Une classe verte ? En cinq ans, on ne me l’avait pas encore faite celle-là. Bon, pas que ça me dérange, j’aime bien sortir et visiter de nouvelles régions. D’autant plus lorsque l’expérience gagnée est doublée. M’enfin, faut reconnaître que j’en profite jamais d’habitude. Je suis plutôt un vieux de la vieille. Charbonner durement pour son expérience et améliorer ses Pokémon à la sueur de son front, ça me connaît. Ok, ok… Je reconnais aussi avoir utilisé quelques petites main-d’œuvre chinoise, mais que voulez-vous ? C’est la dure vie de riches. Et puis, comment pourrais-je faire autant de choses ? Cours, archéologie, alternances, entraînements, super-héros, futur père, musicien,… si je n’use pas de toutes mes cartes ? En soit, ce n’est pas vraiment de la triche. Simplement de l’ingéniosité.
Enfin… Revenons à nos Moumouton. Avec Sirius, on s’était installé dans une chambre avec deux types de l’AES. Pour tout vous dire, je ne les ai pas encore croisés, à part quand ils étaient au lit, donc autant dire que c’était pas le meilleur moment pour faire connaissance, bien que dans certains cas ce soit tout à fait possible. Mais disons qu’avec eux, on en était pas encore là et je doutais qu’ils apprécient faire un gros câlin à Ali. Pour une raison inconnue, ils l’évitent même. Je sais pas, ça doit être le rose, ça attire les regards de travers et ça fait fuir. Faut dire aussi que c’est particulier comme couleur. C’est un rouge délavé. Franchement, les jeans délavés, c’était à la mode en 2010.
Enfin, je m’égare encore. Donc, comme je l’expliquais, j’étais arrivé à l’hôtel et m’étais installé sur un lit superposé. J’avais pris deux petits déj et un déjeuner sur place. A la base, ça paraissait être une bonne idée, mais c’était finalement assez douteux. Non pas que la nourriture soit mauvaise ou quelque chose du genre… maiiiis ça manquait d’exotisme. Je sais pas, on est en classe verte ? Nature et découverte, non ? La découverte gustative devrait en faire partie ! Alors, comment expliquez-vous qu’il y ait des céréales au petit déj et du lait. Oui… Du lait. … Inconcevable, nous sommes d’accord. Le midi, c’était pas vraiment mieux. J’ai mangé des dizaines de poulet-frites et je n’ai plus douze ans. Il aurait été intéressant de proposer un menu en fonction de l’âge des élèves. Ou un self ! Oui, c’est excellent un self ! Comme ça, aucun soucis de s’ennuyer avec la nourriture, chacun y trouve calamar à son assiette.
Mais encore une fois, je digresse. Promis, je n’ai pas bu. Pas encore. Parce qu’en quête de cet exotisme disparu, prêt à fouiller les décombres de cette île, je m’étais rendu au village de l’île. Celui qu’on peut voir sur la montagne. Même si on ne le voit pas depuis l’hôtel, vu qu’il est sur l’autre versant. Enfin, vous avez compris, j’étais là-bas. C’était plutôt sympa, les couleurs dans le ciel s’alternaient en attendant le coucher du soleil et les villageois chantaient et dansaient de tout leur soûl. Du moins, c’est comme ça que j’aurais aimé que ça se passe. Qu’une fille me prenne la main et me tire dans une ronde pour une danse dont je ne connais aucun pas et qu’on délire tous ensemble jusqu’à l’aurore. En vérité, l’ambiance était plutôt, à l’image du village par rapport à notre l’hôtel, diamétralement opposée. C’était un banal village touristique, avec ses bars, ses pubs, ses rebars et ses repubs. J’oublie aussi les magasins de skis fermés en cette saison, soit quatre-vingt pourcents d’inutilité. Ça promettait d’être champêtre cette classe verte !
Néanmoins, je suis têtu et borné, ce qui fait qu’on peut dire que je suis doublement têtu ou borné et donc, que je n’allais pas quitter le village sans avoir trouver quelque chose d’exotique à me mettre sous la dent. Littéralement. C’est là, que je la vis. Elle avait les cheveux roses, je la connaissais et elle se faisait draguer lourdement. Mouais, pas très exotique, passons. Le restaurant d’en face faisait d’excellentes Gamblast m’avait dit un vieux pépé, pas du tout exotique non plus. Mmh… Peut-être que je devrais les essayer.
- Serveur ?
- Monsieur, ce sera pour combien de personnes ?
Je regardais Ali.
- Trois personnes s’il vous plaît.
- Bien, je rev…
- Attendez, je me permets de vous emprunter ceci.
- Mais c’est mon foul…
Je levais un doigt.
- Je vous le rends dans une minute. Ali, suis-moi.
Me rendant de l’autre côté de la rue, je rejoignais Marie. C’est la fille a la chevelure rose de tout à l’heure. C’est aussi la sœur d’une amie à la chevelure bleue. Comme quoi, la couleur c’est de famille. Les deux Canarticho refusaient de lui lâchaient la grappe et à l’attitude de Marie, ils devenaient légèrement envahissant. Je venais donc m’intercaler entre eux et elle, leur tournant volontairement le dos.
- Chérie, je t’ai apporté ton foulard. J’espère que l’attente n’a pas été trop longue.
Feignant voir son regard qui lorgnait sur les types dans mon dos, je me retournais avec un grand sourire.
- Oh ! Mais je n’avais pas vu que tu étais avec des amis. Enchanté, moi c’est Paul et mon pote s’appelle Ali.
Ali sourit… à sa façon.
- Je suis vraiment désolé les gars, mais j’ai réservé le restaurant d’en face pour trois personnes. J’indiquais du doigt, le resto d’où un serveur me fixait avec anxiété. Avec déception, je leur annonçais la nouvelle. Je doute qu’ils aient de la place pour vous. Ne m’en voulez pas. Tu viens chérie ?
J’attrapais Marie à la taille et l’invitais à s’écarter de ces énergumènes, laissant Ali s’interposer dans le cas où ils voudraient nous suivre. L’un d’eux voulu quand même s’essayer à tendre le bras pour nous retenir, mais le grognement de mon petit Ali de deux mètre trente et pas moins de vingt-quatre crocs acérés suffit à le dissuader de tout mouvement supplémentaire.
- J’ai vraiment réservé dans ce restaurant, j’espère que tu accepteras d’y dîner. Lui disais-je maintenant qu’elle était hors de danger.