Une nouvelle fois, la Pyroli jeta un coup d’œil à son sac. La nourriture était prête, elle avait pris de l’eau, une trousse de premiers secours pour le cas où, sa lampe torche, ses affaires. Elle était prête. Il lui avait fallu un peu de temps pour s’habituer à l’île Touga, pour s’assurer que la Team Rouage ne frapperait pas, comme au début de l’été dernier. Leur prétendue dissolution ne faisait ni chaud ni froid à la Pyroli, qui restait excessivement méfiante. On ne savait jamais, après tout. Son sac refermé, elle le hissa sur son dos, le bouclant soigneusement pour ne pas perdre quelque chose en route, et rejoignit sa petite équipe, qui attendait avec impatience qu’elle les rejoigne. Il y a peu, ils avaient découvert l’existence d’une pyramide non loin du village, apparemment un site de fouilles touristique assez fréquenté. Aileen se fichait bien du côté fouille de la chose, se doutant bien que depuis l’existence de ladite pyramide, des milliards de gens avaient dû retourner le moindre millimètre de sable pour repartir avec quelque chose. Elle ne trouverait rien. Mais elle irait bien visiter, pour approfondir un peu ses maigres connaissances historiques et découvrir de nouvelles choses. Ca pourrait être sympa, après tout. Alors elle avait préparé son sac, se parant à toute éventualité, et c’était parti pour la pyramide Kalalau ! Cette dernière était véritablement non loin du village. A peine quelques minutes après son départ de l’oasis, même si elle avait un poil plus de chemin à faire vu qu’elle avait été placée dans la zone de huttes près du lac, elle avait atteint le monument, où quelques personnes se pressaient déjà. Ca grouillait de touristes, et au vu des groupes scolaires qui se massaient autour de quelques adultes, leur académie ne devait pas être la seule à avoir réservé ici. A moins qu’ils ne soient ici que pour visiter, et qu’ils repartent après ? Bah. De toute manière, ça n’avait aucune importance. Apercevant quelques élèves de son école, Aileen les rejoignit pour se mêler au groupe et entrer plus rapidement dans la pyramide Kalalau.
« Pour cette visite de la pyramide, nous ne pouvons malheureusement pas vous faire faire un tour complet. En effet, certaines parties sont en rénovation, et d’autres interdites d’accès. Après tout, c’est une pyramide, et qui dit pyramide… Dit pièges mortels ! »Les élèves de l’autre école poussèrent des glapissements, sans doute effrayés à l’idée de se perdre dans un endroit piégé. Du côté de son école, ce fut un silence assourdissant qui répondit à la boutade du guide touristique. Pièges mortels ? Mouais. Ils avaient affronté la Team Rouage trois fois, supporté Cadigan, Rivardi, Jefferson et Olsen, survécu aux nombreux cours parfois à la limite du dangereux de leur équipe éducative, et les ruines Jirachi n’étaient pas vraiment le modèle des normes de sécurité. C’était même plutôt l’inverse, d’ailleurs. Alors une petite pyramide de rien du tout… Il en faudra un peu plus pour les impressionner. Gêné de n’avoir qu’une partie de son assistance qui entrait dans son jeu, le guide touristique se racla la gorge et se détourna pour entrer le premier dans la pyramide. Se mêlant au groupe, Aileen lui emboîta le pas, levant déjà les yeux, curieuse de voir les nombreux dessins sur les murs - des hiéroglyphes, selon la précision mentale de sa Kirlia - et les longues colonnes décorées qui balisaient leur parcours. L’endroit était sympathique. La Pyroli trouvait juste triste d’avoir planqué ça et là des spots lumineux qui cassaient l’ambiance mystique du lieu. Au moins n’étaient-ils pas plantés dans les murs et ne détruisaient-ils pas les hiéroglyphes… Le guide touristique, lui, était à fond dans ses explications. Les plantant devant un mur décoré, il passa plusieurs minutes à leur expliquer le mythe du soleil pour les anciens habitants de l’île Touga. C’était intéressant… Mais, très vite, Aileen décrocha. Il y avait trop de monde dans son groupe. Les élèves de l’autre école, beaucoup plus jeunes qu’eux, murmuraient avec excitation, faisant un bruit de fond constant qui parasitait les paroles de leur guide. Après un vague coup d’œil à son starter, leur décision fut prise, et ils tournèrent les talons pour quitter en silence la pyramide, pour ne pas interrompre la visite mais sans perdre leur temps pour autant. Ils reviendraient un autre jour, quand il y aurait moins de monde. Cependant, un des encadreurs de l’autre groupe d’élèves lui attrapa le poignet, crispant la brune qui détestait qu’on la touche.
« Hep hep hep ! Où tu pars comme ça ? Reste avec le groupe, tu veux bien ? »« Je suis pas de votre groupe, alors lâchez-moi le bras, s’il vous plaît. »« Bien sûr, tu m’en diras tant… Allez, retourne avec les autres avant que je parle de ceci au directeur de l’école. »« Je suis une élève de l’académie Lansat, bon sang, alors lâchez-moi le bras, sinon c’est à la directrice de mon école que vous devrez vous expliquer ! »Bien entendu, comme un malheur n’arrive jamais seul, un des gamins de l’autre école, ayant remarqué le manège de l’accompagnateur de son groupe, profita du fait que personne ne regardait pour poser la main sur le mur, sans doute curieux de voir si les dessins dessus avaient une texture différente ou pas. Pas de chance pour lui, Sphax le vit, et son jappement sonore attira l’attention de tout le monde, surtout du guide touristique, qui ne put que prendre sur le fait le gamin qui, après avoir sursauté, enlevait précipitamment sa main du mur. Trop tard.
