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Lissa Labelvi
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Lissa Labelvi
est un Coordinateur Éleveur
LISSA LABELVI

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« Lissa et les Garçons »


[générique]

♪ Uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuune fille
Ça a le cœur tout rempli de chansons
Qui refleurissent à toutes les saisons
Pour l'aaaaaamour d'un garçoooooon ♫

[COUPEZ]

[c’est beaucoup trop niais, balancez plutôt la voix off]

B… Bonjour… Je… M’appelle Lissa Labelvi…

[ENTHOUSIASTE LA VOIX OFF]

Bonjour ! Je m’appelle Lissa Labelvi !

Je suis une fille comme les autres, scolarisée dans la célèbre académie Pokémon Community !

Je me fonds plutôt dans la masse. J’essaye d’être plutôt discrète, et d’une façon globale, je suis assez quelconque… Alors, je ne vois pas trop ce qu’un garçon pourrait me trouver…

Mais… Depuis quelques temps, il y a ce Pokéathlète… Kasai.

Au début, je l’ai trouvé plutôt intimidant. Et… Discourtois. Brusque. Vulgaire. Menaçant. Désobligeant. Grossier. Méchant. Mauvais...

Mais j’ai appris à le connaître, et… !

… Hum… Je ne sais pas trop…

Sa dévotion dans le sport est admirable. Et en vérité, il est bien plus avenant qu’aux premiers abords.

E-Enfin. Quand… Il en a envie.

Je… Crois.

Ce que je veux dire, c’est que… ! Je pense qu’au fond, il a bonne nature. Et puis…

Il y a ce jour, où…. Dans la base souterraine de ses parents…

Je l’ai vu…

Ahum…

Le…

Le torse…

Complètement…

N...

Nu…



NE ME JUGEZ PAS ! Je… Je ne suis pas une dépravée, d’accord ?!

Je suis une gentille fille, sage, et respectueuse de la pudeur de chacun ! Je vous le promets !

M-mais… C’est lui qui s’est changé en ma présence ! Et m-moi, j-je…

Je ne voulais même pas le regarder à la base ! Il se trouvait par hasard dans mon champ de vision ! Je le jure !

De… De toute façon… ! Pff ! Pourquoi est-ce que je m’intéresserai à son corps si bien sculpté, à ses abdos très marqués, ou à ses larges épaules qui pourraient me couvrir d’un seul tour de ses bras musclés ? Hein ?! Je… C’est ridicule ! Ridicule !...

E-Enfin. Tout ça pour dire, que… !

Je suis… Plutôt confuse quant à… Mes sentiments… Vis-à-vis de…

De Kasai.

D’accord, peut-être bien que dans le fond, je le trouve… Beau. Voire même… Mignon. Au-delà de son buste d’athlète, son visage est à l’image de sa résolution : ferme, droite et acérée.  Il semble… Si empli de confiance. Si sûr de lui. On croirait qu’il… Pourrait affronter un tsunami à lui tout seul !

Mais à côté de ça, il a une… Certaine tendance à me mettre…  Mal à l’aise.  Il est un peu… Brut de décoffrage, et… Eh bien, il dénote d’une certaine fougue, dira-t-on. Ses… Approches sont souvent aux antipodes des miennes, et… Parfois, j’en viens à remettre en doute sa bonne volonté.

Kasai… Est le premier garçon à me laisser si confuse. Je pense souvent à lui, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi, alors j’y réfléchis encore et du coup ça me prend encore plus la tête ! Et puisqu’il est le premier, je n’ai pas vraiment de points de comparaison pour essayer de comprendre la nature de cette obsession.

La question est donc…

Est-ce que je suis attirée par Kasai parce que je le trouve beau ?

Ou est-ce que je le trouve beau parce que je suis attirée par lui ?

La première option implique que je sois simplement biaisée par mon entourage masculin, ce qui, le cas échéant, induit que je puisse trouver attirant n’importe quel garçon dans son genre.

Mais la seconde sous-entend que je trouve un certain charme à ce comportement vif et problématique, et donc, que je développe des sentiments pour lui.

Je pourrai demander conseil à Caroline. Après tout, elle est forcément passée par là, elle aussi, et elle s’y connait en relation avec les hommes. Autant les courtes que les longues durées.

Pour autant… En vue des descriptions que je peux en faire, j’ignore si elle saura cerner le contexte de ma situation. Elle est… Bien trop extérieure à tout ça pour saisir pleinement ce qu’est Kasai, et ce qu’il peut représenter pour moi.

Par contre....

Il y a quelqu’un sur le campus qui le connait de très près, et… Qui semble s’intéresser à notre relation avec tout autant de proximité.

Non, je ne parle pas de sa starter. Mais plutôt d’une autre élève, qu’il m’a été donné de découvrir au cours d’une certaine mission….

« -… Ranya Iluzion. Je… Crois que c’est sa chambre. »

Je m’immobilise au milieu du couloir de l’Institut Givrali, et jauge cette porte de bas en haut.

Jamais, après notre rencontre initiale, je n’aurai pensé me retrouver à nouveau dans cette situation.

Oui, à nouveau. Car…

Elle et moi nous sommes quittées en de très mauvais termes, suite à notre première collaboration. En fait, même avant cela, la mission s’est malheureusement déroulée sous de mauvais augures. Hum… En vérité, c’est dès notre rencontre sur le bateau, que ça a mal démarré. De… Bout en bout, nous nous sommes mal entendues.

Ce que je veux dire, c’est que…

Suite à tout ça, j’ai voulu retourner m’excuser auprès d’elle. Après tout, je n’ai pas été sans reproche, alors… Au lendemain de la mission, je me suis pointée à son ancienne chambre, dans le précédent Dortoir Givrali, à Adala. Et ce dans l’optique de lui demander pardon. Mais…

Après m’être arrrêtée devant sa porte, j’ai repensé à tout ce qu’il s’est passé. A ces mots que nous nous somme échangés. Et… A à quel point elle s’est montrée déterminée à maintenir une forte distance entre nous deux.

J’ai donc fini par me défiler. Si tout ceci n’est pas parti d’une simple mésentente, mais d’un choix conscient de sa part, étalé sur plusieurs jours… Alors, je ne vois pas de quel droit j’aurai pu le remettre en question, ni m’imposer de nouveau elle.

Pourtant, me voilà. A nouveau devant sa porte, et…

Le plus étrange, c’est que c’est elle qui m’a invitée.

Toc toc toc

Je donne trois petits coups secs sur la paroi en bois. Quand celle-ci s’écarte, pour révéler la silhouette de la jeune fille, j’effectue une révérence polie.

« -B… Bonjour Ranya ! Mer… Merci encore pour ton aide. »

Je me redresse, et… Gênée, lui montre mon sac. J’en profite pour me cacher à moitié derrière.

