Gwenn ne savait pas vraiment dans quoi elle s’était engagée. Mais la petite annonce l’avait interpellée, alors bon. Elle craignait juste de se retrouver au milieu d’une dizaine de Mentalis superficielles, mais cela n’est qu’un stéréotype, n’est-ce pas ? Elle était sûre que durant une tâche manuelle telle celle inclue dans la mission, elles sont très sérieuses, concentrées et talentueuses. Enfin, peut-être pas les trois à la fois, mais pourquoi pas, ne sait-on jamais.
Gwenn n’était pas incroyable en couture, mais elle savait se servir d’un fil et d’une aiguille et d’une machine à coudre. De là, c’était déjà un bon début, non ? Et puis, la jeune fille aimait beaucoup gribouiller dans son temps libre. À partir de là, elle se sentait capable de participer au concours pour ne pas présenter une création trop immonde. Elle espérait bien faire. Après, elle ne pouvait pas faire ça toute seule non plus. Il ne lui fallut qu’un coup d’œil au tableau de communication des élèves de l’académie pour trouver une autre fille qui cherchait une coéquipière. Une certaine Ana. La jeune fille lui parut amicale et gentille. Elle espérait que ce soit le cas aussi dans la vraie vie. Le matériel n’étant pas fourni lors de la compétition et l’utilisation de plume étant obligatoire, les deux filles décidèrent de se voir quelques jours avant la fameuse compétition. Il fallait qu’elles rassemblent ces plumes et Gwenn réalisa soudainement que cela n’allait pas être une tâche aisée, surtout que les plumes synthétiques ne semblaient pas être acceptées par le juri. Tant qu’à faire, peut-être pourront-elles aussi se décider sur le modèle pour n’avoir que à coudre le jour venu. Elle comprit cependant rapidement que les plumes ne seront pas un problème, enfin, surtout les roses. En effet, les marchands locaux avaient prévu le coup comme chaque année. Avant chaque compétition, les marchés se mettait à étaler des milliers et des milliers de plumes de leur île. Pour le coup, les filles logeant sur Akala, elles y trouvèrent principalement des plumes roses des Plumelines de style Hula. Gwenn ne put s’empêcher de grimacer. Elle ne trouvait pas que cette couleur la mettait beaucoup en valeurs. Peut-être sera-ce le cas avec Ana ? Cependant, la Givrali considérait le rose comme une couleur pouvant rendre les choses très enfantines. Certes, mignonnes, mais enfantines. Et pour un concours de beauté, elle ne trouvait que c’était ce qu’il y avait de mieux. Aussi, en attendant l’avis de sa coéquipière, elle décida de gribouiller quelques modèles de robes, indépendamment de leur couleur étant donné que celle-ci devra absolument être unie.

