Vous savez, matricule 0080, l’armée est une formidable expérience très enrichissante, si vous ne saviez pas quoi faire, tenter l’expérience ne vous fera pas de mal. Tiens, d’ailleurs, une base militaire est justement installée à Adala, ne voudriez-vous pas tenter l’expérience ? J’ai d’excellents contacts qui pourraient vous enseigner deux-trois choses. Cela fait un moment que je leur ai promis que je leur enverrai des élèves de l’académie, êtes-vous sûre de ne pas vouloir essayer ? Voyez, tous les documents nécessaires se trouvent déjà en ma possession, si cela vous tente, côté administratif, cela pourrait être fait en un rien de temps. Alors ?

« Oui générale. »

En même temps qui aurait pu refuser une telle proposition de Jackie ? Déjà qu’en temps normal, peu de monde oserait lui tenir tête, alors lorsqu’elle montre un tel degré d’implication, tant administrativement qu’émotionnellement, même les fantômes les plus suicidaires et dépressifs n’oseraient refuser. Un « mais » sonnerait suicidaire, un « non » serait… Attendez, quel est ce mot ? Existe-il seulement dans le dictionnaire de la langue française ? Bien sûr qu’il n’existe pas ! Je fus prise d’une illusion fugitive, l’instant de quelques secondes, pardonnez-moi.

C’est ainsi que matricule 0080, également connue sous le nom de Hope Spettel, la blonde, la jeune fille, débile, ou encore la ranger-qui-hante-la-Pokémon-Community-depuis-6-années, se retrouva à effectuer un stage « d’observation » dans la base militaire d’Adala. Néanmoins, toute personne connaissant un minimum la directrice actuelle de son établissement scolaire, soit la Générale Jackie, sait que ô au grand jamais, un stage « d’observation » dans une de ses bases militaires tant appréciées, se résumerait à de l’observation. Encore moins quand l’élève dont il en est question se trouve être une de ses anciennes élèves Pyroli, soit un groupe d’élèves qu’elle eut pendant longtemps entraîné par le passé afin d’en faire des machines de guerre à peu près fonctionnelles. Les déceptions furent nombreuses bien entendu, mais cet espoir avait duré bien des années.
C’est donc peu convaincue par ce qui allait l’attendre que matricule 0080 se retrouvait, en ce beau matin du vendredi 7 février 2020 à huit heure cinquante-cinq, devant le magnifique grillage poussiéreux de – laissez-moi lire les mots gravés sur le panneau en granite de trois mètres sur cinq à droit du portail – ARMÉE DE L’ARCHIPEL MYTHIS, BASE MILITAIRE DE L’ÎLE D’ADALA. Rien que ça.

C’était bien beau tout ça, mais comment était-elle censée pouvoir entrer à l’intérieur ? Y avait-il seulement une réception ? Un interphone ? Mais à première vue, nop, nada, rien. Heureusement, il ne fallut que quelques minutes supplémentaires avant que son mentor du jour ne vienne lui ouvrir. Les cheveux blancs de ceux-ci lui rappelèrent d’ailleurs quelqu’un, non pas qu’il était vieux, mais dans la marge de ses souvenirs, ça l’était quand même pas mal. Puis elle se rappela enfin du nom de son fameux « mentor » qui avait été marqué sur le document de confirmation qu’elle avait pu recevoir, « Josh Aéris ». Soit un des nombreux spécialistes type qui avaient pu pulluler à l’époque où elle venait de rejoindre l’académie. Ce parcours avait été vachement à la mode, fut un temps. Ce dernier semblait par ailleurs se souvenir bien mieux d’elle qu’elle ne se souvenait de lui.

« Salut, poignée de main, en vrai, maintenant qu’elle est juste directrice, c’est un peu plus tranquille, mais… ‘Fin, tu vois bien que je suis là, quoi. »

Et la visite commença presque immédiatement. Ce n’est que lorsque le jeune homme lui parla du rapport que Hope s’en souvint. Lorsqu’elle sortir son iPok afin de prévenir le concerné, soit le canard cabossé virtuel, un Porygon, elle put alors apercevoir un message de la part de ce dernier. Je m’en charge déjà, tkt. La vie était belle.
Bref, retour aux cuisines, la cantine, tout ça, la blonde essaya de se montrer intéressée par le contrat des cuisiniers ou encore la discriminations passive envers les officiers de différents grades. Bien sûr, il en n’était rien de tout ça, son intérêt pour ces futilités ne dépassait pas celui qu’elle portait pour les cours du professeur Yade. Quoique sa présence ici avait au moins l’avantage de lui permettre de louper ces fameux cours d’histoire où ils apprennent l’histoire de la guerre Kalos depuis à présent… Bien trop longtemps. Sur ce point-là, il fallait avouer que ce n’était pas si mal.