« -J’ai… Amené un maillot de bain, comme tu me l’as demandé… »

Ah... Il ne peut pas y avoir trente mille issues à cette requête, je le crains.




«  Je suis une Labelvi ! Fille de la campagne ! Je n’ai pas peur de traîner dans la boue, ni de me salir ! Alors, ce n’est pas un parquet tout propre tout ciré qui va me faire peur… »
Ranya Iluzion
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Ranya Iluzion
est un Scientifique Archéologue


Lissa et les garçons
Rp / Piscine et ailleurs / Ranya & Lissa
Ce n’est pas le style d’ouvrage que Ranya a l’habitude de lire. Habituellement, elle a même tendance à les fuir, ou en tout cas à les attraper à reculons. Mais étrangement aujourd’hui, assise au bord de sa fenêtre, elle lit ce livre avec une très grande attention, bien plus sérieuse qu’à l’accoutumée, alors qu’il ne s’agit absolument pas d’un livre d’archéologie.

Non, il s’agit d’un ouvrage parlant de toutes les orientations inscrites dans la communauté LGBT ainsi que des témoignages de personnes concernées.

Après avoir finalement accepté sa propre orientation, bisexuelle et polyamoureuse, Ranya a d’abord pensé à lire ce type d’ouvrage. Mais bien vite, elle a réalisé que ça l’angoissait bien plus que ce que ça ne l’aidait. Un vrai calvaire pour elle. L’acceptation n’était pas encore parfaitement solide. Alors lire les ressentis d’autrui sur sa propre orientation et surtout leurs propres peurs n’a fait que renforcer la sienne. Pendant de très longs mois, et ce malgré les conseils de Kasai, elle s’est refusée à en lire. A tel point que finalement, ça lui est complètement sorti de la tête.

Cette possibilité ne lui est revenu que récemment, quand elle a commencé à s’intéresser de très près au crush de son meilleur ami, Lissa. Leur combinaison ne fait pas grand sens si on s’arrête aux apparences. On fait difficilement plus opposé que ces deux-là. Mais les sentiments du blond sont sincères, la danseuse n’en a jamais douté. Et, bien plus récemment, elle a appris que la Pyroli n’était pas complètement indifférente au charme du Noctali. Mais elle a surtout l’air tout particulièrement perdu. Une situation que la scientifique a connu aussi. Evidemment pas de la même manière, les deux filles ne s’étant pas du tout construite de la même façon.

Mais Ranya est très bien placée pour savoir ce que cela fait de se sentir perdu, de ne plus comprendre ses propres sentiments. Alors, elle n’a pas trop hésité avant de proposer son aide à Lissa.

Bien sûr, c’est une aide digne de la Givrali. Une aide toute particulière, peut-être un peu brutale, mais qui lui ressemble. Et qui lui parait être une bonne solution pour déclencher chez la coordinatrice les réactions qu’elle attend. La question première étant, est-ce que ce ne sont que les abdos de Kasai qui déclenchent ce petit quelque chose en elle, où est-ce ceux d’absolument tous les hommes ?

Et puis, si Ranya est sur ce livre depuis presque deux heures, c’est aussi pour que Lissa ne soit pas bloquée dans une vision hétéronormée des choses. Peut-être qu’effectivement elle n’est attirée que par les corps masculins. Ou peut-être également les féminins. Ou peut-être est-ce plus compliqué que cela. Et même si la blonde a un bon bagage de connaissance, il lui a parue nécessaire de le peaufiner, pour à défaut de ne pas brusquer la châtain, parce que ça c’est impossible, essayer de lui expliquer tout ça avec les mots les plus justes possibles. Elle n’est pas restée trop longtemps sur la page du polyamour, pas complètement prête, mais elle s’est attardée sur tout un tas d’autres orientations dont elle n’avait pas conscience. Tout aussi légitime que les précédentes, mais bien moins connue.

La scientifique claque vivement le livre et le jette dans son sac avant d’ouvrir à la Pyroli, pile à l’heure. La pauvre a l’air toute gênée par ce qu’il va se passer. Une attitude qui provoque immédiatement un sourire chez la blonde, s’empressant d’attraper son propre sac avant de quitter la chambre, Lissa à ses côtés.

C’est parfait. Pas de temps à perdre, on file à la piscine. En plus c’est la bonne heure il va y avoir beaucoup de monde.

A côté d’elle, elle sent bien que la Pyroli n’est pas rassurée du tout. Mais pas question de faire demi-tour. L’après-midi ne fait que commencer, et l’archéologue a prévu tout un tas de choses pour la châtain. Objectif, faire la lumière sur ses sentiments ou non pour son meilleur ami.

**

Les voilà toutes les deux changées, sortant tout juste des vestiaires. Ranya a choisi son maillot de bain habituel. Un une pièce assez simple mais bien coupé, mettant en valeur ses jambes musclées par la danse ainsi que ses bras qui ne sont pas en reste. Même si la blonde n’a que très peu de poitrine, due à sa pratique sportive très intense, elle sait que son corps reste tout à fait désirable, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Ses cheveux rejoints en une imposante tresse blonde, elle attend que Lissa s’avance un peu vers le bord du bassin, l’encourageant.

Allez Lissa viens personne va te manger ici. On va aller s’installer là-bas.

Comme elles ne sont pas mouillés et que l’intérieur de la piscine est chauffé, elles ne souffrent pas de se promener en tenue si légère au bord de l’eau. Vite, elles se trouvent une petite place à l’écart pour ne pas être dérangées, mais leur offrant une très belle vue sur le bassin, ses alentours et particulièrement ses occupants. Allez, c’est le moment de commencer le premier exercice.

On va commencer par quelque chose de simple. Regarde un peu les gens autour de nous et montre-moi qui tu trouves belle.au. Cela peut être n’importe qui, enfin évite les trop jeunes quand même, mais montre-moi sincèrement qui est à ton gout ici.

Lissa Labelvi
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« Lissa et les Garçons »


***

Je me regarde dans le miroir de la cabine une fois mon maillot enfilé. C’est un maillot de bain une pièce, avec des bretelles assez épaisses. Il y a un effet jupon au niveau des hanches, ce qui peut donner l’impression que je porte une robe courte. Mais c’est bel et bien une tenue adaptée pour la piscine.

C’est la première fois que j’ai l’occasion de la porter, je ne l’ai achetée que récemment. Je la trouve plutôt mignonne, mais j’ignore si elle rend bien sur moi.

Non pas que ça ait réellement de l’importance, mais… Jusqu’à présent, je n’avais jamais perçu mes maillots de bain comme autrement que des vêtements pratiques. Mais je suis plus grande, désormais. Dans plus d’un mois à peine, je serai une adulte. Je peux me permettre d’investir un peu plus d’argent pour soigner mon apparence, même pour un habit aussi léger…

Je suppose.

