Ceci est le monde
Elle le regarde.
Il frissonne devant ces deux orbes bleus qui le fixent.
Elle lui sourit.
Il ne se rassure pas.
Comprenez-le. Dans ses petits yeux noirs, ces deux pupilles sont des planètes et le sourire même amical montre un peu trop les armes que sont les dents humaines.
Pour ne rien arranger, il est seul. Il voudrait se recroqueviller dans les branchages mais il est tétanisé. Rester immobile. Faire le mort.
Décidément, celui-là n'est guère vaillant, se moqua la créature aux grands yeux bleus en silence. Elle tendit la main vers le nouveau né.
Chez le passerouge, c'était la grande confusion.
Alerte ! Alerte ! Fail de la technique du mort ! Je répète fail de la technique du mort ! On fait quoi maintenant ? On fait quoiiiii ????! Attendez ! Recherche d'information dans le data... M***** ! Rien ! On est foutu les mecs ! On va mourir ! On vient juste de naître et on est déjà mort ! Chienne de vie ! J'aurais voulu... Trop tard ! Ce truc s'approche ! Impact dans 3 secondes ! 2 ! 1 ! Mamaaannnn ! …. Hum ? Rien ?!
Le passerouge rouvrit les yeux. Il ne vit rien. Devant lui, la créature avait disparu. Il ne restait plus que le ciel. Bleu.
- C'est rare d'être aussi peureux, tu ne penses pas ? demanda la jeune femme au korillon qui l'avait attendue au pied de l'arbre.
Tu es la première chose qu'il voit, bien sûr qu'il va avoir peur. Tu n'as vraiment aucune gêne, répliqua mentalement Kora avec un regard lourd de reproche.
La brune mima un petit air désolé et fit de grands yeux attendrissants.
Tu crois peut-être avoir 8 ans vieille mégère ? le korillon arborait un air de franc dégoût.
Appuyée contre le tronc dont elle venait de descendre, la femme fixa un moment le nid au dessus d'elle, s’acquiesça elle-même, et remit ses escarpins.
- Je te parie qu'il est tellement tétanisé qu'il n'ose toujours pas bouger. Heureusement pour lui que sa mère va bientôt revenir car crois-moi, il aura besoin d'un coup de pouce dans la vie ce petit chou !
La scientifique avait une fois de plus ignoré les remarques pertinentes de Kora. La colère du korillon ne put être assouvie car déjà sa dresseuse avait repris son chemin. La femme tira un crayon de son chignon, laissant par la même occasion ses longs cheveux bruns retomber dans son dos. Elle saisit le carnet rangé dans la poche gauche de sa blouse blanche et l'ouvrit à l'intercalaire « P ».
Sujet 19 né à 9h51 le 27/03. Bonne constitution physique. Semble fragile mentalement. Non présence de la mère lors de la naissance. Evolution à surveiller.
NB : Naissance des deux autres œufs prévue dans les jours qui viennent. Satisfaite, elle referma le carnet. Devant la porte du laboratoire, elle refit son chignon avec les élastiques réglementaires, mis son bonnet et ses gants aseptisés, échangea ses escarpins contre des chaussons en mousse puis congédia son korillon d'un sourire. Kora s'éloigna en grommelant et les portes blanches se refermèrent sur la créature aux yeux bleus.
Ceci est la vie
Son bec s'ouvrit, émit du silence puis se referma.
Au silence répondit le silence. Le vent avait achevé d'emporter les dernières notes de leurs chants. La bourrasque assourdissante avait cessé.
Il était seul.
Une petite perle d'eau fit briller la marque jaune que le passerouge avait près de l’œil. La sienne était plus claire que celle de ses frères. Un petit signe distinctif que leur mère trouvait bien pratique tellement les trois frères se ressemblaient pendant leur enfance. Dorénavant, elle ne servirait plus.