Le concours célébrait donc la beauté du milieu de l’été. La jeune femme voyait alors plutôt une robe assez longue, assez proche du corps, mais légère. Il fallait absolument quelque chose très léger pour que la longueur ne pose pas soucis, sans quoi elle sera impossible à porter en plein été. Elle ne savait pas vraiment à quel point les plumes de Plumeline tiennent chaud, mais ce sera également quelque chose à prendre en compte.
Second point, les règles stipulaient qu’il fallait que la robe soit créée à partir de ces plumes, mais pas uniquement, n’est-ce pas ? Gwenn n’osait pas imaginer l’horreur d’une robe uniquement faite en plume. Ce n’était pas un déguisement de Plumeline qu’elle cherchait. Il fallait donc absolument utiliser un autre matériel pour contrebalancer l’abondance de plumes. De toute manière, elles en auront déjà besoin pour faire tenir les plumes entre-elles. La technique classique était de recouvrir le bas de plume, mais ce n’était pas la simplicité qu’elle cherchait. Elle voulait quelque chose d’unique, mais léger et confortable. En effet, une des caractéristiques des Plumelines est leur affinité avec la danse. Il fallait qu’elle respect cela. Mais d’un côté, elle aurait aimé réaliser une robe bustier. Hm, un sacré dilemme. Et puis, tant qu’elle y pensait, un rappel des plumes au niveau de la coiffe pourrait être une bonne idée. Et du coup, fallait-il qu’elles apportent des chaussures aussi ? Peut-être que la donnée du concours était la réalisation d’une robe, mais comme tout art, la présentation et la mise en scène de celle-ci est aussi importante. En se creusant la tête, elle retint finalement une idée qui lui semblait plutôt bonne. Mélanger deux matières de plumes. Elle espérait que la création d’un fin tissu de plume de la même épaisseur que la dentelle serait possible. Ainsi, on combinant cette matière fine et des plumes plus brutes, elles pourraient créer un effet sympa. Elle nota aussi l’idée d’utilisation de perles. En effet, les perles revenaient plutôt à la mode dernièrement, de même que les gros œillets et les lacets, mais elle voyait moins d’intérêt dans ces deux dernières tendances. Le col bateau revenait pas mal, ceci dit, et ça, ça l’intéressait un peu plus. Enfin bon, elle ne put pas vraiment aboutir à quelque chose de plus concret. C’est avec ces idées en tête qu’elle arriva au point de rendez-vous qu’elle avait fixé avec sa coéquipière pour faire un premier tour d’horizon, le marché. Peut-être y trouveront-elles leur bonheur. Sinon, elles craignaient qu’il faille qu’elle fasse un petit voyage sur une des îles voisines.
De loin, elle aperçut une jeune fille à la chevelure verte. Hm, jolie. Elle la salua, se présenta, puis entama directement le vif du sujet.
« Oui, du coup, tant qu’on y est, dans quelle couleur imagines-tu la robe ? Sur Akala, j’ai vu qu’il y avait principalement du rose, je ne sais pas si ça te convient. Personnellement, j’ai une préférence pour le jaune ou le bleu. »

La jeune fille était originaire d’Alola. Gwenn se sentit soudainement un peu honteuse de ne pas avoir cherché à la connaître plus que ça. Peut-être aurait-elle dû laisser durer les présentations. L’ambiance aurait pu être plus conviviale. Elle essaya de passer outre cette impression qu’elle a été malpolie et se concentra ce que lui racontait sa partenaire. Cette dernière n’appréciait pas beaucoup le jaune. Mh, avec des cheveux verts ce ne devait pas être évident, en effet. Allaient-elles donc opter pour du bleu ? La réponse lui semblait un peu flou mais elle n’osa pas redemander, c’était probablement juste elle qui avait mal compris quelque chose. Ana lui présenta ensuite sa Plumeline. De style Hula, celle-ci était de couleur rose. Mh, avait-elle une grosse affinité avec cette couleur ? Ne s’était-elle pas trop imposée en proposant du bleu ou du jaune ? Gwenn lâcha un sourire quand l’oiseau fit une pirouette suivie d’une révérence. Elle était mignonne.
Ana revint ensuite sur l’histoire des plumes. La Givrali sentit comme un poids se délivrer de ses épaules. Rien n’avait encore été fixée. De plus, la jeune fille avait un ami qui pouvait leur délivrer aisément des plumes. C’était plutôt une bonne nouvelle. Elle hocha la tête.
« Si ça te va et que cela ne dérange pas ton ami, je veux bien. »
L’histoire des plumes réglées, une floppée de question envahit ses pensées. Elle jeta un regard en direction de sa partenaire pour le concours. Étant originaire de cet archipel, elle devrait être au courant des règles, non ? Elle hésita quelque peu avant de finalement se lancer.
« Hm, dis, vu que tu es d’ici, tu connais un peu mieux les règles ? J’avoue qu’il y a plusieurs points qui me sont assez obscures. Par exemple, on doit bien pouvoir utiliser des autres matériaux que les plumes, non ? Le principal, c’est bien que les plumes dominent la création, mais pour les assembler, on peut les coudre sur une base en tissu ? Puis est-ce qu’on peut utiliser autre chose ? Je pensais à des perles ou des clochettes, peut-être, ou encore du ruban. C’est possible d’intégrer ces éléments à la robe ? Désolée, je ne me suis pas assez renseignée, je pense… »
Elle détourna son regard. En effet, elle n’avait pas pensé à aller vérifier des informations concernant ce concours sur la toile. Peut-être aurait-elle pu trouver quelque chose d’intéressant.
« Oh, et aussi, la présentation finale se fait comment ? C’est sur un mannequin, on doit la porter soi-même ou est-ce qu’on remet tout simplement la robe ? Disons que… C’est toujours intéressant de savoir, haha. »
Elle lâcha un rire nerveux. Elle avait l’impression d’écraser son interlocutrice avec ses questions pas forcément des plus importantes. Après tout, le principal était de coudre une robe, non ? Oh, aussi, en parlant de coudre, comment cela se passait-il au niveau du matériel de couture ? Cela lui avait totalement échappé. Y avait-il une machine à coudre sur place ? Est-ce que tout cela se faisait à la main ? Devront-elles apporter leurs propres outils ?
« Ah, et dernière petite question, on doit coudre à la main ? À la machine ? C’est fourni ou doit-on apporter ça ? »
Elle se promit d’attendre un bon moment avant de poser une nouvelle question. D’ordinaire, elle n’était pas bien bavarde mais elle n’aimait pas que quelque chose lui soit obscure. Alors cela la poussait à vouloir se renseigner, pas forcément du moyen qu’elle préférait. Au moins, il y avait matière à lancer un semblant de discussion. D’ailleurs, si elles pouvaient effectivement intégrer des matériaux autres que des plumes, elle proposerait bien d’aller faire un tour des boutiques pour voir ce qu’elles pourraient avoir à disposition. Peut-être pourront-elles aussi discuter sur la robe qui après tout était l’élément principal qui les rassemblaient ici en ce jour-là.