J’ignore qui j’essaye de convaincre comme ça. Dans tous les cas, Ranya m’attend. Elle me dira bien ce qu’elle en pense.

Du moins, si j’ose lui demander. C’est timidement que je quitte le vestiaire des femmes, sans apercevoir ma camarade. Elle m’attend déjà au niveau des bassins, et m’enjoint à la rejoindre.

« -J… J’arrive ! »

Je fais de tous petits pas pour arriver à sa hauteur au plus vite, sans pour autant me mettre à courir. Je sais que c’est très mal vu, à la piscine, et cela peut être dangereux.

A ma grande surprise, on ne rentre pas immédiatement dans l’eau. Ranya m’indique une zone plus loin, où des transats en plastique sont laissés à la disposition des visiteurs. En général, elle sert surtout pour les parents qui emmènent leurs enfants se baigner sans pour autant vouloir se mouiller. La même chose pour les dresseurs dont les Pokémon souhaitent barboter dans un bassin adéquat, même si la majorité d’entre eux préféreront un environnement plus naturel et moins bruyant.

Nous prenons place sur deux transats libres. Je n’ose pas immédiatement m’allonger dessus et me contente de m’asseoir à son extrémité. Je ne sais pas trop ce qui m’attend, après tout.

« -Et… Maintenant ? »

Ranya me demande d’observer les personnes alentours, et de lui dire qui je trouve « à mon goût ». C’est une question un peu vague, mais je peux me raccrocher à ce qu’elle a dit en premier. Trouver des gens qui soient beaux ou belles… Je ne peux néanmoins pas m’empêcher de me montrer hésitante.

« -Hum… Tu es sûre ? Est-ce q-que je suis vraiment bien placée pour dire si une personne est b-belle ou non… ? Ç… Ca ne se fait pas trop, tu ne crois pas ? E-e-et… Et si jamais i-ils… Ils m'entendaient ?... »

D’un regard, la blonde m’intime d’essayer. Je… Présume que tant que je ne me mets pas à hurler, ça devrait le faire. Je déglutis, commence à balayer les environs du regard, et tente de m’installer plus confortablement sur le transat. Ou en tout cas… De manière moins crispée.

« -V… Voyons voir… »

Mon attention est très vite attirée sur le côté. Hors de l’eau, un père de famille assez imposant est en train de sécher son enfant et le Tiplouf qui l'accompagne. Il porte un short de bain et un t-shirt, mais ce dernier est mouillé, et laisse apercevoir une certaine pilosité sur son large torse. J’affiche une moue peu convaincue, et m’en détourne. Même s’il ne doit à peine avoir trente ans, c’est bien trop vieux pour que je puisse le trouver attirant.

Je m’en détourne, et cherche quelqu’un d’autre. Mon attention passe sur quelques femmes, enfants et Pokémon qui jouent dans l’eau. Avant de s’arrêter sur deux individus.

Deux hommes torses nus sont en train de discuter. L’un est assis au bord de l’eau, l’autre est totalement immergé. Celui à l’extérieur a une belle peau ébène, des abdominaux et des pectoraux bien dessinés, et pas un seul cheveux sur le crâne. Ses bras aussi sont très travaillés, on en discerne facilement les muscles. Il doit être dans son milieu de vingtaine. Quant à son partenaire, bien qu’il soit entièrement dans l’eau, on devine qu’il a une musculature très similaire. D’ailleurs, il abandonne très vite sa discussion pour reprendre ses longueurs, laissant mieux apercevoir l’épaisseur de ses bras lors de ses crawls…

Si je devais m’arrêter à leurs visages seuls, je présume que je pourrai les trouver beaux. Mais leurs corps sont…. Trop sculptés. Il doit s’agir de bodybuildeurs, et malgré qu’ils aient de belles tablettes, c’est un poil trop exagéré pour moi. Si je devais les approcher, j’aurai constamment peur de me faire casser en deux, je pense.

Je passe sur un autre binôme. Un garçon et une fille, plus proche de notre âge, à Ranya et moi, sont en train de s’éclabousser dans l’eau. Le garçon est plus quelconque. Il n’a pas de muscle visible, il n’a l’air ni trop maigre, ni trop gros. Il a un peu la même tête que l’écrasante majorité des garçons de l’académie, avec de courts cheveux bruns, un début de barbe à peine rasé et un sourire qui respire la confiance et l’extraversion.

Tandis que je l’observe, un autre homme capte mon attention. Plus grand, plus fin, plus élancé, probablement plus âgé aussi, il porte une sorte de… Bermuda à bretelle ? Avec un bonnet de bain et des petites lunettes rondes. Il a un peu une allure de… Hum… C’est quoi le mot ? « Hipster », je crois… ? En… En tout cas, il a l’air de vouloir bousculer les conventions vestimentaires. Je… Peux saluer l’effort, je présume.

J’expire distraitement du nez, et passe sur un dernier individu. Cela ressemble de nouveau à quelqu’un de notre âge. Je suis même assez certaine qu’il n’a pas encore dix-huit ans. Il est plutôt petit, et même s’il n’est pas très large de ses épaules, on devine qu’il fait un minimum de sport à la finesse de ses bras. Son visage est à moitié dissimulé par une mèche, et ses courts cheveux noirs semblent complètement ébouriffés suite à sa baignade. Il a un air extrêmement sérieux tandis qu’il brosse son Absol ; peut-être même, un peu trop, surtout quand on le remet en perspective avec notre environnement. Sûrement le genre de garçon qui ne veut pas qu’on lui adresse la parole. Je me demande ce qu’il peut bien être venu faire dans une piscine publique.

« -L… Lui. »  

Timidement, je pointe ce dresseur du doigt. Mais je ne m'attarde pas vraiment sur les raisons de ce choix, et indique également les deux sportifs à Ranya.

« -Eux aussi, ils sont beaux, mais… Ils sont un peu trop… Trop. »  

Si ce commentaire peut paraître vague, je ne juge en tout cas pas nécessaire d'y apporter plus de précisions. Mon regard balaie de nouveau les environs, et essaye de s’attarder sur les représentantes de la gente féminine, cette fois-ci. Mais…

« -Je… Crois que ça ne m’intéresse pas vraiment, d’observer des femmes. E-Enfin, elles sont très belles ! Je doute avoir un jour un corps pareil, mais… Euh… » j’abaisse les yeux, n’étant pas sûre de savoir comment l’expliquer « Mon regard n’a pas tant envie de s’attarder sur elles, je crois…. »

Je n’ose plus que regarder mes pieds, honteuse. J’ai du mal à croire que je viens d’épier autant d’inconnus…




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Lissa et les garçons
Rp / Piscine et ailleurs / Ranya & Lissa
Le regard désespéré de Ranya face au premier doute de Lissa a visiblement suffit pour que la Pyroli arrête de tergiverser et commence à réaliser le premier exercice souhaité par l’archéologue. Elle n’a rien demandé de bien compliqué pour l’instant. Seulement de trouver des personnes à son goût, purement physiquement. Là c’est sûr, il y a déjà quelques beaux abdos à admirer. La piscine a l’avantage de regrouper tous les âges, dont des personnes encore étudiantes. La blonde a bien pensé à montrer à Lissa des photos de magazine spécialisé, mais elle aurait surement eu plus de mal à se projeter. Enfin, l’archéologue le suppose. La piscine lui parait être un meilleur compromis.