Ce matin, les deux frères du passerouge étaient partis. Ils quittaient le nid familial. Ils s'étaient séparés dans la joie et leurs chants. Ses deux petits frères étaient exceptionnels. Ils avaient à leur naissance été dotés de voix sans égales. Les passerouges étaient déjà connus comme d'excellents chanteurs mais ses deux frères allaient transformer cette réputation. Ils étaient partis pour faire carrière dans la musique. Le passerouge savait. Ils vont la révolutionner ! Il était très fier et heureux pour eux. Avant de partir, il les avait aidé à organiser leur grand voyage. Ils ne rentreraient pas avant d'avoir triompher dans toutes les régions du monde. Le passerouge ne doutait pas que, dans moins d'un mois, il serait informé de leur nouvelle célébrité. En attendant, il se retrouvait seul. Leur mère était partie il y a bien longtemps de cela et maintenant c'était ses frères que l'aventure avait appelés.
Il était le dernier du nid.
Il réprima la vague de solitude qui cherchait à s'infiltrer sous ses plumes et quitta enfin des yeux le ciel qui avait englouti ses deux frères. Il tomba nez à nez avec la créature aux yeux bleus.
- Salut Sujet 19 !
Ceci est son choix
Kora grognait.
La femme l'ignorait.
D'un geste, elle activait l'entrée pour pokemons à l'aide de son pass. Une porte haute comme un macronium surgit alors du mur du laboratoire. Elle invita le passerouge à y entrer.
Le volatile fit un pas en arrière. Malgré les lumières éblouissantes du tunnel, il le trouvait suspect. Il ouvrit le bec mais comme toujours aucun son n'en sortit. Il se ravisa.
Depuis que ses frères étaient partis, la femme était souvent venue le voir. Elle lui parlait, enfin elle se parlait surtout à elle-même, elle ne semblait jamais se lasser de ses monologues. Elle évoluait dans son propre monde et personne ne pouvait l'en tirer. C'était du moins la conclusion que le passerouge avait tiré de son analyse de la créature aux yeux bleus.
Il ne l'aimait pas vraiment. Peut-être parce que le traumatisme de sa naissance était trop puissant pour pouvoir être effacé. Peut-être parce qu'il était toujours aussi peureux avec tout ce qui ne lui ressemblait pas.
Il se rappelait que sa mère l'aimait beaucoup elle. Quand il était petit et que la tête de la femme émergeait du dessus du nid, leur mère allait la voir et chantait un moment avant d'être gratifiée par des graines. Un système bien pratique quand, à l'hiver, la nourriture se faisait rare.
Le temps avait passé. La famille du passerouge était partie vivre leurs propres destins alors qu'il cherchait toujours le sien. Tout avait changé et la créature ne faisait pas exception. Ses cheveux avant si bruns étaient maintenant parsemés de mèches grises et quelques plis s'étaient creusés dans son visage. Seul le korillon et le passerouge semblaient avoir été figés dans le temps. Tous deux dans leurs rôles, leurs habitudes, leurs cages.
Alors quand la créature aux yeux bleus lui avait fait miroiter la possibilité d'un traitement, d'une solution à son problème, malgré toute l’appréhension qu'il ressentait contre elle, il n'avait pas longtemps hésité.
- Tu veux chanter oui ou non ? s'impatientait-elle alors qu'il scrutait le passage pour entrer dans le laboratoire.
Pour une dernière fois, le passerouge ouvrit son bec et essaya d'en sortir un son.
Rien.
Il entra dans le passage, les portes se refermèrent derrière lui.
Il fut entouré de ce silence qu'il ne pouvait briser.
Ceci est sa chance
Jour d'observation n°296
Essai de la pillule n°465E10
Attente de résultats dans la soirée
NB : Aujourd'hui est Halloween, bonbons prévus pour les enfants du village. Il la fixait.
La boule était orange fluo. A son centre, une petite touche de jaune l'éclairait. Elle était posée près de sa mangeoire et avait la taille d'un grain.
Sa couleur l'intriguait. Juste un peu de colorant, avait-elle dit, il faut s'adapter aux circonstances ! Il n'avait pas compris ces circonstances dont elle parlait. Il allait enquêter dessus lorsqu'il sortirait ce soir. Les longues séances qu'il passait dans le laboratoire avait paradoxalement augmenté son intérêt pour tout l'extérieur. Envolée sa peur. Pour combattre l'ennui de ces salles blanches, il ne perdait plus une seconde dehors. Il allait partout sur l'île, se renseignait sur tout et voulait tout savoir. Personne ne fait attention aux oreilles d'un passerouge.