« Euh, déjeuner, là tout de suite ? Il est à peine neuve heure passée, j’ai pas super faim pour être tout à fait honnête. Après un café, pourquoi pas. »

Et c’est ainsi que quelques minutes plus tard, les deux adultes se retrouvèrent à une table. Devant la blonde se trouvait une tasse en porcelaine contenant le fameux breuvage brunâtre. Plutôt étonnant, elle aurait pensé que ce serait plutôt de la vaisselle en métal, tout comme l’image qu’elle se faisait des prisons. Elle n’hésita d’ailleurs pas à en faire part à son « mentor ».

« Vous aviez vraiment de la vaisselles en porcelaine ? Je pensais que ça allait être que des trucs en acier, moi. Voyant que sa question n’avait pas grand intérêt, la réponse se trouvait sous ses yeux, elle enchaîna par d’autres questions probablement plus intéressantes, sinon, vous avez quoi comme unité ici exactement ? C’est que l’armée terrestre ou il y a aussi les forces maritimes et aériennes ? ‘Fin, maritimes vu qu’il y a des ports et tout, ça serait pas mal non ? »

Sa seconde question semblait plus appropriée à la situation. En effet, bien que Josh ait apparemment trouvé très drôle sa première remarque, elle eut, l’espace d’un instant, de s’être un peu ridiculisée. Pourtant, désormais majeure, elle n’était plus une gamine. Elle n’espérait pas. Bien qu’elle n’avait pas non plus particulièrement envie de vieillir. Elle voulait juste… Vivre ? Librement ? Être prise au sérieux ? Peut-être. Elle n’était pas spécialement consciente de dont elle a envie, parfois, Hope se faisait même la réflexion d’avoir l’impression d’être quelque part, perdue dans l’espace-temps, immobile, malgré le temps qui passait. L’impression d’être spectatrice des effets du temps, sans y prendre part.

Bien contente d’apprendre que les militaires vivant dans la base possédaient des matelas confortables en tout cas – elle s’en fichait un peu – elle essaya ensuite de paraître intéressée par la réponse de son mentor du jour à sa seconde question. Celui-ci avait attrapé un morceau de papier sur lequel il gribouillait désormais des schémas pour accompagner ses explications. Les informations délivrées furent denses, fronçant les sourcils afin de faire appel à toute sa concentration pour ne pas perdre le fil. Pour résumer, elle retint qu’ils étaient principalement composés de division de l’armée de la terre, un peu de l’air, même si elle n’avait pas vraiment conscience de la quantité que représentait cinq avions, et que du côté de la mer, ils servaient principalement pour les ravitaillements. Ce qui retint principalement son attention cependant, fut ce que Josh appela comme étant le « Régiment de Parachutiste d’Infanterie de Marine ». La marine n’est-elle pas composée de bateau ? Mais à quoi servent les parachutes dans ce cas ? Hope avait beau tourner l’appellation dans tous les sens, l’explication la plus logique qu’elle y trouva fut des avions qui naviguent sur l’océan. Néanmoins, Adala étant une île, cela voudrait aussi dire que cela pour s’appliquer directement à toutes les armées dites aériennes, non ? Puis il aborda rapidement le point recrutement, puis la police, Palladium. Bref, elle avait fini par décrocher, se perdant dans ses réflexions sur les parachutistes maritimes.

« … mobilisés en mission de prévention et sécurité… Tu te rends compte que tu parles trop. Tu as pu prendre des notes ou je répète ? »

La question resta en suspens une demi-seconde. Le silence qui était retombée tira la blonde hors de ses pensées. Réalisant que celui-ci avait terminé ses explications, elle s’empressa de lui répondre.

