Sookie se téléporta à l’extérieur, ses bras toujours posés sur Panzer. S’élevant, elle lâcha un profond soupir, indiquant mentalement au groupe qu’elle ne pouvait pas faire plus que ça. Aileen la remercia avec un câlin. Sookie était allée au-delà de ses capacités. Six téléportations, en moins de dix minutes, c’est beaucoup trop pour elle. Après tout, elle est encore jeune, même malgré son étonnante maturité qui ressort parfois ! Tandis qu’elle bâillait, Aileen la fit rentrer dans sa Poké Ball, de même que Sokka et Silica qui avaient attendu dehors, et Panzer qui n’attendait que ça. Ils se dirigèrent à nouveau vers l’entrée, n’essayant pas, cette fois-ci, de se cacher. Aileen poussa la porte, levant son badge volé à la femme qui tentait de leur barrer le passage. Léger moment de stress. Mais l’adulte, convaincue, les laissa passer, et les deux espions s’engouffrèrent à nouveau dans les locaux, qui semblaient bouclés de l’intérieur. Très naïvement, la jeune brune aux cheveux roses s’enquit de la raison de toute cette agitation.
« Deux mannequins se sont volatilisés, monsieur Gaulet est persuadé qu’elles ont été envoyées ici pour lui piquer ses plans et sa robe pour le défilé. Personne ne sort tant qu’elles n’auront pas été retrouvées, surtout que monsieur Gaulet s’est rendu compte qu’il n’avait plus les plans de sa robe. Vous devriez vous mettre à leur recherche avec les autres avant que quelqu’un ne vous accuse de tirer au flanc le premier jour. »
Aileen hocha docilement la tête et s’éloigna avec Loan, croisant les doigts pour que des mèches brunes ne sortent pas de sa perruque rose. Ce serait le pompon, là. Quand ils furent à l’abri des regards, elle se tourna vers son petit ami qui – woh. C’est vrai, son petit copain était maintenant une grande blonde. Ca perturbe un peu, au début.
« Je te parie ce que tu veux que ce sont les trois autres qui ont piqué les plans. Il faut qu’on les retrouve, qu’on retrouve la robe, qu’on leur fasse tomber la faute dessus, et qu’on se casse en vitesse. Enfin, le bon point, c’est que l’autre abruti va peut-être retarder son défilé, maintenant que ses plans ont disparu. »
Loan hocha la tête, semblant d’accord avec ce qu’elle disait. Aileen ne savait pas trop s’ils devaient être contents de cette situation. D’un côté, cela retardait l’heure du défilé, leur laissant plus de temps pour aller chercher la robe et les plans. De l’autre, les plans et la robe seraient mieux protégés, et leur petit quatuor d’en face devait très certainement être à leur recherche. Le problème étant, elles étaient quatre, et eux, seulement deux. Elles pouvaient donc se séparer pour aller chercher les affaires et les traquer en même temps. Il fallait donc… Tout bêtement, les empêcher de se séparer. Comment ? Facile. Gaulet et de nombreuses mannequins avaient pu voir Hilda et Grimm. Il suffisait donc de les ressortir quand le petit quatuor serait à proximité. Les deux femelles se précipiteraient vers le groupe et attireraient l’attention sur elles, permettant à leurs vrais dresseurs de prendre la poudre d’escampette en toute discrétion. Avec un peu de chance, les responsables croiraient que les deux filles qu’ils cherchent se trouvent dans le quatuor, et ils auraient réellement la paix. Raaah, tout ça pour une robe ! Et même pas belle, en plus ! Encore une mission à la con… Elle avait intérêt à bien payer celle-là, mine de rien, sinon ça allait barder. Et note pour elle-même, ne plus jamais accepter les missions proposées par les stylistes ou touchant de près ou de loin à la mode. Elle est Pokéathlète, bon sang, pas Coordinatrice !
