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Salomé Cobal
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https://pokemoncommunity.forumactif.org/t6472-salome-cobal-givrali
Icon : « Maïa... » Z411
Taille de l'équipe : 8
Région d'origine : Johto
Âge : 17 ans
Niveau : 61
Jetons : 27268
Points d'Expériences : 2058
« Maïa... » Z411
8
Johto
17 ans
61
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2058
pokemon
« Maïa... » Z411
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Johto
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Salomé Cobal
est un Pokeathlète Médecin
— Enceinte, Sheeana ! Tu comprends ce que ça voulait dire ? tempêta Salomé près de la caravane maltraitée par les vents de Kalos, que t'as rien vu, rien senti alors que j'étais là cet été !
— Ça sert à rien de gueuler, Salomé. T'as envie que le monde entier soit au courant ? Le camp au complet ? À ce rythme continue, ça se saura avant ce soir !

La rousse s'adossa à un arbre avant de croiser les bras et de vriller la brune de son regard enflammé. Elle n'était pas bien sûre de la raison de sa présence ici aujourd'hui et pour les jours à venir mais Maya l'avait perturbée et errer dans les couloirs du dortoir, seule, ne l'intéressait guère.
Elle était venue vers celle qui aurait pu la comprendre, ou à défaut, l'écouter.
C'était sans compter sur les us et coutumes gitanes qui lui étaient familières ; il lui paraissait transporter une bombe avec ce secret maudit, elle qui aurait pu porter Maya à bout de bras, ne pouvait que tendre la main pour effleurer de la poussière d'étoiles.
Un attentat en devenir, Sheeana aussi le savait.

— Granny aurait su... D'un regard, un seul, elle aurait compris avant moi... C'est là tout mon drame, tu entends ? Ne pas avoir compris. Mais toi... Toi tu t'es contentée de me sourire en août alors que je la portais déjà, invisible à tes yeux !
— T'as tout dit, Salomé. C'est toi qui la portais, pas moi. C'est toi qui aurais dû savoir, pas moi. Prends tes responsabilités, un peu ! T'as vraiment rien trouvé de mieux que d'avancer en m'inculpant cette faute qui est la tienne... ?

Des bouc-émissaires, elle en avait à foison.
Logan, Lucifer, Cobal et maintenant Sheeana.
Mais pas Algernon, jamais.

— T'es pas au niveau de Granny et tu le seras jamais,
cracha la Médecin, c'est à se demander pourquoi tu as pris sa place, sérieusement !
— Vraiment ? On en est là ? Parfait. Il restait qui pour assurer la relève entre Mélie qui court les concerts et toi qui t'attardes à peine un mois de l'été parmi nous ?
— Si les rôles avaient été inversés, j'aurais vu ta grossesse, tout ça grâce à ma formation de Médecin !
— Merde, je suis pas gynéco au cas où t'aurais pas remarqué ! Je te rappelle que je t'ai proposé de rester avec nous pour m'assister l'an dernier ! Ta réponse, on s'en souvient toutes les deux, a été un formidable non ! fit Sheeana avant de reprendre son souffle, avouons-le, si tu étais restée, rien de tout ça ne serait arrivé !

Le cœur au bord des tripes, le hurlement se perdait au fond de sa gorge. Que faisait-elle là, déjà ? Quelle idée stupide l'avait secouée en ce début de vacances ? L'air de Kalos l'arrachait à ses contemplations, la replongeant dans le regard de jais de Sheeana qui n'en démordait pas, obstinée.

— Grandis un peu, bordel. Il serait plus que temps. C'était vraiment pas la peine de faire tout ce chemin juste pour me reprocher tes erreurs, tu sais ? Un coup de fil aurait suffi.

Elle allait se réveiller. Maintenant. Mais rien. Pour la première fois depuis longtemps, elle espérait que ce dos tourné de Sheeana ne soit qu'un mauvais songe, un de plus, sans Cobal, sans Maya, juste son clan qui partait en vrille depuis trop longtemps.
Une histoire d'absences, encore.

— Alors comme ça, j'ai failli être grand-mère ?

