Il arriva bientôt, à dos de Tropius, en train de mâchouiller une salade. Un garçon à la peau mat, un peu costaud, tout ce qu’il y a de plus normal. Excepté peut-être le courant d’air glacé qui souffla soudain, lorsqu’il passa à côté de la blonde. Pas très commun pour un alolien censé apporter du soleil, et des nanas, mais bon. Quelques courtes formalités échangées, puis ils grimpèrent directement sur le bateau.
Le reste du trajet se passa dans la même cordialité, sans aucun mot échangé, tous deux s’occupant de leur côté. De toute manière, le métissé n’avait pas l’air d’être très bavard et Hope avait d’autres choses à régler, bien plus productives que d’essayer d’entretenir une conversation avec quelqu’un qu’on pouvait méprendre pour un muret. Plusieurs heures passèrent ainsi, et alors que la blonde lisait une énième thèse publiée parmi les nombreuses publiées par les étudiants de l’académie, la rive d’Alola apparaissait progressivement à l’horizon.
Une navette privée vint les récupérer au port. Le trajet jusqu’au laboratoire fut plutôt rapide, une fois à l’intérieur, la blonde eut seulement à remplir quelques papiers supplémentaires ainsi que d’effectuer les quelques gestes basiques, nécessaires à la conservation de l’hygiène des lieux. Puis on les conduisit à travers des couloirs infiniment longs jusqu’à arriver dans une pièce étrange. De nombreux appareils électroniques, des fils sortant de tous les murs et des néons accrochéss au plafond émettaient une lumière si blanchâtre qu’elle donne une mine de malade en phase terminal à toute personne mettant un pied dans la salle.
Au centre, une grande cage en verre abritait un quatermac hagard, peu à l’aise dans cet environnement qui, de toute évidence, lui est peu familier.
Un scientifique présent dans la pièce leur échangea quelques mots rapides avant de disparaître, non sans après leur avoir donné deux-trois directives évidentes. Attendre, observer et ne rien toucher. Simple, basique. Hope hocha la tête, puis l’homme disparut dans l’encadrement de la porte.
Bouddha, qui s’avéra être le plus curieux des deux, s’empara presque aussitôt d’un calepin qu’il lut plus ou moins attentivement. Tendant l’oreille afin d’écouter ce que ce dernier marmonnait, la blonde passa cependant davantage de temps à observer les machines.
Des baies, donc ? Est-ce que cela ne sonnait pas comme un étrange souvenir qui date désormais de quelques années ? Possible.
La porte s’ouvrit en trombe. Une femme au traits tirés, blouse blanche, grande silhouette et cheveux remontés en chignon serré, pénétra alors dans la pièce, d’un pas assuré. Ses mocassins en plastiques résonnaient, se frayant un espace sonore parmi les nombreux « bip » électroniques qui animaient la salle.
« Bonjour, Hope Spettell et… Elle jeta un regard à son calepin, Bouddha Socket. Je me présente, Emilia Neuhaus, scientifique en charge de ce projet. Mademoiselle Spettell, si vous me permettiez, pourrais-je poser quelques questions ? »
Elle débarrassa une table basse sur laquelle se trouvait précédemment un empilement de classeurs remplis, puis sortit trois tabourets métalliques d’un placard telle une magicienne, puis invita la blonde à s’asseoir. Voyant qu’une place demeurait vide, elle se tourna alors vers Bouddha afin de rajouter,
« Eh, toi, là ! Tu peux nous rejoindre aussi. »
Se retournant vers la blonde, elle leur proposa alors à boire. Un café ? Un thé ? La machine Nespresso enclenché, enfin, l’interrogatoire put commencer.
Ses doigts attrapèrent un stylo traînait non loin tandis que son autre bras remontait ses lunettes afin de pouvoir lire plus clairement le document posé devant ses genoux.
« Bon, Hope Spettel, dix-neuf ans, seize lors de la mission, en équipe avec Stone Mercury… Décédé. »
Elle marqua une pause, visiblement surprise par la petite note au coin de sa page, mais se reprit rapidement.
« Il y a plus de deux ans, nous avions donc chargé l’académie dénommée Pokemon Community afin d’accomplir une mission relative intéressante. Celle de suivre des quatermac que nous avions nommé Les Kongs. Pouviez-vous me le confirmer ? »
Hope hocha la tête. Un long silence s’en suivit, jusqu’à ce que la scientifique relève les yeux, fixant la jeune femme. Celle-ci s’empressa alors de répondre à vive voix.
« Ah, euh, oui oui, c’est tout à fait ça ! »
Satisfaite de la réponse, l’adulte continua alors.
« La mission s’est donc déroulé dans la Jungle Sombrefeuille, là où nous pouvions croiser le plus souvent des membres du clan. Suite à votre filature, vous aviez pu trouver leur repère. J’ai dans mon dossier des coordonnées approximatives qui y sont notés, néanmoins, aucun scientifique de notre équipe ne s’y est encore rendu. Pourriez-vous me décrire plus précisément l’intérieur et l’extérieur de leur repère ? »
La blonde ouvrit grand les yeux. Ah. Comme ça, direct, sans aucune pincette ? Mais comment pouvait-elle s’en rappeler comme ça, d’un coup ? Ses yeux croisèrent l’expression concentrée de la scientifique. Comprenant que la situation se voulait plus sérieuse qu’elle ne le pensait – après tout le sujet principal restait des quatermac drogués à l’aide d’une baie spécifique – elle porta sa main au menton, dans l’espoir d’apparaître comme étant en train de réfléchir intensément.
Alors, la jungle, le Ronflex, et… Quoi d’autre après ?
« Euh… Leur repère c’était une grotte… Une grotte plutôt simple, il n’y avait pas tant de couloirs différents que ça, je crois… Et sinon l’extérieur… Une faille je crois ? Oui, je crois qu’il y avait une espèce de faille, relativement étroite, et tout au fond on pouvait retrouver l’entrée à la grotte. Je crois qu’à, peut-être cinq cents mètres de la faille passait la rivière, mais, hum, sinon… Oh oui, dans la cavité principale de la grotte, il y avait des fournitures taillées dans la roche, du coup une petite estrade et un… autel, je crois ? Je ne m’en rappelle plus tant que ça, désolée… »
Le stylo glissait frénétiquement sur le bloc note de la Neuhaus. Concentrée, elle ne répondit à l’étudiante qu’après plusieurs secondes.
« Non, non, ne vous en faite pas, c’est très bien. Hmm… elle fixait son calepin intensément désormais. dans votre rapport, il semblerait que vous aviez évoqué une histoire d’offrande, pourriez m’en dire plus ? »
Offrande ? Rituel ? Oh, ça, elle s’en souvenait, il y en avait effectivement eu une. Mais en détails, cela allait être un peu plus compliqué. Et puis, elle n’avait que sa propre vision des faits. Stone, de son côté, avait vécu des choses bien plus… Extraordinaires.
« Alors ils étaient tous rassemblé dans la cavité principale, puis euh… Avec une baie, je crois, et quand je suis arrivée là-bas, Stone s’y trouvait déjà avec une Gouroutan. Je ne suis pas très sûre de comment ça s’est passé pour qu’il se retrouve dans cette position… »