Regard de braise en direction du Kirlia.
Stella, hein ?
Putain.
C'était une mauvaise blague que lui faisait Yuna, elle qui n'avait rien trouvé de mieux que de lui refourguer un Pokemon répondant au doux nom qu'aurait pu porter la petite étoile assassinée dans son ventre.
Stella, hein.
Entourée par Chayana, Algernon et Karma, la rousse ne bougeait toujours pas, simple chien de faïence face au Pokemon Psy qui avait déjà dû s'introduire au moins dix fois dans son esprit depuis son arrivée dans sa chambre.
– Démerdez-vous.
Et elle sortit en claquant la porte.***
Comme un coup de tonnerre à travers la chambre.
Douce Stella toujours immobile tandis que mon amie Chayana s'est déjà approchée d'elle, sous le regard curieux de mon ami Karma.
Elle me fait signe de lui montrer comment on Mégaphone mais moi je sais pas, pas trop, c'est pas ma Salomé qui demande, c'est mon amie Chayana alors je me contente de sauter d'une patte sur l'autre depuis mon soleil en guise de perchoir.
Son souffle discret balaye la pièce alors me voilà qui m'arrête, m'élançant face à douce Stella avec toujours le regard dirigé vers la porte qui a avalé ma Salomé, attendant son retour qui se prononcera avant la nuit.
Mon amie Chayana se propose comme cible mais je refuse.
Mon ami Karma se propose comme cible mais je refuse.
Mon soleil en guise de perchoir est proposé comme cible et j'accepte.
Le cœur au fond des pattes, j'inspire et expire jusqu'à provoquer ce bruit significatif des comme-moi, souvent plus fort, parfois plus faible, comme des chatouilles qui se perdent par-delà le ciel.
Il y a peu de son mais mon soleil en guise de perchoir explose pour laisser la chambre dans une pénombre glaciale.
Il n'y a plus que le monde du dehors pour nous éclairer.
Douce Stella approuve et hoche de la tête, essayant de m'imiter pendant que mon amie Chayana pose des mots sur ma respiration et mon souffle.
Moi je m'envole à nouveau, me terrant près de mon perchoir explosé avant de redescendre en rase-motte le long des éclats de verre meurtriers tandis que mon ami Karma les éloigne d'un mouvement.
Ce sont des mini obus pour seuls souvenirs.
Je me perds sur la feuille de mon amie Chayana, guettant douce Stella et ses efforts pour devenir une comme-moi mais sans plumes et sans ailes.
Et rose.
Ça n'existe pas, des comme-moi rose.
À moins qu'on ne les ait oubliés avec le temps.
Et on me demande de recommencer.
Et je me demande ce que fait ma Salomé.
Et on me demande plus doucement.
Et je me demande c'est quoi ces mots qu'elle a prononcés.
Et on me demande de m'interrompre.
Et je me demande pourquoi ces ouragans dans ses yeux face à douce Stella.
Et on me demande...
Rien.
Mais moi je me demande tout.
De la lune qui approche, de mon amie Chayana qui encourage douce Stella, de ma Salomé toujours pas revenue, de mon ami Karma qui prend la place de mon amie Chayana, de Mégaphone perdu dans la chambre, de mon soleil en guise de perchoir abasourdi, de ce nœud papillon noir qui caresse mon cou, de ces plumes absentes, de ce rose pastel tendre, de ma Salomé enflammée, de...
Mégaphone qui retentit.
Douce Stella au bord du rire et mon amie Chayana puis mon ami Karma auprès des louanges.
Et moi aussi.
Car la voilà devenue une comme-moi, une demie, une presque, une pas trop, une sans plumes, une rosée, mais une Mégaphonée.
Au revoir, douce Stella.
Le temps a filé, et douce Stella avec à nouveau emprisonnée dans sa pokéball désormais retenue par mon ami Karma, l’œil sur la pendule dans l'attente de la nuit qui surgit.
L'horloge hurle, ou petite étoile, je ne sais pas, emportant avec elle mon ami Faulkner et mon amie Aoi, petite source, bondissant sur la porte, la griffant et l'arrachant presque pour sortir de la chambre.
Et moi, et moi, et moi.
Dans mon bec, la pokéball de douce Stella, et moi qui me retourne pour apercevoir mon amie Chayana et mon ami Karma gardant la chambre.