« Oui, c’est noté, t’en fais pas ! »

Quelques minutes plus tard, le café terminé, la table débarrassée, la visite put se poursuivre. Ils commencèrent ainsi par les dortoirs, rien de vraiment intéressant, la seule question qui traversa son esprit fut l’existence ou non d’une séparation homme femme, puis le chenil. Jamais encore, elle n’avait entendu parler des chenils dans l’armée, à vrai dire, ce n’était pas quelque chose qui lui était déjà venu à l’esprit. Mais après explications, elle parvint à comprendre partiellement leur utilité. Elle se questionnait néanmoins sur les raisons qui poussait l’armée à imposer l’utilisation des canins. N’y a-t-il pas d’autres Pokémons qui pourraient remplir les mêmes rôles, et ainsi offrir plus de flexibilité aux recrues ?
La visite se termina par des bâtiments de ravitaillement pour l’armée de l’air. Si Ajax sembla s’excité dû à la quantité de ses congénères qui peuplait ce lieu, sa dresseuse manqua cruellement d’intérêt pour les bidons géants d’essence.

Josh lui proposa ensuite de retourner à la cantine prendre le déjeuner avant d’attaquer la seconde partie de la journée durant laquelle elle aura sûrement plus à faire, ce qu’elle approuva vivement. Finalement, il semblerait que la partie pratique allait probablement être ce qui allait le plus la plaire. Ou du moins, ce qu’elle pensa sur le coup. Tout en se rendant au lieu désiré, une discussion plus légère s’engagea, que Hope prit plaisirs à prendre part.

« C’est vrai qu’on se connaît pas tant que ça au final. Mh… En vrai, il y a pas grand-chose à dire sur moi, ça fait un moment que j’enchaîne des alternances histoire d’essayer des trucs mais c’est assez relou de savoir quoi faire de son futur. Ou peut-être que c’est moi qui suis reloue, rictus, elle s’empressa à changer de sujet, et toi ? Ça fait un moment que t’es ici ? ‘Fin, vu que t’es, elle jeta un regard à son badge, caporal, j’imagine que oui. Ça te plaisait plus le topdressage ? »

Elle posait la question. Néanmoins, elle savait que dans la plupart des cas, les arrêts de cursus étaient provoqués par des raisons un peu plus compliqué que ça. Déjà, les frais de scolarité plutôt élevés en décourageaient plus d’un, de plus, la structure des cours étant particulièrement libre, arriver à terme de ses études demandait un certain acharnement dont certains peinait parfois à trouver, ou encore des contacts que tout le monde ne possédait pas forcément. Et c’était sans compter sur les débouchés qui en fin de compte, dépendamment du cursus choisi, pouvaient se montrer relativement instables. Peut-être pouvait-elle finalement se considérer comme quelqu’un de relativement chanceuse.

Tout en poursuivant la conversation, ils finirent par atteindre la cantine. Un plateau attrapé, le plat servis, puis ils s’installèrent à une table. Le silence était revenu. Peut-être était-ce le moment de poser sa question sur les parachutistes marins ?

« En vrai, t’as fait quoi comme formation pour devenir militaire ? Tu sais si en sortant de la PC il y a moyen de faire, genre, une passerelle, si on sort de Pokéathlétisme ? »

Elle prit une bouchée de ses pâtes en écoutant la réponse, tout en hochant la tête de temps à autre.

« Mh, je vois… Du coup il y avait beaucoup de femmes pendant ta formation ? J’ai pas l’impression d’en avoir croisé aujourd’hui. Au niveau des dortoirs, c’est séparé ou non ? Ou c’est juste la PC qui est particulièrement conservative ? »

Elle aimait bien la discussion, sans s’être montrée trop envahissante, elle avait pu en apprendre un peu plus sur son maître de stage du jour, anciennement camarade de classe. Il fallait dire que malgré tout, celui-ci se montrait à l’époque relativement discret par rapport à d’autres énergumènes qu’on pouvait retrouver à l’académie. Ou peut-être était-ce son manque flagrant d’intérêt envers tout le dortoir Phyllali qu’elle considérait plutôt comme un repère de gens étranges qui passaient leur temps à cultiver des herbes bizarres quand ils ne sont pas en train d’essayer de battre les records d’heures consécutives passées à la bibliothèque établis par la partie obscure des Givralis. Mh, ouais, c’était plutôt un bon résumé de la vision qu’elle avait de ce dortoir. En même temps, avec Rosevelt comment référent, il ne fallait pas s’attendre à grand-chose. Et depuis ? Elle n’y avait pas vraiment repensé. Il fallait dire que cela faisait un moment qu’elle n’avait pas réfléchi à son opinion sur ce genre de choses, cela lui paraissait futile désormais. Ou peut-être puérile, était le mot plus exact. Pourquoi exactement cela lui faisait cet effet, elle n’avait pas forcément envie de le savoir. Bien qu’au fond d’elle, elle avait sa petite idée.

