Prologue.Un soir de Décembre, dans la ville d'Acajou. Une jeune femme est allongée sur un canapé, au bord d'une cheminée ardente, son ventre couvert de plusieurs couvertures. Il ne faisait nul doute qu'elle portait une autre vie en elle, et que cela ne serait tarder avant que ce nouvel être rejoigne ce monde. Elle luttait contre le sommeil, tentant d'écouter le reportage sur les Pokémons aquatique qui était diffusé, mais plus le temps passer et plus ses paupières se fermaient, son esprit tombant dans une contrée de rêves. Alors que Morphée l'avait enlacé de son étreinte, un Leveinard fit irruption dans le salon. Son excitation était visible, il sautillait comme s'il avait une bonne nouvelle à annoncer. De ses douces petites mains, il agrippait les bras de sa maîtresse pour la réveiller. Cela faisait plusieurs années qu'il la servait, que ça soit à la maison, ou au centre Pokémon où elle était un médecin réputé. Finalement, elle ouvrit les yeux et à cet instant, le Leveinard l'amena dans une autre pièce de la maison. Sur le chemin, ils interpellèrent le mari. Celui-ci était couvert de sciure, en train de terminer les derniers préparatifs pour la chambre de son fils. Chaque meuble et fourniture avait été fait de sa main, avec amour. Ce n'était qu'un humble ébéniste, et parfois, un bûcheron quand c'était nécessaire, son travail était exquis. Ensemble, ils pénétrèrent dans la pièce voisine à celle qui serait la chambre du futur bambin. En son centre gisait une couveuse qui abritait un œuf. Ce dernier était agité, et une lueur blanche en émanait. Les personnes présentes savaient ce que cela signifiait : il allait éclore. Tandis que le Leveinard s'occupait de le dorloter, la femme se rapprocha de son mari, elle se colla à lui et posa sa tête sur son épaule, même si ses habits étaient sales. Elle sentait les larmes monter jusqu'à ses yeux, mais elle se retenait, mettant cela sur le compte des hormones. Survint alors un flash blanc, suivit de gémissements. Un Caninos était sorti de la coquille, et essayait tant bien que mal d'aboyer.
« Il y en a un qui est à l'avance. » Dit-il avant de poser un genou à terre pour embrasser le ventre de sa femme. « Mais celui-là ne devrait plus tarder. »
Et effectivement, il ne savait pas si bien dire. Un bruit de liquide s'écoulant fut perceptible quelques instants, mais fut très vite remplacé par des cris de douleur. La jeune femme se courba, tenant son ventre. L'homme ne perdit pas de temps pour se redresser et conduire sa compagne à l'extérieur. Il ne fallait pas traîner, elle devait aller à l'hôpital. Le travail avait commencé. Quelle coïncidence que l'enfant et l'œuf voient la lueur du jour la même soirée. Ils étaient vraiment destinés à s'entendre et grandir ensemble. Zach et Cody, des amis pour la vie.
Childhood.Un aventurier intrépide. Le nouveau membre de la famille Madden n'avait pas encore appris à marcher qu'il grimpait sur tout ce qui était à sa portée. Qu'importe la hauteur, la dangerosité, il ne reculait devant rien. Ses parents arrêtèrent de compter le nombre de fois où il tomba. Quand cela arrivait, il ne pleurait pas. Ce n'était pas son genre. Il se contentait de revenir sur ses pieds, et faire une autre tentative. Toujours le sourire aux lèvres, à faire de son mieux encore et encore. Ce fut bien pire lorsqu'il apprit à marcher. Une véritable pile sur pattes. Constamment en train de courir, de sauter, d'escalader. Infatigable. Ses parents se demandèrent même pendant quelque temps s'il n'était pas hyperactif, mais ce n'était que son caractère enjoué et téméraire. Très tôt aussi, sa maladresse se fit remarquer. Combien de fois ses parents lui rappelèrent de regarder où il marche, où il va, mais non. À chaque fois, il se prenait les pieds dans le tapis alors qu'il avait les couverts dans les mains, ou glisser sur des objets qui traînaient.
Heureusement, Cody était là pour lui faire garder un pied sur terre. Lui et Zach étaient inséparables. Nés le même jour, ils passèrent l'enfance ensemble. Ils s'aidaient et se protégeaient mutuellement, surtout quand l'un faisait une bêtise et qu'il fallait le couvrir auprès des parents. C'est aussi grâce à ce Caninos que le jeune garçon était autorisé à se balader à l'extérieur de la maison pour explorer les alentours. Il n'avait jamais le droit d'aller bien loin, Cody n'oubliait pas de le lui rappeler en lui aboyant dessus et en mordillant amicalement ses mollets. Ils avaient sensiblement le même caractère, si ce n'est que le Pokémon venait ajouter une once de prudence et de réflexion. Ils s'amusaient comme des fous à l'extérieur de la maison, courant l'un après l'autre, jouant à cache-cache en empiétant sur la forêt désobéissant aux ordres du père. Ce que Zach adorait plus que tout, c'était les hauteurs. Escalader un arbre pour être à son sommet, et voir la vie d'un nouvel angle, avoir une vue qui s'étend sur l'infinité de l'horizon. Cela offrait une multitude de possibilités, des rêves encore plus beaux les uns que les autres.
