côté de la plaque. Mais je sais que ce n’est qu’une apparence, sous cette coque chétive se cache le plus intelligent des Pokémon de mon équipe. Cela m’arrache un petit sourire. Je balaye les environs du regard pour retrouver Invy adossé à un arbre. Je lui dois à nouveau la vie. Je soupir, relâchant ma tête contre le sol meuble. Tout s’est passé si vite.

Suis-je en capacité de vaincre la Terreur ? Ou seulement de l’endiguer ? Sous mes paupières closes les sensations d’enfermement et de soumission me reviennent. Je préfère alors me souvenir des paroles d’Alban. Manges si tu as besoin. Oui. Je vais faire ça. J’ai besoin de forces pour Lui résister. J’attrape ma part de viande sécher et j’en mâchouille une partie sous le regard attentif d’Auster. Il ne me lâche pas des yeux ce fidèle Noctali de mon meilleur ami. Je me demande comment il me supporte. J’ai toujours fais fuir les Pokémon mais jamais ceux d’Alban. Je ne sais pas pourquoi. Bien sûr, je me rappel des début difficiles lors de notre première rencontre avec les enfants… mais… cela a toujours été différents avec eux. Et j’avoue que dans cette situation, j’aurais aimé lui faire un peu peur. Histoire d’être libre quoi.

Je n’ai pas le temps de réfléchir au moindre plan pour échapper à sa vigilance. Le châtain revient de derrière les buissons en m’avouant qu’il n’y avait rien. Peut-être devient-il aussi fou que moi. Je n’espère pas. Deux personnes soumises à la Terreur dans une même équipe, on finirait forcément par mourir. Et cette idée me glace le sang. Il me tend une main tout en me demandant si ça va mieux. Je me relève avec son aide. Ma tête tourne plus même si le mal de crâne frappe toujours à la porte. Mes mains tremblent encore un peu mais mes jambes ont retrouvé de leur vigueur. Je finis dans la hâte mon morceau de viande séchée avant de ranger le reste dans mon sac. Ca devrait pouvoir le faire.

“_ Oui, ça devrait aller. Tu as raison, nous ferrions mieux de ne pas trop rester aux mêmes endroits.”

J’évite de croiser son regard. Déjà, parce que je n’ai pas envie d’avoir la soudaine envie de lui mettre une bugne à cause de son regard mielleux et en plus parce que son rapprochement physique m’a terriblement gêné. Tête baissée, je récupère mon Abra et le glisse sur mon dos. Je le remercie d’une caresse sincère avant de faire signe au Moustillon de réveiller son compère. La petite équipe prête, je suis Alban à travers les sentiers de l’arène. Dans quelle merde nous sommes-nous fourrés ? Cette question reste sans réponse. Nous sommes parvenus à échapper aux candidats jusqu’à maintenant. Mais… c’est à peine si nous avons passé une nuit.

Le jour s’est maintenant parfaitement levé. Nous entamons donc notre première vraie journée. Et je suis aussi fatigué que s’il était minuit. Cela s’annonce bien. L’épisode avec la Terreur n’était pas de tout repos. Je peux néanmoins affirmer qu’elle ne reviendra pas de sitôt, elle se repose, cela la fatigue autant que moi de prendre possession de mon corps. Je ne sais pas si je dois être rassuré, mais au moins, je suis tranquille. Allez Aaron ! Un peu de concentration sur le moment présent.

Nous trottinons en file indienne à travers les arbres. Je jette de temps à autre un regard derrière nous pour s’assurer que l’on ne nous suis pas. Si nous sommes poursuivis, ils se cachent très bien. Malheureusement, notre sens de l’orientation nous joue des tours, enfin, surtout celui d’Alban vu qu’il mène la troupe. Mais bon, dans tout les cas, nous voilà revenus à notre point de départ. La grande clairière.

Nous nous arrêtons à la lisière de la forêt. Une abondance de provisions s’étend au milieu du champ, juste sous nos yeux. Personne aux alentours. Cela me semble tout indiqué. J’échange un regard avec Alban. Le sien est indéchiffrable.

“_ Dit à tes Pokémons Vols de veiller sur nous.”


Et je m’élance. Je fends l’herbe mi-haute du champ à toute allure. J’ai mon objectif en ligne de mire. Rien ne pourra m’arrêter. J’entends les pas lourds de Genesy me coller au train, malgré son poids il parvient à me suivre. L’excitation est telle que la durée de ma course me semble très rapide. J'atteins le refuge de la Corne d'Abondance avec une facilité extrême. J’en suis d’ailleurs surpris. Je me plaque contre un mur, faisant signe à Frey d’aller à l’intérieur pour vérifier qu’il n’y a personne. Après quelques secondes interminables, il revient. la voie est libre. Je pénètre alors dans l’espace sombre de la Corne. Je manque de tomber à plusieurs reprises sur les sacs jonchés au sol. Comme nous pouvions nous y attendre, ils ont tous été pillés. Je prends tout de même le temps de les vérifier un par un. Mais il n’y a plus rien.

Merde ! Alban ! Ce sont des bruits extérieurs qui me rappellent une nouvelle fois que j’ai oublié mon meilleur ami. Égoïste que je suis. Je reviens à l’entrée, Auster sur ses talons il peine à avancer. Son genoux. Et… les bruits qui me sont parvenus sont ceux de Zéphyr et Mistral qui couvrent leur dresseur pour qu’il parvienne à me rejoindre. Il est poursuivi par une fille, apparemment solitaire qui tente de le rattraper sur le dos d’un Hélédelle.

Voilà, je nous ai encore foutu dans la merde ! Je me plaque contre le mur, le souffle court. Okay Aaron. Ca va le faire. Tu vas aller protéger ton meilleur ami. Parce que c’est ce que tu dois faire. Je ferme les yeux et inspire profondément. Les bruits du combat ont réveillé la Terreur. Je dois agir vite, je ne sais pas combien de temps je suis capable de tenir face à Elle.

Tout mes espoirs reposent sur Frey. Je sors alors de ma cachette, indiquant par la même occasion à Alban l’endroit où il doit me rejoindre. J’inspire à nouveau avant de donner mes ordres, d’une voix prête à se briser.

“_ Frey… utilise Puissance.”
Je ferme les yeux un instant, parfaitement conscient de ce que je suis en train de faire. La Terreur tambourine contre le mur. Sûr de moi, je tiens bon. “Utilise Coquilame”

Tout se déroule ensuite au ralenti. Je vois Alban se rapprocher de moi, en nage, quelque peu effrayé. Je vois Frey s’emparer de son coquillage, prendre un air presque mauvais. Viser. Tirer. Son attaque parvient à son but et le temps retrouve un écoulement normal. J’ai l’impression de me voir à la troisième personne. Je m'empare du bras d’Alban pour l’aider à aller jusqu’à l’abri alors que nos trois Pokémon veillent à notre sécurité. Je vois, dans un dernier regard en arrière, le Hélédelle chavirer, laissant tomber la Dresseuse. Impossible de savoir son état d’ici. Le plus important est de s’occuper d’Alban.

Je le soutiens jusqu’à l’intérieur où je le pose délicatement contre un mur. J’ai du mal à déchiffrer son expression. Je sais qu’il cache son jeu. Qu’il est en train de se battre pour garder son masque médiatique. Mais je sais aussi que son genoux est en train de le faire souffrir. Qu’il lutte contre la douleur. Je pose une main sur son épaule, véritablement inquiet. Je demande d’une petite voix.

“_ Ca va … ?”
Aaron S. Mightley

Alban Abernaty
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Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
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Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
L’écran de télévision qui diffusait des images en temps réel de l’île des jeux passa progressivement du vert prairie à l’orange vif de la scène. Un plateau apparut devant les milliers de téléspectateurs réunis devant leur poste. Sous le feu des projecteurs, le présentateur en costume trois pièces regardait un public qu’il ne voyait pas. Un sourire aux dents étincelantes éclaira son visage et il se tourna vers une jeune femme en robe de soirée, boucles blondes retenues fermement grâce à une laque hors de prix. Derrière lui, on voyait un écran qui diffusait en continu certains plans de l’arène, s’arrêtant parfois pour zoomer en gros plan sur l’un ou l’autre des candidats. C’était un passage obligatoire durant l’émission. Après chaque journée, le présentateur faisait un bilan complet de ce qui s’était passé la veille, afin d’expliquer certaines choses, de spéculer sur d’autres, ou encore de partager des données statistiques. Quel était le candidat favori par exemple, quel était le Pokémon le plus doué… Ou encore, qui était le plus mal en point et quelles personnes avaient été éliminées. Après avoir souri de façon médiatique pendant une bonne poignée de minutes, l’homme se racla la gorge et s’adressa non seulement à la jeune femme en face de lui, mais également au public qui buvait littéralement ses paroles.

- Eh bien, eh bien, que d’aventures pour cette première soirée dans l’arène ! On peut dire que la nuit n’a pas été bien longue pour nos 8 candidats ! Pour autant, dès les premières heures, quelques alliances se sont déjà formées. Et certains candidats sont déjà en difficulté ! Les choses démarrent fort ! - il fit une courte pause pour faire monter la tension, puis attrapa un de ses cartons pour en lire le contenu -. Et l’alliance qui s’annonce la plus prometteuse est évidemment celle de Jorys et Cleia, le duo de candidats agressifs qui a chassé les autres toute la nuit et pillé les nombreux sacs à dos disposés près du point de départ. Comme vous le savez puisque les informations des candidats défilent régulièrement sur la droite de vos écrans, Jorys a 16 ans. Il nous vient de Kanto, et son Pokémon le plus puissant est son Rhinocorne. Cleia a quant à elle un an de moins et nous arrive de Johto ; son Cerfrousse est particulièrement redoutable dans cet environnement ! Depuis le début de l’émission, ils ont déjà éliminé deux Pokémon de deux dresseurs différents, et ont mis dans une situation difficile Kyle de Kalos !

La femme mit une main devant sa bouche dans un geste sur exagéré puis fit semblant d’être étonnée.

- Que d’aventures effectivement, John ! En dehors de Cleia et Jorys, il y a également une candidate qui tape à l’œil et c’est Heather et son Limagma ! Deux Pokémon éliminés pour ce terrible Limagma dans les dix premières minutes de l’émission. Une véritable performance pour cette chasseuse de Johto ! Elle a choisi de faire parcours en solitaire pour le moment, mais on fonde de grands espoirs en elle. Néanmoins, ce ne sont que nos spéculations personnelles. John, pouvez-vous nous dire d’après les sondages quels sont les pronostics ?

- Mais évidemment Madylin, répondit le présentateur avec un sourire commercial. Déchirant ensuite une enveloppe dans un geste plein de suspens, il l’agita devant la caméra. Et vos grands chouchous sont… oh mais oui ! Evidemment. Aaron et Alban, le duo de jeunes étudiants de Lansat. Leur bromance semble faire battre vos cœurs. Discrets dans leurs performances, ils avancent néanmoins sans essuyer aucune perte. Pourtant, ils semblent rencontrer des difficultés…

Il retint son souffle et l’écran derrière lui afficha un gros plan de la folie passagère d’Aaron. Puis, comme dans un film, les séquences où Alban collait son front contre celui du roux défilèrent au ralenti. Madylin laissa échapper un petit soupir de satisfaction en prenant une expression attendrie.

- Que se passe-t-il pour ce cher Aaron ? s’exclama John tandis qu’on voyait sur l’écran le passage où Alban supposait qu’il s’agissait de spores hallucinogènes. Hm, voyons les autres candidats.

Un patchwork de petits carrés montrant les 6 autres candidats s’afficha. L’un des carrés fut sélectionné et zoomé. Il s’agissait de Heather, la fille au Limagma. Elle était accompagnée d’un Papillusion qui semblait diffuser des spores dans l’air.

- Pourrait-il s’agir de cela ? demanda Madylin. Wow, quelles capacités de déduction cet Alban ! Et quelle candidate redoutable cette Heather. En tout cas, j’espère que nous aurons une nouvelle journée intéressante comme celle d’hier ! Selon la géolocalisation, Heather et le duo Alban-Aaron ne sont pas très loin ! Un affrontement est-il à prévoir ?! Une nouvelle journée palpitante va démarrer…

Les deux présentateurs s’inclinèrent et la scène disparut au profit d’une vue aérienne de l’île. Puis, dans un zoom, les caméras se remirent à montrer des images de l’arène…
‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗

Retour à l’arène. Alban tendit sa main à Aaron et sourit gentiment lorsque son meilleur ami saisit cette dernière. Il l’aida à se remettre sur pieds et se retourna pour mener la danse, ses doigts toujours glissés entre ceux du Phyllali. Ce dernier semblait s’être un peu requinqué. De ce qu’Alban avait vu, il avait mangé un petit peu de viande séchée. Le châtain consulta l’heure ; il pouvait encore patienter jusqu’à midi avant d’entamer ses provisions. Mieux valait rationner s’il voulait tenir le plus longtemps possible. Calculateur, son regard froid balaya la forêt qui s’illuminait progressivement au fur et à mesure que le jour se levait. La nuit avait été incroyablement difficile à passer. Combien de temps pourraient-ils encore tenir dans ces conditions ? Il se força à occulter sa peur ; s’il ne faisait qu’y penser, il allait avoir des difficultés à continuer. C’était déjà… si compliqué… Il sentit son cœur se serrer. Jouer un rôle comme il le faisait lui donnait l’impression de trahir son amitié avec Aaron. Devait-il culpabiliser ? Devait-il s’arrêter ? Non. Il avait décidé de faire cela pour sauver leur peau à tous les deux. Il leur fallait l’amour du public. De l’aide. Des sponsors. Sponsors, sponsors, sponsors. Depuis qu’il avait trouvé les deux Baudrive, il n’avait plus que ce mot qui défilait en boucle dans son esprit. Il se sentait sale ; corrompu, presque. Mais il s’en fichait. Il ferait ce qu’il devait faire pour survivre. Quoi qu’en pense Aaron. Il n’en avait rien à faire.

Son regard se durcit encore. Il avait l’impression que l’Alban qu’il avait été n’était plus qu’un vieux souvenir. Dans l’arène, le plus mauvais de chacun resurgissait ; les doutes, la crainte et la peur altéraient la perception de ce qui vous entourait. Le comportement humain devenait presque bestial. Pour survivre, il fallait faire appel à ses instincts les plus bas. Mais lui n’allait pas s’abaisser à cela. Il n’irait pas sauter à la gorge des autres participants pour tenter de les faire tomber sous ses coups. Il serait le prédateur malin et sournois ; celui qui attend son heure. Celui qui allait charmer l’audience. Et pour cela, il avait besoin d’Aaron. Aaron serait cette clé qui allait lui permettre de parvenir au bout de ses objectifs. Il se rassurait en se disant qu’il le faisait pour eux deux, et pas uniquement pour lui. Mais était-ce vraiment la vérité ? S’il le pouvait, trahirait-il Aaron afin de gagner, même seul ? Et puis, dans la situation utopique où tous deux parviendraient à arriver jusqu’à la fin, comment décideraient-ils lequel allait gagner ? Serait-il capable d’utiliser cette seringue pour gagner en douceur et sans user de violence ? La seringue était-elle là pour cela ? Il n’arrivait pas à comprendre ce que les sponsors avaient voulu lui faire passer comme message. Entre lui et Aaron, qui méritait de gagner ? La réponse était simple ; c’était à lui de gagner cette émission. C’était lui qui parvenait à maintenir Aaron en vie depuis le début, et pas l’inverse.

Une goutte de transpiration coula le long de son visage. Il l’essuya d’un revers de la main, le regard presque fiévreux. A force de trop penser, voilà que son cerveau était en surchauffe. Les doigts de sa main libre cherchèrent machinalement sa gourde, et il but une longue gorgée. Il sentait le regard inquisiteur de Zéphyr à côté de sa joue droite, mais il garda les yeux rivés devant lui. Rivés vers la victoire. L’arène était un échiquier et il en était le Roi. Il s’arrêta brusquement lorsqu’il s’aperçut que ses pas les avaient menés sur la clairière du point de départ. Pourquoi s’était-il dirigé là-bas ? Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait passé la dernière vingtaine de minutes à se cloisonner dans son esprit, prisonnier d’une barrière mentale invisible. Il n’avait même pas fait attention à ce qui l’entourait. Comment aurait-il fait si un autre participant les avait attaqués ?! Il se sermonna intérieurement. Allons, il fallait qu’il se reprenne. Comment pouvait-il être Roi s’il se laissait si facilement distraire ?

Il secoua la tête doucement et vit de nombreux sacs à dos dispersés sur tout le champ. Une Corne d’Abondance qui n’était pas là la veille brillait au centre du cercle qu’ils avaient occupé. Piège ? Invitation ? Les sacs à dos éparpillés l’intriguaient. Hier quand ils s’étaient enfuis, il avait effectivement avisé la présence de certains d’entre eux. Pour autant, il aurait pensé que les plus forts seraient restés là pour récupérer des fournitures. Ou seraient au moins revenus dans la nuit. Quoique… Chacun ici risquait sa peau. Au milieu d’une clairière à découvert, c’était du pur suicide. Alors, piège ou aubaine ? Personne n’avait pensé à revenir ici récupérer les sacs. Peut-être s’étaient-ils tous fait la réflexion que ce serait plus judicieux ainsi et plus prudent. Alban aurait pensé comme cela : quitter la clairière au plus vite et tenter de faire main basse sur les sacs disséminés un peu partout dans la forêt. Se pouvait-il qu’ils aient ici une chance rare ? Si personne n’était dans les environs, peut-être pourraient-ils récupérer les sacs… Mince… S’il avait eu Pampero, la Type Plante aurait très certainement pu attraper de nombreux sacs à distance via ses lianes. Là, s’ils voulaient les récupérer, ils n’auraient pas d’autre choix que d’envoyer leurs Pokémon à découvert. Ou y aller eux-mêmes…

Il était encore en train de réfléchir à ce qu’ils devaient faire lorsqu’Aaron se tourna vers lui. Prenant une initiative sans le consulter, il lui demanda de le couvrir. Que ? Quoi ? Et un plan alors espèce d’abruti ?! Se levant brusquement lorsqu’il vit Aaron courir vers la Corne d’Abondance, Alban ordonna automatiquement à Zéph’ et Mistral de surveiller les environs. Quel idiot ! Ce serait à cause de lui s’ils allaient perdre… Ne sachant trop que faire de plus pour autant, Alban tenta de se concentrer pour déceler la présence d’éventuels intrus. Pour autant, son cerveau était trop affolé pour faire le point sur quoi que ce soit. C’était bien leur chance…

Une ombre passa à l’autre bout de la clairière et il vit une fille perchée sur son Hélédelle. La jeune fille semblait vouloir se diriger également vers la Corne. Avait-elle vu Aaron qui venait de s’y engouffrer ? Pas le temps d’y réfléchir. Afin de couvrir son meilleur ami, Alban s’avança de lui-même vers la clairière et siffla pour attirer l’attention de l’autre participante. Cette dernière bifurqua et le pris immédiatement en chasse. Bien. Au moins Aaron ne se ferait-il pas attaquer dans le dos par surprise. Piquant un sprint malgré son genou faible, Alban avança en prenant un itinéraire qui lui permettrait de rejoindre la Corne tout en restant à distance de la fille. Celle-ci avançait à vive allure sur le dos de son Hélédelle, mais Alban jugea d'un bref coup d’œil qu’elle n’était pas une experte des courses aériennes comme lui. Vu la position de ses jambes sur la monture, elle allait rencontrer quelques difficultés à effectuer de belles courbes ou des changements de direction brusques. Bien.

Il changea volontairement de direction et parvint à prendre une grande avance sur la cavalière. Auster sur ses talons, il tentait d’avancer le plus rapidement possible. Mistral et Zéphyr n’allaient pas être d’une aide fulgurante dans un combat direct. Si Zéph’ avait appris Onde de Choc quelques semaines plus tôt via la CT de Ginji, les choses se seraient passées autrement mais là… ils ne pourraient faire appel qu’à la ruse.

- Zéph’ ! Brume ! ordonna-t-il à son Goélise, qui lâcha immédiatement un écran de fumée blanche.

Il sauta par-dessus un sac à dos éventré au sol. Tous ces sacs étaient donc un piège ? Un piège de cette fille ? Il n’en savait rien mais tenta de rejoindre Aaron. A deux contre un, ils auraient forcément plus de chance. Le Galegon d’Aaron serait par ailleurs un atout de taille face à un Type Vol. Il accéléra le pas. Bientôt, la touffe de cheveux rousse caractéristique d’Aaron apparut derrière la Corne, et Alban le rejoignit en quelques enjambées, la fille toujours à ses trousses.

Dans un éclair, Aaron ordonna un assaut de Frey. Le Moustillon lança son coquillage qui atteignit le Hélédelle de plein fouet. La monture s’affola et bascula en arrière. Alban se tourna précisément à ce moment, voyant comme dans un film au ralenti la fille tomber. Mais ce n’était plus elle qu’il voyait. Les yeux écarquillés par la peur, il vit son visage se superposer à celui de la fille. L’Hélédelle était remplacé par Cirrus. Il cria quelque chose, il ne savait trop quoi. Son cœur sembla éclater en mille morceaux tandis que la fille se rapprochait à vitesse vertigineuse du sol. Puis, comme s’il s’était retrouvé dans une autre dimension, une pensée le frappa soudainement. C’était une participante ennemie. Pourquoi devait-il faire attention à elle ? Il pouvait bien la laisser tomber, elle serait de toute façon secourue rapidement. Une de moins. C’était… ce qu’ils voulaient, n’est-ce pas ? Et puis elle les avait attaqués en premier… C’était juste légitime. Juste…

Il repoussa ces pensées de son esprit. Ses doigts jaillirent rapidement et il ordonna un Pistolet à O. Zéphyr, comprenant où il voulait en venir, lança des trombes d’eau sur le sol de terre qui se transforma immédiatement en boue. Il appela ensuite Auster pour une attaque Psyko. Une lumière violette vint englober l’Hélédelle et la jeune fille pour amortir leur chute. Ils tombaient cependant trop vite pour que le choc ne soit totalement absorbé. Entre la Psyko d’Auster et la boue de Zéph’, elle percuta néanmoins le sol avec beaucoup moins de violence que prévue. Puis ils cessèrent de bouger. Haletant, Alban s’écroula au sol, retenu par Aaron. Ce dernier s’inquiétait pour lui, et le Voltali hocha rapidement la tête.

- Ça va… mais elle…

Il se releva et fit signe à Aaron de le suivre. Ils coururent rapidement vers la jeune fille au sol et Alban s’agenouilla à son chevet. Elle était encore consciente et elle n’avait pas l’air blessée grièvement. Son Hélédelle était cependant tombé K.O sous le choc. Par précaution, Alban retira les deux Pokéball de la ceinture de la fille et les glissa derrière lui, hors de portée. Le souffle court, elle se tourna vers le châtain.

- Pourquoi m’avoir aidée ? demanda-t-elle sans manifester le désir de faire un mouvement.

Alban se pencha vers elle et palpa ses articulations pour être sûr qu’elle n’avait rien. Il commença évidemment par ses genoux, et souffla de soulagement. Ok. Aucune blessure grave. Puis, sans répondre, il fouilla dans le sac à dos de la fille. Il sortit ses provisions - deux portions de viande séchées, une pomme - et quelques accessoires pratiques - une sorte de toile de tente verte camouflage et un couteau suisse -. Il récupéra tout dans son propre sac à dos puis tendit la boîte d’allumettes et la fusée de détresse à la jeune fille.

- Je pense qu’il est inutile pour toi de continuer dans ces conditions. Tu devrais abandonner, lui conseilla-t-il, avant d’éloigner encore un peu plus les Pokéball de la jeune fille et de s’éloigner.

Puis, faisant signe à Aaron, il l’entraîna à la bordure de la clairière. Au bout de quelques minutes à peine, il entendit le bruit d’une fusée de détresse qu’on tirait derrière lui. Une de moins. S’éloignant à pas rapide de la zone de combat qui allait forcément attirer d’autres candidats à présent qu’une fusée avait été tirée, il tenta de mettre le plus de distance entre eux et la fille, avant de s’écrouler au sol à bout de forces. Auster vint immédiatement se placer à ses côtés, inquiet de son état, tandis que Mistral et Zéphyr roucoulaient sur ses épaules.

- Aaron… Tu as réussi à trouver des choses dans ces sacs ? J’ai l’impression que la majorité étaient vides… Il va falloir qu’on s’éloigne encore. Je ne sais pas si le piège avait été posé par cette fille ou pas… Je suis désolé, j’aurais dû lui demander mais quand j’ai vu qu’elle tombait je… je ne sais pas, j’ai un peu perdu mon sang-froid je suppose et…

Il enfouit sa tête entre ses bras, secoué de tremblements. En réalité, il n’en était pas plus choqué que cela. Mais c’était une occasion parfaite de s’attirer les faveurs des sponsors. Vraiment… Il était vraiment horrible. Jouer de son passé pour instaurer une minute mélodramatique ? Il avait vraiment l’impression de salir la mémoire de Cirrus, ainsi. Pour autant, ses efforts venaient de payer car il entendit le bruit caractéristique d’un Baudrive de sponsor qui descendait vers eux. Néanmoins, il ne leva pas la tête aussitôt car s'intéresser à un parachute deux minutes à peine après avoir montré qu'il était choqué allait griller sa couverture. Il ne le fit que lorsqu’Auster aboya, inquiet d’il ne savait quoi. Redressant brusquement la tête, il vit une fille brune avec une queue de cheval haute les regarder avec un sourire carnassier. Près de ses chaussures, un Limagma les regardait avec un air mauvais, tandis qu’un Papillusion venait de se poser sur son poignet tendu. Papillusion qui avait attrapé leur Baudrive dans sa gueule, d'ailleurs.

- Merci à vous deux pour ce petit cadeau, lui dit Heather avec un clin d’œil. Malheureusement pour vous, je crois aussi que ça va être l’heure d’un petit combat.

Elle lança sa troisième Pokéball dans les airs, pile au moment où Alban se reculait machinalement pour se mettre en position de combat. L’affrontement semblait inévitable… Et même à deux contre un, la fille semblait sûre d’elle. D’où tenait-elle cette assurance ? Que cachait-elle ? Alban compris lorsqu’il sentit une liane se nouer autour de sa cheville et le faire tomber à plat ventre au sol. Il se retourna et vit furtivement la silhouette d’un des participants, caché derrière un énorme Florizarre.

- Eh oui, vous n’êtes pas les seuls à pouvoir former des alliances, mes mignons…

Dernière édition par Alban Abernaty le Mer 6 Jan - 15:01, édité 1 fois
Nemo Kendhall
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor

Sous mes yeux médusés je vois Alban donner des ordres à ses Pokémon pour empêcher la fille de s’écraser au sol. C’est que j’avais presque espéré sa mort. C’était une concurrente. Je sens mon courroux remonter le long de ma gorge nouée. L’envie d'engueuler Alban, il n’avait pas le droit ! Je sens la Terreur remuer en moi. Merde ! Non c’est elle qui pense ça. Moi, je ne ferrais pas de mal à une mouche. Nous accourons aux côtés de la Dresseuse qui s’étonne elle-même qu’Alban l’ait sauvé. Pourtant, avec une froideur exemplaire, il lui intime d’abandonner. Je le dévisage. Mon meilleur ami n’aurait jamais pris cette décision. Il est pris par le jeu. Il ne vit que pour ça, uniquement pour notre survie. Je déglutis. Ne suis-je qu’un poids pour lui ? Un poids dont il voudrait se lester au plus vite ? Mon pouls s’accélère alors que le Voltali pille sans ménagement les affaires de la fille. Aurais-je fait la même chose ? Sauver une fille pour la dépouiller en lui forçant la main pour abandonner ? Je ferme un instant les yeux. Non !

La voix de la Terreur s’impose à moi. Oui, pour le jeu. Pour la victoire. Elle aussi veut gagner. Et elle ferra tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir. Même mettre en défaite Alban. Je sers les poings. Pas touche à mon meilleur ami, tu n’as pas le droit ! Fuis ! J’ai beau y mettre toute ma volonté, la Terreur est toujours là, me toisant avec un sourire satisfait. Puis, le châtain décide de partir, me faisant signe de le suivre. C’est lui le patron après tout. Néanmoins, j’adresse un sourire rassurant à la fille avant de lui fausser compagnie. A peine avons-nous atteint le bord de la clairière qu’elle a tiré sa fusée de détresse. Alban a gagné son pari. Il a probablement pris la meilleure décision. Pour son bien à elle et pour le nôtre. Néanmoins, je m’abstiens de tout commentaire, n’appréciant pas réellement son état d’esprit si compétitif.

