Mercredi 5 février.
Le second semestre a démarré au début de la semaine. Hormis l’arrêt des notes pour le premier, marquant le début de celles du second, cela ne change rien à mon quotidien. Je suis actuellement campé sur une chaise, à jouer avec mon stylo, tandis que je regarde par la fenêtre les Etourmi voler. La géographie, ça n’a jamais été mon truc. C’est pourtant intéressant de savoir dans quelles régions et habitats il est possible de découvrir X ou Y Pokémon. Mais d’un autre côté, les villes, les données topographiques, ce genre de choses… Ça ne m’attire pas du tout. Alors je vadrouille sur l’holonet depuis mon iPok. Il y a toutes sortes de données intéressantes sur les Pokémon qui sont recensées en temps réel et le site n’arrête pas d’être mis à jour depuis un petit mois.
Pour être exact, l’ouverture de Galar au monde, médiatisé sous le nom de Galopen, a permis la rencontre d’espèce qui étaient jusqu’alors quasi exclusives à cette région. Leurs données étaient donc approximatives et rarement juste, voir même complètement à côté de la plaque, comme cette histoire de Ramoloss… Bref. Lundi, nous avons pu nous rendre compte par nous-même des espèces peuplant cette région. Évidemment, ce n’était qu’un échantillon. Difficile en une journée de couvrir toutes les espèces existantes, mais c’était déjà sympa et le cadre était magnifique. En somme, le semestre avait plutôt bien démarré sur les chapeaux de roue.
Après les cours, je récupère Ali qui donnait une leçon au gymnase à Coupenotte et Magby, puis je rentre au dortoir Noctali. A cette heure, la plupart des élèves sont encore en cours, à leurs ateliers ou entraînements personnels, donc les lieux sont plutôt calmes. Je dépose mes affaires dans ma chambre, Sirius n’est pas rentré, et descend me poser sur un canapé du hall pour regarder les dernières news en matière de stratégie sur une télé. Mon esprit a du mal à ne se concentrer que sur une seule tâche, alors je me mets rapidement à prendre mon iPok pour suivre d’autres news sur les réseaux sociaux.
Plusieurs messages interrompent ma lecture, notamment pour des commandes de CT. Ma boutique marche bien, vous pouvez d’ailleurs y faire un tour
ici. Je laisse ces messages s’écouler, me donnant une petite heure avant d’y répondre, quand le nom de Miriam s’affiche sur le haut de mon écran. Mes yeux à moitié endormis par cette journée de cours s’entrouvrent un peu plus. Pourquoi Miriam m’écrit-elle ? Ça fait presque deux mois que nous ne nous sommes pas donnés de nouvelles. Je mets en pause toutes mes autres activités et clique sur le message pour l’afficher. Avec lui se profile la photo que j’avais donné à la brune. Elle datait de cet été, lorsqu’on s’amusait dans la piscine avant du Prince des Mers. A ce moment-là, tout allait bien entre nous et jamais je ne me serais douté qu’un de mes camarades de classe était son fils. A cette pensée, mon petit sourire nostalgique s’effaça immédiatement et je lus son message de la manière la plus neutre qui soit. En vérité, elle ne l’était pas tant que ça, sinon j’aurais attendu comme pour les autres avant de le lire.
Elle disait que c’était urgent.
Elle voulait surtout me voir…
Qu’est-ce qu’elle cache encore ?
Salut. Tu peux pas me le dire par message ? J'suis occupé.Je règle l’iPok pour qu’il émette un son à la réception d’un nouveau message et l’abandonne ensuite sur le canapé pour me reconcentrer dans l’émission qui passe à la télé. Ils parlent de Tarak, « l’invaincu ». Ça devrait m’intéresser, mais je n’arrive pas à me retirer de la tête le message de Miriam. Une part de moi se demande si c’est vraiment important ou si elle se moque de moi. Une autre part se dit que de toute façon, ce n’est plus mon problème. En soit… Je n’aime pas cette seconde part. Elle n’est pas naturelle. C’est comme si j’affrontais mes sentiments, mais en même temps, elle ne m’en a pas laissé le choix. Elle m’a menti, et le mensonge est trahison. Après en avoir longuement débattu avec Sirius et fait tous ces efforts pour ne pas replonger, je n’ai pas non plus envie de trop m’écouter et faire n’importe quoi.
Donc j’attends.
Ils disent que le Pokémon préféré de Tarak est un Dracaufeu, ça me rappelle quelqu’un. Au moins, le sien n’a pas un air de despote. Et les deux donnent l’impression d’être de sacrés phénomènes avec leur pose de la victoire ou je-ne-sais-pas-quoi. La news saute ensuite pour passer à un combat au sommet qui s’est déroulé à l’arbre de combat d’Alola. Peu intéressé, je reviens à mon iPok. Durant la dernière demi-heure, il n’a pas bipé pour autre chose que des messages banals. Je l’ai vérifié à plusieurs reprises, mais toujours aucun message de Miriam. A croire qu’elle s’est volatilisée. Je suis quand même intrigué. Dois-je y aller ou pas ?
Et Sirius qui n’est pas là quand j’ai besoin de lui…
Il a déjà été suffisamment présent pour moi ces derniers temps, je lui dois beaucoup. Il est temps que je prenne mes propres décisions en solo. A commencer par ce message. Elle ne me répond pas, elle doit donc être occupée. Ou alors c’est lié à son urgence, qui l’empêche de regarder son iPok. Je ne sais pas. Je pose la question à Ali. Il me répond « rwaaaali ». Mouais. Pas convaincu, je finis par monter dans ma chambre, d’autant que les Noctali commencent à affluer, je serais plus au calme pour réfléchir. Je fais une partie de ping-pong avec Ali. Je gagne. Puis avec Stalgamin. Je perds. Je m’allonge ensuite sur mon lit, une main en guise de coussin, jambes croisées, et contemple notre plafond. L’inspiration ne me vient pas. Je me lève, regarde l’heure, 19h38, merde, c’est l’heure de dîner. Arrivé au réfectoire, je vois qu’il y a la queue. Quel enfer. Stalgamin sourit. Moi pas. Je fais demi-tour et grimpe seul sur Ponyta pour me rendre chez Miriam.
C’est bon, j’arrive.Mon ventre ne fait que gargouiller tout le long du trajet. La barre de céréales que je lui ai donné n’a pas suffit à le sustenter. J’espère que ce ne sera pas long. Elle a peut-être encore un problème avec sa télé et ne sait pas comment le résoudre. Il y a des dépanneurs pour ça, mais je suis sans doute le moins cher du lot. Sur le parvis de sa résidence, je me mets à hésiter. Ali n’est pas là pour me conforter, j’envoie quand même un message à Sisi au cas où.
J’suis chez Miriam. Elle avait besoin d’aide. Promis, ça va aller, je rentre pas tard.Hop ! Message envoyé. Je gravis les marches jusqu’à son étage, rejoint sa porte, prend une grande inspiration et sonne. Je n’ai plus qu’à attendre qu’elle m’ouvre. C’est un peu gênant comme situation, mais elle ne tarde pas à venir. J’entends le loquet se déverrouiller et la porte s’ouvre enfin.
- Salut Miriam.Simple, rapide, efficace. Je la dévisage. Ses yeux sont légèrement enflés et sa mine n’est pas très fraiche.
- Qu’est-ce qui t’arrive, t’as l’air d’un zombie ? Questionnais-je sur le ton de la plaisanterie.