Déjà un weekend que nous sommes en vacances et je n’arrive toujours pas à me décrocher du rythme scolaire. Mes yeux s’ouvrent encore à 4h45 alors qu’aucun entrainement matinal ne m’attend dehors. Je reste dans mon lit bien au chaud, mais l’incapacité à me rendormir me motive souvent à sortir du lit plus tôt. J’en profite pour faire deux trois bricoles pendant qu’Aria dort toujours, comme replier mes vêtements parfois en boule, caresser mes pokemons ou lire divers bouquins sur la médecine. L’académie m’a elle aussi apporté beaucoup de chose à ce niveau-là mais il me reste encore pleins de choses à apprendre. Et dans ces moments-là, les livres sont nos meilleurs amis. Ils apportent le savoir dont nous avons tant besoin.

Cela fait également deux jours maintenant que nous sommes tous revenus de l’île mobile qui nous a permis de rencontrer de nouveaux pokemons, ceux de l’archipel d’Alola. Il s’est passé beaucoup de choses là-bas, et en particulier l’évolution de Zeno en Galifeu. C’était un moment très impressionnant et bien gravé dans mon cœur et mon esprit. Une fois de plus, l’un de mes pokemons a évolué pour me protéger d’un danger. Est-ce cette poussée d’adrénaline qui leur donne la force d’évoluer ? Je devrais peut être poser la question aux scientifiques de l’école. Toujours est-il que le pokemon feu a gagné en assurance et se montre bien plus responsable qu’avant, voir même un chouïa trop protecteur. Il ne me lâche plus d’une semaine comme s’il avait peur qu’un nouvel accident se produise. C’est quelque peu embarrassant. J’ai l’impression d’être une poupée de verre.

Mais je ne suis pas revenue seule de cette petite aventure. J’ai capturé un nouveau pokemon, un Mimantis pour être exact. Il était blessé par les flammes de Zeno, et sans trop réfléchir je l’ai capturé. Après réflexion je me suis dit qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes à avoir un nouveau pokemon dans l’équipe et qu’il suffirait simplement de l’intégrer et que tout irait bien. Je n’avais pas du tout pensé à ce qui arriverait, à la personnalité de ce pokemon. Il se trouve qu’elle est exactement comme Yuko. Dominatrice et prétentieuse. Deux êtres se ressemblant pour tout point mais qui n’arrivait pas à cohabiter. C’est simple, à chaque fois que les deux étaient hors de leur pokeball en même temps cela terminait en prise de bec et en duel. Il fallait que Zeno et Ruru, les deux plus grands de l’équipe, les séparent pour calmer le jeu. Mais ce n’est pas efficace bien longtemps. J’espère que cette guerre ne durera pas trop longtemps et surtout que je pourrais arranger les choses.

Ce matin, j’ai décidé d’aller tirer un peu, pour me vider la tête et partir loin de toutes ces histoires de gestion d’équipe. J’ai bien le droit à une petite pause. Equipée comme à mon habitude, je me saisis de mon arc, prend Ruru Hiro et la Mimantis avant de quitter le dortoir. Ma petite cible sous le bras, je m’enfonce dans la forêt, dans mon coin préféré pour tirer. Il y a un peu de neige au sol. Pas grand-chose, mais une fine couche, donnant un aspect un peu mystérieux et fantastique au lieu. Le sourire au coin des lèvres, j’installe correctement ma cible à un tronc d’arbre précis, marqué par mes divers passages. Je recule d’une vingtaine de mètre et adresse un signe de tête à Ruru qui disparait dans l’ombre. Sans elle, l’idée même de tirer dans un lieu aussi découvert ne m’aurait pas traversée l’esprit, beaucoup trop dangereuse. J’inspire un grand coup avant de me saisir de ma flèche dans le carquois accroché à mon dos. C’est partit. Que la volée commence. Les flèches s’enchaînent les unes après les autres, mon esprit uniquement concentré sur le petit cercle de couleur. Ce sport me permet aussi de me recanalyser quand j’ai tendance à me perdre psychologiquement. Concentrer toute son attention sur un même point, c’est comme se concentrer sur un seul objectif, se recentrer.

Hiro et la Mimantis (à qui je n’ai toujours pas trouvé de nom, et qui ne m’aide pas franchement non plus), reste sagement à mes pieds pour observer. Mes pokemons connaissent ma passion folle pour le tir à l’arc mais ce n’est que chacun leur tour qu’ils assistent à un de mes entrainements. Il y règne toujours un silence de plomb, nécessaire à ma concentration Mais je crois que pour les pokemons eux même ce n’est pas plus mal. Une nouvelle flèche vient s’abattre sur la cible mais cette fois-ci, Ruru revient en courant vers moi, l’air inquiète. En voulant la rassurer, je baisse mon arc et la caresse de l’autre main.

Qu’est ce qui t’arrive ma belle pour que tu reviennes si vite ?

La Zoroark eut à peine le temps de m’adresser quelques signes de tête qu’une fille aux cheveux violets débarque en plein milieu du champ de tir, suivit d’une troupe de pokemon plus ou moins imposants. Quelque peu déconcertée par cette arrivée fracassante, mais aussi légèrement irritée par le fait qu’elle m’ait interrompu en plein entrainement, je m’adresse à elle.