Pourtant, mon coeur s’attendrit lorsqu’il me tombe sur l’épaule, l’air désespéré. Il s’excuse. Enfin, de vraies excuses, celles qui donnent envie de pardonner un ami qui nous est cher. Je passe une main dans son dos pour le tapoter délicatement, l’air de dire “tant fait pas, je suis là, nous allons surmonter ces épreuves ensemble.”. Les larmes me montent aux yeux, il est rare de voir Alban dans un état pareil. Pour moi, il n’a jamais craqué, il a toujours été sérieux ou rieur. Jamais il ne s’est effondré psychologiquement d’une telle manière. Je frotte à nouveau son dos alors que mon regard est attiré par un éclat brillant. Un cadeau des sponsors. Je cherche machinalement son emplacement. Je le vois s’arrêter en plein vol, lorsque mes pupilles sont assez dilatées pour observer justement la situation, je me rends compte que c’est un Papillusion qui s’en est emparé. Sa course s’arrête sur le poignet de sa dresseuse. Mon coeur s’arrête, mon souffle se coupe. Auster donne le signal d’alarme beaucoup plus vite que moi. Alban se redresse. Nous voilà face à la plus terrible des candidate. Son Limagma me donne des frissons. Ses paroles me glacent le sang. L’heure du combat. L’heure de fuir à toutes jambes pour moi. Je sens Alban pousser un hoquet de surprise. Je me tourne vers lui pour observer l’immense silhouette d’un Florizarre, son Dresseur planqué derrière. Un sourire satisfait sur les lèvres, la fille nous annonce que nous ne sommes pas les seuls à pouvoir faire des alliances.

Je sens que tout va démarrer très vite. Ce n’est pas à moi de résoudre ces situations critiques, c’est toujours Alban qui parvient à démêler les noeuds dont la conclusion me paraît insoluble. Pourtant, ses yeux fixent quelques choses dans les bois, il a n’a pas l’air d’être avec moi. Je fais un pas en arrière, tentant de garder un regard assurer. La peur provoque la convulsion de mes membres sous les yeux rieurs de cette fameuse fille. Reprends toi Aaron ! Et vite ! Mais non, je suis tétanisé, définitivement. Alors, je me laisse à nouveau avoir. La Terreur prend les commandes. Comme si j’avais décidé de les lui laisser. Je m’en veux aussitôt. Je tente de reprendre le contrôle de mon corps. Mais c’est bien trop tard. Je deviens spectateur de ma propre vie. Je me sens avancer d’un pas assuré pour me trouver légèrement devant Alban, faisant face à cette fameuse fille et ses deux Pokémons. La Terreur analyse rapidement le terrain et agite ses mains en tout sens pour donner des ordres discrets à Frey et Genesy. Je crois que Genesy s’est rendu compte de se changement soudain, il s’est placé juste à côté de moi. Chose qui n’arrive jamais. D’une voix dure qui résonne dans mes tempes la Terreur annonce.

“_ A trois, Alban… un… deux...”


A trois quoi ? J’ai loupé quelque chose ? Je n’ai moi-même aucune idée de ce que prépare la Terreur. Comment Alban pourrait-il comprendre quoi que ce soit ? Je m’écrase de tout mon poids sur le mur mental qui nous sépare, la Terreur et moi. Laisse moi sortir ! C’est mon combat, c’est mon ami, c’est ma vie ! Mais non, elle me rejette dans les tréfonds sombres de mon être. Et elle continue son compte à rebours.

“_ TROIS !”


Alors qu’Alban s’élance pour faire je ne sais quoi, il est soudainement expédié dans les airs. Je comprends vite que c’est la liane du Florizarre qui l’entraîne. Je cris. Au même moment la fille s’échappe dans la forêt. Mon coeur bondit à la poursuite d’Alban. Mais la Terreur n’éprouve aucun sentiment à son égard. Elle n’en fait qu’à sa tête et se jette à la poursuite de la blonde. Je me débats pour partir dans l’autre sens, mais c’est sans un regard en arrière qu’elle s’enfonce dans la forêt. Elle évite avec une agilité exemplaire les tirs de couverture du Limagma. Elle riposte à coup de Coquilame et autres Pistolet à O. L’un deux atteint de plein fouet le Pokémon de lave. Celui-ci est tellement sonné qu’il oblige sa dresseur à ralentir. Celle-ci fulmine mais se dresse bien droit devant moi. Elle ne m’inspire que la peur, je voudrais courir à toutes jambes dans la direction opposée. Mais la Terreur en a décidé autrement, elle se campe sur ses pieds, pose Invy par terre et se positionne de façon à affronter notre adversaire.

Le combat se déroule très rapidement. Les attaques s’enchaînent dans des rayons lumineux que j’ai beaucoup de mal à distinguer. Je ne sais plus quelles attaques appartiennent à mes Pokémon et lesquelles sont contre nous. Il suffit d’un nouveau Pistolet à O pour mettre hors d’état de nuire le Limagma. Le sourire de la fille se crispe mais elle envoie aussitôt son troisième Pokémon à l’attaque. Un Dimoclès se précipite à notre rencontre. La Terreur esquive d’un bond et lance Genesy à l’attaque. Celui-ci percute de plein fouet le Pokémon Spectre avec Coup d’Boue. Je croyais qu’on avait pas le droit de s’attaquer directement au Dresseur ?! Cette fille n’a pas l’air de beaucoup s’en inquiéter ! La Terreur continue à massacrer l’équipe d’en face. Frey s’occupe de tout les gestes défensifs empêchant les attaques de l’adversaire d’atteindre leur but et Genesy les pilonne de toutes sortes d’attaques extrêmement offensives. Bientôt, la jeune fille pose un genoux à terre. Un sourire mauvais apparaît sur mon visage.

La Terreur s’approche d’elle à pas victorieux. Ses Pokémons sont à bout de souffle. Pourtant, ce n’est qu’une feinte. Elle lance une tornade qui traverse l’ensemble du champ de bataille pour frapper de plein fouet Invy. La Terreur achève le Pokémon d’une Griffe Acier. Mais moi, je me débat pour m’enquérir de l’état de mon Starter. Je lutte contre la barrière mentale qui m’empêche de passer. J’y mets toutes mes forces. Je crie, j’hurle. Laisse moi sortiiiiiiiiiiiir !

Finalement, la Terreur me concède du terrain et je reprends aussitôt possession de mon corps. J’ignore parfaitement la fille pour virevolter vers le Abra gisant au sol. Je me penche au dessus de son petit corps frêle. Mais c’est trop tard. Il a été mis K.O par cette attaque surprise. Mue par une violence qui ne me ressemble pas, j’avance vers la fille pour lui balancer un coup de poing dans la joue. Sous le choc, elle perd connaissance. Je prends alors conscience de mon geste. Merde ! Je m’agenouille à côté d’elle. Elle respire encore ! Ouf ! Je regarde aux alentours, personne n’a pu me voir. Je sors sa fusée de détresse et l'enclenche. Une adversaire de moins.

Bizarrement, je me sens plus léger. Tout ça grâce à la Terreur. Je n’arrive pas à lui en vouloir alors que je devrais ! Elle n’a pas le droit de s’emparer de moi comme ça ! Tout est si contradictoire ! Je pille sans ménagement ses sacs et je repense aussitôt à Alban. Nous sommes pareils. Nous sommes là pour gagner. La Terreur à mes côtés, je n’ai aucune raison de perdre. Alors, je rappelle Invy K.O dans sa Pokéball et je me mets en quête de mon “meilleur ami”. Oui, nous allons encore faire équipe quelques temps, mais viendra un moment où nous devrons nous battre. Je sortirai vainqueur.

Je secoue la tête ! A quoi est-ce que je viens de penser ?! Jouer le connard avec mon meilleur ami ?! Non ! Nous allons nous battre, fièrement, côtes à côtes ! Quitte à perdre ensemble ! Jamais je ne le laisserai tomber ! Je sais que c’est pareil pour lui. Nous sommes dans la même merde ! On doit se serrer les coudes ! Mais d’abord… il faut que je parvienne à lui remettre la main dessus. Et s’il s’est fait éliminé par l’autre candidat au Florizarre ? Non… Alban a plus d’un tour dans son sac, il est malin, c’est impossible qu’il se fasse éliminer d’une telle manière.

Si j’étais Alban et que je partais à la recherche de mon meilleur ami … je foncerai vers… la clairière ! Evidemment ! C’est le seul repère que nous avons dans cette arrière. Je repars au petit trot, Genesy et Frey sur mes talons. J’aperçois bientôt la grande étendue d’herbe. J’intime à mes Pokémon de se reposer dans un buisson non loin et je grimpe à un arbre dégager pour surveiller l’arrivée de mon meilleur ami. Parce qu’il va arriver, hein ? J’en profite pour reprendre des forces, les luttes contre la Terreur ont tendance à puiser dans mes réserves. J’attaque un morceau de viande sécher, l’oeil toujours aux aguets.

Le temps passe. Aucune trace d’Alban. Les pires scénarios défilent dans ma tête. Peut-être est-il en train de giser dans un buisson, à quelques pas de moi, trop faible pour m’appeler ? Peut-être est-il perdu en pleine forêt. Je me répète que non, il est bien vivant et il va arriver d’une minute à l’autre ! Les minutes passent. Le soleil s’étire à l’horizon. La fin de la première journée arrive à grands pas. Allez Alban ! Montre le bout de ton nez ! Je suis tellement obnubilé par cette idée que lorsqu’une ombres apparaît non loin de moi, je suis totalement persuadé que c’est lui. Ca ne peut qu’être lui ! D’un bond souple je saute dans son dos, prêt à lui faire la peur de sa vie. Je m’approche à petits pas et pose une main sur son épaule.

“_ Eh Alban ! C’est moi !”

La personne qui se retourne lui ressemble étrangement mais, est-ce vraiment lui ? Je recule d’un pas avec mille précautions.

“_ Alban ?”

Aaron S. Mightley

Alban Abernaty
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3557-alban-abernaty-le-ciel-se-nourrit-d-ailes
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3559-alban-abernaty-voltali
Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
70
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pokemon
Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Alban était partagé entre bien et mal ; conviction et victoire. Quelle voie devait-il emprunter ? Dans l’arène, là où la définition du mot survie prenait tout son sens, il avait l’impression de se transformer progressivement en une créature primitive dont seuls les instincts comptaient. Pour autant, il n’était pas parvenu à laisser cette pauvre jeune fille s’écraser au sol. Ce n’était pas faute d’y avoir songé un instant, pourtant. Malgré tout, ses réflexes et son lui profond en avaient décidé autrement. Il l’avait aidée à amortir sa chute. Grâce à cela, elle ne s’était pas blessée grièvement ; mais peut-être cette décision allait-elle se retourner contre Aaron et lui ? Peu importe. Il n’était pas insensible au point de laisser une personne se blesser devant ses yeux. Et surtout pas de cette façon-là… Quant aux téléspectateurs… Peut-être apprécieraient de voir un candidat rester humain vis-à-vis des autres ? A moins que, au contraire, cela ne joue en sa défaveur. Allait-on penser que c’était de la compassion, ou alors simplement une marque de faiblesse ? Allait-on le féliciter et le récompenser pour sa générosité, ou à l’inverse le haïr de ne pas suivre son chemin ? Il décida que là n’était pas le point important. S’il montrait aux téléspectateurs qu’il avait été bouleversé en faisant le lien avec sa propre histoire, il était certain de faire s’émouvoir la ménagère moyenne. On le plaindrait ; lui, l’ancien champion de courses aériennes qui ne pouvait plus voler. Et peu importe ce que les autres penseraient de prime abord. Il fallait qu’il les manipule. Qu’il les incite à abonder dans son sens. C’était son seul moyen de tirer profit de cette situation. Et il fallait dire qu’il s’en sortait plutôt avec les honneurs.

Dans le regard d’Aaron néanmoins, Alban y lu quelque chose de négatif. De la désapprobation peut-être ? Une pointe de crainte ? Son meilleur ami n’était pas dupe ; et c’était d’ailleurs parce qu’il était son meilleur ami. Intérieurement, le châtain esquissa un sourire. Il n’avait que faire de ce qu’Aaron pouvait penser de lui. Il faisait simplement ce qu’il jugeait être stratégique pour leur survie à tous les deux. Une fois sortis de l’arène, tout redeviendrait comme avant. Mais pour l’instant, ils y étaient. Ils allaient devoir s’y faire et s’adapter afin de survivre de la meilleure des manières. Alban leva les yeux vers le rouquin. Dans le regard émeraude, il y avait de l’incompréhension. Alors, pour détendre l’atmosphère, Alban s’était écroulé afin de faire s’attendrir le Phyllali et les téléspectateurs. Ainsi, on comprendrait mieux ce qu’il avait voulu faire. Ainsi, il ferait d’une pierre deux coups. Néanmoins, était-ce une réalité que de dire qu’il n’en était vraiment pas affecté ? Au fond de lui, il savait que c’était faux. Il tentait juste de s’en persuader. Mais la douleur qu’il ressentait dans sa poitrine était sincère, elle. Il la fit taire en s’appuyant sur Aaron. Il n’y avait pas de place pour les réels sentiments, ici. Ils étaient dans un jeu télévisé. Il devait être acteur sur sa propre scène.

Comme un petit animal qui cesse de se tendre pour enfin faire confiance, Aaron bascula progressivement vers son côté affectif. Alban sentit une main passer dans son dos pour le rassurer, et il sentit une foule de sentiments le submerger. Ses oreilles se mirent à bourdonner, comme lorsqu’il luttait contre l’envie de pleurer. Il refoula toutes ses émotions pour revêtir le masque médiatique. Les tapotements dans son dos ne devaient servir qu’à séduire le public. Rien d’autre. Il n’avait pas besoin de réconfort réel. Pas maintenant. Pas ici. Surtout pas ici… Leur numéro parvint cependant à décrocher un nouveau sponsor. Les oreilles bien entraînées d’Alban pouvaient entendre ce petit moteur caractéristique. Patiente... Il ne devait pas se relever trop rapidement, ou alors son jeu d’acteur volerait en éclat. A la place, il attendit qu’Aaron le remarque. Néanmoins, ce fut un aboiement d’Auster et un bruit inhabituel qui lui firent lever la tête. Un Papillusion s’éloigna avec le Baudrive de sponsor et alla retrouver sa dresseuse.

Le corps entier d’Auster se tendit, prêt à bondir au moindre mouvement suspect. Alban lui-même se redressa doucement, sans faire de gestes brusques. Il y avait une jeune fille en face d’eux. Elle était accompagnée d’un Limagma aux allures redoutables, et Alban se souvint du jet de flamme qui avait manqué de le rôtir dès les premières minutes de jeu. Cela provenait-il de ce Pokémon ? Si tel était le cas, il allait devoir faire vraiment attention et ne pas sous-estimer cette demoiselle-là. Il se crispa. Zéphyr et Mistral volaient au-dessus de sa tête de façon stationnaire. Auster était devant ses jambes. Aaron devait être quelque part à ses côtés, mais il n’osait pas détacher son regard de la fille. N’importe quoi pouvait arriver. Et si ce Papillusion s’envolait avec leur Baudrive… On pouvait dire qu’ils seraient dans de beaux draps.

Néanmoins, la jeune fille ne semblait pas être encline à partir. Elle avait un air taquin, et les tons caressants de sa voix indiquaient qu’elle voulait encore les titiller un peu plus. Bien. Il se servirait de cela pour l’étudier et trouver une ouverture. Il n’avait jamais été bon en combat Pokémon, mais son petit séjour chez Miyagi Tajiri lui avait probablement donné quelques réflexes. Au moins Auster pourrait-il tenir la route dans un affrontement en un contre un… L’affrontement semblait d’ailleurs inévitable, et la candidate adverse abondait dans cette direction. Alban se retint de répondre. S’il parlait, il gagnerait certes du temps pour échafauder un plan mais… sa concentration risquait d’être perturbée. Et il avait besoin d’être en possession de tous ses moyens pour se sortir de cette situation. Il sentit néanmoins brusquement une liane s’enrouler autour de sa cheville. Se retournant machinalement, il aperçut la silhouette d’un Florizarre. Ils s’étaient fait prendre de revers ! Agacé, il tira sur la liane mais le Florizarre ne céda pas.

Alors qu’il se demandait encore quoi faire, Aaron se tourna vers lui et lui donna un signal. Hein ? De quoi ? Le châtain garda une expression indéchiffrable mais au fond, il se demandait ce que le Phyllali attendait de lui. Et pourquoi donner un compteur alors que la fille était en face et risquait de lire sur ses lèvres ? C’était à n’y rien comprendre. Au trois, il décida cependant d’essayer de courir vers l’avant pour se dégager de l’emprise de la liane. Tout se passa alors très vite. Il sentit la liane enroulée autour de sa cheville tirer fortement pour le faire tomber à plat ventre sur le sol. Une nouvelle secousse et le voilà qu’il se sentait projeté dans les airs. Le décor défila à une vitesse vertigineuse. Automatiquement, il plaça ses deux bras devant lui dans une attitude protectrice, ce qui lui permit d’essuyer la majorité des dégâts de la Tranch’Herbe qui fusait vers lui. Grimaçant néanmoins quand ses bras furent égratignés d’une volée de petites feuilles acérées, il eut le furtif souvenir d’une des règles de l’émission, avant de se sentir tomber de nouveau.

La chute. Il voyait le sol s’approcher un peu trop rapidement. Il ferma les yeux par réflexe, positionnant ses mains autour de son genou ; une piètre protection évidemment, mais il ne voyait pas quoi faire d’autre pour le moment. Son corps fut alors nimbé d’une aura violette et sa vitesse de chute décrut exponentiellement jusqu’à ce qu’il atterrisse en douceur dans l’herbe. Auster ! Le Noctali, concentré, souffla de soulagement quand son dresseur fut de nouveau en sécurité. Mistral et Zéphyr quant à eux se placèrent directement devant lui, maigre barrière de protection face à un si gros Florizarre. Un coup d’œil permit à Alban de déterminer que la fille et Aaron avaient disparus. Son meilleur ami allait-il bien ? Il sentit une bouffée d’inquiétude le ronger mais il ne pouvait pour le moment rien faire. Il avait son propre combat à mener. Et besoin de toute sa concentration.

- Je croyais que les attaques sur candidats adverses étaient interdites… dit-il au garçon caché derrière son Florizarre.

Ce dernier fit quelques pas en avant et se dévoila. Un garçon plutôt grand avec une chevelure brune fournie. Il avait une estafilade sur le visage et ses lèvres étaient incroyablement sèches, comme s’il souffrait des premiers symptômes de déshydratation. Pas étonnant vu la chaleur qu’il faisait ici. S’il n’avait pas de Pokémon Eau… Et s’il n’avait pas trouvé de point d’eau, il avait dû passer une première journée difficile. Un sourire éclaira néanmoins son visage et il prit une expression triomphante.

- Tu n’as qu’à écrire aux Nations Unies.

Et sur ces mots, il envoya une nouvelle volée de Tranch’Herbe. L’attaque fut néanmoins parée par Auster grâce à Psyko. Les feuilles s’immobilisèrent en plein vol puis retombèrent au sol, inertes. Le candidat inconnu grimaça, puis sortit un Insécateur. Alban eut un sourire ; encore un Pokémon faible au Type Vol. Et justement, il en avait deux sous le coude…

- Auster ! Psyko sur le Florizarre ! Zéph’, Cru’Aile ! Mistral, utilise Vol !

Ses Pokémon s’élancèrent. Auster se positionna devant Alban pour assurer protection et offensive. Il déclencha l’attaque Psyko qui alla percuter de plein fouet le Florizarre. Ce dernier balança une de ses lianes vers Zéphyr mais la mouette chromatique l’esquiva aisément. Il en faudrait plus pour battre la vitesse d’un Pokémon surentraîné à la course. Les ailes du Goélise se mirent à briller. D’un coup, il lança une attaque Cru Aile vers l’Insécateur. Au même moment, Mistral s’élança avec Vol pour une charge combinée du Type Insecte.

Une volée d’attaques fut échangée. D’un côté comme de l’autre, les prises d’initiative fusaient. Chaque attaque du Florizarre était néanmoins ralentie par Auster, ce qui permettait à Alban d’esquiver. A trois contre deux, ils avaient de bonnes chances de s’en sortir. Se penchant pour ramasser des morceaux de roche, Alban les lança en direction de l’Insécateur au moment où Zéphyr balançait sa Cru Aile. Auster, comprenant qu’une aide était nécessaire de ce côté-là, vira la portée de son Psyko pour faire prendre de la vitesse aux morceaux de cailloux et à l’attaque de Zéphyr. L’Insécateur fut bombardé et disparut sous un nuage de poussière, faisant fuir Mistral. Concentré sur son offensive, Auster mit cependant un quart de seconde de trop à réagir face à l’attaque du Florizarre. Une liane s’enroula autour d’une de ses pattes arrière et le projeta dans les airs. Mistral en profita pour venir en aide à son mentor, chantant quelques notes pour faire sommeiller l’énorme Type Plante. Fermant progressivement les yeux, ce dernier tomba endormi sur place et essuya un assaut de Cru Aile de la part de Zéphyr. Pas assez pour le faire tomber KO néanmoins.

Se précipitant vers l’avant, Alban essaya de rattraper Auster. Ce dernier était plutôt léger d’ordinaire mais son poids combiné à celui de sa vitesse de chute eurent tôt fait de faire de lui donner la consistance d’un bloc de marbre. Le châtain grimaça et tomba au sol quand le Noctali toucha ses bras. Endolori, il mit quelques instants à remarquer que le garçon s’était enfuit après avoir rappelé son Florizarre.

- Merde ! cria-t-il en tentant de se relever sans grand succès.

Une course poursuite était impossible pour le moment. Les dents serrées, Alban s’occupa plutôt de son Noctali.

- Auster, tu vas bien ? lui demanda-t-il, l’inquiétude faisant vibrer sa voix.

Le Type Ténèbres leva la tête vers lui, une petite mine sur le visage. Plus sonné qu’autre chose. Se relevant doucement, Alban essaya de mettre son Noctali sur ses pattes. Ce dernier mit quelques secondes à marcher correctement mais y parvint sans soucis. Un doux sourire éclaira les lèvres d’Alban, rapidement remplacé par une grimace. Ses bras lui faisaient un mal de chien. Entre les égratignures et Auster… Le Rayon Lune que ce dernier lui offrit lui permit cependant d’être momentanément soulagé. Son corps se fit plus léger et une partie de ses blessures se refermèrent. Posant un genou au sol pour reprendre son souffle, Alban sentit Zéph’ et Mistral revenir vers lui.

- Vous avez été très bons, les félicita-t-il, le ton amer néanmoins. Ses Pokémon n’étaient pas à blâmer dans un combat. C’était de sa faute si leurs capacités étaient utilisées d’aussi piètre façon. Il était si mauvais en stratégie… Garde tes Rayons Lune pour les autres ceci dit, Auster…

Il sortit rapidement sa gourde et bu quelques longues gorgées. Puis, sentant la faim poindre, il grignota sans le savourer son pain au sésame. Après tout, ce dernier risquait d’être trop sec s’il passait encore une journée dans son sac à dos, autant le consommer le plus vite possible. Et il n’avait pas le temps de manger convenablement ; il y avait encore des ennemis dans le coin. Rassasié, il se releva et regarda autour de lui. Le garçon inconnu semblait avoir disparu, et Aaron et la fille également. Où étaient-ils ? Comment allait-il les retrouver ? Alban se pencha vers Auster.

- Mon grand. Tu peux retrouver Aaron ? lui demanda-t-il.

Faisant frémir sa truffe, Auster acquiesça. Alban se leva aussitôt, même s'il sentait que le monde tanguait autour de lui. Sa tête lui faisait un mal de chien, mais il fallait absolument qu'il retrouve le rouquin. Ce dernier était peut-être dans une situation encore pire que la sienne. Prenant son courage à deux mains, le châtain se releva. Ils parcourent plusieurs mètres à une lenteur incroyable. A force d'être inquiet pour son meilleur ami, Alban prenait de moins en moins de précautions. Il marchait bruyamment, s'affalait sur tous les arbres pour se retenir toutes les deux minutes. La chaleur de cette journée semblait tellement écrasante. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et sur ses joues. Il les essuya d'un geste impatient. Où était passé Aaron ? Avait-il courut si vite que cela ? Ils s'étaient pourtant séparés peut-être au maximum pendant une demi-heure. Tout au plus. A moins que son combat n'ait pris beaucoup plus de temps ? Il essaya de consulter sa montre mais celle-ci s'était arrêtée, fendue nette par un Tranch'Herbe qu'il n'avait pas été capable d'éviter. Il entendit un bruit derrière lui et se retourna brusquement, les sens à l'affût. Néanmoins, personne ne semblait être dans les parages. S'était-il trompé ? Il reprit sa route, l'esprit fiévreux. Il était incapable de réfléchir tranquillement tant il était inquiet pour Aaron. Auster semblait d'ailleurs le mener vers le cœur de la forêt, là où ils s'étaient enfuis pour la première fois. La clairière ? Etait-ce vers là qu'Aaron s'était dirigé ? Accélérant le pas, Alban se posa aux alentours des coups de quatre heures pour faire un nouveau repas. La scène à la corne, le combat, la marche. Tout ça l'avait incroyablement épuisé. Il se rendait compte du côté indispensable d'Aaron, qui lui offrait un soutien sans faille ; après tout, ensembles, ils pouvaient se reposer quand bon leur semblait. Mais étant donné qu'il ne savait pas où était Aaron ni dans quel état il se trouvait... Se reposer était un luxe qu'il ne pouvait se permettre.

Une demi-heure plus tard et voilà qu'il était reparti. Mistral et Zéphyr commençaient à se fatiguer ; aussi ses deux oiseaux s'étaient-ils posés sur ses épaules pour éviter de perdre trop d'énergie. Bon sang, où était parti le Phyllali ? De nombreux scénarios défilèrent dans son esprit. Aaron blessé. Incapable d'utiliser sa fusée de détresse. Ses Pokémon décimés. Ou peut-être son meilleur ami avait-il déjà été évacué par les organisateurs tant il était mal en point ? Comment le savoir après tout ? Il se mordit la lèvre. Quelle stupidité ! Ses pensées tourbillonnaient. Il ne croisa par chance aucun participant. N'importe lequel d'entre eux serait parvenu à le mettre à terre, vu l'état pitoyable dans lequel il était. Et d'ailleurs, il était tellement perdu qu'il n'avait même pas remarqué ce fil minuscule de Sécrétion qui était relié à son épaule.

Le jour déclinait de plus en plus. D'après son sens de l'orientation, Alban détermina qu'il arriverait bientôt à la clairière. Mais s'il s'était trompé ? Si Aaron ne s'y trouvait pas ? Il devait y avoir des odeurs rémanentes du rouquin là-bas ; Auster se trompait peut-être de direction. Epuisé, Alban arriva néanmoins à leur premier campement. En sueur et haletant, il regarda autour de lui. Il leva les yeux au ciel ; si Aaron était revenu avant lui, il avait probablement grimpé à un arbre pour l'attendre. Mais il ne vit personne. Merde. Auster devait s'être trompé à cause des restes d'odeur qui s'étaient évaporées dans l'air. Le Noctali leva d'ailleurs un regard piteux vers lui et baissa les oreilles. Alban se força à sourire et à lui caresser l'arrière de la tête.

- On retourne dans la forêt pour le chercher. On est trop exposés ici, dit-il à ses Pokémon.

Pas de trace d'Aaron ici. Son cœur se serra. Dépité et déçu, il s'apprêta à retourner se cacher dans la forêt quand une main s’abattit sur son épaule, le faisant sursauter violemment. Se retournant vivement, Alban se mit en position de combat, le regard rendu presque fou par son agression précédente. Il mit quelques secondes à reconnaître Aaron mais, quand il se rendit compte de ce qui se passait, il se détendit. Une vague de soulagement le submergea. Aaron était vivant. Aaron était là. Il avait l'impression qu'il allait pleurer tant il en était ravi. Inquiet, il posa une main sur la joue du rouquin, ses sourcils dessinant toute sa panique.

- Aaron. Que t’est-il arrivé ? Tu n’es pas blessé ? lui demanda-t-il à mi-voix.

Il avait l’air en meilleur état que lui toutefois. Avec un sourire, Alban commença à entraîner le Phyllali vers la forêt.

- Il faut qu’on retourne se cacher, dormir deux fois de suite dans le même camp nous rendrait trop exposé, et les deux d'hier soir vont peut-être revenir dans le coi-

Il s’interrompit brusquement quand un Dard se ficha dans sa nuque. Le regard rendu flou, il entendit vaguement le garçon qu’il avait laissé s’échapper ordonner un Téléport à son Pokémon et s’enfuir là où ils ne pourraient plus le rattraper pour le moment. Comment l'avait-il retrouvé ? L'avait-il suivi tout ce temps sans qu'il ne s'en aperçoive ? Il sentit que son corps s’était engourdi. Sa vision d’Aaron clignota un moment, avant de devenir complètement brouillée, comme s’il était subitement devenu myope. Un Dard Venin ? Il ferma les yeux un instant et son visage ruissela de transpiration. Titubant en direction du rouquin, il posa une main sur son poignet. Zéphyr eut un petit cri de panique, et Auster aboya en essayant de lui donner des petits coups de museau sur le mollet. Il se sentait partir en avant, perdant progressivement possession de tous ses sens et de tout le reste. Une douleur irradia le long de son cou, comme s’il avait un cœur au niveau de la nuque et que ce dernier palpitait avec chaleur. Il tomba en avant et s’évanouit, le nez dans l’herbe.
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Lorsqu’il se réveilla, la nuit était encore plus noire. Combien de temps cela faisait-il ? Une journée ? Deux ? Quoi qu’il en soit, il avait dû dormir au moins trois bonnes heures, vu que le ciel était d'un noir d'encre. Pour autant, il ne se sentait pas du tout reposé. Fiévreux, le front trempé de transpiration, il était allongé sur le dos. Quelqu’un avait dû le retourner. Il ne parvenait même pas à reconnaître le paysage, ce qui indiquait soit qu’on l’avait traîné loin de la clairière, soit qu’il était encore trop confus pour réfléchir posément. Où étaient ses Pokémon ? Il n’avait plus conscience de rien ; juste de la douleur infâme qui partait de sa nuque - là où on l’avait piqué - jusqu'à son cerveau. Sa tête vrillait. La bouche pâteuse, il tenta d’ouvrir plus grand les yeux mais n’y parvint pas. Seul un grognement rauque sortit de ses lèvres, suivit rapidement d’un halètement d’animal blessé.

