Céladopole c'est le pied pour une jeunesse enivrante. En fait, rien de mieux que de grandir parmi les jeunes des villes, à traîner à longueur de journée, attendre que le temps passe... Lentement. Mollement... Enfin, je suppose.

Je suis né dans le froid, sur le son d'un bip aiguë et de voix graves. J'ai grandi dans les bruits de la ville et les lumières du soir. Les étés chauds et les hivers gelés se sont succédés jusqu'à ce que j'apprenne par cœur le contact de la ville. Mes parents sont tous deux médecins, j'ai donc principalement vécu avec ma grande sœur, de seize ans mon aînée. Dès mon troisième anniversaire, j'ai commencé à m'intéresser aux pokémon. Mes parents ont longtemps tenté de me dissuader de continuer car ils aimaient à dire que l'être humains est plus important que le pokémon et que les gens avaient tendance à oublier qui était au sommet de la chaîne alimentaire. Heureusement que ma sœur, elle, soutenait mes désirs grandissants. J'ai enchaîné les bouquins d'abord, puis les émissions, les magazines, les conférences... tombant systématiquement sur des connaisseurs plus fins les uns que les autres qui me sous estimaient.
L'école a été difficile. Les professeurs n'aimaient pas devoir travailler plus longtemps pour moi. Alors pour ne pas décevoir mes parents, j'ai parcouru des centaines de livres autres que ceux que je dévorais déjà. Vers onze ans, j'ai eu des problèmes de santé, maladie infantile classique, et j'ai commencer à visiter régulièrement un médecin. Je suis d'ailleurs sorti avec sa fille sans qu'il ne le sache.
Et puis un jour, ma sœur est partie, ma mère aussi, et je me suis retrouvé seul avec mon père. Ça aurait pu être dur mais la fille du médecin était là. J'ai lu beaucoup de mes livres préférés à cette période. La plupart conseillés par la documentaliste qui semblait ravie d'avoir enfin un lecteur assidu dans sa petite librairie de quartier. Ma vie était ennuyante et banale, mais elle me plaisait. Entendre la ville, sentir les rues et les passants, aller au lycée, revenir, faire mes devoirs, faire le mur pour la rejoindre, et recommencer le lendemain. Et puis un jour, elle est partie. Enfin, disons plutôt que son père l'a amené avec elle. Direction Hoen. On ne s'est pas revu depuis. Je ne sais pas pourquoi, Kanto a toujours été mon chez moi. A peine si je connais les autres régions. Néanmoins, je n'avais plus rien à faire ici alors j'ai demandé à mon père si je pouvais partir. Il a accepté à deux conditions. Que je ne quitte pas l'école et que je me débrouille seul. Accepté. Il m'a payé l'inscription, le billet, et me voilà parti vers un nouveau départ. Ma première semaine à l'hôtel m'a permis de me familiariser avec la ville. J'ai eu de la chance de pouvoir intégrer un prémisse de ce que j'allais vivre pendant au moins un an. Les cours d'été. Quel endroit incroyable. Moi, passionné de Pokémon, enfin dans un lieu ou on me comprend ! Quand mon père m'a demandé pourquoi ce lieu, j'ai répondu, simplement :

- Parce que là-bas, je pourrais commencer à croire en mon rêve.

- Mais... Tu sais qu'ils ne sélectionnent que l'élite, a-t-il rétorqué. Les meilleurs et uniquement les...

- Je ne vois pas de quoi tu parle, l'ai-je coupé. S'il se contentent de l'élite, c'est exactement là où je dois être.

Ça n'avait rien à voir pourtant avec ce que je pensais. Absolument rien... Mais c'est exactement ce qu'il me fallait. De loufoqueries en n'importe quoi j'ai fini par être admis. Un nouveau départ.