Mon histoire est toute aussi barbante que celle de n'importe quel adolescent de mon âge. Je suis quasiment certain que vous ne me croirez pas... J'ai beau insister autant de fois qu'il le faudra, vous êtes réellement sûrs et certains de vouloir en apprendre plus sur ma "jeunesse" ? Enfin jeunesse... Bon et bien... C'est parti alors !

Lorsque je suis né, je n'avais aucun poil sur le caillou. Ma tête blanchâtre et légèrement rosée ressemblait à n'importe quel marmot. A en croire mes parents, j'avais le don de pouvoir brailler pour aucune raison. Peut être l'envie de m'exprimer qui sait. Même lorsqu'il était trois heures du matin et que mes parents dormaient confortablement... Enfin, inconfortablement du coup devrais-je dire. Ils travaillaient tout deux dans la météorologie, c'est d'ailleurs cette raison qui les poussèrent tout deux à venir sur Auffrac-les-congères. Il faisait très froid dans ce petit patelin. C'est comme si la ville était plongée dans un hiver qui ne se terminerait jamais. Alors oui, j'étais chaudement habillé, avec ses petits bonnets en laine offert par mamie qui avait eu l'excellente idée de tricoter des horreurs pour habiller son petit-fils avec. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que la laine puait, et qu'elle grattait énormément. Raison de plus pour brailler tiens ! Paraît que mes parents travaillaient aussi avec les chaînes de télévision. Ils donnaient la température pour la météo. En même temps, dans une ville comme Auffrac, c'était toujours la même chose qui passait à la télévision côté météo. "Aujourd'hui quelques chutes de neiges..." "Il faudra s'attendre à quelques centimètres de neige en sortant de chez vous..." Tout comme le Polarhume, j'avais la morve au nez. Mais à cet âge là, au lieu de me moucher, je préférais voir quel goût celle-ci avait. Je touchais à tout, et voulait goûter également à tout. Après tout, je n'étais qu'un môme.

Les années passèrent, et la neige n'avait toujours pas fondu. Je commençais à avoir quelques poils sur le caillou. Blond très clair, peut être qu'ils s'assombrirons avec le temps mais je n'en suis pas si sûr. Génétiquement parlant, si j'hérite des cheveux de mes parents, alors ce sera "blond vénitien" car les deux le sont. Je marchais à présent, je faisais dans le pot et je mangeais toutes sortes de plats aussi infâmes les uns que les autres. Certes ils n'avaient pas le temps de faire de la vraie cuisine, mais quand même... Je suis sûr que même un Tadmorv passé au four devrait avoir un meilleur goût... Quoi que ? J'avais une nounou d'ailleurs, puisque mes parents n'étaient plus en congés maternité/paternité et se devaient de reprendre goût au travail. Ce qui était bien avec la nounou, c'est qu'elle avait plein de pokémons. Plus que mes parents qui n'avaient... Et bien... Absolument rien. Ils vivaient en pleine harmonie avec les pokémons, ça je n'en doute pas, néanmoins ils ne voyaient pas la nécessité d'en posséder. Chacun sa vision des choses. J'adorais m'amuser avec les pokémons de cette gentille nounou. Pour information, elle n'avait pas que des pokémons de type glace.

Par la suite, rien de bien intéressant. Disons que je n'avais pas "ma place" ici à Auffrac. Je voulais voir la vie de toutes ses couleurs, approcher les pokémons de plus près, et pas rester enfermé chez moi sous surveillance à rien faire de mes journées. J'avais tout à domicile, mais il me fallait plus. Il me fallait quelque chose que je n'avais pas. C'est en regardant la télévision que j'allais avoir un déclic quelques années plus tard. Tout me passionnait à cet âge là, surtout les combats. Les défilés de Roselia et compagnie, très peu pour moi. Je savais que mon heure allait arriver. Que mon destin était proche. Du moins je l'espérais. A vrai dire, ma véritable envie à cet âge là (cinq ans) était d'avoir des pokémons, et surtout de vivre très loin d'Auffrac.