Il n'avait pas de raison d'hésiter.
Il avala le bonbon.
Ceci est son nom
- Je te l'avais dit Kora ! Je te l'avais dit !
Le korillon bailla. Son regard flegmatique contrastait avec l'excitation à laquelle sa dresseuse semblait être en proie.
- Le plus simple est toujours le meilleur, je les ***** ces jeunes idiots qui cherchent la solution dans des formules à 6 chiffres après la virgule. La nature a bien fait les choses. Rien ne sert de la changer !
Dans un effort surKorayen pour être aimable avec sa dresseuse, le korillon se hissa sur le tabouret et contempla les images qui défilaient sur l'écran devant lequel jubilait la scientifique.
Je suppose que tu n'as pas trouvé nécessaire de lui préciser qu'il y avait une caméra et un micro dans la casquette que tu le forces à porter. Sa dresseuse l'ignora. Comme toujours.
A un kilomètre du laboratoire, dans une rue éclairée de lanternes et peuplée de petits groupes d'enfants qui venaient menacer les résidents à l'aide de baguettes magiques, de poignards vampiriques ou encore d'éventuels sorts, une casquette visée sur sa tête, le passerouge n'en revenait pas.
Le son.
Le son était sorti.
Il avait émis un son. Il avait crié.
- Aaaaaaaaa.. Aaaa...Il ne rêvait pas. Elle avait réussi. Il était guéri.
- Ouiiiiiii !!! hurla-t-il dans une figure de voltige,
ouiiiiiiiiiiiiii !Il battait l'air comme un fou.
Enfin le silence éclatait en mille morceaux.
Une petite foule d'enfants s'était rassemblée devant ce passerouge décidément étrange. Des murmures s'entremêlaient.
Il a … non ? Mais nan c'est pas possible d'abord... Moi maman elle dit... Trop cool ! J'en veux un qui.... moi aussi ! Le passerouge se reposa sur la boite aux lettres devant les enfants. Il ne s'était jamais senti aussi bien de sa vie. Enfin, il allait pouvoir rejoindre ses frères. Il allait pouvoir communiquer. Lui aussi, il allait devenir l'un des meilleurs chanteurs ! Il ne serait plus jamais laissé en arrière ! L'avenir s'annonçait radieux.
...
Attendez...
…
Oui ?
... Comment ça oui ? C'est pas normal oui ! Ca ne devrait pas être oui ! Ca ne peut pas être oui ! Problème ! Problème ! Demande de vérification immédiate...Il ouvrit le bec.
- Bonjour.Quoiiiii ?!! WTF ?!! Bonjour ? Pas Tchirp Tchirp ou Cui Cui ?! Problème confirméééééééé !- Il parleeeeeeee ! s'écria un petit garçon aux taches de rousseurs en jetant son chaudron et en s’enfuyant à toutes jambes.
Les autres furent plus téméraires.
Mais oui il parle !!!! C'est trop bien ! Redis quelque chose ! Allez pour nous !! Si ça se trouve c'est un esprit ! Un fantôme d'Halloween ! Tu sais disparaître ? Tu peux parler avec les morts ? Est-ce qu'ils sont bons les bonbons des esprits ? Tu es trop chou ! On peut te faire un calin ! Touche pas c'est nous tous qui l'ont trouvé ! Je l'ai vu avant toi d'abord !
Le passerouge avait l'impression d'être pris dans un grand huit. Ce qu'il s'imaginait d'un grand huit puisqu'il n'avait jamais eu l'occasion d'en faire. Toutes ces pensées se mélangeaient, il tanguait entre et ça allait finir par lui donner le mal de mer.
Silence !Sur ses deux petites pattes noires, il se tenait droit devant son public. Les enfants, un peu effrayés de devoir affronter la colère d'un esprit, s'étaient tus.
- Hum, commença l'oiseau impressionné par son autorité,
d'abord, je ne suis pas un esprit, je suis un passerouge.- Bah non les passerouges ils ne parlent pas, répliqua la gamine blonde à lunettes qui se tenait au premier rang.
