Le bruit stupéfiant de ta masse qui heurte le plancher se réverbère encore dans tes oreilles. Puis le silence absolu du choc, dans lequel grandit peu à peu le bourdonnement de cette douleur qui te déchire de l'intérieur. La musique s'efface, tu ne l'entends pas s'arrêter, pas plus que les murmures du public, les appels de tes collègues, les pas précipités, le brouhaha de la salle, ton nom sans réponse une fois, deux fois, trois fois, et un, et deux, et trois—
Tu ne perçois qu'une rangée de lumières troubles qui t'aveuglent, le sang qui bat à tes tempes, et le poids terrible de ton corps qui ne répond plus à la mesure.
Tu n'avais jamais vraiment bien saisi le concept de la gravité. Tu t'en étais toujours un peu moqué. Tu n'étais pas là pour marcher. Toi, t'étais là pour t'envoler.
Deux choses t'avaient toujours inexplicablement parlé : l'esthétique des silhouettes en mouvement, et le sentiment de liberté naissant du contrôle de soi. Quand tes parents avaient inscrit ta soeur ainée au ballet, tu avais crié à l'injustice. Toi aussi, tu voulais de l'attention, toi aussi tu voulais demander et obtenir. Petit caprice insignifiant, auquel on avait volontiers cédé. La grande s'était vite lassée, mais pour toi, il n'y avait bientôt plus rien d'autre qui comptait. Du coup de foudre à la vocation, le ballet devait rapidement devenir ton obsession. Et le reste de ton entourage ne tarda pas à le comprendre également. En grandissant, tu révélais petit à petit l'étoffe d'une véritable étoile. Tu te construisais avec rigueur et déférence, tu ne ménageais ni tes états d'âme, ni ta peine, sculptant à la fois ton corps et ton esprit pour cette vie qui faisait vibrer chaque fibre de ton être. Tu avais pleinement conscience de chaque sacrifice, présent ou futur, mais l'idéal auquel tu aspirais n'avait pas de prix. Ce que tu voulais, tu l'aurais, car rien ne saurait te faire vaciller dans ta quête. Ton dévouement te poussait à conserver une prise étroite sur toute ton existence, et tu visais beaucoup de choses — mais jamais l'ordinaire.
(Tu ne voyais pas la démesure de tes crises de nerfs, la jalousie dévorante qui poussait dans ton insatiabilité, ni l'estomac indigent que tu vidais par anorexie, ou la pression sur ton corps poussé à l'extrême, dont tu ignorais tous les signaux de détresse.)
Les danseurs apprennent à contrôler leur corps jusqu'au moindre détail. Le plus petit écart suffit à ce que tout s'écroule comme un château de cartes, alors on répète les mouvements à la perfection, on apprend à contrôler la gravité, à contrôler la douleur, à contrôler ses faiblesses. Le contrôle est absolu. Et dans le contrôle réside la liberté vraie. Celle qui, après avoir maîtrisé chaque règle, peut enfin se permettre de tout défier.
La chute avait tout envoyé valser. La première de ton solo tant attendu sur la variation de Conrad. Les os de ton dos, fracture vertébrale instable. Ta carrière et tes rêves, sûrement, même marcher ne t’était plus acquis. L’extraordinaire, et tout ce à quoi tu aspirais, s’était soudainement dérobé sous ton pied. Par chance, l’opération fut un succès : réduction de la déformation vertébrale et ostéosynthèse rachidienne, pas de lésion de la moelle épinière, et tu échappais donc à la paralysie. Le traitement et la rééducation qui s’en suivirent furent longs et douloureux. Après des mois, tu retrouverais un usage courant de ton corps. Mais tu ne danserais plus jamais au niveau auquel tu aspirais.
Les mois derniers furent des plus sombres. Tu vacillais entre la rage et l’abandon. Si vous avez jamais aimé quelque chose, alors la vie saura vous mettre en colère. A quoi bon, désormais ? Que te restait-il de tout ce à quoi tu t’étais consacré ? Pas grand chose – tout le reste, tu y avais déjà renoncé depuis longtemps. Tes parents se morfondaient en te regardant dépérir, impassible face à leur soutien et suggestions. Rien ne t’atteignait, qu’une sorte d’aigreur qui te rongeait le coeur.
Jusqu’au jour d’hiver où tu rencontras cette jeune femme rousse, en train de faire danser un Manternel dans la lumière du matin. C’était un spectacle magnifique, aussi inattendu que gracile. Comme un instant volé dans la brume des rêves qui s’évaporent lentement à l'aube des premiers rayons. Tu t’arrêtas, regardant avec envie les mouvements si familiers du Pokémon, cette façon dont ils glissaient sans peine, dissimulant au public non initié les efforts dont faisait preuve la créature. A toi, ils ne t’échappaient pas. Mais ce qui te captiva réellement, c’était la femme qui dirigeait ce spectacle du bout du doigt. Elle était là, peut-être, cette partie de toi qui t’avait été arrachée. Alors tu fis un pas pour tenter de la saisir, et tendis la main à cette inconnue.