La rousse pâlit et déglutit à la simple vue de Mélie, serrant le poing pour se contenir sans savoir quoi lui dire exactement. Un an qu'elle l'avait aperçue pour la dernière fois ; les obsèques de Granny à jamais gravées dans son esprit.
Tout comme ce gamin qui avait pris sa place auprès de Mélie.

— Pour ça, il aurait déjà fallu que je te considère comme ma mère, Mélie, réussit à articuler Salomé, qu'est-ce qu'elle fout là, putain ?
— Je t'avais dit de parler moins fort...
— Typique des Cobal d'étendre leurs drames à la vue de tous, rigola Mélie, contrairement à ce que tu racontes, Sheeana est l'une des rares personnes en laquelle j'ai confiance pour ses prédictions.

Elle aurait pu la tuer d'un regard.
L'anéantir d'un mot, un seul, et à la place, c'était elle qui crevait le sol à cause d'une rousse plus âgée qu'elle.
Et Salomé, simple petite fille comme il y a longtemps, se sentait prise au piège, elle simple agnelle face à une prédatrice dont elle ignorait tout.
Quelle idiote.
A-t-on déjà vu une vipère privée de son venin ? A-t-on déjà vu une rousse plus âgée mettre à terre une armée de serpents tandis que des ombres dansaient encore sous ses paupières ?

— Parce qu'elle l'avait prédit... ça ?

D'une inspiration subite, comme pour mieux se rapprocher de Maya, un crachat atterrit le long de la joue de Mélie. Offusquée mais silencieuse et éternellement souriante, ce même sourire si familier à Salomé car d'ordinaire, c'était elle qui l'arborait.
Comme il était étrange de se retrouver face à ce double bien réel.
Le seul qu'elle avait véritablement à craindre.

— Tu me déçois, Salomé. Et moi qui pensais que tu avais appris à te comporter comme un être civilisé.

— C'est qui la moins civilisée entre la mère qui abandonne son enfant et l'enfant qui crache sa haine à la gueule de celle qu'elle ne pourra jamais appeler « Maman » ? Laquelle de nous deux entre celle qui la remplace par un fils et la fille qui tente d'oublier jusqu'à l'existence de cette pseudo-mère ?
— Tu m'avais caché son amour de la tragédie, déclara Mélie à l'intention de Sheeana, une pure dramaturge !

Foutage de gueule.
Inutile de rester ici plus longuement.
C'était au tour de Salomé de tourner le dos, en ayant trop entendu et ne pouvant supporter davantage la présence immonde de Mélie. À gerber, vraiment. Lui parler ? Elle en avait déjà trop dit, lui avait déjà accordé un trop plein de ce temps qui lui manquait aujourd'hui.

— Une mère qui perd un enfant, c'est plus ou moins civilisé que celle qui l'abandonne ?
— Tais-toi, Mélie.
— Oh mais c'est une vraie question que je te pose, Salomé ! Elle mériterait réflexion, non ? Elle mériterait que tous puissent y réfléchir ! Le camp entier, tu imagines ?

Qu'est-ce que... ?
Et Sheeana qui critiquait Salomé face à ses gueulantes tout à l'heure, voilà que la mauvaise nouvelle risquait de se propager avec Mélie comme porteuse.
Elle n'était même pas étonnée.
La rousse n'avait toujours pas desserré le poing, laissant apparaître des phalanges blanchies alors que Sheeana s'était approchée d'elle, lui posant une main sur l'épaule comme pour chasser les paroles obscures de Mélie. Mais les mots restaient, et avec eux, ce qu'ils sous-entendaient.

— Tu trouves pas que t'en as déjà assez fait comme ça ? Parce que tu crois qu'il n'y a pas plus grande humiliation que d'avoir été mise au monde par toi ?

Existait-il pire chagrin que celui d'avoir perdu un enfant ? Maya qu'elle portait inconsciemment, Maya explosée contre un sol de l'académie, Maya pour toujours mieux la hanter.
Mais Mélie s'en mêlait.

— Pauvre Salomé,
murmura Mélie tout en se rapprochant de la Givrali et de lui murmurer finalement à l'oreille, que tu le veuilles ou non, je suis ta mère et tu es ma fille, c'est ainsi. Alors honorons cet enfant perdu, veux-tu ?

L'adulte se détacha de l'adolescente, souriant toujours tandis que son fin visage se parsemait d'un masque de tristesse. Quelle actrice pitoyable. De quoi donner la gerbe, encore.