« Bon, je te propose qu’on se sépare temporairement. On est des gardes, autant en profiter. On fait un tour du périmètre, on repère les lieux, on essaie de trouver où sont la robe, les plans, et les pétasses - je veux dire, les demoiselles qui en ont après nous. T’as Grimm, j’ai Sookie, on se recontacte d’ici dix ou quinze minutes, ok ? »
Loan hocha à nouveau la tête, et le duo se sépara. Aileen (ou plutôt Charlotte) s’engagea dans un couloir d’un pas assuré, comme si elle savait où elle était et ce qu’elle faisait. Alors qu’en fait… En toute honnêteté, elle marchait au hasard. Ah, si elle avait pu sortir son Absol ! Mais non, il ne fallait pas. Sphax était le seul Absol chromatique de l’île, il ne serait pas bien dur de le retrouver, et elle avec lui. Mieux valait le laisser sagement dans sa Poké Ball, même si ça agaçait vraiment beaucoup le starter. Tirant un peu sur son tee-shirt (beaucoup trop serré, qui l’empêchait de respirer convenablement, mais Loan l’avait assuré que la Charlotte portait un truc similaire en sortant du bâtiment, donc elle l’avait mis sans se poser de questions) elle jeta un vague coup d’œil aux affiches collées sur le mur. Bizarrement, ça ne montrait que des mannequins, fines comme des bâtonnets, qui portaient des vêtements un peu trop courts, un peu trop fluides, un peu trop légers. Certainement des œuvres de Jean-Paul Gaulet, qu’elle appréciait de moins en moins, bizarrement. Très droite, très raide, elle marchait d’un pas presque militaire, ignorant toutes celles qui passaient à côté, les détaillant tout de même discrètement du coin de l’œil pour voir si elle pouvait retrouver l’accompagnatrice de Gaulet, la fille qui lui avait lancé un regard noir en la voyant avec la robe. Ses cheveux roses tapotaient doucement son dos à chacun de ses pas, et elle se faisait violence pour ne pas cligner des yeux, gênée par les lentilles de contact. Avisant un croisement de couloir, la Pyroli s’apprêta à tourner à gauche.
« Tourne à droite ! »
Sans protester, elle tourna docilement à droite. Puis à gauche. Puis à droite. Et prit appui sur un muret pour sauter derrière et s’aplatir au sol, se cachant derrière l’une des nombreuses jardinières d’intérieur du couloir. Quelques secondes plus tard, des pas se faisaient entendre, et deux filles passèrent d’un pas rapide. Un coup d’œil lui suffit pour apprendre qu’elle ne les connaissait pas, mais qu’elles devaient sans doute être copines avec la pseudo-assistante de Jean-Paul Gaulet. Donc, deux des quatre envoyées par une autre agence. A moins qu’elles n’aient été envoyées par Flagerfell, elles aussi ? Non, impossible, elles semblaient être là depuis plus longtemps. Ou bien, ne les voyant pas revenir, Flagerfell en avait envoyé deux autres. Ca se tient, aussi. Enfin, là n’était pas la question, ils devaient récupérer tout ce bordel avant elles, et se débarrasser d’elles par la même occasion. Quand les deux filles eurent disparu, Aileen tâtonna pour saisir la Poké Ball de Sookie et la faire sortir. Comme à son habitude, la petite Tarsal tournoya sur elle-même, en silence cette fois-ci, et s’assit à genoux devant elle, attendant silencieusement qu’elle parle. Ce qu’elle allait faire, quand un nouveau bruit de pas se fit entendre, s’approchant, puis s’éloignant. Parler ne serait pas très prudent. En avant pour la télépathie.
« Elles étaient après moi ? » Sookie hocha la tête. « Tu as lu dans leurs esprits ? Elles cherchent Loan aussi ? »
« Oui, et oui. Quatre filles, séparation en deux groupes. Un qui te cherche, un qui le cherche. Gaulet est comme un fou parce qu’il a compris que la fille qui portait sa robe est une espionne venue la lui voler. Toutes les agentes de sécurité vous cherchent, même si elles ne savent pas qui vous êtes. Comme le mini-défilé commence dans trente minutes, la robe et le prototype ont été enfermés dans le bureau de Gaulet, où les agentes de sécurité doivent se rendre dans quinze minutes, justement. »
« … Tu as sérieusement lu tout ça dans leurs têtes ? »
« Dans les têtes d’un peu tout le monde. Pourquoi, c’est mal ? »
« Ah non, au contraire, c’est très bien Sookie. Ca me donne même une petite idée… »
La Tarsal, qui lisait dans sa tête, lâcha un petit rire télépathique absolument adorable… Et complètement flippant. Puis, obéissant à l’ordre informulé d’Aileen, elle ferma les yeux pour contacter Grimm, lui expliquant le plan de sa dresseuse pour qu’elle fasse suivre l’information à Loan. Le plan était simple. Déclencher une pagaille, leur mettre tout sur le dos, et s’enfuir avec ce qu’il fallait. Il fallait juste qu’ils trouvent le bureau de Jean-Paul Gaulet avant de pouvoir faire ça. En quinze minutes, ça devrait être faisable. Court, mais faisable, surtout s’ils devaient échapper aux patrouilles en même temps.