- Aa… ron… marmonna-t-il, essayant de trouver la présence rassurante de son meilleur ami.

Bordel. Que s’était-il passé ?
Nemo Kendhall
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Icon : [Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Région d'origine : Kalos
Âge : 15 ans
Niveau : 37
Jetons : 6707
Points d'Expériences : 849
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Kalos
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pokemon
[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor

Pourquoi suis-je aussi faible ? Pourquoi ai-je une telle peur des combats de Pokémon ? J’en ai marre ! Je n’ai pas envie de continuer d’être à la botte de la Terreur. Je n’ai pas envie qu’elle me fasse plier. Je ne veux pas non plus qu’elle gâche tout ce que j’ai réussi à mettre en place. Pourquoi cette chose n’arrive qu’à moi ? Existe-t-il d’autres personnes dans cette même situation ? Suis-je devenu fou ? Je ne me rappelle pas d’avoir subi ce même genre de chose avant d’être arrivé à la Pokémon Community. Peut-être est-elle le théâtre de choses qui dépassent mon entendement… comme la Terreur. Ou bien est-ce le mauvais tour d’un certain Roseverte. Le pire, c’est qu’il en serait bien capable.

Il n’est plus question de moi, il est question des autres, de mes relations. Il faut que j’agisse, que je trouve un remède, quoi que se soit qui puisse m’aider. Sinon, je fonce droit dans un précipice. Qui sait ce que pourrait me forcer à faire la Terreur ? Elle m’a déjà fait sauter d’un arbre, humilié Frey et maintenant abandonner mon meilleur ami pour poursuivre une pauvre nana dont je ne connais même pas le nom. Tout ça pour quoi ? Par haine ? Par violence ? Par attirance pour le combat ? Pour effacer mes propre doutes ? Que sais-je encore ? Elle est peut-être le fruit de mes peurs ? D’où le nom naturel qui me vient à l’esprit pour elle : la Terreur.

Je suis tel une machine à laver, je tourne véritablement en rond. Je ressasse les même idées en permanence, parfois, de nouvelles questions me viennent à l’esprit. Elles demeurent encore et toujours un véritable mystère. Je ne sais pas à qui me confier. Je ne sais même pas comment expliquer le phénomène. Oui, je crois bien qu’on me prendrait bel et bien pour un fou. Que dois-je faire alors ? Risquer de passer pour timbrer mais espérer trouver un remède ? Ou me taire, attendre ? Peut-être se lassera-t-elle de moi et finira par s’enfuir ? Peut-elle s’enfuir autre part qu’au fond de mes entrailles ?

J’ai des indices, je me doute que “quelque chose” s’est greffé à moi lors de ce Rituel. Qui sait ce que ces Pokémons ancestraux sont capables de faire ? Nous pensons les connaître, nous avons le culot de penser pouvoir les élever, les garder avec nous. Mais, à l’état sauvage, ces Pokémons étaient là bien avant nous. Il s’est passé quelque chose dans cette grotte, dans ces souterrains, dans ce sombre sous-sol. Gwenn l’a vu. Est-ce la raison de sa disparition soudaine ? Je cligne des yeux. Je n’espère pas. Elle est peut-être touchée de la même manière que moi. Pourtant… c’est moi… j’ai voulu la protéger. Je lutte contre les larmes lorsque je me remémore cette scène macabre. De nombreuses parcelles de mon esprit sont altérées. Je serais incapable de reconstituer l’ensemble de la scène. La peur, la perte de conscience, tout cela forme un tout qui a effacé une bonne partie de mes souvenirs. J’ai l’intime conviction que la clé s’y cache. Je dois recouvrer cette partie de ma mémoire.

Je sens la Terreur s’inquiéter de mes pensées. Après tout, nous partageons le même corps. Existe-t-il un moyen de cohabitation ? Quoi ? Aaron ! Cohabiter avec cette être sanguinaire et sans coeur ? Jamais ! Je repousse la Terreur en dehors de mon esprit encore intacte. Je dois trouver le moyen. Seul. J’y parviendrai.

La violence de la scène me ramène à cette réalité. Oui, cette réalité s’impose à mes yeux. Je suis dans l’arène, sous des dizaines de caméras qui captent le moindre de mes gestes. Et pourtant, c’est Invy qui s'effondre sous mes yeux. Je n’ai pas besoin de jouer la comédie pour m’effondrer à mon tour devant ce corps inerte. On vient de blesser mortellement mon Starter. On vient de toucher à ma raison d’être. Mon désir de vengeance se mêle à celui de la Terreur. Pour la première fois je sens comme une symbiose en moi. Comme si, ensemble, nous pouvions nous battre. Réussir. Gagner. Avancer. Vivre.

Puis, un éclair traverse mes yeux. Cette sensation disparaît au profit d’une douleur rarement vécue. Invy.

Je gémis alors que je penche mon corps endoloris contre celui de la petite bête. Je tangue d’avant en arrière. On vient de me séparer de lui pour la première fois. La première fois depuis mon arrivée à l’école. C’est un sentiment inexplicable qui me lie à lui que rien, ni personne, ne peut altérer. Genesy et Frey se tiennent un peu plus loin à la fois accablés par l’exécution de l’Abra mais aussi par mon ignorance envers eux. Je m’en veux, je voudrais m’être attaché à eux autant qu’à mon Starter. Mais c’est impossible. J’ai eu trop peu de temps. Il va falloir que je fournisse des efforts suffisants pour qu’ils aient confiance en moi, surtout le Galegon, cette tête brûlée.

Je me fais finalement une raison. Invy est parti mais je le retrouverai à la sortie de l’arène. Il faut que je me concentre sur le moment présent. Je m’approche de mes deux autres compères pour les prendre dans mes bras. Je verse une dernière larme avant de me relever, plus motivé que jamais. Je dois retrouver Alban, coûte que coûte. Ma destination me vient naturellement et je me dirige vers la clairière. Le sens de l’orientation n’a jamais été un problème. Surtout depuis ma cartographie de cet été. La lumière tombante me donne bien assez d’informations pour pouvoir retrouver mon chemin. J’essaie de ne pas lambiner et de repérer du coin des yeux les caméras qui me fixent. Certaines sont volantes, d’autres sont encastrées dans des troncs. Leurs reflets au couché du soleil sont faciles à repérer. J’évite de les dévisager, je veux paraître le plus naturel possible.

Encore quelques enjambées et je me retrouve nez à nez avec la clairière. Je ne peux m’empêcher de me sentir soulagé. Voilà un point de repère. Je prends le temps de grimper à un tronc. Voilà, d’ici je vois beaucoup mieux. Je prends aussi un petit en-cas pour ne pas tomber de fatigue. Puis, je médite sur la journée passée. J’ai la réelle impression d’avoir vécue une semaine en seulement quelques heures. La fatigue me tombe tout à coup dessus, le manque de sommeil commence à se faire ressentir. Ma colère grandissante se dirige d’abord vers Jackie. C’est à cause d’elle que nous sommes perdus dans ce trou ! Puis, elle se redirige vers les organisateurs. Ces pauvres masos prêts à voir s’entre-tuer des ados pour l’argent. Je crache depuis ma branche, symbole du tout le mépris que j’éprouve pour eux. Je leur en toucherai bien deux trois mots mais cela signerai mon élimination. Alban va arriver, lui, saura quoi faire, comme toujours.

Je lutte encore longtemps contre le sommeil. C’est la chose la plus horrible qui soit. Sentir son contre faible, sentir le besoin irrépressible du corps de se reposer. Lutter inlassablement contre ces paupières lourdes. Combattre les membres qui s'ankylosent, les forcer à se balancer dans le vide pour ne pas sombrer dans un profond sommeil. Je finis par m’assener quelques petites claques pour garder l’ensemble de mes sens en éveil. Pourtant, preuve qu’ils sont bien rouillés, je ne remarque qu’au dernier moment cette ombre qui se déplace juste sous mes pieds. Le soleil est à quelques minutes de disparaître derrière la muraille d’arbres de l’horizon. Je saute à terre, prenant garde à ne pas me blesser à cause de la fatigue. Puis, rattrapant Alban en quelques pas, je pose ma main sur son épaule. Celui-ci se retourne comme un fou. J’ai un léger mouvement de recule. Je mets plusieurs secondes à être sûr qu’il s’agit bien de mon meilleur ami. Le doute s’efface complètement au moment où il pose une main sur ma joue, me demandant aussitôt mon état. Je mets quelques secondes à répondre, toujours quelques peu troublé par les contacts physiques avec lui.

“_ Oui… oui, je crois bien que ça va. Non, j’ai rien. Par contre… la blonde.” Je détourne les yeux, préférant ne pas croiser le regard inquisiteur du châtain. Bref, je ne suis pas là pour ça. “Et toi…?” Je m’en veux toujours de l’avoir abandonné à son sort… c’était horrible de le voir s’envoler alors que la Terreur me forçait à poursuivre l’autre fille. “Je suis désolé. Je ne voulais pas… je ne pouvais pas…” ma voix se brise à la fin de ma phrase. S’il savait. Je baisse à nouveau les yeux. Cette scène nous coûtera chère. Comme à chacun de nos moments intimes.

Alban m’entraîne alors à sa suite dans la forêt. Je suis bien d’accord avec lui, nous devons trouver un nouvel endroit pour se reposer un peu. Dormir. Ce mot fait écho dans mon cerveau. J’ai hâte de me glisser dans mon petit duvet. De fermer les yeux pour me réveiller en pleine forme. Cette pensée m’empêche de voir réellement ce qui touche Alban. Je ne sens soudain plus qu’un poids mort au bout de mon bras. Aussitôt, j’empêche sa chute de justesse avec mon autre main. Paniqué, je me penche au dessus de lui. Les Pokémons de mon compagnon sont tout aussi paniqués. Mes mains se mettent à trembler. C’est toi Alban qui nous tire des moments difficiles, pas moi ! Je suis censé faire quoi là ?! Tentant de reprendre un peu d’aplombs, j’adresse une caresse à Auster pour qu’il n’attire pas les foudres sur nous. Zephyr se calme au même moment. Bon. Réfléchissons. Posément.

Je me mets alors à chercher ce qui a entraîné le Voltali dans cet état. La piqûre n’est pas difficile à trouver. Le dard est resté à l’intérieur, entraînant le virement au violet des veines alentours. Merde ! Je sent la peur m’envahir. Je ferme les yeux pour éviter aux larmes de couler. Les Pokémons d’Alban semblent attendre que je fasse quelque chose. Très bien. Je suis maître de la situation. Je suis parfaitement maître de la situation. Mon esprit tourne à cent à l’heure, me forçant à oublier la fatigue qui me hante pourtant.

Première chose à faire. Eviter que cela ne se propage plus. Pour cela, il n’y a qu’une solution. D’un geste vif et précis j’enlève d’un coup la petite aiguille plantée. Alban, même dans les vapes, tressaillit de douleur. Je jette le pic un peu plus loin, légèrement nerveux. La plaie se met à suinter. C’est moche à voir. Je n’ai aucune idée du remède qu’il faut appliquer dans ces cas là. Fait chier ! Je sens le désespoir m’envahir à nouveau, j’ai définitivement besoin de quelqu’un à mes côtés pour m’en sortir. Pourtant, les regards abattus des Pokémons m’entourant me forcent à prendre à nouveau une décision. Je me rappelle alors des paroles d’Alban. Ne pas rester ici. Très bien. Bougeons.

“_ Auster, part devant, l’idéal serait de trouver un point d’eau, à l’abri.”

Il hoche la tête et part en éclaireur. J’indique ensuite à Galegon de prendre la tête de la troupe. Puis, à Zéphyr et Mistral de veiller sur nous. Frey ferme la marche. Je glisse le corps inerte d’Alban sur mon épaule, regrettant la présence d’Invy. J’avance petit à petit sur les traces du noctali. La fatigue ne tarde pas à me rattraper. Mes yeux s’habituent à l’obscurité mais mes jambes avancent de plus en plus lentement. Alban est déjà beaucoup plus grand que moi, même s’il est squelettique, son poids mort sur le dos commence à peser. Notre petit groupe avance de plus en plus lentement à travers les bois. La lune est bientôt cachée par les feuillages de plus en plus épais. Je mets un pieds devant l’autre de façon parfaitement machinique. Je compte sur mes compagnons pour me prévenir de tout danger, je suis bien trop fatigué pour capter quoi que se soit.

J’essaie de garder des pensées positives à l’esprit. Toutes sortes de sujets me traversent l’esprit. Tout d’abord la Terreur, principal sujet de mes préoccupations actuelles. Je tente de les écarter de mon cerveau, cela me fait beaucoup trop travailler l’esprit. Alors mes pensées vagabondent, de notre aventure avec Max et Rod à ma rencontre avec Léo cet été. D’ici, je repense à nos actions pour arrêter la Team Rouage. Puis, mes folles aventures avec Phy, Vivaldy et Invy. Je pense un instant à mes stages d’été, au restaurant, à Lucenzo. Je m'appesanti sur le jeune homme. Suis-je tomber amoureux de lui ne serait-ce qu’une seconde ? Puis, je réfléchis si mes sentiments à l’égard du jeune brun se rapprochent de ceux qui me lient à Alban ou encore, au préfet des Phyllalis. J’ai beau creuser dans ma tête, ils semblent tous différents.

Auster me tire de mes songes embrumés d’un aboiement discret. L’espoir renaît en moi et je parcours rapidement la distance qui me sépare de lui. Je ne sais pas combien de temps j’ai marché. Je ne préfère pas savoir. Quoi qu’il en soit, l’endroit est parfaitement idéal. Un petit ruisseau coule aux abords d’une caverne dissimulée par d’épais feuillages. Je retrouve le sourire. Je félicite Auster joyeusement avant de porter le corps d’Alban à l’abri des regards et de tout risques éventuels.

Je lui trouve un endroit à peu près sec. Sa blessure ne s’est pas arrangée. Du pue s’échappe du trou béant laissé par le dard. Je grimace. Il faut que je m’en occupe rapidement.

“_ Frey, va me cherche des feuilles larges, s’il te plait.”

Le Pokémon s'exécute aussitôt. Aidé par Zéphyr, je nettoie la plaie avec mon t-shirt roulé en boule. C’est déjà bien plus joli à voir. Au retour de mon Pokémon Eau, j’applique les feuilles trempées et doublées de morceaux de tissus pour bander dans la plaie. J’espère que cela ferra l’affaire. Il le faut. Alban n’a pas le droit de clamser comme ça, sous mes yeux.

S’enchaîne alors une nuit des plus fatiguante de ma vie. Je ne peux me résoudre à dormir alors que mon meilleur ami est dans les vapes. J’organise alors les tours de garde des Pokémons à l'extérieure la grotte alors que je lutte contre la fatigue qui prend mes membre un à un. Je me mets à tourner en rond pour éviter de sombrer. Je compte les minutes, des secondes. Plus la nuit avance, plus une peur sourdre m’étreint le coeur. La peur qu’il n’ouvre plus jamais les yeux. Mais je ne peux pas perdre espoir, je n’ai pas le droit !

Pour m’occuper, je change les pansement du blessé. L’ancien contenait du pue et du sang. La blessure paraît plus propre, les veines ont dégonflé et le point violacé s’est rapetissé. Cela me donne bon espoir. Je laisse même un sourire m’échapper. Puis, je m’assois à son chevet pour taper le rythme des secondes sur le sol froid du plat de ma main. Je passe parfois une main sur sa carotide puis sur son ventre pour vérifier sa respiration. Je vérifie aussi son front, il est brûlant, ce qui ne l’empêche pas de frissonner de temps à autre dans son sommeil. Tuer le temps, cette mission difficile. Lutter contre le sommeil. Je me mets alors à énumérer les moments passés avec lui sans réellement me rendre compte que je le fais à voix haute.

“_ C’est quand même débile comment on s’est rencontré. Mais c’est beau. On avait tous un même but : celui de défaire la Team Rouage. Pi, bon, à ce moment là tu étais pour moi le Genie du Vol, tu vois. Je ne t’avais jamais espéré aussi accessible. La première phrase que tu m’as dite “Tu as trouvé quelque chose ?” je crois que jamais je ne l’oublierai. Dans ce petit bureau. C’était tellement impensable pour moi. Pourtant, le destin a fait que nous nous sommes à nouveau retrouvés ensemble. Pour garder des gosses. C’était mémorable ! Dadalban !”
Je ne peux m’empêcher de sourire à nouveau à cette évocation. Et de sentir les larmes me piquer les yeux. “Je crois qu’on était tellement dans la merde ce jour là que, par les forces des choses, nous avons été obligés de se serrer les coudes. Ils étaient cool les gosses, quand même. Puis… je crois que c’est comme ça qu’on est devenus amis. Et cette sortie la veille de la rentrée…” Une boule se coince au fond de ma gorge. Puis, je me tait. Non, ce baiser restera secret. “Et nous voilà là. Encore à vivre des aventures improbables. Tu n’as pas le droit de me laisser tomber, d’accord ? S’il te plait… réveilles-toi !” Je me penche à nouveau sur son corps pour laisser couler une larme sur sa joue.

Puis, je m’écarte de lui, les yeux remplis de légers cristaux translucides. Je me lève à nouveau, des fourmis me parcourent l’ensemble des jambes. Je fais quelques pas avec difficulté avant de retrouver parfaitement mon équilibre. Mes mains tremblent légèrement. Ma vision est brouillée, est-ce dû aux larmes ou à la fatigue qui me tiraille la nuque ? J’essaie de me calmer, ça va aller Aaron. Alban va se réveill…

“Aa...ron…”
ces deux syllabes déteignent dans le silence ambiant. Mon pouls s’accélère. Ma fatigue s’envole à nouveau. Je fais volte-face vers le corps allongé au sol. Je sens à nouveau les larmes perler le long de mes joues. Je lui adresse un immense sourire rassuré. Je pose ma main sur son front, sa température a l’air de s’être stabilisée. Puis, je pose ma main sur le haut de son torse. Je prends une inspiration, choisissant mes mots.

“_ Ca va aller Alban, je suis là.”


Je le force à rester allonger. Il faut que son sang se remette à circuler dans son corps avant qu’il ne se relève. Sinon, il va avoir la tête qui tourne, des vertiges et d’autres symptômes que je ne préfère pas imaginer. Je pousse un soupir de soulagement. Ma voix s’étrangle.

“_ Je suis content que tu sois de retour parmi nous.” Puis, je me décide à lui expliquer ce qu’il lui est arrivé. “Tu as été attaqué, je n’ai rien vu venir. Un Dard-Venin. J’ai pansé la plaie comme j’ai pu... Tu as probablement soif.”

Le laissant se redresser quelque peu, je lui tends ma bouteille d’eau. Puis, les Pokémons d’Alban nous rejoignent. Je décide de les laisser à leurs retrouvailles. Avec un dernier sourire, je sors de la grotte. Le ciel commence à devenir plus clair, mais la forêt est toujours sombre. Genesy somnole à l’entrée alors que Frey baigne ses pieds dans la rivière. Il me regarde d’un air craintif, je lui réponds par un sourire. Je me décide à ramasser de nouvelles feuilles avant de déchirer un autre bout de tissus que je trempe dans l’eau à côté de mon compagnon. Après une caresse sur le crane, j’entre à nouveau dans la grotte. Puis, je m’approche du châtain.

“_ Je vais changer ton pansement et… je me reposerai un peu.”


Je m’approche de son cou et d’une main presque experte, j’enlève l’ancien pansement. J’applique le nouveau, préférant ne pas m'appesantir sur la réaction d’Alban.

“_ Voilà…”

Et… toute la fatigue accumulée me retombe dessus. Me jambes flageolent. J’adresse un petit signe de la main au Voltali avant de m’étendre au sol. Je murmure “Fais pas de bêtises, hein.”. J’espère qu’il sera capable de tenir la garde pour la fin de cette nuit. Un sommeil sans rêve m’emporte.

Je suis réveillé un peu plus tard par de l’agitation autour de moi. J’ouvre grand les yeux, sur le qui-vive. Ces quelques heures ont été réparatrices. Je dormirai bien un peu plus mais… le devoir nous appel à nouveau. Tiens, personne ? Mis à part mes Pokémons, Alban semble m'avoir faussé compagnie. Je m’étire avant de me lever pour rejoindre l’extérieure. La matinée est déjà bien entamée. Voilà que je nous ai mis en retard. Encore dans les brumes de la nuit, je me dirige vers le ruisseau pour plonger mes bras puis ma tête dans l’eau glaciale. Cela a pour don de bien me réveiller. Maintenant que j’ai les yeux bien en face des trous… je vais pouvoir me mettre à la recherche d’Alban qui n’a pas l’air d’être resté dans les parages… à moins que ?
Aaron S. Mightley
Alban Abernaty
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Âge : 17 ans
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Hoenn
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Allongé à même le sol, dans des conditions plus que précaires, Alban luttait de toutes ses forces pour ouvrir les yeux. Il sentait que son corps était chaud et fiévreux. Une couche de transpiration recouvrait ses pores comme une nouvelle enveloppe. Ses vêtements étaient trempés, même si le vent nocturne glacial lui gelait les membres. Quelque part au niveau de sa nuque, il sentait que la piqûre était toujours aussi douloureuse ; il avait l’impression que le poison se répandait comme un réseau à travers ses membres. Il se sentait faible. Diminué. Il aurait préféré se trouver dans n’importe quel endroit autre que celui-ci. Que faisait-il dans l’Arène, au juste ? Son cerveau embrouillé commençait à délirer. Il essaya d’agiter ses doigts mais ces derniers refusaient de lui répondre correctement. Sa gorge était incroyablement sèche, comme s’il avait un nid de Mimigal dans la bouche. Il avait soif. Il avait froid. Il avait chaud. Il avait peur. Et, pire que tout, il n’arrivait même plus à réfléchir de façon correcte.

Au prix de gros efforts, il parvint enfin à ouvrir doucement les yeux. L’obscurité était omniprésente, et il ne remarqua pas les anneaux lumineux d’Auster près de lui. Cette vision lui aurait peut-être été rassurante. Un vent de panique l’emporta ; et si ses Pokémon étaient blessés ? Et si Aaron également s’était retrouvé en mauvaise difficulté ? Il tenta de se redresser, mais même ouvrir les yeux était bien trop difficile. Il se contenta donc de basculer sa tête sur le côté en appelant Aaron d’une voix incroyablement faible. Ce n’était pas qu’il avait peur de se faire repérer ; après tout, au diable cette stupide émission ! Il n’en était juste… pas capable. Tremblant, il tenta de renouveler l’appel de façon plus pressante, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Par chance, un vague éclair roux entra dans son champ de vision et il sentit une main se poser immédiatement sur son front. Alban frissonna tant le contact lui paressait désagréable. Il n’y avait rien de pire que de sentir une main s’écraser contre sa transpiration, aussi délicate et douce fut-elle.

Ne faisant cependant aucun commentaire, il crachota. La fièvre le faisait délirer, mais il lui semblait qu’Aaron n’avait pas l’air blessé. Ou en tout cas était-il en assez bon état pour ne pas être écroulé au sol comme lui. Bon sang. Il avait vraiment mal. Les Pokémon ressentaient-ils autant de douleur et de gêne quand ils étaient empoisonnés ? Ou le poison était-il particulièrement redoutable sur les humains ? Alban préféra ne pas essayer de savoir combien de temps il lui restait avant qu’il ne tombe de nouveau dans les pommes. Le poison était peut-être mortel, d’ailleurs. Peut-être avait-il de vraiment mauvaises répercutions sur le métabolisme humain ? Ah… Voilà qu’il se mettait à paniquer.

La voix rassurante d’Aaron s’éleva cependant et il s’apaisa un instant. Son meilleur ami posa une main sur ses épaules pour le forcer à rester allongé, mais Alban n’avait même pas envisagé le fait de se relever. Il parvenait déjà à peine à ouvrir les yeux. Les fermant cependant complètement lorsque le Chercheur Pokémon lui expliqua ce qu’il s’était passé, il mesura toute la gravité de ces paroles. Il avait été attaqué. Pour autant, Aaron ne semblait pas avoir beaucoup plus d’explications. Mince… Comment ce type avait-il fait pour les retrouver ? Et pourquoi n’était-il pas disqualifié ? Cela faisait deux fois qu’il s’attaquait directement à lui. Les règles n’auraient pas dû lui autoriser ces écarts… Nerveux et frustré, Alban hocha lentement la tête de haut en bas lorsqu’Aaron lui proposa à boire. Se redressant doucement avec l’aide du rouquin, il but quelques gorgées et s’étrangla presque. Crachotant et toussant, il eut l’impression que son cerveau allait se mettre en combustion spontanée.

Des larmes vinrent humidifier ses yeux et il vit les silhouettes troubles de Mistral, Zéphyr et Auster gambader jusqu’à lui. Zéphyr tenta de venir se blottir sur son épaule mais Auster le retint d’un coup de patte en lui adressant un regard sévère.

- Ne t’en fais pas mon grand, ça va, lui dit Alban en écartant doucement ses bras pour que ses Pokémon vinrent s’y blottir.

D’un commun accord, ses trois protégés vinrent se coller à lui. L’inquiétude était largement perceptible dans leurs tremblements. Alban voulut les rassurer en leur disant que tout était fini, mais lui-même n’en était pas sûr. Il était encore empoisonné. Il y avait toujours des risques que la maladie le rattrape. Et dans ce cas, que lui arriverait-il ? Il se força à ne pas y penser, mais son cerveau échafaudait toujours beaucoup trop de plans. Sa manie d’anticiper les choses se révélait être un véritable désavantage dans cette situation. Il tenta de faire le blanc, mais ses membres tremblaient de façon incontrôlable. Il savait que ce n’était pas le poison. C’était juste… sa peur, qui le rongeait. C’était ça, le véritable poison. Esquissant cependant un sourire qui semblait faux, il tenta de rassurer comme il le pouvait ses Pokémon. Aucun d’entre eux n’avait de technique de soin assez aboutie pour le soigner, néanmoins. Et concernant les sponsors…

Il sursauta et regarda enfin autour de lui. Etaient-ils dans une… grotte ? Probablement, vu que la voûte au-dessus de sa tête semblait bien trop compacte et réelle pour qu’il s’agisse d’un ciel. En outre, il ne voyait aucune étoile de ce côté-là… Comment Aaron l’avait-il traîné ici ? Etaient-ils loin de la clairière ? Il espérait que le participant avec son Florizarre n’allait pas revenir pour achever le travail. Il frissonna en imaginant ce dernier caché derrière un rocher. Comment l’avait-il retrouvé, au juste ? Portait-il sur lui un quelconque marqueur ? Si tel était le cas, ils seraient constamment en danger. Il eut envie de pleurer. Ce serait de sa faute, s’ils perdaient. Par ailleurs, les sponsors n’allaient sûrement par leur envoyer de Baudrive, par ici. Ils seraient bien trop repérables… Les antidotes devaient certainement coûter extrêmement chers… Comment allait-il s’en sortir ? Il n’avait pas vu de baies comestibles depuis qu’il était arrivé. Et encore moins de baies curatives…

Un bruit se fit entendre à l’entrée de la grotte. Sur le qui-vive, Alban remarqua qu’il ne s’agissait que d’un Aaron ensommeillé. Des millions de questions lui brûlaient les lèvres, mais vu l’état de fatigue du Phyllali, ce n’était clairement pas le moment. Docile, le châtain acquiesça donc quand Aaron lui dit qu’il allait changer son pansement. Il ne se sentait pas en état d’assurer un tour de garde, mais il se devait de le faire. Depuis combien de temps Aaron était-il éveillé ? Il avait pu dormir, même si son sommeil avait été extrêmement peu reposant. Il était donc normal qu’ils échangent à un moment ou un autre. Mieux valait le faire au plus tôt afin d’être opérationnel quand les autres participants partiraient en chasse. En espérant qu’ils ne tomberaient pas encore sur le duo de malades mentaux qui leur étaient tombés dessus la veille… La boule au ventre, Alban grogna quand Aaron lui enleva le pansement.

- M… m… mal, gémit-il les larmes aux yeux, tandis que le morceau de tissu touchait sa plaie.

