Dimanche, dernier jour avant la rentrée, les cours, la réalité de l'académie : enfin. Très enthousiaste mais rongé par l'appréhension, les sentiments de Nathaniel se bousculaient dans sa tête habituellement creuse. Il avait cru comprendre faire partie d'un dortoir essentiellement composé de têtes d'ampoules ce qui ne faciliterait pas son intégration. Il pensait bien s'entendre avec le préfet, qu'il avait rencontré à quelques reprises, mais il ne se sentait tout simplement pas à la hauteur et ne voulait pas être marginalisé. Bon, il l'était évidemment, sa chevelure et ses paroles souvent vides de sens n'aidaient en rien. Mais s'il pouvait l'être moins qu'il avait pu l'être par le passé, alors ce serait déjà une amélioration énorme. Avec une telle pression, le jeune homme s'était mis en tête de lire pour remplir sa caboche, et pour se faire, rien de mieux que de partir en exploration d'un nouveau lieu au nom apaisant et de s'y allonger l'espace de quelques minutes avec l'ouvrage ouvert. Le lac corail était donc un choix particulièrement attrayant et tout ça... et bien c'était six heures auparavant.
Une petite créature bleutée enchaînait des pirouettes sur l'eau aux teintes violettes et un oiseau multicolore s'essayait au slalom entre les coraux qui surgissaient de la surface plane du lac. Sur le rivage, une tête rousse, quelques taches de rousseur, des sandales, un short, un t-shirt et un long filet de bave dégoulinant sur la deuxième page cornée d'un livre. À croire que tourner la première fut l'effort de trop pour le jeune homme. L'ennui finit par remplacer l'engouement de la découverte de ce nouvel espace pour les deux compagnons du Phyllali qui entreprirent de réveiller leur dresseur de sa longue sieste. Odette au plus près de son visage fit apparaître de l'écume qui vint éclater contre les joues du rouquin, s'en suivit un réveil en sursaut plein de maladresse, illustration parfaite de la grâce naturelle du jeune homme. Pendant quelques secondes le livre resta collé à son visage avant d'aller s'écraser sur le sol.
Ah c'est malin, j'ai perdu la page ! Je reprendrai demain... s'exclama-t-il un tantinet vexé d'avoir été surpris dans son pêché de paresse par ses deux comparses.
Maladroitement, il prit appui sur l'herbe pour se relever et sortit son iPok, ce dernier afficha spontanément l'heure, un mystère que le jeune homme cherchait encore à élucider : est-ce que la machine montre l'heure dès que Nathaniel en a besoin, ou bien c'est lui-même qui regarde son iPok que lorsqu'il a besoin de savoir l'heure ? Il rangea le livre dans son sac à dos qui contenait aussi son Capstick et de quoi grignoter. Il était un peu plus de quatorze heures et la fine équipe avait raté le repas du midi. Il était donc chanceux d'avoir pris avec lui de quoi grignoter, mais en mettant la main sur les fameux mets il comprit que s'être endormi sur des biscuits au chocolat était une énième maladresse à ne plus reproduire. Il ressortit sa main marron du sac et alla se la laver dans l'eau déjà colorée du lac.
Mouche et Odette le suivirent avec insistance pour bien faire comprendre que, si lui avait eu la chance de dormir pendant ces longues heures écoulées, eux avaient fait du sport et qu'ils méritaient par conséquent de quoi se nourrir convenablement.
Nous allons retourner au dortoir, il me semble qu'il me reste un ou deux paquets de gâteaux. lâcha-t-il avec un soupçon d'enthousiasme qu'il espérait être communicatif.
Sans plus de cérémonie, Mouche ouvrit la marche suivi de près par Odette puis par Nathaniel bon dernier qui marchait à une allure digne d'un jeune homme venant de se lever d'une sieste au bord d'un lac, ou d'un zombie sortant tout juste de sa tombe. Le dortoir n'était pas bien loin et ils aperçurent rapidement la bâtisse aux allures de chalet. Nathaniel s'y était rapidement fait, il appréciait son odeur, son atmosphère et ses couleurs, c'était un véritable havre de paix face à l'agitation ambiante de l'académie sauf lorsque quelques énergumènes tels que Seth Evans se baladaient dans les couloirs.
Alors qu'ils étaient presque arrivés, Mouche s'arrêta en chemin pointant de l'aile un objet laissé devant l'entrée. C'était le fameux aquarium de poche du Professeur Roseverte. Un hoquet de panique s'échappa de la bouche du jeune homme qui n'était pas d'humeur à faire une telle rencontre. Odette ne comprenait pas le sujet de cette soudaine agitation et continua d'avancer. Roseverte sortit du dortoir et reconnut la petite araignée bleue seule devant le dortoir cherchant ses équipiers du regard, ils avaient soudainement disparu. Le professeur interrogea d'un regard son Pokémon antique resté dans l'aquarium et se dirigea ensuite dans la direction indiquée, ayant pris soin de prendre Odette entre ses mains. Il arriva face à un petit buisson duquel dépassait les pieds et les cheveux du rouquin mal caché, ainsi que la note de musique ornant la tête de son piaf.
Le bouseux, j'ai quelque chose qui t'appartient... expira-t-il de sa voix condescendante qui ne donnait nullement l'envie d'y répondre.
Nate leva la tête et découvrit le regard mi-amusé, mi-blasé de son référent tenant fermement la petite araignée entre ses mains. Le Phyllali avait lu la veille un article sur des vols de Pokémon, le fait que l'homme l'ayant surnommé le bouseux en soit à la source ne le surprendrait pas du tout. Ce supposé criminel lui lança avec une flegme incroyable la bestiole qui atterrit dans les cheveux du roux comme s'il s'agissait d'un airbag.
Oui Monsieur, je peux faire quelque chose pour vous ?
J'ai un boulot pour toi le bouseux, on m'a demandé... poliment... d'envoyer un élève à la plage de la ville pour la nettoyer de toutes sortes de déchets... Je me suis dit que le travail était fait pour toi. Je t'envoie les informations sur ton iPok si j'y pense. Sois-y le plus vite possible.
Le professeur s'éloigna sans rien ajouter, récupéra son Pokémon et prit la direction du bâtiment central. Le rouquin prit de sueur froide s'empressa de rejoindre sa chambre pour y attraper les fameux gâteaux qu'il était venu chercher et embarqua sur son vélo en direction de la plage longeant la ville portuaire. Il lui fallut beaucoup de précaution pour sortir Odette emmêlée dans ses cheveux désordonnés, paralysée par la violence du Professeur. Il la posa dans le panier de sa bicyclette et laissa Mouche s'occuper d'elle, leur confiant les biscuits comme un goûter plein de réconfort.
Pédalant à toute vitesse et n'arrangeant rien à son rythme cardiaque déjà particulièrement élevé, il se rapprochait du lieu en question. Au fur et à mesure qu'il approchait, une odeur nauséabonde vint irriter ses narines. Il n'aurait pas cru que les supposés déchets pouvaient dégager une telle odeur et c'est en apercevant plusieurs groupes de personnes agglutinés devant la plage que ses interrogations prirent de l'ampleur. Il préféra attacher son vélo à quelques centaines de mètres de l'attroupement et finir le chemin à pied plutôt que de l'y perdre dans la masse. Odette avait rapidement repris du poil de la bête et Mouche semblait profiter d'un élan nouveau, les biscuits avaient donc eu l'effet escompté. Nathaniel jeta un œil à son iPok pour découvrir sans trop de surprise que Roseverte l'avait oublié. Il se contenta de soupirer légèrement et entreprit de découvrir la raison du rassemblement. Odette préféra par précaution se faufiler dans le sac de son dresseur et Mouche restait bien agrippé à son épaule, camouflant au mieux la crainte qui s'emparait de son visage. Avant la collision avec le groupe, il lâcha un « J'sais pas... » hésitant qui n'avait rien de rassurant et son dresseur paniqué préféra avancer les yeux fermés... 3 … 2 … 1...
Excusez-moi je...
OH ! C'est un élèèève !
La bonne femme prit Nathaniel par son épaule libre et le balança sur la plage comme un vieux sac sous les regards enthousiastes de toutes les personnes présentes. Jamais il ne s'était encore senti à ce point comme une bête en cage avec les visiteurs et surtout... les excréments des colocataires. Autour de lui, le sable noirci par la crasse était peuplé de Pokémon infâmes faisant de ce lieu paradisiaque une décharge. Les regards de bestioles visqueuses et violettes aux regards plus vides encore que celui de Nathaniel le scrutèrent, comme sur la défensive. Un grand nombre de Pokémon Vol avec un long bec se mit à lui voler autour comme attendant une action de sa part, ou peut-être même une décomposition précoces... mais le jeune homme resta statique. Mouche ne supportant pas l'odeur se couvrait le nez d'une aile et Odette laissait couler ses larmes provoquées par la vue d'un tel désastre écologique.
Bon bah tu te bouges ! C'est ça la Pokémon Community ?!
C'est à cause de ça qu'on paye un impôt foncier exorbitant ?!
Mais regardez-le c'est un bon à rien !
Laissant les cris de l'audience s'estomper dans le bruit des vagues, Nathaniel était perplexe. Il avait envie d'agir cette fois-ci, mais comment ? Il était ranger mais l'immensité de la tâche qui l'attendait le pétrifiait. Alors il persista dans son immobilité en attendant que quelque chose ou quelqu'un vienne le guider d'une manière ou d'une autre. De ses deux perles violettes qui rendaient son regard si attendrissant, la petite Odette encouragea son dresseur et parant les mauvaises odeurs et sa timidité alla se poser sur le sol comme prête à se battre, quitte à salir ses petites pattes fines et devenir la star d'un spectacle indésirable. Le dresseur jeta un regard à Mouche qui lui préféra rester immobile, le bec dans son aile, et laisser faire sa courageuse camarade. Tant pis, il ferait sans pour le moment...
« Agent alpha parle à beta. La cible a été repérée dans l’aile ouest du bâtiment principal. Demande de confirmation de positionnement. » murmura Cleve dans son Casque Traducteur qu’elle avait équipé d’une fonction talkie-walkie. Habillée d’un mini short en jean et d’un débardeur d’été, la jeune fille se cachait derrière un pan de mur, ses yeux orangés habilement camouflés derrière une grosse paire de lunettes de soleil. A ses pieds, un minuscule Statitik était en train de courir dans une roue de hamster, sa fourrure duveteuse d’araignée parcourue d’électricité statique. Le mécanisme était relié directement au Casque de Cleve, et la batterie de ce dernier se rechargeait progressivement au rythme de l’activité intense que fournissait la tique électrique ; une méthode sûrement controversée par beaucoup, mais qui se révélait tout de même fichtrement pratique. De minuscules « Piiiii, Piiiiia » étaient couinés par Lem’ tandis que ses nombreuses pattes continuaient de courir sans relâche. Le Pokémon était désireux de faire ses preuves, et il « pédalait » avec tellement d’entrain qu’il finit par aller trop vite et à se laisser emporter par la rotation de la roue, ne devenant plus qu’une masse floue et jaune ponctuée de quelques tâches bleues. Détachant son attention de sa conversation longue distance, Cleve passa doucement son doigt sur la roue pour la faire ralentir, et récupéra le pauvre Lem dans le creux de sa main. La tique avait les yeux totalement brouillés et était tellement sonnée qu’elle souriait bêtement, parcourue par moment par des étincelles jaunes.
« Pauvre Lem… » souffla Cleve en le glissant sur son épaule et en sortant de son sac à dos une minuscule bouteille d’eau dans laquelle elle avait mis une paille miniature. Le Statitik sirota doucement le contenu de la bouteille avec reconnaissance, et souffla, épuisé. Un sourire se dessina sur les lèvres de la Pokémécanicienne. Ce petit bout était tellement puissant, mais à la fois tellement fragile ! Il lui suffisait de fournir un peu trop d’activité pour péter totalement un boulon et devenir survolté. Un crépitement dans son oreillette lui indiqua cependant que beta avait un message à lui transmettre, et elle plaqua sa main contre son Casque pour mieux entendre.
« Batavia », perçu-t-elle à travers les bruits parasites.
Elle pesta. Son Casque était totalement en train de déconner depuis qu’elle avait rajouté cette fonction talkie-walkie ! A moins que Pep’ ne soit en train de se moquer d’elle en pensant qu’il serait drôle de lui parler de salades. Mes aïeux ! Elle n’était pas sortie de l’auberge, mais elle décida tout de même qu’elle pouvait traverser le couloir sans trop de dangers. Fourrant la roue de hamster dans son sac à dos puis s’assurant que Lem’ était toujours sur son épaule –il protestait à petits cris qu’elle lui ait enlevé sa bouteille d’eau-, Cleve se releva et pris une grande inspiration. Elle fit ensuite quelques pas devant elle en marchant le plus rapidement possible.