La jeune fille répondit à ses questions l’une après l’autre. Gwenn espérait qu’elle ne l’embêtait pas. Ce ne semblait pas être le cas, ou alors elle cachait bien son jeu. Enfin bref ! Bientôt, sa partenaire contacta son ami pour lui demander des plumes. Ce dernier arrivait donc au port dans trois petits quarts d’heure. En attendant, les deux filles partirent chercher de l’inspiration au milieu des rues bordées d’étals en tout genre.
Tout en avançant, la Givrali regardait à droite à gauche sans trop oser demander à sa coéquipière de s’arrêter. L’endroit lui paraissait assez touristique, elle se demandait si les marchandises étaient de bonne fracture ou non. Elle finit par en déduire que comme partout, il fallait savoir repérer les bonnes affaires. Dans un coin de sa tête, elle se répéta leur liste de courses. Du tissu et des perles. En tout cas, c’était ce qu’elles avaient déjà plus ou moins fixé. Et pour le reste ? Gwenn n’osait pas prendre l’initiative. Sa coéquipière en savait beaucoup plus sur le sujet, de ce fait, elle saurait mieux les guider vers une bonne idée, non ?

À droite à gauche, les étales débordaient de plumes roses. Certes, il n’y avait pas uniquement cela, mais c’était ce qui dominait les étals. Certaines boutiques de vêtements exposaient leurs textiles. La mécanicienne remarqua plusieurs robes. Étaient-elles inspirés des créations des précédents lauréats du concours ? Au vu des plumes qui les recouvraient, oui, probablement. Cependant, toutes étaient roses. Probablement avaient-elles été adaptées à la couleur de l’île. Une en particulier tapa dans l’œil de la jeune fille. Une longue robe qu’aurait pu porter une mariée, avec un semblant de volume. Les plumes avaient été repliées de assemblées de manière à former des fleurs et une multitude de voile jouaient avec la transparence. Elle tapota sur l’épaule d’Ana pour lui faire signe qu’elle voulait s’arrêter un moment pour regarder cette robe de plus près. Cependant, en se dirigeant vers celle-ci, elle tomba nez à nez avec une autre robe qui, de loin, ne payait pourtant pas de mine.
Courte et à bustier, elle avait tout d’une robe pour sortir le soir, cependant, en observant de plus près, on pouvait apercevoir un minutieux travail de broderies avec une multitude de plumes coincées sous les fils. Certaines, torsadée, donnait l’impression de former de la dentelle et c’était pour le moins impressionnant, et Gwenn ne put s’empêcher de penser que si elle n’était pas monochrome, elle aurait pu être une vraie œuvre d’art. Mais bon, une contrainte était une contrainte.