Il se mordit la lèvre mais ne fit aucun autre commentaire. Aaron prenait le temps de s’occuper de lui ; il n’allait pas non plus se montrer ingrat. Ah… Que devaient dire les sponsors ? Il était dans un état pitoyable. Bien loin de l’Alban calme, malin et attentionné qu’il avait montré aux téléspectateurs. Attirerait-il leur sympathie tout de même ? Il en doutait, mais mieux valait espérer. Il lui fallait un antidote. Un antidote… Un antidote…

La voix d’Aaron s’éleva à nouveau. Ce dernier lui adressa un signe de la main, et sa mine extrêmement fatiguée indiqua à Alban qu’il était au bout de ses forces. Il marmonna quelque chose qu’Alban entendit à peine, et le châtain le regarda se poser au sol pour s’endormir aussitôt. Il soupira. Que devait-il faire pour rester éveillé ? Il avait envie de dormir de nouveau, mais il fallait absolument qu’il s’occupe. Son ventre qui grognait lui indiqua d’ailleurs qu’il avait extrêmement faim.

Demandant à Auster de lui apporter son sac à dos, il récupéra une portion de viande séchée et mordit avidement dedans. Le goût était délicieux, mais mâcher quelque chose d’aussi dur lui tira une grimace. Il avala plus qu’il ne savoura son dîner nocturne. Il avait simplement besoin de forces, pas de plaisir. Partageant ses vivres avec ses Pokémon, il vit une Pokéball qui roulait vers lui. D’où celle-ci venait-elle ? Il se fit méfiant quelques secondes, avant que son Noctali ne lui indique le sac d’Aaron. Hmm… Etait-ce une impression où Auster voulait-il qu’il l’ouvre ? Bah… Il ne perdrait rien. Il s’agissait sûrement de la Pokéball d’Invy, Frey ou Genesy de toute façon, puisqu'ils n'avaient pas eu droit d'apport des effets personnels autres que ceux autorisés. Appuyant sur la sphère de capture, il vit l’Abra d’Aaron se matérialiser dans un éclat rouge. Le pauvre avait l’air plutôt mal en point. Etait-il KO ou dormait-il simplement comme à son habitude ? Mieux valait s’en assurer…

- Auster, utilise Rayon Lune sur Invy.

Un rayon de lune scintilla et vint se déposer sur l’Abra. Pour autant, le rayon d’évapora presqu’aussitôt, et Auster hocha la tête de gauche à droite. Hm… Evanouis, n’est-ce pas ? Quand est-ce que cela s’était produit ? Quand ils s’étaient séparés face au duo de participants ? Après ? Alban n’en savait rien, mais il fut pris d’une idée lumineuse. Il sortit quelques vivres de son sac à dos - quelques lamelles de viande, la pomme et les biscuits non entamés qu’il avait - et les enveloppa dans un torchon. Il l’accrocha ensuite comme un objet équipement sur Invy, et rappela ce dernier. Comme il l’avait pensé, les vivres disparurent en même temps que le Pokémon. Un sourire s’étala sur ses lèvres. Ainsi, ils auraient moins de poids à transporter, tout en assurant la sécurité de leur nourriture. Satisfait de lui-même, il tenta de trouver d’autres occupations pour tuer le temps. Grâce à la faible lumière des anneaux d’Auster, il pouvait voir le sol. Ce dernier était en partie terreux sur les bordures, et il s’amusa à tracer des lettres avec ses doigts dans le sol meuble. Puis, se trainant jusqu’à l’entrée de la grotte, il alla observer les alentours.

Ces quelques pas furent une véritable torture. Il pouvait à peine ramper ou avancer en se trainant à moitié. Impossible d’aller sonder plus loin les environs, donc. Peu rassuré, il envoya Zéphyr en hauteur pour tenter d’avoir une meilleure vision. Le couvert des arbres proche d’eux projetait cependant ses ombres, et même le Regard Vif du Goélise ne parvenait pas à déceler les détails. Embêté, Alban décida de surveiller au moins l’entrée unique de la grotte. Si quelque venait, il serait prêt à les accueillir avec ses trois Pokémon en pleine forme, et les deux restants d’Aaron. Soucieux cependant de faire se reposer ses protégés, il laissa Mistral et Auster de faction puis fit dormir Zéphyr dans ses bras. La nuit passa ainsi sans aucune perturbation.

Alban ne cessait de ressasser les évènements de la veille. Il pensait au Dard Venin, au Poison… A ce qui allait lui arriver s’il ne trouvait pas d’antidote. A ce qu’il ferait ; devait-il abandonner pour recevoir des soins au plus vite, ou alors tenter de rester jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus ? Il fallait qu’il en parle à Aaron. Mais il ne pouvait pas le réveiller. Pour autant, il se sentait rongé de l’intérieur. La peur commençait à l’empoisonner, bien plus que ne pouvait le faire le Poison. Il se sentait faible. Il croyait délirer, alors que son esprit restait relativement lucide. Que devait-il faire ? Comment devait-il agir ? Il se mit à agiter nerveusement une de ses jambes. Son visage semblait en proie à certains tics qu’il n’avait jamais eus. Il se sentait mal. Même la présence de ses Pokémon ne parvenait pas à le rassurer. Il caressait rapidement Mistral, avant de se ronger les ongles. Il buvait une gorgée d’eau, avant de se ronger les ongles. Ses doigts étaient constellés de gouttes de sang qui s’écoulaient de la chair de ses doigts à vif. Il tremblait de façon incontrôlable. Même son tour de garde ne le préoccupait pas. Il avait peur. Mais pas pour ça…

Les minutes s’écoulèrent, interminables. Au final, le jour se leva, et avec lui, d’autres inquiétudes. La douleur était revenue, plus vive à présent que la compresse légèrement humide qu’on lui avait mise avait cessé d’apaiser ses plaies. Aaron ne s’était pas encore réveillé, et Alban hésitait. Le réveiller. Ne pas le réveiller. Le réveiller. Ne pas le réveiller. Un bruit sourd devant la grotte le fit sursauter. Alerte, il observa les environs et réveilla d’un coup d’index saignant son Goélise. La petite mouette chromatique bondit les ailes prêtes à attaquer. Auster se tourna vers lui avec un air interrogateur. Devant la grotte, Frey et Genesy montaient normalement la garde. Alban s’apprêta à tenter de se lever pour aller voir ce qu’il venait de se passer lorsqu’une poudre violette se répandit dans l’air. Aussitôt, il plaqua sa main devant sa bouche et son nez, sur ses gardes. Il ordonna d’un coup de doigt un Pistolet à O de Zéphyr pour faire retomber toutes les poussières au sol. Il ne savait pas de quoi il s’agissait, mais une altération de statut supplémentaire n’était clairement pas bienvenue.

L’écran d’eau retomba au sol, et il envoya Auster devant lui. Le Noctali nimba son corps d’une lueur violette et des cailloux se mirent à léviter, prêts à frapper la cible si celle-ci se montrait.

- Il y a quelqu’un ? demanda agressivement Alban.

Le ton de sa voix était sûrement entre brutal et ridicule. Une petite voix se mit à ricaner de l’autre côté, et le participant au Florizarre apparut sans son champ de vision, les bras levés en signe de paix.

- Ouh, c’est que tu ferais presque peur, mon petit, lui dit-il avec taquinerie.

Un Papillusion était posé sur son épaule. Alban hésita entre s’attaquer directement à lui ou essayer de voir où se trouvait l’entourloupe. Que faisait-il ici ? Et surtout, comme les avaient-ils retrouvés ?

- Qu’est-ce que tu veux ? aboya-t-il. Reste à ta place ou je t’attaque immédiatement. Ne fais pas de geste brusque.
- Bien, bien, monseigneur. Je vais rester ici, donc. J’étais juste venu te proposer un deal…

Alban se fit encore plus méfiant. L’autre garçon soupira et garda ses mains levées.

- Bon, venons-en rapidement aux faits. Je ne sais pas si tu es tombé sur eux, mais il y a un duo particulièrement agressif qui rôde dans l’Arène. Ils ont déjà éliminé pas mal de Pokémon à eux seuls, et un des miens a été mis out dès le premier soir… Bref, plus j’avance et plus je me rends compte qu’un allié me sera indispensable. J’ai essayé avec Heather mais… visiblement, ton petit pote l’a éliminée. J’en suis donc dans une situation où j’ai besoin de quelqu’un. Je sais pertinemment que seul et avec deux Pokémon uniquement, je n’ai aucune chance. Tu vois où je veux en venir ?

Alban fronça les sourcils.

- Ouais je vois, mais je ne vois pas pourquoi je devrais m’associer à toi. J’ai déjà un partenaire, et nous n’avons pas besoin de toi. Je ne te fais pas confiance. D’autant plus que je pourrais t’éliminer facilement ici. On a six Pokémon, et toi tu n’en as que deux.

Il évita de préciser qu’Invy était déjà KO. Maintenir la pression et l’ascendant sur son adversaire était essentiel. C'était sa seule façon de gagner la bataille psychologique.

- Quatre, si tu comptes les deux dehors que j’ai endormi. M’enfin. Si ça ne te convainc pas, je te dirai que j’ai des capacités de filature assez intéressantes, comme tu as pu le voir. Tes Pokémon ont l’air plutôt doués en combat et ils sont pratiques ; un Pokémon Eau est toujours utile pour avoir une source infinie d’eau. Personnellement, j’ai déjà épuisé mes deux pastilles purifiantes… Mais le sujet n’est pas là. Tu as été piqué par une attaque de mes Pokémon. Et autant te dire qu’au rythme où ça va, dans deux jours tu seras fini. Et tu peux déjà à peine te déplacer, je me trompe ? Bref, j’ai un antidote caché quelque part, et je veux bien te le donner si tu me rejoins.

Alban resta silencieux. Il avait besoin de cet antidote, certes. Il pouvait très bien attaquer ce garçon et s’en emparer, mais qui sait s’il l’avait vraiment sur lui ? Peut-être l’avait-il caché ailleurs. Auquel cas il ne le retrouverait pas… Dans ce cas que faire ? Simuler l’accord et le poignarder dans le dos ? Il ne doutait pas que ce type leur ferait le coup de toute manière, à un moment ou à un autre… Réfléchis, Alban… Au bout de quelques minutes, il redressa la tête.

- Bien, on t’accepte dans l’équipe. Par contre tu devras te plier à notre mode de fonctionnement et…
- Hola stop. J’ai dit que je voulais être en équipe avec toi, mais cela ne marche pas pour ton pote.

Alban manqua de s’étrangler.

- Quoi ? Pourquoi ? demanda-t-il en ayant l’impression que cette conversation ne menait nulle part.

Le garçon soupira.

- Parce que vous serez deux contre un, et que je ne veux pas me retrouver en situation de faiblesse. En outre, j’ai confiance en toi mais pas en lui. J’ai vu de quoi t’étais capable, et tu as clairement l’air intelligent. Ton ami, là… Non, pas possible.
- Tu es stupide. Qui te dit que j’accepterai d’aller avec toi si je dois laisser Aaron ici ?

Il croyait avoir coincé son interlocuteur, mais ce dernier haussa les épaules.

- Il me faut à peu près trois secondes pour appeler mon Florizarre. Il pourra facilement boucher l’entrée et répandre des spores empoisonnées dans cette grotte. Il ne faudrait pas plus de cinq minutes pour que vous soyez tous contaminés. Tu veux vraiment courir ce risque ? Tu ne pourras pas protéger tout le monde.
- Et alors quoi, tu veux que j’abandonne mon meilleur ami ici sans surveillance ?
- Ouais, et que tu piques tous ses vivres. C’est la condition sine qua non pour qu’on puisse faire le deal. De toute façon maintenant ce rouquin est fichu. A toi de choisir comment ; en étant blessé ou en abandonnant quand il se réveillera et qu’il remarquera que toutes vos provisions ont disparu et que tu n’es plus là ?

Alban se sentit pâlir. Pour autant, il avait désespérément besoin de cet antidote… Au point de trahir Aaron ? Il tourna un visage incertain vers le rouquin. Il réfléchit encore une bonne dizaine de minutes. Il espérait qu’Aaron se réveillerait à ce moment-là, mais ce dernier était trop profondément endormi. Enfin, il baissa les yeux.

- Ok, je viens avec toi. Donne-moi l’antidote.
- Tu me prends pour qui ? Uniquement quand on sera assez éloigné de cette grotte. T’en fais pas ça ira vite, mon Papillusion connaît Téléport.
- Ok, c’est bon. Laisse-moi juste cinq minutes pour récupérer les vivres d’Aaron.
- Je vois que t’es un peu plus coopératif. J’aime bien ça.

Intérieurement, Alban bouillonnait. Ses Pokémon regardèrent successivement Aaron, Alban et le troisième participant, sans trop comprendre. Pour autant, ils restèrent silencieux. Le châtain soupira et se déplaça jusqu’au sac à dos d’Aaron. Il récupéra toutes ses provisions dans son propre sac à dos, et fit semblant de fouiller, légèrement caché derrière un rocher. De la main gauche il farfouillait le sac, tandis que de la droite il traçait au sol les mots suivants : « Fais-moi confiance. A.». Il dessina ensuite grossièrement une Pokéball avec une flèche partant du centre pour indiquer qu’il fallait l’ouvrir, et écrivit « Invy » à côté. Enfin, se traînant à moitié vers son « nouveau coéquipier », il fit signe à ses Pokémon de le suivre.

- Allons-y alors.

L’autre eut un sourire puis il attrapa Alban par la main. Il attendit ensuite que tous les Pokémon soient au contact pour déclencher sa Téléport. La grotte disparut dans un tourbillon de couleurs, et Alban se retrouva au beau milieu d’une forêt. Il ressentit un mélange de honte et de tristesse en pensant à Aaron, mais il n’avait pas vraiment eu le choix. En outre, il avait plusieurs plans qui commençaient à se tisser dans son esprit. Tout d’abord, prendre l’Antidote. Ensuite, suivre ce type jusqu’à pouvoir le poignarder dans le dos et renverser la situation. Enfin, retrouver Aaron et gagner avec lui. Il avait confiance en son meilleur ami. Il savait qu’il arriverait à survivre avec les aliments laissés dans la Pokéball d’Invy… Et il était persuadé qu’il comprendrait le message laissé à la hâte…

Soutenu par l’inconnu, Alban fut déposé contre le tronc d’un arbre. Il grommela quand sa nuque cogna contre l’écorce.

- Ouais attends. Tiens, prends-ça.

Il attrapa la baie Pécha qu’on venait de lui envoyer et mordit avidement dedans. La chair était délicieuse. Il mangea voracement le fruit, jusqu’à ce que les picotements désagréables dans son cou ne cessent. Il était sauvé… Tentant de jouer la carte du nouveau coéquipier reconnaissant et coopératif, il esquissa un léger sourire à son ennemi.

- Merci… Ca va beaucoup mieux… Au fait, je m’appelle Alban, et toi ?

L’autre lui sourit à ce tour. Pourtant, dans son expression, Alban savait que le message était clair entre eux deux. Ils se trahiraient à un moment ou à un autre. C’était certain. Ils avaient juste besoins l’un de l’autre pour avancer. Pour le moment…

- Bruno. Je te propose qu’on fasse une petite réunion stratégique le temps que tu te reprennes, ça te va ?

Alban acquiesça.

- Bien. Alors comme je te l’ai dit, je suis doué en filature. Mon Papillusion peut tisser des fils extrêmement fins, que j’accroche aux lieux ou aux personnes que je veux tracer. Il peut ensuite se téléporter dans n’importe quel endroit que ses fils ont touché. Mon Florizarre est quant à lui doué avec les poudres et les poisons. Mais je ne le sors que rarement puisqu’il est assez encombrant, même si relativement discret. Depuis le début de l’émission, j’ai perdu mon troisième Pokémon, un Rhinocorne. Je suis tombé sur le duo dont je t’ai parlé ; un garçon assez baraqué et une fille. Je sais qu’ils ont au moins un Rhinocorne, un Dardargnan et un Mimitoss. Je suppose que ce dernier peut détecter les autres participants aux alentours. Mon Aéromite pouvait faire la même chose… Bref, dans la nuit, ils ont éliminé un autre gars - je n’étais pas loin perché dans un arbre, donc je les ai vus avant de m’enfuir par Téléport - ; celui avec des cheveux bruns. Ce qui fait qu’avec Heather hors course, nous ne sommes plus que 6…
- 5. On a éliminé une fille avec un Heledelle avant de vous croiser Heather et toi.
- Donc 4 vu que ton pote rouquin ne va pas tarder à abandonner. Ce qui fait qu’il ne restera plus qu’eux et nous deux. Autant te dire qu’il vaut mieux les trouver avant qu’eux nous trouvent.

Alban se releva et passa son sac sur son dos.

- Ce qui veut dire qu’il va falloir se mettre en chemin.

Bruno eut un sourire.

- Tu comprends vraiment vite. Je suis content de faire équipe avec toi.
- Moi aussi…

Bruno se leva et commença à s’engouffrer dans un sentier qu’il connaissait apparemment. Un sourire s’étala sur les lèvres d’Alban.

- Moi aussi, Bruno… répéta-t-il plus bas.

Une nouvelle longue journée riche en rebondissements allait commencer. Et avec elle, de nombreux autres évènements. Qu’adviendrait-il d’Aaron et d’Alban ?
Nemo Kendhall
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Icon : [Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Région d'origine : Kalos
Âge : 15 ans
Niveau : 37
Jetons : 6707
Points d'Expériences : 849
[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
15 ans
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pokemon
[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor

« _Eh bien ! Eh bien ! Tant d'aventures en si peu de temps ! Temps de retournements de situations ! Vous faites bien de nous suivre actuellement en direct sur votre chaîne préférée : M-agnéti 6 ! Cette journée promet d'être riche en émotions ! N'est-ce pas très chère Madylin ?

_ Tout à fait John ! Cette dernière journée a été marquée par l'élimination inattendue d'Heather par la mise K.O de l'ensemble de son équipe ! Qui aurait pensé ne serait-ce qu'un instant qu'elle n'arrive même pas en finale ? Quoi qu'il en soit son Duel contre un Aaron transcendé a raflé plus de cinquante pourcents de vos votes quant à votre moment préféré de cette dernière journée !

_ Oui ! C'était un magnifique combat ! Cela faisait longtemps que nous n'avions pas vu autant d'entrain pour éliminer un adversaire… »


Le présentateur lève les yeux vers l'écran géant qui surplombe le plateau de télévision. Les images des moments préférés des téléspectateurs défilent en boucle pendant le débriefing de John et Madylin. Ils semblent toujours aussi enchantés de présenter leur émission avec des sourires aussi étincelants l'un que l'autre. L'immense écran montre le visage enragé d'Aaron pendant le combat, celui parfaitement sobre d'Heather puis les larmes du garçonnet roux à la mise à mort de son Starter. La présentatrice pousse un gémissement exagéré en reprenant son discours pré-fabriqué.

« _ Cette scène a été particulièrement difficile à vivre pour nous tous… pauvre petit bout de chou... » Elle reprend tout à coup son sérieux pour changer tout aussi vite de sujet.

« Aaron n'est pas le seul a avoir effectué des prouesses ! Son compagnon Alban s'est retrouvé face à Bruno mais il est parvenu à s'échapper en usant de son ingéniosité sans pareil ! »

Au même moment les images du combat apparaissent en fond. Puis apparaît un Alban à terre, sauvagement piqué par un Pokémon et qui s’effondre au sol.

« _ Oui… La journée n'a pas été facile pour tout le monde. On dirait que Bruno mène ses pions sur un plateau d'échec. Après avoir empoisonné Alban, le concurrent de Lansat, il l'a forcé à rejoindre ses rangs ! Si vous avez loupé ce moment, voici une petite séance de rattrapage. »


La chaîne passe alors en plein écran, le logo de l'émission apparaît dans un fondu au noir. Puis, un Alban décharné pointe le bout de son nez. Il paraît extrêmement fatigué, il est d'une pâleur extrême. La discussion entre lui et Bruno résonne dans le calme de la forêt. Le châtain finit par accepter le deal de son ancien ennemi le tout couronné de gros plans sur les visages des deux concurrents. La scène en deviendrait presque belle. Le spot s'arrête au moment où les deux silhouettes nouvellement alliées s'enfoncent dans la forêt laissant un Aaron agité dans son sommeil.

« _ Tant de retournements de situations ! Pensez-vous que cette nouvelle alliance pourrait gagner cette compétition ? C'est à vous de voter sur votre site préféré ! Mais… maintenant, nous vous réservons une petite surprise…

_ En effet ! Nous avons le plaisir d'accueillir Heather sur notre plateau. »

Les lumières se tournent tel un seul homme vers une jeune fille parfaitement apprêtée et perchée sur des talons d'au moins vingt centimètres. Malgré sa récente élimination, son sourire est rayonnant. Elle prend place sur le plateau sous les applaudissements inassouvis du public.

« _ Bonjour Heather, alors, que pensez-vous de l'ingéniosité dont fait preuve votre ancien co-équiper ? »

D'un sourire assuré, Heather prend la parole.
« _ Bonsoir Madylin et John Tout d'abord, merci de m'avoir conviée sur ce plateau. Je suis réellement heureuse d'être ici… même si ma place devrait être dans l'arène. En tout cas, connaissant Bruno, je peux vous assurer qu'il nous réserve encore des surprises. Cette alliance avec Alban fait uniquement parti de son plan pour remporter la victoire. » Elle envoie un petit clin d’œil à la caméra. Cela vaudra forcément de jolis sponsors pour Bruno.

« _ Ahah ! Très bien ! Merci Heather pour ces informations précieuses ! Et … entre nous… que s'est-il passé lors de ce combat contre Aaron ? »

Un éclair d'hésitation passe furtivement dans le regard azur de la jeune fille blonde. Il ne dur qu'une fraction de seconde mais il existe bel et bien. Elle se reprend tout aussi vite en offrant son rire cristallin à la télévision.

« _ Cela fait évidemment parti du plan ! Je me savais incapable de gagner seule. Par contre, je suis maintenant sûre de partager la gloire de la victoire dans quelques jours avec Bruno ! »

Elle garde un sourire figé sous les regards faussement abasourdis des présentateurs. John en profite pour rebondir sur ses paroles et relancer l'émission.

« _Dites-moi maintenant… n'avez vous pas peur que votre sœur Cleia ne vous vole la vedette ?


_ Aucune chance. Son duo avec Jorys est, certes, puissant, mais elle est bien trop précipitée pour être la dernière en lisse. Ma petite sœur sera, j'en suis sûre, la prochaine personne éliminée.

_ Ces jeunes sont définitivement emplis de surprises ! Merci Heather d'avoir honoré notre plateau de votre présence. Nous vous retrouverons donc à la fin de l'émission en compagnie de Bruno ! Nous enchaînons tout de suite avec le récapitulatif de Jorys et Cleia, dernier duo de notre émission. Ils se sont fait plutôt discrets ces derniers temps…

_ Tout à fait John, Jorys et Cleia n'ont pas fait beaucoup de vagues. Ils peaufinent leur stratégie dans leur coin tout en continuant d'amasser les sacs trouvés dans la forêt. La jeune sœur d'Heather n'a pas l'air aussi précipitée qu'elle ne le prétend. La confrontation entre ces deux nouvelles alliances risque de faire des étincelles !

_ C'est certain ! Chers téléspectateurs, c'est ici que se termine notre récapitulatif du jour ! Restez branchés, la journée à venir s'annonce des plus épique !

_ Et pleine de rebondissements ! Aaron va-t-il parvenir à s'en sortir face à cette soudaine solitude ? Quelle stratégie va choisir notre nouveau duo composé des deux mystérieux candidats, Alban et Bruno ? Quels tours nous préparent Jorys et Cleia face à leurs ennemis ?


_ Vous ne le saurez qu'en suivant l’émission ! »


Dans un tourbillon de paillettes, de faux sourires et de questions improbables, un nouveau fondu au noir met fin à l'émission. La pub se lance aussitôt rappelant au public de faire leur dons pour aider leur candidat préféré.

Pendant ce temps là… je dors. D'une façon si innocente… Je ne sais pas encore l'épreuve qui va m'attendre à mon réveil. Je ne l'imagine même pas un seul instant. Pourtant, on a décidé pour moi de me faire ouvrir les yeux à ce moment. Je cherche machinalement des yeux mon meilleur ami. Sans m'inquiéter je suppose qu'il est partit prendre l'air. Je sors à mon tour pour me rafraîchir. Il n'a pas l'air d'être dans les environs. Il reviendra bientôt. J'entre à nouveau dans la grotte pour manger quelque chose de consistant. Cela m'a fait grand bien de me reposer, maintenant, je dois me restaurer un peu. Je croise au même moment mes deux Pokémon restants. J'ai une vague de peine pour Invy et je soupire. Ne voulant pas pleurer à nouveau je caresse joyeusement le crâne de Genesy puis, la petite tête touffue de Frey. Je leur souris chaleureusement en les invitant à partager un morceau avec moi. Je m'assois à côté de mon sac et l'ouvre à la volée. Je fouille d'une main. Où ai-je rangé la nourriture ? Ignorant sa disparition, je cherche soigneusement dans chacune des poches. Rien. Il n'y a plus rien. Une panique sourde me gagne. Tout cela devient étrange. Alban a disparu alors qu'il est dans un état incertain… ma nourriture a aussi disparue… Aurions-nous subis une visite impromptue durant la nuit ?

Je me lève d'un bond. Peut-être le voleur est-il encore dans les parages ? Je me mets à fouiller machinalement le reste de la grotte. Peut-être qu'Alban s'est senti d'humeur rangeuse ? Je fronce les sourcils. Non, c'est définitivement par son genre. Je regarde alors derrière un petit rocher et d'étranges formes au sol interpellent mon regard. Je m'en rapproche pour les étudier de plus près. « Fais moi confiance A. » Ou est-ce « Fais moi confiance. A » ? Impossible à savoir ? Est-ce Alban qui a écrit ça ? Ou bien...cela peut tout aussi bien être notre mystérieux visiteur de cette nuit ? Il serait parvenu à enlever Alban ? Mes idées tournent à toute allure dans ma tête. Alban. J'ai la douloureuse impression qu'il lui est arrivé quelque chose. Est-ce vraiment lui qui a laissé ce message ? Est-il intentionnel ou bien rédigé sous la contrainte ? Dans l'hypothèse où ce soit bien lui qui l'ait écrit…

Je m'assois contre le rocher, la tête entre les mains. C'est Frey qui vient me tapoter le coude pour me montrer du doigt la suite du message. Je me redresse sur les genoux, lisant la suite du message. Invy ? Que vient-il faire dans cette affaire ? Je fronce encore les sourcils. Je prends sa Pokéball dans ma main. Mon cœur se serre. Je secoue la tête. Je ne peux pas me résoudre à l'ouvrir. Ma mâchoire se contracte. Putain Alban… que t'es-t-il arrivé … ? T'es passé où ? Sérieux ?! J’abats un poing rageur sur le sol meuble de la grotte. Résister aux larmes, résister à la peine. Je dois bouger. Fais lui confiance. Mais est-ce vraiment lui qui a écrit ça ? C'est peut-être un piège et je suis en train de foncer droit dedans.

Dans tout les cas… il est dangereux de rester ici. Il faut que je me bouge le cul avant qu'on me tombe dessus. Oui. Faisons ça. Pris d'une énergie nouvelle, je jette mon sac sur l'épaule avant de partir au petit trot en dehors de la grotte. Je ne sais même plus par l'endroit où je suis arrivé hier soir. Je fais un tour sur moi-même avant de me stopper net. Et si… et si Alban était seulement parti chercher à manger suite à notre cambriolage. Il m'aurait laissé ce message pour que je ne m'inquiète pas. Simplement. Il ne voulait pas me réveiller. Je piétine sur place. Je ferai mieux d'attendre. Pourtant, je ne me sens pas en sécurité. Pas du tout en sécurité. J'ai juste envie de filer à toutes jambes. Pourquoi Alban serait parti ?

Je sens le désespoir me gagner. La petite voix de la Terreur me crie que je n'ai pas été à la hauteur. Alban en avait simplement marre de moi et a préféré partir pour pouvoir avoir enfin la chance de gagner en solitaire. Je n'étais qu'un poids pour lui. Il ne l'a jamais dit. Peut-être l'a-t-il pensé ? Mais n'ai-je pas moi-même pensé l'éliminer pour pouvoir remporter cette compétition. Je jette un coup d’œil à la caméra qui me toise de son regard de verre impénétrable. Rah ! Voilà ! Je suis seul… Alban… je crains bien qu'il m'ait abandonné. Oui, la Terreur doit avoir raison. Je n'ai jamais été digne d'être son co-équipier. Solitaire. Cet adjectif est celui qui lui correspond le mieux. C'est certain.

Ou alors, je me fourre le doigt dans l’œil jusqu'au front. Il a peut-être simplement fait une rechute. Il a écrit ce message dans un profond délire pour ne pas m'avouer son état. Ça veut dire qu'il gise dans un buisson non loin. Je sers fort mes yeux. Action Aaron ! Action ! Alors, je me mets à chercher frénétiquement dans les environs. Si le poison le paralyse quelque part, il n'a pas pu aller bien loin. Pourtant, malgré mes recherches acharnées, je dois me rendre à l'évidence. Alban est encore en lice, bien vivant. Quelque part. Seul. Il a choisi de partir de son plein gré. J'essaie désespérément de me faire une raison. Il a peut-être fait ça pour moi ? Pour me protéger ? De quoi ? Il cherche à faire l'appât pour me laisser gagner ? Hein ? Mais à quoi je pense là ? Je ne pense donc qu'au jeu ? Je ne vaut donc rien de plus que ça… ?