Elle se cogna contre un élève, deux, puis aperçu une touffe de cheveux violets qui émergeait d’une salle de classe. Son cœur ratant un battement, elle fit volteface et, dans une pirouette incroyablement bien menée, elle parvint à se cacher in extremis derrière un pilier en pierre. Juste à temps ! Collée contre son poteau, Cleve rentra le ventre au maximum et essaya de se faire la plus discrète possible tandis qu’Andreas Heartnett passait non loin d’elle en exécutant des pas de ballerine. Nom d’un Lugia à lunettes ! Il ne fallait absolument pas qu’il la voit ! Elle n’avait pas envie de passer de nouveau une mission dans un coin paumé, à se faire attaquer par toutes sortes de Pokémon sauvages. Non merci, elle estimait qu’elle avait déjà assez donné ! C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait envoyé Pep’ en reconnaissance. Etant donné qu’elle était partie chercher du matériel dans une des remises de Gaston Fooly qui était dans un cul sac, elle était forcément obligée de passer par le couloir où le bureau d’Andreas Heartnett était installé. Autant dire qu’il fallait être stupide pour passer tranquillement devant la porte de ce maniéré aux cheveux d’une couleur outrageuse en ayant l’esprit tranquille. Soupirant de soulagement lorsqu’elle entendit la voix chantante du référent des Voltali s’éloigner, elle estima qu’elle n’était plus en danger et sortit de sa cachette.
« Oh, Miss Carter… » murmura une voix derrière elle qui la fit sursauter violemment, manquant de projeter le pauvre Lem à plusieurs mètres devant elle. Elle parvint cependant à rattraper son Statitik avant qu’il ne soit hors de sa portée en claquant ses deux mains, avec peut-être un peu trop de force pour que ce pauvre insecte s’en sorte indemne. Couinant comme Sophie la Girafe, la tique fut mise K.O sur le coup et Cleve la rappela dans sa Pokéball après s’être copieusement excusée. Elle se tourna ensuite vers la jeune femme aux longs cheveux ondulés qui se tenait devant elle avec un… couteau de cuisine à la main.
« Bonjour Madame. » répondit prudemment Cleve sans quitter l’arme blanche des yeux. Pep’ qui était planqué dans un coin plus lointain s’approcha de sa dresseuse en se dandinant, toute « menace Heartnettienne » étant apparemment écartée. L’air jovial de Melty Pott et son entrain à balancer son couteau en faisant de grands moulinets ne disait cependant rien qui vaille à la Pokémécanicienne, et elle avait l’impression d’avoir échappé à Charybde pour tomber face à Scylla. Hochant la tête d’un air approbateur, la charmante référente des Mentalis arrêta de jouer avec son couteau et posa ses mains sur ses hanches. « Hm dis-moi jeune fille, nous aurions besoin d’envoyer quelqu’un sur une mission, mais mes filles sont toutes devant leur feuilleton préféré aujourd’hui, impossible de mettre le couteau heu… la main sur l’une d’entre elle. Tu n’as probablement rien à faire, non ? Tu peux y aller ? » demanda-t-elle en exaltant des odeurs sucrées de gâteaux appétissants qui firent saliver Pep’.
« Eh bien… » commença Cleve avec la ferme intention de dire qu’elle devait faire du bricolage.
« Tu peux ? » ajouta Melty avec un grand sourire, tout en recommençant à jouer avec son couteau. La lame passa à deux centimètres du crâne de Peppéroni et la rouquine déglutit. « Oui. » couina-t-elle de façon presque inaudible, tandis que, toute guillerette, Melty lui mettait dans les mains sa feuille de route.
***
Encore une fois, elle s’était faite avoir comme une bleue. Quand est-ce qu’elle apprendrait qu’il valait mieux rester dans son dortoir en feignant d’être morte les jours où il n’y avait pas cours ? Missions, missions, missions. Les profs n’avaient que ce mot là à la bouche ou quoi ?! Agacée de devoir encore se taper une journée loin de ses bricolages et de ses boulons, Clevie donna un coup de pied dans une poubelle publique et s’explosa le petit orteil sur le rebord. Insultant copieusement la pauvre poubelle en sautillant sur place pour faire passer la douleur, la Givrali parvint enfin à l’endroit où on lui avait dit de retrouver son collègue d’un jour. Elle ne savait pas qui serait de la partie, mais elle espérait que l’entente serait possible ; cas contraire, son camarade risquait de passer une très mauvaise journée parce que la douce Cleve Carter n’était pas du tout de bonne humeur.
A peine arrivée et déjà une odeur insoutenable lui chatouillait les narines. Grimaçant en pinçant son nez, la Scientifique regarda Pep’ à ses côtés qui semblait aussi dégoûté qu’elle par les relents. Un mélange de vieux choux avarié et d’œuf pourri peut-être. D’où cela pouvait-il provenir ? Elle savait qu’elle devait nettoyer une plage, mais elle s’était attendu à devoir ramasser quelques déchets, pas à devoir laver des fosses septiques. Des Tadmorv et des Goelise seraient éventuellement de la partie, d’après les notes griffonnées par la main de Melty, mais une tâche due à la chute d’un gâteau ne lui avaient pas permis de tout déchiffrer comme il le fallait. Que devaient-ils faire à ces Pokémon sauvages ? Il était plutôt évident qu’il leur faudrait débarrasser les Tadmorv du plancher, car ils polluaient les espaces publics comme des hippies drogués du dimanche matin. Mais des Goelise ? Il y avait forcément des mouettes aux alentours des plages, c’était totalement normal, non ?
Haussant les épaules, Cleve s’approcha un peu plus du point de rassemblement et vit un garçon aux cheveux rouges-orangés s’avancer vers la masse de gens. Vu son âge et les Pokémon qu’il trimbalait sur lui, la Pokémécanicienne en déduisit qu’il était certainement de l’académie tout comme elle. Il semblait cependant encore plus paumé qu’elle, et les griffes d’une vieille femme se refermèrent rapidement sur son épaule. De là où elle était, Cleve vit le pauvre garçon se faire expédier vers l’avant de la même façon que Lem avait volé plus tôt dans la journée, et elle pressa le pas. Elle parvint à sa hauteur pile au moment où les habitants de l’île venus les accueillir commençaient à s’en prendre à lui, et observa quelques secondes le visage de Nathaniel, pétrifié.
« Excusez-moi… » intervint-elle en se positionnant entre le rouquin et les autres gens qui semblaient plutôt remontés. « Je suis Cleve Carter, de la Pokémon Community. Je suis chargée de venir nettoyer cette plage, et je vais prendre les choses en main à partir de maintenant. Vous pouvez retourner vous reposer dans les espaces qui sont un peu plus viables, nous nous chargerons de tout. » poursuivit-elle avec politesse et diplomatie, en esquissant son sourire le plus commercial.
Les vieux, ça la connaissait. Elle avait beau avoir une peur panique devant les gens de son âge, il n’empêche qu’elle venait d’Ecorcia. Et si Ecorcia n’était pas le patelin perdu des vieux, eh bien moi je m’appelle Gertrude ! Elle savait comment s’y prendre avec ces gens-là, et elle continua de sourire comme une adorable gamine qui vient de rapporter un 20/20 à la maison.
« Au moins celle-ci elle sait ce qu’il faut faire. » marmonna un vieillard en lançant un regard de mépris à Nathaniel.
« Oh, comme elle est mignonne ! » ronronna la bonne femme qui avait cru que le Phyllali était un frisbee bon marché.
Puis, progressivement, ils quittèrent tous les lieux en allant s’installer à la terrasse du bar du coin, sans doute pour surveiller du coin de l’œil que les deux étudiants faisaient bien leur travail. Cleve soupira et constata le désastre autour d’elle ; une eau aussi boueuse que le fond d’une cuvette de toilette après une gastro bien carabinée, des Goelise qui semaient la pagaille en bombardant de charmants colis sur les touristes qui essayaient vainement de se faire bronzer, et toute une floppée de mini-Princesse en train de former ce qui s’apparentait à la plus grosse jell-o du monde. L’odeur était au rendez-vous, et la rousse se demanda comment ils allaient bien pouvoir faire pour remettre de l’ordre dans tout ça en une malheureuse petite journée. Mais pour le moment, elle avait des choses plus importantes à régler. Se tournant vers son camarade, elle lui tendit une main en lui adressant un grand sourire : « Salut, je suis Cleve Carter. Et toi ? Je crois qu’on va devoir faire équipe aujourd’hui, alors autant bien s’entendre, hein ? »
Elle posa ses yeux mordorés sur le Pijako de Nathaniel, puis glissa le regard vers… la minuscule Arakdo qui avait levé une patte vers elle comme si elle essayait de la saluer. Derrière les deux mèches qui encadraient son visage, Lem’ sortit et salua à son tour son camarade insecte, mais déjà, Cleve avait viré couleur blanc de linge. Se reculant de plusieurs pas sous le regard perplexe de Peppéroni, elle ouvrit la bouche deux ou trois fois comme un Magicarpe hors de l’eau, puis s’écria d’une voix éraillée : « I-i-i-i-i-i-i-i-ih… U-u-u-u-u-n… u-u-u-u-u-un insecteeeeee ! AHHHHHHHHHHHH »
Si elle avait été maître de ses membres à ce moment-là, elle aurait sans doute fui le plus loin possible de cette abomination, mais elle restait comme tétanisée, son visage figé dans une expression horrifiée. Cleve Carter avait une peur panique des insectes. Et cette mission s’annonçait difficile !
Nathaniel balbutiait sans réussir à sortir une phrase cohérente, malgré tout Odette ne perdant pas son courage, prête à affronter le monde s'il le fallait pour le nettoyer de sa crasse, continuait de fixer du regard les dizaines de flaques violettes en attendant des consignes. Lorsque que quelque chose d'inhabituel survint du côté des spectateurs du troisième âge, le jeune homme y consacra tout de suite toute son attention comme dans l'espoir d'un miracle. Il aperçut une jeune fille de sa tranche d'âge avec de longs cheveux qui semblait prendre les choses en main réussissant même à faire fuir la bande de voyeurs.
La demoiselle semblait suffisamment sûre d'elle pour rassurer le jeune homme dont la paralysie semblait s'envoler. Avec élégance et dynamise elle vint le rejoindre évitant avec un naturel sans pareil les différents obstacles crasseux qui séparaient Nathaniel de extrémité de la plage. Ne laissant transparaître aucune expression si ce n'est un léger sentiment de soulagement, le rouquin analysa les différents Pokémon qui accompagnait l'élève. Une sorte d'acarien jaunâtre avait pris possession de l'espace capillaire de la rouquine, comme installé sur son trône qui l'aurait sûrement camouflé si la teinte de ses poils ne contrastaient pas autant avec son habitacle. Ses petits yeux bleus troublaient les sentiments du Phyllali à son égard, hésitant entre petite bestiole vicieuse et adorable peluche. Beaucoup plus imposant – entre l'animal minuscule et le dinosaure gigantesque on pouvait dire qu'elle ne faisait pas dans la demi-mesure – se tenait à côté d'elle un Lokhlass splendide. Autant la première fois qu'il en avait croisé un, le Pokémon du fameux queue-de-cheval rencontré au Mausolée de Cobaba, ça lui avait semblé impressionnant et presque divin, autant ce goût de déjà-vu faisait perdre beaucoup de sa majesté au Pokémon marin qui était visiblement donné allègrement par le Collectionneur. Et donc entre ces deux bêtes il y avait la jeune fille, un OVNI à en croire tous les câbles qui sortaient de ses poches, peut-être n'était-elle même pas humaine ? S'il s'agissait d'une androïde elle était vachement réussie, mais le jeune homme garderait ses questions pour plus tard il y avait plus urgent, il éviterait simplement tout contact trop rapprochés.
Mouche ne daigna pas sortir son bec de son aile et se contenta de hurler un « J'sais pas ! » agacé en réponse à la présentation de la fameuse Cleve-Carter-avec-qui-elle-croyait-qu'ils-allaient-devoir-faire-équipe, charmant programme ! Faire équipe avec une Androïde, les robots prennent le dessus, pour le moment ils se considèrent comme des égaux et bientôt leur soif de supériorité prendrait le dessus. Nathaniel restait méfiant et semblait partager ce sentiment avec Mouche toujours très réticent à la nouveauté. Odette quant à elle n'avait pas ce soucis et salua d'une gracieuse révérence la dresseuse qui se tenait là. Sa réponse fut pour le moins surprenante pour quelqu'un se trimbalant avec un insecte jaune sur le crâne... Ou bien ce dernier était clandestin et Nathaniel devrait la prévenir de ce squattage délibéré. L'espèce de gémissement qu'elle lâcha était des plus désagréables et le Phyllali ne put s'empêcher de souffler d'agacement. Comme s'ils n'avaient pas suffisamment de problèmes. Odette prit la réaction de la jeune fille très à cœur et alla se cacher dans le t-shirt de son dresseur pleurant de chaudes larmes qui tremperaient bientôt complètement le corps du gringalet.
Enchanté je m'appelle Nathaniel mais tu peux m'appeler comme tu veux... Je te ferai remarquer, ID : Cleve Carter, que ce n'est pas très poli de ta part d'insulter un Pokémon aussi adorable qu'Odette qui en plus était en train de te saluer. Et si c'est un problème d'insecte je te ferai remarquer que tu en as un dans les cheveux... Et depuis quand les choses comme toi ont des phobies ?
