Aujourd'hui était un grand jour. Le gang des peluches avait décidé de partir à l'aventure dans Leiar. A l'insu de tous (du moins ils croyaient) Chuchmur, Polarhume et Teddiursa avaient faussé compagnie au reste de l'équipe de petit matin. Objectif : aller jusqu'aux fjords pour jouer dans la neige. Leur projet avait bien entendu été découvert par la moitié des autres Pokémon, les autres trop occupés ou pas assez intéressés pour le remarquer. Vostourno avait bien entendu prévenu son Dresseur, en bonne petite rapporteuse qu'elle était. Rod' avait haussé les épaules : après tout le club fonctionnait au ralenti, tous les clients étaient en préparation pour la période des fêtes. Tant et si bien que les jumeaux avaient décidé de finir de décorer le bâtiment plutôt que de s'entraîner. Bien entendu, les guirlandes et autres joyeusetés de Noël ornaient murs et tables depuis la fin de novembre, mais les chefs avaient décidé de poser quelques décorations pour l'hiver entier, ce qui donnait lieu à une bataille dantesque dans le hall, Rodun soutenant que le sapin était réservé à Noël, alors que Rodeux aurait bien aimé le garder. Bref. Il fut facile pour le trio de s'éclipser. Les humains avaient cependant prévu le coup et leurs avaient collés trois chaperons qui devraient rester discrets le plus possible.

C'est comme ça qu'un autre trio improbable quitta son perchoir en voyant le marshmallow et les deux oursons gambader hors du club. Tout d'abord, l'espion le plus rond de tout Leiar : Brindibou. A sa suite et sautant du toit tel un héros de sentai : la force tranquille et tout aussi ronde, Obalie. L'otarie débonnaire s'était intégrée au groupe dans l'indifférence la plus totale. Et enfin, pas aussi rond et clairement pas le plus indiqué pour ce genre de mission, mais s'étant porté volontaire : Crabicoque ! L'insecte tomba au sol, replié dans son caillou, rebondissant un peu avant de reprendre son chemin. L'improbable trio partit filer les peluches, avançant d'un pas décidé. Il ne manquait plus que l'explosion en arrière plan et quelques lunettes de soleil et on s'y croirait presque.

Première étape dans le périple incongru : sortir de la ville. Ce qui voulait dire traverser la route. Tout seuls. Chose que les peluches ne faisaient jamais, toujours rentrées ou portées par leur Dresseur. Mais elles s'étaient entraîné ! Regarde à gauche, regard à droite puis regard à gauche. Personne. Elle s'engagèrent donc sur la voie. C'était sans compter sur un Frison déchaîné qui déboula à toute vitesse du côté de la rue, coursé par son Dresseur qui peinait. Les petits Pokémon n'avaient rien remarqué, et ne remarquèrent rien, puisque le Frison finit encastré dans le mur d'un bâtiment mitoyen, poussé par un gentil Roc-Boulet. Le grand fracas n'avait étonnamment pas alerté les fugueurs, qui savaient maintenant occulter ce qui ne se passait pas dans leur environ direct. On ne pouvait pas en dire autant des jumeaux, qui avaient sursauté, bien que bien au chaud à l'intérieur.

- C'était quoi ça ?!
- Je sais pas mais j'ai aucune alerte sur mon IPok.
- Oh, un jour normal à la PC alors.
- Un jour normal à la PC, oui... Passe moi la bombe de fausse neige, tu veux ?

Bref.

Le trio avait continué son bonhomme de chemin vers leur terrain de jeu, dans l'insouciance la plus totale. Leur escorte ne pouvait pas en dire autant. Enfin, surtout Crabicoque. Brindibou prenait très à coeur le côté discrétion de la mission, ne faisant aucun bruit et ... pas grand chose d'autre, alors qu'Obalie avait clairement décidé de les suivre pour échapper au travail et s'amuser un peu. C'est donc le pauvre benard-l'ermite qui avait du repousser le Guériaigle sauvage qui avait cru repérer son quatre-heure, stopper un éboulis de neige avec son propre éboulement et enfin encourager (en frappant) Obalie à renforcer le lac gelé que la joyeuse troupe avait traversé sans se poser de question. L'insecte n'en pouvait plus, mais ils étaient enfin arrivés sur une espèce de plateau qui semblaient convenir aux petits Pokémon. Qui s'assirent par terre et commencèrent à discuter. Crabicoque regarda sa pince et, imitant son Dresseur, tenta le plus beau facepalm du règne insectoïde. Ils avaient fait tout ce chemin pour chapeauter une dinette ?!