J'ai beau retourner le problème dans tout les sens, la réalité me rattrape. Oui, Alban est parti. Je relis son message et je l'observe de plus près. Il semble avoir été écrit à la hâte. Il ne s'est même pas embarrassé de ponctuation. Il est donc parti vite… Ses mains ne tremblaient pas. « Fais moi confiance » … cherche-t-il à me manipuler ? Dois-je vraiment croire ces quelques lettres inscrites dans le sable ? Mon cœur me cris que oui. Ma raison me cris que non. Pourtant. Nous sommes les seuls à connaître nos prénoms. Si Alban n'avait pas rédigé ce message, tomber sur le « A » serait un véritable coup du destin. Reste encore la possibilité qu'il l'ai écrit sous la pression de quelqu'un d'autre… et ça… mis à part savoir qu'ils étaient pressés… je serais incapable d'en déchiffrer plus.

Jugeant que l'écriture ne me serait plus d'aucune utilité, je l'efface du plat de ma main puis je l'essuie contre ma combinaison. Je n'ai définitivement plus rien à faire ici. Je vais… je vais marcher un peu… Oui. Je réfléchirai en chemin. Ça sera parfait comme ça. Je retourne à l'extérieure. La journée est déjà bien entamée. J'ai beaucoup trop traîné, je suis à découvert. Au petit trot, j'enjambe le ruisseau avant de m'enfoncer dans la forêt. J'essaie de me déplacer rapidement tout en faisant le moins de bruit possible. Je n'ai aucune idée de ma destination. Ce mystérieux message m'empêche de penser à autre chose. Je n'arrive qu'à rester focaliser sur la disparition mystérieuse de mon meilleur ami. Et… j'ai le sentiment de ne pas parvenir à mettre le doigt sur LA chose qui a fait qu'il devait partir. Tout est contradictoire. Certains indices me laissent croire qu'il voulait me laisser tomber. Par choix. Par décision. Par envie. Simplement me laisser comme une vieille chaussette. Au profit de la stratégie. Au profit de la victoire. Gagner. Après tout, il est le génie du Vol, son esprit de compétition s'explique. Au point de me laisser tomber ? Je ne parviens pas à m'y faire. La Terreur me répète que, si, il m'a laissé tomber. Maintenant, je dois me relever. Le chasser. Le traquer. Lui faire mordre la poussière. Lui faire regretter son geste. Oui, elle semble trépigner d'impatience à l'idée de le voir gisant à terre et implorant mon pardon. Je sers les poings.

Je ne suis pas la Terreur. Elle s’immisce dans mon esprit pour y induire toutes ces images qui ne ressemblent pas à la personne qu'est mon meilleur ami. Non. Définitivement, je refuse d'y croire même si tout les indices portent dans ce sens. « Fais moi confiance. » J'essaie. Je promets que j'essaie… pourtant… pourtant… c'est dur putain ! Tu aurais pu me laisser plus d'indices ! C'est pas cool de ta part ! Je m'arrête quelques instants pour reprendre mon souffle et boire un coup. Un craquement de brindille me fait sursauter. Je fais volte-face. Des bruits de pas se rapprochent. Je reste tétanisé alors que mes Pokémon sont déjà partis se réfugier derrière un tronc non loin.

Aaron ! Bouge ! Mon corps se décide enfin à répondre et d'un mouvement souple je grimpe sur la branche la plus proche. C'est un arbre dénué de feuille jusqu'à sa cime. Je ferme les yeux, priant pour qu'ils ne me repèrent pas. Le dernier duo en lisse se dévoile juste sous mes yeux. Un garçon et une fille marchent en silence se donnant des ordres par quelques signes spécifiques. La peur me tord le ventre.

Pourtant… ils semblent s'éloigner. Jusqu'au moment où un objet s'échappe de mon sac pour s'écraser sous le nez de la fille. Je plaque une main sur ma bouche pour m'éviter de crier tout en me maudissant d'avoir mal fermé ce putain de sac ! La suite est très rapide. Ils lèvent leur deux paire d'yeux vers moi et se mettent à sourire. Moi, je me mets à grimper le plus haut possible dans l'arbre pour tenter de me protéger, en vain. Une attaque Psy me ramène en douceur au sol. La sueur colle mes cheveux contre mon front.

« _ Ahah… eh bien Jorys, voilà celui que nous cherchions. »


Comment ça… ils me cherchaient … ?

« _ Oui… Cleia, nous n'allons en faire qu'une bouchée. Où as-tu fourré tes Pokémon ? »


Pitié. Genesy. Reste planqué. Rien ne bouge autour de mon et cela a tendance à énervé le mec en face de moi. Il me projette au sol et la fille se penche sur mon corps frêle.

« _ Alors comme ça… c'est ce machin qui a éliminé Heather ? C'est improbable quand même…
_ Ouaip' ! Mais c'est forcément lui comme son petit copain a rejoint Bruno. »

Je tente de garder un masque impassible mais c'est un combat intérieur qui s'est engagé. Alban… Alban… Alban a décidé de partir de son plein gré ? Tout ça pour partir avec quelqu'un de plus intéressant ? Alors que la fille me lâche et que le mec s'approche à nouveau de moi. Une peur mélangée à une rage folle s'emparent de moi. Je lui fout un coup de boule avant de me mettre à courir à toute allure. Malheureusement, je suis vite rattrapé par le Pokémon Psy qui me plaque à nouveau au sol. Elle se rapproche de moi, un sourire mauvais aux lèvres.

« _ Bon… tu as l'air de vouloir me faciliter la tâche. Veyrat élimine les deux traînards là-bas. »

Et là, sous mes yeux le Cerfrousse de la petite teigne élimine les deux restants de son pauvre complice et déclenche aussitôt sa fusée de détresse alors qu'il se remet difficilement de mon coup de tête. Je sais que je suis le prochain. Elle s'approche de moi et m'en sert de ses jambes pour empêcher ma fuite.

« _ C'est donc toi qui a réussis à battre Heather ? »

Je hoche vivement la tête, mort de peur. Je pense furtivement à la Terreur. Je sens les larmes piquer mes yeux. Je me mords la langue pour garder l'esprit clair. Je vois un sourire malsain s'étendre sur ses lèvres. Tout le monde devient fou dans cette arène ou quoi ? Elle se lève, me laissant le champ libre, mais je n'ai pas la force de bouger. Elle continue en me tournant le dos.

« _ C'est donc toi que je veux affronter en finale. On se retrouve bientôt petit. »

Sur ces mots, elle s'enfuit en courant dans la direction opposée à mon emplacement. Je pousse un long soupir, laissant ma tête aller en arrière. Je ferme un instant les yeux. Je suis encore en vie. Je cherche instantanément la présence de mes deux derniers Pokémon. Genesy et Frey s'approchent doucement de moi. Je me sens à nouveau rassuré, en sécurité. Elle a décidé de me laisser sauf. Parce que j'ai éliminé Heather. Parce qu'elle veut m'affronter. Je frisonne à cette pensée. Connait-elle Heather ? Est-il possible que… qu'elle cherche à prouver sa supériorité par rapport à elle ?!

Voilà que je me fais à nouveau des histoires… je dois filer. Mais surtout, je dois retrouver Alban. Je ne sais pas ce qu'il prépare. Je ne sais pas pourquoi il a préféré partir avec l'autre que rester avec moi. Je ne sais même pas comment c'est possible au vu de son état. Mais les faits sont là. Cette fille cherche à les éliminer puis à m'affronter en dernier. Et elle compte bien gagner, c'est certain. Si Alban a vraiment fait alliance avec Bruno, les voilà tout les deux en danger. Je dois les prévenir. Mais… cette fille a l'air bien plus au courant que moi… elle va forcément les trouver avant même que je ne retrouve leur piste. Tant pis ! Je dois essayer ! Mon meilleur ami est en danger ! Merde !

Je bondis sur mes pieds. J'indique vivement à mon équipe de me suivre et je me lance à la poursuite de la fille. Si elle sait où ils se trouvent, je l'arrêterai avant même qu'elle puisse ne leur faire du mal. Alban m'a indiqué de lui faire confiance, j'espère qu'il a confiance en moi en retour. J'espère… j'espère que sa nouvelle alliance est bidon. Je ne peux pas croire l'inverse. On se connaît depuis plus de six mois ! La Terreur résonne en mon cœur, je ne suis pas à son niveau. Il avait juste envie de mettre toutes les chances de son côté pour la victoire…

Je suis bientôt à cours de souffle. Mais je n'ai pas le droit de m'arrêter. Alors je bois un coup avant de me remettre en route. La faim commence à me taillader l'estomac. Je ne dois pas y penser. Non, c'est une trop bonne excuse pour la Terreur pour reprendre le contrôle de mon corps. Je dois rester focalisé sur Alban. Seulement lui. J'ai l'impression, pour une fois, d'avoir toutes les clés en main alors qu'il en est démunit. C'est pour une fois à moi de voler à sa rescousse, d'échafauder un plan pour le sauver. Allez Aaron ! Tu peux y arriver ! Je me motive comme ça jusqu'à se que mes jambes ne parviennent plus à me porter. Le soleil est déjà en train de tomber à l'horizon. Une nouvelle journée touche à sa fin. Une journée où je n'ai rien avalé. La sensation d'un vide au creux de mon ventre me donne juste envie de vomir. A bout de souffle, je m'arrête contre un arbre. Toute l'eau engloutie resurgit de mes tripes. Je m'assois contre le tronc, abattu.

Je ne sais même pas si j'ai suivis la bonne piste. Peut-être qu'elle les a déjà atteints. Tout est peut-être déjà trop tard. J'ai l'impression d'avoir à nouveau échoué. Même les regards entraînant de mes deux compagnons ne parviennent pas à me remonter le moral. Mon ventre gargouille bruyamment. Si je n'avale rien, je vais m’effondrer dans peu de temps. Mais je ne suis pas en état d'aller cherche quoi que se soit. Je n'ai vu aucune baie sur la route. Les sponsors restent muets. Je vais être obligé d'abandonner ? Non ! Je ne peux pas ! Alban est en danger ! Je n'ai pas le droit… non… jamais. Pitié… laissez-moi continuer… je dois continuer…

J'essaie tant bien que mal de remonter sur mes appuis. C'est peine perdu. Mes jambes tremblent tellement que je fais quelques pas maladroits avant de retrouver le sol mousseux. J'ai envie de pleurer. Mais mon corps est tellement sec qu'aucune larmes ne sort. Pour tenter de faire passer la faim, j'avale le reste de ma bouteille d'eau et je demande aussitôt à Frey de la remplir à nouveau. Cela m’apaise quelques instants mais j'ai toujours faim. Terriblement faim. Je m'adosse contre le buisson tout proche et je ferme les yeux, imaginant l'un des repas fameux qu'on faisait en famille. Ummh… une bonne viande sanguinolente. Avec sa petite sauce… tout cela me met l'eau à la bouche. J'essaie de diriger mes pensées vers un autre sujet. Mais mon cerveau reste définitivement bloqué sur la notion de nourriture. D'abord les sucreries de Drake, puis les smoothies partagés avec Léo et, enfin, la délicieuse glace au goût Lansat offerte par Alban. C'est cette pensée qui me force à rouvrir les yeux. Alban ! Je dois définitivement y aller.

Mais mon corps ne répond plus. Il a décidé de passer en off. Il n'a plus de force, il ne fait plus aucun effort. Mon esprit se remet à divaguer. J'ai l'impression de perdre la boule. Non, je perds vraiment la boule. C'est l’écho mystérieux de la Terreur qui me sort de ma léthargie. La Pokéball ? Invy ? Quoi ? Le message d'Alban ? Hein ?

Tout me revient d'un coup. J'humecte mes lèvres sèches en me remémorant la fin du message de mon meilleur ami. La Pokéball. Invy. Bien sûr ! Je sors vivement le réceptacle de mon sac. Je l'inspecte pendant quelques instants. Retrouver un Invy K.O me retourne l'estomac. Mais il n'y a plus rien dedans. Je risque de crever là si je ne fais rien. Je dois prendre une décision. Abandonner ou… survivre. Le choix est vite fait. J'appuie doucement sur le petit bouton. Une lumière rougeâtre apparaît devant moi, délaissant le corps inerte de mon Starter à mes pieds. On dirait qu'il dort. Cela me fait sourire, il dort tout le temps.

Mais non, il est bien hors-service. Il faut que je sorte de cette arène si je veux le retrouver. Mais avant cela, manger. Le baluchon est solidement arrimé à son dos. Je le détache avec précipitation avant de me jeter sur la nourriture. Je m'attache à bien mâcher et à avaler le plus doucement possible. La chaire pourtant dure et salée me fait un bien fou. J'ai l'impression de me sentir revivre. Mon cœur tambourine toujours contre ma poitrine. Alban. Oui, je sais. Je ne l'ai pas oublié. Si je tombe de fatigue ou de faim avant de le retrouver, tout cela aura été vain. Autant que je prenne un peu plus de temps pour moi. J'en profite pour partager mon dîner avec Frey et Genesy qui se faisaient plus discrets depuis ma rencontre avec l'autre folle. Je finis par ranger ma réserve de nourriture avec Invy et à remonter sur mes pieds. Je bois un nouveau coup et je me remets en route.

Mon idée est toujours fixe. Malheureusement, j'ai la douloureuse impression que mes recherches sont vaines. Ou du moins, de chercher une aiguille dans une botte de foin. Je ne veux pas perdre espoir. Les traces du passage précipité de notre adversaire sont encore relativement fraîches. Je dois être capable de les suivre encore un petit moment…

Concentré sur les traces je ne vois pas le temps passer. Ni la lumière décliner largement à l'horizon. Je suis bientôt obligé de suivre mon instinct plus que ma vue. C'est même mon Galegon qui finit par prendre la tête pour être sûr de ne pas se perdre, ni perdre notre proie qui nous mène tout droit vers Alban et ce fameux Bruno. Les traces finissent par paraître de plus en plus récentes. Elle a forcément dû ralentir, surtout si elle n'a pas pris le temps de manger. C'est ma chance. J'accélère le pas pour me mettre à trottiner. Je sens que je touche à mon but.

Je sais que mon voyage touche à son but lorsque les traces de pas se mettent à piétiner presque sur place. Je fais signe à mon équipe de ralentir, je régule ma respiration et je marche en m'accroupissant. Je finis par perdre sa piste au détour d'un tronc. Elle doit s'être mise à l'abri, impossible de réellement savoir où. A-t-elle fait une pause ? Ou bien Alban et son compère se cachent-ils par là ? Je décide de grimper à l'un des hauts sapins environnant pour avoir une vue d'ensemble. J'indique et Frey et Genesy de ne pas bouger et je me mets à escalader. J'ai l'impression d'être rouillé. La fatigue accumulée à tout le reste commence à se faire dangereusement sentir. Pourtant, c'est sans grande difficulté que je parviens à la première branche. Puis aux suivantes. Je dois être à une dizaine de mètres du sol lorsque je la repère enfin. Elle est planquée dans un buisson. Accompagnée de ses trois Pokémon. Un Cerfrousse. Un Lippoutou et… un Elektek ?

Je la vois fixer un point alors que les restes du jour sont en train de tomber. J'essaie de suivre son regard et, en effet, j’aperçois un renfoncement dans la terre. Ils doivent être cachés là. La fille se tourne vers ses Pokémon. Elle doit établir une stratégie. Ma chance est là. Je ne dois pas la laisser filer. En quelques bonds agiles je retrouve la terre ferme. J'hésite entre la précipitation et la discrétion. Tout se bouscule dans ma tête et je me mets à courir vers l'amas de terre en criant :

« _ Alban ! ALBAAAAN ! SAUVE-TOI ! VITE ! FUIS ! »


Au même moment la grande brune sort du buisson, sur Cerfrousse sur ses talons. Son Pokémon Electrick s'apprête à lancer une attaque paralysante. Je plonge sur le côté et je mords la poussière. Après quelques roulés boulés une grande agitation naît autour de moi. Est-ce Alban ? Est-ce Bruno ? Peut-être est-ce seulement cette fille qui s'est plantée dans ses calculs ? Il n'y a peut-être absolument personne ici. Je gémis.

« _ Al… Alban ? »

Aaron S. Mightley
Alban Abernaty
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3557-alban-abernaty-le-ciel-se-nourrit-d-ailes
https://pokemoncommunity.forumactif.org/t3559-alban-abernaty-voltali
Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
70
20638
2487
pokemon
Hoenn
17 ans
70
20638
2487
Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
Le soleil montait toujours plus haut dans le ciel et, pourtant, la parcelle de forêt qu’ils traversaient semblait de plus en plus sombre. Alban sentait des gouttes de transpiration lui ruisseler le long de la nuque. Son genou tiraillait comme s’il était sur le point de lâcher et pourtant, le châtain ne demandait aucune pause. Il ne se sentait pas en sécurité, avec Bruno. Il fallait qu’ils continuent d’avancer jusqu’à trouver un coin qui lui paraîtrait moins inquiétant. Il était nerveux, Alban ; incroyablement. Même les anneaux lumineux d’Auster ou la présence de ses deux oiseaux au-dessus de sa tête ne parvenaient pas à le rassurer. Bruno n’était pas Aaron. Ce n’était pas un ami en qui il pouvait avoir confiance. Chacun des deux participants le savait ; dès la première occasion, ils finiraient par se tomber dessus. Et pourtant, ils semblaient avoir passé un accord tacite ; s’allier au moins jusqu’à ce qu’ils puissent éliminer l’autre duo. Car elle était bien là, la menace dans l’immédiat. Mais au fond, Alban ne savait pas comment s’y prendre. Il était mauvais combattant, de ça il était sûr. En supposant qu’il puisse venir à bout de l’autre duo grâce à l’aide de Bruno, comment se débarrasser de ce dernier ensuite ? En aurait-il l’occasion ? Il savait que dès le duo éliminé, son coéquipier éphémère allait se retourner contre lui. Le premier à agir serait le gagnant. Pouvait-il vraiment y arriver ? Si Auster, Zéphyr ou Mistral étaient blessés dans la bataille finale, aurait-il la vivacité nécessaire pour éliminer l’autre ? Il y avait aussi Aaron à prendre en compte dans l’équation… Il avait confiance en son meilleur ami ; il savait qu’Aaron n’allait pas abandonner et allait poursuivre. Le mieux serait donc d’au moins éliminer le duo, et de faire un match nul contre Bruno ensuite. Ou alors, de le mettre dans un état assez misérable pour qu’Aaron puisse gagner… Mais c’était un pari risqué. Et si le Phyllali se faisait éliminer entre temps par l’autre duo ? Alban devait-il alors se retourner contre Bruno lors de l’affrontement final et profiter de l’effet de surprise pour abattre les deux autres ? C’était ridicule. Il n’aurait pas les capacités pour vaincre trois adversaires en même temps… A moins que…

Il coula discrètement un œil vers Mistral qui voletait au-dessus de sa tête. Depuis qu’il avait rejoint Bruno, ses Pokémon se faisaient étrangement silencieux. S’ils étaient tendus au début de l’émission, à présent, le stress atteignait son paroxysme. Ils vouaient une confiance aveugle envers Alban. Même s’ils ne comprenaient pas son choix d’abandonner Aaron, ils se doutaient bien qu’il devait avoir un plan derrière la tête. L’enjeu pour eux, à présent, était donc d’être prêt à parer toutes les éventualités. Prêts à réagir au moindre signal. Mais avait-il réellement un plan ? Plusieurs idées s’entrechoquaient dans son esprit, et il n’arrivait pas à saisir la bonne. Il y avait des chemins dangereux et risqués. D’autres plus sûrs mais qui ne donneraient que de maigres résultats. Allait-il prendre des risques, ou resterait-il le prudent Alban ? A ce stade de l’émission, il n’avait plus vraiment le choix…

- Tu peux me passer un peu d’eau ?

La voix le fit sursauter et il releva la tête vers un Bruno fatigué. Il esquissa immédiatement son sourire factice. Il savait que ce dernier ne trompait personne, mais au moins donnait-il l’illusion que la situation n’avait pas changé d’un pouce. Alors que pourtant… il plaçait ses pions petit à petit.

- Bien sûr. Donne-moi ta gourde. On fait une pause ? Je suis crevé…

Bruno acquiesça et lui jeta sa gourde. Alban l’attrapa habilement puis, l’ouvrant d’un coup sec, demanda à Zéphyr de la remplir. Il la renvoya ensuite à son partenaire qui l’engloutit d’une traite, comme s’il n’avait rien bu depuis des jours. S’asseyant sur un rocher, Alban ouvrit son sac à dos et tomba sur les vivres qu’il avait pris à Aaron. Il se sentait mal d’avoir fait cela, mais puisque techniquement il avait laissé sa nourriture dans la Pokéball d’Invy… Les choses revenaient au même, n’est-ce pas ? D’autant plus qu’Alban avait bien mieux rationné sa nourriture que le rouquin… Avec une moue triste, il contempla le dernier morceau de viande séchée du Phyllali, ainsi que le biscuit et la pomme.

- J’ai plus grand-chose à manger. Tu veux bien me passer un truc ? lui demanda Bruno.

Alban grinça intérieurement des dents, mais il s’exécuta bien vite. Il envoya la pomme à son coéquipier, qui mordit dedans avec avidité avant d’aller partager son bien avec ses Pokémon. Alban fouilla dans les recoins de son sac pour essayer de trouver autre chose, quand son petit doigt tapa sur la seringue encore enveloppée qu’il avait reçue comme second Baudrive de sponsor. Pris d’une idée, il la glissa discrètement dans sa manche et s’assura qu’elle était bien placée et cachée avant de retirer ses mains de son sac. Puis, il grignota un morceau de viande séchée et distribua le biscuit à Auster, Mistral et Zéphyr. Bien… A présent, il ne leur restait plus rien. S’ils voulaient survivre encore une journée, il leur faudrait chasser ou trouver un sac à dos. Hm… Quelque part, Alban sentait que ce serait peut-être la dernière qu’il vivrait dans cette émission…

- Je n’ai plus rien comme rations, il ne nous restait pas grand-chose… On devrait peut-être se mettre en quête d’un sac à dos, non ? Si on tombe sur les deux autres, ce sera pas la joie… On devrait au moins s’assurer deux repas au cas où, sinon ils vont nous avoir à l’usure. Mon Noctali peut pister de la nourriture, je suppose qu’on pourra trouver facilement un sac, comme ça. Qu’en penses-tu ?

Bruno fit mine de réfléchir, puis un sourire éclaira son visage.

- Ouais… ouais je crois ! T’es le cerveau du groupe après tout. Bonne idée. Ne trainons pas !

Alban se releva et échangea un regard avec Zéphyr. Le cerveau du groupe… Lui… Quant à Bruno, il était doué pour les filatures, pouvait élaborer des plans, mais avait besoin de lui… Pourquoi ? Il était discret, il pourrait très bien suivre les deux autres et leur envoyer un dard venin chacun avant de s’enfuir encore, n’est-ce pas ? Il y avait quelque chose d’illogique là-dedans… Si c’était pour l’eau, Alban comprenait. Mais il n’y avait pas que ça… Il aurait très bien pu l’obliger à remplir sa gourde et repartir. Il manquait une donnée… Qu’avait-il dit déjà ? Un Rhinocorne, un Dardargnan et… un Mimitoss. Le Mimitoss. Il connaissait probablement des attaques de type Psy qui pouvaient neutraliser la Téléport du Papillusion de Bruno. Si Bruno les attaquait, il se ferait tomber dessus par les autres Pokémon du duo et… Il ne s’en sortirait pas. Il s’était alors mis avec Heather, avant de devoir se tourner vers Alban. Le châtain réfléchit encore plus. Qu’avait-il appris du caractère de Bruno ? Il semblait dire amen à tout ce qu’il disait, du moment que c’était dans l’intérêt du groupe. Ce n’était pas un meneur comme Heather… C’était simplement… un suiveur. Qui avait eu un plan intelligent à un moment, uniquement dans le but de s’en sortir. Il n’était pas aussi futé qu’Alban aurait pu le penser. Son équipe était taillée pour le rôle de soutien. Il faisait des filatures. Mais ses filatures avaient une limite. S’il ne pouvait pas lancer son attaque, il était coincé. S’il ne pouvait pas s’enfuir, il était coincé. Il était spécialisé dans le Hit and Run. Mais s’il ne pouvait mener que la partie Hit, ce serait compliqué. Dans ce cas, il avait besoin d’un soutien… Mais rien qu’à voir les Pokémon d’Alban, on pouvait aisément deviner qu’ils n’étaient pas particulièrement puissants. Le seul intérêt était… les stratégies qu’Alban pouvait mettre en place pour se dépêtrer d’une mauvaise situation. En clair, son analyse et sa réflexion rapide.

Il se pencha vers Auster pour lui demander de flairer une piste. Réfléchissait-il trop, ou était-il sur la bonne voie ? Comprendre comment Bruno fonctionnait l’aiderait certainement à échafauder un plan visant à le doubler. Et à éliminer les deux autres dans la foulée. Il fallait qu’il soit le plus malin. Qu’il puisse tisser sa toile avec patience et minutie, comme une araignée le ferait. Réfléchis Alban…

Plus il s’avançait dans cette forêt, et plus les zones dangereuses se remarquaient. Zéphyr en hauteur les avertissait des pièges naturels qu’il pouvait détecter grâce à son Regard Vif. Des pièges, hm…

- Eh Bruno. Tu ne veux pas qu’on place des pièges sur ce chemin ? Comme ça si on essaye de nous suivre, on le saura rapidement.
- Hm… Quel genre de pièges ?

Alban lui montra plusieurs zones du bout du doigt, ainsi que quelques buissons.

- Creusons des trous là, là et là. Je pense que ton Florizarre pourra les camoufler rapidement avec ses Tranch’herbe. Il y aussi des points stratégiques où placer les Sécrétions de ton Papillusion. Les fils sont incroyablement fins tu m’as dit, non ? On peut les poser à certains endroits et si une personne marche dessus ou les touche par inadvertance, les vibrations vont faire bouger ton Pokémon et on saura immédiatement que quelqu’un est dans les parages.
- Je vois… C’est malin, effectivement. On va faire comme tu dis, alors. Où ça déjà ?

Alban eut un sourire et montra une nouvelle fois les différents points. Puis, après un court briefing, ils se mirent au travail pour placer les pièges. Chacun de son côté travaillait de concert pour monter leurs filets, creuser leurs trous, déposer les Sécrétions. Pendant que Bruno avait le dos tourné, Alban s’approcha d’une jolie plante carnivore et s’amusa à lui donner des insectes morts qui gisaient autour, sans doute victimes d’un fléau étrange. Puis, il posa le dernier fil de Sécrétion et se releva, satisfait.

- Bien. Maintenant on peut y retourner.

Ils reprirent leur route et marchèrent encore un bon quart d’heure avant qu’Auster ne déniche le sac à dos. Ils se jetèrent dessus presqu’immédiatement et trouvèrent des vivres qui allaient leur permettre de tenir jusqu’au lendemain. Ils se partagèrent équitablement les rations, et Alban donna une nouvelle fois de l’eau à Bruno. Puis, ils décidèrent de chercher un autre sac à dos avant que la nuit tombe. Le Papillusion de Bruno s’agitait de temps en temps lorsqu’il sentait un fil bouger, mais les faibles perturbations lui indiquaient qu’il s’agissait simplement du vent. Rien de trop inquiétant en tout cas, jusqu’à ce que…

Alban releva la tête et regarda autour de lui, inquiet. Il fit signe à Bruno de s’arrêter et mit un index sur sa bouche pour lui dire de ne pas faire de bruit.

- On est suivis, dit-il à voix basse.

Bruno le regarda, incroyablement tendu. Sa main se positionna aussitôt sur la Pokéball de son Florizarre. Sur son épaule, son Papillusion couina faiblement pour affirmer les propos d‘Alban. Ils s’accroupirent, tous les sens en alerte. Auster flaira autour de lui et jeta un regard à son dresseur. Mistral et Zéphyr vinrent se poser sur ses épaules et piaillèrent de panique. Alban se plaça derrière Bruno, dos contre dos.

- Tu penses que c’est eux ? demanda-t-il dans un murmure.

Alban haussa les épaules.

- Aucune idée, mais reste sur tes gardes…

Puis, vif comme l’éclair, il fit glisser la seringue de sa manche et la planta dans l’avant-bras de Bruno. D’un coup sec, il appuya et parvint à injecter les trois quarts de son contenu.

- Auster, Psyko !

Son Noctali se nimba aussitôt d’une aura violette et propulsa Bruno en arrière. Dans l’agitation, ce dernier lâcha sa Pokéball, et Mistral la réceptionna en douceur entre ses ailes cotonneuses pour éviter qu’elle ne tombe et s’ouvre. Le Papillusion regarda son maître sans savoir quoi faire mais déjà, Zéphyr lui assénait une attaque Cru Aile qui l’envoya dans un buisson. Alban se releva et vit que son adversaire avait du mal à se mouvoir. Probablement paralysé par la dose de poison injectée.