Pour ne pas la déstabiliser, Ranya s’efforce de ne pas regarder sa camarade, et d’elle aussi par la même occasion regarder la foule. Pour elle, homme comme femme compte, avec certitude. Mais depuis ses déboires de l’année passée, son rapport au corps n’est probablement plus tout à fait le même. Elle aime les personnes belles bien sûr, mais elle a bien plus de mal à les imaginer comme simple partenaire d’une nuit. Peut-être qu’enchainer les partenaires comme elle l’a fait l’a d’une certaine façon dégoutée du sexe sans le moindre sentiment. Peut-être que désormais, elle est obligée d’attendre de trouver un ou plusieurs personnes avec qui il y a au moins une affinité amicale à défaut de sentimentale pour retrouver les plaisirs de la chair.

L’observation de Lissa prend finalement fin, et la danseuse retrouve toute sa concentration pour l’écouter débriefer de ses premiers ressentis. Timidement, elle désigne une première personne que la blonde regarde également. De leur âge certainement, probablement du genre solitaire avec une très belle mèche noire sur le visage. Pas de doute, Lissa a un léger pattern avec les Badboys. Mais Ranya garde cette remarque pour elle, peu constructive là tout de suite pour mener à bien sa mission. Quant aux deux autres indiqués par la Pyroli, la danseuse n’a pas de mal à comprendre pourquoi ils la mettent mal à l’aise. Et puis il y a cette dernière observation plus générale, qui permet au moins à la scientifique de savoir dans quelle direction se tourner.

Hey Lissa relève la tête. Il n’y a rien de mal. Tu n’as fait que les regarder un peu. Bon, de ce que tu me dis, tu sembles plutôt être du côté hétéro du spectre.

L’archéologue fait le choix de simplifier un peu les choses en ne s’aventurant pas dans la question de la transidentité et de spectre plus précis. Lissa risque d’en apprendre bien assez aujourd’hui pour ne pas lui rajouter cette nouvelle interrogation.

Pour limiter au maximum les dégâts, même si la blonde ne s’attend pas à un miracle, elle s’assure qu’il n’y ait personne de trop proche d’eux pour continuer ses questions.

Ok maintenant que tu en as identifié un qui te plait, ou en tout cas sur lequel ton regard s’arrête, on va réfléchir à autre chose. Est-ce que tu t’imagines, dans un monde hypothétique bien sûr, pas à la piscine mais dans une autre situation, l’embrasser ? Est-ce que physiquement tu te sens attirée par lui ? Je sais que tu ne le connais pas. Mais est-ce que tu as l’impression que dans certaines circonstances bien précises tu pourrais ressentir du désir physique pour lui ? Vouloir le regarder plus, fixer ses abdos, l’embrasser, le toucher, le lécher…

On va peut-être s’arrêter là, ou Lissa va définitivement prendre feu.
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Je relève la tête sous les ordres de Ranya. Je ne comprends pas encore tout à fait comment, mais visiblement, ces observations l’aident à se faire une idée plus précise de…

… Hum… Je ne sais pas trop…

« -… Le… Côté hétéro du spectre… ? » je plisse les yeux, confuse « C’est… Comme le côté obscur dans Stari Wars ? P… Pourquoi tu me parles de fantôme ? »

Je… Je suppose que je suis hétérosexuelle, oui… Mais je ne comprends pas grand-chose à ses histoires de spectre. Est-ce qu’il y a… Un genre d’esprit de l’amour qui hante chaque individu ? Et c’est cet esprit qui t’amène à être attiré par telle ou telle personne ? Est-ce que... Ranya est medium ?!

C’est elle l’experte, donc… Je me contente de lui faire confiance sur ce point…

La Givrali enchaîne alors avec de nouvelles questions. Elle me demande si je m’imagine capable d’embrasser un garçon comme celui que j’ai désigné. Je me tends immédiatement.

« -P… Pourquoi est-ce que j’embrasserai un inconnu ? »

Elle me précise qu’on ne parle là que d’attirance physique. Est-ce que ce type de garçon… Est du genre que j’aimerai embrasser ? Ou à défaut… Que je souhaiterai contempler, toucher ou-

Je manque de m’étouffer à la fin de sa phrase. Je me redresse et tousse pour faire passer l’air qui s’est bloqué dans ma gorge. Puis je dévisage Ranya, rouge comme une baie Tamato.

« -Le…. Lécher ?! »

Je regarde partout autour de nous lorsque je réalise avoir parlé plus fort qu’escompté. Heureusement, mon exclamation s’est perdue dans le tumulte général de la piscine publique. Alors je me penche un peu plus vers Ranya, et continue à voix basse.

« -M-Mais…. Pourquoi faire ? E-Et… C-Comment ? Où ?! A quelle fin ?! »

C… Ça doit être répugnant, non ?! Autant pour lui que pour moi ! Je veux dire… ! Entre ma salive sur son corps, et… La sueur sur sa peau, ou… Ses potentielles impuretés… E-Et, s’il est poilu ?! Beurk ! C’est dégoûtant ! Enfin… Dans cet exemple, il semble prendre soin de sa peau, donc… J’ai de la chance de ce côté là… Je… Je suppose que…. SI VRAIMENT je devais être amenée à… Parcourir… Son corps… De ma langue… Je…

… Survivrai….

Je finis par ramener mes bras contre moi, le visage empourpré par la gêne. Ma voix descend encore d’un cran lorsque je cherche à répondre à ses questions dans l’ordre où elle me les a posées…

« -Il. Il est beau, ça oui. Ça… Ne me dérangerait pas de le regarder plus longtemps. Ses… Abdos en particulier, mais… Il n’y a pas que ça. S… Son visage, il… Il a les traits fermes, et… Il me semble… Harmonieux ? »    

Je baisse les yeux, et fixe le sol de la piscine. Je suis bien incapable de regarder qui que ce soit tout en évoquant la suite. C’est nerveusement que mes bras redescendent, et que je commence à triturer mes doigts.

« -Il est. Un peu loin pour que je puisse vraiment voir ses lèvres. Mais. Euh…  »  j’enfonce ma tête dans mes épaules « Je suppose que. Si on… Si on s’aimait bien. Je… J’aimerai l’embrasser, oui. »    

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! Je l’ai dit ! Voilà je l’ai dit ! C’est bon ! C’est fait ! Est-ce que ça veut dire que je suis officiellement casée ? Que ma déclaration est faite ?! CA Y EST, JE VAIS DEVOIR SORTIR AVEC LUI MAINTENANT ?!