Elles s’arrêtèrent finalement dans une boutique de tissu où la vendeuse, une vieille mama enjouée malgré son âge, les conseilla de la meilleure des manières. Enfin, quand elle se mit à raconter toutes les anecdotes sur toutes les éditions de ce siècle dernier de ce concours des îles, cela fut un peu long, mais Gwenn écouta tout de même en hochant la tête de temps à autre pour donner l’impression de s’y intéresser. Oui, c’était intéressant, juste un peu long. Au moins, cela eut pour effet de rendre la vendeuse d’excellente humeur, si bien qu’elle leur coupa presque un demi mètre de tissu supplémentaire gratuitement. Hum, elles n’en avaient pas particulièrement besoin, mais si cela lui fait plaisir… Les filles ressortirent donc de la boutique avec de la voile blanche fine et deux tissus bleus de ton différent. Elles n’étaient pas parvenues à se décider sur un seul. La mama leur avait conseillé celui-ci pour sa souplesse sans trop l’être afin que les plumes puissent tout de même épouser les formes. Concernant la voile, Gwenn avait longuement hésité devant celle-ci avant que la mama la convainquit d’en prendre un peu. Les prix n’étaient pas bien élevés, et les filles avaient suffisamment de tissu pour coudre une robe longue si elles le souhaitaient. Cela avait été un peu bizarre d’acheté le tissu avant même de se décider sur un modèle, mais au moins c’était fait, et les deux filles semblaient tous les deux d’accord sur le fait que la robe devait être souple. Exit le jean, le vinyle et autre matière funky.
Il était bientôt l’heure de rendez-vous. Enfin, bientôt. Elles étaient même un peu en retard. Gwenn allait proposer de se dépêcher, mais c’était sans compter sur le petit enfant devant eu qui éclata tout juste en sanglot.
« MAMAAAAAAAAAAN ! PAPAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »
Et évidemment, il fallait qu’elles lui viennent en aide, non ?

Oui, en effet. Elles décidèrent d’aider le petit bonhomme. Ana s’en occupa à merveille, le réconforta du mieux qu’elle put, lui présentant même un de ses Pokémon. Un petit Sonistrielle nommé Sonic. Mh, plutôt original comme prénom. À la vue de la créature volante, le garçon arrêta de pleurer.
Il se nommait Jay. Quand sa partenaire procéda aux présentations, elle lui sourit et lui fit un geste de la main. Elle ne savait pas comment s’y prendre contrairement à Ana. Alors elle lui avait laissé la tâche. Néanmoins, elle essayait tout de même de paraître sympathique. D’un côté, elles ne savaient rien des circonstances qui avaient séparé Jay de ses parents. Comment cela est-il arrivé ? Est-ce une inattention des parents ou un caprice du garçon ? Et puis, finalement, était-ce vraiment ses affaires ? Où était-il avec ses parents pour la dernière fois ? Elles n’allaient quand même pas retourner toute la ville ! Ana ne semblait pas tant s’en préoccuper. Elle chuchota à la brune qu’elles se dirigeront tout de même vers le point de rendez-vous en croisant les doigts pour espérer rencontrer les parents du garçon en chemin. Mh, c’était plutôt aléatoire comme plan. Mais soit.
Tout se passait bien, Jay se montrait coopératif, discutait joyeusement avec Ana. À côté, Gwenn ne savait pas vraiment quoi faire. Devait-elle lui tenir la main comme le faisait la Mentali ? Non, peut-être pas. Elle se contenta de regarder autour d’elle, agissant comme si elle cherchait de quoi confectionner leur robe. Mais soudain, Ana s’agita. Que se passait-il ? Elle baissa son regard. Jay n’était plus là. Où était-il passé ? Ni une, ni deux, la Mentali partit en courant.
« A-attends ! »
Elle ne l’entendit pas. Plus le choix, Gwenn la suivit dans sa course. Qu’est-ce qui lui prenait ? Au bout de plusieurs mètres, elle parvint finalement à la rattraper. Essoufflée, elle put enfin lui demander ce qu’il se passait. Ana était en colère. Pourquoi ? Son Sonistrielle n’était plus avec elle. Quand l’avait-elle rappelé dans sa Pokéball ? La brune se demanda si elle avait assez dormi la nuit dernière, il lui semblait qu’elle manquait beaucoup d’épisodes. Puis finalement quand elle apprit ce qu’il s’était passé, elle se sentit mal à l’aise. Elle aurait probablement dû s’en rendre compte beaucoup plus tôt. Dans l’état de la chose, elle ne pouvait plus vraiment aider comme elle aurait pu si elle avait réagi plus tôt. Elle pourrait probablement essayer de localiser l’iPok de sa camarade, mais elle n’avait pas son ordinateur sur elle, et le temps de rentrer, cela prendra beaucoup de temps. De plus, il fallait qu’elles se rendent au point de rendez-vous et Ana n’avait même pas moyen de prévenir son ami qu’elles seront probablement en retard.
Appeler l’iPok volé semblait inutile, vu la facilité avec laquelle le gamin avait volé ces affaires, il l’avait sûrement déjà mis sous silence. Alors qu’elles traversaient la marée humaine des rues marchandes, Gwenn repéra à sa droite l’office de tourisme. Elle interpella Ana.
« Ana, attends ! J’ai une idée. On le rattrapera pas comme ça. Va déjà prévenir ton ami, il doit y avoir une cabine téléphonique ici. Je m’occupe de retrouver ton iPok. »
Elle montra le bâtiment du doigt.

