Jamais mieux servi que par soi-même !
C’était un jour de fin d’été comme il en existait plein d’autres. J’étais vraiment soulagé. Nous rentrions enfin de notre séjour désastreux sur l’île Touga, et malgré que le voyage m’ait un peu amusé certaines fois, et désespéré d’autres, j’étais bien content de rentrer à la Pokémon Community. J’étais appuyé sur la rambarde du bateau, observant l’eau se fendre à notre passage, pensant à tous ces Pokémons sous-marins qui devaient être effrayés en voyant l’embarcation traverser leur habitat naturel. Je soupirais. En parlant de bestioles, j’étais un peu déçu de ne pas avoir attrapé de spécimen propre à l’île, si toutefois il en existait. Peut-être aux prochaines vacances, me disais-je, ou alors des adultes et des chercheurs allaient en rapporter à l’école pour les élèves. Enfin, si des Pokémons rares étaient amenés, j’étais certain qu’ils seraient donnés aux TopDresseurs. Bah oui, pourquoi les laisser à des scientifiques pour étude, hein ? Mieux valait donner ces rares petites créatures à des dresseurs ne sachant pas faire autre chose que doper leurs Pokémons, les entraîner jusqu’à l’épuisement, pour les faire combattre sans relâche par la suite ! C’est beaucoup moins intéressant de connaître les mécanismes de défense de ces bestioles que de se contenter de les jeter dans l’arène en hurlant « PIKACHU ATTAQUE TONNERRE ! » ! … Je m’emporte ? Oui, je m’emporte.
Je revenais à la réalité, voyant se dessiner le port de Lansat tout proche, faisant des ronds sur la barrière du bateau avec mon index. J’avais mis Cierge en sécurité sur mon épaule, toujours à portée de main, pour qu’il se repose. Et puis, petit comme il est, je n’avais pas envie qu’il glisse et tombe à l’eau. Pour un type Feu, ce serait bête, hein ? J’écoutais le bruit des vagues, comme les conversations autour de moi. D’ailleurs, l’une d’entre elles me fit me redresser.
« - Je te jure ! Je l’ai trouvé à Touga ! Tu crois qu’il y a quoi dedans ? Un Pokémon super rare, j’en suis sûr ! »
Je connaissais cette voix. Un Noctali, c’était sûr et certain. Un type dont je connaissais seulement le prénom, qui était une sorte de fils de bourgeois tentant de se faire une réputation de beau-gosse, sans succès jusqu’à maintenant. Je me retournais pour le voir avec son air d’imbécile heureux, porter fièrement un œuf dans ses bras.
« - Et tu vas en faire quoi ?
- D’après toi ? Si c’est un type Acier, j’le garde, et sinon ciao ! J’le revends et je me fais un max de fric ! »
A ces mots, mon sang ne fit qu’un tour, et je me retournais.
« - HECTOR ! » rugissais-je en sa direction.
Je le voyais sursauter et se mettre à trembler, presque prêt à s’enfuir et se recroqueviller en position fœtale dans un coin. Sans attendre, je m’approchais, fermement décidé à lui passer un savon, ignorant les regards amusés de ses « amis ».
« - Non mais t’as cru quoi, toi ? Que t’étais Arceus ? Que t’avais le droit de décider de ce qu’il adviendrait de ce pauvre Pokémon ? T’es vraiment qu’une ordure ! Donne-moi cet œuf tout de suite ! » Je ne lui laissais pas le choix et le lui prenait, mais ça n’avait pas l’air de l’énerver plus que ça. « Moi je vais le garder et le chouchouter, que ce soit une espèce rare ou pas ! »
Bon, secrètement, j’espérais que c’en soit un, histoire d’avoir un beau sujet d’étude à portée de main, mais je n’étais pas sans-cœur au point de le rejeter si c’était un Pokémon « classique ». Je suis comme ça, moi. Profondément bon. Eh ! Qui a ri ?!
« - J…J…Je suis désolé Alyx ! T…Tu peux le garder, j-j-je t’en prie, il est à toi je te l’offre !
- Ouais, c’est ça… T’as pas intérêt à recommencer ce genre de débilités profondes, ou je vais vraiment me fâcher. »
Je repartais avec l’œuf dans les bras comme un bébé, grognant aux éclats de rire et aux moqueries des autres. C’était drôle de voir ce gars se faire humilier de la sorte, mais encore plus quand ça venait « d’un type en robe » apparemment. Bah… Du moment que le futur petit qui sortira de là était en sécurité, je me fichais bien de ce qu’ils pouvaient dire.
Je descendais finalement du bateau une fois arrivés. Je me sentais presque chez moi ici. Déjà plus que mon « vrai » chez-moi, avec ma famille. Chacun a sa vision des choses. Je sortais de ma poche une petite liste de choses à faire que j’avais rédigé au début du voyage. J’avais noté dans un petit coin de me racheter une teinture blonde. J’avais hâte de la faire. Mais tout d’abord, aller poser mes affaires. Je me dirigeais vers ma chambre. Je n’y voyais pas les bagages de ce nigaud d’Hector. Tant mieux, je les aurais mises dehors de toute façon. Je déposais donc mes valises et j’en profitais pour me changer. Je vérifiais ensuite qu’il ne me manquait rien, puis je sortais à nouveau pour aller directement au point deux de mon papier : aller du côté des éleveurs. J’avais entendu parler de nouveaux venus dans cette filière, et je comptais sur leur envie de premier « client » pour éventuellement avoir une petite ristourne, ou au moins quelqu’un de motivé qui aurait pu faire quelque chose pour Adonis. Ce Barpau qui n’était pas gâté par la nature me donnait parfois envie de m’arracher les cheveux, et plus son idiotie se prononçait, plus j’avais hâte qu’il devienne un ravissant Milobellus pour qu’à défaut d’avoir l’intelligence, il ait au moins la beauté. J’avais quelques noms avec moi, et le premier était une Givrali. Eve quelque chose. Je me dirigeais donc vers ce dortoir, essayant d’oublier notre petite bataille d’eau estivale, et cherchait n’importe quelle fille au pif, m’approchant.
« - Excuse-moi, tu pourrais me dire où se trouve la chambre d’Eve ? Ou même directement où Eve se trouve, ça m’arrangerait. »
En espérant qu’elle n’avait pas décidé de traîner en ville ou quoi… Sinon, ça allait compliquer ma tâche. Je voyais la jeune fille réfléchir. Elle semblait un peu gênée de devoir répondre à ça. Elle finit par m'offrir un sourire désolé.
« - Bah... En fait, j'en sais rien, il parait qu'elle a eu un problème et qu'elle n'est pas revenue. Mais je lui passerai un message si tu veux.
- Pffft... Ouais, laisse tomber, je me débrouillerai. »
Je repartais ainsi comme un prince vexé qu'on ait osé lui poser un lapin pour un rendez-vous qui n'avait même pas été programmé. Franchement, on ne pouvait vraiment compter que sur soi-même pour que le boulot soit bien fait !
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