Excuse-moi mais qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est pas commun pour un footing

Laçant ses chaussures et finissant ses étirements matinaux, Etna souffla, laissant échapper un nuage de vapeur. Le soleil pointait à peine et elle avait déjà fait son échauffement, sa partie de go matinale et avait certainement réveillé quelques Mentali qui seraient grognonnes pour la journée. La brunette devait bien être la seule du dortoir à se lever aussi tôt même en vacances. Sautillant sur place pour ne pas trop perdre de chaleur, elle lança un regard à son équipe. Fuwadoku et Ikken étaient toujours aussi motivés, pendant que Dango et Nakade se lamentaient de devoir encore courir, ce n’était pas l’exercice le plus évident pour ces deux là. Quant au insectes…

- Bon, vous avez fini vous deux ?! Je dois encore une fois m’énerver ou ça va aller ?

L’abeille et la mouche sursautèrent et arrêtèrent de bourdonner l’un sur l’autre et partirent chacun de son côté. Etna soupira, pas possible d’arrêter les disputes entre ces deux Pokémon, et ce depuis la capture. Il faudrait peut-être qu’elle pense à consulter le tableau d’échanges si ça tournait au vinaigre. Elle avait capturé le Bombydou, mais contrairement à ses autres Pokémon, elle n’en avait pas vraiment besoin et même si c’était son premier Pokémon qu’elle pouvait qualifier de potentiellement bon pour les Concours, elle n’avait aucune alchimie avec, elle l’avait plus capturé pour faire comme tout le monde.

Tout en commençant son jogging matinal, Etna se dit que sa vision des Pokémon avait elle aussi évoluée depuis son arrivée à la PC. Elle les considérait au début comme des outils utiles pour réaliser ses projets, même si elle les appréciait et s’en occupait avec diligence. Elle avait appris par la suite que chacun avait sa propre personnalité, son propre tempérament. Ça ne l’empêchait pas de se montrer inflexible avec eux, mais elle faisait plus attention à leurs sentiments depuis quelques temps. Ils étaient en quelque sorte ses amis les plus proches. Elle aimait la présence silencieuse de son starter, la diligence de Scarabrute, l’obstination d’Ecrapince, l’enthousiasme de Desseliandre et la joie de vivre de l’Apitrini. Le Bombydou avait certainement des qualités qu’elle ne percevait pas encore. Enfin bon, s’il continuait de lui désobéir et d’embêter le reste de l’équipe ainsi, elle n’allait pas être satisfaite…

Sa crouse l’avait menée dans la forêt et elle avançait sans trop réfléchir. Cet environnement était un bon entraînement car les Pokémon devaient éviter un maximum d’obstacle et faire avec leur morphologie, tout en gardant le rythme et en se montrant le plus discret possible. Ce n’est que quand elle déboula près d’une élève et de son Zoroark qu’elle marqué une pause, un peu interloquée de croiser quelqu’un dans ce coin reculé de l’académie. Et pourquoi cette brunette l’agressait-elle ?

- Et bien je fais mon footing matinal, la forêt est parfaite pour entraîner mes Pokémon à se déplacer rapidement dans divers environnements. Il y a un problème ?

Etna remarqua l’arc dans la main de la demoiselle et tourna la tête vers une cible plus loin et laissa échapper un sifflement. Wow, une archère, elle ne pensait pas en croiser une ici. Si elle avait perturbé ses exercices, elle comprenait l’irritation de son interlocutrice, surtout qu’elle avait dû s’éloigner dans les bois justement pour ne pas être dérangée. Encore quelque chose qui avait changé chez elle, avant elle aurait simplement continué sa route ou se serait disputée avec sa vis-à-vis sans chercher à la comprendre.

- Oh, je vois que tu étais en plein séance. Désolée de t’avoir dérangée… Idalienor, c’est ça ? Je crois qu’on est en Pokéathlètisme ensemble, je suis Etna Neria, une Coach Mentali.

Oui, encore des nouveautés : elle avait commencé à retenir les noms des élèves avec elle dans sa formation, et ce juste pour parfaire sa couverture. Quel Coach ne connaissait aucun Médecin pour l’aider, hein ? Mais, plus étonnant, les désolée, excuse-moi et autres formules de politesse s’étaient glissées dans son discours avec des gens de rang égal au sien, ce qui n’était pas une mince progression. Un bourdonnement lui fit tourner la tête pour voir que ses insectes, à peine arrêtés étaient déjà en train de se chamailler à nouveau.

- Atsugi, Bombydou, stop. Ou sinon, vous savez ce qu’il vous attend. Je viens de capturer ce Pokémon d’Alola et il a un peu de mal à se faire à mon équipe, c’est d’un rageant. Oh au fait, je ne savais pas qu’il y avait d’autres amateurs de disciplines traditionnelles à la PC ! J’ai eu quelques cours de tir à l’arc mais ce n’était pas trop mon truc, je préfère le combat à l’épée.

Alerte, alerte, Etna était en passe de finir en mode fanatique guerrière. La pauvre Idalienor risquait fort d’être quelque peu surprise de trouver une Mentali fanatique de combat et de chefs de guerre sanglants. Les Pokémon de la brune, plus ou moins habitués s’étaient mis en position de repos, tous prêts à repartir quand leur Dresseuse aurait fini de discuter. Elle semblait d’ailleurs avoir oublié l’entraînement dans sa joie de peut-être avoir trouvé quelqu’un qui partageait son point de vue sur le sport.