Elles y trouvèrent effectivement une cabine téléphonique. En revanche, concernant la partie « localiser l’iPok », Gwenn n’était pas hyper sereine. En effet, elle prévoyait d’utiliser les ordinateur mis à disposition par l’office pour effectuer ses manipulations, mais cela signifiait qu’elle devra passer outre le système de sécurité qui s’y trouvait. Elle pouvait le faire, sans soucis, mais le fait était qu’elle n’était pas sûre que ce soit hyper légal. Enfin bon, elle s’assura que les réceptionnistes ne prêtaient pas attention à elle avait de s’installer à un poste de travail auquel elle y brancha son iPok. En fouillant dans les fichiers qu’elle conservait dessus, elle trouva rapidement ceux qui l’intéressait et put importer les données nécessaires. Jusqu’à là, tout allait bien. En deux-trois clics, elle fut en possession totale de la machine et put y importer l’autre moitié des fichiers où elle conservait le nécessaire pour procéder à la localisation. Des touristes rentrèrent dans le hall. Elle sursauta puis regarda autour d’elle. Personne ne lui prêtait attention. Peut-être devrait-elle arrêter d’être toujours autant stressé. Après tout, il n’y avait que le plan de la ville recouvert de différents chiffres sur l’écran. En soit, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus louche. Elle soupira. Elle devrait essayé d’agir le plus naturellement possible. Un petit point rouge s’afficha finalement. Celui-ci bougea un peu avant de s’arrêter. Elle attendit quelques secondes pour s’assurer qu’il n’allait pas bouger à nouveau puis nota les coordonnées. Finalement, elle ferma les multiples fenêtres dont elle s’était servies, désinstalla ses outils personnels et effectua un roll-back pour redonner à la machine ses fonctions premières. Elle fit ensuite signe à Ana qu’elles pouvaient y aller.

Les rues se faisait de plus en plus étroites. Un peu plus en hauteur, de la lessive pendait. La peinture sur les murs s’effritait. Gwenn commençait à douter de la véracité de ses informations. Peut-être s’était-elle trompée de numéro ? Par précaution, elle sortit Lazuli et Obsidian de leur Pokéball. Elle vérifia encore une fois les coordonnées sur son iPok. Non, normalement elle se dirigeait dans la bonne direction.
Quelques minutes plus tard, elle se retrouvèrent devant un bar délabré. Celui-ci semblait ouvert, mais pas vraiment non plus. Cet endroit ne lui inspirait pas confiance.
« J-je sais pas. Peut-être que je me suis trompée… Désolée. »