-Ok, ok, calme-toi Lissa. C’est juste une discussion hypothétique. Souffle un coup… Et déglutis. Voilà. Ça va mieux.

T… Terminons-en au plus vite avec tout ça.

« -J’aimerai aussi lui tenir la main. Ou entourer mes bras autour des siens. Je ne sais toujours pas dans quel contexte je pourrai le… Lécher. Ou alors, si… » je plisse les yeux « On est à la fête foraine, et… Il a un peu de barbe à papa sur la joue… » je me remets à rougir, et porte mes mains à mon visage « Mais je ne sais pas si j’arriverai à sauter le pas, Ranya ! Et s’il le prend mal ? Ou qu’il trouve ça dégoûtant ? Je… ! » je plante alors mon regard dans le sien « Tu... Tu le ferais, toi ?! »

Je ne sais pas pourquoi j'ai besoin d'avoir son avis sur ce point, mais là tout de suite, il me le faut.




«  Je suis une Labelvi ! Fille de la campagne ! Je n’ai pas peur de traîner dans la boue, ni de me salir ! Alors, ce n’est pas un parquet tout propre tout ciré qui va me faire peur… »
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Ranya Iluzion
est un Scientifique Archéologue


Lissa et les garçons
Rp / Piscine et ailleurs / Ranya & Lissa
Ranya soupire. C’était peut-être un peu trop pour Lissa. La blonde n’a pas trop réfléchi. Elle s’est laissée porter par des interrogations qui lui paraissent évidente. Mais ça, c’est pour quelqu’un qui a un parcours comme celui qu’elle a. Pour Lissa, qui est à mille lieux habituellement de ces interrogations, peut-être que lui parler de lécher un autre homme était de trop. Elle ne peut réprimer un petit sourire malgré tout quand la châtain manque de s’étouffer en répétant très fort le mot. Heureusement, personne ne semble les avoir entendu dans l’agitation normale d’une piscine, permettant à la Pyroli de dédramatiser pour réfléchir. Tout de même, l’archéologue se permet de compléter pour aiguiller son amie dans ses réflexions.

Lissa déstresse. Dans des relations amoureuses, quand on a des sentiments pour quelqu’un, on va souvent le désirer également, physiquement je veux dire. Le lécher n’est qu’une façon d’exprimer ce désir physique. Ça peut te paraitre bizarre comme ça, mais je t’assure que dans un autre contexte c’est très…excitant.

La scientifique ne pousse pas plus loin l’explication, laissant Lissa déjà assimiler ce qu’elle vient de lui. Par Arceus si Ranya se retrouve à devoir expliquer à Lissa plus en détails le désir sexuel tout en prenant Kasai comme support pour le psyché de son amie, ça va être assez terrible. Mais bon, elle s’en accommodera.

Elle ferait à peu près n’importe quoi pour ces deux-là de toute façon.

Enfin, la Pyroli parvient à s’exprimer de nouveau. Et malgré ses réactions excessives, la châtain intègre, et démontre à la blonde qu’elle n’est pas complètement insensible au charme d’un homme, même d’un inconnu, et qu’elle comprend vite l’intérêt de ces gestes physiques, et de la satisfaction qui peut en ressortir. Bon après, cela reste Lissa, et ses questions bien qu’amusantes pour l’archéologue sont dans le fond légitime. La Givrali sourit un instant avant de lui répondre.

Avant de te répondre, prends le temps de le regarder un peu plus. Pas de question, juste laisse ton esprit vagabonder sur lui et sur, si tu l’appréciais évidemment, ce que vous pourriez faire tous les deux, avec des contacts physiques de préférence. Et je te rassure tout de suite, aucun mec ne le prendrait mal ou te trouverais dégoutante, tu peux en être sûre. Alors maintenant vas-y, penses à ça dans ta tête.

Pour le coup, la blonde n’a absolument pas besoin du scénario que va s’imaginer son amie. Elle a déjà bien assez d’image qui lui viennent naturellement en tête pour qu’elle ajoute par-dessus les tout débuts de fantasme de Lissa. Il vaut mieux la laisser rêver à ce qui lui fait plaisir. En parlant de ça, la scientifique ne sait pas si elle osera aller encore plus loin à ce sujet là avec la Pyroli. Encore une situation gênante assurée. Mais Ranya est en partie là pour ça après tout. Kasai aura intérêt à la remercier pour mille ans le jour où ils se marieront.

Parce que ça, Ranya en rêve tellement.

Au bout de 3 minutes, la jeune femme pose sa main sur la jambe de sa camarade pour la faire revenir sur terre. Perdue dans ses pensées, elle a un petit sursaut, ce qui amuse d’autant plus l’archéologue.

Temps écoulé. On va sortir d’ici et continuer à parler de tout ça dehors, plus au calme si ça te convient.

**

Les deux filles n’ont pas mis longtemps avant de ressortir. Après tout, elles ont à peine été dans l’eau, et n’ont même pas mouillé leurs cheveux. Changées, elles ont naturellement pris la direction du parc pour se trouver un coin tranquille, à l’abri des oreilles indiscrètes. Ce n’est qu’une fois assise, près d’un arbre avec de l’ombre, que Ranya se permet de reprendre. Sur tout le chemin, elle a réfléchi à ce qu’elle devait dire à Lissa. Après tout, rien ne l’y oblige, elle pourrait simplement éluder et ne parler que du cas de la Pyroli. Mais en même temps, l’archéologue n’est pas sûre que cela soit le mieux pour son amie. Elle doit se sentir comme une jeune femme normale. Et puis, peut-être que faire son coming out à quelqu’un d’autre l’aidera à elle-même se sentir un peu mieux.

Tout à l’heure, tu m’as demandé ce qu’était le spectre de l’hétérosexualité. Ça n’a rien à voir avec Star Wars ou les fantômes. On parle de spectre pour les orientations, parce que rien n’est simplement tout noir ou tout blanc.

De sa sacoche, l’archéologue ressort le fameux livre qu’elle a étudié avant de rejoindre Lissa. Dans les premières pages, il y a des sortes de frises avec un panel presque exhaustif de toutes les orientations décrites avec des mots à ce jour.

Tu vois, sur cette frise, c’est l’hétérosexualité. Ça désigne l’attirance romantique et sexuelle d’une personne pour le sexe opposé au sien. C’est ton cas, de ce que je comprends. Ça veut dire que romantiquement, tu es plus attirée par les garçons. Et que physiquement aussi, tu peux ressentir du désir sexuel pour eux. Mais au sein de l’hétérosexualité, il y a beaucoup de nuance. Des gens qui ne peuvent ressentir du désir sexuel que pour les gens avec qu’ils ont déjà une relation forte. Des gens qui n'ont que très peu de désir, et j’en passe. C’est pour ça qu’on parle de spectre, pour englober tout le monde.