Sa passion pour les Pokémons vint naturellement. Déjà, il grandit auprès d'un Caninos qu'il considérait comme un frère. Bien que son père n'eût pas un métier en rapport avec ces drôles d'animaux, il en possédait tout de même deux. Un Scarinho et un Insécateur. Grâce à eux, son travail était facilité et cela lui laissait du temps pour être auprès de sa famille. Quant à sa mère, elle côtoyait des Pokémons chaque jour. Souvent, elle amenait Zach et Cody avec elle. Ils avaient le droit de rester dans le hall du Centre, tant qu'ils ne faisaient pas d'âneries. C'était un des rares moments où le garçon devenait calme. On pouvait le voir assis sur les banquettes, le Caninos allongé sur ses genoux, les yeux brillants de mille feux. Sa mère avait remarqué cette lueur étincelante dans le regard de son fils, c'est pour cela qu'elle l'autorisait à venir.
Nul doute qu'il était passionné par les Pokémons. Lorsqu'on lui demandait ce qu'il voulait faire quand il sera grand, il avait déjà une réponse précise : découvrir de nouvelles espèces, et voir tous les Pokémons. Certes, la vocation de sa mère avait aussi un certain intérêt, mais ce qu'il voulait par-dessus tout, c'était pouvoir étudier tous les Pokémons, voir les plus rares, percer les mystères qu'aujourd'hui encore certains scientifiques se posent sur eux. Lui qui était si curieux, c'était l'énigme ultime à résoudre.
Une autre flamme se mit à briller en lui lorsque son père ramena à la maison un ballon qu'il avait trouvé en ville. Il s'était dit que ça plairait forcément à Zach, qui adorait courir et dépenser son énergie. Il ne s'était pas fourvoyé. Intrigué au début, le garçon ne tarda pas à comprendre l'utilité de la balle et du sport d'où elle provenait : le football. Taper dedans lui procurait un plaisir qui échappait à sa mère, mais elle était si heureuse de le voir s'amuser que cela l'importait peu. Elle ne tarda pas non plus à céder lorsque l'enfant lui demanda de rejoindre un club pour pouvoir jouer avec d'autre gens de son âge et en apprendre plus. Il est vrai que Cody était un bon compagnon, capable de courir et de faire rouler la balle avec son museau. Mais très vite, on en voyait les limites. Zach voulait surtout se faire de nouveaux amis, et jouer. Chaque jour, il passait au moins une heure à s'entraîner avec le ballon que son père lui avait acheté. Qu'il pleuve, qu'il vente ou même qu'il neige, rien ne pouvait l'en dissuader. Même s'il devait avoir trois couches de vêtements sur lui. Il était si doué, si agile. Il ne s'agissait pas que de courir derrière un ballon. Il fallait le contrôler, l'amener à suivre le corps, le manier comme si c'était un prolongement de son propre pied. C'est comme cela que Zach voyait le football. Cela pouvait même avoir un côté artistique, notamment les dribbles, l'élégance de filer entre les joueurs et d'enchaîner les gestes techniques. Rien n'avait changé quant à son rêve sur les Pokémons, mais ce sport l'enivrait et le faisait se sentir pleinement vivant.
Teenage years : when everything gone wrong. Zach était devenu une véritable star à l'école d'Acajou et au sein de son équipe. Son rôle de capitaine lui apportait de la notoriété, son charisme et son talent avaient eu leurs importances. Le nombre de matchs que le club avait perdu depuis que le garçon avait rejoint leur rang avait drastiquement baissé. Ils avaient une cohésion remarquable, et les compétences de chacun étaient mises en valeur grâce au conseil de l'entraîneur qui avait fait de Zach son « préféré ». Il avait même parlé à ses parents d'une école située à Illumis, dans la région de Kalos, où l'enfant pourrait s'épanouir entièrement que cela soit sur le plan des études, ou celui de son activité sportive. Cela impliquait de déménager, de payer des frais. Lorsque Zach entendit ses parents en parler, il les interrompit immédiatement. Certes, le football lui plaisait, et il appréciait être « l'as » de l'équipe, il n'était pas prêt à quitter la quiétude d'Acajou. Et puis ce n'était qu'un passe-temps, même s'il s'était investi énormément. Il n'irait pas jusqu'à en faire sa vocation ou une partie de ses études. Qui plus est, cela impliquait être loin de sa famille, ou que celle-ci déménage. Sans compter les frais d'inscription. Ce n'était pas envisageable pour l'enfant, il allait perdre ses repères, ses amis, son havre de paix.
Treize ans. Un bel âge. Un chiffre porte-malheur pour certaines personnes. Pour Zach, c'était une année comme une autre. Il jonglait entre l'école et ses activités extra-scolaires : les Pokémons et le football. Étrangement, il se débrouillait pour avoir du temps libre et continuer ses excursions dans les alentours de la maison qui s'étaient étendus aux alentours d'Acajou avec l'autorisation de ses parents. Il avait bien grandi, Cody aussi. Le Caninos était capable de le protéger face au danger, ils avaient ainsi le droit de se balader à l'extérieur de la ville, et même au Lac Courage. Entouré d'une forêt, Zach s'était rendu à cette étendue d'eau plusieurs fois avec sa famille, surtout son père : c'est ainsi qu'il venait parfois récupérer du bois pour le travailler dans son atelier. Le garçon a la crinière brune et son compagnon étaient habitués à cet endroit et en connaissait la plupart des recoins, ils y passaient le plus clair de leurs temps à tenter de dénicher d'autre Pokémons.