Ana lui assura que non, qu’elles se trouvaient probablement sur la bonne piste. Gwenn n’était pas forcément convaincue, mais cela lui fit néanmoins plaisirs que la jeune fille ne remette pas ses données en doute. Elle fut néanmoins surprise quand celle-ci lui attrapa le bras pour l’entraîner à l’intérieur. Hein, comme ça ?! Avaient-elles le droit ?
Au fond, on pouvait distinguer trois silhouettes en pleine discussion. La plus petite devait probablement être Jay, le petit garçon de tout à l’heure. Que faisait-il là ? Les deux étudiantes se cachèrent derrière une table. Pas la meilleure planque, mais dans l’obscurité, cela faisait l’affaire. Apparemment, la mentali reconnaissait sa Sonistrielle. Et soudain, elle lança l’attaque. Elle se débrouillait plutôt bien. Mais qui était la team skull ? En fouillant dans sa mémoire, elle eut souvenir d’en avoir entendu parler entre deux habitants locaux ainsi que dans les grands titres de quelques journaux. Un groupe de voyou ? Vu leur accoutrement, ils en avaient tout l’air d’en être.
« Lazuli, vive-attaque, Obsidian, bélier ! »
Il fallait qu’elles les immobilisent, et ce, même s’ils venaient tout juste de se relever.
« Ana, est-ce qu’il faut appeler les sécurités locales ? »

Ceux-ci ne tardèrent pas à arriver. En cette période de fête, la sécurité autour de la rue marchande avait apparemment été renforcée. Mais lorsque la foule est aussi dense qu’aujourd’hui, il reste bien difficile de voir quoique ce soit. On leur racontait brièvement que ce bar se trouvait déjà dans la liste des lieux à surveiller et qu’avec cette histoire, peut-être pourront-ils obtenir un mandat pour fouiller tout ça. Cependant, ils auront besoin de savoir plus en détail ce qui s’était passé.
Gwenn laissa donc sa camarade raconter les événements, elle prit la parole quand il fallut parler de la course poursuite. Elle se contenta de raconter qu’elles avaient réussi à suivre les traces de Jay et omit le saut à l’agence de tourisme. Leur système de sécurité avait de toute évidence des failles, mais ce n’était pas à elle de leur apprendre cela. En parlant de Jay, un médecin allait s’occuper de lui. On ne leur en dit pas plus, mais de toute évidence, il s’était retrouvé dans cette salle affaire malgré lui.

Elles purent finalement s’en aller et c’est en courant qu’elles arrivèrent finalement au port. Bien qu’Ana avait pu prévenir son ami, son iPok récupéré, cela faisait déjà trop longtemps qu’il attendait. Elles le retrouvèrent sans trop de mal, réglèrent les frais et discutèrent un peu avant de se quitter. Les deux filles se séparèrent les matériaux. Gwenn se voyait mal de tout laisser porter sa partenaire, qui de plus étaient beaucoup plus jeune qu’elle.
Avec l’incident team Skull, elles avaient perdu pas mal de temps. Certes, le concours n’avait lieu que dans quelques jours, mais cela avait tout de même eu pour conséquence de les retarder. Elles décidèrent de se revoir le lendemain chez Ana (le vieux phare où logeait Gwenn n’était pas le lieu le plus adapté).

C’est munies de feuilles et de crayons que les deux filles se retrouvèrent le jour suivant. Gwenn avait passé sa soirée à griffonner, mais le résultat ne lui avait pas paru des plus concluants. Elle montra néanmoins les deux croquis les plus « propres » à Ana. En effet, la plupart étaient constitué de traits déconstruits qui paraissent très clairs à Gwenn, mais souvent beaucoup moins aux autres.
Le premier modèle se présentait sous la forme d’une robe bustier cintré avec le bas en plume et une crinoline externe pour un effet « volière ». L’idée lui semblait sympa, mais sur le plan pratique, elle avait quelques doutes. La crinoline lui semblait compliquée à réaliser et il faudra sélectionner le matériel avec précaution.
Sur le deuxième modèle, les plumes se situaient principalement sur les manches en dentelle. Le reste de la robe était dans un modèle cache-cœur, longue, rappelant un peu l’esprit kimono. Le problème était cependant que les plumes n’étaient pas assez dominantes. Elle avait pensé à rajouter une ceinture de plumes mais ce n’était qu’une idée.
Outre ces deux modèles plutôt aboutis sur papier, mais qui n’était que des ébauches aux yeux de la brune, celle-ci avait aussi pensé à des épaulières en plume ou une robe inspiration attrape-rêve. Quand elle eut finalement fini de raconter ses idées, elle rajouta, d’un air gênée :
« Après c’est que des idées, hein. Je sais pas si je pars sur des idées un peu too much et pas assez dans le style alolien… »