Elle hocha la tête lorsque celui-ci parla de l’expertise discutable de Ghost, acquiesça lorsqu’il évoqua Ginji et son arène, écouta plus ou moins attentivement quand il expliqua sa formation sur laquelle elle aurait aimé avoir plus de détails – est-ce une école militaire ou une formation comprise dans un pré-enrôlement ? – et redoubla d’attention lorsqu’il confirma tous les stéréotypes sur la misogynie du domaine. N’empêche qu’il est vrai que six mois consécutifs dans un sous-marin avec que des hommes, jamais elle n’aurait tenté l’expérience. À moins d’être extrêmement bien payé bien sûr, mais… Hum, ça devient un peu malsain, non ?

Le repas se termine, Josh lui annonce alors la suite du programme qui, comme prévu, allait se montrer un peu plus dynamique. Une fois dans les vestiaires, elle retrouve un uniforme qui lui est prêté pour la journée. Préférant les vêtements un peu larges, lorsqu’on lui avait demandé ses mesures, elle avait donné une taille au-dessus de sa réelle taille. Néanmoins, elle eut vite fait de se rendre compte de son erreur lorsqu’elle se retrouva à nager dans les pans de tissus. Hum… Tant pis. Faute de mieux, elle retroussa les manches de la veste ainsi que du pantalon. Elle attrapa ensuite sa queue de cheval pour en faire un chignon de manière à pouvoir se retrouver avec le moins de mèches possibles dans la gueule plus tard, lors des exercices. Ses cheveux avaient beaucoup poussé, elle nota dans un coin de la tête qu’il allait falloir qu’elle passe chez le coiffeur, un de ces quatre.

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« Dakine, dépêche-toi ! »

Le Massko trottait derrière le petit groupe, étrangement attiré par les murs gris bétons du couloir qu’ils traversaient afin de retrouver Josh pour l’entraînement. Hope soupira. Elle avait longtemps espéré que l’esprit du type plante s’affute avec le temps, il fallait se rendre à l’évidence que la tâche se montrait bien plus ardue qu’elle n’y aurait pensé. Malgré les années qui passait, Dakine restait le petit Arcko, intrigué par tout mais intéressé par rien, observant le moindre caillou qui pouvait se trouver sur son chemin, un éternelle poker face collé sur son faciès, obéissant plus à son instinct qu’à l’humaine. Enfin, si, il y avait eu du progrès. Justement, en parlant des cailloux, il n’observait plus cinq minutes chaque caillou qu’il pouvait croiser, en réalité, il n’était intrigué que par toutes les choses nouvelles, qu’il n’avait jamais vu, mais malheureusement, les nouveautés ne cessent jamais. Un mur bleu, rouge, papier peint, béton, bois, bien qu’étant un mur, apparaissait différent dans l’esprit du Massko. Il finit par rejoindre le petit groupe composé de l’humaine, d’un Lucario et d’une Shaofouine.

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Étudier la carte, retenir le parcours, et découvrir. La course fut en option, elle avait déjà connu plus compliqué que cinq kilomètres, surtout en ayant conservé l’habitude de participer aux entraînements matinaux bien que Diana Prince se montre bien plus souple que Jackie. Rien que le fait que ceux-ci soient devenus optionnels en dit long sur la différence de leur régime.
Le parcours les emmène à l’extérieur de la base, passant dans les bois, égayant un peu la course qui aurait parut bien plus morose si elle avait été composée de plusieurs tours de terrain. Pepper avait également décidé de les rejoindre, tout comme Torë et Crosley, bien heureux de se défouler les pattes, à l’inverse de Dakine qui en eut rapidement marre. La course n’avait jamais vraiment été son truc, peu étonnant considérant son caractère.

