| Edge of glory Hélios & Leype
|
Andreas et toi étiez entrés sans y avoir été invités dans la chambre de ce cher Leype mais eh, après tout, quelle importance ? Ce n’était pas comme s’il était en train de se déshabiller ou de vaquer à d’autres occupations étudiantes bien peu recommandables. Puis bon, dans le pire des cas, tu lui aurais tendu une de tes feuilles en guise de mouchoir et on en aurait plus parlé. Alors pourquoi donc cette réaction gênée lorsque vous l’aviez surpris ? Il était seulement en train… d’astiquer une sorte de grosse épée qui avait l’air bien lourde et aiguisée, non ? Tu ne comprenais pas. Mais tu n’avais pas besoin de comprendre, puisqu’était venu le temps du : shooooow !
Heureux comme jamais - mais sérieux tout de même, il ne fallait pas déconner -, tu t’étais accroché au référent Voltali pour une valse endiablée et théâtrale. Oh que tu aimais la danse, Hélios ! Elle te permettait de capter l’attention de ton auditoire, de faire virevolter avec élégance tes apparats, et même d’exhiber un peu plus de ton corps d’Apollon. Tu aimais la sensualité, Hélios. Et encore plus depuis que tu avais lu les 50 nuances de Pérégreyn. Roman éroticosensuel qui avait été plagié outrageusement pour en faire un livre version humaine - un étron sans nom, si tu osais dire -. Mais soit ! Tu n’étais pas là pour te remémorer ces plus sombres - badum tss - heures de ton existences. Il te fallait profiter. Profiter de ce ballet de haute voltige !
Noyé sous la pluie de pétales et de paillettes, tu essuyais discrètement une petite larme d’émotion qui venait de perler au coin de tes yeux d’obsidienne. C’était si beau. Aaah, par Arceus. Si ce cher Heartnett n’avait pas quitté les planches, tu aurais exigé de te produire avec lui sur une scène de renom. Sûr que vous auriez fait un malheur ! Mais pas de précipitations. Tu avais encore beaucoup à apprendre, Hélios. Car l’imagination n’avait pas de limites !
Après votre prestation, tu avais donc rejoint le côté de Leype pour que ton idole puisse disparaître dans ces effets pyrotechniques dont lui seul avait le secret. Avant qu’il ne s’évapore totalement néanmoins, tu exécutes une révérence élégante, tout en formulant une bénédiction silencieuse à l’égard de cet ange touché par la grâce du seigneur. Voilà qu’il était parti. Tu le ressentais au vide que tu avais dans le cœur. Mais ce n’était qu’un au revoir pour mieux se retrouver, Sweet Prince.
Avec dignité, tu laisses Leype te porter jusqu’à son épaule, place que tu affectionnes tout particulièrement. Oh Leype. Oh, cher Leype. Il t’avait manqué, depuis ces quelques jours où tu n’avais pas pu le voir. Mais tu ne voulais pas te montrer trop envahissant ou trop collant, ça non. Tes fils de soie l’étaient déjà bien trop à ta place ! Et puis, en vérité, tu avais envie de lui manquer un peu ; qu’il se languisse de ta présence, et te réclame à demi-mot. Tu étais comme ça, Hélios. Une véritable star savait se faire désirer, après tout. Et c’était visiblement le cas, puisque le sourire que t’adressait ton ami et égal était lourd de signification.
Fièrement installé sur l’épaule du blond, tu écoutes avec attention ce qu’il a à te dire. Il a toujours de bonnes idées. Tu le sais depuis votre première rencontre, lorsqu’il avait pallié avec brio les faiblesses de ton servit- heu pardon, de ton dresseur, Stentor. Et quoi de mieux pour représenter votre référent que de faire de cette exhibition, un éloge à son nom ? Evidemment. Tu acquiesces, totalement sur la même longueur d’onde que le Chevalier, tandis que dans ton esprit, des premiers patrons commencent à se dessiner. Leype veut des explosions, des changements, de la chimie, des nuages et des paillettes ? Tu peux à peu près voir comment tout cela va se goupiller. Mais tu as quand même envie d’être plus subtil. Il vous faut raconter une histoire… Sans mots, néanmoins. Juste avec le visuel. Le visuel…
Tu fermes brièvement les yeux et, dans une marche silencieuse, tu vois Leype entrer en scène. Son costume reste encore flou dans ton esprit, mais tu visualises à la perfection cette longue cape immense qu’il porte derrière lui, un peu comme une traîne des anciens rois. Toutefois, celle-ci n’est composée ni de tissu, ni de fourrure… Mais de papier.
Dans ton esprit, tu te souviens de cette coiffure que vous aviez faite au Mammochon. Tu as envie que cette scène soit l’histoire d’Andreas, mais également la vôtre. Tu te souviens avoir, sur les directives de Leype, taillé des silhouettes dans les poils pour en faire une sorte de spectacle en plusieurs dimensions. Un peu comme ces ombres chinoises. Spectacle d’ombre et de lumière…
Tu as brusquement un déclic. Avec agilité, tu sors un fil de Sécrétion et descend de l’épaule de Leype. Avec tes petites pattes, tu lui fais signe d’attendre quelques secondes. Puis, ouvrant la porte en actionnant la poignée grâce à tes soies, tu sors brièvement de la chambre… Toute juste à peine le temps d’aller chercher du papier et de quoi écrire dans la salle commune. Ainsi muni, tu poses ton plan de bataille sur le sol, et fait signe à Leype de se pencher à ta hauteur. Tu débouches le feutre et commence à tracer le premier patron de ce que tu veux. Ainsi que des indications claires pour le Chevalier.
Ce dont tu as envie est à la fois simple, et terriblement compliqué. Une cape. Une cape de papier, repliée en accordéon comme dans un livre. Sauf qu’à chaque fois qu’une « page » s’ouvrirait, ce serait une véritable scène en trois dimensions qui se créerait sous les yeux des spectateurs. Une construction alambiquée de papier découpé pour donner vie à des tours, des châteaux, de la végétation… et des hommes et des femmes, même ! Néanmoins, tu as envie d’inclure cette notion de changement et de chimie dans ton costume. Alors, pour habiller le papier, tu veux y coller ce matériau du nom d’opale polymère. Le nec plus ultra chez les Coordinateurs, à supposer que vous connaissiez son existence ! Tu veux qu’à chaque pas de Leype, la cape se métamorphose en forme et en couleur. Que les paysages se succèdent. Que la magie du conte perdure. Tu veux un système qui lui permette, d’un mouvement, de faire tourner les pages de votre histoire. Tu veux qu’il puisse étirer et rétracter l’opale polymère, afin qu’elle révèle toutes ses capacités. Tu veux qu’elle puisse virer du vert au bleu, du jaune à l’orangé, de l’irisé au sombre… comme les ailes d’un Prismillon.
Tu veux tout ça, Hélios… Mais tu as besoin de l’avis de Leype, là-dessus. Tu as besoin de son aval. Et surtout… Tu as besoin de savoir le plus important.
Quelle histoire raconter ?