— Il...
— Elle.
— Forcément, reprit Mélie face à cette évidence qui crevait les yeux, ta fille mérite un dernier hommage parmi les vivants. Tu le lui refuserais ?
— Je t'interdis de la considérer comme ta petite-fille, pesta Salomé, j'ai pas été suffisamment claire tout à l'heure ?
— Moi non plus, il faut croire.

Mélie se contenta de hausser les épaules, s'éloignant un peu plus de Salomé ainsi que de la caravane de Sheeana. La demoiselle ne la quittait pas du regard, l'observant errer parmi cette multitude de foyers tels des explosifs sur le point de s'embraser.

— Dommage. On aurait pu lui dire adieu juste entre nous. Mais je crois qu'il va falloir ébruiter ton secret au reste du camp, tu ne crois pas ? Et dire que tu avais si bien commencé à le répandre tout à l'heure...

***

Elle aurait pu partir.
Fuir, comme toujours, comme souvent.
Pour ne pas avoir à croiser à nouveau le regard moqueur de Mélie, pour ne plus avoir à entendre les arpèges qui s'élevaient au nom de Maya et surtout, pire que tout, pour ne plus jamais devoir partager la moindre danse avec Mélodie.
Mais cette dernière se tenait devant elle, prête qu'elle était à concrétiser une coutume incroyablement ridicule à Salomé en cet instant.
Elle aurait pu s'enfuir.
L'idée l'avait traversée, l'avait hantée pire encore que Maya au début du mois, lui révélant cette surprenante faiblesse qu'elle se découvrait en la présence de Mélie.
Le soleil était loin maintenant, ne restaient plus que les étoiles par-delà le temps, Maya dissimulée parmi elles, la nuit l'enveloppant et la protégeant bien mieux que Salomé.
Miss Acacia aussi était là.
Elle aurait pu la saluer, avoir un mot pour elle, mais ses oreilles bourdonnaient trop de ces mots de pitié jetés en pâture à cette enfant qui aurait dû naître et à cette mère loin d'être accomplie.
Elle aurait pu lui sourire.
Là encore, il n'y avait plus de Miss Acacia, juste une Plumeline Flamenco, elle le savait, car même si l'abandon était le parti pris de Mélie, en voilà une qui respectait certaines traditions, toutes plus stupides les unes que les autres, à commencer par celle de s'interdire d'offrir un nom à un Pokémon. S'interdire aussi leur possession.

— Alors quoi ? Tu ne sais plus danser depuis que tu erres parmi les gadjé ? rigola Mélie, promis, on restera sur du basique.

Promis.
Promis ?
Mais que valaient les promesses de Mélie ?
Du vent, de l'air, emportés par le mistral dès que le ciel s'en mêlait, emporté le long du paradis pour mieux être recraché sur un sol gris.

— Paraît même que tu as dansé avec Illusion. Vraiment ? Ou ça aussi, c'était un mensonge de plus que tu as colporté ?

Etait-ce le moment de songer à Ranya alors que cet instant était destiné à Maya ? Mais pouvait-elle seulement ne penser qu'à cette enfant en compagnie de Mélie ?
Se perdre le long de ses pas ? La suivre sur un rythme qu'elle maîtrisera ? Et entendre les pleurs de ces inconnus qui hurlaient à Arceus des paroles qu'elle ne comprenait pas ? Il n'y avait que le nom de Maya qu'elle leur avait interdit, le gardant précieusement ; mais pour combien de temps encore ?
Cette main tendue de Mélie l'effrayait.
Y avait-il plus grande vision d'horreur que cette mère qui souriait à sa fille ?
Salomé le savait, il n'y avait rien de vrai dans son geste, et voilà son secret éventré, ébruité, délaissé à des inconnus par centaines.

— Tu peux aussi refuser, Salomé. Mais n'espère pas revenir parmi nous pour tes prochains vacances. N'espère plus revenir du tout, à vrai dire.
— Ces traditions sont stupides !
— Stupides ? Quel mal y a-t-il à ce qu'une mère danse avec sa fille ? Quel mal y a-t-il à vouloir réconforter la mère que tu aurais dû être ?
— Sauf que tu n'y croies pas... À ça, à nous, à ce numéro grand-mère, mère et fille... Ça tombe bien, car moi non plus d'ailleurs !