- Qu… Qu’est-ce que tu fous… cracha Bruno entre ses dents, incapable de se lever.
- Désolé, c’est la seule solution que j’ai trouvée pour gagner, lui répondit-il calmement en récupérant le sac à dos du garçon et en cherchant la fusée de détresse. Tu m’aurais trahi à un moment ou à un autre. Désolé mon pote, je n’allais pas attendre que tu me poignardes dans le dos au moment où j’aurai été le plus faible.
- Mais Cleia et… l’autre…
- T’en fais pas pour moi, je ne t’ai pas fait placer les pièges pour rien. Les pions sont déjà tous placés dans ma tête. Oh et d’ailleurs, tout est déjà préparé depuis longtemps.
- Mais mon Papillusion… Les autres sont à nos trousses… Tu ne vas pas t’en sortir si facilement.

Alban soupira et acheva de vider le sac de son adversaire. Puis il rangea la Pokéball du Florizarre à l’intérieur, rappela le Papillusion et déposa le sac assez loin de Bruno pour qu’il ne puisse pas le récupérer.

- Il n’y a personne à nos trousses. Sinon, mon Noctali aurait grogné et dressé ses oreilles. Ce n’était qu’un piège de ma part. Tu te souviens de l’endroit où on a placé les Sécrétions ? Il y avait des plantes carnivores qui ressemblaient à des dionées. Elles possèdent une sorte de mâchoire avec des poils sensitifs qui commandent l’acte de refermer les mâchoires de la plante si un insecte se pose dessus. En général, si l’insecte vivant se pose dans sa gueule, la plante se referme et peut rester fermée le temps que durera la décomposition et la digestion. Néanmoins, si l’insecte est déjà mort, la plante finit par se rouvrir d’elle-même au bout d’une vingtaine de minutes. Il m’a donc suffit de lui donner des insectes morts qu'il y avait autour puis d’apposer un fil sur la plante qui s’est ouverte naturellement et a induit ton Papillusion en erreur, croyant que le fil bougeait parce que quelqu’un passait à côté.

Il sortit la fusée de détresse de Bruno et sa boîte d’allumettes.

- Enfin bon, je sais pas pourquoi je t’explique ça vu que t’es fichu.

Bruno s’agita sur place, la bave aux lèvres, le regard un peu fou. Il tendit le bras vers son sac à dos mais ce dernier était trop loin. Alban soupira et écarta encore plus le sac de son adversaire.

- N… fais pas ça… Tu… on peut s’arranger… c’était contre les règles de m’injecter ce truc et…

Alban enflamma l’allumette d’un coup sec et mis feu à la mèche. Puis, avec un haussement d’épaules, il adressa un sourire mesquin à Bruno.

- Écris donc aux Nations Unies.

Puis la fusée s’échappa et Alban disparut derrière deux arbres, ses Pokémon sur ses traces.

Un participant de moins… Ce qui indiquait que si les informations données par Bruno étaient bonnes, il ne restait plus que la fille qui s’appelait Cleia et son partenaire au Rhinocorne. Et, avec un peu de chance, Aaron… Deux contre deux, hein ? Encore fallait-il qu’il puisse retrouver son meilleur ami… Avait-il le temps pour cela ? Non, probablement pas. Il était dans un environnement bordé de pièges, et il fallait qu’il prenne les deux autres de revers pour les éliminer d’un seul coup. Il n’avait pas le temps. Avant que la nuit ne tombe totalement, il fallait qu’il ait éliminé les deux autres. Sinon, la fatigue finirait par le gagner. Il avait passé une mauvaise nuit et avait à peine dormi, même si l’antidote lui avait donné un boost non négligeable. Il n’allait pas tarder à s’écrouler si ça continuait comme ça…

Allez hop, donne toi des claques, Alban. Le châtain se tourna vers ses Pokémon, et leur fit signe de s’arrêter. Accroupis au sol, il leur expliqua la stratégie en dessinant sur la terre meuble avec son index. Ce simple geste lui imposa l’image d’Aaron à l’esprit… Merde. Ce n’était pas le moment de faire le sentimental. Les caméras ne pouvaient pas lire dans ses pensées, alors à quoi bon se torturer l’esprit ? Leur numéro de bromance s’était achevé dès lors qu’Alban était parti. Ce n’était plus la peine d’espérer décrocher des points en jouant la jeune fille en fleur. Alors pourquoi se sentait-il si fébrile ? Ses mains tremblaient et il avait du mal à se concentrer. On aurait dit qu’il avait abusé de café et qu’il faisait une véritable crise d’excès. Auster le regarda un moment puis lui donna une tape dans le coude du bout du museau, l’air de lui dire « eh, oh, tu es allé si loin. C’est pas le moment de craquer mon gars. » Et il avait raison… Mistral, Zéphyr et Auster l’avaient toujours soutenu depuis le début. Malgré ses décisions pas toujours judicieuses, ils avaient suivi ses traces sans jamais broncher ni opposer de résistance. Il fallait qu’il honore leur confiance. Bien.

- Il reste deux candidats à éliminer. Il ne faut pas oublier qu’Aaron pourrait se pointer d’un moment à un autre, risquant de faire cafouiller tout le plan. Mais on n’a pas le choix, on ne peut pas se permettre d’aller le chercher maintenant alors que la nuit tombe… Les pièges posés sont à ces endroits précis.

Il traça des croix du bout de l’index, et ses Pokémon hochèrent la tête. Alban savait qu’il n’y avait pas de soucis là-dessus. Habitués à retenir l’emplacement des obstacles lors de leurs entraînements, ses Pokémon avaient naturellement imprimé dans leur esprit la photographie des lieux. Les pièges posés, comment les déclencher… Ils étaient parés. Mais maintenant, comment faire en sorte que le plan fonctionne ?

Alban se posa contre un arbre et réfléchit. Il avisa alors une sorte de mini grotte de terre cachée par des feuilles qu’il n’avait jamais remarquée avant. Intrigué, il s’en approcha. Puis, une nouvelle idée germa dans son esprit et il eut un sourire.
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La nuit commençait progressivement à tomber. Cleia, tapie dans l’ombre des arbres, suivait les traces de Bruno et Alban grâce au flair de son Cerfrousse. Elle avait sûrement conscience du fait que l’autre rouquin était en train de la suivre, mais elle ne s’en inquiétait pas ; il était trop loin et trop inoffensif pour représenter une réelle menace. Quoique, il avait éliminé Heather… Mais elle n’était pas aussi faible que Heather. Serrant ses doigts autour de la fourrure de son Cerfrousse, elle fit quelques gestes à ses Pokémon, jusqu’à entrapercevoir un sorte de feuillage au loin. Son Cerfrousse fit frémir sa truffe, signe qui indiquait qu’il sentait par là-bas de forts effluves de proie. Alban et Bruno étaient-ils cachés là-bas ? Elle réfléchit un instant et sonda rapidement les environs d’un coup d’œil rapide. De la forêt, des buissons pour se cacher, et un ruisseau pour s’approvisionner en eau… Hm… le coin idéal pour établir un camp pour la nuit… La présence de son abruti d’ex coéquipier aurait été bien utile ; il aurait foncé dans le tas avec son Rhinocorne et elle ne se serait pas embarrassée de prendre ses précautions. Néanmoins, il avait été plus judicieux de l’éliminer maintenant plutôt que d’attendre… S’ils avaient trouvé Aaron après, ce qu’elle avait secrètement souhaité, elle aurait pu le poignarder dans le dos après s’être débarrassé d’Alban et Bruno. Mais puisqu’ils étaient tombés sur le roux… Bruno et Alban auraient été leurs derniers ennemis, et elle ne se sentait pas d’humeur à livrer un combat à un contre un contre une personne aussi forte… Le petit roux ferait l’affaire. D’autant plus que c’était lui qui avait éliminé sa sœur… Il fallait qu’elle assure le spectacle, après tout.

Un sourire mutin en coin, elle sortit tous ses Pokémon et leur fit le point sur la situation. Elle n’avait même pas besoin de parler puisque son Lippoutou assurait la communication psychique. D’après son Cerfrousse, Alban se trouvait dans cette espèce de cachette. Vu le peu de mouvement qu’ils parvenaient à détecter, il était sûrement endormi… Pas de chance pour lui, ses Pokémon avaient un excellent flair. Quant à Bruno ? Son odeur n’était pas dans les parages. S’étaient-ils séparés ? Ou était-ce un piège ? Cleia renifla. Non… Si Bruno avait été dans le coin, son sixième sens se serait affolé. Ils s’étaient sûrement disputés, à moins qu’Alban ait éliminé l’autre. Mais elle n’avait pas vu de fusée de détresse depuis qu’elle les filait. Hm… Problème compliqué. Passant sa main sur le buisson, elle vit un fil de Sécrétion attaché à une feuille. Un piège ? Elle observa le fil blanc nacré, et vit qu’il avait trop peu de pression pour être relié à quelque chose. Le suivant en rampant, elle tira doucement dessus et ne rencontra que du vide. Bon… Vu qu’elle savait que Bruno avait un Papillusion, c’était sûrement à lui. Si ce fil était cassé… Il y avait de fortes chances qu’il soit en difficulté. A moins qu’il ne soit déjà plus dans la course. Ou alors, que le piège ne se soit déjà déclenché et… Argh, elle réfléchissait beaucoup trop. Se donnant des tapes sur les joues, elle décida de mener un premier assaut sur Alban. Au moins pourrait-elle l’interroger. Faisant un signe à son Elektek, elle sortit de son buisson au moment où Aaron déboulait pour avertir son pote en criant. Merde !

Elle demanda à son Lippoutou de s’occuper du roux, et son Type Psy déclencha ses pouvoirs pour envoyer valdinguer violemment Aaron contre un arbre. Puis, le faisant balader d’un côté à l’autre, il s’assura que ce dernier passe un assez mauvais quart d’heure pour ne plus avoir envie de se relever et de faire planter ses plans. Dans le même temps, elle envoya une Cage Eclair vers la grotte pour essayer de paralyser Alban, mais un écran de terre tomba pile à l’entrée, parant l’attaque. Ksss. Evidemment, ses attaques Electriques étaient inefficaces dans ces conditions. Tant pis. Elle fit signe à son Cerfrousse qui chargea vers l’écran de terre pour l’exploser et aller percuter Alban dans le même temps. Sauf que, quand la monture brisa la paroi de terre pour aller percuter Alban, elle cabra en remarquant qu’il n’y avait personne… Juste les chaussures et une partie de la combinaison du châtain. Les bras, le bas des jambes… C’était de là que venait l’odeur ? Mais alors… C’était un piège ?

Le Cerfrousse eut la confirmation lorsqu’il sentit le sol s’effondrer sous son poids, et se retrouva ensevelit dans un énorme tunnel recouvert de lianes qui suintaient et collaient énormément. Il se débattit un moment en hennissant, mais ne parvint pas à en ressortir. De son côté, l’Elektek regarda autour de lui, prêt à frapper. Pourtant, il sentit la perturbation avant de la voir. Fermant un œil, il porta les mains à ses oreilles et essaya de trouver la source de ce tapage. Des Ultrasons ? Il vit une sorte d’oiseau qui volait au-dessus de lui, et tenta de lancer une attaque Tonnerre, mais un jet d’eau fusa sur sa droite et dévia l’arc de sa trajectoire. Hein ? Il recommença une seconde fois, mais le même phénomène se produisit. Il essaya de trouver la provenance de cette eau mais son esprit s’embrouillait. Cleia lui lançait des ordres mais il les entendait à peine. Il voyait juste vaguement un oiseau aux ailes dorées déclencher un arc d’eau dès qu’il essayait de lancer une attaque Electrique, pour que l’eau conduise l’électricité dans une autre direction. Plutôt malin…

Une Brume se leva et Cleia regarda autour d’elle, paniquée. Elle fit revenir son Lippoutou près d’elle. Bordel, que se passait-il ? Elle déclencha une attaque psychique mais celle-ci s’annula lorsqu’elle parvint au niveau d’un arbre en particulier. Puis, avec violence, une masse sombre la chargea et elle roula sur le côté.

Elle sentit une forte odeur de boue et d’humidité au-dessus de sa tête, et hurla en sentant des mains poisseuses se refermer autour de ses épaules et la plaquer au sol. Elle essaya d’appeler mentalement son Lippoutou mais ce dernier venait de se faire mordre sur les flancs et de se faire envoyer dans un buisson sans autre forme de ménagement. Elle fit rapidement le calcul. Son Elektek inefficace, son Cerfrousse piégé, et son Lippoutou neutralisé. Elle se débattit encore plus fort en hurlant.

Puis, elle sentit qu’on la faisait rouler sur le côté et son corps se souleva brusquement. Suspendue par une cheville, elle fit un bond de quelques mètres en criant avant de se stabiliser, rattachée à une branche d’arbre haute par une liane. En dessous d’elle, elle vit la masse sombre et boueuse se redresser et reprendre progressivement des allures humaines. Elle aurait juré voir un sourire aux dents blanches étincelantes.

- Capture réussie, annonça joyeusement Alban, en tendant les bras pour rattraper en douceur le sac à dos qu’elle avait fait tombé dans sa chute et que son Noctali faisait à présent léviter lentement jusqu’à ses bras.

Un bref coup d’œil aux alentours. Aaron complètement assommé quelque part où elle ne le voyait pas. Son Cerfrousse dans un trou. Son Lippoutou complètement hors service. Et son Elektek qui venait de tomber sous les coups combinés des Cru Ailes du Tylton et du Goélise chromatiques…

- Bordel, c’est quoi ce foutoir ! Qu’est-ce que t’as fait ?!! cria-t-elle à son agresseur.

Alban sourit de plus belle et enleva d’un revers de main la boue qui maculait son visage. Il avait coupé sa combinaison au niveau de ses épaules et ses genoux, ce qui lui donnait des allures de plongeur... avec les bras nus.

- Simple. J’ai incité Bruno à poser des pièges puis je me suis débarrassé de lui. Sachant que tu me retrouverais tôt ou tard, je suis revenu sur mes pas pour profiter de l’endroit truffé de traquenards. J’ai vu cette sorte de petite grotte et je me suis dit que ça ferait un piège parfait donc j’ai demandé à mon Noctali de creuser un trou qu’on a tapissé de lianes collantes, pour ensuite le reboucher avec de la terre. J’ai ensuite déchiré une partie de ma combinaison et mes chaussures imprégnées de mon odeur pour les laisser à l’intérieur de la grotte en leurre. Je suis parti me baigner dans le ruisseau et j’ai recouvert mon corps de boue pour masquer ma propre odeur. Puis je n’ai eu qu’à attendre que tu viennes attaquer et j’ai avisé en fonction. Auster peut déclencher des attaques à distance donc c’était facile de déclencher cet écran de terre grâce à Psyko. Je n’aurais pas pensé que tu avais un Pokémon Electrique mais ça m’arrangeait. Quand j’ai vu que ton Cerfroussa chargeait à l’intérieur, je savais qu’il n’y aurait plus que deux Pokémon à éliminer, en plus de toi. Donc j’ai envoyé mes oiseaux perturber ton Elektek. Tu sais que mon Goélise est particulièrement faible contre les Type Electriques ? J’ai pas mal bossé avec un camarade de mon dortoir, qui m’a conseillé d’utiliser cette technique d’arc d’eau pour dévier l’électricité. Ça ne marche pas tout le temps et c’est risqué, mais après une Ultrason les sens des Pokémon sont beaucoup plus ralentis. Bref, pendant que tu étais occupée, j’ai donc paré tes assauts psychiques grâce à mon Noctali ; son Type Ténèbres permet d’absorber et d’annuler les ondes, donc encore une fois j’ai eu de la chance. Puis j’ai profité de ta confusion pour t’attaquer furtivement, et te faire rouler jusqu’à ce piège que Bruno avait posé. C’est plus clair maintenant ?

- Enfoiré ! Fais-moi descendre que je te fasse manger tes dents !
- Ah zut, désolé, c’était une question rhétorique que tu me posais tout à l’heure ? J’ai tendance à expliquer un peu trop mes plans, ça va me desservir un jour mais bon…

Il eut un nouveau sourire, et Cleia lui lança un regard assassin. Puis, désignant d’un index rageur un point dans la forêt, elle cracha :

- Ton pote. Je l’ai bien amoché t’as pas vu ça ? Tu devrais aller le voir, il est peut-être complètement disloqué à l’heure qu’il est.

Le sang d’Alban se glaça. Effectivement, il avait vu et entendu Aaron mais… Il ne s’était pas écarté de son plan pour leur bien à tous les deux. Prenant sur lui, il sortit la fusée de détresse de Cleia et l’enflamma.

- Et alors, tu veux une médaille ? En tout cas, j’en connais une qui ne va pas tarder à être dégagée d’ici. Allez, bye, ce fut un réel plaisir de parler avec toi. N’hésite pas à m’envoyer un courrier de fan quand j’aurai gagné. Ah au fait, où est passé ton coéquipier ?

Vu l’expression de Cleia, quelque chose lui disait qu’il n’y avait plus de coéquipier depuis longtemps. Si énervée qu’elle était, elle ne parvint même pas à faire semblant. Alban soupira et déclencha la fusée de détressée. Puis, une fois qu’il se fut assuré que la jeune fille était hors course, il courut jusqu’à la direction indiquée pour trouver Aaron.

Il y avait une infime possibilité que l’autre participant soit encore dans les parages. Pourtant, toutes ses pensées étaient dirigées vers son meilleur ami. Courant vers ce dernier de toutes ses forces, il demanda à Auster de le retrouver. Au bout de quelques minutes, ils le virent au pied d’un arbre, allongé face contre terre.

- Aaron ! AARON ! hurla-t-il en se ruant vers le rouquin et en posant une main sur son dos.

Son corps était froid mais il fut soulagé de sentir sa respiration. Avec douceur, il le retourna sur le côté et vit qu’il avait l’air en meilleur état que prévu. Juste… Incroyablement sonné. Et le corps certainement très douloureux. Son propre corps se mit à trembler.

- Dans quel était piteux t’es… dit-il la voix chevrotante, en tendant une main à son camarade.

Ce dernier avait l’air encore dans les vapes. Mais Alban ne se sentait pas d’humeur à faire la chasse au dernier participant… Un jingle se déclencha alors et la voix d’un présentateur télévision s’éleva.

- Félicitations, vous êtes nos deux finalistes ! A présent, livrez-vous une dernière bataille pour décider du vainqueur ! Youhou !

Alban sentit ses doigts lâcher ceux d’Aaron. Le regard vide, il observa le Phyllali un court instant. Il pouvait gagner. Il n’avait qu’à déclencher la fusée de détresse d’Aaron, et il gagnait cette fichue émission. Jackie serait fière d’eux. Ils allaient revenir avec une récompense, très certainement. Le succès, la gloire ? Depuis quand avait-il cessé de rêver de tout ça ? Avait-il déjà eu envie de tout ça ? Une ombre passa sur son visage et il s’éloigna de quelques pas d’Aaron. Il vit un air d’incompréhension se peindre sur les traits de ce dernier. Le sac à dos d’Aaron et le sien entre les mains, Alban sortit une fusée de détresse. A qui appartenait-elle ? Les téléspectateurs se le demandaient très certainement. Doucement, le châtain l’enflamma, et tira un grand coup vers le ciel.

Puis, un feu d’artifice prit naissance au-dessus de leur tête, et une voix joyeuse annonça.

- La fusée de détresse du candidat Alban Abernaty ayant été tirée… C’est donc le jeune Aaron S. Mightley qui remporte cette édition !

Des trompettes se firent entendre dans toute l’arène, et Alban se laissa tomber au sol, épuisé. Ses Pokémon vinrent le soutenir, et il ferma les yeux. Son corps se sentait fatigué. Il avait froid. Il avait mal. La boue le grattait. Tout ça était beaucoup trop désagréable… Alors, tandis que les feux d’artifices résonnaient encore autour de lui, il ferma les yeux et sentit des bras qui n’étaient pas ceux d’Aaron se refermer autour de lui et le hisser sur un brancard. Ahaha… Alors au final, il n’avait même pas été en mesure de décrocher la victoire, pas vrai ? Pfff. Quel soulagement… Il n’était pas capable de trahir un ami pour la gloire. Ahaha… Merci mon dieu…
Nemo Kendhall
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Icon : [Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Région d'origine : Kalos
Âge : 15 ans
Niveau : 37
Jetons : 6707
Points d'Expériences : 849
[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
Kalos
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[Mission] May the odds be ever in your favor [PV Aaron] [Terminé] K8dc
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Nemo Kendhall
est un Pokeathlète Novice
May the odds be ever in your favor

La scène qui suit est des plus irréelles. J'ai l'impression qu'elle se déroule au ralenti. Alors qu'Alban se retrouve devant moi, je me sens tout bizarre. A la fois fatigué, affamé, au bout de mes dernières réserves. Je tourne la tête vers mon meilleur ami. Je rêve d'un grand lit, confortable et moelleux. Oui … un immense lit. Ça serait parfait. Il faut que je me repose. Où sont mes jambes ? Je ne les sens plus. Mon bras gauche ? Je e sens comme déchiré. Que lui est-il arrivé ? Je ne peux pourtant pas détourner la tête vers lui. Des fourmis parcourent tous mes membres. Je me sens frisonner puis grelotter. Où suis-je déjà ? Je m'accroche au regard d'Alban, oui, je dois rester dans cette réalité. C'est dur, plus dur que je ne le pensais. Je n'arrive pas à raccrocher les fils. Que m'arrive-t-il ? Invy ? Que dois-je faire ? Je sens la tête me tourner.

Avant de tourner de l’œil j'aperçois Alban agiter une fusée de détresse. Je m'endors doucement sur le sol avec un sourire aux lèvres. Bien joué Alban. Je n'ai pas tenu, tu mérite véritablement de gagner. Je suis heureux pour toi. Heureux d'être venu avec toi jusqu'ici. Je sombre dans des ténèbres insondables. La Terreur m'accompagne, elle ne me fait pas peur, elle est juste avec moi, compagnon de voyage vers un puits sans fond. Tout est noir mais je sens mes sens à fleur de peau comme si chaque frôlement provoquait un éclair de lumière dans ce noir total.

Pourtant, cette état de bien être n'est que passager. Mon corps se réveil. Et c'est douloureux. Très douloureux. Je me sens vaseux. Mon corps entier me picote. J'ai froid. C'est la seule sensation que je parviens vraiment à déterminer. Mon cerveau m'indique que suis en position allongée. Un mal de crâne me tape contre le système. Ça fait un mal de chien. Pourtant, je reprends peu à peu l'usage de l'ensemble de mon corps. J'ose tenter de plier mon gros orteil avec succès. Je finis par prendre conscience des bruits qui m'entourent, d'étranges bruits électroniques, des murmures insistants et un masque respiratoire déposé sur ma bouche.

Rassemblant toute ma volonté, je me force à ouvrir les yeux. La lumière violente ma rétine. Je cligne des yeux pendant plusieurs minutes avant de m'habituer à la luminosité ambiante. J'essaie de me raccrocher à des éléments du décors mais tout me paraît inconnu. L'ensemble de la pièce reflète un blanc nacré, des néons au plafond éclairent mon lit d'hôpital, une grande baie vitrée s'étend sur ma droite. Au-delà, un bureau d'où accourt plusieurs personnes. De l'autre côté de mon lit se trouve des sièges, vides. Une petite fenêtre se trouve sur le mur laissant paraître un jour blanc. Tout est bien différent de l'Arène. Suis-je sorti d'affaire ? J'essaie de m'accrocher à mes dernières birbes de mémoires. Il y a avait cette fille… que j'ai suivis. Elle voulait du mal à Alban. J'ai voulu le sauver mais je crois que c'est encore l'inverse qui s'est produit. Je suis trop faible pour me sentir énervé mais si j'avais pu, ma rage aurait fait valser mon lit de convalescence. Une voix féminine me tire de toutes mes pensées. Je tourne ma tête vers elle alors qu'elle retire avec délicatesse et précision le masque. Je mets quelques secondes à retrouver une respiration normale.

« _ Comment te sens-tu, Aaron ? »


Je hoche doucement la tête. Disons que ça pourrait aller mieux si le marteau piqueur cessait dans mon cerveau. Je n'en avait pas pris conscience mais je sens à ce moment un bandage autour de mon bras gauche. Du poignet au milieu du bras. Je dirige aussitôt mon regard dans cette direction. Qu'est-ce que j'ai foutu ? Je n'en ai pas la moindre putain d'idée. Mais maintenant que j'y pense… ouais, ça picote plus qu'ailleurs. Voyant mes yeux détailler mon avant-bras gauche, la femme reprend.

« _ Je ne sais pas ce que tu as fais, mais tu t'es bien abîmé le bras. Peu importe, tu t'en remettra vite. »
Un sourire tranche son visage sérieux. « Félicitations, Monsieur de Grand Gagnant. »

Elle me regarde, les yeux brillants. Elle est aussi fier qu'une mère voyant son fils faire ses premiers pas. Mais moi je la regarde, sans comprendre. « Monsieur le Grand Gagnant » ? Quoi ? Non ? J'ai pas gagné … c'est Alban ! Je l'ai vu. Il a déclenché ma fusée au moment où je m'effondrais par terre. C'est lui qui a gagné. Je secoue la tête pour lui faire comprendre qu'il y a erreur sur la personne… je rassemble mes forces pour lui répondre.

« _ Non … non. Vous vous trompez. C'est… c'est Alban qui a gagné ... »


Elle me sourit à nouveau, toujours avec cet air tendre. Comme si elle couvait du regard une personne tout à fait limitée. Je secoue à nouveau la tête. C'est pas possible. J'ai vu Alban de mes propres yeux. Je sais ce que j'ai vu. Elle finit par se lever de mon chevet pour allumer l'écran qui se trouve en face de mon lit. Je me vois. A la télévision. L'effet est très étrange. Je me trouve petit. Mon visage, livide, me fait des frissons dans le dos. J'avais l'air de ça dans l'Arène ? … Par Arceus… je sens ma main droite trembler. La femme l'attrape aussitôt pour me forcer à regarder la suite. Non ! La suite je la connais…

Détrompes-toi, Aaron. Ce qui défile sous mes yeux n'appartient pas à ma réalité. Je vois Alban courir à mon secours alors qu'il semble avoir éliminé la dernière des concurrentes. Il me soutiens avant de voir que je suis trop faible pour gagner. La voix-off s'enchante alors d'un dernier Duel à mort. Pourtant, ce n'est pas ce qui se passe. Me lâchant tout à coup, mon meilleur ami récupère nos fusées et… éclaire la sienne. Il s'est auto éliminé. Alors qu'il n'aurait pu faire qu'une bouchée de moi. Ou juste me forcer à l'abandon à la vue de mon état. Alban m'a fait gagner… je sens mes yeux s'emplir de larmes alors que la médecin met fin à l'enregistrement. Elle revient s'asseoir à côté de moi.

« _ C'est toi qui à gagné Aaron. Personne d'autre. C'était il y a trois jours. Ton état t'empêchait de quitter ce lit, tu as poussé ton corps à bout. Nous avons préféré ne pas prendre de risque et te garder ici pour que tu reprennes tes forces. En tout cas, tu as meilleur mine. Et… tu as reçu des cadeaux. Je te laisse, si tu as besoin de moi, tu as juste à appuyer sur ce petit bouton. »

Je hoche à nouveau la tête pour lui signaler qu'elle peut y aller. J'ai l'irrésistible besoin de me retrouver un peu seul. J'ai gagné. J'ai du mal à me faire à cette idée. Pourtant, les preuves sont là, sous mes yeux. La doctoresse a même laissé la télécommande bien en évidence sur ma commode si l'envie me prend de revoir cette scène finale. Je tourne la tête vers un petit coin auquel je n'avais pas fait attention jusqu'alors. Des fleurs, des messages, des coeurs, des peluches, un tas d'enveloppe soigneusement rangées. Je sens à nouveau les larmes me piquer les yeux.

Trop curieux je me défait de ma couverture pour aller voir tout ça. Ce n'est qu'à ce moment que je me rend compte que je suis nu sous les draps. Je rougis en repensant à la femme puis cherche des yeux une quelconque caméra de surveillance. Tu n'es plus dans l'arène Aaron. Tout va bien. Je m'assois sur le bord du lit. J'examine plus en détail mon bras gauche. Je le lève devant moi et sers le poing. Je grimace de douleur. Je le repose sur le lit pour tenter de m'appuyer dessus, j'y renonce aussitôt à la douleur provoquée par ce mouvement. Je plie et déplie mes orteils dans le vide, je fais tourner mes chevilles. Tout a l'air d'être en état de marche. Je descends du lit le plus doucement et précautionneusement possible. La moquette du sol me procure un grand frisson qui remonte jusqu'à mon échine.

Je me mets en quête d'habits propres, ils sont déposés sur l'une des chaises à côté de tout mes effets personnels. La combinaison du concours ainsi que le sac. Je retrouve aussi mes habits avec lesquels je suis arrivé. Je souris avant dans les enfiler. Je lis aussi le petit mot déposé à mon attention. « Tes Pokémons vont bien, ils sont juste à l'infirmerie, passe les récupérer quand tu auras repris du poil de la bête. - Michel » Je souris. Invy va bien. Je suis soulagé. Il vont tous bien. Frey, Genesy. J'ai hâte de les retrouver. Tout un tas d’excitations s'éveillent en moi. Je sens alors mon iPok dans ma poche. Curieux, je l'allume. Une flopée de messages sont dans ma Boîte. Certains s'étonnent de ma participation à ce genre d'émission. Des amis d'enfance me félicitent pour ma victoire. Trente appels en absence. Mes parents. Je crois qu'ils s'inquiètent. Je ferme les yeux. Ils ne savaient même pas que je participais à cette folie et... me voilà vainqueur. Je parcours leurs messages vocaux, ils sont aussi irrités que fiers. Je prendrai le temps de les rappeler lorsque j'aurais la tête froide.

