T’es pas un héros Sirius. Tu aurais voulu être ce garçon fort et élégant, tu aurais bien voulu être un chevalier en armure brillante. Tu aurais voulu arriver, le sourire étincelant avec ta cape et ton épée, sur ton galopa blanc, tu aurais voulu arriver, comme un Prince, et sauver la princesse. Et peu importait au final, que ta princesse soit ta petite sœur, la fille que tu aimais ou ta plus fidèle amie. Tu as toujours voulu être le chevalier de quelqu’un, mais Sirius, tu as toujours été la princesse. Peu importe les efforts que tu mets dans la réalisation de tes objectifs, tu restes aux yeux des autres ce type un peu loufoque. Pas que ça te dérange en temps normal, mais putain, Sirius, tu sais. Tu sais que derrière les sourires taquins il y a personne qui y croit. Tu sais que peu importe à quel point tu essais, quand tu mets tes vestes de cuirs et tes bottes de voyou, tu sais que jamais, jamais, on ne te verra comme le type badass. Tu n’es pas Orren, tu n’es pas Leonidas. Tu n’es pas de ce style. Tu n’es pas un héros, tu n’es pas un chevalier, tu n’es pas un prince.
Mais Groudon sait que tu veux être roi.
Mais la couronne que tu crois porter, le reflet doré dans ta tignasse brune, c’est jamais que des visions de ton esprit, c’est jamais qu’une vague envie sortie de on ne sait quel chapeau magique. Et quand tu regardes Lyra, aussi faible, aussi pâle, aussi lointaine, comme un fantôme dans la nuit, comme une ombre qui te hante et tu te rappelles et ça te rappelles, que Sirius, toutes les couronnes du monde, toutes les épées du monde et toutes les capes du monde ne t’apporteront pas ce que tu recherches. Tu es faible. Tu n’es que l’écho de ce que tu voudrais être. Une simple mélodie qu’on joue de loin, le faible refrain d’une chanson populaire. Tu n’es pas fort Sirius, tu te murmures alors que tu voudrais hurler. Tu n’es que le prologue de quelque chose de plus grand. Tu aimerais avoir la force de caractère, le courage, la patience, tu voudrais tellement être quelqu’un d’autre à ce moment précis.
Parce que putain Sirius, tu flippes. Ça te fait flipper tout ça. Ça te fait flipper de rien contrôler. c’est en dehors de ta portée ce genre de truc et ça fait peur. Ça te tue, ça te ronge. Et tu ronges, ton frein, tes ongles. Et tu fais les cents pas. Ton lit où elle repose, princesse doucement endormie par le maléfice de la méchante fée maladie, et ton siège de bureau, trône d’un roi incapable. Et tu la regardes et tu as peur parce que rien n’y fait, tu n’as rien à faire d’autre que la regarder et flipper parce que tu l’aimes tellement fort et tu te battrais comme le monde entier pour la protéger et tu as peur parce que tu peux pas te battre contre une maladie, tu peux pas te battre contre un malaise. Et tu sais pas. Tu sais pas ce qu’elle te cache et ce que tu vois, ce que tu ressens, c’est qu’elle cache si bien si fort derrière cette carapace que tu connais et que tu veux briser et tu peux rien faire parce que t’es qu’un gamin Sirius et un gamin ça peut pas gérer ça.
Alors tu attends. Tu attends qu’elle bouge, qu’elle te revienne. Et quand enfin, elle bouge, y’a un truc dans ton coeur qui est bizarre. Tu veux l’aider bien sur. Ton amour pour elle est clair, c’est ta petite sœur, la famille que tu as jamais eut. Tu t’attaches vite et cette fille, qui te ressemble tellement par tellement de point, a brisé avec une facilité déconcertante les murs que tu montes habituellement autour de toi. Et elle te regarde, et elle sait pas où elle est. Et quand elle parle enfin, tu t’enflammes, tu t’animes. Personne n’a le droit de donner ce regard à Lyra, elle doit sourire, avec les yeux avec la bouche, avec le corps.
Et là son corps te crie qu’elle a peur, qu’elle veut pas parler mais cette fois tu veux pas la ménager, parce que si tu as peur, tu n’oublies pas que pour elle, c’est probablement pire. Tu aurais put fermer les yeux, mettre tes œillères et continuer à avancer sans voir la peine de la brunette, tu aurais pu baisser les yeux, tu aurais pu hausser les épaules parce que c’était pas ton combat à la base. Mais à l’instant où tu t’es assis contre cet arbre, quelques mois plutôt, les combats de Lyra sont devenus tes combats. Y’a quelque chose avec elle. Quelque chose qui te rappelle tellement toi que tu peux juste pas arrêter. Tu peux la lâcher. Tu peux pas. TU PEUX PAS.