Elle souriait encore et se rapprocha de Salomé de manière à ce qu'elle seule puisse entendre ses mots et, peut-être, lui couper les ailes enfin pour la river au sol et ne plus jamais la voir s'éloigner hors de son emprise :

— Tu as raison... Je n'y crois pas. Mais eux, oui, déclara-t-elle en parcourant du regard la foule de gitans agglutinés autour de leur duo, c'est une question de choix, Salomé.

Rester l'une des leurs ou devenir invisible à leurs yeux.
Odieux chantage dont elle aurait pu être à l'origine ; il n'y avait pas de doute, Salomé était bien la fille de Mélie.

Il n'y avait plus que Mélie et sa main levée.
Mélie et son éternel attente face à Salomé.
Dans son regard brillait la lueur fugace de la peur, comme une proie acculée, simple gibier, éblouie tour à tour par la nuit qui luit et le jour aveugle.
Elle le savait, encore une fois, encore pour rien, elle avait perdu et la victoire revenait à Mélie.
Encore.

La paume de Salomé se perd contre celle de Mélie et dansent les louves.
Elle se rappelle cette danse pour Granny un an plus tôt.
Elle veut oublier celle à venir pour Maya aujourd'hui.
Yeux clos, la voilà qui s'avance, tentant de redevenir tour à tour oiselle puis vipère, tentant d'ignorer l'agnelle qui s'agite en elle.
Le crépuscule la submerge, et avec elle, l'ombre de Maya.
Il n'y a que comme cela qu'elle pourra s'avancer à travers ce dédale qui l'inquiète et l'effraie.
Pieds nus, encore, voilà le sol fouetté, la terre qui se soulève, le sable qui s'écarte.
Elle se rappelle cette danse avec Faulkner huit mois plus tôt.
La lumière l'assaille à nouveau, l'éblouit, et son corps tout entier n'est plus que souvenir lancinant et agonisant.
Le temps d'un échange, il n'y a plus ni jour, ni nuit. Il n'y a plus que Salomé et ses fantômes, Salomé et ses vies passées, Salomé.
Elle danse, et c'est là toute la beauté de son geste, c'est là l'oubli de Mélie pour ne s'adonner qu'à Maya, Granny, Faulkner, morts ou vivants.
Toutes les filles du monde s'appellent Maya aujourd'hui.
Aucune mère ne pourra jamais plus s'appeler Mélie.

Elle ouvre les yeux.
Lentement.
Et la voit.
Stella.
Céleste.
Astrée.
Les noms se mélangent et s'envolent pour n'en former plus qu'un qui tente enfin de franchir le seuil de ses lèvres.

— Maya.

Pas assez bas, sûrement.
Trop aveugle, encore.
L'hésitation saigne Mélie, et avec elle, ce faux-pas à demi dissimulé tout juste rattrapé tandis que Salomé oscille désespérément entre serpent de lune ou d'étoile.
Le ciel comme étreinte.
Et Maya avec.
Il n'y a plus de venin, seulement de l'oxygène pour aller au bout du geste, tandis que ses doigts deviennent pinceaux et que ses prunelles se noient dans l'ombre de cette fille à jamais privée de la vie.
Le temps qui se déchire.
Un souffle posé pour mieux la trahir.
L'infini des possibles sous ses pieds.
À la croisée des chemins pour mieux s'adonner aux je t'aime.
À la lisière de la peine pour mieux rencontrer son chagrin.
Aux adieux des frontières pour Salomé.