En attendant, ces milliers de petits cadeaux m'interpellent. Je me dirige vers l'immense tas et pioche des enveloppes au hasard. La plupart des noms me sont inconnus. Toutes me félicitent de ma victoire, à l’exception de quelques lettres de haine, qui trouve honteux de ne pas avoir fait gagner Alban. Si vous saviez… moi aussi j'étais persuadé que c'était lui qui avait gagné… je suis désolé. Ce n'est pas moi qui ai choisi… et je serais bien incapable de vous expliquer pourquoi il a fait ce choix. Je les dépose sur le côté avant de m'intéresser à la grosse peluche en forme d'Abra. Elle est trop mignonne et beaucoup trop douce. Elle m'a été envoyé par un certain Victor. Je rougis, son mot est une jolie déclaration d'amour. L'effet que cela me procure est tout drôle et je repense aux questions posées par les journalistes avant l'émission. Tout le monde est au courant. Je secoue la tête. Peu importe, je pose une main sur mon ventre, mon plus grand secret est bien gardé. L'esprit vif de la Terreur s'impose à ma vision, elle est bien là. Elle est juste discrète.

Je tombe alors sur une lettre de l'Académie. Rédigée de la main propre de notre directrice, Élisabeth Snow. Je me sens fier comme un paon même si celle-ci mentionne à peine mon meilleur ami. Jackie a laisser un petit mot écrit en majuscule « MOI QUI N'AURAIS JAMAIS PARIE SUR TOI ! BIEN JOUE PETIT SINGE ! » je souris à la lecture de cette délicatesse. Roseverte a même fait l'effort de signer : « Un digne Phyllali. » c'est la chose la plus gentille qu'il a dû me dire depuis mon arrivée à l'académie.

Je lis encore plusieurs lettres, j'extirpe et admire les fleurs. Certaines viennent de ma famille plus lointaine. Ils se désolent de ne pas prendre plus de nouvelles mais sont quand même très fiers. Je trouve aussi des mots de mes camarades. Ils sont rares mais bien existants. Je marche quelques minutes avant de me rendre compte de ma soif, de mon appétit et de mon envie pressante. Je fouille un peu sans parvenir à mettre la main sur les toilettes. J'appelle alors la doctoresse qui apparaît presque aussitôt, toujours le sourire aux lèvres. Alors je lui souris en retour. Je lui demande où sont les toilettes qu'elle m'indique dans le couloir.

Je trouve sans mal les toilettes et me soulage aussitôt. J'en profite pour boire un coup et me rafraîchir. Je retourne vers ma chambre où elle m'attend toujours. Je m'assois à nouveau sur le lit, beaucoup plus conscient que tout à l'heure. Je choisis mes questions par ordre d'importance.

« _ Alban va-t-il bien ?
_ Il est en pleine forme, il a eu besoin de se reposer mais son corps n'a pas eu la même réaction que le tiens, il était rétabli en un rien de temps ! »
Et son genoux ? Ai-je envie de demander, mais je me retiens. Il va bien. Je peux me rassurer.
« _ Je peux le voir ?
_ Non … pas avant le prime time...
_ Le prime-time ?! »

Elle me regarde avec un air à la fois compatissant et désolé.
« _ Oui, Aaron … tu as remporté une émission suivis par des millions de téléspectateurs… Le plateau de fin a déjà été retardé à cause de ton état. Mais là, ils vont de sauter dessus dès qu'ils apprendront ton rétablissement.
_ Je vois… et mes Pokémon ?
_ Tu vas pouvoir les retrouver dans un instant. »


Elle retrouve son sourire habituel et s'en va ouvrir la porte. Un grand black à la carrure sportive entre dans la pièce. Mais je n'ai d'yeux que pour la petite boule de poils nichée dans ses bras. Mon regard s'illumine. Mes yeux s'emplissent à nouveau de larmes. Invy ! Je bondis sur mes jambes pour récupérer mon Starter. La fameux Michel me rend mon compagnon que je sers fort dans mes bras. Je sens son petit cœur battre contre le miens. Je me sens tout ému. Invy calé dans mon bras droit, je me baisse pour accueillir dignement Frey et Genesy, restés au sol. Je les prends tour à tour dans mes bras avant de les remercier sincèrement. Je ne m'en serais jamais sortis sans leur loyauté infaillible.

Je me redresse, véritablement heureux.

« _ Merci Michel, merci d'avoir pris soin d'eux.
_ C'est mon métier, jeune homme ! Et, félicitations ! »


Il salue à nouveau avant de partir. Me laissant à nouveau seul avec la femme. Je dépose délicatement Invy sur mes épaules. Il semble aussitôt retrouver sa place naturelle et pousse un petit ronron de contentement. J'invite Frey sur mes genoux et Genesy à mes côtés. Malheureusement, cette séance de répit est de courte durée. Une femme affriolante entre précipitamment dans la pièce. Ses cheveux forment deux immenses couette faussement bouclées aux couleurs feu et orangé. Elle porte du mascara de la même couleur ainsi qu'une robe d'un goût qui pourrait faire débat. Ses bottes remontent jusqu'aux genoux dans des formes florales. Le tout donne un aspect décalé dans cette pièce aux murs blancs. Cela ne l'empêche pas de me sauter littéralement dessus.

« _ A- AAARRRROOOOOON ! Quelle joie de te rencontrer enfin ! Bravo petit homme ! Tu es l'heureux vainqueur des Hunger Games ! Et n'écoute pas ceux qui disent qu'Alban aurait dû gagner ! Tu AS gagné ! »

A peine a-t-elle ouvert la bouche elle m'exaspère déjà. Je voudrais bien lui faire part de ce que j'en pense moi mais elle ne m'en laisse pas le temps.

« _ Nous n'avons pas le temps petit cœur ! Nous devons te préparer pour le Prime Time qui va commencer d'ici une heure ! Une chose, pas UN mot aux journalistes, compris ? Tout les scoops doivent être gardés pour l'émission. Gabrielle, je te l'emprunte. Il faut vraiment qu'on fasse quelque chose à ce petit pour qu'il soit présentable avant tout à l'heure.Au fait, moi c'est Jessika »

Gabrielle, celle qui a tant pris soin de moi, hoche la tête tout en donnant des recommandations pour mon bras. Je ne dois pas hésiter à revenir si je sens des douleurs anormales. Elle me fait aussi comprendre qu'elle fera parvenir toutes mes affaires à l'Académie. Je la remercie chaleureusement à nouveau avant de suivre la fameuse et excentrique Jessika. Nous traversons des tonnes de couloirs, le mal de crâne tend à revenir me taper le système mais pour l'instant je tiens bon. Nous traversons une passerelle qui me permet de comprendre un peu plus mon environnement. La partie hôpital est séparée des immenses studios de Magnéti-6 par des passerelles à tout les étages. Nous sommes sur l'une des plus hautes mais cela n'empêche pas les journalistes tout en bas de nous mitrailler de flash. A peine fais-je mine de m'arrêter pour regarder plus bas que Jessika m'attrape le bras -le gauche en plus- pour me tirer vers la tour de verre.

La chaleur du studio m’oppresse aussitôt. Les couloirs sont interminables mais nous n'en finissons pas de marcher. Après avoir tourné deux fois à gauche puis trois fois à droite et enfin à gauche je suis totalement perdu et dépendant de ce qui semble est ma coach pour l'heure à venir. Nous finissons par entrer dans un immense bureau dominé par des baies vitrées qui dominent sur toute la vallée. Je n'ai pas le temps de m’épancher sur la décoration. Je suis aussitôt pris en main par deux nouvelles personnes qui me forcent à monter sur un petit tabouret. Elles me font lever les bras et commencent à prendre mes mensurations. Elle me déshabillent même jusqu'au caleçon ce qui a le don de me mettre mal à l'aise. Même mes Pokémon sont emmenés dans une salle avoisinante alors que je suis impuissant. Jessika continue à débiter tout ce que je suis censé retenir pour le prime à venir.

« _ Tu es le gagnant, Aaron, d'accord ? Ne te laisse pas intimider par les concurrents qui ont perdu face à toi ! Surtout Alban ! Il a fait son choix, tu as gagné. C'est tout. Ensuite, tu souris ! D'accord ? Tu souris ! C'est hyper important pour les téléspectateurs. D'ailleurs ! N'oublie pas de mentionner tes remerciements à tout les sponsors pour leur soutient ! Tu peux aussi les remercier pour leur courrier, baratiner là dessus comme quoi ça t'a touché ; okay ? Quitte à broder, ne fait jamais allusion à tes deux crises de folies. Aucune allusion à ce qu'il t'a pris à ces moments d'accord ? Je m'en fou si t'es taré, faut juste pas qu'ils le sachent ? Bien ? Bien. Le reste, ne change rien, le public sera forcément charmé par ta bouille d'ange et ta timidité. Parfait. Je t'attends juste avant d'entrée sur scène. A tout de suite ! »


On m'apprête et on m'habille. Je me retrouve bientôt maquillé et propre comme un sous neuf. On ne peut pas nier que le résultat soit juste époustouflant. Ils ont choisit une chemise rouge vif avec un nœud papillon blanc assortie aux bretelles qui mènent jusqu'à un pantalon immaculé. Les chaussures sont dans le même délire. Le tout fait parfaitement ressortir ma chevelure de feu. Dites, je pourrais la garder ? Mon attention est attirée par mes Pokémon qui reviennent vers moi. J'apprends alors qu'ils vont m'accompagner sur le plateau. Invy est habillé d'une petite veste blanche trop mignonne et un nœud papillon rouge. Frey est accoutré d'un petit ensemble blanc et rouge ce qui lui donne un petit air de Père Noël. Trop cuuuuut ! C'était plus compliqué mon Génésy mais il se retrouve avec une petite cape rouge et un nœud papillon. Je souris. C'est tellement improbable de voir un Galegon coquet.

On me pousse vers la sortie. Des panneaux fléchés me font comprendre que nous nous dirigeons vers le plateau du direct. Nous croisons des dizaine de personnes avec des casques sur la tête, tous l'air pressés et affairés. Mes deux stylistes m'abandonnent bientôt dans les mains d'un grand blond ayant, lui aussi, un micro-casque sur la tête. Il me parle tellement vite que je ne parviens pas à saisir ses paroles. Il me donne les noms des présentateurs. Maydlin et John. Je les garde dans un coin de ma tête. Puis il m'indique que je dois marcher tout droit jusqu'au fauteuil là-bas. La pression commence à monter à moi alors qu'il me fourre un micro sans fil dans les mains. Les deux présentateurs plus que sur leur trente-et-un sont déjà en train de parler avec quelqu'un. Mais tout s'arrête d'un coup. Le plateau fait silence. Le blond entonne un compte à rebours et me pousse sur le plateau. Ce n'est qu'à ce moment que je me rends compte qu'Alban est juste à côté de moi. Ils accueillent les deux finalistes en même temps.

Les applaudissements sont assourdissent. Je n'ai jamais fait ça. Je ne le sens pas. Pas du tout. Je m'accroche à la main d'Invy mais ma blessure me fait vite comprendre que ça ne va pas être possible. Je m'arrête au milieu du chemin indiqué. Le présentateur me fait alors un signe insistant de la main pour que je m'approche. Je m'accroche à la manche d'Alban. Je ne veux pas y aller. Pourtant, lui, a toujours l'air sûr de lui. Il m'a fait gagné. Il m'a sauvé la vie et moi mon premier contact après ça c'est de lui foutre la honte ?Alors je suis ses indications et je parviens à m'asseoir sur le dernier siège vaquant. Juste en face de Maydlin et John. Je suis terriblement gêné. J'ai terriblement peur. Mon cœur bat à tout rompre alors que Frey s'installe sur mes genoux. Seule accroche dans ce tourbillon improbable.

Je croise bientôt le regard d'Alban. Je m'y accroche de toutes mes forces. Ça va aller, hein ? Dit moi que ça va aller. Mes yeux sont tout à coup éboulis par les lumières de la scène qui s'éveillent. Le public tape dans ses mains et la musique est si forte que j'ai l'impression que mes tympans vont exploser. Le présentateur se lève, son micro à la main. Il fait un tour sur le plateau avec des gestes qui encouragent le public à ne jamais s'arrêter. Maydlin rayonne, elle sourit de toutes ses forces, se sachant parfaitement filmée. Et moi, je me sens m'empourprer. Je me sens rougir. Je me sens suer dans ma belle chemise. Je sens mes mains se crisper sur les accoudoirs. Je ne sens plus mon bras gauche. C'est peut-être ça qui ordonne à mon corps d'arrêter de me faire du mal. Je prends alors conscience des autres sièges remplis. Je vois tout les regards. Des regards qui se dispersent entre Alban et moi. Seul la fille au Hélédelle ne semble pas vouloir me tuer sur place. Autant vous dire que cela ne me met pas bien à l'aise. Heather semble familière des plateaux télé et chuchote à Bruno, ils rient ensemble et se tiennent la main. Cléa les fixe, le regard vide. Son ancien compagnon se tient bien droit dans son fauteuil. Ils sont tous si différents sur ce plateau. Je les affrontais hier et me voilà à devoir faire la parlotte avec eux… Je déglutis, parfaitement mal à l'aise.

Le bruit ambiant finit par se calmer et John se redirige vers nous. Je sais que mon tour va bientôt arriver. Et ça me fait peur. Terriblement peur. Il va falloir assurer. Je le dois. Pour Alban. Pour tout ceux qui me regardent. Allez Aaron ! Je prends calmement ma respiration. Ça va aller. Ça va aller. Je focalise mon attention sur les présentateurs, tout va se jouer avec eux. Ils prennent enfin la parole.

« _ Comme vous avez pu le remarquer, nos deux finalistes nous ont rejoint sur ce plateau ! »


Comme si le public était en manque, il se remet à applaudir de plus belle. C'est la femme qui reprend le spitch.

« _ En effet John ! Après avoir interroger tout les autres candidats, nous allons enfin avoir la version de notre duo le plus aimé du public ! Bonsoir Alban, bonsoir Aaron ! »


Le plus aimé du public ? Arceus… je vais tourner de l’œil. Les images de nos rapprochements physiques trônent sur l'écran géant et mon regard ne parvient pas à s'en décrocher. Je me sens rougir encore plus. C'est comme si… c'est comme si je revenais dans cette boutique sur Lansat. Non ! C'était une erreur. Là … là, dans l'arène c'est Alban ! C'est… Alban … ? Il… a fait … tout ça pour gagner … ? Pour me faire gagner… ? Par remords… ? Parce qu'il m'a manipuler … ? J'ai enfin l'impression que toutes les pièces du puzzles s’imbriquent. J'ai la désagréable impression de trahison. Alors que le monde entier attend une réponse de ma part, je me sens bouillir de l'intérieur. Et comme je suis bien incapable de répondre… La Terreur en profite. Elle affiche un sourire des plus rayonnant. Un sourire arrogant, qui écraserait n'importe quel concurrent.

« _ Bonsoir, Maydlin, vous êtes toute en beauté ce soir »
petit clin d’œil assuré. La Terreur n'en loupe jamais une pour charmer les femmes. Je ne sais pas si elle sait rougir sur commande mais c'est ce qui se passe à ce moment. J'enchaîne alors avec un signe de tête en direction du John. « Bonsoir John. Merci de m'accueillir ici ! »

Le temps est en suspend. La Terreur semble parfaitement maîtriser ce qu'elle me fait faire. Elle s'en va même défier du regard Heather, qui se décompose petit à petit devant mon assurance. Et moi, je me morfonds. Alban m'a trahis. J'en suis à présent persuadé. Et ça fait mal. Il s'est servis de moi… toutes ses fausses paroles. J'ai l'impression que tout est faux… je n'arrive plus à discerner ce qu'il aurait pu me dire de vrai dans tout ça… La Terreur continue sa Mascarade expliquant avec une nouvelle fierté que c'est la fatigue qui m'a abattue mais que j'ai gagné quand même. Grâce à Alban. Elle me fait même lever. Elle me fait faire quelques pas en avant. En direction d'Alban. Mon meilleur ami. Je ferme les yeux. Je ne veux pas voir se traître. Une telle rage émane de moi que je sens la Terreur faiblir face à mes assauts. Mais non, je suis trop faible. Jamais je ne l’empercherai de prendre Alban dans ses bras pour lui tapoter amicalement de dos, sourire aux lèvres et fausses larmes aux yeux. Pourtant, le regard échanger à ce moment précis avec Alban me paraît sincère. Non. Il me manipule à nouveau. Il ne fait ça que pour les caméras ! Que veut-il à la fin ?!

La Terreur retourne s'asseoir docilement et les questions s'enchaînent. Certaines sont posées par le public et vise ma vie privée. Elle y répond sans la moindre hésitation, n'hésitant pas à exposer au grand jour des parties de ma vie. Et je suis impuissant. Tout le monde sur le plateau semble apprécier ma manière d'être et d'agir. Alban se rend-il compte que ce n'est pas moi ? Peut-il seulement s'en rendre compte ? Elle parvient à être rieuse même avec Heather et sa sœur. Je finis par abandonner. Peut-être mieux vaut que ce soit elle qui gère cette partie de l'émission. Qu'aurais-je fait à part bégayer ?

Le prime-time se déroule sans encombre. Je suis même fortement félicité par les deux présentateurs après le passage de la télé en off. Nous nous retrouvons bientôt tous dans les back stage alors que la nuit est tombée depuis un long moment. La Terreur s'efface aussi vite qu'elle est arrivée. Me laissant seul face à Alban. Je ne suis plus énervé. Je suis déçu. Je m'approche de lui, regardant mes pieds.

« _ Qu'as-tu fais Alban … ? Tu méritais de gagner … tu le sais aussi bien que moi … ? Pourquoi … ? Pourquoi avoir fait tout ses efforts pour me laisser la victoire ? Ne va pas me dire que tu ne l'as voulais pas ! Ça crève les yeux sur les images ! Tu as même songé à réellement m'abandonner pour gagner… Est-ce par remords que tu me la laisses ? Si c'est pour ça. Je n'en veux pas. Garde là dans ton cœur et dans ce cas nous n'avons plus rien à nous dire. »

Les mots se coincent dans ma gorge. Je relève le menton. J'ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas où en est la situation avec mon meilleur ami. Je ne sais plus ce qu'il a tenté de faire ou pas. Je n'ai plus la force de m'imaginer qu'il m'a menti pour gagner. C'est dur. Alors, je le prends dans mes bras, cette fois-ci sincèrement. Je laisse les larmes couler le long de mes joues. Après tout, il l'a peut-être fait pour me protéger. Je n'étais probablement pas à la hauteur de cette épreuve. Je lui glisse alors à l'oreille.

« _ Merci... »


Parce que j'imagine que, finalement, c'est ce qu'il faut lui dire. Tout a peut-être été contradictoire dans mon discours, mais ce mot là, il ne l'est pas. Notre moment câlin est écourté par l'arrivée subite de Jessika qui nous félicite fortement de nos prestations et que ajoute un clin d’œil à mon encontre. Elle nous apprend que l'hélicoptère pour l'Académie part dans cinq minutes. Toutes nos affaires ont déjà été emmenées.

Côte à côté, nous prenons alors le chemin inverse. Nous quittons la tour de verre, toujours de nuit sous une foule de journalistes à l'affût du moindre scoop. Je reste muet comme une tombe. A la fois triste et complètement à côté de mes pompes. J'ai dû mal à revenir à la réalité. Tout était si instinctif dans l'Arène. Voilà qu'il faut peser le pour du contre, établir des stratégies, gérer des relations. Néanmoins, j'aperçois Gabrielle dans la foule. Mon regard s'illumine. Je voudrais la remercier, lui dire à quel point je suis heureux de l'avoir rencontrer. Mais tout va trop vite, mon signe de la main se perd dans la cohue. Je ne la reverrai jamais. Probablement. Cela m'attriste.

Morose, je monte dans l'hélicoptère. Retourner à l'Académie. Retour à la vie normale. Comme si rien n'avait changé. Comme si nous n'étions jamais venu. Comme si les Hunger Games n'étaient qu'une parenthèse dans cette vie. C'est dur. Plus rien ne sera jamais comme avant pour moi, c'est certain. Une main posée sur le crâne de Genesy, l'autre sur celui de Frey, je me laisse aller aux secousses de notre transports volants. Je regarde Alban sans vraiment réussir à déterminer où s'en trouve notre relation. Je songe à la Terreur. Je devais lui en parler. Apparemment, le moment n'est toujours pas venu.
Aaron S. Mightley


Alban Abernaty
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Région d'origine : Hoenn
Âge : 17 ans
Niveau : 70
Jetons : 20638
Points d'Expériences : 2487
Hoenn
17 ans
70
20638
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pokemon
Hoenn
17 ans
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Alban Abernaty
est un Pokeathlète Coach
C’était la fin. A demi-allongé au sol, uniquement soutenu par Auster et accompagné de Zéphyr et Mistral, Alban sentit sa vision se voiler. Au-dessus de sa tête, le feu d’artifice était éclatant mais il se sentait trop vide d’énergie pour profiter de quoi que ce soit. Il eut le vague aperçu d’un hélicoptère qui descendait vers eux, et d’infirmiers en blanc qui se précipitaient avec des brancards. Avec douceur, Auster se dégagea de sous son dos et il tomba mollement dans l’herbe fraîche. Un infirmier s’accroupit à son chevet, l’examina brièvement en lui touchant avec douceur les bras, l’abdomen et les jambes, puis fit quelques gestes en direction de ses camarades. Quelques secondes plus tard et Alban se sentait soulevé sur un brancard, le corps étrangement amorphe. Tiens ? Il sentait à peine ses membres, et toute la fatigue, le stress, la peur accumulés revenaient le hanter d’un seul coup. Il eut l’impression que son âme quittait son corps. Il était vaporeux ; épuisé, aussi bien physiquement que moralement. Pour autant, c’était la fin. Il aurait dû s’en réjouir, mais la vision d’une tignasse rousse et floue au loin lui rappelait qu’à présent, il allait devoir rendre des comptes. Il avait manipulé son meilleur ami du début à la fin. Quel piteux ami il faisait… Maintenant que l’émission était finie et qu’ils allaient revenir à la vie normale, quelle serait sa relation avec le Phyllali ? Aaron allait-il le détester ? Pour l’avoir utilisé comme il l’avait fait. Pour avoir joué avec ses sentiments alors qu’il y avait possiblement plus que de l’amitié du côté d’Aaron. Pour l’avoir laissé seul dans cette grotte après qu’il se soit si bien occupé de lui. Pour l’avoir encore une fois mené en bateau. Et pour l’avoir enfin fait gagner, en dépit de tous ses efforts pour décrocher lui-même la victoire. Avait-il fait cela pour lui ? Pour eux ? Pour quelle raison avait-il décidé de donner la victoire à Aaron alors qu’il aurait pu gagner seul ? Par gentillesse ? Par culpabilité ? Par remords ? Par mépris ? Il ferma les yeux et sentit des larmes naître à la bordure de ses cils. Si les infirmiers le regardaient, probablement penseraient-ils qu’il s’agissait de larmes de fatigue. Et pour autant…

Un piaillement et une chaleur soudaine lui indiquèrent que Zéphyr s’était blottit contre son dos. Dans un bruissement feutré, il sentit les ailes de coton de Mistral se poser sur sa joue. Il ne le voyait pas ni ne l’entendait pas, mais il était persuadé qu’Auster suivait les infirmiers avec inquiétude. Auster avait toujours été discret… C’était normal qu’il ne l’entende pas. Mais même avec la présence de ses Pokémon, Alban était incroyablement triste. Inconsolable, même. Il avait l’impression de se détester. Sérieusement, pourquoi est-ce que tout ça leur était arrivé ? A lui ? A eux ? Sa relation avec Aaron n’était déjà pas au beau fixe depuis les discréditations répétées dans ces torchons de l’académie. Il n’avait clairement pas besoin de ça pour encore tout foutre en l’air, encore une fois. Il se débrouillait déjà bien pour se planter seul sans aide extérieure, merci pour lui. Pitoyable Alban. T’es vraiment pitoyable.

Il fut tiré de ses sombres pensées par une voix douce et inconnue. Tout ira bien, lui disait-on. Non. Tout n’irait pas bien. Parce que même s’ils étaient sortis de l’arène. Même s’ils étaient saufs. Même s’ils en avaient enfin fini avec la faim, la soif, la fatigue et la peur. Rien ne serait comme avant. Il allait devoir s’expliquer pour son comportement. Et il risquait de perdre plus qu’une stupide émission pour ménagère moyenne. Alors ne dites pas que « tout ira bien ». Foutaises. C’était clairement des foutaises.

Il sentit qu’on posait un plaid sur lui et qu’on vérifiait que les sangles autour de son corps étaient bien attachées. Puis, avec douceur, on le remonta dans l’hélicoptère. Aaron allait-il bien ? Ses Pokémon étaient-ils indemnes ? Il eut une dernière pensée pour son meilleur ami, avant que les remords ne le submergent. Il se persuadait qu’il avait fait tout ça pour eux. Pour survivre. Pour décrocher une victoire à deux. Mais au fond, était-ce réellement pour cela ?

Le sommeil l’enveloppa doucement et, tandis que l’hélicoptère les évacuait vers une destination inconnue, Alban se sentit sombrer. Toute la fatigue accumulée venait de l’assaillir brutalement. Il n’avait envie de penser à rien. Il ne se sentait même plus capable de penser, à vrai dire. Ces derniers jours avaient été riches en émotions et en situations difficiles. A présent, il n’avait plus qu’une envie ; se reposer et oublier tout ce qui s’était passé durant cette émission. Oublier le temps qu’il le pourrait. Avant que brutalement, la réalité ne vienne de nouveau le percuter comme la Général Jackie allait le faire quand elle allait se rendre compte du fait qu’il lui avait adressé un magistral doigt d’honneur mental lors de la dernière séquence d’émission. Ils avaient gagné ? Non. Aaron avait gagné. Lui, disparaîtrait dans les limbes de l’oubli. Et c’était d’ailleurs tant mieux. Il n’avait pas besoin de cette popularité. Pas besoin de cette victoire, de cette gloire, de ces prix, de cette publicité. Il ne voulait pas qu’on lui rappelle qu’il avait trahi un ami. Il voulait simplement oublier tout ce qui s’était passé ici.

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Lorsqu’il ouvrit ses yeux gris d’anthracite, il eut tout d’abord la vision d’un plafond d’un blanc immaculé. Il agita un doigt et remarqua les fils qui partaient de son avant-bras. Des perfusions, certainement. Il avait certes pu manger dans l’arène, mais il n’en restait pas moins malnutri. Il tenta de prendre une grande inspiration et de bouger lentement pour sonder son état. De ce qu’il ressentait, son corps n’était pas blessé. Juste incroyablement fatigué. Ce n’était rien de comparable à la douleur de l’attaque qu’il avait subie lors de l’infiltration dans la base Rouage. Il n’était pas « blessé ». Dieu merci. Incroyablement soulagé, il tourna la tête et émit une sorte de son rauque. Aussitôt, il vit Zéphyr se poser près de son oreiller, la mine à la fois étonnée et incroyablement émue. Aha. Sa bouille était adorable, avec ses grands yeux surpris et son froncement de sourcil inquiet. Il voulut lever le bras mais se rappela trop tard que ce dernier était relié aux perfusions. Il grimaça quand il sentit que l’aiguille plantée dans ses chairs venait de bouger de façon désagréable sous l’impulsion de son geste. Zéphyr piailla d’affolement et appela les autres. Le bout des oreilles d’Auster apparurent de l’autre côté du lit, et Mistral vint se poser sur son ventre avec des pépiements joyeux. Enfin, plus loin, Alban vit Zénith - le Reptincel que Calliope lui avait confié - l'accueillir avec une pose triomphante, comme s’il était l’unique cause de sa guérison. Sacré numéro… Mais était-ce bien raisonnable de laisser des Pokémon dans une chambre d’hôpital ? Pour ses trois premiers Pokémon, il comprenait ; ils étaient disciplinés, sages, et n’avaient pas de tendance à causer des dégâts. Mais pour le Reptincel… Alban était persuadé qu’il pourrait mettre le feu à sa chambre par erreur. Quelle inconscience…

A peine eut-il le temps de profiter des retrouvailles avec ses Pokémon qu’une infirmière déboula dans sa chambre. Il vit une chevelure rousse et eut une fugitive pensée pour Calliope, avant de rougir et de détourner le regard. Calliope était certes un Médecin, mais elle n’était pas encore qualifiée pour être infirmière dans un hôpital. Qu’est-ce qui lui avait pris de la confondre avec une banale fille ?

- Comment vas-tu Alban ? demanda cette dernière avec un sourire à peine visible derrière son masque.
- Ça… peut aller, répondit-il avec lenteur. Juste incroyablement fatigué.

La jeune fille rajusta sa perfusion et remonta ses couvertures en dessous de son menton.

- C’est normal. Tu as passé beaucoup de jours dans l’arène donc il faut laisser à ton corps le temps de reprendre un rythme correct. Tu as déjà dormi dix heures depuis ton retour, mais n’hésite pas à te rendormir encore. Tu en as besoin.

