Mon aide et mon idée de fontaine de ce nouveau mélange semblait plaire énormément aux passants. Bien vite, une foule immense s'était regroupé autour de la fontaine et s'abreuvait du liquide qui leur tombait dans leur bouche qu'ils ouvraient grande pour en attraper le plus possible. Certains se faisaient même la guerre pour être celui qui en aurait le plus. Ceux qui repartaient en étaient comblés. Cette nouvelle boisson était d'un succès fou, et je découvris qu'elle possédait un goût plus que succulent après en avoir pris une gorgée pour moi-même. Nous, c'est-à-dire moi et mon ancien « adversaire » étions devenus la nouvelle attraction, nous raflions tout les gains aux concurrents et même aux autres vendeurs. Nous devenions connus. Et c'était sûr que nous allions en profiter pour faire un maximum de bénéfices, au détriment des autres. Si seulement lui voulait bien s'unir à ma moi. Et j'allais bientôt le savoir, profitant d'un instant de pause pour demander à Piou d'amener mes stocks de boissons jusqu'à ceux de l'autre.
« Seth Evans, stratège de génie du dortoir Phyllali. Mwahahah ! Tu as sûrement lu mes articles, d'ailleurs. Mais oui ! Parce que je suis génial et que tout le monde me connaît. M'enfin, on s'en fout en fait. J'ai des lunettes de soleil, des idées et un sourire de beau gosse. Manipuler la foule, je sais faire. »
Proposition accepté, présentation faite, caractère déterminé, idée reçu, j'avais tout ce qu'il fallait à ma disposition pour m'allier à lui. Nous pouvions donc nous y mettre. Nous possédions maintenant un immense stock de boissons différentes, et Seth était même allé jusqu'à noter tous les mélanges possibles et imaginables, rapidement testés par mon Mustébouée auparavant pour s'assurer que certains étaient bons. Le Phyllalien avait pris un morceau de carton et avait récupéré un marqueur d'un passant, on se demande bien comment, et il avait noté un prix pour chaque mélange qui passait bien. C'était une bonne idée. Une très bonne idée même. Nous avions maintenant un nombre exorbitant de clients, qui s'étaient tous rangés à vitesse grand V en une gigantesque file qui avançait aux rythmes des ventes. Chacun avait son rôle.
Tandis que moi et Seth vendions, Piou s'occupait d'aider le Magmar chromatique de mon nouveau camarade à bien placer les marchandises et Mo continuait de tester différents goûts, évitant tout de même de trop en gâcher pour pouvoir nous laisser un maximum de canettes. J'avais également sorti Pit de sa pokéball pour qu'il nous vienne en aide en composant les mélanges pour que les ventes se fassent plus vite. Le temps filait à une vitesse … Nos caisses se vidaient de plus en plus vite, les clients repartaient de plus en plus, la file se réduisait peu à peu de ses nombreux occupants. Nos stocks se vendaient par blocs, et certains se vidaient plus que d'autres. Tout particulièrement celles aux baies Sitrus, Mepos et Fraive. Nous devions réagir. Et bien évidemment, ce fut Seth qui s'en chargea, prouvant en partie qu'il pouvait manipuler à sa guise les gens.
« Le capitalisme, c'est la vie. En raison d'un manque de Fraive, de Sitrus et de Mepo, les prix de ces saveurs augmentent de 20%. Passez une agréable journée chez les Génies de la Limoyade. Dut dut. Terminé. Vas-y. Cache les autres saveurs. S'il ne reste que ces trois-là, ils vont se les arracher à prix d'or. »
La première partie, il se l'était marmonné à lui-même, de façon à ce que personne ne l'entende, ou presque, la seconde était bien évidemment adressé à cette foule de clients qui nous faisaient face. Il avait visiblement réussi son coup, les gens commençaient à fouiller leurs portes-monnaies pour sortir plus de sous encore. Pour la dernière partie, c'était une bonne stratégie qu'il demandait d'accomplir à son pokémon. Il ne fallait garder que le meilleur, et le vendre aussi cher que possible. Et pour cela, toute idée était bonne, mais la plus malhonnête. Je me serais refusé à faire ça si seulement l'euphorie de ces ventes ne m'avait pas changé presque du tout au tout.
Le Magmar chromatique s'était chargé d'accomplir sa mission, et tandis que nous vendions les dernières canettes qui se vendaient un peu moins mais que nous ne pouvions dissimuler aux yeux des clients, le pokémon cachait les autres derrières plusieurs cartons vidés de leur cargaison afin de faire croire que celles encore pleines soient elles aussi vides. Après avoir caché la dernière caisse, l'imbécile indiqua à son maître qu'il avait fini. Immédiatement, ce dernier se tourna vers moi, et me fit sentir qu'il était temps d'y aller à fond.
« Il reste que les trois meilleurs maintenant. Fais monter les enchères, engraisse-nous au mieux. J'veux ressembler à un Vostourno bien dodu ! »
Ce mec était d'une grande intelligence, selon moi tout du moins. Alors, je réagis instantanément à cette phrase magnifiquement bien dite. Je me tourna vers le file d'attente, et sortit plusieurs canettes des trois meilleurs goûts. Je pris comme Seth un morceau de carton, et le marqueur avec lequel j'écrivis quelques mots dessus, et la plaça parfaitement à la vue des clients.