Mais ce jour-là, peut-être qu'ils n'auraient pas dû sortir. Pourtant, cela ressemblait à une journée comme les autres. Le temps n'était pas vraiment clément, de l'orage avait été annoncé. Mais le ciel n'était pas encore couvert de nuages, alors lorsque Zach rentra de cours, il se précipita à la niche de Cody pour l'amener avec lui. Celui-ci n'était pas très emballé par cette idée, il était même réticent au départ. Mais face à l'insistance de son ami d'enfance, il céda. Ce pressentiment qu'il avait, au fond de lui, persistait. Cette boule dans le ventre, comme si quelque chose de mauvais allait arriver. Cependant, même s'il avait refusé d'accompagner l'enfant, il y serait parti seul. Qui l'aurait protégé dans ce cas-là ? C'était le devoir de Cody.
À peine avaient-ils rejoint les abords du Lac, que la pluie se mit à tomber. Elle n'était pas très offensive en apparence. Ce n'était que quelques gouttes d'eau, qu'est-ce que cela pourrait bien faire ? Ce n'était seulement que le début. Les météorologues se trompaient rarement. Le vent commençait à se lever, soufflant de ses bourrasques pour faire virevolter les feuilles des arbres, insufflant presque à ces derniers la vie. Le Caninos sentait la tempête prendre ses marques. Il attrapa dans sa gueule la main de Zach, sans pour autant la mordre, mais il apposa une pression suffisante pour attirer son attention. Il tira son ami dans sa direction, celle de la maison. Celle où un chocolat chaud les attendait au bord du feu de la cheminée, celle de la raison. Mais non, le garçon se défaisait de son emprise.
« Non Cody ! Encore quelques minutes, s'il te plaît. J'ai entendu d'autres enfants dirent que des Magicarpes évoluent lors des orages. » Il pointa de son doigt le Lac Colère. « Là-bas, je suis sûr que l'on en verra. Juste un, et après on pourra rentrer. Promis Cody. »
On pouvait lire les yeux dans la peur du Pokémon. Lui qui était si brave habituellement, s'il était inquiet, c'est que la situation n'était pas sans danger. Zach n'écoutait pas les avertissements. Il sourit, posant sa main sur la tête de Cody pour le rassurer. On pouvait l'entendre murmurer « N'ai pas peur. » Alors que la pluie était devenue battante, et que le vent faisait pencher les branches les plus frêles, les deux compagnons prirent le chemin du Lac. Le ciel s'était couvert de nuages aussi noirs que le plumage d'un Cornèbre. Cela ne présageait rien de bon, mais l'enfant était d'humeur intrépide. Entre imprudence et courage, la frontière était mince.
Orage était un doux euphémisme pour décrire le déluge qui s’abattait sur la région. Zach commençait à se rendre compte de son erreur, faire marche arrière maintenant s'avérait extrêmement compliqué. Les arbres se courbaient, le Lac débordait inondant de ses flots les alentours, tandis que la foudre se mettait à frapper le sol dans un bruit strident. Le gamin regarda pendant quelques instants son fidèle ami dans les yeux. Ils n'avaient pas besoin de communiquer autrement que part le regard à ce moment-là. La détresse était visible chez les deux individus, mais Zach se sentait coupable. Ils étaient ici par sa faute. Il voulait tant s'excuser, mais d'abord ils devaient rentrer sain et sauf. Ses parents devaient être mort d'inquiétude à l'heure qu'il était. Peut-être même avaient-ils pris des mesures pour venir les chercher. Mais ils ne pouvaient compter que sur eux, aucune grotte ne leur permettrait de s'abriter en attendant, le niveau de l'eau avait dû les engloutir. Ils n'avaient qu'une option : lutter pour rentrer. Le vent était contre-eux, déjà qu'il arrivait à influer les arbres, autant vous dire qu'un enfant et un Caninos avaient peu de chance. Ce dernier se tenait avec sa mâchoire à Zach, qui lui tentait tant bien que mal d'avancer. Mais pour un pas de fait, il reculait de trois face à la puissance des rafales. L'abandon n'était pas envisageable, il ne se laissait pas abattre. La détermination se voyait sur son faciès. Il n'était pas prêt à se laisser faire, pas sans se défendre. Le destin n'était pas à leurs côtés. Un éclair vint frapper à quelques mètres à peine de leur position, en plein sur un arbre. Le bois ne put résister, et l'ensemble bascula. Zach ne le vit qu'au dernier moment. Tétanisé sur l'instant, son corps ne répondait plus. Seul ses yeux se fermèrent, espérant qu'un miracle ait lieu. Et celui-ci eut lieu, il s'appelait Cody. Le Pokémon avait vu la scène et agit en conséquence, sautant sur son camarade pour le pousser. Les deux échappèrent à l'arbre. Zach était à terre, la tête dans une flaque. Il avait froid, il avait mal, la seule chose qu'il voulait était rentrer. Apposant ses deux poings contre le sol, il poussa son corps jusqu'à se redresser. Il porta ses mains au niveau de ses yeux pour les essuyer et enlever la boue, mais ça ne fit qu'empirer les choses. Quel idiot. Il en était recouvert. Il leva la tête, laissant la pluie coulait le long de son visage pour le nettoyer. Maintenant qu'il pouvait y voir, il regardait autour de lui. Rien. Son cœur s'emballa. Sa vue se troublait, il avait du mal à marcher. Son souffle devint lourd et accéléré, presque haletant. Cody, où était-il ?
