Au port de Carmin-sur-Mer, dans le Kanto. Une croisière exclusive, nommée l’Océane, s’apprête à partir de la région pour transporter quelques individus sur une autre partie du globe. Cependant, au passage du périple, le navire fera un bref arrêt sur une île isolée. Là repose les terres appartenant à la toute nouvelle académie Pokémon, dite prestigieuse et de renom. Et c’est justement pour cet endroit que notre protagoniste au regard d’émeraude scintillant quitte sa terre natale, avec pour seul bagage un sac à dos. Malgré la chaleur ardente qui persiste dans la région en cette après-midi estivale, le jeune jouvenceau portait sur son corps une veste de jais comme survêtement. Pour étouffer un tantinet cette chaleur insupportable, Éole est assez bon cœur pour souffler une légère brise sur la ville, faisant virevolter ainsi les franges châtaigne de notre héros. Sourire au recoin de les lippes, il attendait patiemment que le gigantesque bateau jette l’ancre et que l’équipage donne l’autorisation d’embarquer à l’intérieur. Cependant, sa tutrice n’était pas aussi enthousiasme que lui. À ses côtés, un Posipi de la région d’Hoenn sur son épaule, son visage ridé était ferme. Derrière ce masque sérieux se cachait en fait une véritable inquiétude.

• Je n’arrive pas à croire que tu quittes déjà la maison. Enfin, je devrais dire plutôt la forêt de Jade : tu passais tes journées là à faire je-ne-sais-quoi là-bas. Difficile à croire qu’un gamin de ton âge peut passer son temps en compagnie des Pokémons et n’avoir presqu’aucun ami humain !
  

Si cela serait un manga ou un anime, une gouttelette de sueur parcourrait en ce moment même le front de l’Aisaka alors qu’il lâcha un petit gloussement raidi. La vieille peau savait pour le don de l’enfant sous sa tutelle. Du moins, elle savait que Kira possédait une sorte de sixième sens, une capacité psychique ; lire les émotions des créatures de ce monde. Mais elle ne croyait pas à une once de cette histoire de légende. La femme âgée à la chevelure usée ferma les yeux et commença à se remémorer du passé, marmonnant un monologue.

• Je n’arrive pas à croire que cela fait treize ans que je t’ai recueillis dans cette forêt. Franchement, je me demande quel genre de parents incompétents abandonne leur nouveau-né dans la nature, comme ça. Si je ne serais pas revenu d’Argenta cette nuit-là, pour retourner à Jadielle, tu serais probablement mort de faim ou de froid. Peut-être même qu’un animal t’aurait pris pour son dîner ! Et le voilà qu’à l’âge de parler et de marcher sur ses deux jambes comme un grand, encore sur le petit pot, il veut retourner de temps en temps « chez lui ». Et ce « temps en temps » est devenu un « tout le temps », évidemment ! Il ne revenait chez moi que pour manger, dormir ou étudier. Et quelques fois, il apportait des bestioles sans mon consentement et c’était la fête dans sa chambre ! Des oiseaux, des rongeurs, des insectes, des mammifères. Ils étaient tous là, en train de le coller comme la peste !
  

Plus son discours avançait, plus elle montait le ton et son monologue ressemblait désormais à une réprimande. Ce qui faisait rire le Thug sous sa capuche.

• Je le voyais devenir Éleveur Pokémon, déjà. Ce qui me semblait le plus approprié pour lui. Posséder un ranch ou un zoo dans le Johto aurait été formidable pour lui. Déjà qu’il prenait soin de tous les Pokémons sauvages qu’il rencontrait, il leur parlait avec une tendresse hors du commun et ils s’attachaient tous très vite à lui. Mais non ! Monsieur souhaite devenir un grand dresseur ! Miséricorde, je suis tombée de ma chaise lorsqu’il m’a annoncé ça.
  

• Je pourrais faire les deux, non ? Ce serait possible.
  

Derrière les verres de ses lunettes, la vieille femme jeta un regard à l’adolescent avant d’acquiescer en silence d’un simple signe de tête approbateur.

• Tu pourrais même tenter ta chance en athlétisme. Tu es une perle rare dans le domaine du sport. Et puis, vu que tu recherches toujours des « défis » pour pousser tes aptitudes à leur maximum, ce serait un autre idéal pour toi.
  

• En effet. Pourtant, je ne trouve aucun plaisir à m’entraîner pour gagner. Je préfère faire cela pour m’amuser et être en bonne santé.
  

La veuve répondit par une onomatopée lâchée dans un soupir. Les mains enfouies dans les poches de son jean bleu marin, commençait à se faire impatient. Il aimait bien la vieille, mais elle commençait sérieusement à le blaser avec ses plaintes. Dommage qu’il ne soit pas partie d’ici dès la rentrée de la Pokémon Community. Cette réflexion fut coupée nette alors que le navire poussa un bruit sourd. Le signal était donné.

• Allez, file. Pense à m’écrire.
  

Évidemment, répondit-il en posant une main sur son épaule. Vint ensuite le tour du Posipi. Ce petit gaillard aimait bien notre protagoniste, cela l’attristait sérieusement de voir son ami partir. Et d’être bloqué à présent avec la vieille en permanence. Le sentiment du Pokémon Acclameur que ressentait Kira lui poignardait le cœur, il s’efforça à lui offrir un sourire radieux avant de se retourner.

• Je reviendrai, t’inquiète !