C’est difficile pour Ranya de parler de tout ça. Parce qu’elle n’a eu personne pour parler de tout ça, de tous ses doutes. Et c’est surement à cause de ça qu’elle s’est autant égarée avant de revenir.

Moi, je suis sur ce spectre-là. Celui de la bisexualité. Ça veut dire que romantiquement et sexuellement, je suis attirée par les deux genres, femme ou homme, mais qu’ils ont une importance pour moi. Même si j’aime les deux, ils entrent en compte quand je me sens attirée par quelqu’un. Donc quand tu m’as demandé tout à l’heure si je me voyais lécher quelqu’un que je trouve attirant, la réponse est oui, parce que j’aime ça. J’aime qu’on me le fasse, et j’aime le faire à ceux pour qui je ressens du désir. C’est ce que je te disais, c’est excitant. C’est différent de la pansexualité, où le genre de la personne aimée ou désirée n’est pas un facteur. Je sais que ce n’est pas simple à comprendre au début.

L’archéologie sent son cœur s’accélérer un peu plus. Pour l’instant, rien de ce qu’elle a dit n’est un secret. Mais, pour la suite, c’est bien plus difficile de le dire à voix haute.

Plus précisément sur le spectre, moi je suis là. Doucement, le doigt de la blonde se déplace jusqu’à atteindre la mention du polyamour. Cela signifie que je peux aimer et désirer plusieurs personnes en même temps, sincèrement. Ce n’est pas un caprice, et ça ne veut pas dire que je suis infidèle non plus. Ça veut juste dire que mon cœur peut aimer plusieurs personnes en même temps. Rien de plus.

L’archéologue souffle. Voilà c’est dit. Elle l’a fait.

Ce que je viens de faire, on appelle ça un coming out. Je n’ai dit qu’à très peu de personne mon orientation sexuelle exacte, parce qu’il m’a fallu beaucoup de temps pour l’accepter moi-même. Et c’est quelque chose que l’on doit vouloir faire, les autres ne doivent pas le faire à notre place. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fière, parce que j’étais malheureuse et que j’avais peur de ce que je ressentais. Et…je ne veux pas que ça t’arrive. Si je te dis tout ça, c’est pour que tu réalises qu’il n’y a aucune honte à avoir de son orientation et surtout des doutes qui vont avec, qu’on passe tous par là d’une manière ou d’une autre, et que je serais toujours là pour t’aider.

Ranya adresse un sincère sourire à Lissa, mais ne laisse pas planer le moment trop longtemps, il ne faudrait pas abuser non plus. Brusquement, elle referme le livre qu’elle avait dans les mains avant de reprendre cet air malicieux sur le visage.

Bon maintenant revenant au sujet. Parle moi de Kasai. Avec ce qu’on a vu à la piscine, ça devrait être plus simple pour toi de répondre. Est-ce que tu ressens du désir pour lui ? Dis tout à ta conseillère préférée.
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« Lissa et les Garçons »


« -… Excitant ? »

J’abaisse ma main, et détourne le regard en tentant de visualiser ce qu’évoque Ranya. C’est vrai que tout part de là, après tout. L’amour… Est corollaire à nos bas instincts reproducteurs. S’il y a sentiment amoureux, alors, il peut y avoir désir sexuel, je suppose… Et l’excitation qui en découle… Est-ce qu’elle pourrait m’amener à vouloir lécher un homme ?… Hmm…

Je rougis, honteuse.

« -J’ai… L’impression d’être tellement en retard, sur ces sujets là. Je veux dire… Jusqu’à présent, je n’ai jamais cherché à m’y intéresser… C’est bizarre… A la fois je trouve ça dérangeant, et… En même temps, je pense quand même pouvoir me projeter…. »

J’ai la sensation que je ne saurai jamais réellement qu’une fois le moment venu. Mais dans l’immédiat, c’est un effort d’imagination que me demande de faire Ranya. Le genre de contact physique que j’aimerai avoir avec ce garçon…

Je pense que j’apprécierai sentir son bras contre moi. Je me vois bien… M’agripper à celui-ci, le coincer entre les miens. Le tirer contre moi, et… Apposer ma tête sur son épaule. La sensation de chaleur qui s’en dégage doit être… Agréable. Et puis, ses muscles ont l’air ferme. Il doit y avoir… Quelque chose de rassurant, à se reposer dessus. J’essaierai de ressentir son odeur, aussi, mais… J’ai déjà plus de mal à me la représenter. J’imagine que si nous étions amoureux, je l’aimerai également… Je chercherai à poser ma main contre son buste, et… A éprouver les battements de son cœur sous mes doigts… Et puis…

Je redresserai la tête… Nos regards se croiseraient… Nos bouches se rapprocheraient, et nos lèvres…

« -… »

Je finis par détourner le regard, révulsée. Je ne connais pas ce garçon. Je ne peux pas visualiser ça de lui… Nous imaginer, nous deux, si intimes ? Alors que je ne le connais pas ? Cela me met trop à l’aise.

De toute façon, Ranya sonne la fin de la contemplation. Déjà ? On repart ? Mais… On a à peine mis les pieds dans l’eau ! Oh, et puis, ce n’est pas plus mal. Je me vois mal rester dans la même pièce que ces individus après avoir passé tout ce temps à les reluquer.

Partir n’est peut-être pas plus mal, tout compte fait.

« -D… D’accord. Je te suis. »

***

Je perce l’opercule d’une canette, et porte son goulot à ma bouche. Avec toutes ces histoires, j’ai l’impression que ma gorge est toute pâteuse. C’est ça, d’être tout le temps nerveuse… Un petit rafraîchissement me fera donc du bien.

Ranya m’a dirigée jusqu’à un arbre en dessous duquel nous avons pris place. Très vite, elle tire de ses affaires un livre, qu’elle me tend. Elle tient à clarifier l’un des points évoqués plus tôt, à la piscine.

« -Oh. Donc rien à voir avec la Menace Fantôme... »

Je me disais aussi que le rapport avec tout ça n’était pas très clair. Ça m’arrange d’ailleurs, puisque je n’ ai même pas vu le film… Ce spectre hétéro sera probablement plus simple à appréhender sans se prérequis !