Il lui semble s'éloigner davantage encore.
Février et ses souvenirs, février et ses fantômes, février placé sous le joug de Granny et sa rencontre avec Mélie.
Ombre devenue visage et voici deux rousses face à face, deux venins dispersés, deux flammes qui scintillent et vacillent.
Elle s'avance, se rapproche.
Juin et ses doutes, juin tranché par l'hésitation et la douleur, juin qui doucement s'est teinté de rouge, sous le nom de Granny, par le biais de Faulkner.
Griffacéré parti puis revenu pour mieux disparaître à nouveau, en duo cette fois-ci, définitivement peut-être, sans adieux transformés en au revoir.
Elle continue, voltige, s'oublie.
Juillet et son espoir, juillet qui renaît sous l'amour, juillet aux airs de plaisance et de danse avec Ranya.
De vipère en ouragan, de tempête en Leviator, pour mieux se confronter au Sharpedo qui en a fini de nager dans ses eaux troubles pour lui préférer une autre présence que la sienne désormais.
Elle s'arrête, attend, contemple.
Avril et sa douleur, avril qui hurle ou se tait, avril perdu tour à tour en Kalos ou à Adala, avril confiné dans une caravane ou dans un dortoir pour mieux border Maya et sa naissance poignardée.
Petite étoile qui repose contre le sein de la lune, qui s'illumine et qui brille, qui vit par-delà les rêves et le temps, tout juste transformée en regrets unifiés.
Il n'y a plus que les cordes pincées qui remontent aux oreilles de Salomé, les notes qui charrient son esprit tandis que son corps complet est à l'arrêt.
Adieu tango, ciao flamenco.
Salomé face à Mélie, comme deux spectres vivants, l'une plus que l'autre, sa paume portée contre sa poitrine et Maya qui la lance en cette soirée d'avril.
Un air d'inachevé s'élève et rampe auprès du souffle de Salomé qui se détourne enfin, concluant à sa manière cette danse contre son gré.

Certains sifflent pendant que d'autres applaudissent.
Comment oublier la suite ? Cette phrase malheureuse prononcée au détour d'un feu désormais éteint aujourd'hui ?

— Telle mère, telle fille.

D'une voix inconnue mais suffisante pour la pousser à se retourner et voir Mélie dans le sillon de ses pas, l'attrapant presque pour la retenir et fusillant du regard la pauvre aux quelques mots hasardeux, porteurs à son tour d'une histoire qui dépassera Salomé.
Encore.
Faut-il vraiment que l'histoire ne cesse de se répéter ?
Faut-il vraiment que les Cobal se retrouvent coincées dans une boucle qui n'appartient qu'à elles, se contentant de s'étouffer dans les bras d'une mère absente ou d'une fille aux quatre lettres aussi pures que douces ?

— Pourquoi... ?
— Oublie.
— NON !

En faisait-elle trop ?
Dramaturge à ses heures perdues, sûrement.
Dramaturge aujourd'hui, encore.
Mais elle avait perçu le filet de regret dans ce timbre délicat, ce sarcasme à peine voilé et voilà Salomé à son tour porteuse non plus d'une histoire mais d'une autre devenue plurielle.
C'est un conte qui se joue aujourd'hui, un conte où la croyance est sans importance car le conte est déjà là, depuis le début, et elle prisonnière de cette page qui va lui tomber en pleine gueule.
Page trois-cent ou soixante-cinq, elle n'en sait rien.
Mais par quatre mots, quatre petits mots anodins, la voilà sur la défensive, la voilà qui pense plus encore à Maya, la voilà qui se refuse à laisser derrière elle ce pan de scène joué pour elle.

— On ne nous a jamais vues ensemble, Mélie. Personne ici. Personne tout court. Et là, une femme, une vieille, s'amuse à dire « Telle mère, telle fille. » ? Tu vas vouloir me faire croire que c'est à cause de notre ressemblance physique alors qu'on a dansé pour Maya ce soir ?

Nouveau tressautement de la part de Mélie, à croire qu'elle ne s'habituerait jamais à ce nom.
Dans la bouche de Salomé, il avait le goût de l'horreur.
Un tableau inachevé qui la mettait mal à l'aise, et combien !

— Il n'y avait pas que toi, Salomé...

Mélie au bord des remords, Mélie aux yeux brûlés par les souvenirs, Mélie et ses seize ans, Mélie et son passé, le tout vomi face à une Salomé aux abois, pressante, enragée.

— CRACHE !

Cruelle vérité qui lui coupait la gorge. C'était une douleur pire encore que son enfance poignardée avec cette grossesse, une douleur pire encore que toutes celles connues à ce jour. Il n'y avait plus d'obus dans le cœur, il n'y avait plus que les éclats qui l'encerclaient et l'empêchaient d'avancer pieds nus.
Et elle l'était, pieds nus, et il lui fallait danser, à nouveau, avec ce spectre de vérité et de passé revenu pour la hanter.