De retour sur la place centrale, il fut temps de découvrir de nouvelle chose, autrement dit, la course package. La jeune fille peinait à comprendre l’intérêt de courir avec des poids, du moins, en tant qu’étudiante n’ayant un sac dépassant rarement le kilogramme, mais soit. C’est équipée d’une ceinture maintenant un sac de très exactement huit kilos qu’elle s’élança alors à nouveau dans une course. Néanmoins, peu habituée à porter autant de poids, elle se retrouva contrainte à baisser considérablement de rythme, d’autant plus que le terrain ne l’aida guère. Après une vingtaine de minutes, elle s’arrêta pour souffler, maudissant intérieurement le relief qui pouvait exister sur une île. Une île. Très, ce n’est pas si rare d’avoir du relief sur une île, surtout lorsqu’il s’agit d’un volcan, mais à quoi servent les volcans, de toute manière ? Sur une échelle de 10 pour l’utilité à l’espèce humaine, les volcans se trouvaient très probablement dans le négatif. Sous les encouragements de son mentor, elle reprit néanmoins la course, d’un pas plus lent.

Une quinzaine de minutes plus tard, ils atteignirent la ligne d’arrivée, ou plus exactement les quelques robinets longeant la cour centrale de la base militaire dont Hope s’empressa de se servir afin de se désaltérer. Quelques petites gorgées plus tard, elle se libéra enfin des poids qu’elle portait depuis désormais déjà bien trop longtemps, redécouvrant la liberté avec laquelle elle pouvait bouger ses épaules et son dos. Ayant repris son souffle, elle demanda à Josh.

« T’es sûr que ça abîme pas le dos ? J’ai pas l’impression que les ouvriers soient du même avis. »

« Les ouvriers ne portent pas les choses de la même manière. Les sacs sont conçus pour aider le dos sur des longues distances, avec des renforts et des cousins. La posture de course aussi et la musculature qui va avec.
- … Mouais. »

Hope n’était guère convaincue de l’explication, mais elle l’accepta sans broncher. Par contre, se changer, oui, et avec plaisirs. Enfin… Si on voulait bien lui passer des vêtements de la bonne taille bien entendu. S’accordant un rapide passage aux vestiaires, elle récupéra un pantalon à sa taille qu’elle enfila avec empressement, de même que pour le débardeur. En revanche, concernant la veste, après une demi-seconde d’hésitation, elle décida de conserver le premier exemplaire récupéré, c’est-à-dire celle un peu trop grande pour elle. Il ne s’agissait que d’une veste, après-tout, et puis, elle s’était habituée à celle-ci. À quoi bon changer maintenant.
L’entraînement put ensuite se poursuivre, et elle écouta alors Josh déballer l’intégralité du programme des entraînements matinaux, celui proposé durant la première semaine de chaque début de semestre, de Jackie à l’époque où elle était encore à la tête du dortoir Pyroli. Comme quoi. Finalement, ses exigences n’étaient pas si abusées et plutôt justes, contrairement à ce que pouvaient penser certains. Oui, bon d’accord, la madame était peut-être quand même un poil dans l’excès, mais rien de bien dramatique.
Bon, la natation manquait effectivement au programme de leur ex-préfète, mais… De toute manière, quel intérêt d’apprendre à nager quand son métier se résume à savoir tirer avec une arme à feu aux moments nécessaires.

Elle eut ensuite droit à une courte séance d’exhibition du torse nu de monsieur le caporal, ou en d’autres mots, un corps apparemment parfait selon les critères de l’armée. La modestie était peut-être à revoir, mais elle ne se plaignit pas du spectacle si gentiment offert.
Explication de la suite du programme. Elle poussa un soupire de soulagement en apprenant l’absence de la muscu, ce n’était pas le domaine où elle brillait le plus, et fut plutôt ravie de l’alternative proposée par son maître de stage. Tiens, par exemple, la corde à sauter ! Voici une activité où elle savait mieux s’y prendre.

Poignet, rotation interne, dos, pression, maintenir la position. Elle observa la démonstration de Josh, impassible. S’il y avait bien une chose qu’elle savait faire, en plus du crochetage de serrure, c’était les clés de bras. L’explication sonna néanmoins comme un écho lointain, la dernière fois qu’elle avait eu droit à la partie théorique du mouvement remontait à bien longtemps déjà.
Elle fit la moue lorsque celui-ci lui recommanda de ne pas lui déboîter l’épaule, dommage, cela aurait été plus marrant, mais elle comprenait que ce ne soit pas super pratique pour plein de raisons inclues dans la vie quotidienne de n’importe quel être humain digne de nom, mais soit. Elle s’exécuta.