- Moi si, décida le passerouge sans se laisser démonter.
- Et tu es qui, demanda une voix perdue dans le groupe.
- Je viens de le dire je suis un passerouge. - Non mais tu es qui chez les passerouges ?
- Qui ? - Sam te demande c'est quoi ton nom, insista la petite blonde.
- Mon nom... Il n'en avait pas. Il n'y avait jamais réfléchi. On ne lui en avait pas donné.
- Vous êtes idiots ou quoi ?
Le plus grand des enfants venait de prendre la parole.
- C'est un pokemon sauvage, bien sûr qu'il a pas de nom. C'est les dresseurs qui donnent les noms, continua-t-il.
- Et si c'est un esprit ? insista son ami.
- Je vous ai dit que je n'étais pas un esprit.- Il n'est pas sauvage il a une casquette !
- Il a du la récupérer quelque part.
- Moi je dis que c'est son dresseur qui lui a donnée !
- Toi tu racontes toujours n'importe quoi de toute façon !
- Stop ! Arrêtez de vous battre suffit de lui demander. Tu n'as pas de dresseur hein ?
- … Non.- Ha !
- Mais...- Quoi ?
- Je n'ai pas besoin d'un dresseur pour avoir un nom. ...Sujet 19...La mention de dresseur avait rappelé au passerouge la créature aux yeux bleus.
...Sujet 19... Cette parole fantomatique l'agressait.
Il devait s'établir un nom. Un vrai.
Jamais elle ne deviendrait son dresseur. L'idée le révulsait. Il n'était pas sujet 19. Il lui fallait un contre-sort.
OrangeUne lumière venait d'illuminer la foule d'enfants en attente. Au centre de ses camarades, une fillette faisait tourner une étrange boule qui laissait échapper des rayons orangés. La couleur qui lui avait donné une voix se multipliait sous ses yeux. Elle colonisait son regard.
- Comment s'appelle cette chose ?- C'est un potiron d'Halloween ! On en fait chaque année avec Maman. C'est un potiron avec un visage et une bougie dedans ! Hop ! Ca brille ! expliqua-t-elle sans relever les yeux, visiblement passionnée par le tournoiement de sa lanterne.
- Potiron... Je prends ! Il fit une courbette à son auditoire.
- A partir d'aujourd'hui mon nom est Potiron !Son nom exprimera sa renaissance.
- Et t'as pas de dresseur ?
- ...Ce que ça peut-être agaçant de temps en temps des enfants. Voilà que le moment de gloire de son nom était brisé par cette curiosité juvénile. Le passerouge pris une fausse voix mielleuse.
- A ton avis ?Potiron connaissait le sien. Et de toute sa vie, sa réponse sera la même.
Il jeta la casquette à terre.
Ceci est sa liberté
La porte s'ouvrit brutalement.
Rien n'en sortit.
Enfin si. Mais il fallait regarder à la bonne hauteur.
Une fillette blonde courait maintenant dans l'herbe. Le vent faisait onduler ses nattes et réduisait au silence le mot que ses lèvres prononçaient. Elle arriva à la barrière, la frontière entre le jardin et les terres d'aventure. De là, elle se hissa sur la pointe des pieds et appela, d'une voix qui se voulait à la fois discrète mais forte :
- Potiron ! Potiron !
Elle scruta les arbres qui lui faisaient face mais pas de mouvement. Elle réitéra l'appel.
- Ici, murmura à son oreille une voix moqueuse.
- Hi ! s'exclama la fillette effrayée.
Potiron passa à côté d'elle en voltigeant et se posa sur la barrière.
- Tu m'as fait peur, pleurnicha-t-elle.
Le passerouge ne releva pas le reproche. Il n'en avait pas besoin, la fillette surpassa vite l’événement et se laissa envahir d'une vague d'excitation.
- Écoute Potiron ! Il faut absolument que tu dises à Georges et Emi de me retrouver au chêne après le goûter ! J'ai découvert quelque chose d'extraordinaire ! Il faut absolument que je leur dise ! … Ah oui et préviens le frère d'Angie aussi ! Ce n'est pas parce qu'il est en vacances qu'on doit l'exclure ! Son frère lui transmettra !