« Loan est passé devant tout à l’heure. On attend que le prochain groupe passe, et je te guide. »
Sookie réintégra silencieusement sa Poké Ball. Patiente, Aileen attendit que le prochain groupe prévu par sa Tarsal passe, puis elle se redressa souplement pour contourner la jardinière et repartir en sens inverse, suivant les instructions mentales de son Pokémon, qui semblait connaître le chemin mieux qu’elle. Sans doute parce que Grimm le lui avait mentalement communiqué. La vache, c’est vraiment pratique, d’avoir un Pokémon Psy ! Plusieurs fois, elle dût se cacher pour éviter les gardes, certaines qu’il ne leur suffirait que d’un coup d’œil pour comprendre que Charlotte avait vraiment changé, même si elle n’était en service que depuis quelques heures. C’est que ça a l’œil, un garde, enfin, normalement. Ce n’est qu’au bout de dix longues minutes et d’une crise de frayeur mémorable (une agente de sécurité ayant ouvert en grand la porte de la pièce où elle se cachait, heureusement Sookie avait pu prévenir Silica qui était sortie de sa Poké Ball pour cacher Aileen derrière une illusion) qu’elle atteignit enfin le bureau de Gaulet, en se disant qu’elle n’accepterait plus jamais les missions ayant pour trait la mode. Où était Loan… Ah, là. Discrètement, elle rejoignit son petit ami, la Zorua invisible la suivant comme son ombre.
« Je déteste tout particulièrement ce tee-shirt. Il est atroce, et en plus il me serre, j’ai l’impression d’être énorme et d’avoir des poumons rachitiques. »
« Si tu es vraiment mal dedans, enlève-le ! » Il esquissa un sourire en voyant qu’elle levait un regard noir vers lui. « Je plaisante. Grimm adore ton plan. Elle veut savoir laquelle des deux doit agir la première. »
« Qu’elle laisse Hilda semer la pagaille avant de s’en mêler. Place-toi bien derrière elles, surtout. Et rappelle-toi, la pièce à la couverture. »
Le rouquin hocha la tête, et se tut en voyant approcher d’autres gardes. Ce serait dommage qu’il se trahisse, avec sa langoureuse voix masculine… Aussi se contenta-t-il de garder le silence, baissant légèrement la tête, tout comme elle, pour ne pas être reconnu. Très naturellement, ils s’éloignèrent l’un de l’autre avant que le quatuor n’arrive. Loan réussit à intégrer un groupe de deux demoiselles qui discutaient, tandis qu’Aileen filait se planquer dans un groupe de trois, ni vue ni connue. Le quatuor d’espionnes finit par arriver, et quelques minutes plus tard, la porte du bureau s’ouvrait. Bon. Elle avait bien fait de ne pas y envoyer Sookie en éclaireur, leurs plans auraient pu capoter. Comme des pantins dociles, les demoiselles entrèrent dans le bureau, et Aileen suivit le mouvement, ne se tournant pas pour voir où était Loan. La robe était bien là. Le dossier contenant les plans… Là, sur le bureau, dans une pochette en cuir. Parfait. Elle faillit presque sursauter quand le styliste prit la parole d’un ton revêche.