Nathaniel sortit Odette de sa cachette et essuya ses petits yeux. Il lui murmura quelques méchancetés à l'adresse de Cleve qui lui redonnèrent le sourire et lui fit adresser son regard le plus hautain à la demoiselle, un regard digne de Mouche qui rejoignit sa camarade dans son dédain. Nathaniel perplexe scruta la plage, ou du moins ce qu'il en restait, ils devaient apparemment faire équipe mais quel était le but au juste ? Nettoyer les lieux ? Ça lui semblait tellement impossible. Il se retourna vers sa nouvelle équipière dans le but d'éclaircir les choses.
Professeur Roseverte m'a demandé de venir ici... mais j'avoue ne pas connaître les détails, il ne m'a pas donné de fiches ou envoyé de messages comme il m'avait promis. Les cours n'ont même pas commencé et je me retrouve envoyé par l'académie pour... que...quoi ?
Matière non-identifiée sur l'épaule droite... Elle vient du ciel. Il leva les yeux pour s'offrir le plus beau panorama de derrière de mouettes. D'autres se mirent à accompagner la première et vinrent s'échouer tout autour du jeune homme. C'était la fin du monde, leur ciel leur tombait sur la tête. Il lâcha un cri strident qui hérissa tout le plumage de son jacquot. Ce dernier, resté plutôt calme depuis le début de l'opération, changea complètement d'attitude en voyant ses belles plumes multicolores recouvertes du fameux liquide qui donnerait presque la préférence à des Tadmorv. Laissant rugir sa colère, il déploya d'un coup sec ses ailes qui vinrent frapper le visage de Nathaniel et s'élança pour commencer l'offensive. Odette dans l'espoir de s'éloigner le plus possible de l'horrible sorcière sauta sur le dos de son compagnon et les deux Pokémon s'élevèrent pour se venger de l'affront des volatiles intempestifs.
Le jeune homme sonné par le coup de son starter mit quelques secondes avant de comprendre ce qui venait de se produire. Il leva à nouveau les yeux au ciel pour observer le combat aérien qui faisait rage. Y avait des bulles, y avait des cris, y avait des coups de bec, la recette parfaite d'un bon nanar. Mouche s'évertuait à hurler le plus fort possible et Odette attaquait de son écume les piafs désorientés. Quel beau travail d'équipe ! Mais Nathaniel du s'éloigner de quelques pas en arrière pour éviter un énième projectile. Bien évidemment la chute en terre inconnue était propice aux plus belles rencontres. Il se retrouva les mains plongées dans de la vase violette. Tournant son regard vers celui du propriétaire de cette magnifique substance organique, il dut attendre quelques secondes la réaction du Grotadmorv qui, après que l'information lui soit montée au cerveau, se mit à hurler de rage recouvrant par la même le visage du rouquin de toutes sortes de déchets qu'il avait ingurgité. Évitant de justesse une attaque Coup d'Boue du bestiau, il se redressa pour aller se cacher derrière l'énorme corps du dinosaure aquatique qui accompagnait la jeune fille.
Tu as besoin d'aide mon chou ?
La voix provenait du sac du dresseur qui n'était pas encore très habitué. Il enfila sa montre Capstick et se redressa tentant tant bien que mal de retrouver sa fierté après cet enchaînement de gaffes. Le timbre éraillé et féminin du logiciel répéta sa phrase laissant Nathaniel dans l'incapacité de répondre sans une voix tremblant autant que ses genoux qui ne cessaient plus de s'entrechoquer.
Je... pas de suite... Je pense pas que... que Mouche et Odette... s'y prennent correctement...
Plus que jamais investis dans leur rôle de défenseurs de la nature, les deux Pokémon lâchaient des grands cris de guerre tout en voltigeant dans le ciel sans pour autant réussir à dépeupler l'espace aérien de ses occupants indésirables. Des « J'sais pas !! » tonitruants résonnaient entre les hurlements du piaf et les « Go GO – Lise Lise - é - é » des adversaires. Nathaniel qui n'avait plus aucun repère se mit à s'essuyer les mains sur la nageoire du Lokhlass qui risquait de ne pas trop apprécier l'impertinence.
La panique qui faisait tinter ses cordes vocales et lui donnaient l’air d’un Magicarpe hors de l’eau n’était pas prête de s’évaporer. Par crainte ou par compassion cependant, l’Arakdo alla se réfugier dans les vêtements de son dresseur, se cachant un peu aux yeux de Cleve. Cependant, ce n’était pas parce qu’elle ne voyait plus l’insecte que sa peur s’était envolée. Il lui suffisait de savoir qu’elle était là pour avoir envie de grimper dans un arbre ou d’aller se noyer dans la mer. Voir un insecte était déjà assez insoutenable pour elle. Mais ne plus le voir, ça, c’était pire que tout. Qui donc pouvait vous assurer que ce perfide être minuscule n’était pas en train de grimper sur vos jambes nues, prête à surgir au moment où vous vous y attendiez le moins ? La rousse n’y pouvait rien. Elle avait la phobie des insectes, même s’il s’agissait uniquement des petits. Et bien que jolie aux yeux de beaucoup, l’Arakdo ne faisait pas exception et apparaissait comme un monstre difforme et potentiellement très dangereux aux yeux de la jeune Pokémécanicienne. Pour un peu, la Givrali se serait jetée sur Nathaniel pour lui arracher son haut et exploser à coup de claquettes bien placées l’effrayant insectenon non Ama je rigole, ne sois pas jaloux. Cependant, ils avaient une Mission à accomplir, et vu le travail qu’il y avait à faire, Cleve aurait besoin de ce rouquin et –soupir- de ses Pokémon. Elle ne pouvait décemment pas envoyer le Pokémon de son camarade dans le centre Pokémon le plus proche juste parce qu’il était petit, et dégoûtant, et perfide, et purement maléfique, et sûrement très très dangereux. Yeurk.
Elle avait cependant besoin de s’entendre avec celui qui venait de se présenter sous le nom de Nathaniel. Il l’appela d’ailleurs « ID Cleve Carter » et la rousse l’observa d’un air poliment perplexe. Etait-ce une manie de ce garçon d’appeler les gens en mettant « ID » devant leurs noms ? La suite la fit cependant toussoter, et elle failli ouvrir la bouche pour signifier à ce jeune gringalet qu’appeler les gens des « choses comme toi » n’était pas non plus le comble de la politesse. Mais elle devait se calmer. Elle devait parvenir à s’entendre avec lui parce qu’ils allaient devoir se supporter toute la journée. Même si elle était particulièrement contrariée d’avoir étémenacéedépêchée par Melty Potts pour venir effectuer cette mission. Même si elle était totalement répugnée de devoir se trouver à quelques mètres à peine d’un affreux –bien que minuscule- insecte. Même si la façon de lui faire la morale de ce garçon alors qu’il s’adressait à elle comme à un objet la faisait presque sortir de ses gonds. Même s’il avait l’air d’être un incapable un peu gauche et d’avoir le Q.I d’une poule. Bon ok. Elle ne le supportait déjà pas et elle rêvait de lui décocher une flèche entre les deux yeuxSTRIIIKE, mais elle se contenta d’afficher une mine neutre et de répondre sur un ton sec.
« Je ne suis pas une chose. Et les gens ont parfois des phobies, c’est normal. Et moi je déteste les insectes, surtout les petits. Alors désolée, ce n’est pas contre ton… Odette ou je ne sais quoi, mais je ne les aime pas, c’est tout. » répliqua-t-elle en croisant les bras, tandis que Lem la regardait de ses petits yeux bleus avant d’adopter la même position et de toiser ses interlocuteurs avec le même dédain qu’eux à leurs égards. « Alors je te conseille de ne pas t’approcher trop près de moi si tu ne veux pas que je l’écrase dans un élan de panique. Tu ne me croiras peut-être pas, mais je ne veux pas lui faire de mal. Alors il vaudrait mieux qu’elle reste à cette distance au moins. » poursuivit-t-elle en indiquant les 3 mètres qui séparaient les deux étudiants –et encore, elle faisait d’énormes efforts, là-. « Quant à Lem… » ajouta-t-elle finalement en regardant brièvement sa tique électrique. « Je ne m’étais juste pas rendue compte que c’en était un, vu qu’il n’arrêtait pas de bouger partout. Enfin en tout cas maintenant j’y suis habituée, mais c’est bien le seul que je peux accepter dans mon espace vital. »
Le dénommé Nathaniel lui indiqua ensuite que c’était Roseverte qui l’avait envoyé là, mais qu’il n’avait aucune idée de ce qu’ils devaient faire. Cleve retint un soupir. Non seulement ce gosse n’avait pas l’air d’être très éveillé, mais en plus il ne savait pas du tout le travail qu’ils devaient accomplir ! Et pire que tout, il avait un INSECTE dans son t-shirt. La rouquine frissonna et recula de nouveau d’un pas lorsque Nathaniel se déplaça dans sa direction –sûrement inconsciemment-. Jugeant tout de même qu’il était peut-être aussi paumé qu’elle à son arrivée dans l’académie, elle décida de faire preuve de patience et de tout lui expliquer dans les détails lorsqu’un projectile non identifié atterrit dans un « Sploootch » désagréable sur l’épaule du Phyllali. Ils regardèrent tous deux la substance blanchâtre sur les vêtements du garçon, et Cleve leva les yeux au ciel. D’innombrables Goelise avaient investis les lieux, et la Scientifique jura entre ses dents en reculant de plusieurs pas pour éviter les balles. En plus de temps qu’il n’en fallait pour dire « Lophotrochozoaire », la plage était devenue un véritable champ de mines anti personnelles et Cleve dégaina un parapluie qu’elle avait dans son sac à dos pour se protéger du gros des colis piégés qu’on leur bombardait allègrement dessus. Les déjections vinrent s’écraser contre la membrane de tissu de son bouclier de fortune, et elle chercha Nathaniel du regard pour lui dire de venir se réfugier auprès d’elle ; car malgré leurs débuts houleux, Cleve restait une gentille fille qui n’allait pas laisser ses pairs dans la… merde, c’est le cas de le dire.
Le garçon était cependant en train de s’embourber dans un Grotadmorv tandis que l’Arakdo –dieu merci- était montée sur le dos du Pijako tel un preux chevalier, livrant une véritable bataille aérienne contre les Goelise. Cleve jura une nouvelle fois, trouvant qu’il s’agissait d’une très mauvaise idée, mais sa répulsion des insectes ne lui dicta pas de tout risquer pour sauver la pauvre araignée aquatique. Lem, logé dans sa nuque, s’accrochait du mieux qu’il pouvait aux cheveux de sa dresseuse pour ne pas finir désarçonné, tandis que cette dernière cherchait une solution pour se sortir de ce pétrin-là. Autour d’eux, les touristes curieux étaient revenus observer la scène –restant cependant bien à l’abri hors du champ de bataille- et commençaient à huer les deux étudiants en leur disant de s’y prendre comme ci ou comme ça. La rouquine leur décocha un regard incendiaire et dû se retenir pour ne pas leur envoyer un Tadmorv à la figure. Au bout de quelques secondes, Nathaniel était revenu vers elle et s’essuyait les mains contre la nageoire de Pep’, chose qui déplut particulièrement au colosse aquatique qui lui donna une baffe mémorable –s’essuyant à son tour sur la joue droite du garçon-.
« Oh là là… » grinça Cleve entre ses dents tandis que tout autour d’elle n’était qu’un capharnaüm chaotique sans nom.
Sortant la Pokéball de Curl de sa ceinture, Cleve la jeta devant elle et ordonna à son Psystigri d’établir un champ de force autour d’eux pour les protéger des déjections. Les oreilles duveteuses du chat se relevèrent, et il lança une puissante attaque Rafale Psy qui tint en respect les colis du ciel, comme s’ils étaient emprisonnés sous une bulle protectrice. La rousse en profita pour se diriger vers Nathaniel et l’aider à se relever, en lui faisant signe de la rejoindre sous le parapluie.
« Viens là. Rien de cassé ? J’ai un plan pour les éloigner, mais il faut que tu dises à tes Pokémon de s’écarter. » le pressa-t-elle en prenant Lem sur son doigt et en le déposant sur le crâne de Pep’.
Sans attendre sa réponse, elle se tourna vers Pep’ et Lem qui attendaient les instructions. Par chance ou par intervention de leur dresseur, Odette et Mouche se dévièrent un instant de la trajectoire de Cleve, et celle-ci ordonna son assaut.