- Comme c'est gentil de ta part de t'occuper d'Angie... commenta le passerouge
... il est beau son frère hein ?La fillette rougit violemment. Le volatile continua.
- La semaine dernière, il a même été abordé par des lycéennes. Sans compter toutes ces touristes qui lui demandent des photos, le poissonnier n'avait pas si tort quand il le qualifiait d'attraction locale ! Alors tu tentes ta chance toi aussi ?- Potiron ! Méchant !
Elle lui lança de l'herbe. Il volait au-dessus de sa tête.
- Ariel aimeee Jonatan ! Ariel aimeee Jonatan ! Ariel aimeeee Jonatan !- Potiron !!! Tais-toi ! Tais-toi ! Je vais le dire à Georges d'abord ! Je lui dirais que tu ne fais rien que m'embêter quand il est pas là !
- Ariel aimeee Jonatan ! chanta le passerouge une dernière fois avant d'aller se cacher dans les nuages.
Ceci est sa légende.
Un passerouge qui parle ?Oui, Monsieur Deaglan, faites attention à cette petite peste. Vous venez d'arriver à Lansat donc vous ne l'avez sans doute pas encore croisé mais croyez-moi vous n'allez pas tarder à l'entendre ! Il est toujours partout à tout raconter sur tout le monde ! Tenez, la semaine dernière, il s'en est pris à ma voisine. Il a révélé à toute la ville qu'elle avait pris tellement de poids pendant les fêtes qu'elle avait du refaire sa garde-robe. Les enfants en rient encore ! Vous voyez Monsieur, rien de bien méchant mais ce n'est pas la politesse qui l'étouffe. Vous pouvez prier pour qu'il ne vous choisisse jamais comme cible. Vous m'avez l'air d'être quelqu'un sans histoires mais croyez-moi il est capable de trouver des squelettes dans un placard vide !
Voilà qui est intéressant... Nous sommes son destin.
Et tu as accepté ? Potiron regarda Kora.
C'est une offre, à toi de la prendre... Les paroles du directeur ressurgirent de sa mémoire.
- A ton avis ?Le korillon lui jeta un regard noir.
Ne joue pas à ça avec moi. J'ai déjà assez souffert avec Amélia. Le passerouge acquiesça. Le korillon se dérida un peu.
Ceci dit, je parie que tu as fait ce que je pense. - A t'entendre, on croirait que tu me connais bien.Depuis ta naissance. - Je me sens vieux quand je te parle...…- J'ai vu mes deux frères chez Ariel. Dans la télé. Ils font partie de la troupe d'une coordinatrice mondialement célèbre. Ils ont l'air de s'y plaire.Tu vas les rejoindre ? - … Ne reste pas pour elle. C'est plus inutile maintenant que jamais. Potiron pesta.
- Tu ne me connais pas aussi bien que ça. Pour te répondre, non. Je ne voudrais pas que tu perdes ton seul compagnon de balade, voyons. Le korillon ignora le ton sarcastique.
Alors tu vas le faire ? Potiron laissa s'installer le suspens. La voix off répétait la bande son de sa rencontre :
...l'académie accueillera des enfants du monde entier, ils vivront toute l'année ici. Pour informer tout ce monde j'ai besoin d'un messager habile et rapide : toi. Si tu acceptes de faire toutes mes commissions tu auras accès à toute l'académie, à toutes les salles communes, et tous les bavardages... Je n'ai pas besoin de te dire que tu pourras t'en donner à cœur joie ? Potiron esquissa un sourire. Voilà où il voulait être. Une vague d'excitation fit frémir ses plumes. La routine de Lansat ne serait plus jamais la même. Rien ne provoque mieux les catastrophes, les embrouilles ou les histoires d'amour qu'un groupe d'adolescents lâchés sur une île à des kilomètres de papa et maman. Le vent qui s'annonçait était porteur de beaucoup plus les prises de pêche. Oui, il allait s'en donner à cœur joie. Il ne pouvait plus attendre.
- Oui !