‘’Si , si. C’juste que y’a que depuis que je suis arrivé ici, que je vois autre chose que des cheveux comme les miens, je sortais pas beaucoup…Voir pas du tout, avant.’’*Glomps* C’pas mal ce muffin aux…myr-ti-lles ? C’est ça le mot ? C’est chelou, qui met un ‘’y’’ alors que les ‘’i’’, ça existe ? En attendant, Ian semble plongé dans une série de tests avec mon propre fauteuil. le manque de sensation au niveau de la barre des jambes me perturbe un peu sur cette chaise, mais en vrai, si ça lui convient…
La proposition d’une petite sortie me prend un peu de court, par contre !
‘’YES …Pardon, d’habitude, les gens ont plutôt tendance à avoir trop de trucs à faire pour ça, eh eh. Si ça te botte, j’ai un endroit rien qu’à moi, que je peux te montrer. Il n’y a que pour les gens avec ce genre de véhicule que ça a de l’intérêt !’’Le temps de le laisser transitionner sur son propre fauteuil (à le voir grimacer comme ça, ça doit pas être giga facile…Il va devoir se muscler les bras), je profite d’un coup de tête de Prime comme appui pour me balancer dans le mien. La sensation du coussin et de l’appui-jambe revient au galop, aussi rassurante qu’habituelle, mais je manque de tomber en arrière à l’atterrissage !
‘’Ah oui, les réglages…Attends, attends, j’dois prendre des notes.’’Donc, on a dit…Ah, merci Nostra. Récupérant le crayon que me tend le Natu (il a encore écrit une de ses feuilles chelous, j’m’en soucierais plus tard), je griffone rapidement une petite liste : donc, le coussin est à 8cm de haut, avant-bras en position 5, repose-jambes en position 4 et le dossier…
‘’C’est écrit 50 ou 60° degrés, je vois pas d’ici ?’’55 top ! Muni du précieux carnet, je fais reculer ma monture d’un tour de main, avant de constater que Ian semble avoir quelques difficultés à manoeuvrer au milieu des tables. Bah, c’pas comme si on était pressé, du coup, plus qu’à l’attendre à l’entrée, ça me laisse le temps de préparer ma surprise, mouahaha.
Une fois dans le couloir, deux silhouettes lancées à pleine vitesse et quelque peu essoufflées se portent à notre hauteur, avant de se mettre au garde-à-vous…pour s’effondrer ensuite : mes deux Hexadrons ont probablement fait tout le tour du bâtiment pour nous retrouver. Ce qui tombe plutôt bien, j’vais pas tarder à avoir besoin de leur aide !
‘’Ah oui…Ian, j’te présente Prime et Twili. Si t’as besoin d’un truc, adresse-toi à Prime, c’lui qui dirige les opérations.’’BOmbant le torse, l’Hexadron ne tarde pas à passer juste devant nous, pour nous ouvrir la voie au pas de course. Difficile de rester sur la trajectoire, lorsqu’un type Combat vous écarte à coups de corne !
‘’Bon, petit passage à l’intendance, on a des trucs à récupérer…’’*******************
Même si Wolfgang a fait une drôle de tête quand je lui ai demandé des protèges-coudes et un coussin rembourré, il a suffit que je lui montre mon carnet (et quinze minutes d’explications embrouillées) pour qu’il finisse par céder : une fois Ian rehaussé et arnaché tout comme moi, je lui fait signe de me suivre en poussant sur nos roues, jusqu’à l’extrême limite est du campus.
‘’Je t’ai même pas demandé dans quel dortoir t’es ?! Mais j’suis trop nulle. Sinon, comment je vais faire pour venir quand t’auras coincé les freins à cause de la culasse ?’’Quoi ? Comment ça, si je souris trop, il va comprendre que je le taquine ? D’habitude, quand je fais ce genre de blagues, les autres du club des cinq, ils ne rigolent pas ou alors, ils me disent qu’ils ont rien compris. Notre avancée nous mène rapidement hors de vue de la plupart des élèves, jusqu’à ce que les chemins terrassés de l’académie, cèdent leur place à une petite route bordée de monticules herbeux : serpentant jusqu’à la mer, cette dernière n’est constituée que de pentes douces, qui nous forcent à pousser un peu par moments, mais sans exagération.
‘’Encore un effort, tu vas voir, c’est mon coin préféré de tout Leiar !’’Petit à petit, nos roues nous mènent jusqu’au sommet d’un monticule herbeux de plus grande taille que les autres : surplombant la plage, il descend en pente plus ou moins douce jusqu’à une bande de sable fin et brillant sous le soleil. Sur cette dernière, une troupe d’Obalies semblent plongés dans une sieste digestive et aucun ne bronchent à notre apparition subite, au sommet de la colline.
‘’Et, tadaaaaa ! On a découvert ce coin avec Prime pendant un de nos entrainements;..Bon, en vrai, j’ai un peu perdu le contrôle des freins et…Tu vas voir, j’veux pas te gâcher la surprise.’’Le temps de positionner nos deux fauteuils face à la pente avec l’aide de Prime, je me penche vers Ian, le sourire jusqu’aux oreilles. Une petite vérification des protèges-coudes, la dernière fois, c’était un peu juste…ET ON EST PARTI !
‘’N’essaye pas de te diriger, l’herbe le fait tout seul. Ni de freiner, si non, tu pourrais tomber, le sable vas nous ralentir…Ah et un dernier truc…Le dernier arrivé paye les muffins la prochaine foiiiiiiis !’’YI-AAAAAAAAAAAAAAAAH ! Une légère poussée par Prime et Twili et nous voila parti, débaroulant sur l’herbe tandis que le vent marin siffle tout autour de nous. Anarchés del a sorte, il faudrait un obstacle massif pour nous stopper ou nous faire verser et les traces que nous avons établis avec Prime à force de venir, maintiennent les roues des deux fauteuils comme de véritables rails. En moins de 12 secondes, la plage commence à défiler autour de nous, le sable lourd ralentissant notre course jusqu’à nous faire stopper lentement, à quelques dizaines de centimètres des flots.
‘’Et…PREMMMMMS !’’Mon cri meurt alors dans ma gorge, avec une constatation bizarre : pourquoi j’ai les yeux humides ? d’habitude, même avec le vent ou le sable, ça passe…Et en plus, je peux pas être triste, je ne me suis jamais senti aussi bien. Pour la première fois, j’ai pu montrer ça à quelqu’un en étant sûre qu’il puisse au moins ‘’essayer ‘’ de comprendre ce que ça fait.
‘’Alors, verdict ? Si t’es partisan d’une revanche, suffit de demander. Prime et Twili peuvent nous aider à remonter en trente secondes, crois-moi, j’ai déjà testé.''Le temps d'inspirer profondément l'air martin, je fais signe aux types Combat de nous rejoindre. Ce qui entraine une série de roule-boulés de leur part : la pente est assez douce pour nous permettre de la descendre en roulant mais toute personne debout sur ses jambes, ne pourra jamais calibrer sa vitesse sans finir le parcours façon roulade.
''Quand ça va pas trop et que j’ai envie de crier, j’viens là et j’enchaine juste les descentes jusqu’à ce que ça aille mieux. Comme certains ont l'air de confondre un fauteuil et une poussette de gros bébé, ils se disent qu'on doit faire giga attention et que tout est trop risqué...Mais si jamais ils essayaient ça, juste une fois, moi aussi, j'aime quand ça BOUGE ! Par contre, attention, c’est réservé aux gens qui ont des fauteuils…ou que j’aime bien.’’