Dix heures… Une nuit plus que complète qu’il n’avait plus eue depuis qu’il était arrivé dans cette émission. Il avait besoin de plus, il le sentait. L’effort physique et mental l’avait bien plus fatigué qu’une banale journée de cours. Docile, il reposa donc sa tête sur l’oreiller et regarda le plafond pour essayer de se rendormir. Pour autant, avant de partir, il fallait absolument qu’il soit rassuré sur une chose.

- Comment va Aaron ?

L’infirmière sembla surprise de sa question, mais elle se reprit bien vite pour arborer une expression douce et sereine. Elle rajusta cependant nerveusement sa blouse blanche, geste qui n’échappa pas à Alban.

- Il dort encore, dit-elle à mi-voix, avant de sursauter quand Alban se redressa violemment.

Aaron. Pas encore réveillé. Il fallait absolument qu’il aille le voir ! A demi-assis, Alban sentit des mains se poser sur ses épaules et tenter de l’apaiser. Il se savait déraisonnable. Dans son état, il pourrait à peine faire quelques pas. Et puis, qu’est-ce que cela changerait, qu’il aille rendre visite à Aaron maintenant ou plus tard ? Il le savait bien… Pourtant, il ne pouvait empêcher son corps de réagir ainsi face à cette nouvelle. Et si Aaron était plus blessé qu’il ne l’avait pensé ? Et s’il ne se réveillait plus jamais ? Il haleta comme un animal blessé et l’infirmière raffermit la pression de ses doigts contre ses épaules.

- Tout va bien, tout va bien, ses jours ne sont pas en danger ! lui dit-elle en grimaçant. Il a juste besoin de repos, tout comme toi. Tu pourras aller le voir plus tard, mais en attendant, s’il-te-plaît, reste tranquille et reprend des forces…

Il arrêta de s’agiter et retomba lourdement sur son oreiller. Elle avait raison. Il pourrait y aller plus tard. Si ses jours n’étaient pas en danger… Le coin de ses yeux le picota. Dans quel état Aaron était-il ?! Il voulait savoir. Il voulait le voir de ses propres yeux. Il ne faisait pas confiance aux autres, de la même façon qu’il n’avait fait confiance à personne dans l’arène… Il arrêta de se débattre mentalement et se figea. Tiens ? Devenait-il plus sauvage ? Ce séjour de survie l’avait-il fait basculer vers un état un peu plus primitif de sa personne ? Il avait l’impression d’être sans cesse acculé. D’être sur ses gardes. La paranoïa était forte dans son cas… Et alors il réalisa. Il réalisa que ce « jeu » allait laisser une trace indélébile sur lui. Il allait redevenir comme avant, de ça il en était sûr. Mais quelque part, il avait perdu un peu de son humanité lorsqu’on l’avait poussé dans ses derniers retranchements. Il avait changé. Et il avait peur.

Il pressentait qu’il allait rester encore quelques temps dans cet état de méfiance constante. De peur, de détresse, de paranoïa. Il allait avoir du mal à s’endormir le soir. Il n’allait pas se sentir en sécurité. Il allait avoir l’impression que tout le monde autour de lui, lui serait hostile. Il était comme une bête sauvage.

Il sursauta quand il sentit que Zéphyr lui picorait la joue. Le regard jadéite de sa mouette chromatique était lourd de signification. Il pensait trop. Il pensait toujours trop. Avec un sourire reconnaissant, Alban ferma les yeux et les rouvrit. Il ne pouvait pas vraiment parler. Ni même prendre son Goélise dans ses bras. Pour autant, ce simple signe montra qu’il avait compris. Qu’il allait faire un effort. Il fallait qu’il arrête de penser. Les rouages de son cerveau étaient son pire ennemi, actuellement. Il ne fallait pas qu’il doute et se détruise de l’intérieur. Pour le moment, il fallait qu’il se concentre sur une seule et unique chose : sa guérison. Alors, il ferma les yeux et se força à faire le vide dans son esprit. Rapidement, son corps se fit plus lourd, et il se rendormit pour la seconde fois. Cette fois, ses doutes avaient été mis de côté, enfermés dans un tiroir de son esprit dont seul Zéphyr avait la clé. Il fallait qu’il lâche prise. Pas une tâche facile, mais il avait confiance en lui. Il avait confiance en eux. Et, encore une fois, Morphée le prit dans ses bras.
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Il se réveilla plusieurs heures plus tard en bien meilleure forme. Ses quatre Pokémon étaient toujours avec lui, et il distribua quelques caresses et mots apaisants. Au bout de quelques minutes, l’infirmière revint vérifier son état puis, retirant sa perfusion, elle lui annonça avec un grand sourire qu’il pourrait bientôt sortir d’ici. En attendant de pouvoir voir Aaron, il avait droit d’ouvrir les innombrables paquets envoyés par des fans de l’émission. Intrigué, Alban regarda sur sa droite et vit des dizaines et des dizaines de lettres aux enveloppes colorées. Des cadeaux emballés plus ou moins grossièrement brillaient sous la lumière diaphane de ce début de matinée. Des fleurs, des peluches, des boîtes de chocolat… Il regarda le tout d’un air mi surpris mi exaspéré. Pourquoi un tel enthousiasme ? Pourquoi tous ces cadeaux et petites attentions ? Il ne le méritait pas. On le récompensait pour avoir manipulé un ami ? Non merci. Sifflant Auster qui venait de renifler avec intérêt un paquet de chocolat, il hocha la tête de gauche à droite.

- Non Auster, ce n’est pas pour nous, lui dit-il.

Il avait un peu l’impression de bafouer les vœux des fans ainsi, mais il ne se sentait pas le cœur à accepter tout ça. Il ne lirait pas les courriers. De toute façon, il était juste Alban Abernaty, pas une quelconque célébrité de télévision. Il n’y répondrait pas. Il retournerait à sa vie étudiante, en essayant d’oublier le plus possible toute cette histoire. Quant aux chocolats et autres douceurs ? Il pouvait très bien tout donner au personnel de l’hôpital. Après tout, c’était une bien maigre récompense pour toute l’aide apportée. Faisant donc venir ses Pokémon à lui, il les cajola en silence. Puis il attendit.

Encore. Encore et encore.

Les jours s’étiraient ; les heures défilaient. Et pour autant, aucune nouvelle d’Aaron. Il commençait à en avoir assez de toute cette attente. On tentait de le faire patienter avec des mots vides de sens et des répliques creuses. Foutue compassion stérile qui était propre au domaine hospitalier. Il en avait marre. Quand pourrait-il voir Aaron ? Il avait l’impression que ses questions restaient sans réponse. Sans réponse utile, tout du moins. Car « bientôt », ça ne l’avançait pas beaucoup. Heure après heure. Minute après minute. « Bientôt » semblait se rapprocher. Mais « bientôt » n’arrivait jamais. Il tournait dans sa chambre comme un fauve ; chimère en cage dont les ailes repliées étaient entravées de fils de barbelés. Il avait envie de tout casser. De hurler. De forcer. D’être violent envers ces infirmières qui venaient le rassurer avec leurs sourires factices. Que se passait-il ? Il n’en savait rien, mais son « lui » sauvage et profond refaisait surface. Ici, c’était comme dans l’arène. Il ne pouvait faire confiance à personne. Ne voulait faire confiance à personne. Tout le monde lui voulait du mal. Tout le monde lui était hostile.

Il attrapa un vase et le jeta au sol. Les éclats de verres vinrent recouvrir ses pieds nus, et l’eau se répandit comme une flaque de poison sur le carrelage. Il en avait assez. Assez, assez, assez. Il voulait sortir d’ici. Mais ici ou dans le jeu, c’était du pareil au même. Au final, il n’était qu’un petit pion insignifiant. Nerveux et frustré, il se dirigea d’un pas assuré vers la porte. Il allait quitter cette foutue chambre et rejoindre Aaron. Il allait le retrouver et… et… Et après, quoi, au juste ? Il se figea, la main sur la poignée. Qu’allait-il faire ensuite ? Il ne s’était même pas posé la question.

Dans un sursaut, il entendit la sonnerie de son iPok, quelque part dans son sac à dos. Plus calme, il se dirigea vers ce dernier et farfouilla afin de trouver le petit appareil. Petite perle de la technologie, l’iPok n’avait pas besoin d’être éteint dans les hôpitaux. Pour autant, Alban n’avait pas pensé à le consulter dès son réveil. Aïe. Il allait avoir pas mal de messages et d’appels manqués, non ? Passant son doigt sur l’écran, il vit une photo de sa petite sœur s’afficher, et décrocha, surpris. Aussitôt, une voix aigüe et puissante s’éleva de l’autre côté.

- SAAAAALUUUUUUUUUUUUUT !

Il grimaça et éloigna l’appareil de son oreille.

- Arya… Parle moins fort, je suis dans un hôpital.
- Oh, pardon ! Je recommence : saluuuuuuut ! Comment tu vas frangin ? T’es tout cassé ? On t’a vu à la télé avec les parents. Ahaha, t’aurais dû voir leur tête.

Ah. Les parents. Il n’y avait pas vraiment pensé quand il était dans l’arène, mais avec Arya dans la maisonnée, c’était certain que toute la famille devait être au courant. Voire… Le village. Glups. Alizée l’avait-elle vu dans un état si pitoyable ?!

- Tu t’inquiètes pour Alizée ? T’en fais pas, ta future femme a autre chose à faire que de regarder tes exploits médiatiques. Bon, t’es rétabli en tout cas ? On a essayé de t’appeler à la fin de l’émission mais ça ne répondait pas, donc on a supposé que t’étais peut-être en train de te reposer, ou de profiter de la compagnie de tes innombrables fans et…
- Arya…
- Ok c’est bon, j’arrête de me moquer. Non honnêtement ils étaient fous d’inquiétude mais là ils me voient te parler, donc ils font leur tête de parents rassurés. C’était quoi le plan sinon ? Je pensais pas que ça t’intéressait, ce genre de télé-réalité…

Aha, si elle savait. Avec patience, Alban lui raconta donc l’histoire avec Jackie. Il en profita pour se faire plus bavard que d’habitude et lui parla même d’Aaron, de ses doutes, de ses inquiétudes. Il échangea brièvement avec ses parents qui, une fois rassurés d’avoir entendu sa voix, lui laissèrent tout le loisir de profiter des vocalises puissantes de sa petite sœur. Merci papa, merci maman…

- Hmm je vois. Pas de chance en tout cas, mais tu t’es bien débrouillé ! Papa et maman sont super fiers de toi, t’as été au top. Et ne t’inquiète pas pour le reste ; tout ce qu’on a vu à la télé, c’était que tu faisais de ton mieux en toutes circonstances. La voix off disait constamment que tu avais un plan. La télé n’a pas diffusé QUE des images de toi pendant tout le show, c’est bon, redescend sur terre un peu. Ils t’ont globalement présenté sous un bon jour, donc je ne comprends pas pourquoi tu pleurniches.
- Comme je t’ai dit Arya, je me fous bien de l’avis des autres. C’est celui d’Aaron qui…
- Oh, bla bla bla. C’est bon, déstresse et profite de ta place de finaliste ! Tu interprètes toujours trop. Attend qu’Aaron se réveille et va lui parler. Ça se trouve, il s’en fiche autant que nous. Mais pas de bêtises en attendant, hein ? De toute façon tu ne pourras pas le voir avant le prime time.

Alban se figea. Hein ?

- Le prime quoi ?

Il entendit un soupir exaspéré de l’autre côté de la ligne.

- Prime time. C’est la scène finale des jeux, tu ne savais pas ? Tous les candidats se retrouvent sur le plateau télé après que le gagnant ait été désigné, et ils échangent, bavardent, reviennent sur des moments de l’émission. Les candidats ne sont pas censés se voir avant. Pour garder hm… les réactions à chaud, je suppose. Si tu as déjà parlé de tout avec les autres avant le prime time, tu n’auras plus rien à dire. Ils veulent aussi capter vos expressions. Haine, joie, tristesse, déception. C’est toujours intéressant cette finale, donc tu peux être sûr qu’ils ne te laisseront pas voir Aaron. Mais t’en fais pas, ce sera très prochainement.

Oh. C’était donc pour cela qu’on le faisait patienter ainsi ?

- Je vois… Mais dis-moi, tu t’y connais vraiment bien, toi. Comment ça se fait ?

Ce fut au tour d’Arya de sembler gênée à l’autre bout du fil. Il l’entendit bredouiller quelques secondes avant de se racler la gorge.

- Ça ne te regarde pas ! Bon, j’ai autre chose à faire, faut que je file. N’oublie pas de nous envoyer des SMS régulièrement, hein ? Et la prochaine fois, préviens. J’ai cru que les parents allaient faire une crise cardiaque. Ça ne va pas te tuer de donner quelques nouvelles de temps en temps !

Il gigota, mal à l’aise. Effectivement… Il avait espéré que personne de sa connaissance ne verrait cette émission, mais… C’était mort d’avance.

- D’accord. Désolé. Prenez soin de vous et des oiseaux. A bientôt.
- A bientôt !

Il entendit le bruit d’un téléphone qu’on raccroche, puis regarda ses Pokémon. Auster leva la tête et agita ses oreilles, avant de sauter d’un bond souple sur ses genoux pour s’y blottir. Mistral et Zéphyr vinrent se poser sur ses épaules, et le petit dernier, Zénith, le regarda sagement. Hm… Il allait devoir se calmer, n’est-ce pas ? Si de toute façon il n’avait pas le droit de voir Aaron, ça ne servait à rien de s’énerver. Il fallait qu’il reste patient. Patient… Fermant les yeux, il retourna sous sa couverture et sortit ses cahiers de son sac à dos. S’il ne pouvait plus rien avancer du côté personnel, il lui suffisait de s’occuper l’esprit en attendant. Saisissant son iPok, il consulta rapidement les dizaines de SMS envoyés par ses camarades de classe, et les rassura. Il s’enquit ensuite de l’état de ses meilleurs amis et eut des réponses gentilles de la part de tous. Plus serein vis-à-vis de ce qu’Arya lui avait dit, il put donc occuper son esprit. En attendant le retour d’Aaron, il allait se montrer patient.
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Quelques jours plus tard, Aaron s’était enfin réveillé. On était venu le lui annoncer avec un sourire, et il avait simplement hoché la tête. Méditer l’avait rendu de nouveau calme. Il était heureux que son meilleur ami aille bien, évidemment, mais il se remettait à paniquer pour le prime time. Les retrouvailles… Sur un plateau télé. Pas vraiment la meilleure des options possibles. Pour autant, on ne lui laissait pas le choix. Il s’était donc contenté de fermer les yeux et de méditer en silence, comme Maître Miyagi avait essayé de le lui apprendre - sans succès néanmoins, puisqu’il ne cessait de beugler des « JE N’AI PAS FINI » tonitruants à tout va -. Calme. Qu’allait-il dire quand il reverrait Aaron ? Qu’allait-il faire ? Il rouvrit doucement les yeux. Rien ne servait d’y penser maintenant, il verrait sur le moment. C’était le meilleur moyen d’agir naturellement avec son meilleur ami. C’était fini les calculs et les manipulations. Il allait devoir être… juste lui-même.

Se levant lorsqu’une fille lui demanda de venir, il fit ses affaires et la suivit dans un dédale de couloirs. Le reste fut comme une sorte de rêve étrange. Il fut accueilli par de nombreuses personnes inconnues qui s’affairèrent autour de lui. On le coiffa avec soin pour lui donner un air à la fois naturel tout en restant sophistiqué, puis on le maquilla discrètement. Rien de bien excentrique ; uniquement un fond de teint qui allait lui donner bonne mine sur le plateau, et quelques touches de baume hydratant par endroits. Ses vêtements étaient déjà plus particuliers ; il portait une magnifique chemise blanche dont le tissu avait certainement dû coûter une fortune, ainsi qu’un costume noir classique et une cravate. Quelques boutons dorés étincelaient sur sa veste de costume ; seule coquetterie sur-exagérée qu’il s’était octroyé. Se regardant devant le miroir, il tomba face à une version plus mâture de lui-même. Il s’était à peine regardé dans un miroir depuis son retour, et force était de constater que l’arène lui avait creusé une belle silhouette.

Il avait toujours été du genre fin. Mais là, avec l’exercice intense et les courses poursuites, il avait des muscles légèrement plus dessinés. Il ne ressemblait toujours pas à ces Coach clichés de l’académie, mais il se trouva plutôt bien fait. En outre, l’éclairage, son costume et son maquillage lui donnaient des airs de froid calculateur ; ce qui le dérangea, évidemment. Mais il était beau. Pour une fois dans sa vie, il se trouva beau.

Gêné par cette brusque réalisation, il vit qu’on coiffait également ses Pokémon. Pas d’accessoires ridicules pour eux néanmoins ; la production voulait qu’ils restent naturels. Le plumage chromatique de Mistral et Zéphyr était de toute façon déjà bien suffisant pour attirer l’attention. Quant à Auster ? Il avait cette sorte de prestance calme et digne qui le caractérisait. Encadré ainsi par ses Pokémon, il se sentait moins anxieux. Zénith était retourné dans sa Pokéball puisqu’il ne faisait pas partie des trois Pokémon autorisés lors de l’émission. Après s’être assuré que tout était bien, une fille lui confia un micro sans fil, et lui dispensa les dernières recommandations. Sentant le stress monter, Alban s’avança doucement vers le rideau et… se retrouva juste à côté d’Aaron.

Il était là. Habillé de façon chic, et entouré de sa petite équipe. Bon sang… Qu’est-ce que c’était bon de le revoir ! Vraiment… Il n’eut cependant pas le temps de lui dire quoi que ce soit car déjà les autres le poussaient vers le centre de la scène. Il sentit la main d’Aaron se verrouiller autour de sa manche, et il lui toucha brièvement les doigts pour le rassurer, avant de se diriger vers le plateau. Dans ce geste, il voulait tout lui transmettre ; sa joie de le revoir, son inquiétude… Sa honte, aussi. Le regard froid et neutre cependant, il s’avança et vint s’assoir à côté de son meilleur ami sous un tonnerre d’applaudissements de la foule.

Avec curiosité, il regarda autour de lui et vit que les autres candidats étaient tous là. Heather lui adressa un sourire enjôleur, mais Cleia fronça les sourcils et le fusilla du regard. Bruno détourna la tête sans lui faire un seul signe. Ils avaient l’air vraiment étrange, dans leurs robes ou costumes hors de prix. C’était… si différent de l’arène. Plus de combinaisons moulantes et de chaussures sportives. Ici, ils étaient en longue robe fourreau, en mini-jupes scintillantes, en costume queue de pie ou en pantalon et chemise. Chacun avait un style qui rappelait un peu leur caractère et leur attitude lors des jeux. Volcanique et séduisant pour Heather et sa robe rouge éclatante, brut et discret pour Bruno et son costume vert bouteille, espiègle et malicieux pour Cleia et sa robe bustier jaune pailletée… Prenant place sur un fauteuil confortable, Alban s’assit en essayant de camoufler sa gêne. Ils avaient l’air tous si à l’aise… Alors que lui…

Il se tourna vers Aaron et remarqua que son meilleur ami avait l’air encore plus stressé. Alors, il se détendit. Ici, il était question de faire une dernière bonne impression. Immédiatement, il revêtit son masque médiatique. Pour la dernière fois…

La voix du présentateur s’éleva et il les introduisit rapidement à la foule en délire. Une jeune femme fort séduisante reprit sa suite et Alban se tassa sur son fauteuil. Le duo le plus aimé du public ? Il tourna légèrement la tête et revit des images de leurs scènes de bromance. Il eut brusquement chaud et déboutonna le col de sa chemise, geste qui ne passa pas inaperçu.

- Il n’y a pas de quoi être gêné Alban, plaisanta John avec un sourire faux.

Puis Aaron reprit de l’assurance et commença à parler de façon charmante. Alban l’observa quelques secondes et su immédiatement que ce n’était pas le « Aaron » habituel. C’était celui qui… apparaissait quelques fois, sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi. Il fallait absolument qu’ils aient une discussion… Mais pour le moment, il fallait qu’ils jouent leur dernière scène sur ce plateau.

- Bonsoir à vous également, répondit-il avec un léger sourire en coin qui décrocha quelques cris hystériques dans le public.

Madylin eut un petit rire aigrelet et l’émission se poursuivit. Aaron se leva au bout d’un moment et se dirigea vers lui pour une étreinte fraternelle. Peu naïf, Alban su qu’il s’agissait d’une petite scène pour les caméras. Aaron ne pouvait pas lui avoir pardonné aussi facilement. Aaron n’aurait jamais fait ça devant tout un public. Il y avait quelque chose qui clochait.

Sourire fixé aux lèvres néanmoins, Alban l’accueillit dans ses bras et serra doucement l’étoffe de ses vêtements. Ses yeux restaient froids et déterminés. Ils semblaient dire « attend moi Aaron, je vais tout arranger ». Pour autant, ce n’était pas ce qu’il pensait vraiment. Il n’en était pas capable. Impuissant qu’il était… Se rasseyant à sa place, il médita le reste de l’émission, répondant uniquement quand on lui demandait quelque chose. Les poings serrés sur ses accoudoirs, il n’attendait qu’une chose ; que tout se termine pour qu’il puisse enfin avoir une discussion avec son meilleur ami. Il n’en avait que faire, de ces stupides numéros de paons. Aaron semblait s’amuser, mais il y avait quelque chose d’étrange, chez lui. Plus discret, Alban se contentait de sourire sur commande, et de faire quelques petites remarques acides de temps à autres. Puis, l’émission se termina après plusieurs heures de calvaire.

Les présentateurs les félicitèrent, puis les candidats quittèrent les loges uns à uns. Chacun semblait avoir mieux digéré la défaite, et Alban se fit même brièvement enlacer par la fille au Héledelle qui lui déposa un baiser inexplicable dans le cou. Puis il se retrouva seul avec Aaron.

Se tournant doucement vers lui, il vit que le « Aaron » du plateau avait disparu, au profit de… juste lui, en fait. La tristesse était aisément décryptable dans ses yeux verts. Et là, la confrontation. Avec une infinie douleur, Alban fut percuté par les mots de son meilleur ami. Avait-il d’ailleurs encore le droit de l’appeler ainsi ? Il fut mis face à ses erreurs, à ses mensonges, à ses manipulations. Son cœur se serra et il se sentit trembler. Pour une fois, il ne savait même plus quoi dire. Plus quoi faire. Le monde était devenu étrangement silencieux autour de lui. Seuls les mots d’Aaron retentissaient à ses oreilles. Trahison. Qu’as-tu fait ? Trahison. Abandon… Il sentit ses doigts picoter et il fut choqué de voir des larmes ruisseler sur le visage d’Aaron. Bon sang. Qu’avait-il fait ?! Il était si… stupide. Pourquoi tout ça ? Pourquoi lui ? Pourquoi eux ? Il sentit les mots se coincer dans sa gorge. Il ne savait même plus quoi dire.

Alors, Aaron s’approcha et le prit dans ses bras pour une étreinte. Instinctivement, il verrouilla ses bras autour du rouquin et se mit également à sangloter. Silencieusement. De façon presque invisible. Et son meilleur ami le remercia. Pourquoi ? Non… Tu ne pouvais pas faire ça, Aaron.

Il ouvrit la bouche mais une femme vint leur annoncer que l’hélicoptère allait bientôt arriver. Aaron se dégagea de lui et s’apprêta à rejoindre Jessika mais il le retint par la manche. Il sentait ses pensées se bousculer ; son esprit devenir presque blanc. Pour autant, il fallait absolument qu’il parle… avant de perdre quelque chose qui lui était bien trop précieux.

- Ne me remercie pas… Je… J’ai merdé. Je me suis laissé prendre au jeu, j’ai fait des choses que je pensais bénéfiques pour nous deux, mais au final, je n’ai été qu’égoïste du début à la fin. Je ne sais pas si c’est par remords que j’ai tiré ta fusée. Je me disais juste que… tu méritais cette victoire. Je t’ai certes laissé dans cette grotte mais je n’ai jamais cessé d’avoir confiance en toi. Je savais qu’on serait les derniers en lice, et je voulais essayer de retourner mes alliances pour éliminer le plus de concurrents. Parce que sans toi je…

Il serra le poing et regarda au sol.

- J’aurais eu tant d’occasions de me faire éliminer bien avant. C’est grâce à toi que j’ai pu tenir aussi longtemps. Tu as sans cesse été d’un soutien précieux, et sans toi le Dard Venin m’aurait mis hors course bien avant. Ce n’est pas une victoire que je méritais. Si ça avait été avec n’importe qui d’autre je… je n’aurais jamais pu continuer aussi longtemps dans cette arène.

Il releva la tête et attrapa la main d’Aaron. Il enlaça ses doigts entre les siens et essaya de lui faire passer tout ce qu’il n’arrivait à dire. Ce n’était pas suffisant. Ce n’était guère assez. Mais en attendant, c’était tout ce qu’il était capable de faire pour eux deux.

Jessika revint les appeler et ils se dirigèrent vers l’hélicoptère, étrangement silencieux. Alban avait la tête baissée. Il ne se sentait pas d’humeur à braver la foule. Les cris autour de lui créaient comme un brouhaha dont il ne parvenait à capter les bribes. Tant pis. Il voulait juste rentrer à l’académie. Que tout ça s’arrête…

Assis dans l’hélicoptère, il garda les yeux rivés au sol. Il savait qu’Aaron n’avait pas envie de parler non plus. Alors il réfléchit. A comment faire pour arranger ses erreurs. Comment faire pour que son meilleur ami lui pardonne.

Par la fenêtre, l’île de Lansat fut bientôt visible. Ce serait bientôt la fin. Une nouvelle page allait se tourner. Alors, Alban prit sa décision. Se tournant doucement vers Aaron, il attrapa sa main et traça rapidement ces quelques mots sur sa paume. « Il faut qu’on parle. »

Qu’allait-il se passer, dès lors ?
Sir Trouille
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Sir Trouille
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Bon...Je ne sais pas trop par où commencer, donc je vais débuter par la forme, pour évacuer ça tout de suite : Chapeau les gens, ça faisait longtemps que j'avais pas vu des posts aussi longs et bien écrits. Aucune faute chez Alban, et seulement quelques petites erreurs chez Aaron, mais avec ce que contient le RP, j'ai carrément arrêté d'y prêter attention après le second post.
Pourquoi me demanderez-vous? Et bien parce que c'est glorieux. Les situations sont bien décrites, l'enchainement est excellemment mené et les péripéties rencontrées par le duo vendent du rêve (Par contre, je vous maudis au nom de Shakespeare....on se comprend.)
Donc voici une petite liste de tout ce que j'ai aimé et elle est loin d'être exhaustive :
-La manière dont l'émission s'impose aux deux jeunes hommes (Votre Jackie est excellente et l'arrivée sur l'île, également)
-Les PNJS sont tous bien travaillés. Que ce soit les candidats, les présentateurs et le staff, ils ont tous une personnalité qu'on prend plaisir à revoir.
-L'enchainement des épreuves est logique et on craint plusieurs fois pour le duo, puisqu’ils subissent chacun à leur tour, les dangers de l'île.
-Que ce soit Alban ou Aaron, ils ont des problèmes à régler, surtout dans la relation qui les unie (Juste fait une overdose de bromance, mais elle était cohérente) et on se demande ce que chaque situation amènera de nouveau dans leur manière d'agir l'un envers l'autre.
-Trés bon point pour Aaron, les interventions ponctuelles dans la Terreur, qui montrent un personnage en apparence fragile, qui tente de lutter contre ses démons.
-Coté Alban...Qu'on le nomme grand maitre du mal, parce que rien que le passage de la ''trahison'' d'Aaron, ça m'a véritablement fait crier ''L'enfoiré !''. Sachant que tu continues le cliché, en expliquant tes plans à tes victimes, j'ai beaucoup ri.
Le sacrifice finale que l'on pouvait voir venir reste tout de même une jolie conclusion, mais j'apprécie le fait que vous ayez poussé jusqu'à aprés l'émission, pour profiter de votre célébrité nouvelle.
En bref, je n'ai que du positif là-dedans ou presque, mais il y a tellement peu de presque que la récompense sera spéciale, croyez-moi.

PS-1
Petit detail avec Coquilame : C'est une attaque de contact et pas à distance, donc le tir sur Heledelle, c'est bizarre xD

PS-2
Z'auriez quand même pu vous embrasser à la fin, on l'attendait tous.

■■■■■ - Cinq étoiles : parfait ! Vous avez exploré la mission dans ses plus profonds recoins, vous avez fait de cet énoncé banal une grande épopée et l'application se ressent dans le moindre de vos rps ! Vous recevez 100 jetons, 25 expérience et un objet rare !

Aaron gagne la Partie supérieure d'un médaillon Lovdisc (Si un Pokémon équipé de cet objet affronte un Pokémon de sexe mâle, ses attaques infligent 10% de dégâts en plus.) et des Lunettes de vision nocturne (+2 en Recherche).

Alban gagne la Partie inférieure d'un médaillon Lovdisc (Si un Pokémon équipé de cet objet affronte un Pokémon de sexe femelle, ses attaques infligent 10% de dégâts en plus.) et Lentille Binoculaire (+2 en Recherche)


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