En deux temps, trois mouvements, elle maîtrisait le bras de Josh, modérant ses gestes afin de ne pas mener l’exercice à un résultat malencontreux. Puis d’un ton neutre, elle rajouta :

« On m’avait conseillé de ne pas trop pratiquer ça dans les couloirs de l’académie. »

Car de toute évidence, le décoloré n’avait pas trop eu vents de ces incidents. Elle relâcha alors l’étreinte, recula d’un pas, et continua, un sourire au coin :


« Mais rassure-toi, ça  sera probablement le seul mouvement que je connais. »

À moins qu’il ne veuille lui montrer comment crocheter une serrure, mais il semblerait que cela ne soit pas vraiment une prise d’auto-défense.

Voyant qu’il n’y avait pas grand-chose de supplémentaire à apprendre à la blonde sur ce plan-là, le cours se poursuivit sur une seconde technique, que son maître de stage désigna comme la « prise triangle ». L’explication fut suivie d’une démonstration, comme pour la précédente prise, sur le Coatrox de celui-ci.

« Pssht, Dake, viens par là. »

Le Massko peu rassuré s’approcha néanmoins de sa dresseuse, tout en observant le crapaud bipède servir d’exemple. Bon, si un crapaud peut y survivre, ça devrait le faire, non ? C’est ainsi qu’il se retrouva avec le cou entre les genoux de l’humaine, pattes au sol, à observer la poitrine inexistante de l'humaine.

« Genre c’est juste garder la position comme ça ? J’ai pas à resserrer la pression ? Du coup je maintiens mon point d’équilibre vers l’arrière, c’est ça ? Ou j'appuis contre l'adversaire ? »

Le type plante toussota. Elle s’empressa de lâcher la pression.

« Oups, pardon Dake. »

Il put alors se relever et observer les explications à son tours, bien que peu intéressé par ces pratiques barbares au contraire de Venum qui semblait y accorder un grand intérêt, échangeant ses premières impressions avec Nell.

« Du coup ça s’exécute une fois que l’ennemi est déjà au sol et nous aussi, c’est ça ? Donc il faut déjà que je me fasse boloss avant de pouvoir appliquer ça, si je comprends bien ? »

« Souvent, elle a son utilité lorsque tu es en posture « soumise »… »

Elle toussota. Dans un autre contexte, la phrase aurait pu prendre un tout autre sens. Blague à part, elle se reconcentra pour écouter la suite des explications pour le moins intéressantes. Genoux ou cuisse pour déséquilibrer l’opposant avant de se servir du triangle, hum, cela sonnait un peu violent, non ?

« Une prise de judo aussi, la classique où tu fais basculer l’adversaire aussi au-dessus. »

Le truc classique où il faut faire passer l’adversaire par-dessus ses épaules là, pour l’’envoyer dans une rotation de deux cent septante degrés, là ? Waw, ça sonnait chouette mais… Bon, certes, elle avait pas mal grandi depuis, mais faire passer quelqu’un par-dessus son épaule ne semblait toujours pas être quelque chose de très… Disons plutôt de compliqué pour pas grand-chose. Elle plissa les yeux, essayant de visualiser la taille maximum que pouvait avoir son adversaire pour pouvoir ressentir une quelconque agression si elle parvenait d’une manière ou d’une autre à effectuer cette fameuse prise de judo. Bon, il fallait avouer qu’elle avait peut-être quand même pas mal grandi, depuis l’époque. Elle avait grandi un peu trop vite, même, dernièrement. Ce n’était pas trop tôt, diriez-vous, mais… Ça lui faisait bizarre, elle se sentait étrange. Durant les vacances, elle s’était même rendue à une consultation, mais après le contrôle, le médecin avait finalement conclu qu’il n’y avait rien à déclarer, rien d’anormal, quoique ressente la blonde.
Enfin bref, revenons-en à nos moutons. Entre temps, des collègues à Josh s’étaient ramenés et hum… Souhaitaient goûter à sa clé de bras ? Hein, elle avait loupé un morceau non ? Quoiqu’un peu interloquée vis-à-vis de cette demande, elle ne refusa pas ce service si gentiment demandé.