Ana lui montra ensuite ses croquis à elle et lui proposa de réunir leurs idées pour créer ensemble la robe idéale. Certes, mais comment ? Tout en observant les dessins de sa coéquipière, Gwenn attrapa un crayon pour dessiner sur une nouvelle page de son carnet. Peut-être que… Elle en profita aussi pour développer un peu plus son idée de robe à inspiration attrape-rêve. En effet, si Ana voulait exploiter l’idée des perles, cela pourrait bien compléter cette idée-là. Elle réussit à avoir un rendu pas trop mauvais sur papier, mais en pratique, cela n’était pas certain.
Elle aimait bien le bas fendu, mais la déplaça plutôt vers le milieu. Peut-être cela rendra mieux ? Sur son second modèle, cela ne rendait pas trop mal. Elle eut cependant envie de reporter l’esprit kimono sur la robe et rendre les manches plus moulantes. Et comment cela rendrait-il au niveau de la poitrine ? Haut bustier ? Cependant, comment le raccord se ferait-il avec les manches ? Elle voyait bien un espèce de sous-pull en plumes en dessous de la « robe », mais elle eut du mal à imaginer un dessus qui aille avec. Un haut bustier lui semblait faire très princesse. Des bretelles fines n’iraient pas avec le col bateau qu’elle prévoyait pour le pull. Et des épaulettes ? Elle finit par opter par quelque chose d’extravagant. Était-ce trop ? Sachant qu’elle avait rendu le bas de la robe plus volumineuse et raide pour compenser avec la perte de volume au niveau des manches. Mh… Sa coéquipière semblait vouloir opter pour une robe fluide.
Concernant la robe attrape-rêve, elle ressemblait à une robe ballon recouverte de fil bleu. Le haut en était entouré et décoré avec de multiples perles tandis que le bas avait une structure « toile d’araignée » en partant de la taille et es plumes pendaient en bas. Elle pensait organiser les plumes de manières à ce qu’elles forment des motifs réguliers, mais cela restait à déterminer. Idéalement, si elle pouvait rajouter des plumes vers le bas, cela serait parfait. Mais la jeune fille rencontrait de la peine à représenter tout ça de manière propre. Ses brouillons étaient de vrais brouillons, avec des traits qui dépassaient de partout.


Ana parla ensuite de s’inspirer de l’apparence des gardiens des îles. Emballée l’idée, elle n’avait pas tardé à trouver une représentation de Tokopisco, celui de Poni. Gwenn ne s’était jamais intéressée à ce sujet, et fut plutôt surprise en apercevant l’apparence de ce dernier.  On aurait dit une jeune femme à la chevelure bleu enfermée à l’intérieur d’un œuf violet unicorne avec des motifs ethniques. C’était quelque chose. Néanmoins, si elles se décidaient pour créer une robe inspirée du gardien, cela serait beaucoup plus aisée, elles auront une base beaucoup plus solide. En effet, la Givrali relevait trois points caractéristiques qu’elles pourraient garder lors de la création de la robe. L’aspect d’œuf, les motifs ainsi que la chevelure qui formait trois bandelettes bleu clair.
Ana proposa de recréer les motifs avec de la dentelle. L’idée n’était pas mauvaise, mais la question était, où ? Sur le buste ? En bas ? De plus, l’aspect « œuf » de la créature, pour elle, représentait une certaine protection, un espèce de cocon. Une cape aurait été parfaite pour cela, mais en avaient-elles le droit, et surtout, auront-elles le temps ?
« Pour les trucs sur ses épaules, on peut les interpréter en épaulettes ou sinon un haut cache-cœur, un haut bouffant un peu comme les anciennes armures asiatique, je sais pas si tu vois, quelque chose du genre… Enfin, pour le moment, j-je crois qu’on a un peu beaucoup d’idée. On ferait mieux de se fixer sur une seule pour mieux la travailler. Et il faudra choisir un modèle réalisable pour nos capacités dans le temps imparti. »