Et moi, et moi, et moi.
Et moi, je m'envole en dehors, car le grand soir est arrivé et avec lui drôle de Yuna qui porte l'océan entier pour vêtement face à ma Salomé en flamme resplendissante.
Je lâche la pokéball au-dessus de drôle de Yuna et j'encercle tour à tour pelucheux Ama et rapide Arvak avant de m'approcher plus près encore d'imposant Lucifer et éternelle Hestia.
Mon ami Faulkner grogne face à tous ces Feux, tandis que mon amie Aoi, petite source, plus docile, rejoint ma Salomé sur pelucheux Ama avant de finalement convaincre mon ami Faulkner de l'imiter.
– C'est bon, on peut y aller.
Il n'y a plus personne à attendre.
Et moi aussi je veux m'envoler à leurs côtés.HRP :Algernon va au bal en compagnie de Salomé, Faulkner et Aoi.
Et Yuna et ses Pokemon
Valse glacée |
▬ ...
Je me sentais un peu bête. J'aurai peut-être dû me renseigner avant. Il faut dire qu'à l'annonce, je m'étais excitée comme pas possible, enjouée à l'idée de participer à un bal. J'avais eu l'occasion d'en voir quelques-uns au cours des mariages auxquels j'avais été convié avec mes parents, mais c'était bien la première fois que j'avais la possibilité d'y participer. Non pas qu'aucun garçon ne s'était présenté à moi, mais par un coup du sort, à chaque fois, j'avais été blessé et me trouvait donc dans l'impossibilité de me joindre à la danse. Comprenez donc ma joie de savoir que pour la première fois, ce ne serait pas le cas.
Ni une, ni deux, une fois l'annonce terminée, j'étais vite partie me trouver une tenue adéquate, qui ne soit pas trop serrée pour ne pas m'empêcher de danser, mais pas trop élancée pour ne pas avoir l'impression d'y flotter. De toute façon, en fouillant mes affaires, je m'aperçus rapidement que je n'avais pas pris mes robes larges. Je dus me reporter sur une tenue plus sobre qui faisait plus office de tenue de cérémonie que de robe de soirée, mais au vu de ce que j'avais à côté, c'était le mieux que j'avais. Au moins, elle me permettrait de danser sans problème.
Pour la coupe de cheveux, j'y passai quelques heures avant de me décider, m'arrêtant sur un carré avec un chignon sur le haut et une mèche sur le côté pour avoir une bonne vision tout en empêchant mes cheveux de voler dans tous les sens pendant la danse. Encore une fois, ce n'était pas le meilleur choix pour une raison, en tout cas si j'avais eu l'intention de passer pour la reine de la soirée, mais c'était de mon avis suffisant pour que les gens me laissent rentrer dans le château où se tiendrait le bal. Peut-être moins pour que quelqu'un m'accepte pour une danse, mais bon, je ne pouvais pas juger du goût des gens.
Avec la tenue et la coiffure, j'y ajoutai une paire d'escarpins récupérées de ma mère, tout noir avec un petit talon pour éviter d'être trop déséquilibrée. Avec ça, j'ajoutai la pochette bleue clair qui s'accordait assez bien avec le bleu de ma tenue, un simple coup de vernis aux ongles – préférant rester au maximum naturelle – et surtout le collier que m'avait remise ma mère avant de partir pour m'encourager pour l'année à venir, donnant un ensemble ma foi bien beau ! Satisfaite, je me trouvai donc prête pour la soirée, et je m'excitai de plus en plus à l'idée d'y être. Une fois le moment venue, je m'habillai, suivant ensuite un attroupement de Givralis pour ne pas me perdre. C'est que, malheureusement, je n'aurai pas l'occasion d'emmener Hortensia ou aucun des autres avec moi. Ce groupe de filles tombait donc à pic. Je pus ainsi atteindre le lieu de rendez-vous sans accrocs, un immense château de glace façonné en l'espace de quelques jours. Il était magnifique, j'en avais les yeux qui brillaient d'extase.