L’homme était un peu plus grand et un peu plus costaud que l’autre décoloré, la jeune fille essaya d’analyser rapidement son adversaire afin de choisir un angle d’attaque adapter. En effet, en parlant de « petit gabarit », celui-là n’avait pas eu tort ; Hope n’avait pas tant de force que ça ni dans les bras, ni dans les jambes, surtout en comparaison avec un militaire. Si elle voulait réussir à maîtriser quelqu’un de cette taille, elle allait devoir également se servir de son poids de manière intelligente.

« Hope. Enchantée. »

Simple sourire. Le lieutenant face à elle ne semblait pas spécialement commode. Il grogna quelques mots servant apparemment de présentation, peu considératif envers l’étudiante, visiblement impatient d’en finir rapidement, de prouver qu’un certain Aeris avait eu tord et de retourner à ses affaires, et Hope ne se fit pas prier.
Le frontale face à plus fort que soi ne marchait que rarement, même si l’adversaire le sous-estime largement. Elle avait appris cela il y a maintenant des années de cela. Mais en rusant un peu, cela pouvait passer trois fois sur quatre. Ses yeux fixèrent le bras droit de l’homme.
Un pas en avant, faire mine de viser un membre, mouvement de recul de l’adversaire, son second bras qui se libère, mouvement de coude pour envoyer celui-ci dans un bon angle, geste vif pour l’attraper avec l’autre bras rejoint rapidement avec le second, pression des deux paumes, rotation de son coude, mouvement de bassin pour bloquer le tout s’aidant de son point d’équilibre. Bref rictus. L’effet de surprise était passé. Dans la position pas forcément très conventionnelle dans laquelle elle se trouvait, sa jambe un peu trop avancée et son dos penché vers l’avant lui permettait néanmoins de prendre appuie à l’aide de son coude et ainsi de faire meilleur usage de son poids, bien que probablement ridicule comparé à celui de son opposant, pour maintenir le bras de celui-ci, même si elle perdait ainsi en stabilité. Mais bon, quand on n’a pas les capacités physiques suffisantes, il fallait choisir. Raison aussi pour laquelle elle libéra l’homme assez rapidement, craignant de ne pas pouvoir le retenir plus longtemps au risque de se faire retourner comme une crêpe. Et puis, il semblerait qu’elle en avait déjà assez fait.
Faux sourire innocent.

Il se releva, le visage fermé, puis réajusta son uniforme.

« Mouais, elle bluffe bien, c’est tout. Dans un vrai duel, elle ne ferait pas long feu, t’aurais meilleur temps de lui faire faire de la muscu à mon avis.
- Si je peux me permettre, ce n’est pas vraiment le but de mon stage. »

Regard noir. Re-sourire.

« Bon, j’ai d’autres chats à fouetter, moi. »

Il appela son collègue qui l’avait accompagné jusqu’à là, un certain « Evan », puis disparurent rapidement. Une fois qu’ils furent hors de leur champ de vision, la blonde se retourna vers son mentor du jour.

« Alors ? C’était comment ? »

Josh avait l’air plutôt satisfait du dénouement de sa performance. Sur un plan technique, certes, cela aurait pu être mieux exécuté, mais la carrure de l’homme avait quelque peu impressionné la blonde. Elle n’avait pas vraiment l’habitude d’affronter ce type de profil, et bien qu’elle soit toujours un peu tête brûlée, ce malgré une certaine maturité qu’elle avait désormais acquise, l’instinct de survie ne la quittait pas et heureusement. Même si dans ce contexte elle aurait probablement pu s’en passer, en considérant que son adversaire soit correcte bien que ce n’ait pas forcément été l’impression qu’il ait pu dégager.
En revanche, briser les genoux… N’était-ce pas un peu violent ? Surtout dans le cadre d’un duel de ce genre. Sûrement ne parlait-il pas de briser littéralement le genou, mais il n’empêchait que la blonde ne se semblait pas particulièrement à l’aise de trop amocher un civil. Il était peut-être militaire, il n’en restait pas humain et citoyen d’Adala. S’il considérait la blonde comme étant une civile, alors elle aussi pouvait en faire de même avec celui-ci. Puérile ? Peut-être. Inutile ? Également. Importance pour l’ego de notre protagoniste ? Indispensable.

