| Dans la jungle, terrible jungle... Alban Abernaty & Alyx Levi-Harabo
|
Alyx était amusant, avec son attitude de princesse ayant troqué sa robe contre une tenue à la Lara Croft. Ils ne s’étaient vus que deux fois, et déjà, Alban avait su remarquer ces petits détails. La première fois, le Noctali se baladait en blouse blanche avec des talons hauts. Cette fois, il était certes en short et rangers montantes, mais se mouvait avec la même grâce habituelle qui vous faisait clairement penser qu’il n’avait rien à faire dans un lieu pareil. Et pourtant, il y était. C’était fascinant à quel point le blond pouvait conserver ses exigences vestimentaires et physiques, tout en faisant des activités qui étaient loin de celles qu’on aurait pu l’imaginer faire. Enfin bon… Son physique entier était un mystère, aux yeux d’Alban. Un peu à la façon de celui de Loan, de son propre dortoir. Mais du moment qu’Alyx ne commençait pas à essayer de l’habiller en fille, le châtain n’avait rien à y redire. Il ne se souvenait que trop bien de l’agression à la poitrine artificielle sur Orren, feu son Préfet.
Il laissa de côté ses grandes réflexions, et se concentra plutôt sur le chemin. Zéphyr et Auster étaient déjà en train de faire leur travail, avançant parmi les obstacles avec une certaine aisance. Il fallait dire qu’ils avaient appris auprès de la meilleure, à savoir, Ambre Lawford. Même s’ils étaient bien loin du niveau des Pokémon de la jeune Archéologue, il fallait reconnaître qu’ils étaient devenus bons. Leur expérience s’était forgée au cours des deux années précédentes, et Alban regrettait un peu de ne pas les avoir plus fait pratiquer malgré tout.
Pour une simple balade de routine qui n’était pas une expédition pour autant, cela ferait néanmoins l’affaire. Il ne savait pas quel était le niveau de sérieux d’Alyx sur cette fouille-là, mais honnêtement, Alban avait du mal à considérer leur petite excursion comme étant réellement d’importance capitale. Sinon, ils se seraient probablement plus préparé, n’est-ce pas ? Il haussa les épaules et commanda une nouvelle attaque Coupe de la part d’Auster pour pouvoir avancer sans devoir se baisser sans cesse.
Pendant qu’ils progressaient, il discutait avec le Noctali androgyne. Un petit sourire se dessina lorsqu’Alyx lui parla d’une fois où il s’était retrouvé dans de la boue dégueu.
- Ah ? Ça sent l’anecdote croustillante, ça, plaisanta-t-il.
Il laissa cependant sa phrase volontairement ouverte, au cas où Alyx n’avait pas envie d’entrer plus dans les détails. Si c’était un trop mauvais souvenir, le châtain ne souhaitait pas paraître lourd en exigeant plus d’informations. Ils poursuivirent en tout cas sur le sujet de leurs vacances respectives, et Alban hocha la tête, appréciateur.
- Je ne savais pas que tu étais de Romant-sous-Bois. Enfin bon, j’ai fait à peu près la même chose. Je suis retourné voir mes parents et ma petite sœur à Cimetronelle. Puis j’ai passé deux semaines d’Alternance à Lavandia, dans une Pension Pokémon. J’en ai profité au passage pour visiter le Mont Braise, puis je suis retourné passer un week-end sur Touga. J’ai un peu la bougeotte. Mais j’avoue que c’est beaucoup plus simple, depuis que je peux voyager par la voie des airs, sur mes Pokémon.Bon dans les faits, Alban avait toujours beaucoup voyagé pendant ses vacances. Ça le gênait un peu d’avouer que c’était en partie grâce à la grande fortune de ses parents. Cette fois-ci cependant, il pouvait vraiment justifier toutes ces allées et venues par le fait qu’il possède des Pokémon aériens capables de le transporter sur son dos. Ça faisait beaucoup moins gosse de riche que de dire qu’il prenait l’avion en un claquement de doigt dès qu’il en avait besoin. Ce qui n’était pas tout à fait vrai non plus. Le Coach avait toujours été du genre raisonnable et il essayait d’être indépendant au maximum. M’enfin, le sujet n’était pas là.
Alyx lui soumis ensuite l’idée de s’éloigner des sentiers, sous prétexte que des gamins avaient sûrement raflé tout ce qu’il y avait à trouver. Vrai. Il avait entièrement raison, et Alban était d’accord avec cette façon de penser. Il n’était pas fan du fait de quitter les chemins éclairés pour s’enfoncer encore plus dans les sous-bois glauques, mais allons, il fallait prendre des risques de temps en temps, n’est-ce pas ?
- Oui, je suis d’accord. Même s’ils ont le droit d’aller profondément dans la jungle, il est plus difficile de trouver un objet dans un coin sombre que le long d’un chemin à peu près éclairé et praticable. De ce que j’ai vu, les gamins d’ici ont l’air d’avoir à peu près autant de libertés que nous, à l’académie. M’enfin bon… Dire qu’on nous laisse faire des fouilles dans des endroits potentiellement dangereux, et qu’on n’a même pas le droit de sécher les cours d’Ace… Où va le monde, je me le demande.Il adressa un clin d’œil au blond. Il savait bien qu’Ace Stupide Creed était le référent du dortoir d’Alyx, mais… de ce qu’une bonne partie des Noctali lui disaient, le TopDresseur n’était pas particulièrement proche de ses élèves. Il était respecté par la plupart, c’était vrai. Mais de là à avoir tissé de vrais liens avec eux comme Andreas avait pu le faire… Alban n’y croyait pas trop. Selon lui, le référent Noctali avait toujours été moins bon niveau relationnel et pédagogie…
Sur la directive d’Alyx, Alban s’éloigna donc du sentier. Il siffla Auster et Zéphyr, qui revinrent vers lui, et leur indiqua une direction au hasard. De toute façon, il ne savait absolument pas où ils se trouvaient, alors autant partir sur la droite - un truc que Maxine lui avait appris -. Ils marchèrent donc ainsi pendant quelques minutes. Le faisceau de la lampe d’Alyx, combiné aux anneaux lumineux d’Auster éclairaient à peine les boyaux sombres de la jungle. Il commençait en outre à faire de plus en plus froid - même si, avouons-le, ils pouvaient quand même se balader les bras nus sans problème -, et Alban se demandait s’il avait bien fait de choisir ce chemin-là. Auster et Zéphyr, en outre, ne semblaient pas repérer quoi que ce soit.