« CODY ?! CODYYYYYY ?! »
Il cria son nom jusqu'à ne plus avoir de voix. Le désespoir s'emparait de lui. Qu'allait-il faire sans son ami ? Qu'allait-il devenir ? Il ne pouvait pas le laisser, il devait le trouver. Coûte que coûte. Ce n'était pas possible. Quand soudainement, un son familier fut entendu par Zach. Ses yeux se levèrent, ses pieds décollèrent du sol. Au travers de la pluie, on pouvait distinguer des larmes coulant le long du visage de l'enfant. Il y avait encore de l'espoir. Le son continuait d'être émis, et le Madden en trouva la source. Le Pokémon était pris dans les flots du Lac, emporté par le courant et les débris qu'il y avait dans l'eau. Zach n'en était pas pour autant soulagé. Il devait réfléchir, une vie était en jeu. Il s'aperçut d'un arbre pratiquement écroulé au-dessus de ce que l'on pouvait appeler une rivière. Il ne perdit pas une seconde pour s'y rendre. L'enfant s'aventura sur le rondin qui était loin d'être stable. A quelques reprises ses pieds glissèrent, son équilibre et ses mains lui permettant de se rattraper. Si la peur était maîtresse de son esprit, sa bravoure était celle de son corps. Le garçon finit par se coucher sur l'arbre, tendant sa main pour atteindre l'eau. Cody se dirigeait vers lui, et dans son dernier élan de force réussit à agripper la main avec sa bouche. Une accroche compliquée pour le garçon qui tentait tant bien que mal de le tirer vers lui. Ses jambes enroulaient autour de l'écorce, il osa détacher sa seconde main pour avoir une seconde prise. Un risque inconscient. Mais cela marchait, il parvint plus aisément à remonter son ami. Il retrouvait son sourire, il l'avait fait, il avait récupéré Cody. Son regard changea en une fraction de secondes. Il sentit son corps lâcher, ses jambes glisser le long de l'arbre. L'instant d'après, il ne sentait que le froid de l'eau. Seul son bras en était en dehors, toujours accroché au rondin. Non pas parce que Zach l'avait voulu, mais parce que sa manche s'y était bloqué. D'ailleurs, il n'avait pas remarqué au début, mais une douleur parcourait ce même bras. Lorsqu'il extirpa sa tête de l'eau, tenant toujours Cody dans ses bras de son autre main, son visage se crispa et il se mordit la lèvre inférieure pour se retenir de crier. Il ne pouvait pas regarder son bras, il ne supportait la vue de son membre qui n'était pas dans un sens naturel. L'enfant resserra l'étreinte qu'il avait sur son Pokémon, qui luttait lui aussi pour survivre. La seule chose qu'il pouvait faire à présent, c'était sourire. Il posa sa tête contre celle de Caninos, pleurant à chaudes larmes tout en gardant son sourire.
« Je suis désolé. Tout ira bien. N'ai pas peur. Tout ira bien... »
Est-ce qu'il tentait de réconforter Cody, ou lui-même ? Probablement les deux. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne tombent vraiment, on pouvait entre les éclairs et la pluie entendre sa manche se déchirer.
Une sensation de chaleur l'envahit. Il sentait même son corps s'élever. C'était donc ce à quoi ressemble la mort ? Il se disait que ce n'était pas si mal. Mais où allait-il atterrir ? Lentement, ses paupières s'ouvrirent. Il n'avait pas bougé d'endroit, enfin pas entièrement. Il baissa les yeux pour voir un homme couvert d'un énorme manteau le tenir. Il n'était pas seul, d'autres attendaient au bord de la rive. Zach aperçut sous la capuche de la personne qui le tenait un visage familier, celui de son père. Même s'il était fatigué, il eut assez de force pour sourire. Son heure n'était pas venue, ni celle de Cody. L'homme avançait prudemment sur l'arbre, passant son fils dans les bras d'un des autres sauveteurs, et fit de même avec le Caninos. Qui aurait cru que cette journée allait se finir sans blessés...Pas moi. Ni cette cruelle vie. Un craquement se fit entendre, et avant que quiconque puisse réagir, le rondin se détacha avec une partie de la terre le tenant. Une seule personne était encore présente dessus, pour s'assurer que les autres soient saines et sauves. Le père de Zach. Son corps disparut quelques instants dans l'eau, avant qu'il ne réapparaisse à la surface, se débattant pour atteindre le bord. Le jeune garçon se défit de la personne qui le tenait. Il eut du mal à tenir debout lorsqu'il posa les pieds à terre. Il était au bord de l'évanouissement, mais put laisser s'échapper un dernier cri de désespoir :
« PAPAAAAAAAA ! »