Ton cœur bat fort et vite alors qu’enfin elle se confie à toi. Ça fait beaucoup pourtant, tes yeux restent secs. Tu dois être fort pour elle. Tu pleureras le sort de ta princesse ce soir, la tête enfouie dans ton oreiller quand tu seras certain que Paul dort. Pas avant. T’as pas le droit. Pas le droit alors que sa voix se brise et que ses yeux et ses joues sont si humides et tu veux pas ajouter à son fardeau, tu veux le prendre et l’aider à le porter. Tu veux faire ton job de grand frère. Tu passes ta main dans son dos, protecteur et rassurant. Tu réponds pas immédiatement, ta voix serait trop faible et elle saurait. Alors tu attends un peu et tu emmagasines toutes les informations.
Lyra est malade. Tu l’avais deviné avec son malaise et sa réaction au réveil mais l’entendre mettre des mots sur tes soupçons ça les rend tellement réels. De dessins imaginaires ils deviennent montagnes insurmontables. Mais Sirius, tu laisses un léger sourire venir se loger sur ton visage inquiet. Tu as toujours été du genre rêveur et si tu n’es pas médecin ou psychologue, tu es grand-frère et tu tiens à elle et tu vas pas être comme Reg qui est partit quand ça allait plus et tu veux être là pour elle alors tu la serres un peu plus fort, peut-être un peu trop fort, contre ton torse. Et tu veux lui ouvrir les yeux et tu veux lui faire comprendre. Alors tu te lances et tu parles vite et tu rêves et tu improvises mais cette tension te tue presque autant que les larmes sur les joues de Lyra alors si tu peux pas la soigner d’un coup de baguette magique, tu apporteras un sourire sur les lèvres tristes de la brune, tu transformeras les pleurs (et les peurs) en rire.
Pour elle comme pour toi.
- Je suis vraiment heureux tu sais ? Je veux dire, ça me rend triste ce que tu traverses et ça me tue de pas être magicien et te libérer de tout ça mais tu sais quoi, j’ai décidé que je laissais aux médecins leur travail. Avoue que l’idée de moi en médecin fait peur.
Tu lâches même un petit rire. C’est amer mais c’est sucré. Doux-amer. Comme ta rencontre avec cette fille un peu bizarre mais tellement gentille. Alors tu continues à parler.
- Je t’adore Lyra, tu es tellement importante pour moi et je suis tellement heureux de voir que je le suis assez pour que tu me confies ça et Lyra je veux effacer tes larmes et tes peines et te faire sourire et rire. Et je sais pas comment je vais faire mais je vais le faire et je veux pas que tu te sentes mal parce que tu me le dis « que » maintenant parce que c’est dur. C’est pas quelque chose que tu dis facilement et je comprend pourquoi tu m’en as jamais parlé et je t’en voudrais jamais pour ça ok ?
Tu l’éloignes de ton torse pour river tes yeux dans les siens, pour qu’elle comprenne à quel point tu es sérieux.
- Je crois en ta guérison. Je veux y croire et tu vas y croire aussi. Ta vie sera longue et heureuse et tu vas faire toutes les choses que tu veux faire et tu sais quoi ?
Tu te lèves rapidement et tu attrapes un morceau de papier et un crayon et tu te recales dans le lit, juste à coté d’elle, appuyé contre le mur et tu t’installes, bien installé, presque trop confortablement contre l’épaule de la brune et tu commences à écrire, parce que tu as besoin de te changer les idées et tu as l’impression qu’elle aussi, alors tu commences à écrire et à parler, avec cette voix un peu trop joyeuse et excitée.
- Il faut absolument que je t’amène à Algatia pour voir l’Observatoire ! Et les fusées ! Et puis faut qu’on fasse des montagnes russes et des manèges à sensation ! Tu sais que je suis jamais allé dans un parc d’attraction ? C’est un peu triste quand on y pense mais j’m’en fiche un peu je crois, je veux juste faire pleins de trucs avec toi. Parce que tu comptes pour moi et que je veux pas que tu penses que tu dois t’éloigner du reste du monde parce que tu as des problèmes de santé.
Tu inspires et t’éloignes légèrement pour la regarder dans les yeux.
- Tu es tellement forte Lyra. Tellement courageuse.
Et tu peux pas t’en empêcher et tu poses ton front contre le sien et tu fermes les yeux et tu restes juste comme ça à réaliser qu’elle est là, qu’elle va bien, qu’elle est en vie et tu veux y croire de toute la force de ton imagination que ça sera toujours le cas et que le maléfice sur son cœur s’en ira et que toujours, quand tu regarderas à coté de toi, il y aura l’étincelant sourire de cette fille qui le cache un peu trop.