Ou tout du moins, c’est ce que j’espérais. Je me penche à moitié sur le bouquin pour essayer de lire chaque mention de la frise désignée par Ranya. Il y a…. Beaucoup de nuances. Les histoires d’Apitrini et de Ceriflor racontées par mes parents étaient bien plus simples ! Enfin, je suppose que la Givrali a raison. Il doit y avoir des tas de façon d’aimer…. C’est juste que… Je n’imaginais pas que toutes ces choses avaient des noms… Ni qu’elles étaient réparties sur tout un spectre…

Je plisse les yeux à mesure que je réalise le nombre de définitions différentes. C’est innocemment que je glisse à Ranya :

« -… Dis, je… Suis censée apprendre tout ça par cœur ? »

J’espère qu’elle ne compte pas me faire une interro surprise, à la fin ! L’exercice précédent n’était déjà pas très loin de l’écriture d’invention… A ce rythme, elle va me demander une rédaction en long et en large sur la nature de mes sentiments…

Au fur et à mesure des explications de ma camarade, je hoche la tête machinalement, sans détacher mes yeux de la frise. J’ai probablement un peu l’air d’une idiote, comme ça, mais je suis tellement ignare dans ce domaine… Lorsque Ranya évoque les différentes notions du spectre, il y a même un moment où je l’interromps, en apposant mon doigt sur un point du bouquin, l’air éclairé.

« -Ah ! Ça, là ! Ce que tu as dit… Perso, je me vois mal faire quoi que ce soit avec quelqu’un que je ne connais pas, donc… Ça ferait de moi une… » je plisse les yeux « … Demisexuelle ? C’est ça le terme ?» je me redresse, peu convaincue « P… Pourquoi "demi"… ? »

Franchement, ils sont bizarres, certains noms. Hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, même asexuel, tout ça, l’étymologie parle d’elle-même… Mais pansexuel ? Ça veut dire quoi, "pan"sexuel ?! Rien à voir avec des armes à feu, j’espère ! Et puis, c’est quoi, ça… ? Li… Lithromantiques… ? Qu’est-ce que vient faire la lithographie dans tout ça ?! Oh la la, c’est compliqué…

Ranya, elle, se déclare comme bisexuelle. Donc elle est autant attirée par les hommes que par les femmes… ? Hmm, c’est pratique, ça. Je suppose ? Au moins, elle ne doit pas trop se poser de questions… Quoique, ce n’est pas parce qu’elle est attirée par tous les genres qu’elle est attirée par n’importe qui, je présume. Je pense préférer les hommes, mais je me vois mal tous les approcher… En fait… Je me vois mal approcher qui que ce soit mais… C’est encore un autre sujet ça...

Elle me pointe une section spécifique du livre, à laquelle elle s’identifie. Polyamour ? Euh… Rien à voir avec du polystyrène, j’espère… ? Ah, oui, "poly", au sens, "plusieurs", ahaha… Évidemment…

Toujours à moitié penchée sur le livre, je fronce les sourcils, perplexe.

« -Du coup, tu… Tu peux être amoureuse de plusieurs personnes ? Et genre… » je tapote mon menton de mon index, pensive « Il faut qu’elles soient po… Polyamoureuses, elles aussi ? Ou… Si elles sont… On dit quoi, du coup, monoamoureux ?… Il faut juste qu’elles sachent que tu aimes d’autres personnes, en gros… ? C’est… » mon expression se renfrogne un peu plus « C’est compliqué, non ? Je veux dire, à organiser… »

J’imagine sans mal les prises de tête que ça peut donner ! Si ses autres partenaires ne sont pas polyamoureux, ça doit être compliqué à faire comprendre… D’un œil extérieur, ça pourrait facilement passer pour de la tromperie, je suppose. Ça doit être pour ça qu’elle a tenu à clarifier la question de la fidélité… Donc elle serait fidèle envers un groupe de personne tout entier, du coup ? Hmm, oui, voila. Ça doit être ça !

Quand Ranya me révèle qu’elle n’a parlé qu’à très peu de personne de son orientation sexuelle, je m’empourpre d’un seul coup. Je… Je ne pensais pas que c’était un détail aussi important ! C’est que, elle est si peu gênée sur ce genre de sujet, d’habitude, j’ai… J’ai traité ça avec pas mal de légèreté, du coup… Oh la la, est-ce que j’ai gaffé ? J’aurai dû prendre ça d’un air plus grave ? J.. J’espère qu’elle ne m’en veut pas trop !

« -O-oh ! P… Pardon ! C’est… C’est très gentil à toi, m-mais… Il ne fallait pas ! T-tu… Tu n’avais pas à te confier autant ! Je… »

Je détourne le regard, gênée. Sauf que cette fois, un sourire timide s’étire sur mon visage.

« -J… J’apprécie beaucoup l’aide que tu m’apportes, Ranya. Vraiment, je… Ca me touche que tu veuilles bien m’en dire autant. »

Je ris un peu bêtement. Elle m’a toujours paru si… Confiante. Si sûre d’elle. Je ne pensais pas que son orientation sexuelle exacte constituerait une sorte de secret. Surtout après les conversations qu’on a eues…

Ma main vient gratter nerveusement l’arrière de mon crâne, tandis que je continue de fixer le vide.

« -Je… Moi, je trouve que ça te va bien. Je veux dire… Je ne me vois déjà mal me déclarer à qui que ce soit, alors… Plusieurs personnes… Impossible ! Ça me ficherait trop les chocottes. Je.. Je n’aurai jamais assez de cran pour ça… Mais toi… Tu es une fille courageuse. Et sincère. Donc… Oui, je te vois bien avoir ce genre de rapport aux autres. »

Ça doit être spécial, d’aimer profondément différents individus. Ton cœur doit battre à vive allure tout le temps ! Je ne peux pas vraiment dire que je "connais" bien Ranya, mais du peu que j’en ai vue, je dois reconnaître qu’elle est assez intense, dans sa façon d’aborder les choses. Il doit en être de même dans ses rapports amoureux. Je… Ne suis pas sûre que ça se fasse, d’évaluer l’orientation des gens, mais pour moi… Celle de la Givrali lui correspond bien.

Je sursaute quand elle referme brusquement le livre. Ah. Oui. C’est vrai. On était là pour moi, à la base.

Moi et…

Kasai.

Hum. Parler de Ranya, c’était chouette aussi, hein…

Une fois de plus, mes joues, rougies par la honte, n’arrivent guère à faire face à la blonde. Par réflexe, je passe même mes bras autour de mes genoux tellement je ressens le besoin de me refermer. Pour autant, je ne peux pas rester silencieuse ou mutique, pas après tout ce que Ranya m’a dit. Et puis…

Oui, je crois bien que j’y vois un peu plus clair, désormais.

« -J’aime bien les garçons. Je ne veux pas qu’ils soient trop grands ou trop imposants ou trop baraqués, mais… J’aime bien l’idée que leur corps soit affiné, je suppose. Et… Disons que… Si je devais établir la liste de tous les hommes que je connais, et que… Je les classais par… Ordre de préférence… »

Mon visage rougeoie un peu plus, et je sens que cette fois-ci, ma gêne grimpe jusqu’à mes oreilles.