Au bout de quelques secondes, un bruit non identifiable résonna, à l’autre bout de la jungle. Alban manqua de faire un arrêt cardiaque lorsque les mains d’Alyx se posèrent brusquement sur ses épaules. Lorsqu’il réalisa néanmoins qu’il ne s’agissait que du blond, il lâcha un petit rire nerveux puis se détendit progressivement. Alors, un bruissement d’aile se fit entendre et des serres vinrent se poser non loin d’eux.
Ebahis, Alban pu observer de près son premier Piclairon. Il avait déjà vu des Bazoucan et des Picassaut lors du match de Quidditch et même avant, ce qui ne laissait pas trop place au doute. Il en avait vu assez dans les livres et sur des images sur internet pour bien l’identifier. En passionné des oiseaux qu’il l’était, après tout, il ne pouvait pas se tromper.
Il sentit derrière lui qu’Alyx sortait son iPok pour essayer d’identifier le Pokémon. Ils ne captaient cependant pas ici, et cette pensée ne réjouit pas forcément Alban. En cas de problèmes, ils ne pourraient donc compter que sur eux-mêmes.
- C’est un Piclairon. J’ai lu des trucs sur ce Pokémon. Il me semble qu’il est surtout bruyant. Mais pas forcément agressif, sauf s’il se sent menacé. C’était peut-être lui, le bruit de tout à l’heure. C’est un Pokémon local donc je ne connais pas énormément de choses sur lui, mais je ne suis pas sûr que ça vive en horde. En tout cas, il a l’air seul…Fasciné par le physique élégant du Pokémon, Alban l’observa frotter son bec contre le sol, et se déplacer en faisant des petits bonds souples. Il ne faisait pas trop attention à Alyx, qui ne semblait pas particulièrement rassuré par son avis sur la question.
Ce fut alors à ce moment-là que le Piclairon s’envola, et qu’il passa derrière Alyx et Alban - en frôlant la tête d’Alyx au passage -. De quelques coups de bec, il dégagea quelques pierres, et les deux adolescents purent clairement voir briller un objet dans le trou nouvellement ouvert. Le Voltali se tourna avec lenteur, à l’affût.
- Eh Alyx, tu vois ce truc ? Il fit signe à Auster et Zéphyr de ne pas bouger, et s’accroupit au sol. Alors, lentement, il avança pour essayer d’y voir de plus près sans pour autant faire paniquer le Piclairon. Un bruit se fit cependant entendre juste derrière lui - un craquement de branche ou il ne savait quoi -, et le type Vol redressa vivement la tête. Voyant Alban tapi au sol, le regard rivé dans sa direction, il se sentit menacé. S’envolant furieusement, il ouvrit le bec et cracha une myriade de pépins sur Alyx et Alban.
Le châtain se couvrit la tête de ses deux bras et ferma les yeux. Les tirs n’étaient pas non plus super puissants, mais il avait l’impression qu’on le mitraillait de petits galets. Et autant dire que ce n’était pas la sensation la plus agréable du monde. Alors, dans un éclat de lumière rouge, une de ses Pokéballs s’ouvrit par instinct, et Hélios en sortit.
Une attaque Abri se tendit autour d’Alyx et Alban pour les protéger de l’assaut. Le Larveyette, pattes tendues devant lui, se tourna vers les deux humains qu’il venait de sauver, essayant de prendre une expression classe pour leur en mettre plein la vue. Seulement, probablement aurait-il dû plutôt regarder devant lui. Car, le Piclairon, repérant la présence d’un insecte qui avait l’air ma foi fort goûtu, fondit vers le pauvre innocent. Il l’emprisonna entre ses serres et décolla, s’envolant loin devant eux. Alban mit quelques secondes à réaliser.
- … hep. HEP ! Hélios ! Attend, rends-le moi !Abandonnant l’objet qui brillait et qui l’avait au départ intéressé, Alban fit demi-tour et se lança à la poursuite du type Vol. Le Piclairon, dans son élément, volait entre les branches en les esquivant habilement. Alban aurait sûrement été plus rapide sur le dos de Zénith ou Mistral, mais ses deux montures n’étaient pas adaptées à une course poursuite dans un endroit aussi étroit.
Le cœur battant à tout rompre, le châtain sprinta donc droit devant, Auster et Zéphyr sur les talons. Il ne savait pas si Alyx l’avait suivi ou non, mais honnêtement, il n’avait pas vraiment le temps d’y faire attention. Après tout, Hélios venait de se faire enlever !
De son côté, le Larveyette était en train de hurler à la mort, les yeux humides de larmes. S’il l’avait pu, il aurait crié quelque chose à Alban pour lui intimer de se grouiller un peu. Mais ses mandibules, bloquées dans une position grotesque, ne pouvaient moduler autre chose qu’un son particulièrement aigu et peu viril.
Bon bah. Tant pis, hein.