« Sachez que nous reverserons une partie de nos bénéfices à une association qui soigne les pokémons handicapés. Plus vous donnerez, plus vous aiderez ces pauvres pokémons ! Faites une bonne action en achetant la canette au double de son prix, et vous pourrez vous réjouir d'avoir apporté une grande aide à ces pokémons ! Profitez-en, nous sommes bientôt en rupture de stock ! »
Je me dis soudain que mon idée était mauvaise, et que je risquais de faire fuir les clients plutôt que d'en ramener encore plus. Pourtant, une bonne vingtaine de passants se joignirent à la file, et ceux qui s'y trouvaient déjà commençaient à se battre pour pouvoir acheter l'une de nos canettes. Chacun avait sorti les sous nécessaires pour venir en aide à ces pokémons blessés imaginaires, et je me dis alors que les gens étaient plus bêtes les uns que les autres, ou vraiment trop gentils. En tout cas, nos gains montaient en flèches, tandis que nos stocks se vidaient si vite qu'en une dizaine de minutes, nous n'en avions plus une seule. Nous avions tout vendu, en dehors des boissons que nous avions caché. D'un mouvement de la main, j'indiquais à Seth et aux clients restants que nous n'avions plus une seule canette à vendre, et qu'ils pouvaient partir. Je lança tout de même une promesse que nous en revendrions d'autres bientôt. Je pliais bagage et laissait faire ce que le Phyllalien avait à faire. Il était temps que je retourne auprès de mon « chef » pour faire un rapport de mes gains. Je pris une partie des bénéfices, j'en laissais trois bons cinquièmes à mon associé, prétextant qu'il était tout de même le créateur même de cette nouvelle marque de boisson
« Il est temps de se séparer. Nous devrions nous faire oublier quelques temps, sinon on risque d'être obligé de vendre encore cette boisson. C'est la meilleure solution. Je lui souris joyeusement. Avant de te laisser, sache que je m'appelle Lucas Emerilon, et que j'appartiens au dortoir Noctali. »
Sur cette dernière phrase, je quittais le Phyllalien et repartait avec ma charrette complètement de sa marchandise. Je rappelais donc Pit et Mo, qui n'avait plus une grande utilité, et remonta la pente avec l'aide de Piou pour éviter qu'elle ne tente de fuir, qui séparait la place où nous avions vendu du local de la marque pour laquelle je bossais, et que j'avais accessoirement trahi, mais comme dirait l'autre, « OSEF ». Je remis ensuite la charrette à sa place, et me rendit dans le bureau du « chef ». Je lui fis un bref rapport en ne mentionnant que le fait que j'avais écoulé tous nos stocks de boissons. Ne cherchant pas à en savoir plus que ça, l'homme me demanda de lui passer les cartons à « Besoins » et à « Envies », et ouvrit la première. Je fus surpris de constater qu'elle contenait de nombreux papier triés et rangés comme il faut. Il attrapa une feuille posé au-dessus, et la sortit de la boîte pour la mettre dans l'autre, identique en tout points à l'autre, à un détail près que celle-ci concernait l'avenir que me proposait cet homme. Je sus alors que les difficultés allaient commencer. Il faudrait survivre maintenant. Je m'empressais donc de prendre congé définitivement de cet entreprise, et retourna à l'académie. Sur le chemin, je croisa celui des vendeurs à qui j'avais, comment dire, volé des stocks pour me faire des bénéfices. Il me demandait maintenant un payement de ce « prêt ». Je leur fis un sourire diabolique.
« Ai-je dit que je vous achetais vos stocks de boissons ? Je me souviens clairement vous avoir vu mes les donner gracieusement. Je n'ai donc rien à vous rembourser. »
Je leur avais en un instant cloué le bec. Ils venaient de se rendre compte qu'ils avaient été manipulés, et qu'il ne pouvait rien pour se venger. Ils auraient souhaité m'attaquer, mais avant même qu'ils y pensent, je leur avais déjà faussé compagnie, et avait attrapé un bus pour l'académie qui passait par là. Le reste de la journée fut assez calme. Je me dis que personne ne s'était rendu compte que je n'étais qu'un simple étudiant, ce qui était plutôt bien, sachant que j'avais dupé presque tout le monde en faisant croire à des ventes caritatives alors que celles-ci étaient destinés à gonfler les caisses de l'etreprise de Coca Coconfort, et aussi celle de Fanta Stitik. Si quelqu'un découvrait cela, je savais que j'allais être un homme mort, et Seth aussi sûrement.
Le demain, tout était calme. J'avais bizarrement oublié une bonne partie de la veille, et j'avais enfin retrouvé mon comportement habituel. J'avais souvenir de mon associé du dortoir Phyllali, mais j'avais oublié le pourquoi de notre rencontre. Et ce fut le journal qui me rafraîchit la mémoire. En première page de couverture, une photo de moi et de Seth en train de vendre notre Limoyade. Et l'article qui nous concernait possédait un titre écrit en grosses lettres que personne ne pouvait rater. Malheureusement.
« LA LIMOYADE, UNE BOISSON INVENTÉE PAR DEUX GÉNIES ! UN PHÉNOMÈNE DÉJÀ NATIONALE ! »Comment passer pour le plus grand alors que vous n'êtes qu'un salaud, chapitre un : La Limoyade.