Teenage years : PaybackLes ténèbres se dissipèrent. Les yeux de Zach s'ouvraient lentement. Illuminé par la lumière ancré dans le plafond, il tenta de lever son bras pour couvrir son visage de cette lueur. Mais il était pondéreux, et il lui procurait de la douleur. Le garçon ne préféra pas forcer et se servit de son autre bras pour se protéger face à l'éblouissement qu'il subissait. Des voix s'entremêlaient autour de lui, cependant, il n'en comprenait pas un mot : il était encore dans les vapes. La réalité semblait si loin de lui, on avait l'impression qu'il était dans un autre monde. C'était normal après ce qu'il venait de vivre. Il avait eu bien de la chance survivre et de s'en sortir « seulement » avec un bras cassé. Sa mère était à côté de lui, on pouvait lire le soulagement sur son visage lorsqu'elle vit son fils se réveiller. Elle ne put retenir ses larmes qu'elle essuyait avant que Zach ne les remarque. Cependant, elle n'était pas pour autant libérée du poids qu'elle portait. Quelque chose d'autre la préoccupait. Mais à cet instant, c'était la chair de sa chair qui comptait plus que tout au monde. La jeune femme se pencha au-dessus de lui pour déposer un baiser sur son front. Son chérubin prenait peu à peu conscience de l'endroit où il se trouvait et des personnes présentes. Une chambre d'hôpital. Il était allongé sous un drap d'un blanc pur, son bras droit couvert d'un plâtre. Cody, qui s'était réveillé un jour auparavant, sauta tant bien que mal pour se loger sur les jambes de son fidèle ami. Le Pokémon était si content de le voir éveillé, il lui léchouillait sa main libre et s'il n'avait pas été retenu par la mère, il aurait réservé le même sort au visage du gamin.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Après un long moment d'hésitation, il se rappela en partie de ce qui lui était arrivé « Le Lac...L'orage... »
Bien que ces pensées fussent loin d'être ravissantes, un sourire se dessina sur le visage de Zach à la vue de son Caninos. Il était rassuré que son compagnon aille bien, car le cas échéant, il aurait eu un lourd fardeau sur sa conscience. Tout était de sa faute, il le savait. Entêté, stupide. Le jeune était prêt à accepter tous les reproches que l'on pourrait lui faire, toutes les punitions qui lui seront attribuées. Pourtant, personne n'était enclin à le réprimander pour ce qu'il avait fait. Tous étaient autour, ne disant pas un mot, leurs visages tiraillés entre le bonheur et le malheur. Zach l'avait remarqué. Pourquoi ? Que s'était-il passé ? Il finit par se souvenir. La scène lui apparut comme si elle se déroulait à nouveau. Son père tombant dans le courant d'eau et disparaissant au loin. Sa réaction fut d'attraper le bras de sa mère.
« Maman, où est Papa ?! Dis-le moi Maman, où est-il ?! »
Sans s'en rendre compte, Zach pressait vivement le bras de sa mère au point de lui faire mal. Quelque chose n'allait pas. L'enfant le voyait dans le regard de celle qui l'avait élevé. Très vite, son visage se décomposa. Quelqu'un avait bien été blessé à cause de son imprudence. Son père. Jamais il ne le pardonnerait, est-ce qu'elle, elle le pardonnera ? Le brun envoya valser le drap, faisant descendre par la même occasion Cody. Après s'être tourné sur le côté, il se mit sur ses pieds, se tenant debout aux côtés de sa mère. Alice pouvait lire dans son regard ce que Zach souhaitait. Il voulait le voir. Comment lui refuser, elle le connaissait, un non ne l'arrêterait pas. Elle se contenta de l'amener, dans le plus grand des silences, dans une chambre d'une autre aile de l'hôpital. Zach n'était pas encore rentré à l'intérieur qu'une sensation de froideur traversa l'entièreté de son corps. Devant la porte, il entendait le fonctionnement de plusieurs machines. Une lueur s'alluma dans ses yeux. Avec le mutisme de sa mère, Zach avait imaginé le pire. Mais pourquoi des machines fonctionneraient-elles si c'était le cas ? Il se précipita dedans, stoppé net à la vue de son père inerte, branché à de nombreux appareils. L'enfant voulut attraper la main de son père, mais sa mère le retenu par l'épaule.
« Non. Cette partie-là est très abîmée. Il y a peu de chance pour qu'il puisse se resservir de ce bras. L'autre est en piteux état, mais il devrait en récupérer la capacité avec de la rééducation s'il se réveille. »
« Quand il se réveillera. » Corrigea le garçon.
« Tu as raison, tout ira bien. » Dit-elle en l'enlaçant.
Vingt et unes longues journées. Zach avait compté chaque jour depuis l'incident, priant pour que l'état de son père s'améliore. L'enfant paraissait incomplet depuis la mésaventure, comme s'il avait perdu son étincelle. Ses sourires semblaient si vides, et son intérêt pour son sport favori et les Pokémons évaporés tels des rêves brisés. Sa mère lui répétait jour après jour que tout irait bien. Jamais elle n'avait pleuré devant lui. Elle le réconfortait, le chérissait, mais elle n'osait pas verser des larmes devant lui. Elle voulait être forte pour lui, pour eux. Cela porta ses fruits. Un appel arriva de l'hôpital. Alice fut dubitative lorsqu'elle prit le téléphone. Pendant une fraction de secondes, elle imagina le pire. Mais lorsqu'elle entendit les mots que le médecin avait à lui dire, elle ne put se retenir plus longtemps. Des larmes de joie. À peine eut-elle raccroché le combiné qu'elle partit à l'école chercher Zach. Elle annonça la nouvelle à l'enfant. Celui-ci ne se réjouit pas immédiatement, même si au fond de lui, le trou était en train de se combler. Il voulait le voir de ses propres yeux. Ainsi, ils rejoignirent ensemble la chambre de Ted. Affaiblis par les médicaments et ce qu'il avait traversé, il ne semblait pas lui-même. On aurait même dit qu'il avait perdu du poids. Mais il était là, éveillé, et son premier réflexe fut d'embrasser sa famille. Des pleurs survirent. Ils s'y autorisèrent, après tout, ils étaient réunis. Tout allait bien.