C’était une comportementaliste Pokémon de passage dans la région, dont le travail consistait à rétablir la relation perturbée entre une personne ou une famille et son Pokémon de compagnie, de loisir, de travail. Ce Manternel s’était blessé au cours d’une répétition pour un concours de coordination, et depuis, la dresseuse et le Pokémon peinaient à se remettre de l’incident. La rouquine travaillait avec eux depuis quelques semaines pour les aider à reprendre confiance en eux-mêmes, et en leur partenaire. Au fur et à mesure qu’elle te racontait son histoire, celles de ses clients, des humains et Pokémon esquintés qu’elle avait pu rencontrer au cours de sa vie, une nouvelle idée fixe naissait dans ton esprit frustré. Tu n’avais pas voulu envisager la chorégraphie avant, car l’idée de voir ces danseurs vivre ton rêve à ta place te rendait malade. Mais tu n’avais pas pensé à faire danser des Pokémon. Ils étaient si différents de toi. Avec eux, c’était un panel intriguant de nouvelles possibilités qui s’ouvrait. Ils seraient autant d’outils malléables entre tes mains d’artiste. Ils pourraient se faire l’extension de ta vision, une nouvelle forme d’expression, qui sait peut-être même pourraient-ils se faire l’extension de ton corps. Peut-être saurais-tu accepter de partager la scène avec eux si ça pouvait te permettre d’y remonter, de danser, de cacher la fragilité de ton être derrière leurs mouvements sensationnels. En faire ton oeuvre, et recevoir les applaudissements. L’étrangère connaissait une école réputée qui pourrait tout t’apprendre de ce nouveau monde sur lequel tu la questionnais. Il ne te fallut pas longtemps pour donner forme à ton idée, ni pour convaincre tes parents, trop heureux de te voir relever la tête. Si cette voie pouvait te redonner ta flamme, ils accepteraient le pensionnat, à condition que tu leur donnes des nouvelles régulières, et que vous vous arrangiez pour vous rendre visite au cours de l’année. On t’inscrivit précipitamment pour la rentrée de janvier, mais il te restait quelques examens médicaux à passer, un suivi médical à assurer, et quelques préparatifs avant que ta famille ne convienne de ce grand changement. Ton arrivée effective ne se fit donc que quelques mois après le début du semestre. Tu avais refusé d’attendre les classes d’été : tu n’aurais laissé rien ni personne te retenir plus longtemps. L’ambition n’était que course contre le temps, seul facteur qui nous échappe inéluctablement. Tu avais tout à découvrir et tout à apprendre des Pokémon et de la coordination. Et quelques années devant toi, tu le savais, pour atteindre ton apogée et mettre ce monde à tes pieds.
Ariel est un garçon. Ariel porte des combi-shorts, des talons hauts et les cheveux longs. Ils sont d'un bleu profond, comme ses yeux. Ariel aime la mode, prendre soin de lui, et briller comme une étoile : maquillage, paillettes, tout est bon, tant que c'est fait avec goût. Ariel se fiche bien qu'on le prenne pour un garçon ou pour une fille. Il prendra toutes les étiquettes, sauf celle de la médiocrité. Il respectera vos codes, pour mieux s'en libérer. Tout ce qui lui importe, c'est qu'on le laisse danser.
Socialement, Ariel n'est pas très convenant. Il est d'un naturel plutôt froid, mais sait se montrer plaisant. Il a des idées fixes, difficiles à déloger. Et à moins que ça ne puisse lui être utile ou lui mettre des bâtons dans les roues, il prête généralement peu d'attention au reste — et aux autres. Ariel est direct, et ne mâche pas ses mots. Ce n'est pas avec du tact qu'on apprend à progresser. Ce n'est pas comme ça qu'il s'est construit. Ariel est ambitieux, il a des rêves de grandeur et des idées folles, et mettra tout en oeuvre pour réaliser ses désirs. Ariel se croit un peu au-dessus de tout, après s'être tant élevé à force de tant d'efforts. Il pense avoir les idées bien claires — c'est parfois le cas — et ne ménage guère ceux qui ne le comprennent pas.
Mais Ariel n'a pas toujours la tête aussi bien faite qu'il aimerait le croire. Ariel voit à-travers un prisme qui déforme tout, vers le sublime comme vers l'horreur. Il ne voit pas ses névroses, la jalousie maladive qui le pousse dans ses retranchements, l'irréalisme de ses attentes, les minauderies occasionnelles lorsqu'il cherche à plaire, ses troubles alimentaires, les miettes de son estime de soi, ni l'abyssal manque affectif de ceux qui se sont volontairement détournés des autres en pensant se suffire à eux-mêmes.
Coucou ici Alex, vous me manquiez alors j'ai reroll Nate pour me relancer fraîchement dans l'aventure.
J'ai eu le ok de Ginji au préalable. Comme c'est un deuxième reroll, Ariel conserve 1/3 des jetons du compte (1147/3=382 jetons au moment de poster ce message) et la moitié de l'expérience (34/2=17 points d'exp). Il faudrait aussi renommer le compte (Ariel Alphard).
Alex elle-même, au-delà de se glisser discrètement dans cette fiche, reviendra peut-être faire coucou à l'occasion :>
Bienvenue dans le Dortoir Voltali ♂ et bonne intégration parmi tes confrères ! N'hésite pas à poser tes questions si tu as le moindre soucis à au staff ou aux membres de ton dortoir (www). Tu peux dès lors poster ta T-CARD dans la partie correspondante, ainsi que gérer tes RPs grâce à aux RECHERCHES DE RPs ET RELATIONS. N'oublie pas de remplir les champs de ton profil dès que possible (T-card, Fiche de Présentation, Classe) pour faciliter la navigation aux autres joueurs, et de réserver ton AVATAR dans la partie adéquate ! Tu repars aussi avec 2 Pokeball, données par le Collectionneur. Ton numéro étudiant est 653. Bon jeu sur Pokémon Community ! |
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