Leonidas ne fut pas long à la rejoindre, et la brune n’eut pas besoin de lever les yeux de son ordinateur pour l’entendre approcher. Elle vit juste passer un petit lionceau devant elle, suivi par un Evoli, et les deux se mêlèrent au groupe de Pokémon qui jouaient, pendant que leur dresseur s’installait en face d’elle. Polie, la jeune préfète en chef referma son ordinateur pour se ranger dans son sac, laissant son camarade s’asseoir et commander quelque chose à boire ou à manger. Le Phyllali prit la parole le premier, la saluant et partant du principe qu’elle allait bien. En fait… Oui, elle allait bien. Il faisait beau, elle avait à boire, à manger, ses Pokémon jouaient, Frône était en bonne santé, et quelqu’un s’intéressait au Lokhlass qu’elle traînait comme un boulet depuis plus d’un mois. Bref, c’était absolument parfait. Que demander de plus ? Aileen esquissa un sourire pour répondre par l’affirmative, s’apprêtant à le dire de vive voix quand Leonidas reprit la parole, cette fois-ci pour parler directement affaires, faisant s’allonger un peu plus le sourire de la Pyroli. Pensait-il avoir compris sa manière de parler ? Ou essayait-il de prendre les devants pour qu’elle ne lui parle pas d’Estelle ? C’était mal la connaître. La brune savait qu’il souffrait encore de ce départ, puis de ce retour, et de l’indifférence prononcée que l’ancienne Mentali avait pour lui. S’il croyait un seul instant qu’elle oserait le charrier avec ça, il se trompait.
« T’inquiètes Leo. Sur ce sujet-là, tu ne risques aucune plaisanterie douteuse de ma part. Je suis taquine, pas méchante. » Léger silence, le temps de laisser au Phyllali le temps de comprendre… Sans le temps de répondre à ça.
« Mais tu as raison, parlons affaires. »Se saisissant de la Poké Ball, elle la laissa s’ouvrir pour que le Lokhlass en émerge et tombe dans la neige à quelques mètres d’eux. Ce dernier, ou plutôt cette dernière, vu qu’il s’agissait d’une femelle, étira son long cou pour lâcher un bâillement d’ennui très caractéristique. La brune retint un soupir, avant de se tourner à nouveau vers le préfet. Il était tout de même très mignon, avec ses cheveux blonds ébouriffés qui ressemblaient à une crinière de petit lion adolescent, et son regard mystérieux caché derrière ses lunettes en pointe. Il avait la côte auprès des filles, le Phyllali, et elle comprenait pourquoi. Il aurait presque pu lui plaire, à elle aussi, s’il n’avait pas été si… Comment dire ? Sage. Non pas qu’il manquât de fantaisie, elle ne le connaissait pas assez bien pour dire ça, mais elle avait besoin de quelqu’un capable de lui tenir tête, qui ne se laisserait pas bouffer en deux mois de relation. Et clairement, Leonidas ne pourrait jamais lui tenir tête comme Loan avait pu le faire, même s’il se révélait parfois trop mièvre, coulant, et quelque peu agaçant avec elle. Se rappelant à leur bon souvenir, la Lokhlass cessa de bâiller, et Aileen revint au présent. Sa digression n’avait même pas duré une seconde, mais elle était maintenant prête à parler affaires.
« Je l’ai capturée au Lac Corail. Je l’aurais bien gardée, mais elle s’entend très mal avec Soledad, mon Lokhlass, qui la voit comme une menace parce qu’elle m’a attaquée au lac. Impossible de les sortir tous les deux, ils passent leur temps à se battre, et deux Lokhlass qui se battent, ça fait des dégâts, crois-moi. Mis à part sa petite fierté personnelle, elle est assez gentille, assez planplan, et quelque peu maternelle quand elle est mise en confiance. »Comprenant qu’on parlait d’elle, la Lokhlass se laissa glisser sur la neige pour s’approcher d’eux, les considérant avec une indifférence polie, mais curieuse. Qui était ce monsieur blond avec sa dresseuse ? Il avait l’air gentil. Et les quelques membres de son équipe, qu’elle pouvait voir, avaient l’air moins au taquet que les Pokémon avec lesquels elle vivait. Placidement, Aileen attendit quelques secondes, que le Phyllali et la Lokhlass fassent connaissance, s’apprivoisent mutuellement du regard, le tout sans mouvement ni parole. Puis, pour sortir Leonidas de sa transe, elle reprit la parole d’une voix calme. Laisser la Lokhlass à Leonidas ne la dérangeait pas, mais elle voulait s’assurer que c’était bien ce que l’un et l’autre voulaient. Elle aimait l’argent, mais pas au point d’accepter aveuglément la vente et provoquer ainsi le malheur d’un des Pokémon dont elle avait la charge.
« Alors dis-moi… Pourquoi tu la voudrais, cette Lokhlass ? »