« Pep’ ! Attaque Pistolet à eau sur les Goelise ! Lem, Cage Eclair ! »
D’innombrables arcs d’eau s’étirèrent du sol jusqu’au ciel, aspergeant généreusement les Goelise. L’attaque ne leur fit cependant pas bien de mal, mais la Scientifique n’en avait cure ; ce n’était pas pour ça qu’elle avait fait attaquer son Lokhlass. Dans le même instant, son Statitik se mis à luire d’un éclat orangé, et des étincelles électriques s’élevèrent de la base des jets d’eau. Remontant le courant jusqu’aux mouettes, ils firent tous mouche et dans une cacophonie de cris étranglés, les Goelise tombèrent tous sur la plage dans des bruits secs. Ils n’étaient pas assommés, mais leur mobilité était réduite, ce qui donna l’occasion à Cleve d’éloigner Nathaniel de ce carnage en l’attrapant par le bras. Elle le guida pour qu’ils évitent les Tadmorv au sol, mais ce n’était qu’un court répit qui s’offrait à eux. A présent que les pas des deux humains les excitaient, les horribles pourritures s’étaient mises à les prendre en chasse, dégueulant au passage leur masse gluante et visqueuse. Cleve posa le pied sur l’un d’entre eux, étouffa un cri dégouté puis se dégagea tandis que Pep’ avait le plus grand mal à évoluer dans ce marécage de Pokémon, s’empêtrant à chaque coup de nageoire. Ils parvinrent cependant à grimper sur un banc de bois, restant momentanément hors d’atteinte des Tadmorv sauvages ; mais ce n’était que quelques courtes minutes de tranquillité avant que ces horreurs ne se rendent compte qu’il leur suffisait de grimper également.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Cleve à Nathaniel. « Comment pouvons-nous débarrasser les Tadmorv de la plage ? Il y a forcément une raison à ça, normalement ils restent auprès de la grosse déchetterie qu’il y a plus loin par là-bas. Pourquoi se sont-ils éloignés ? Et pourquoi il y a autant de Goelise ? »
Autant de questions sans réponses, et la rousse se mordit l’index. Comment inciter les Tadmorv à retourner dans leur déchetterie ? Pourquoi les Goelise étaient-ils si enclins à foutre le souk sur la plage ? Normalement, il n’y en avait que peu dans les environs. Ils se contentaient de pêcher les Pokémon poissons qu’ils pouvaient trouver dans la mer. Existait-il une source de nourriture qui les attirait par-là ? Cleve n’en savait rien, mais pour le moment, ils devaient plutôt trouver un moyen d’éviter que ces atrocités ne grimpent sur leurs jambes et les engloutissent…
Elle n'était pas une « chose » ? Elle jouait un peu sur les mots tout de même et elle était fichtrement mal programmée pour avoir une phobie des insectes. Au moins elle avait eu la délicatesse de préciser qu'elle ne lui voulait pas de mal et Nathaniel s'y était peut être mal pris en répondant de la sorte, dans le peu de films qu'il avait vu sur les robots, la morale était quand même souvent de ne pas les énerver. Visiblement tout ce que la petite Odette avait à faire pour ne pas s'attirer de problème c'était de se déplacer à la même vitesse qu'un Statitik et ce n'était pas gagné. Autant elle pouvait l'emporter sur les pirouettes, autant à la course elle se ferait cramer.
Mais tout cela n'enlevait rien à la suite de catastrophe qui venaient d'arriver à Nate, les mains encore toutes visqueuses, il reçut un coup de la part du mastodonte qui le sonna complètement. Les bruits extérieurs n'étaient alors qu'un énorme brouhaha, sa vision était floue et ses membres tremblaient. Évidemment le coup le projeta pour le faire se rapprocher un peu plus des assaillants violets. Tournant son regard perdu vers Cleve, il perçut un mouvement de lèvres et acquiesça d'un hochement de tête sans vraiment savoir à quoi. Elle l'aida à se relever et il se laissa tirer sous le parapluie de la jeune fille. La petite bestiole jaune grimpa sur la tête du mammifère et ils s'associèrent pour effectuer un combo éléctrico-aquatique qui manqua de peu les deux Pokémon du rouquin. Mais ce dernier était toujours trop sonné pour s'en apercevoir.
Voyant les animaux tomber un à un à ses pieds, il était fasciné par la performance de l'équipe. Il commença à applaudir mais le bruit résonnait tellement dans sa tête qu'il dut arrêter tentant au mieux de retrouver ses esprits. Le dernier Lokhlass qu'il avait rencontré était tout de même plus amical même s'il n'avait pas essayer de s'essuyer sur lui. Une fois de plus il fut tiré par Cleve qui fit slalomer son corps gringalet entre les bestioles. Elle le fit grimper sur un banc et c'est là qu'il commença à retrouver ses esprits. Il commença par jeter un regard noir au gros Pokémon avant de s'adresser à la demoiselle pour la remercier.
C'est gentil de m'avoir aidé, tu es sûrement programmée pour aider les humains plus que pour aimer les insectes, je ne peux pas t'en vouloir.
Mais la panique prit place alors que la scène s'apparentait de plus en plus à un film d'horreur. Les rampants tendaient leur petits bras pour essayer d'attraper les pieds des deux élèves, mais depuis quand les Tadmorv font ça ? Cleve posaient les bonnes questions, pourquoi squattaient-ils la plage alors que la déchetterie leur était grand ouverte. Seulement Nathaniel était bien incapable d'y répondre et la réflexion fit son chemin dans son petit crâne creux... Ce n'était pas à lui qu'il fallait poser les questions mais bien aux Tadmorv eux-mêmes. Son Capstick était capable de calmer les Pokémon et n'avaient pas toujours un objectif de capture, en avoir un sous ses ordres ne lui servirait à rien, en avoir un pour lui expliquer la situation beaucoup plus. Mais vu le troupeau qui s'était rassemblé autour du banc, il ne pourrait jamais réussir à moins d'en isoler un ou de les concentrer sur un autre objectif afin qu'ils ne puissent pas s'opposer à sa toupie... Bingo !
J'ai une idée ! C'est un peu orthophoniste mais ça devrait marcher ! Euh... orthodoxe...
Il retira une de ses chaussures qu'il déposa soigneusement sur le banc. Il prit alors sa chaussette qu'il fit sentir aux Tadmorv les plus proches -mmmm la bonne odeur, il faut dire que l'hygiène du rouquin n'est pas idéale- et la balança à quelques mètres. Deux d'entre eux s'y dirigèrent et il entreprit la capture. Il tendit son bras et la petite toupie s'élança au niveau des deux Pokémon et fit quelques cercles autour d'eux guidés par les mouvements de bras de Nate. Trop occupés à respirer la chaussette et sûrement à la dévorer... les deux Pokémon se laissèrent faire et leur expression changea du tout au tout une fois la toupie revenue au poignet du garçon.
Et bien je ne sais pas ce que tu vas faire avec ces deux-là mais en tout cas ils t'écoutent. Incapables de connaître la moindre capacité spéciale, bref des bons à rien. Bonne chance mon chou !
C'est vrai qu'il n'était pas prêt de faire appel à eux par la suite. La tentative de communication allait débuter, associant des grand gestes gauches à ses paroles, le rouquin leur demanda pourquoi ils étaient là sans grand succès. Ses Pokémon réussiraient sûrement mieux l'exercice. Il scruta les environs pour tenter de les trouver et les aperçut en train de voler au-dessus des vieux spectateurs. Mouche n'avait visiblement pas apprécié les critiques qui lui étaient faites pendant son combat aérien épique et décida de prendre exemple sur les Goélise en déposant à son tour des « cadeaux » confectionnés par ses soins. Odette semblait ne pas vraiment approuver la chose et faisait des grands gestes de pattes à Nathaniel pour l'inviter à rappeler son jacquot.
MOUCHE !!! Reviens on a besoin de toi !
J'sais pas...
Voyant la malheureuse position des deux élèves, il hésita un instant avant de les rejoindre mais sous l'impulsion de l'Arakdo il revint près de son dresseur. Odette sauta dès qu'elle en eut l'occasion faisant attention d'atterrir sur l'épaule du côté opposé à la phobique. Les grommellements des deux Tadmorv alliés ne semblaient pas faire écho à Mouche qui abandonna rapidement la tâche en se posant à son tour sur le banc sans faire plus d'efforts que ça.
Je ne sais pas quoi faire, ils essayent de nous expliquer mais je ne comprends rien... Oh il est à toi ce minet ? J'l'avais pas remarqué... Et sinon, tu as été conçue quand ? Quitte à être bloqués ici autant taper la causette !
Effectivement, Nathaniel n'avait pas remarqué l'arrivée du Psystigri qui lui avait évité pas mal de défections précédemment. Dans une véritable optique d'apaiser les choses, il adressa son plus grand sourire à la jeune fille. Pendant ce temps les deux bestioles visqueuses faisaient de grands gestes avec leurs petits bras pour essayer de se rendre compréhensibles des humains, mais Nate n'étant pas une flèche il n'en décryptait pas un seul. L'un d'eux semblait avoir un bout de chaussette à moitié avalé au bord des « lèvres » ce qui rappela au garçon de renfiler sa chaussure.
Décidemment, cette académie allait vraiment la mettre sur les rotules. Hier encore, une horde de Wattouat carnivores. Et aujourd’hui, une horde de Tadmorv gluants et aux airs particulièrement affectueux. Mes aïeux ! Qu’avait-elle fait pour se payer une telle veine ? La roue tourne tournera, comme dirait un cher philosophe de notre époque ? Hum non, je me suis trompée de script. BREF. Cleve était actuellement en train de tenir en équilibre sur un banc, les pieds en pointe pour être le plus haut possible, priant le seigneur pour qu’on lui envoie un signe…. ou un hélicoptère. C’était bien les hélicoptères. Ça vous permettait de vous tirer des situations les plus désespérées d’un coup d’échelle en cordes lancée par la fenêtre. Mais là, pas de divine intervention, ni de choses volantes assez solides pour les transporter tous –pas sûr que le Mouche de Nathaniel aurait pu les porter sur son dos-. Rien que des immondices gluantes et violettes qui tentaient de vous attraper les pieds. Cleve eut un haut le cœur et elle s’agrippa au bras du Phyllali. Celui-ci la remercia d’ailleurs de son aide, et la rousse eut un air perplexe en entendant sa diatribe. Programmée ? Aider les humains ? Mais ma parole, ce garçon croyait-il qu’elle pouvait être un… non, c’était trop gros pour être vrai. Mais avec tous les indices qu’il lui donnait depuis le départ, il ne pouvait y avoir de doute permis.
« Qu’est-ce que tu crois que je suis, au juste… ? » finit-elle par demander, la question lui brûlant les lèvres. Ce garçon voyait-il le genre féminin comme des extra-terrestres ? Ou des robots ? Cleve n’en savait rien, mais apparemment, il ne la considérait pas comme une humaine au même titre que lui. Bizarre comme gosse… Et sa façon de s’exprimer l’était encore plus. Orthophoniste ? Etait-ce une tactique que la Scientifique ne connaissait pas encore ? Elle dû réprimer un magistral face palm lorsqu’il se reprit sur le mot, et haussa les épaules pour lui signifier qu’il n’avait qu’à faire ce dont il avait envie. Ni une ni deux, le Ranger avait ôté ses chaussures pour prendre à pleine main… une de ses chaussettes ?! Cleve fronça le nez en même temps qu’une odeur infecte lui arrivait jusqu’aux narines ; entre ça et la puanteur des Tadmorv, elle n’aurait su dire ce qui était le pire. Par chance, Nathaniel la balança au loin –ce qui permit à Cleve de reprendre ses esprits-, et elle regarda mi fascinée mi dégoûtée, deux Tadmorv se diriger vers ce package pour le moins inhabituel.
Levant le bras, Nathaniel envoya alors la toupie de son Capstick tournoyer autour des deux Pokémon sauvages, ce qui lui permis d’effectuer une « capture temporaire ». Cleve était plutôt impressionnée par ce joujou qu’elle ne possédait pas encore, mais qu’elle comptait bien acquérir lorsqu’elle pourrait choisir Ranger comme seconde spécialité. A présent, les deux Tadmorv étaient sous leur contrôle. Mais que faire ? Cleve ne comprenait pas vraiment le plan de son camarade de mission, et elle attendit qu’il se décide à continuer, avant de se rendre compte… qu’il n’y avait pas vraiment de plan. Perplexe, la rousse regarda le jeune garçon faire de grands gestes. Etait-ce une danse obscure et mythique dont les Rangers avaient le secret et qui permettaient de communiquer avec leurs « captures » ? Peppéroni souffla par les narines. Apparemment non.
« Qu’est-ce que tu essayes de… » commença Cleve avant de se boucher les oreilles lorsque Nathaniel vociféra le nom de son Pijako. Non sans un petit instant d’hésitation –car il fallait dire qu’il était bien occupé à larguer tout son mépris sur les touristes-, Mouche revint vers eux et l’Arakdo atterrit sur l’épaule de son maître. La rouquine vira au blanc de linge et s’éloigna tout au bout du banc avec une expression apeurée sur le visage, mais ils étaient dans une situation trop critique pour qu’elle ne descende du banc. La tentative du Phyllali fut vouée à l’échec, et il commença à taper la discussion, l’air de rien. Cleve voulu lui hurler aux oreilles que ce n’était PAS DU TOUT le bon moment, mais elle fut tellement prise au dépourvu par les questions posées qu’elle en oublia d’être désagréable.