Elle redirigea son attention vers son carnet. Son regard s’attarda sur la robe à inspiration directe du gardien. Un haut violet, motif ethnique, avec le décolleté en noir, trois bandelettes bleu clair et un bas en plume. Mh… Ce n’était pas ce qu’elle trouvait de plus convaincant. La jeune fille avait un faible pour sa robe avec crinoline et celle aux manches kimono. Avec une fente devant, cela pourrait bien rendre. Elle avait cependant encore un peu de mal avec la forme qu’elle avait donné au décolleté. Peut-être qu’une forme V serait plus jolie ? En tout cas, une chose était sûre, elle gardera ces fines bretelles. Il était hors de question pour elle d’avoir quelque chose de plus large à ce niveau-là.
« En vrai, si on s’inspire de Toko… Tokospico, je verrais bien une cape avec les motifs ethniques dessus. Après, c’est pas vraiment de saison… »

Et le débat se poursuivait. Ana décida d’essayer de regrouper leurs idées ensemble. Elle commença à dessiner un nouveau modèle tout en expliquant ce qu’elle faisait. Bien que ses idées n’étaient pas mauvaises, on ne pouvait pas dire qu’elle était très douée en dessin. De ce fait, certains éléments de la robe semblaient un peu mal disposés selon Gwenn. Enfin, sa partenaire semblait bien aimer son travail, la Givrali préféra donc ne pas la froisser et se passer de commentaire. Elle lui demanda d’ailleurs son avis avant de lui parler des chaussures, de la coiffe ainsi que des accessoires. Puis gênée d’avoir abordée autant de sujet d’un seul coup, elle s’excusa. Elle était plutôt mignonne, en vrai. Gwenn se sentait un peu obligée de la considérer comme une petite sœur étant donné leur différence d’âge.
« Non non, ne t’en fais pas. Pour le collier, ça me semble un peu trop… Classique, mais si on trouve un moyen d’en faire quelque chose de actuel, pourquoi pas. Un chocker, par exemple. Pour les chaussures, je pense qu’il vaut mieux partir sur quelque chose de simple étant donné que la robe sera assez chargée. Des escarpins noirs, par exemple. À la limite, à la place d’un collier, on pourrait faire des boucles d’oreille, et du coup, il faudra relever les cheveux pour la coiffure. Enfin bon, il faut déjà qu’on se fixe pour la robe. Elle observa à nouveau le croquis d’Ana. Après un moment de réflexion, elle continua. Personnellement, je pense qu’un décolleté plongeant serait mieux. Vu que la couleur dominante doit être du bleu, je pense qu’il vaut mieux que les manches soient bleues et le buste pourpre. Après, la séparation au niveau de la taille me dérange un peu, je me demande si on pourrait par faire monter la plume encore un peu plus tant qu’à avoir le bas en plumes. Après, le détail sur le col en blanc, j’aime bien, les trois bandes bleu clair aussi. Réalisant qu’elle parlait beaucoup sans que tout soit forcément très clair, elle reprit ses feutres en main et se pencha à nouveau sur con carnet. Attends, je vais faire un croquis. »
Elle aurait bien aimé reprendre directement le dessin d’Ana, mais elle avait un peu peur que cela la froisse. Cela était déjà arrivé que quelqu’un le prenne mal. Elle ne voulait pas prendre ce risque.



Pour la coiffe, il ne fallait pas non plus quelque chose de trop d’extravagant. Une fois qu’elle eut finit de dessiner la robe, elle se rendit compte à quel point celle-ci était chargée d’éléments divers. Elle commença alors à se demander s’il ne valait pas mieux raccourcir la robe ou enlever les manches. La ceinture lui semblait bizarre aussi.
« Mh, je m’étais dit que la dentelle sur le bord de la fente et vers le col pourrait être pas mal. Bon, blanc sur blanc ça marque pas trop du coup j’ai fait ça en gris, mais tu vois l’idée. Pour la tête, c’est qu’une idée, je me suis dit que ça pourrait être sympa pour utiliser les perles mais en vrai ça ne me convainc pas plus que ça, et la robe me semble un peu surchargée comme ça. On pourrait peut-être essayer de la raccourcir ou d’enlever les manches… Pour le col, pour dégager le coup tout en gardant le détail, on pourrait peut-être essayer de mettre quelque chose près du corps, noir, avec le motif justement. Avec le contraste du haut assez volumineux, ça pourrait être intéressant et faire un peu « à part ». Désolée, je suis pas très claire dans ce que je dis… »