C’est dur de grandir, n’est-ce pas ? Tu le sens dans le regard de l’étudiant. Il n’a pas envie de grandir. Les enjeux d’adultes, les responsabilités, la liberté à double tranchant, les interdits qui se lève, l’autonomie qui prend le dessus, mais surtout : affronter ses problèmes. Devenir adulte, c’est esquisser les problèmes de ses parents, comprendre leurs enjeux, leurs choix, leur vie. Bien évident, on est toujours libre de ne pas l’accepter, de se dire que c’est la pore chose qui puisse arriver. Comprendre ses parents, c’est bien la pire chose, être en âge d’être considéré comme leur égal, mais à leurs yeux avoir dix ans de moins mentalement que la réalité. C’est un verre d’alcool mal dosé le passage à l’âge adulte, la première cuite est sèche, on gère mal les responsabilités, on ne sait pas doser leur gestion, submergé, on fait souvent de la merde qu’on rattrape rarement le lendemain, mais sur le long terme. Dans ton cas… t’es devenu adulte lorsqu’elle est morte, on t’en a pas laissé le choix, c’est comme ça et c’est tout. Ni réponse, ni argumentation.
Néanmoins, le chemin suit correctement son tout. Le barrage de l’image tient bon face au torrent de colère qui afflue chez ton client. Tu n’es pas là pour le conforter dans sa position, mais plutôt lui demander de se nuancer et envisager plusieurs issues. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que la cuite la plus dangereuse, c’est la seconde. À la première, on ramasse dans la gueule, de plein fouet, mais on encaisse. À la seconde, on essaie de faire attention et si on échoue, on ne peut faire face qu’à son incompétence à ne pas savoir se gérer. Dans la vraie vie, c’est la même, échouée à nuancer son propos, son comportement, le tout, c’est échouer dans ses débuts d’adultes et ça pardonne mal en général.
-Le refus ça marche à neuf, pas à dix-huit ans jeune homme. Tu laisses un silence assez lourd. Mais faire l’effort de comprendre, c’est déjà triompher de tout. Faire l’effort de se mettre à la place de l’autre, c’est déjà lui tendre la main et c’est voir des mains se tendre vers soi.
Tu cherches un verre, un peu particulier. Un verre à shot. C’est petit, quatre centilitres, mais c’est concentrés en émotions. Cette fois, tu n’as pas besoin de tes pokémons pour le préparer. Tu saisis de la liqueur à la Pêcha, normalement, il faut du Schnaps, mais tu préfères ta liqueur, ne demandant pas d’être coupée. Remplissant aux deux tiers. Tu prends une cuillère à café que tu poses sur le liquide et déposes la crème de whisky afin de bien séparer les deux liquides. La liqueur orangée et la crème semblent former un début de pâtisserie liquide, un peu comme ceux qui pansent le coeur. À l’aide de la cuillère, tu finis le verre avec de jagermeister, avec un marron profond et légèrement transparent. Afin de compléter la gourmandise, tu verses deux filets de sirop de noisette, formant des anomalies dans le schnaps, on dirait de la résine coincée dans des formes ésotériques. Tu avances donc le shot vers le styliste, sourire en coin. Ce shot là est un pansement, après avoir tant ouvert le coeur, il faut le bander, en prendre soin, et ces arômes sucrés et alcoolisés sont parfaits.
-Et voilà Un « Baiser de Kalos » pour vous.
Tu espères que ce verre bien que court sera tout aussi intense que les autres pour ton client. Tu veux de cette façon amorcer un pardon chez lui, bander ses plaies, mais tendre à comprendre celles des autres et qu’il envisage de tourner vers ceux en difficultés. Sans aller jusqu’à se jeter dans les bras de son père, mais faire l’effort de concevoir sa démarche, ouvrir la voie d’un pardon, mais néanmoins sans jamais oublier les actes passés.
Henry fume en C0756B
Merci Ida pour le Mood Board :