« Heuu oui c’est mon Psystigri. Et sinon ben… quand tu veux dire conçue, tu veux bien parler de ma date de naissance, hein ? Je te dirai il y a une quinzaine d’années, au mois de Septembre… Enfin on n’a pas le temps pour ça ! Il faut qu’on trouve une solution… » marmonna Cleve en se mordillant l’index. « OH et EUX, ils peuvent pas se la boucler un peu ?! » cria-t-elle à l’adresse des touristes furieux qui semblaient avoir beaucoup d’idées pour arranger les choses, mais ne semblaient pas vouloir bouger le moindre petit orteil. « Je m’entends même plus penser… enfin… il faut qu’on parvienne à communiquer avec ces Tadmorv que tu as capturé. Oh mais oui ! »
Elle frappa dans ses mains et sortit son Casque Traducteur. L’allumant d’une pichenette, elle le plaqua sur ses oreilles et regarda fixement les Tadmorv. S’ils obéissaient à Nathaniel, ils seraient sûrement plus enclins à répondre à ses questions que les autres affreux. « Hmm… Excusez-moi braves gluantes bestioles, pouvez-vous me dire ce qui vous amène dans le coin ? » commença-t-elle en leur adressant un sourire crispé. « J’ai entendu dire qu’il y avait une charmante déchetterie non loin de là, ne pourriez-vous pasy retourner et nous foutre la paixvous promener dans ce joli petit coin plutôt que sur cette plage infestée de touristes ? »
Mouais. Comme phrase d’intro il y avait plus catchy, mais disons qu’entourée d’une horde de dégueulis qui n’aspiraient qu’à vous salir les pieds, elle n’était pas très inspirée. Pourtant, les Tadmorv lui répondirent entre deux hoquets baveux.
« Décwhets… icwi… BWEAUCOUP PWLUS… Westaurant. Délicieux… »
Le son grésilla un moment et Cleve tapa sur son casque pour que les parasites s’en aillent. Fichues modifications qui avaient fait détraquer son Casque ! A présent, elle n’entendait plus de « Batavia » -dieu merci, elle était parvenue à réparer ce couac avant de partir en Mission-, mais son logiciel de voix virtuelle adoptait un accent pour le moins… inhabituel. L’air perplexe de Nathaniel à côté d’elle lui rappela qu’elle était la seule à pouvoir entendre ce que les Tadmorv disaient. « Hm. Ils disent qu’il y a ici beaucoup de déchets… ils s’expriment avec un accent bizarre donc je n’ai pas tout compris, mais ça parlait de restaurant… » Mais quel restaurant ? Cleve se concentra un peu plus et vit que les Tadmorv tendaient les pattes/les bras/elle ne savait quoi vers une enseigne de bord de mer. « Aux Quatre Mouettes », indiquait le panneau de bois vermoulu. Les réponses se trouvaient sûrement là-bas !
« Nel ! » déclara-t-elle comme une conquérante –oui, elle venait de rebaptiser Nathaniel-. « Les réponses sont sûrement là-bas, il faut que nous trouvions un moyen d’y aller ! » Chose plutôt facile à dire. Mais à faire ? Il ne fallait pas oublier qu’ils avaient tout un tas de Tadmorv à leurs pieds. Comment se tirer de cette situation ? « A la guerre comme à la guerre, tous les coups sont permis. » marmonna Cleve avant d’ordonner à son Psystigri d’enlever toutes les chaussures des touristes et de les envoyer dans la direction opposée.
Une trentaine de chaussettes qui avaient mariné dans leur jus toute la demi-journée s’élevèrent dans les airs grâce aux pouvoirs psychiques du chat gris et se regroupèrent toutes au même endroit. Attirés par tant d’horreurs, les Tadmorv se détournèrent de Cleve et Nathaniel pour se diriger tels des zombies brainless vers leur nouveau repas.
« ON-SE-CASSE ! » cria Cleve en attrapant Nathaniel par le bras et en le faisant bondir du dossier du banc. Avec un bruit sourd, ils atterrirent –avec plus ou moins de grâce- sur le sable sec et se mirent à détaler vers le dit restaurant –esquivant par la même occasion les canettes de soda envoyées par les touristes déchaussés-. Une roulade plus loin et ils étaient face aux « Quatre Mouettes », restaurant fermé pour le moment vu qu’ils étaient en plein après-midi.
Sans se soucier des règles de bienséance et de politesse, Cleve donna un grand coup dans la porte qui s’ouvrit à la volée comme dans un vieux film de cow-boy. L’endroit était vide et désert, et la rousse hocha la tête. Elle ressortit ensuite en trainant Nathaniel avec elle et fit le tour du restaurant avant de tomber sur…
« Ah-ha ! » cria-t-elle triomphalement avant de plaquer ses mains sur sa bouche pour s’éviter de vomir. Dans l’arrière-cour, une montagne d’aliments non consommés avaient été entreposés là, et étaient en train de pourrir au soleil. Champignons, mousses et autres colonies se développaient comme du lichen sur des tomates noires, des fromages avariés et du pain rassis. Il y avait là de quoi nourrir une région entière, et Cleve recula de quelques pas. Des Tadmorv émergèrent de sous les ordures, semblant trouver l’endroit très à leur goût.
« Tout s’explique ! » s’exclama Cleve. « Les Tadmorv viennent ici parce que c’est encore plus dégueulasse qu’une déchetterie. Dans une déchetterie, il y a surtout des emballages, et quelques épluchures parfois. Mais là, ce sont des aliments entiers qui pourrissent et font leur bonheur ! Ce restaurant aurait sur le dos toutes les organisations d’hygiène et de sécurité sanitaire s’ils avaient vent de cette horreur. Mon dieu, depuis quand jette-t-on autant de nourriture dans son arrière-cour ?! S’ils sont sur la plage c’est que… ils n’ont pas la place de rester tous ici, alors ils investissent les alentours également… »
Cleve se tourna vers Nathaniel avec un air interrogateur. Etait-il de son avis ? Oui mais même si tout ça était vrai… comment feraient-ils pour nettoyer ce dépotoir avant la fin de la journée, et inciter tous les Tadmorv à retourner dans leur déchetterie ?
Il semblait que la demoiselle n'était pas au courant de sa constitution mécanique. A sa question, Nathaniel esquissa un haussement d'épaule, il ne voulait pas être celui qui lui apprendrait sa nature, du moins pas de ses lèvres, il devrait trouver un moyen par la suite pour qu'elle le réalise d'elle-même... Peut-être lui arracher un bras ? La méthode lui sembla tout de même un peu extrême, surtout que s'il y avait une minime chance pour qu'il se trompe et bien... et bien il aurait arraché le bras d'une jeune fille... La démarche ne déplairait sûrement pas à Odette ceci-dit qui dut retenir des larmes en voyant à nouveau le visage de Cleve tourner au blanc malade.
Après moult tentatives de communication avec les Pokémon poison, il abandonna laissant échapper un grand soupir. Cleve répondit à ses questions, présentant son « Psystigri » au dresseur et faisant mine de ne pas comprendre les questions du jeune homme, à moins que sa théorie évoquée précédemment était vraie. Nathaniel n'avait pas idée que quinze ans auparavant les scientifiques créaient déjà des androïdes aussi accomplis.Mais cela expliquait ses phobies et autres défauts, Nathaniel acquiesça en hochant la tête machinalement comme peu convaincu par les dires de la jeune fille.
Elle s'énerva ensuite contre les spectateurs bruyants ce qui fit sourire le garçon qui se trouvait enfin un point commun avec elle outre la teinte capillaire. Peut-être ses cheveux étaient en fait des câbles ? Peut-être qu'à un moment elle allait être en rade de batterie et que Nathaniel devrait lui brancher la tête à une prise. Il visualisa la scène et s'admit à lui-même que la chose était tout de même un peu loufoque. Il n'empêche qu'il encouragea la demoiselle dans sa rage en envoyant à son tour un « OUAAAAAIS... Euh... chuut ... » cri de rage qui perdit en conviction au fur et à mesure qu'il le dit.
Et là, elle eut une idée, le Phyllali imagina très bien la petite ampoule se mettre à clignoter dans son cerveau rempli de fils électriques. Elle sortit alors une sorte de machine... qui fit reculer d'un pas le jeune homme qui manqua de peu de tomber du banc. Il hésita même à appeler au secours les deux Tadmorv qu'il avait capturé, mais visiblement ils faisaient parti du complot. Autant il avait été surpris par l'iPok et son Capstick, autant le casque de la jeune fille lui paraissait être une arme pour assouvir les humains. Il fut rassurer en la voyant se la mettre sur la tête plutôt qu'à la poser sur la sienne. Elle s'adressa aux Tadmorv avec une voix claire et faussement amicale. Ces derniers répondirent par des gestes et des bruits absolument incompréhensible.
Il me semble qu'il a dit « toilette » là, non ?
Nate s'adressait à Mouche et Odette qui levèrent les yeux au ciel désespérés par l'attitude du jeune homme. Il fut très surpris en voyant l'androïde taper sur son arme de destruction massive, il se protégea en plaçant ses bras devant lui comme si le robot pouvait exploser à tout moment. Elle expliqua ensuite leur conversation, elle parle avec les bestioles donc, preuve de plus qu'elle n'est pas humaine. Apparemment ça aurait parlé gastronomie et dressement de table, il n'était pas persuadé que c'était le genre d'informations dont ils avaient besoin mais tant pis.
Mais visiblement, l'idée du restaurant était plutôt bien ancrée dans la tête dans sa tête, l'appelant « Niel », ça ressemblait à Miel et c'est bon le miel..., elle l'invita à se rendre avec elle au restaurant. D'abord le surnom, maintenant le dîner aux chandelles, le jeune homme se mit à penser qu'il s'agissait d'un traquenard pour le forcer au rencard... Roseverte serait dans l'histoire ? Comme elle lâcha ensuite, « tous les coups sont permis », seulement il ne savait pas son cas si désespéré... tenter de le mettre en couple avec un robot c'était culotté !
Cependant l'action héroïque qui suivit lui fit envisager la chose. Elle ordonna à son félin de déchausser tous les touristes pour leur retirer leurs chaussettes et reprendre l'astuce de Nathaniel pour en faire un appât ! Astucieuse, même si l'odeur qui se mit à flotter dans les airs concurrençait aisément celle déjà omniprésente. Le garçon n'était pas plus dérangé que ça mais Odette manqua de s'évanouir. Il leva son bras pour prendre cette dernière entre ses mains mais un beuglement de sa voisine l'en empêchant et il fut tirer – ça deviendrait presque une habitude - dans le but d'aller au restaurant... La coquine...
Alors qu'ils courraient à toute allure sur un sable enfin frais, Mouche annonça d'un « J'saaais paaas ! » tonitruant l'arrivée de nouveaux projectiles. Cette fois ils venaient des spectateurs qui après avoir vu les fientes du jacquot leur tomber dessus venaient de perdre chaussettes et chaussures. À l'image des deux élèves, ils ne risquaient pas non plus d'oublier cette excursion à la plage. Des canettes leur tombaient donc dessus, Mouche les esquivait tel un avion militaire en pleine guerre, Odette avec la grâce de quelques arabesques et le garçon en reçut la plus grande partie dans le dos ou sur les fesses sans parvenir à les esquiver. Arrivé endolori devant le restaurant, il vit sans rien dire la jeune fille défoncer la porte d'un établissement privé, encore une fois son savoir-vivre était possiblement discutable.
Une vision d'horreur parvint à leurs regards innocents de jeunes enfants, un tas énorme de pourriture siégeait comme propriétaire des lieux dans l'arrière-cour, recouvert forcément par un grand nombre de ces Pokémon répugnants qu'ils avaient croisé sur la plage. Le garçon, pas courageux pour un sou, resta dans l'ouverture de la porte afin de se faciliter la fuite au cas où, fermant la porte derrière lui et laissant par la même occasion Cleve comme dessert aux affreuses bêtes... mais ce n'était pas nécessaire... pour le moment.
Nathaniel approuva d'un hochement de tête les hypothèses de Cleve, son nez et sa bouche dissimulés sous sa main, la pression était si forte que la marque d'une claque lui resterait sûrement ensuite. Il resta ensuite sans rien dire pendant quelques secondes avant de comprendre qu'il devait en fait agir... Il jeta un regard vers l'extérieur pour réfléchir sans l'horrible spectacle qu'ils avaient sous les yeux et hurla de toutes ses forces en voyant sous ses yeux deux Tadmorv.
ENNEMIIS A MES PIEEEEDS !!!... Oh mais non ! Ce sont nos deux camarades ! Re bonjour les amis !
Il se tourna à nouveau vers le désastre tout en prenant conscience des deux alliés qu'il avait avec lui. Plein d'idées lui passèrent par la tête, du genre enterrer les ordures ou les jeter à la mère mais elles ne régleraient pas le problème... cela empirerait sûrement les choses même. Ils devraient sûrement finir à la déchetterie pour les y ramener... mais il ne préférait pas y penser pour le moment. Pour réussir ils devront travailler ensemble sinon rien.
Il nous faudrait un sac poubelle assez grand pour transporter tout ça quitte à tous nous mettre à le tirer pour pouvoir le déplacer... J'ai du fil de canne à pêche sur moi... et Mouche pourrait les endormir... Pour le nettoyage, Odette est une professionnelle, entre ses attaques aquatiques et doux parfum elle rendra l'endroit comme neuf après coup, la plage y compris... On a toujours les deux bestioles là avec nous, Tic et Tac, je crois qu'ils ont la faculté de déplacer des choses lourdes.
