Autant dire que le début de l’année était passé à une vitesse folle. En effet, Calliope avait encore l’impression que les fêtes de Noël ne s’étaient déroulées qu’hier. Et pourtant, on était déjà au mois d’avril, c’est pour dire ! Aujourd’hui, le temps était incroyablement doux. Les températures étaient au-delà des normales de saison, ce qui ravissait la plupart des élèves dans l’académie. De ce fait, tout le monde en profitait pour prendre un bon bol d’air frais. Enfin, presque… Il y avait vraisemblablement une exception.
Dans sa chambre, derrière sa fenêtre, Calliope observait avec envie les élèves s’amuser dans le parc. Le soleil brillait fortement dans le ciel sans nuage, ce qui ne lui inspirait pas confiance. L’astre solaire était la raison de sa réticence quant à imiter ses camarades. Elle se privait toute seule de ce plaisir, mais elle avait aussi bien conscience que sa maladie évoluait et qu’elle devait se montrer encore plus prudente. Son médecin l’avait averti depuis qu’elle avait dû fuir l’établissement pour rentrer en précipitation à Sinnoh afin de bénéficier de soins spécifiques : « fais plus attention quand tu sors, évite le soleil quand tu le peux. » Mais était-ce une vie, de s’enfermer de la sorte … ? La dernière sortie capture avait pourtant été le signal d’alarme. Près de ce volcan, ça avait été un véritable calvaire. Sans oublier cette chaleur étouffante. Cependant, elle était non plus sur l’île Micle mais bien à Lansat. Alors, c’était
différent.
En retrait, Hana regardait sa dresseuse d’un air triste. La créature comprenait bien la préfète des bleues et était peinée de la situation. Pour la réconforter, elle allait poser l’une de ses feuilles dans son dos. Ce geste réconfortant, empli de chaleur, faisait du bien à la rouquine qui lâchait un faible soupir. Fermant doucement les yeux, Callie reprenait ensuite sa respiration tout en serrant un peu plus le fin rideau qu’elle tenait entre ses doigts : elle venait de prendre une décision.
Si son espérance de vie était vraiment limitée, à quoi bon la passer qu’avec des regrets ? Inutile donc de la prolonger pour vivre ainsi, ça ne lui correspondait pas du tout. Et puis, les médecins étaient clair là-dessus, depuis le début ; étant une variante, rien ne garantissait qu’il ne lui reste encore que quelques mois à vivre, comme le voulait vraiment cette maladie. Généralement, on ne dépassait pas les 17 ans et elle avait un an de plus. Bien évidemment, elle se sentait faiblir de jour en jour, mais rien d’alarmant.
Si le soleil était son ennemi ? Bien évidemment. Mais Calliope ne l’avait jamais considéré de la sorte, au contraire. Attirée par celui-ci pour tout un tas de raison, elle était juste contrainte à le fuir. Et si… Si les médecins s’étaient trompés ? Si ce qu’elle avait n’avait rien à voir avec les rayons du soleil ? Un maigre espoir, elle avait tout de même vu un tas de spécialiste.
Quand la rouquine constatait qu’elle était déjà dans le parc, elle se stoppait net. Décidément, à force de se torturer l’esprit, on ne faisait pas vraiment attention à ce qui nous entourait… Dans un dernier soupir, Callie évacuait le reste de ces pensées pour faciliter les ondes positives à l’émaner. Sa Tarsal entre ses bras, elle s’avançait prudemment dans l’allée en accordant de sincères sourires amicaux aux diverses personnes qu’elle croisait. Simplement par politesse ou alors parce qu’elle les connaissait. Aucun d’eux n’engageait la conversation avec elle cependant.
(Tu penses énormément, regarde autour de toi …) l’avertissait une petite voix qui la faisait sursauter.
Callie n’avait pas encore vraiment l’habitude d’entendre Mystik intervenir, bien que ses amis Nolan et Libra avaient réussi à résoudre le mutisme dont elle souffrait. Malgré cette intervention, la créature psychique restait très en retrait, probablement timide. Ou simplement réservée. Ces interventions restaient rares.
(Pardon.) s’excusait la concernée.
(As-tu vu quelque chose ?) s’inquiétait-elle ensuite.
(Oui, sur ta droite.)Sans rien ajouter, Calliope pivotait dans la direction indiquée. Près d’un arbre, elle pouvait distinguer une silhouette agenouillée au sol sans savoir ce qu’elle était en train de faire exactement. C’est plutôt la chauve-souris au-dessus qui s’agitait dans tous les sens qui piquait son attention. Ce n’était pas un comportement habituel et elle décryptait cela comme une alerte. Intriguée donc, le médecin s’approchait d’eux en silence et tendait le coup pour un peu mieux observer.
(Il y a un blessé.) signalait Mystik.
(J-je… Je crois qu’il est tombé de l’arbre) précisait-elle.
(Les pensées sont trop confuses, je n’arrive pas vraiment à comprendre.)C’était suffisant pour l’adolescente qui, dès l’entente du mot « blessé » s’était directement précipitée à leur rencontre. La personne agenouillée au sol était un garçon de ce qu’elle avait pu voir, mais la préfète ne l’avait pas trop détaillé. Son regard premier se portait sur le pauvre Roucool au sol qui avait vraisemblablement fait une mauvaise chute.
_ Attention, ne le manipule pas de trop ! S’il s’est cassé quelque chose, on risque de lui faire du mal. Laisse le dans cette position que je puisse évaluer le degré de gravité, s’il te plait. Dans ce genre de situation, il était rare que la rouquine s’efface. Quand l’urgence était présente, elle changeait totalement de personnalité, n’hésitant pas à prendre les devants, voir même à donner des directives. L’état de panique ne se lisait pourtant pas dans le timbre de sa voix, à contrario de son faciès. (N’oubliez pas que lit sur son visage tel un livre ouvert !) Sûre d’elle, Callie posait ses genoux au sol et commençait son examen en plaçant Tarsal en retrait pour libérer ses mains. En attendant, la créature psychique scrutait l'état d'esprit du garçon, ses grands yeux cachés par sa coupe au bol.
_ Roucool ? questionnait le médecin d’une voix douce. La créature ouvrait les yeux et gémissait en se tordant doucement.
Bien, commentait-elle.
Réponse verbale et motrice parfaites …. commentait-elle pour elle-même.
Ok, alors Roucool, je vais déplier et replier chacune de tes ailes. N’hésite pas à me dire si je te fais du mal d’accord ?La créature vol était au sol, les ailes totalement dépliées. Il avait certainement voulu reprendre son envol mais avait manqué de temps. Lorsque Callie se saisissait de son ailes, il gesticulait. C’était assez significatif, la douleur était bien présente au niveau de l’aile gauche. Une probable fracture ? A ne pas en douter.
_ D’accord, d’accord ! J’ai bien compris, je n’insiste pas ! rassurait-elle vivement. Elle se tournait ensuite vers le garçon. Non, elle ne l’avait pas oublié.
A t-il perdu connaissance ? C’est important. Mais si tu ne sais pas, ce n’est pas grave.Tandis qu’elle écoutait la réponse du garçon, Callie prenait toutes les précautions nécessaire pour soulever le Roucool, refermant l’aile cassée contre son corps en suivant du mieux qu’elle pouvait son axe.
_ Tiens, si tu veux bien me donner : j’ai un bandage dans mon sac, sur la poche de devant. réclamait-elle ensuite.
(c) Alban