« On ne touche pas les œuvres d’art ! Cette pyramide est vieille de plus de quarante siècles et il est écrit noir sur blanc à l’entrée qu’on ne touche qu’avec les yeux ! Votre directrice en entendra parler ! »« Directeur, pas directrice, ils ne sont pas de notre école… » Avec un grognement, la Pyroli leva les yeux vers l’adulte qui la tenait toujours.
« Et vous, là, surveillez votre groupe au lieu d’emmerder les braves gens ! »Agacée, la Pyroli tira d’un coup sec pour se dégager, et recula de quelques pas, emportée par son élan. Cependant, ce que personne n’avait vu, c’est qu’en effleurant le hiéroglyphe, le jeune élève avait déclenché un piège, et que plusieurs dalles semblaient s’être légèrement surélevées par rapport aux autres. Personne n’avait encore marché dessus car tous se tenaient immobiles. Tous… Sauf elle. Et en reculant, elle appuya franchement, de son talon gauche, sur l’une de ces dalles, et un grondement sourd se fit entendre, venant des entrailles de la pyramide. Immédiatement, les gens bougèrent, surpris, sursautant, marchant à leur tour sur les nombreuses dalles surélevées. La Pyroli se sentit glisser en arrière, et elle partit la tête la première dans un espèce de tunnel qui venait de se créer sous ses pieds, comme si la pyramide s’effondrait. En tombant, elle sentit vaguement son Absol lui saisir la jambe, et remonter progressivement, jusqu’à ce que sa truffe soit à hauteur de son visage. Une lueur rouge l’entoura, et elle reconnut son attaque Détection. Elle tomba sans se faire mal dans le sable, et se redressa, un peu groggy, en se frottant la nuque. L’endroit était sombre, et sablonneux. Elle avait dû tomber. Comment ? Elle se rappelait juste avoir marché sur un truc bizarrement surélevé, mais c’était tout. Son sac n’était pas à portée, et sa précieuse lampe torche non plus.
« Aïe aïe aïe… Sphax, t’es là ? » Le grognement de l’Absol lui répondit, la rassurant un peu.
« Cool… Mais t’es où en fait ? On y voit rien du tout ici... Joyce, sors ! » Une petite lumière rouge illumina les ténèbres.
« Attaque Flash ! »Une vive lumière transperça les ténèbres, et la brune, en rouvrant les yeux qu’elle avait fermé pour ne pas être aveuglée, fut rassurée de voir son Dedenne, qui courait déjà d’un bout à l’autre de la pièce où ils étaient pour ramasser les objets éparpillés de sa dresseuse. En quelques minutes, tout était rangé, et la brune, enfin debout, pouvait repartir. Mais par où, en fait ? L’endroit était sombre et silencieux. Elle voulait du mystère ? En voilà sur un plateau ! La pièce où elle était, en tout cas, était entièrement remplie de sable. Elle apercevait un bout de porte, non loin, mais sortir par là allait être difficile. Sauf si elle se déblayait le chemin, bien entendu. Un nouvel éclat rouge, et son Mascaïman, Sobek, sortit de sa Poké Ball pour tomber dans le sable. Après un instant de surprise, il fut heureux d’être dans son élément, et encore plus quand il entendit sa dresseuse.
« Sobek, j’aurais besoin que tu m’ouvres un chemin vers la porte, là. Avec, hmmm… Tunnel, par exemple, pour déblayer tout ce sable et me permettre de passer sans danger. »Le petit crocodile hocha la tête, et se mit au travail pour créer un bon passage. En moins de dix minutes, le chemin était ouvert, et la Pyroli put sortir de la pièce sans se faire ensevelir sous une tonne de sable. Après une caresse à Sobek, elle le fit rentrer, ne conservant avec elle que Sphax, son protecteur, et Joyce, sa source de lumière. Était-elle la seule à être tombée dans le fond de la pyramide ? Possiblement. Et vu le manque d’éclairages, ce n’était pas un endroit visitable. Peut-être un de ces coins en rénovation car truffés de pièges ? Elle verrait ça en progressant. Même si elle s’arrêta au bout de quelques minutes seulement, alertée par de drôles de frottements contre les murs. Il y avait du bruit… Des plaintes. Peut-être un simple Rattata, que l’écho des lieux amplifiait mille fois, mais c’était tout de même angoissant. Surtout que ça se rapprochait d’elle ! Etendant ses pattes pour être plus stable au sol, Sphax pencha la tête, faisant rougeoyer sa corne en signe de menace, tandis que Joyce, coupant son Flash, faisait crépiter ses joues, prêt à attaquer. En hâte, Aileen se saisit de sa lampe dynamo, qu’elle braqua vers le couloir d’où provenait le bruit, quelque peu alarmée. Car dans la panique, une question venait de lui traverser l’esprit. Qui dit vieille pyramide dit momie… Et si c’était une momie qui se baladait dans les couloirs ?