Je confirme la capacité Force !
Voilà tout ce que je peux offrir, je ne connais pas assez tes Pokémon pour m'avancer... ça va paraître bizarre mais d'une certaine manière, les voir manger comme ça, bah ça me donne faim... C'est quoi ton régime toi ? Pétrole et boulons ? Des trucs de robots quoi ? Ou alors tu branches simplement tes cheveux à une prise...
A cet instant, Mouche et Odette qui ne partageaient pas du tout le délire de leur dresseur se sentirent tellement mais tellement mal...
Bah qu'est-ce qui y a ?... OH Fallait pas que je lui dise... Tu veux que je te coupe le bras pour te montrer ?
Il adressa un grand sourire pédagogue à la demoiselle considérant que son accomplissement personnel en tant que robot passait avant la mission.
Qu’ils étaient lourds ces touristes ! Cleve les fusillait du regard et très franchement, elle aurait bien voulu avoir son arc sur elle pour tous les décaniller uns à uns. Quel manque de respect ! Aux dernières nouvelles, Nathaniel et elle étaient des mômes d’une quinzaine d’années tout au plus. Comme s’il fallait s’attendre à des miracles de leur part après une dizaine de minutes de travail ! Non mais ! Si c’était aussi simple, ils n’avaient qu’à venir affublés d’un balai et d’un sac poubelle pour faire le ménage et on en parlait plus. Madame Carter crisait pour que la Givrali range sa chambre et y fasse le ménage. Comme si des inconnus allaient pouvoir obtenir de meilleurs résultats en lui criant qu’elle devait ranger la plage. La douce Cleve se transformait en un tyrannique Dracaufeu, et Lem leva une patte rageuse en l’air lorsque Nathaniel se joignit à eux pour crier aux vioques de se la boucler un peu ; même si entre nous, son efficacité était cruellement à revoir. Une fois la guerre entre les touristes et les étudiants enclenchée, la rouquine n’eut aucun scrupule à se servir allègrement d’eux pour parvenir à ses fins. Il y aurait des plaintes qui inonderaient le bureau de Rivardi ? MOUHAHAHAH ce serait bien fait pour cette blonde peroxydée ! Cleve n’en avait cure, et à l’instant présent, tout ce qui lui importait était de réussir sa mission, quelles qu’en soient les conséquences. D’un bond magistral elle sauta par-dessus le banc en emportant dans ses grandes envolées d’aventurières le pauvre Phyllali. Visiblement, la gueule que tirait le jeune homme indiquait clairement qu’il pensait que son acolyte regardait sûrement trop de films et qu’il aurait bien aimé lui faire comprendre que dans la vraie vie on ne se comportait pas comme pareille sauvageonne. Mais King-Kong Cleve était enclenchée, et la jeune fille atterrit avec lourdeur sur le sable. Essuyant une pluie de canettes de soda –plus ou moins vides-, Godzilla-Cleve écrabouilla les vestiges de ces projectiles et les renvoya vers leurs expéditeurs avec plus de rage encore –et malheureusement pour eux, l’archère savait viser-. Enfin, Clint Eastwood-Cleve dégomma la porte du restaurant d’un coup de pied de cow-boy et son flair affuté de Rottweiler-Cleve repéra la cause de la migration des Tadmorv.
A présent, il fallait que l’improbable duo trouve une solution à la colle suivante : comment diantre nettoyer tout ce foutoir avant noël ?! La rousse était perplexe et elle sentit que son camarade s’éclipsait discrètement, avant de hurler comme une fillette sur qui on aurait balancé un Abo. Se retournant brusquement pour voir qu’est ce qui pouvait autant effrayer son collègue, Cleve soupira sans discrétion en se rendant compte que la cause de tout ce brouhaha était seulement les deux Tadmorv capturés par le Capstick. Peppéroni –qui était parvenu à se frayer un chemin parmi les touristes en les bousculant allègrement- leva les yeux au ciel et posa une nageoire compatissante sur l’épaule de sa petite humaine. Ils n’étaient pas sortis d’affaire, et avec un boulet pareil, il fallait se montrer trèèèès patients. Contre toute attente cependant, le Phyllali commença à jeter des idées pêle-mêle qui n’étaient pas si stupides que ça.
« L’idée du nettoyage est super, Nel ! » le félicita-t-elle en adressant un large sourire à Odette, avant de se souvenir qu’il s’agissait d’un insecte et de détourner précipitamment les yeux. « Au moins, on a déjà une solution à notre problème d’odeur. Reste à savoir comment se débarrasser des déchets et des Tadmorv… En toute franchise, je ne vais pas mettre mes mains là-dedans ; c’est dégoûtant et on n’a pas de gants. Ce qu’il faudrait, c’est éloigner les Tadmorv et les forcer à aller sur la plage –ou mieux, les forcer à retourner à la déchetterie, mais on n’en est pas encore là…- pour qu’on puisse éliminer tous les déchets en les brûlant. » Sur ces mots, elle sortit Ritsu son Goupix de sa Pokéball, et le petit renardeau se matérialisa dans un rayon lumineux rouge. Son pelage roux récemment lustré faisait un étrange contraste avec toute cette saleté grisâtre et verdâtre, et le Goupix cacha sa truffe dans ses deux pattes avant tant l’odeur était insupportable. « Grâce à son attaque Flammèche il pourra tout éliminer et stériliser l’endroit en plus. Bon, ça sentira le roussi et on risque de foutre le feu mais avec Peppéroni et Odette, on pourra éteindre le tout assez rapidement. Oh et puis Biske pourrait nous être utile ! »
Un jet de Pokéball plus tard et l’Azumarill se tenait aux côtés de ses acolytes, prêt à cracher tout ce qu’il avait pour faire bonne impression.
« Il faudra y aller progressivement. Brûler une petite partie et l’éteindre immédiatement. Puis continuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. A ce moment-là, ton Odette pourra passer un coup de mousse et rafraîchir l’air avec Doux Parfum. Qu’est-ce que tu en penses ? »
L’idée était plutôt pas mal en théorie. Certes, ils risquaient de noircir un peu l’arrière-cour, mais celle-ci était en pierre et il n’y avait pas de végétation ; ce ne serait pas un problème. Et puis vu toutes les merdes que ces restaurateurs entreposaient là, ils n’allaient pas se plaindre ! Cleve fronça les sourcils et se promis d’aller les dénoncer dès qu’elle rentrerait à l’académie. Quelle honte !
Nathaniel commençait cependant à avoir faim –comment pouvait-il vu la puanteur ambiante et le spectacle répugnant qu’ils avaient devant leurs yeux ?- et lui posa encore une fois des questions pour le moins… perturbantes. Cleve avait vu juste. Ce type la prenait pour un robot ! Comment cela était-il possible ? Avec un petit regard sur sa personne, elle se rendit compte que des câbles dépassaient de ses poches et que son armada de clés et tournevis n’aidait pas. Pfft. Elle pouffa de rire tant l’idée était ridicule et ne put s’empêcher de trouver la naïveté du Phyllali complètement… désopilante. Que devait-elle faire à présent ? Jouer le jeu et se faire passer pour un robot, ou lui expliquer clairement qu’elle n’en était pas un quitte à briser ses rêves ? Elle opta pour une réponse assez neutre.
« Hm je mange pas mal de trucs avec un goût assez ferreux. Comme de la viande bien saignante. J’aime bien les boîtes de conserve aussi, de temps à autres. Et l’huile d’olive sur ma salade. Ceci dit je ne peux malheureusement pas brancher mes cheveux à une prise, même si je peux brancher mon Casque ! » Sur ces mots, elle sortit un câble de son Casque Traducteur et le montra à Nathaniel. C’était tellement drôle de le faire marcher comme ça ! Même si foncièrement, tout ce qu’elle disait était vrai. Ses phrases pouvaient juste porter à confusion si on était persuadé qu’elle était un robot ! « Par contre non merci mais ne me coupe pas le bras, j’en ai besoin, tu sais… Ça risque d’être long à réparer, et ça va coûter cher… D’ailleurs… Il faudra qu’on aille faire des dépositions lorsqu’on sera de retour à l’académie… Tu m’aideras, pas vrai ? » ajouta-elle en essayant de se donner de l’importance –après tout, un robot c’était classe et il fallait l’écouter, non ?-. Elle lui fit donc un clin d’œil et se dirigea vers le tas d’immondices. Elle commença tout d’abord par prendre plusieurs clichés grâce à son iPok pour rassembler assez de preuves, puis fit face à un autre problème : comment débarrasser les Tadmorv pour ne pas les blesser ?
« Eh Nel, ça te dirait de jouer au lancer de poids ? » proposa-t-elle avec un sourire malicieux.
Devant l’air d’incompréhension de son camarade, elle s’approcha du premier Tadmorv qu’elle put attraper et le pris à pleines mains. Le Pokémon était visqueux et dégoulinait sur ses doigts, mais il n’était pas bien grand et lourd. Levant le Tadmorv au-dessus de sa tête, elle le balança le plus loin possible sur la plage. Le Pokémon alla s’écraser avec un répugnant « Splortch », mais la chute ne semblait pas lui avoir fait de mal vue sa consistance qui amortissait les chocs. Il était juste totalement sonné et tourna sur lui-même un long moment avant de se remettre à bouger ; par chance, il repéra les canettes jetées par les touristes et se dirigea par-là plutôt que vers le restaurant. Elle en attrapa un second et répéta la même opération. Ses Pokémon, semblant trouver le jeu assez amusant, en firent autant et bientôt, les Tadmorv volèrent dans tous les sens. Peppéroni les attrapait avec le haut de sa tête et les envoyait rebondir d’un coup de boule bien placé. Biske les jetait à deux mains en se servant de sa prodigieuse Coloforce pour atteindre des endroits encore plus reculés. Curl utilisait ses pouvoirs psychiques pour les jeter sur la plage. Ritsu ne faisait pas grand-chose mais il empêchait les Tadmorv de revenir dans leur direction en aboyant férocement et en faisant sortit des petites flammes de sa gueule. Lem envoyait des fils de Sécrétion sur les Tadmorv pour en coller deux ou trois entre eux, et les deux Tadmorv associés se chargeaient de les faire rouler jusqu’à la plage grâce à leur capacité Force. Au bout d’une bonne demi-heure d’effort au cours de laquelle tous s’amusèrent comme des petits fous –même s’ils étaient crades comme des clochards-, l’endroit fut enfin totalement débarrassé des Tadmorv.
Ils purent alors commencer la tâche suivante, et Ritsu s’en donna à cœur joie, carbonisant les montagnes de nourritures avariées tandis que Pep’ et Biske éteignaient les flammes derrière lui. L’incendie semblait maîtrisé et faisait plutôt bien le boulot, même si bientôt, une désagréable odeur de microbes calcinés se mit à flotter dans l’air. Cleve, qui supportait de moins en moins l’odeur –qui avouons-le, était encore plus écœurante qu’au départ- sortit un mouchoir de sa poche pour se recouvrir le nez. Ca faisait tout de même du bien de voir l’endroit presque propre, et après un dernier feu de joie, l’arrière-cour était vide.
« Bon et maintenant, un coup de ménage d’Odette, s’il te plaît ! » demanda Cleve en tendant les bras pour récupérer son Goupix épuisé –le pauvre petit avait fait du bon boulot-. « Et ensuite on pourra retourner sur la plage. D’ailleurs j’ai réfléchi à une théorie pour les Goelise pendant que Ritsu était en train de cramer toute la nourriture. Normalement, les Goelise restent au-dessus de la mer et pêchent les poissons qu’ils trouvent. Ils ne s’aventurent que très peu sur la plage, plutôt réservée aux touristes. Alors écoute ça : et si l’arrivée des Tadmorv avait pollué les abords de la mer et empêché les poissons de venir ? Privés de nourriture, les Goelise ont décidé de s’installer sur la plage et d’éventrer les poubelles pour y retrouver de quoi manger. Donc si les Tadmorv repartent –et ils le feront après s’être rendu compte que toute la nourriture avariée avait disparu-, l’eau sera plus saine et les Goelise pourront reprendre leur vie d’avant. »
L’idée tenait la route, même si Cleve ne voyait pas comment en une journée ils allaient faire pour dépolluer l’eau et refaire partir les Goelise… A moins que…
« Nel, tu regardes les vidéos qui font le buzz sur internet de temps en temps ? » demanda Cleve avec une petite étincelle dans ses yeux mordorés. Devant l’air d’incompréhension de son camarade, elle expliqua : « Il y en a une où des petits farceurs disposent des miettes sur la plage qu’ils ont bourrées de laxatif. Les Goelise viennent se régaler du festin et… PLAF ! Ils relarguent tout ce qu’ils peuvent sur la plage et les touristes ! Après cette expérience traumatisante, ils ne voudront pas forcément revenir sur la plage et s’en iront vers des endroits où la nourriture leur donnera moins de maux d’estomacs… Quant aux touristes… » -elle ricana comme un farfadet facétieux- « … on tient notre petite vengeance, non ? » conclut-elle avec un air malicieux.