Cette gentille dame qu'était ma nounou, faisait également mon éducation. Elle m'expliquait tout ce qu'un jeune homme de mon acabit devait apprendre. Les différents types, les faiblesses, mais aussi les mathématiques et la géographie. Ma tête bouillonnait. Je me réveillait pokémon. Je me nourrissais pokémon. Je dormais pokémon. En fait je vivais dans un "monde" complètement différent de mes parents. Nous ne partagions pas le même point de vue. Lorsqu'ils rentraient à la maison et me demandaient ce que j'avais appris de la journée, je leur expliquais que les pokémons originaires d'ici craignaient le type feu. Apparemment ça ne leur faisait "ni chaud ni froid" si vous voyez ce que je veux dire.

C'est alors que vers mes quatorze ans, j'étais tombé sur un prospectus parlant d'une sorte d'académie située sur une île. Deux sur deux, c'était vraiment le rêve. Non-seulement j'étudiais dans une branche qui me fascinait et me plaisait au plus haut point, mais en plus j'étais sur une île, loin de cette hiver rude. J'en avais parlé à mes parents. Ils avaient pas l'air très "chaud" pour accepter, néanmoins je voyais comme une petite brèche d'autorisation. Il fallait la travailler cette petite brèche, il fallait simplement qu'ils acceptent. Je ne pouvais pas partir de mon plein gré sans leur accord, du moins je ne pense pas que l'école aurait voulu me prendre dans ses conditions. Il fallait donc que je travaille d'arrache pied.

Je jouais très bien mon jeu du fils modèle. Je me tenais à carreau, je ne parlais plus de pokémon pour éviter de leur prendre la tête, je leur demandait comment se passait leurs journées au travail... Et lorsqu'ils avaient le dos tourné, je regardais des films d'action Pokéwoodiens. Bon, même à mon âge je trouvais ça très "sur-joué" mais ça en valait quand même la peine. J'étais tombé sur un film avec des Brutalibrés. C'était marrant de savoir que ses créatures s'auto-craignaient dans le sens où ils étaient "vol-combat" et que le combat craignait le vol. Le premier qui touchait l'ennemi prendrait l'ascendant sur le combat, c'est exactement le cas de figure qui me plaisait.

Dans un autre temps, j'essayais de parfaire mon apprentissage "normal". Les mathématiques et la géométrie n'étaient pas ma tasse de thé. Pour moi, les additions, soustractions et à la rigueur multiplication suffisaient pour mon futur. Il suffisait de savoir additionner l'argent qu'on empoche, de soustraire les dépenses. Alors bon. Comme je ne consacrerais pas ma vie à l'architecture, je laissai très rapidement tomber la géométrie. Au pire, je savais faire la différence entre un rond et un carré, entre un rectangle et un losange, entre un arc-de-cercle et un pentagone... Je ne voyais pas l'utilité de calculer leur périmètre. A quoi cela pouvait-il me servir après-tout ?

Par un beau matin, j'eu cette discussion avec mes parents. Ils n'étaient toujours pas trop branché pour m'envoyer là-bas, malgré que tout était au frais de l'école (du moins d'après ce que j'ai compris.) Mais à force de forger on devient forgeron. Et j'avais pas mal forgé mes parents -ouais, ils étaient de type acier pourquoi cette question ?- et au final ça avait fonctionné. Ils voulaient néanmoins que je sois légèrement plus mature pour y aller. Ma seule envie maintenant était de pouvoir me barrer de ce trou à Rattata !

Premier Juillet. Cette date ne vous dit peut être rien. C'était le jour où j'allais commencer mon cursus scolaire. Mes parents s'étaient dis que c'était peut être ce qu'il y avait de mieux pour moi car après tout je n'avais pas envie de les suivre dans la météo. Les élèves de l'académie étaient apparemment en "classe d'été". Rien que le mot me donnait envie. Oui. Été. Le contraire d'hiver. Je me demandait si je devais emmener tout mes manteaux où s'il valait mieux laisser ça ici. Au final, je ne pris que le strict minimum avec moi. Mon chapeau, accessoire très tendance, puis surtout que j'aimais bien l'aspect qu'il me donnait. Mon père m'avait fait don de sa canne en bois, cela dit je n'avais pas trop compris le principe. Il m'avait simplement dit qu'elle appartenait à son père, et qui auparavant appartenait au père de son père. Bref, une histoire de vieil homme à dormir debout. Une canne qui se transmet de génération en génération...

Île Cobaba me voilà! Première escale avant ma destination qu'est l'Île Lansat!