Les semaines passèrent, puis les mois. La vie avait retrouvé son cours. Zach était redevenu l'enfant souriant et plein de vie, se donnant à fond dans le football et les études. Lui et Caninos avaient récupéré de leurs blessures, et leur relation a repris là où elle s'était arrêtée. L'incident ne l'influa pas, au contraire. Leur lien n'en était que renforcé. Les deux avaient risqué leur propre vie pour se sauver mutuellement. Un acte témoignant d'une grande amitié, voire même d'une fraternité. Mais il y avait une ombre sur le tableau. Le père avait tout perdu dans l'accident. Sans l'usage de son bras gauche, et avec une mobilité réduite pour le droit, impossible pour lui d'exercer sa passion d'ébéniste. Son entreprise fit faillite. Les fournisseurs le délaissèrent, et si l'exploitation des deux Pokémons en sa possession fit survivre le business quelque temps, les clients lui tournèrent eux aussi le dos face au déclin de la quantité, mais surtout de la qualité. Si au début, il avait supporté son handicap et cet échec professionnel, il n'y arrivait plus. Pour un homme aussi fier que lui, ne rien faire d'autre de ses journées que de rester à la maison et de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, c'était la pire des choses. Zach faisait de son mieux pour l'aider. Il se sentait responsable, il était responsable. Si son père était dans cette situation aujourd'hui, c'était bien à cause de lui. Alors, l'enfant décida d'assister son père dès qu'il le pouvait. Même pour les tâches les plus ingrates, il lui devait bien ça. Les premiers temps, tout était à peu près normal. Même si on pouvait voir Ted changer, et pas pour le mieux, l'atmosphère de vie était toujours vivable. Mais plus le temps passait, et plus il devenait aigri et grincheux. Au point que sa femme et son fils ne le reconnaissaient plus. Ce n'était plus la personne qu'Alice avait épousé, ce n'était plus le père qui avait offert un ballon à un petit enfant. C'était un homme totalement différent.
Cette routine fragile bascula. Zach partit directement s'entraîner avec son équipe à la sortie de l'école, sa mère était de garde. Il ne la verrait probablement pas avant le lendemain matin, mais il était habitué. Son père devait être seul à la maison, probablement en train de boire pour oublier sa douleur. Zach ne préférait pas y penser. Il était avec ses amis, il en profitait. Rien, à part les Pokémons, ne l'amusait plus que le football. L'enfant rêvait que cet instant ne finisse pas, car quand il prendrait fin, il devra faire face à son père. Il avait fait de son devoir de l'aider, mais cela devenait invivable. Devoir sans cesse supporter ses caprices et parfois ses insultes. C'était insoutenable, un véritable enfer. Mais cet homme était son père. Que pouvait-il dire ou faire ? Rien. Alors lorsqu'il rentra, et qu'il entendit celui-ci lui crier d'attraper une bière dans le réfrigérateur, il s'exécuta. Encore dégoulinant de sueur, le garçon posa son sac aux pieds des escaliers et partit dans la cuisine. Il avait bien sur pensé à enlever ses chaussures pour ne pas salir l'intérieur. Pour une fois, peut-être aurait-il pu désobéir à cette règle. Les chaussettes humides, Zach glissa sur le parquet, s'écrasant au sol avec la bière dans sa main. Elle se brisa en mille éclats, inondant de son breuvage le bois. Un bout de verre planté dans l'avant-bras, l'enfant se releva et s'excusa auprès de son père, ou du moins, il essaya. Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un poing apparut devant son visage. Zach tomba une nouvelle fois. Assis par terre, il se tenait le nez qui dégoulinait de sang. Il souffrit en silence. Sans prononcer un mot, il partit chercher une nouvelle bière pour son père et prit un balai pour nettoyer ce qu'il restait de la précédente. La tête baissée, il traversa le salon et alla se terrer dans la salle de bains. Après avoir fermé la porte à clé, le garçon s'accouda à celle-ci, et laissa son corps rejoindre le sol. Ses mains étaient encore pleines de sang. Il n'arrivait même pas à retirer le bout de verre planter dans sa peau, ses doigts glissaient beaucoup trop. Toujours sur le carrelage, il se déplaça jusqu'au lavabo sur lequel il s'appuya pour se lever. L'eau coula à flot et devint rapidement rougeâtre. L'écoulement de sang s'était arrêté. Les mains propres, Zach put finalement retirer l'éclat dans son avant-bras avant de s'isoler sous la douche. Le liquide ruisselait sur son corps tandis qu'il réfléchissait. Son père ne s'était pas excusé, il n'avait pas dit un mot. Zach n'en dirait probablement pas à sa mère non plus. Ce n'était qu'un évènement isolé, sous l'influence de la colère et l'alcool. Il devait se défouler après tout ce temps, après avoir emmagasiné autant de rancœur. Si seulement...
Le lendemain, Ted n'eut pas besoin d'un élément déclencheur pour réitérer son acte. Seule la présence de son fils était une raison valable pour faire ce qu'il faisait. Encore une fois, il profita d'être à l'abri des regards d'Alice pour ne pas avoir à lui faire face ou pire encore : à lui réserver le même sort. Zach ne disait rien. Pas parce qu'il ne savait pas se défendre, ou qu'il avait peur. Loin de là, il en avait déjà croisé des brutes à l'école. Il se laissait faire, car c'était son père. L'enfant était responsable de son état et de tous ses malheurs. Il acceptait de prendre les coups. Comment pouvait-il faire autrement ? Il ne pouvait même pas regarder son père dans les yeux, pas sans repenser à cette après-midi en particulier. Pas question de lui tenir tête, il acceptait ce « retour de flamme ». Tant que personne d'autre que lui n'était impliqué. Il ne pleurait même pas. Rien ne laissait paraître cette situation. Physiquement, il y avait les bleus. Les excuses sont innombrables, surtout quand l'on connaît Zach. Ses excursions dans les bois étaient une très bonne justification, même si le fait qu'il tombe autant soit moins crédible. D'un point de vue psychologique, on ne pouvait pas s'en douter non plus. Zach était toujours aussi souriant et enjoué, même si derrière ce masque se cachait des tout autre sentiments. Mais il ne voulait pas s'en séparer, il s'y était habitué, et même lui, il commençait à y croire. Cette illusion du bonheur lui servait de refuge.