Et voilà qu'Obalie abandonnait la congère où ils s'étaient placés pour aller vers eux et ... jouer avec ?! Mais enfin ! Le petit insecte se tourna vers Brindibou pour lui exprimer son indignation. IL n'y avait plus de Brindibou. Alarmé, il se retourna pour voir l'oiseau voler tranquillement vers le port, il avait sûrement eu trop froid et leur faussait maintenant compagnie. Maudissant ses collègues irresponsables, Crabicoque s'arma de patience et observai les quatre Pokémon jouer, profondément ennuyé, jusqu'à s'endormir pour une petite sieste réparatrice.

Bien entendu, comme il était du coutume, il fut réveillé par des cris. Oh, des Blizzi sauvages s'étaient juste intégrés au jeu, ce qui avait fait peur aux oursons, donc pleurer Chuchmur, donc pleurer les deux autres. Obalie se tordait de rire par terre, totalement inutile. Bon, rien de grave, il n'avait pas à intervenir... Sauf que la maman des charmants petits sapins venait de débarquer, terrorisant totalement les trois galopins, qui pleurèrent de plus belle, entrainant ceux des Blizzi, dans une cacophonie toute classique. Obalie tenta de jouer de diplomatie, mais fut éjectée par un Martobois bien énervé et commença à dévaler la pente en roulant. Oups. C'était typiquement le genre de moment où Crabicoque devait intervenir Il sortit donc non sans mal de sa congère pour se dresser devant la mère furieuse. Bon, quand il fallait y aller...

Blizzaroi leva le bras, préparant un nouveau Martobois, très vite arrêté par une Plaie-Croix de la part de l'insecte, qui, s'il ne rivalisait pas en masse avec son adversaire, avait le même regard décidé d'un combattant prêt à défendre ses ouailles. Il enchaîna après s'être désengagé avec une pluie de Boule Roc, contrée par des Balle Graine, avant de se prendre une pluie d'Eclats Glace dans la figure. Passablement énervé, il sortit de sa carapace, déstabilisant un peu l'abominable arbre des neiges. N'ayant pas reconnu Exuviation, le Blizzard qu'elle tenta d'opposer au Roc Boulet massif qui s'ensuivit ne fut qu'une goutte dans l'océan. Bien assommé, le Blizzaroi accepta enfin d'écouter l'insecte, après avoir repris ses esprits tout de même. Le problème étant réglé, il allait être temps de rentrer au bercail. Crabicoque se dirigea vers son caillou, parce qu'il faisait froid quand même, avant de s'immobiliser et de s'illuminer, puis de grandir, sous le regard intrigué de l'assistance. Le nouveau Crabaraque agita ses pinces, avant de s'enfoncer de plusieurs centimètres dans la neige à cause de son grand poids. Oups. Obalie, qui avait fini de remonter la pente en quatrième vitesse arriva sur ces entrefaites et en rit tellement, qu'elle retomba en bas sans plus de procès. Crabaraque soupira, avant de se laisser glisser à sa suite.

- Ca fait longtemps qu'ils sont partis quand même, t'es sûr que ça va aller ?
- Brindibou est revenu et n'est pas stressé, ils sont certainement en train de jouer, ils renteront quand ils auront faim... Tiens, d'ailleurs regarde qui voilà !

La porte du club s'était ouverte, laissant rentrer Chuchmur, Polarhume, Teddiursa et Obalie, tous aussi ravis les uns que les autres, même si les Dresseurs tiquèrent un peu en voyant une belle bosse sur l'otarie. Quelque chose manquait quand même.

- Vous avez fait quoi de Crabicoque les loulous ?
- Obalie tu l'as aidé un peu au moins j'espère ?

Les peluches se regardèrent, un peu penaudes alors qu'Obalie éclatait de rire en se roulant par terre. La porte du club s'ouvrit à nouveau, laissant rentrer Crabaraque, qui marcha avec lourdeur jusqu'à un coin du hall avant de s'y poser et de se rendormir, sans accorder aucun attention à qui que ce soit.

- Ok le gang des fugueurs, il s'est passé QUOI ?

Les quatre Pokémon se dévisagèrent avec de hausser les épaules, ou ce qui en faisait office pour certains. Rodeux ne put retenir un gloussement, alors que son frère se passait les mains sur le visage frénétiquement, dépassé par la situation.