« Alors, où sont-elles ? »
« On ne les a pas trouvées, monsieur Gaulet. »
« Pas trouvées ? Le défilé commence dans moins d’un quart d’heure, et deux espionnes se baladent librement dans le bâtiment ? C’est quoi cet endroit, un moulin ? C’est pour ça que je vous paie ? »
« Eh bien c’est-à-dire que… »
« Sookie. Maintenant. »
La Tarsal, qui lévitait tranquillement dans le couloir, appuya sur le bouton de la Poké Ball, libérant Hilda, qui courut de son pas souple pour faire les quelques mètres la séparant de la porte ouverte, s’engouffrer dans la pièce, bondir par-dessus la foule et se saisir du dossier en cuir, se tournant d’un coup pour faire le chemin en sens inverse. Elle ne le put pas. Immédiatement, les agentes de sécurité avaient sorti leurs Pokémon, qui un Caninos, qui un Grahyèna, qui un Démolosse, pour stopper la féline et l’empêcher de quitter la pièce avec le prototype. Avec un (faux) miaulement d’effroi, la Persian bondit pour aller se cacher derrière sa dresseuse… A savoir une des amies de la pseudo-assistante de Jean-Paul Gaulet.
« Eh, je la reconnais ! C’était la Persian de l’une des mannequins, et l’autre avait une Girafarig ! »
Loan, qui avait réussi à se placer derrière le groupe d’espionnes, choisit ce moment pour libérer Grimm. Cette dernière usa de ses compétences psychiques pour détacher la robe de son portant et la faire léviter jusqu’à elle, la posant très fièrement dans les mains de sa dresseuse, une autre des filles du quatuor qui ouvrit de grands yeux horrifiés, avant de glapir et de lâcher la robe comme si cette dernière l’avait brûlée
« Ce sont elles ! Saisissez-vous d’elles ! » Alors que les agentes de sécurité s’exécutaient, Gaulet se tourna vers son assistance. « Je croyais qu’elles étaient avec vous ! »
« Mais elles sont avec moi ! »
« Vous ne niez donc pas votre implication ! Saisissez-la ! »
Les gardes entourèrent les trois filles. Sentant le vent tourner, la quatrième essaya de s’enfuir, et renversa un portant que Grimm avait déplacé avec ses pouvoirs psychiques. Immédiatement, certaines se précipitèrent sur elle pour l’attraper. Profitant de la confusion, Hilda lâcha le dossier de cuir et l’envoya du bout de la patte vers Silica, qui posa une patte dessus, le faisant entrer dans son illusion d’invisibilité. Puis elle bondit par-dessus la foule une nouvelle fois, s’enfuyant dans le couloir en s’arrangeant pour être vue.
« La Persian s’échappe avec le dossier ! Rattrapez-la, vite ! »
Alors que les gardes restants, Aileen et Loan compris, quittaient le bureau pour courir à la suite de la Persian, Silica, elle, tendait la patte vers la robe qui traînait au sol non loin d’elle, la ramenant vers elle d’un coup de patte avant de la rouler en boule, cachant le dossier en cuir à l’intérieur, pendant que Grimm quittait à son tour le bureau pour partir dans l’autre sens, obligeant les gardes à se diviser pour suivre et la robe et le dossier… Du moins le pensaient-elles. Restée seule dans le bureau, Silica se fit toute petite, sursautant quand Gaulet, qui venait de se rendre compte qu’il n’avait plus la robe, lâcha un hurlement de rage avant de sortir à toute vitesse, sans doute pour trouver un moyen de retarder, voire d’annuler, le défilé qui devait avoir lieu. Une fois bien sûre qu’il ne reviendrait pas, elle lâcha un petit couinement timide, et sursauta à nouveau quand Justice, le Kirlia de Loan, se téléporta devant elle, n’attendant que son signal. Sans rien dire, il lui ouvrit les bras, et la Zorua sauta dedans, laissant le Kirlia attraper la robe et le dossier avant de se téléporter à l’extérieur, où Sookie l’attendait. En le voyant revenir, la petite Tarsal gazouilla, avant de fermer les yeux pour contacter Aileen.