Éventuellement, sa mère finit par être témoin d'une de ces scènes. Son cœur se brisa à jamais, elle qui avait aimé cet homme, plus jamais elle n'en serait capable. Il avait levé la main sur sa lumière, sur son enfant. Lorsqu'elle découvrit que cela durait depuis plusieurs semaines déjà, et que le pauvre garçon avait le corps couvert de marques, elle décida de prendre les choses en main. Mais le père n'était pas de cet avis. Il n'alla pas jusqu'à frapper Alice, mais il la repoussa pour attraper une nouvelle fois l'enfant. Même s'il n'avait qu'un bras, sa carrure était imposante. Surtout que Zach ne cherchait même pas à se défendre, il encaissait simplement les coups. Le poing de son père vint s'enfoncer dans son ventre, le garçonnet continuant de fixer le visage de sa mère pour se rassurer, il souriait même. Lorsque son père en eut fini avec lui, sa mère vint à ses côtés pour le prendre dans ses bras. Zach l'enlaça.
« Ne t'inquiète pas maman, ça va aller. Tout ira bien. Tout ira bien... »
Cela se sentait dans l'intonation de sa voix qu'il avait envie de pleurer, mais il ne se l'autorisait pas. Il ne se permettait pas de verser une larme. Il n'en avait pas le droit. Il devait rester fort et ne pas broncher, c'était tout ce qu'il pouvait faire. Cependant, Alice ne pouvait pas laisser cela se produire. Elle attrapa son fils pour l'amener à sa chambre, et l'aider à faire ses valises. Cody était là lui aussi. Ces derniers temps, il n'avait pas trop vu Zach. Le Pokémon sentait que quelque chose n'allait pas, comme s'il pouvait ressentir une partie des émotions de son ami. Le garçon était assis sur son lit, son Caninos sur les genoux, tandis que sa mère était en train de ranger ses affaires. Lui n'avait pas envie de partir, il devait rester. C'était ce qu'il ressentait, il ne pouvait pas partir maintenant. Mais sa mère semblait si malheureuse... De lourds bruits de pas se rapprochaient. Alice paniqua, Zach ne bougea pas d'un cheveu alors que sa mère le secouait. La porte s'ouvrit dans un violent fracas qui fit trembler les murs de la chambre. Une bouteille à la main, Ted était là, plus énervé que jamais. On ne pouvait voir que de la haine et du dégoût dans son regard. Pas pour sa femme, mais pour Zach. Le garçon savait pourquoi, c'était la raison pour laquelle il ne disait rien. Alice s'opposa entre les deux hommes, criant sur l'homme qu'elle avait aimé. Ses mots n'étaient que du vent, il était aveuglé par la colère. Il n'y prêtait même pas attention. Zach, inerte jusqu'à présent, réagit quand sa mère fut poussée contre le mur. Elle n'était pas blessée, heureusement. C'est alors qu'il se prit un énième coup dans le ventre, se courbant en deux. Ted profita de cette position pour le frapper dans le dos avec son coude. L'enfant s'écroula au sol, sous la douleur, mais toujours dans le silence. Il vit le pied de son père se lever, et ferma les yeux, prêt à recevoir le coup. Mais il n'arriva pas. Quand Zach ouvrit les yeux, il vit Cody accroché à la jambe de l'ancien ébéniste. Cette fois, il mordait avec toute la force qu'il avait. Le père agita sa jambe, frappant la bestiole contre le mur.
« Toi aussi c'est ta faute ! C'EST VOTRE FAUTE ! »<
Lorsque le Caninos lâcha prise et tomba, Ted se mit à le ruer de coups. Il le considérait lui aussi comme un fautif pour ce qui lui était arrivé. Après tout, il avait sauvé Zach et Cody. Mais c'était la faute du garçon en premier lieu s'ils s'étaient trouvés au Lac Colère. Le brun avait accepté de se faire frapper, mais pas les autres. Son père n'avait aucun droit de lever la main sur Cody, ou sur sa mère. Il avait dépassé les bornes. Mais Zach avait mal, il se tenait le ventre. La douleur était insoutenable. Il crachait même du sang. Ce n'était pas le plus dur. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était de voir Caninos se faire frapper à sa place, sans pouvoir agir. Le regard du Pokémon avait cherché celui de Zach pendant de longues secondes. On pouvait distinguer de fines larmes coulant de ses yeux, et sa lueur en train de s'éteindre. Cody savait que c'était un adieu, mais Zach ne pouvait s'y résoudre. Lui qui c'était promis de ne pas pleurer, il avait brisé cette promesse. Son ami de toujours. Son compagnon, son frère. Un cri de rage s'échappa de sa bouche, et il poussa sur ses jambes de toutes ses forces pour se relever. Sa mère le regardait faire, elle lui faisait signe de ne pas confronter son père. Mais à cet instant, il n'entendait plus rien. Il ne voyait plus rien, à part Cody. Il saisit la chaise de son bureau et la fracassa sur la tête de son père, appuyant par la même occasion avec son pied derrière le genou de l'homme pour le mettre à terre. Alice se précipita pour prendre Cody dans ses bras, mais Zach n'en avait pas fini. Il fit basculer l'étagère sur son père pour ne pas qu'il puisse les suivre. Le garçon eut à peine la force de descendre les escaliers et rejoindre sa mère dans sa voiture. En piteux état, il s'assit sur la banquette arrière, Cody dans ses bras. Celui-ci ne bougeait pas et ne répondait pas aux appels de Zach qui s'affolait de plus en plus. Mais la douleur était bien trop élevée, il aurait voulu tenir pour son Caninos, mais son corps était à bout et alors qu'il résistait, ses yeux se fermèrent et son esprit se perdit dans un endroit certainement plus joyeux.
