Le bateau tanguait, la houle salée en léchait la coque, je souriais. J’étais vêtue d’une robe amande que la lumière et mes excursions avaient blanchie et usée. Les volants se gonflaient d’air salin révélant la peau pâle de mes jambes. J’étais traversée par ces sensations intenses qui me secouaient toute entière. C’était un bonheur secret de se poster à la proue du navire pour mieux en éprouver toutes les nuances. A mon cou pendait le précieux appareil photo qui m’identifiait comme une Chercheuse, il était grand temps d’étoffer un peu mes dossiers sur l’environnement de certains Pokémons. J’avais la taille soulignée par une ceinture sur lequel l’ensemble de mes Monstres et quelques sphères encore vides étaient accrochées. Je retournais dans mes paumes le « masque ». Ce n’était pas une parure de Venise ou un accessoire de concours, c’était un masque à gaz. Une cagoule kaki d’une laideur qui me laissait perplexe. J’aurais volontiers fait appel à la dextérité de Cleve pour mieux comprendre et perfectionner cet objet tout droit sortie d’un remake de guerre de poison.  Je soupirais longuement. Ce masque était lié à ma future exploration, fait qui titillait de façon insupportable ma curiosité.

J’appelais à mes côtés Verseau et Prince. Le premier roula paresseusement sur le plancher entraîner par le balancement du bateau. Il avait sur le visage une expression très ennuyé comme si le simple fait d’être sollicité l’épuisait déjà.  Ce sujet manquait cruellement de discipline et je le fusillais de mes prunelles cendres. Un peu effrayé l’Obalie s’efforça de rebondir jusqu’à mes pied. Prince était dans l’exact inverse, il gagna le ciel en quelques secondes polluant les lieux de grands « Bôooo » enjoués. Je regardais ce point violet s’élevait et se laissait soufflait par le vent. Il semblait profitait de ces précieuses secondes volées à sa cage écarlate pour mieux se démener et savourer les Zéphyrs et les Mistrals. Le naïf. Tôt ou tard je le rappellerais près de moi. En attendant, je me penchais sur Verseau pour lui faire absorber une pilule. Cette dernière devait le protéger des dangers de l’air, il l’engloutit avec gourmandise avant de grimacer. Le sot n’était sans doute pas habitué à ce méfiait de ce qu’il mangeait. Le Baudrive finit par redescendre et je lui administré le même traitement avec un peu plus de difficulté.

Nous arrivâmes enfin destination. Je revêtais mon masque m’attirant les rires grotesques de Verseau et la méfiance de Prince. L’air vicié semblait pollué par une source inépuisable d’horreur et de décombre. Riven parlait. Je ne l’écoutais pas. J’avais bien trop hâte de débarqué et de m’enfonçait dans ce paysage de cauchemar. Tout était toxine et détritus. Mes premiers pas sur la plage de sable noir furent absorbés par les nombreux liquides industriels dont elle était enduite. Je frémissais. J’avais toujours admiré avec ferveur la nature, tout ce je voyais était une offense à l’irrégularité parfaite de la corolle d’une fleur ou l’écumé immaculée recrachée par la mer. J’avançais pourtant le cœur au bord des lèvres. Il fallait du courage pour ne pas tomber chaque fois qu’un monticule d’immondice se présentait. Encore plus pour supportait la vue de l’Obalie couvert de boue violacée et autour duquel des mouches énormes flottait en masse. J’avais le cœur au bord des lèvres. Une transpiration fine recouvrait mes tempes et le port du masque à gaz était presque insupportable. Je voyais bien que Prince était dans le même état. Le pauvre ballon dépérissait entre les arbres noirs et pourris dont les branches l’effleuraient parfois. La souffrance de mon compatriote m’affectait de façon insupportable aussi au bout d’une dizaine de minute de marche je m’arrêtais brusquement.

« Prince va dans les cieux et indique nous s’il y a un endroit plus dégagé à proximité. Verseau utilise Force sur ce… Cette porte. »

Il y avait face à nous, une petite maison. Elle était tout à fait ridicule perdues entre les monts de déchets, les couches et les canards en plastiques jaunes. Elle avait un jour dû être le foyer charmant d’une famille de bipèdes au discours trop longs et aux manières vulgaires. Mais aujourd’hui, elle n’était plus rien de tout ça. Elle n’était que quatre murs sur lesquels de macabres fissures étaient dessinées et une porte de bois à la peinture bleue écaillées. Il n’y avait même plus de toit sur cette chaumière que l’air toxique avait rongé de parts en parts. Elle faisait deux fois ma taille, au mieux. Je ne m’étais jamais senti aussi archéologue de ma vie en demandant au Verseau dans enfoncé l’entrée.