« C’est bon, tout est là, vous pouvez sortir ! »
« D’accord, on arrive. »
Aileen ralentit légèrement. En la voyant faire, Loan l’imita, et ils se laissèrent distancer, filant sans bruit dans un couloir pour rejoindre ce qu’elle avait nommé la pièce à la couverture, à savoir la pièce où elle avait laissé la fameuse couverture qui l’avait cachée pendant qu’elle traversait tout le bâtiment, presque nue dessous, à se geler tout en flippant. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche… Personne. Loan ouvrit la porte, et les deux dresseurs tendirent leurs Poké Ball pour faire revenir Hilda et Grimm, qui, conformément aux ordres, s’étaient cachées là pour les attendre. Alors qu’elle allait refermer la porte, des bruits de pas se firent entendre, et Loan la poussa d’une bourrade dans la pièce avant de refermer la porte sur eux.
« Barricadez l’entrée ! Personne ne rentre ni ne sort tant qu’on n’a pas retrouvé la robe et le dossier ! »
Les deux élèves se lancèrent un même regard impavide, avant de fermer les yeux pour contacter qui sa Tarsal, qui son Kirlia. Ces derniers se téléportèrent à côté deux, et la seconde suivante, la pièce était vide. Quand elle ouvrit les yeux, ils étaient dans la rue, non loin du bâtiment, et Silica, après avoir jappé pour manifester sa joie de les revoir, plongea sa tête dans le sac de sa dresseuse pour en sortir un deuxième dossier, en tout point identique à celui qu’ils venaient de voler.
« Mince, le prototype de robe Dedenne, on l’avait oublié ! »
« Laisse tomber Loan, on ne pourra jamais rerentrer dans le bâtiment sans se faire coincer. »
« Vous non, mais moi oui. »
Justice tendit la main pour lui prendre le dossier, et se téléporta avant qu’ils n’aient pu dire quoi que ce soit. Quelques secondes plus tard, il réapparaissait, les mains vides, prouvant qu’il avait bien posé le faux prototype sur le bureau de Gaulet - ou plutôt, la corrigea Justice, au sol, sous le bureau, parce qu’à la base Hilda a pris le dossier et l’a fait tomber par terre, et avec la précipitation, il n’est pas impossible que le dossier ait glissé dessous. Le mettre dessus aurait été stupide. Bien vu. Après avoir laissé Silica retourner dans sa Poké Ball, Aileen se saisit de son sac, et ils s’éloignèrent bien vite du bâtiment de Gaulet, qui semblait être sans dessus-dessous. Il leur fallut quelques minutes pour rejoindre les locaux de Flagerfell, minutes qu’ils rallongèrent en prenant de nombreux détours pour le cas où ils seraient suivis. Mais finalement, ils purent entrer dans le local où attendait leur employeur du moment, et après avoir montré patte blanche, ils furent à nouveau menés devant le styliste, qui fronça les sourcils. Ah, bah oui. Trois heures avant, il avait une brune et une rousse, maintenant il avait une blonde et une rose. Inhabituel. Sans s’en émouvoir, Aileen ouvrit son sac, et en bataillant un peu, elle en sortit le dossier un peu mâchonné par Hilda, le lançant sur la table, où il glissa vers Flagerfell qui l’arrêta d’une main.
« Votre dossier. Désolée pour les traces de crocs, on a fait comme on a pu pour se débarrasser des autres espions. Et on a la robe, aussi. »
« Les autres ? La robe ? »
« Jean-Paul Gaulet avait fait la robe, il allait la présenter pendant un défilé qu’il avait organisé pour ce soir. » Flagerfell pâlit, et tendit la main pour attraper la robe qu’Aileen lui lançait. « On l’a récupérée en même temps que le dossier, en s'arrangeant pour faire accuser les quatre filles qui étaient envoyées par on ne sait trop qui pour mettre la main dessus. »
« Et les déchirures sont d’origine. »
Loan lui envoya une bourrade discrète pour la faire taire. Quoi, il a bien le droit de savoir que les déchirures de la robe ne sont pas de leur fait, non ? Tandis que le styliste dévoilait la robe pour voir à quoi elle ressemblait, Aileen saisit machinalement les bords de son tee-shirt pour tirer dessus en grognant, clignant des yeux sans s’en rendre compte. Grands dieux, ces lentilles lui faisaient vraiment mal… Et plus jamais elle ne porterait un tee-shirt pareil.
[ Mission terminée en solitaire '^' ]