Malheureusement, c'est à partir de cet instant que mon excitation redescendit en flèche. Dans un premier temps, le groupe que j'avais suivi se dispersa sans prévenir. Dans un second temps, chaque fille alla trouver une autre personne, pour la grande majorité un garçon, qu'elle suivit pour entrer dans le bâtiment gelé après une rapide vérification des vigiles à l'entrée. C'est en voyant ça que je compris immédiatement mon erreur. J'aurais dû m'en douter pourtant … Mais voilà, je n'avais pu le réaliser qu'une fois en face des faits : il fallait un partenaire pour pouvoir entrer. En prenant conscience de cela, ce qu'il me restait de plaisir s'envola, ne laissant plus que du désespoir et de la tristesse, que je ne parvins même pas à exprimer. Je me contentai d'afficher un sourire de façade, fixant le château de glace d'un regard impassible.
▬ J'ai été trop impulsive …
Petit à petit, mon sourire laissa enfin place à celui de la déprime, et après quelques derniers instants à contempler le château, je baissai la tête, amorçant un demi-tour pour retourner à la Pokemon Community, espérant au moins pouvoir fêter le Nouvel An avec mes compagnons … Pour peu que je ne me perde pas sur le chemin du retour.
▬ Mé ?
Alors que j'allais quitter l'espèce de place qui faisait office de point d'entrée dans le château, une voix étrange m'interpella, me stoppant net dans ma marche. N'ayant rien de mieux à faire, je me tournai dans sa direction, levant les yeux vers l'origine de cette altercation. Aussitôt, j'écarquillai les yeux. Face à moi, me dépassant bien d'une tête, un homme qui devait bien avoir la trentaine me fixait du regard, cachant ses yeux derrière une paire de lunettes fumées dont la monture se perdait dans sa chevelure blanc comme la neige qui nous entourait. Il était sapé d'un costard à rayures noirs tout à fait impeccable et de mocassins en cuir tout aussi propres. Mais très vite, un autre point attira mon regard : sa carrure. Il était imposant, et nulle doute que derrière cette tenue, il y avait une musculature impressionnante. Par instinct, je me tâtai presque à lui toucher le ventre pour en avoir le cœur net. Je me contentai de glousser et de reculer par mesure de précaution.
▬ Bon-bonsoir ? Qu'y a-t-il ?
Pour une raison qui m'échappait, peut-être son regard fixe et insondable – du fait des lunettes -, je n'étais pas tout à fait à l'aise avec cet inconnu. Que me voulait-il ? La réponse ne tarda pas à arriver, puisqu'il se mit à sourire en pointant du doigt le château de glace, puis en nous indiquant tous les deux avec l'autre main. Il n'y avait pas besoin d'être une tête pour comprendre ce qu'il voulait dire.
▬ Tu veux que je sois ta partenaire pour entrer dans le château ?
L'inconnu hocha la tête pour approuver. Je me sentis soudainement gênée par la situation, retroussant instinctivement les lèvres pour faire part de mon embarras. Devais-je accepter ? L'idée de mener le bal avec un trentenaire ne me gênait pas en soi, mais serait-ce convenable ? Connaissant les filles du dortoir Givrali, il était bien possible que cela en fasse tout une histoire. Déjà qu'apparemment, ça semblait lancer des rumeurs sur un garçon de l'école qui sortirait avec une trentenaire, et qu'en plus, ça semblait bien bitcher sur lui – sans même connaître forcément l'identité de ce garçon -, nulle doute que ça risquait de me suivre quelques temps. Pour autant, je n'y voyais pas d'inconvénient.
▬ Eh bien, pourquoi pas ?
Dans les faits, ça allait surtout me permettre de rentrer dans le château. Peut-être que lui aussi ? Aucune idée. En tout cas, ma réponse sembla l'exciter au plus haut point et, sans prévenir, il m'attrapa, me portant à bouts de bras comme les princesses de contes de fées. Aussitôt, je me mis à rougir, ne sachant comme réagir face à ça.
▬ Oh, je … s'il vous plaît, je … vous …
Je tentai de bredouiller quelques mots, en vain. Son sourire imperturbable parvenait à m'empêcher de me ressaisir. J'abandonnai finalement l'idée de le faire me reposer, me disant qu'il finirait par le faire une fois à l'intérieur. L'appel du buffet serait sans aucun doute trop fort. Une autre pensée me vint à la place.
▬ Au fait, comment vous appelez-vous ?