Il y avait forcément du laxatif dans la pharmacie du coin. Quant aux Tadmorv, ils commençaient déjà à retourner vers leur déchetterie avec des petits airs tristes. Nathaniel allait-il être assez fou pour accepter le plan de Cleve, ou trouverait-il autre chose ?
Nathaniel tira une énorme satisfaction des encouragements de Cleve vis-à-vis de ses idées, il se sentait mine de rien rarement d'une utilité remarquable, le comble pour un Ranger, et semblait avoir trouvé une solution au problème ! Enfin à l'un des problèmes. La demoiselle s'empressa de compléter les propositions du jeune homme. Apparu à ses côtés un petit renard tout rouge visiblement à l'odorat sensible et Nathaniel fut impressionné du nombre incroyable de ressources de la dresseuse quand lui avait déjà révélé toutes ses cartes avec son piaf, son insecte et les deux guignols qui voulaient aider. Son impression fut d'autant plus renforcée quand elle fit appel à une sorte de lapin bleu impatient de montrer l'étendue de ses capacités. Nathaniel ne put qu'acquiescer face à toutes ces propositions mais le plus important était de savoir si ses suppositions sur la nature de la rouquine allaient se vérifier.
La demoiselle resta très évasive ce qui rendit le Phyllali tout à fait confus. Il jeta un regard suspect au câble qu'elle lui montrait et n'osait plus dire un mot plus haut que l'autre. Déjà il ne devrait pas lui arracher le bras, ce qui n'était pas plus mal, mais il ne comprenait pas qu'elle avait mis autant de temps avant de s'affirmer. Il acquiesça à sa demande d'aide sans vraiment comprendre non plus ce qu'elle lui demandait, il n'avait jamais fait de « dépositions » et avait du mal à réaliser le plaisir qu'elle pouvait trouver à prendre des clichés d'un lieu si monstrueux.
Cependant, il admira l'initiative de Cleve qui prenait à pleines mains ces immondices après avoir passé tant de temps à les fuir et il s'empressa de l'imiter, découvrant au passage la consistance si particulière de ces bestioles et la difficulté que représentait le fait de les porter alors que tout leur corps glissait dans toutes leur viscosité manquant à chaque seconde de retourner sur le sol ou de finir sur les pieds du porteur. Odette se contentait d'encourager le jeune homme dans ses lancers de poids et Mouche après une première tentative conclut que la propreté de son plumage et de ses serres valaient bien plus que toute l'aide du monde. Tic et tac, les deux acolytes de Nathaniel tâchaient du mieux qu'ils pouvaient d'apporter leur soutien. Et la scène était mémorable. Un Tadmorv cherchant à porter à un autre Tadmorv, ça faisait juste un Grotadmorv mal-formé, mais c'est évidemment l'intention qui compte et leur bonne volonté redonnait le sourire à Nathan qui avait complètement abandonné tout espoir de propreté et dont la couleur de peau était passée de blanc à violet.
Les flammes du Pokémon de Cleve rendaient l'atmosphère difficile, la chaleur et les mauvaises odeurs de plus en plus invivables ne simplifiait pas l'effort. Il n'osait même pas se boucher le nez de l'avant-bras ou de la main de peur de se retrouver avec des miasmes entre les narines. Les gouttes de transpiration ne se firent pas attendre et se transformèrent rapidement en flaques sur ses vêtements, heureusement l'incinération des déchets était maîtrisée et la puissance des Pokémon aquatiques de la jeune fille ne pouvait que fasciner ce jeune passionné des mers qu'était Nate. Lorsqu'enfin le travail fut achevé, il vint l'heure pour Odette d'entrer en piste et puis Cleve ne semblait plus déglutir à chaque fois qu'elle prononçait son nom. L'araignée effectua un petit salut avant de s'élancer, dansante et glissante, dans ce lieu sinistre qui reprit assez vite une hygiène supportable et une odeur agréable. Son dresseur ne pouvait s'empêcher de la regarder fasciné.
Mais une chose en amenant une autre, il était temps de passer à la suite. Et là, comment dire, même Nathaniel, ou apparemment Nel maintenant, était surpris de la cruauté de la robot. C'est là qu'il comprit toute l'ampleur et l'impact de n'être qu'une machine... Ce qui ne l'empêcha pas d'adhérer à la proposition avec beaucoup d'enthousiasme ! Mouche semblait ravi lui aussi et Odette s'imaginait déjà faire le nettoyage sur la plage après le largage massif des Goélises et elle en tirait un tel bonheur que le Phyllali en vint à se demander pourquoi il ne lui avait pas fait faire le ménage de sa chambre. Exploiter les Pokémon et leur compétence, ça fait aussi partie du jeu mine de rien ! Sans perdre une minute, il s'élança sur la plage y croisant les regards tristes des Tadmorvs dépités et aussi Tic et Tac lui adressant des au revoir plein d'émotions qu'il ignora absolument avec tout le tact qu'il pouvait avoir et se dirigea vers la Pharmacie revenant rapidement avec les fameux sésames.
Inutile de s'éterniser sur son passage à la pharmacie où après que la pharmacienne l'ait fortement incité à prendre une douche, elle hésita à lui confier les produits ayant beaucoup de mal à associer son enthousiasme machiavélique à de la constipation. Mais après tout elle n'était pas flic et vue le nombreux de laxatifs qu'il venait d'acheter, elle n'aurait rien pu refuser à un si bon client. Le sourire aux lèvres donc et les mains pleines de ce joli butin, il en tendit la moitié à sa coéquipière avant de lui adresser quelques unes de ses interrogations.
Je pense que comme tu n'as pas besoin de dormir ou quoi, il serait mieux que tu te charges d'écrire les dépositions ! Tu sais, je ne suis qu'un homme, et parfois je fatigue... Par contre il me semble que ce ne sera pas très bon pour mon dossier scolaire que je sois associé au projet qu'on met en place donc si tu tiens VRAIMENT à en parler, précise bien que c'est ton idée, ou que ton moteur de recherche interne t'en a fait part ou un truc du genre quoi... Penses-tu que tes Pokémon aquatiques pourraient me faire profiter d'une bonne douche avant que nous allions glisser ces gâteries dans les futurs repas de nos chers amis aériens?
Mouche jeta un regard suppliant à Cleve, priant pour ne pas avoir à supporter la saleté et le manque d'hygiène de son dresseur à un stade si avancé, déjà qu'habituellement c'était pas du propre, là ça devenait carrément invivable. Quant au fait de se sécher, fuir les touristes en colère suffirait à la tâche. D'ailleurs une fois prêt à débuter ses méfaits, il remarqua que les spectateurs n'avaient toujours pas bougé mais restaient de marbre en chuchotant des choses telles que : ils ont peut-être jeter les tadmorv, mais les piaf c'est fichu, nettoyer le restaurant ? Mais on leur a rien demandé ! Au cas où ma salle de bain aurait besoin d'un p'tit récurage, vous pensez qu'ils seraient partants ? Après tout ils acceptent déjà des missions particulièrement humiliantes...
Fuir les touristes, check. Nettoyer l’arrière-cour et renvoyer les Tadmorv à la déchetterie, check. Enfin certes, il restait encore pas mal de ces immondices sur la plage, mais Cleve commençait à avoir de l’inspiration quant à la façon dont ils allaient s’y prendre. Pour le moment cependant, Nathaniel et elle étaient en train de fignoler le nettoyage à grands coups d’attaque savonnette d’Odette. La rouquine admira le travail de l’araignée virtuose, mais elle resta précautionneusement à l’écart. Bon… Elle allait peut-être devoir s’y habituer, un jour ou l’autre, non ? A mieux y regarder, l’Arakdo ressemblait un peu à une châtaigne avec son chapeau en forme de glandje parle évidemment de celui qui se mange… enfin je veux dire, de celui qu’on trouve dans les arbres #SBAF#. Mais ces pattes qui lui sortaient du corps… Brr… Non, décidemment, la Givrali n’y arrivait pas. Jugeant cependant qu’il y avait plus important à cet instant que de combattre ses phobies, elle rappela la majorité de ses Pokémon dans leur Pokéballs et continua la Mission. Elle avait fait part de son idée au Phyllali avec un sourire espiègle, et par chance, celui-ci accepta –avec un peu d’appréhensions ceci dit-. Pauvre garçon. Il était encore trop récent dans l’académie pour se soucier autant de son dossier scolaire. Ah ah ah… Cleve eut un petit sourire et elle lui promit de se charger des dépositions du moment qu’il allait acheter les laxatifs tout seul. Heureusement pour elle, le garçon était assez niais pour accepter d’y aller sans elle et elle respira intérieurement. Pour tout dire, elle n’avait pas envie d’être vue dans la pharmacie en train d’acheter des laxatifs. Elle voyait déjà les gros titres dans la Gazette du Dresseur « Vus ! Cleve Carter la ‘Reine Dépravée’ et Nathaniel Fisher le ‘marin campagnard’ achetant du laxatif dans une pharmacie de Lansat. Alors quoi, on a du mal à réguler son transit intestinal ? ». Non merci, mais elle avait déjà assez donné comme ça.
Elle se contenta donc d’attendre que son camarade ressorte dans l’infirmerie, demandant au passage à Peppéroni de lui faire un brin de toilette. Le colosse aquatique utilisa son attaque Pistolet à O pour l’asperger copieusement, et elle se débarrassa progressivement des tâches violettes et gluantes qui lui collaient à la peau et aux vêtements. Bon certes, elle était trempée jusqu’à l’os et on aurait presque pu voir au travers de son t-shirtALERTE ! AMAOKA VA TE TUER, NATHANIEL !mais au moins, elle se sentait déjà plus propre. Ce fut alors à ce moment que le Phyllali ressorti de la boutique avec les précieux médicaments, et il lui en donna une grande partie. Il lui demanda ensuite si elle pouvait lui faire profiter d’une douche, et elle échangea un regard avec Pep’. Ce gosse bruyant et pas forcément très facile à vivre leur avait rendu le début de Mission difficile. Ils tenaient là l’occasion de se venger un peu. « Hm ok, pas de soucis, mets-toi là » lui répondit-elle avec un sourire.
Puis, passant sa main sur le dos de son Lokhlass, elle ordonna une attaque Pistolet à O. Le jet qui sortit de la gueule du Pokémon fut tellement puissant que Nathaniel s’en retrouva complètement trempé. Pep’ maintint son attaque cinq bonnes minutes avant de laisser au Ranger le temps de reprendre son souffle. Plus propre après être passé sous les bons soins du Pokémon Transport, Nathaniel et Cleve pouvaient reprendre la Mission. Ils avaient encore beaucoup à faire ! Faire fuir les Goélise tout d’abord, puis faire fuir les touristes… et enfin, et non des moindres, se débarrasser des Tadmorv échoués sur la Plage et les inciter à rejoindre leurs congénères à la déchetterie ! C’était tout un programme, mais ils en voyaient un peu plus le bout.
« Bon, comment allons-nous procéder… » réfléchit Cleve en scrutant les mouettes aquatiques qui volaient en cercle au-dessus du sable souillé par les immondices. Inutile de balancer les laxatifs à la pelle sur le sable ; bien que particulièrement peu propres, ces Goélises là ne mangeaient certainement pas de sable… Mais ils étaient affamés ! Il suffisait de trouver de la nourriture pour y cacher les médicaments… et quoi de mieux pour ça que le restaurant qu’ils venaient tout juste de vandaliser à moitié ? « Tiens, viens par là. De toute façon on va les faire fermer pour non-respect des règles sanitaires de base, alors on peut très bien utiliser un peu de leur nourriture. » dit Cleve à Nathaniel en l’entraînant par le bras dans le restaurant « Aux Quatre Mouettes ». La porte était toujours ouverte, et la rousse regarda les différentes tables. Elle se faufila jusqu’à derrière le comptoir, regarda partout et trouva enfin ce qu’elle cherchait. « J’étais sûre que ces arnaqueurs gardaient leur pain rassis. Ils doivent sûrement s’en servir pour faire de la chapelure qu’ils utilisent dans leurs plats, ensuite. Ils sont trop radins pour acheter des produits frais ! Il y a pas mal de tranches de pain sec, on peut cacher le laxatif dedans et balancer les miettes sur la plage. Comme ça c’est facile à manger pour les Goélise, et ensuite voilà le travail ! » expliqua Cleve en tendant des corbeilles de pain à son acolyte. Ils ressortirent ensuite –se servant largement de Pep’ et de son imposante carapace pour apporter toutes les corbeilles-, et entreprirent la fastidieuse tâche d’ouvrir toutes les boîtes de laxatif pour en répandre leur contenu sur le pain. Une fois ceci fait, ils retournèrent sur la plage.