— Tu es née prématurée, à huit mois. Rien d'incroyable, tu en conviendras. Mais il y a eu un souci. Un souci pointé du doigt par cette vieillarde aujourd'hui.

Comme elle pouvait deviner la vérité qui allait faire trembler son monde.
Mélie hésitante, tremblante presque, jouant avec ses mains comme pour se donner du courage, comme pour revenir sur cette scène seize ans plus tard, comme pour valser avec le passé tout en gardant pied avec le présent.
Les yeux de Salomé l'incendient plus que jamais.

— Il n'y avait pas que toi, Salomé... Il y avait aussi ta jumelle.


Vilain mot qui rebondissait dans le cœur de la rousse.
Elle la fille unique amputée d'une sœur.
Elle la mère amputée d'une fille.
Seize ans à grandir, seize ans à jouer, le tout sous le regard d'une autre qui s'en était allée.
L'envie d'étouffer le frisson qui l'emporte la gagne mais elle se contente de regarder encore Mélie, la piéger à terre, ou à défaut, à son passé, et un peu au sien par la même occasion.

— Raconte.
— Il n'y a rien à raconter ! Rien ! Tu es vivante pendant qu'elle est morte ! Vous êtes nées le 8 décembre 2003 et elle n'a pas survécu, fin de l'histoire !

Fin de l'histoire.
Fin de l'histoire ?

— Son nom. Comment tu l'as appelée ?

— Arrête, Salomé...
— Merde j'ai nommé ma fille qui n'avait pas même passé les cinq mois et tu vas me faire croire que tu as donné vie à une étrangère, que tu as enterré une inconnue ! Putain Mélie ! J'ai passé l'âge d'être une enfant, maintenant je me contente de répéter tes conneries malgré moi ! Tu peux au moins me dire comment s'appelait ma sœur !

Enfermée à jamais dans le rôle de Mélie à qui elle ressemblait tant, avec qui le monde entier semblait la confondre, lui provoquant malaises et nausées à chaque fois que ces syllabes qui n'étaient pas les siennes lui étaient destinées.
Cela n'en finirait jamais.

— Tu le sais déjà.

Comme elle allait la haïr, du moins s'il était possible de la haïr plus encore qu'en cet instant, plus encore qu'après une vie à ressasser rancœur et colère pour cette mère qui n'en était pas une.

— DIS-LE !

Un hurlement pour contraster le murmure à venir :

— Maïa...

Non.
Elle avait mal entendu, forcément.
Forcément que le rêve allait prendre fin pour permettre à la réalité de jaillir.

— Non...

Elle n'en pouvait plus de serrer les poings, de se contenir, de faire face à cette violence qui la submergeait et l'envahissait depuis la mort de Maya, ou Maïa, elle ne savait plus très bien.
Maya contre Maïa.
Quelle bonne blague.

— Même son nom, il a fallu que tu me le lui voles, souffla Salomé, parce que t'imiter sur ce sentier ça suffisait pas ? Fallait qu'en plus tu m'arraches la seule identité qui me reliait à elle !

De tous les noms, c'était tombé sur celui-là.
Ceux-là.
Cruel hasard moqueur.

— Ce sera quoi ensuite, Mélie ? Parce que si je dois emprunter le même chemin que toi, autant me prévenir maintenant histoire d'être un minimum préparée !
— Ose me dire que tu as ressenti son absence ne serait-ce qu'une fois pendant ces seize ans !
— Non mais maintenant je ressens sa présence...

Quelle idiote.
Et elle qui avait cru naïvement rêver de Maya ce soir-là, elle qui avait cru faire face à sa fille alors que c'était une adolescente de seize ans qui aurait pu être son reflet qui lui postillonnait haine et colère !
Ah l'idiote.
Elle l'avait appelée Maya, naïvement, sans savoir à quel point elle touchait à la vérité ainsi qu'au mensonge à la fois.

— Maya pour fille...

Yeux levés vers les étoiles, comme à la recherche de celle qu'elle avait perdue et qui s'obstinait dans ce silence permanent qui l'angoissait.

— Maïa pour sœur...

Yeux fermés, comme pour renouer avec cette jumelle inconnue qui côtoyait la mort pendant qu'elle dansait avec la vie.