Sur mes mots, l'inconnu s'arrêta immédiatement, semblant se crisper. Son sourire s'effaça, laissant entrevoir un étrange sentiment de peur. Surprise, je n'eus malheureusement pas le temps d'y réagir que l'homme lâcha un de ses bras, me tenant toujours de l'autre à mon grand étonnement, et fouilla dans sa poche pour en sortir une petite plaque portant une inscription. « ENRUT ». Le prénom avait quelque chose de particulier, et c'est le prononçant dans ma tête que je compris, ce qui me fit lâcher un petit rire amusé que je retins un maximum pour ne pas froisser l'homme.
▬ J'imagine que je n'ai pas besoin de connaître votre nom. Soit ! Dans ce cas, moi c'est Camille !
Le sourire du trentenaire s'élargit à l'entente de mon prénom, mais il n'y répondit pas. J'en vins à me demander s'il n'était pas muet. Je n'eus une fois encore pas le temps d'y réfléchir qu'il me porta de nouveau avec ses deux bras, se dirigeant sans tarder vers l'entrée du château. Une fois dans la petite queue de gens cherchant à entrer, je lui demandai d'un mouvement de me reposer par terre, ce qu'il fit à contrecœur. Je trouvai sa réaction amusante et gonflai les joues pour jouer la fille énervée. La réaction d'Enrut ne se fit pas prier et il commença à se montrer embarrassé. Il m'offrit subitement un câlin, comme pour se faire pardonner, et me fit sursauter, lui étant tourner le dos pour accentuer l'émotion que je jouais. Je manquai de le gifler en retour, mais en voyant son sourire prendre un air de plus en plus dépité, je compris qu'il n'avait pas voulu me faire peur – évidemment.
▬ Bon … Ce n'est pas grave.
En lui disant cela, je sentis que j'avais retrouvé l'aisance oral que j'avais avant, et que l'homme n'avait plus autant cette figure impressionnante qu'il y a quelques minutes. C'était comme s'il devenait de plus en plus niais et bête avec les minutes, abandonnant ce côté sérieux et imposant qu'il dégageait quand il était venu me voir. Cela me rendait confuse. Mais ça avait un étrange côté charmant aussi, aussi je me contentai de me dire que ce n'était pas problématique et je me concentrai plutôt sur la queue, laissant Enrut revenir de lui-même dans la queue avec moi.
Arrivant au niveau des vigiles, le trentenaire attrapa mon bras et l'entoura du sien, visiblement pour montrer que j'étais avec lui. L'un des homme s'approcha de nous deux et nous tâta rapidement, s'assurant visiblement que nous ne cachions rien de dangereux. Ceci fait, il s'écarta, nous invitant à entrer à l'intérieur pour profiter de la soirée.
▬ Merci à vous, bonne soirée !
Heureuse, j'affichai un large sourire tandis que nous pénétrions à l'intérieur, surveillés de près par les deux Démolosse déguisés en casse-noisette et servant visiblement de gardes, rejoignant rapidement une grande salle où de nombreuses personnes, adultes comme élèves, s'étaient déjà rassemblées. Sur les côtés, de grandes tables étaient disposés, remplies de divers petits plats n'attendant que d'être dégustés. J'en salivai d'avance ! Mais quelque chose m'intriguait encore : tout autour de la grande salle, et visiblement accessible depuis les couloirs après l'entrée, de nombreuses petites salles étaient disposés. Il semblait y en avoir un sacré nombre. Je n'avais qu'une envie dans l'immédiat, c'était d'aller voir cela de plus près.
▬ Vous comptez rester avec moi ou bien je peux vous laisser ?
C'est que je ne savais toujours pas au final si Enrut avait seulement eu pour but d'entrer à l'intérieur en s'aidant de ma présence, ou bien s'il comptait passer ce bal à mes côtés. La réponse ne tarda pas à arriver, puisqu'il lâcha mon bras avant de faire une bouche en cul de poule suivi d'un grand sourire à mon égard pour ensuite se diriger vers les fameux salons en m'invitant à le suivre. Soupirant, comprenant également qu'il n'était finalement pas très intelligent – il était visiblement de ceux dont on disait qu'ils avaient plus de muscle que de cerveau -, je le suivis tout de même, son large sourire niais parvenant à me convaincre que malgré tout, il pouvait être sympa de passer la soirée avec lui.
Est-ce qu'il s'agissait là d'une grave erreur de ma part ?
Je le saurai d'ici peu de temps …
Valse glacée |
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