« Bon… On va balancer tout ça ici, et ensuite, on se planque là-bas pour regarder le spectacle. » commanda Cleve en répandant une poignée de miettes de pain sur un endroit déjà largement sali par les déchets. Ni une ni deux, les touristes furieux rappliquèrent pour leur crier de leur rendre leurs chaussures et chaussettes. Mais la rousse se contenta d’afficher un sourire insolent et de les inciter à s’approcher. Les Goélise, repérant immédiatement la nourriture depuis le ciel, fondirent en piqué pour venir se nourrir en masse. Les touristes étaient tellement remontés de voir cette bande d’oiseaux leur pleuvoir dessus qu’ils battirent des bras en toutes directions, hurlant contre Nathaniel et Cleve pour qu’ils fassent quelque chose. Mais le duo s’était déjà éclipsé derrière un rocher, et ils n’attendirent pas longtemps pour que le laxatif fasse effet. Le tube digestif de Pokémon comme les Goélise étant beaucoup plus court que celui des humains, ils commençaient déjà à avoir l’estomac retourné et, sans prévenir, ils s’envolèrent dans un torrent de plumes et de… déjections blanchâtres.
PLATCH ! Cleve éclata de rire tant la scène était drôle, et elle se cacha sous son parapluie pour ne pas recevoir de balles perdues. Elle protégea également Nathaniel, sans faire attention à Odette qui était à proximité d’eux, tandis que les touristes hurlaient à s’en péter les cordes vocales. Couverts de déjections, ils battirent cependant en retraite pour aller prendre une douche dans leur hôtel. Les Goélise traumatisés s’en allèrent quant à eux à tire d’aile. Tout allait pour le mieux, même si la pagaille était encore plus chaotique sur la Plage ! Mais grâce à Odette, ils remettraient rapidement le tout en ordre… Restait à se débarrasser de ces Tadmorv !
« Nel. Tu crois que si on demande au Monsieur qui s’occupe de nettoyer la plage avec son gros véhicule de tracter des sacs poubelles, il va accepter ? Comme ça il peut guider les Tadmorv jusqu’à la déchetterie, non ? Qu’est-ce que tu en penses ? Où est-ce qu’on peut le trouver ? »
Le jeune garçon semblait tellement fasciné par le spectacle des mouettes qu’il n’était d’aucune utilité. Odette et Cleve levèrent les yeux au ciel en même temps, exaspérées, et la rouquine décida de continuer de prendre les choses en mains. Elle tira doucement son camarade par la manche pour le faire se relever, et elle lui exposa rapidement le plan qu’elle avait échafaudé. « Il reste des déchets et des Tadmorv sur la plage. Donc premièrement, il faut faire dégager les Tadmorv, sinon ils vont encore plus dégueulasser le sable et on nettoiera pour rien ! Alors mon idée c’est de trouver le véhicule de nettoyage de plage, lui accrocher plein de sacs poubelle au derrière avec ton fil de pêche, et de le faire conduire jusqu’à la déchetterie. Les Tadmorv seront attirés par tout ça et ils vont le suivre. Ça nous laissera le temps de nettoyer la plage et de faire en sorte qu’ils ne reviennent pas. Qu’est-ce que tu en penses ? T’es d’accord ? Aha je m’en doutais. Par contre il va falloir qu’on s’assure que les Tadmorv ne reviennent pas… du coup je pense qu’il faut qu’on se sépare. Toi tu restes sur la plage avec Odette. Moi je vais avec le conducteur jusqu’à la déchetterie. Une fois là-bas, je m’assure que tous les Tadmorv sont là et je créé un périmètre de sécurité pour les confiner là-dedans. Pendant ce temps, vous faites le nettoyage. Comme ça, les Tadmorv n’auront même plus envie de revenir ! L’eau se lavera toute seule grâce au courant, et les Goelise pourront de nouveau se nourrir en haute mer. »
Elle attendit patiemment que le Phyllali se bouge un peu le derrière, et, après avoir eu son approbation, ils cherchèrent des yeux le véhicule de nettoyage. Ils le trouvèrent assez rapidement sur un bord de la plage, embourbé dans du sable et de la glue de Tadmorv. Les touristes derrière eux étaient devenus subitement plus calmes. Couverts de déjections, ils étaient comme pétrifiés. Ils n’osaient même plus ouvrir la bouche, de peur sûrement que quelques « pertes » ne leurs tombent sur le palais. Un peu de calme ! Cleve continua de ricaner intérieurement, et elle s’approcha d’un air candide du chauffeur qui était en train d’appuyer sur la pédale d’accélération comme un dingue. « Bonjour, erm… excusez-moi mais nous aurions besoin de votre aide… » plaida-t-elle en essayant de faire les yeux doux au jeune homme. Elle lui expliqua ensuite rapidement le plan qu’elle avait échafaudé et lui proposa de l’aider à se débourber si jamais il acceptait. N’ayant rien à perdre, le chauffeur acquiesça et Nathaniel, Cleve et Peppéroni se mirent à pousser tandis que l’homme faisait ronfler le moteur. Bon évidemment, il n’était pas utile de préciser que le Lokhlass suffisait à lui tout seul pour faire repartir l’engin, mais on nota quand même l’effort –inutile certes- que fournirent les deux humains. Au bout de quelques minutes, le véhicule était déjà sorti de sa m… hm bref, vous m’avez compris.
Nathaniel entrepris alors la fastidieuse tâche de relier les sacs poubelles entre eux grâce à son fil de pêche, tandis que Cleve s’occupait de ramasser les déchets et de les entreposer à l’intérieur avec ses Pokémon. Curl était d’une grande aide car il pouvait tout faire léviter avec ses pouvoirs psychiques, tandis que Biske, Pep’ et Cherryl donnaient un coup de main de façon plus modeste. A force d’efforts, ils parvinrent cependant à créer une énorme banderole de déchets qui semblait beaucoup plaire aux Tadmorv. « Bon, c’est parti ! » claironna donc Cleve en montant à l’arrière du véhicule et en saluant Nathaniel d’un geste de la main. « ALLEZ TAS D’IMMONDICES, LE FESTIN C’EST PAR ICI ! » beugla-t-elle ensuite pour rameuter les nombreux Tadmorv derrière le camion.
Le véhicule vrombit, projeta du sable sur Nathaniel, et se mis en mouvement. Ainsi fagoté, il avait le même pouvoir d’attraction qu’une jeune fille courant seins nus devant Warren Lightning. Cleve était satisfaite. Tous les Tadmorv la suivaient à la trace, et ils parvinrent à les mener jusqu’à la déchetterie. Après cinq bonnes minutes de route, ils arrivèrent donc à destination, et la rousse sauta de l’arrière du pick-up sans oublier de remercier leur sauveur. Elle balança ensuite tous les déchets dans la pile d’immondices qui empestait, et fit de grands gestes pour que les Tadmorv aillent s’y perdre. La grande majorité d’entre eux furent assez stupides pour se laisser avoir, tandis que les autres regardaient la plage avec une pointe de regrets dans leurs grands yeux humides. Pour les plus récalcitrants, la Givrali avait une solution radicale.
Sortant son Goupix de sa Pokéball, elle lui ordonna de créer un périmètre de feu pour ne pas que les Tadmorv s’échappent. Grâce à son attaque Flammèche, le renardeau pu donc ériger une sorte de barrière qui fit reculer les Tadmorv les moins enclins à retourner à la déchetterie. Bêtes comme ils l’étaient, les Pokémon se détachèrent bien vite de leur contemplation nostalgique de la plage de Lansat pour retourner jouer sous les sacs poubelles et les boîtes de conserves vides. Ils avaient réussis ! Avec un soupir de soulagement, Cleve s’approcha de Tic et Tac –les Tadmorv capturés par le CapStick de Nathaniel- pour leur souhaiter un au revoir. « Merci de votre aide. » leur dit-elle avec un sourire radieux. Puis, estimant que ces bougres avaient quand même bien travaillé, elle détacha deux rubans de ses cheveux pour les nouer autour de… heu ben… elle ne savait trop quelle partie de l’anatomie de ces choses. Puis, après un signe de la main, elle reparti sur la plage avec le chauffeur.
« Eh ben, on vous en demande des choses à vous, les gosses de l’académie. » commenta le jeune homme impressionné. En faisant tout pour rester modeste, Cleve passa ses deux mains autour de la tête et croisa les jambes avec un air de conquérant. « Une vie normale d’étudiant à la PC » glissa-t-elle en regardant l’horizon de hautça va, arrête de t’y croire, toi. Il la déposa ensuite sur la plage et reparti.
La rousse s’avança vers l’immense étendue de sable et constata que… Nathaniel n’avait pas vraiment avancé d’un pouce. « Mais. » commença-t-elle en faisant de grands moulinets avec ses bras. « T’as RIEN branlé ?! » le réprimanda-t-elle en lui montrant la plage. Plage. Babouin. Nettoyage. Babouin. Etait-ce un langage trop difficile pour cet écervelé à tignasse rousse ?! Se refreinant pour ne pas l’étrangler * Calmos Cleve. Calmos Cleve. Calmos Cleveegniiiiiiharrrrrrgh ! *, la jeune fille appela Ritsu, Biske et Pep’ à la rescousse. « On mouille tout pour dégager les déchets, on brûle ce qui doit être brûlé, et on donne un coup de savonnette. COMPRIS ?! »
Vu la tête que faisait Nathaniel, la Givrali avait l’impression de s’être transformée en sosie de Jackie. Mais au moins, les choses avançaient. Chacun y mis du sien. Le Goupix calcinait les déchets, les autres le suivaient à la trace pour tout nettoyer à coups de Pistolet à O. Tout comme lors du lavage de la cour intérieure du restaurant, le travail d’équipe semblait payer. Nathaniel et Cleve, moins doués que leur Pokémon, se contentèrent de ramasser des déchets et de les jeter pêle-mêle dans un grand sac poubelle. La rousse soupira. La journée avait été épuisante, et elle était contente d’en voir le bout. Le Phyllali continuait à l’agacer avec ses délires sur sa « nature robotique », mais même ça, la jeune fille n’avait plus le courage de démentir. Au bout d’une bonne heure supplémentaire, ils parvinrent alors à finir le nettoyage, et Odette vogua sur le sable en décrivant des pirouettes acrobatiques, passant un coup de savonnette pour redonner à la plage son lustre d’antan. Certes, il restait quelques traces violettes, vestiges des passages des Tadmorv –après tout, ils ne pouvaient pas tout faire en une malheureuse journée !-, et l’eau qui s’écrasait directement sur le banc de sable avait une couleur poisseuse. Mais avec les pluies et le clapotis incessant des vagues, Cleve ne doutait pas que la plage de Lansat redeviendrait bientôt normale.
Les touristes étaient repartis depuis longtemps se laver suite à la « douche de merdes de Goélise », et la Givrali eut un sourire. Elle était satisfaite de cette Mission, et le travail qu’ils avaient accomplis était colossal. Elle donna donc une tape sur l’épaule de son acolyte d’un jour, et se risqua même à caresser la tête-en-forme-de-châtaigne d’Odette. « C’était pas de tout repos, mais on en a vu le bout… » soupira-t-elle, avant de remettre son sac sur ses épaules. Elle reprit ensuite le chemin de l’académie, non sans avoir jeté auparavant, le parapluie qui lui avait tant de fois servi de bouclier. Après tout, il était tellement repeint qu’on n’en distinguait même plus la couleur naturelle ! Ah franchement… qui a donc eu l’idée tordue d’écrire une telle Mission ?[Terminé]
Nathaniel Un personnage toujours aussi haut en couleur! Faut vraiment être doué pour prendre sa partenaire pour un robot. Le personnage de Nathaniel est un peu benêt, et même si on peut penser qu'il sera surtout un boulet tout le long de la mission, il s'avère avoir quelques petites idées en tête. Il y a une bonne utilisation du Capstick, même si celle-ci aurait pu être plus poussée, et le coup des chaussettes est sympa, bien que je doute qu'une seule chaussette sente assez fort pour attirer deux Tadmorv alors que l'endroit est décrit comme vraiment crade... Sinon, la mission est fluide et agréable à lire, il y a peu ou pas de faute, et j'ai vraiment bien ri à de nombreux passages. Je regrette un peu l'absence de conclusion. Cleve Le rp est très bien rédigée, j'ai adoré la mission et celle-ci est poussée. Cleve se pose tout un tas de question sur le pourquoi du comment de cette invasion, chose qui change des rp's où l'on se contente d'avancer sans trop réfléchir. C'est d'ailleurs en arrivant à la source du problème que la jeune fille trouve les solutions permettant de remettre la plage en état. J'ai bien aimé la combinaison du jet d'eau et du Cage-Éclair, même si c'était tout de même risqué pour les Pokémons de Nath. Par contre, Cleve arrive quand même à soulever des Tadmorv censés peser 30 kg au dessus de sa tête et à les balancer jusqu'à la plage... Enfin, le personnage est très intéressant à suivre et s'investit pleinement dans la mission, j'ai grandement apprécié cette lecture! Conclusion Même s'il n'y a pas une quantité phénoménale de posts, ceux-ci sont d'une longueur plus que correct et on retrouve à chaque fois la même qualité d'écriture. La mission est recherchée et drôle, j'aurai adoré en voir un peu plus! Gain ■■■■□ - Quatre étoiles, c'est génial ! Vous vous êtes vraiment appliqués et montrés originaux dans l'écriture et dans le déroulement ! Vous recevez 80 jetons et 20 expérience supplémentaire ! |