— Solen pour frère...

Yeux ouverts à la recherche des boucles rousses qui erraient près d'Algernon, fallait-il vraiment que le Picassaut perde son temps auprès de cet enfant trop stupide pour comprendre le monde ?
Elle n'avait pas oublié son nom à lui non plus, le taisant comme pour nier sa réalité mais il était là, près d'elle, dans la plus simple compagnie du type Vol étrangement attaché à lui depuis le début de la journée.

— Tu le sais que tu m'as humiliée aujourd'hui, Mélie ?
— Salomé...
— Tu le sais, que j'ai fait de sa vie un enfer à un certain Logan juste parce qu'il avait agi de travers avec moi ?
— J'ai eu vent de cette histoire, oui, soupira l'adulte, alors tu vas faire quoi ? Repartir avec la Plumeline ? Balancer des mensonges à la presse pour me discréditer ? Fais-toi plaisir, Salomé, je t'en prie.

Cela fit rire Salomé.

— Je frappe là où ça fait mal, Mélie. Tu crois vraiment que je pourrais t'atteindre alors que tu avais choisi de toi-même d'abandonner Miss Acacia ? Que je pourrais ruiner tes dix ans de carrière avec quelques paroles ? Et puis, tu n'es pas stupide, ces sales histoires comme moi ou Maïa, bien sûr que tu les as enterrées il y a longtemps, bien sûr que tu as fait en sorte que ça ne te heurte pas. Pire, ça te permettrait sûrement d'obtenir de la pitié plutôt que de la colère et ce serait parfait pour ton image. Oublie les paparazzis et la presse à scandale, Mélie, ta réputation d'artiste est sauve.

Ce sourire porté par Mélie tout au long de la journée décorait désormais les lèvres de Salomé, elle qui se faisait une joie de renouer avec celle qu'elle avait toujours été, elle qui avait touché le sol pour mieux se relever, elle qui avait cru que le démon qui l'habitait était mort et oublié.
Il lui fallait juste une nouvelle rancœur pour mieux la transcender, un dernier être à ruiner et à blesser.

— C'est Solen que tu as condamné, Mélie. Pour une humiliation puérile, pour seize ans à me délaisser, pour l'avoir choisi lui plutôt que moi, pour Maïa, pour tous ces mondes qui se sont fracassés alors que l'on venait de se rencontrer !

Solen qui jouait toujours avec Algernon pendant que Salomé les couvait tous deux du regard.

— N'espère même pas t'approcher de lui !

Elle en grognerait presque.

— Tu crois être une louve mais tu n'es qu'un chiot, Mélie. Et en laisse, en plus de ça...

Elle allait patienter et trancher la gorge au temps s'il le fallait mais ses prunelles étaient sincères ; elle arracherait à Mélie ce peu d'humanité qu'elle possédait à travers cet enfant qu'elle s'était choisie.

— Parce que tu crois que ce sera aussi facile qu'avec les étudiants de ton académie stupide ? Que tu pourras me l'enlever comme ça ? Le monter contre moi ou qu'est-ce que j'en sais ? Traite-moi de clebs si tu veux mais la seule à être en cage, de nous deux, c'est toi et seulement toi !

L'adolescente eut un soupir, elle en serait presque reconnaissante à Mélie de lui offrir cet élan de peur qu'elle savourait tandis qu'elle tournait déjà le dos, prête à repartir.

— Si tu es si sûre de toi, pourquoi tu flippes comme ça ?

Elle n'était plus d'humeur à faire pleurer les cieux, encore moins Mélie au bord de la panique, ne manquaient que des crocs et de la bave à la gueule pour la sublimer. Assez de cette laideur, la rousse siffla Algernon qui revint à tire-d'ailes, comme si rien d'autre ne comptait.

— Le calme avant la tempête, Mélie. Et quand je parle de tempête, je parle de moi, s'amusa Salomé, demande à Sheeana ce qui s'est passé avec Logan, elle t'en parlera mieux que Granny. T'auras plus qu'à faire preuve de créativité ensuite pour l'appliquer à Solen.

Elle en avait fini de marcher sur ses pas.
Aujourd'hui encore, il était trop tard pour l'appeler « Maman ».





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