L’heure tournait. Après un rapide coup d’œil à sa montre, son maître de stage du jour déclara que le stage allait toucher à sa fin. Hope hocha la tête. La journée était passée plus vite que prévu, mine de rien. Excepté le jogging ave les poids dans le dos peut-être. Mais passer une journée relativement tranquille hors de l’académie lui avait fait le plus grand bien, s’occuper l’esprit autrement qu’en pensant à ses thèses était quelque chose qui lui avait manqué ces derniers mois. Certes, elle participait depuis toujours aux entraînements matinaux, mais le cadre créait une toute autre ambiance, générait de toutes autres pensées.

« Dake, Venum, Nell, place de rassemblement, vous avez bien compris ! »

Se changer n’était pas une étape qui nécessitait la compagnie de ses Pokémons. Que ceux-ci ne bougent pas trop loin afin qu’elle puisse les retrouver au moment de partir en était une néanmoins. Elle se dirigea alors vers les vestiaires, là où s’étaient reposées ses affaires durant cette journée qui l’avait sortie de son quotidien.

Elle reposa la tenue militaire sur le cintre, la mine vaguement boudeuse. Ces vêtements s’étaient révélés être vachement confortables, mine de rien. Et puis les porter lui avaient permit de relativement bien se fondre dans la masse, malgré son sexe visiblement peu représenté dans le milieu. Maintenant qu’elle avait réenfilé ses vêtements, elle n’était plus qu’une civile, civile presque lambda, étudiante ordinaire de l’académie. Ordinaire mais vieille. Elle soupira. Bien qu’elle ressente une certaine appréhension à quitter la Pokémon Community, elle ne pouvait nier que peu à peu, elle s’y sentait de moins en moins à sa place. Bien que ce soit le seul endroit auquel elle puisse réellement s’y identifier, l’école et la réserve de Bourg-Hiver. Un bref sourire apparut sur ses lèvres à la pensée de ce village perdu dans les montagnes. Bien qu’elle ne s’y voyait pas vivre, elle que ce soit toujours le cas, elle avait tant aimé ses mois passé là-bas. À l’occasion, peut-être… Il n’y a pas si longtemps, elle et Freddy s’étaient échangé quelques mails. Bien qu’ils n’aient pas besoin d’effectif là-bas pour le moment, peut-être pourra-t-elle s’y rendre en tant que touriste ? Si son compte en banque le permettait bien sûr. Moue agacée.

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« Me revoilà. »

Comme prévu, Josh l’attendait sur la place de rassemblement. Au loin, les Pokémons de la blonde vaquaient à leurs propres occupations. C’était l’heure des mots de fin. Le militaire lui proposa de demander une recommandation de terrain à Jackie, apparemment nécessaire pour effectuer des stages plus intéressants qu’une simple visite dans la base. Elle hocha la tête, effectivement, cela pouvait éventuellement la plaire. Bien que cette journée ne l’ait pas vraiment convaincue de devenir militaire à son tour, elle ne refusait une expérience supplémentaire.
Ils finirent par s’échanger leur numéro d’iPok afin que l’étudiante puisse trouver de l’aider en cas de problème avec son rapport de stage et le lui envoyer une fois rédigé.

Elle se retrouvait là. Devant le portail, tout comme ce matin. Seulement, cette fois-ci, elle se retrouait de l’autre côté de la grille. Celle-ci s’ouvrit lentement, activé par le badge du décoloré. Elle se retourna vers ce dernier avant de s’en aller, le type était plutôt chouette même si un peu trop lisse à son goût. Plutôt similaire au vague souvenir qu’elle avait gardé de lui lorsque celui était encore étudiant. En somme, une bonne compagnie à petite dose probablement, mais il avait au moins l’avantage de ne pas être un boulet contrairement à d’autres personnes qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer durant ses années d’études à l’académie, sans viser personne en particulier bien évidemment, surtout un idiot attrapant des Qwilfish à mains nues.

« Bon bah salut, hein ! Et merci pour la journée, c’était bien cool. »

Le ciel s’était teinté d’un timide couleur orangée, le soleil pendait en hauteur, prêt à bientôt se dissimuler derrière l’horizon. La journée avait été bien remplie, mine de rien, et Hope l’avait bien appréciée.