« -P… Probablement que… Que… Kasai… Serait celui avec lequel je… J’imagine le mieux que… Je… Je veux dire… Celui avec lequel je pourrai… Réfléchir à… Enfin… Visualiser qu’on… Euh… On pourrait… »

Je sens que toute la chaleur de mon corps sature. Comme s’il abandonnait d’un coup, mes bras se relâchent, et tombent, un peu piteusement, le long de mon corps. J’expire longuement tandis que ma voix part brutalement dans les aigus.

« -... Se toucher. »

Ok Arceus.

Là ça devient sérieux.




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A celui qui osera dire qu’un coming out ce n’est pas si terrible que ça, Ranya lui réserve une sacrée fête, et pas au sens positif du terme. Rien que le dire à Lissa, qui n’est pourtant pas un membre de sa famille, tord les entrailles de la danseuse dans tous les sens. Bien qu’elle se contienne, par ego certainement, son cœur bat à mille à l’heure tandis que son estomac s’échauffe pour de nouveaux loopings. Après tout, cette réaction n’a rien d’anormal. Statistiquement, son coming out s’est mal terminé dans 50% des cas. Rien de réjouissant.

Pourtant, et la blonde aurait dû s’en douter, Lissa n’apparait pas dans le jugement. Elle pose simplement des questions, cherchant à mieux comprendre ce qui pour elle est un monde nouveau. Avec un léger sourire, essayant de calmer son cœur, la Givrali lui répond.

Tu as à peu près tout dit. Rien n’est obligatoire. Je ne suis pas obligée d’aimer des personnes elles-mêmes polyamoureuses. Ce à quoi je suis obligée par contre, c’est d’être honnête avec elles et de leur dire que mes sentiments seront toujours multiples. Je ne leur serais jamais fidèle au sens traditionnel du terme, mais je serais toujours honnête sur la nature de mes sentiments.

Cette réponse semble suffire à la Pyroli qui se replonge un instant dans ses réflexions. Si jusque-là Ranya s’est montrée confiante et maitresse de la situation, après tout là pour enseigner à Lissa, la demoiselle ne réalise certainement pas à quel point, tout au fond d’elle, la danseuse craint que le moindre de ses mots ne fasse tout déraper.

Ça lui arracherait surement la bouche de le dire comme ça, mais l’avis de Lissa sur son compte est devenu important pour elle. Et Ranya ne supporterait surement pas d’être rejetée une fois de plus par l’un de ses proches.

Mais contre toute attente, la réponse de Lissa lui arrache un sourire, puis un rire franc. Pourquoi a-t-elle eu aussi peur finalement ? Elle aurait dû se douter que Lissa raisonnerait ainsi. Mais qu’est-ce que ça fait du bien à entendre. Pour écarter toute crainte chez son amie, la danseuse se reprend, essuyant du bout des doigts une larme qui a perlé au coin de ses yeux.

Ta vision de voir les choses est adorable Lissa, tout comme toi. Je ne sais pas si on peut vraiment dire que je suis courageuse. Il m’a fallu près d’un an pour arrêter de m’enfoncer dans le déni et reconnaitre la nature de mes sentiments. Et quand je l’ai dit à mon petit ami, il m’a quitté. Et la fille que j’aimais m’a rejeté. Et ensuite j’ai fait n’importe quoi. J’ai couché avec tous ceux qui passaient, parce que j’étais triste. J’avais l’impression que faire l’amour à tout bout de champ me soulagerait, me ferait me sentir plus normal. Mais je ne leur faisais pas l’amour en vérité. Je…j’assouvissais un besoin irrationnel d’être aimé. Mais c’est idiot. Ils ne m’ont jamais aimé. Ils ont aimé mon corps tout au mieux, mais ça s’arrête là.

En voyant la tête déconfite de la Pyroli, Ranya réalise qu’elle est peut-être allée un peu loin. Poser des mots est encore un exercice difficile pour elle, et quand elle s’y essaie, les paroles lui échappent. Elle en dit beaucoup, surement trop, et laisse probablement une drôle d’impression.

Pardon, j’en ai trop dit. Ça doit te mettre mal à l’aise tout ça.

Finalement, la blonde parvient à mettre sous le tapis ses propres doutes et questionnements pour revenir à ce qui a motivé cette rencontre : le cas Lissa. Si la méthode de la danseuse est un peu brutale, il est pourtant certain qu’elle est efficace. Bien que la gêne envahisse de la tête au pied son amie, l’obligeant à se recroqueviller un peu plus sur elle-même, les mots finissent par sortir, et un doux sourire étire les lèvres de la Givrali quand enfin sa camarade s’exprime plus clairement.

Eh Lissa relève la tête, il n’y a aucune honte là-dedans, tu n’as pas à te cacher.

S’assurant que son amie se sente à l’aise, ou en tout cas autant que faire se peut, Ranya réfléchit aux bons mots à employer.

Quand une personne nous plait, c’est normal d’avoir ce genre d’envie, et je mettrais ma main à couper que Kasai ressent exactement la même chose que toi. En revanche, et ça c’est très important, tout cela doit avoir lieu dans le consentement de chacun. Il n’a le droit de te toucher qu’aux endroits où tu en as envie, et quand tu en as envie. Si lui le veut aussi évidemment. Et c’est la même chose dans l’autre sens. J’en doute fortement, mais si Kasai osait ne serait qu’une fois te toucher de manière intime sans ton accord, frappe le de toutes tes forces et ensuite viens me le dire, et je le frapperais encore plus fort.

La danseuse n’arrive pas à imaginer son ami outrepasser les limites de Lissa sur ce plan là. Il est tellement respectueux des femmes, et vu la personne qu’est sa mère, ça lui parait tout bonnement impossible. Mais on ne sait jamais, on ne fait jamais trop de prévention.

Bien sûr, tout cela va demander de la communication. D’abord sur vos sentiments respectifs, surtout si tu es demi-sexuelle, puis sur vos envies. Mais encore une fois, rien de tout cela n’est anormal Lissa. Et tu as le droit d’aller à ton rythme. J’ai dit lécher tout à l’heure parce que j’aime ça et que j’ai un peu plus d’expérience que toi. Mais si toi tu as juste envie de l’embrasser et de toucher ses abdos que tu trouves si beau, c’est très bien aussi. Et lui aussi te fera surement part de ses envies, de ce qu’il aime, et ça sera à toi de voir si tu as envie de le faire ou pas.

La blonde a conscience qu’elle en demande beaucoup à la Pyroli et qu’elle lui envoie beaucoup d’informations. Mais Ranya tient absolument à ce que le début de la vie amoureuse de la chatain soit, à défaut d’être parfait puisque c’est impossible, au moins un chouette moment. Et non pas une catastrophe comme ça a pu être le cas pour elle. Lancée, elle laisse tout de même échapper.

Après le mieux pour savoir ce que l’on aime dans les relations intimes, c’est encore d’essayer sur soi-même en solo.

Ok, là c’est peut-être un peu beaucoup de trop

pokemon
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