Quand Zach se réveilla, il faisait nuit. Il ne savait pas combien de temps il avait passé évanoui, mais sa mère conduisait encore. Alice voulait mettre le plus de distance possible entre Ted et sa famille. Elle ne s'arrêterait pas avant d'être à l'autre bout de la région, même si elle devait conduire jour et nuit pour cela. Le premier mot que le garçon prononça à son réveil fut « Cody ». Le silence de sa mère était troublant. Néanmoins, elle fit un signe de la tête. Zach se pencha en avant pour jeter un coup d'œil sur le siège passager. Le Caninos était dessus, sous une couverture.
« Maman, pourquoi Cody est totalement recouvert ? » Les larmes commencèrent à monter en lui, et sa voix à se briser. « Maman, est-ce que Cody va bien ?! » Toujours aucune réponse. « MAMAN ?! »
La voiture s'arrêta brusquement. Sa mère se tourna lentement vers lui. Lorsqu'il vit son visage, il comprit. Elle n'avait pas besoin de dire un seul mot. On pouvait presque entendre quelque chose se fendre dans Zach. Il tentait tant bien que mal de retenir ses larmes, mais cela ne faisait qu'empirer la chose. Il descendit de la voiture, et marcha tout en se tenant jusqu'à la portière avant. Une fois celle-ci ouverte, il tomba les genoux au sol sa tête au niveau du corps de Cody. Une dernière fois, il posait sa tête contre sa fourrure.
« N'aie pas peur Cody, tout ira bien maintenant. N'aie pas... »
Il éclata en sanglots. Sa mère était derrière lui, la main posée sur son dos pour le réconforter. Elle savait ce que signifiait Cody pour Zach. Ils avaient grandi ensemble, ils avaient découvert la vie à deux, vécus des aventures. Elle ne prononça pas un mot, laissant son fils faire son deuil dans le silence. Il en avait besoin. Ils en avaient besoin.
Zach se mit à frapper du poing sur le sol, de plus en plus vite et fort. Il prononçait la même phrase en boucle. « C'est ma faute ». Il ne paraissait pas consolable. Il resta là près d'une heure, sans s'épuiser. Le jour commençait à se lever. Quand sa mère essaya de l'éloigner de Cody, il la repoussa. Encore et encore. Il ne voulait pas le laissé partir.
« Zach, on doit repartir. »
« NON ! TOUT EST DE MA FAUTE ! »
« Mon chéri, s'il te plait... »
« NO... » Il fut interrompu par une gifle de sa mère.
« Zach, ça suffit. Ressaisis-toi maintenant ! » Dit-elle en pleurant, elle aussi. « La vie est dure, je sais que ces dernières années n'ont pas vraiment été resplendissantes, loin de là. Mais on doit avancer, ensemble. Parfois, la vie peut nous mettre à genoux, mais il ne tient qu'à toi de choisir de rester à terre ou de te relever. Alors, qu'est-ce que tu décides Zach ? Tu crois que Cody aurait aimé te voir dans cet état ? »
Le garçon sécha ses larmes, et respira un grand coup. Après s'être relevé, il plaça le Caninos sur la banquette arrière. Ils ne pouvaient pas le laisser ici, il fallait l'enterrer dans un endroit approprié. Zach s'installa aux côtés de sa mère, claquant la portière et regardant le soleil se lever à l'horizon. Ils devaient aller de l'avant.
Pokemon Community : A glimmer of hopeUn an avait passé depuis cette tragique journée. La vie semblait être devenue normale pour Alice et Zach. Le garçon commençait peu à peu à retrouver le sourire et ses habitudes, même si Cody lui manquait terriblement. Quant à sa mère, elle avait pris les devants et était devenue plus indépendante, plus forte. Elle exerçait toujours la médecine dans les Centres Pokémons, notamment celui de l'île Lansat, où le duo avait récemment aménagé. Ils avaient été amenés ici par la quiétude de l'endroit, mais par la présence d'une académie prestigieuse : La Pokemon Community. L'endroit rêvait pour que Zach puisse continuer ses études, et se faire une nouvelle vie. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus de malheur dans leur quotidien, plus depuis que leur chemin s'était séparé de celui de Ted. Alice n'en avait plus jamais entendu parler. Zach, quant à lui, s'était assuré que son « père » ne puisse pas revoir la lumière du jour en contactant les forces de l'ordre. Aujourd'hui encore, il devait être en train de moisir dans une cellule, pour le plus grand plaisir de l'enfant.
Cette île et cette école étaient synonymes d'un nouveau départ. Une vie paisible pour Alice, et remplie d'aventures et de péripéties pour Zach qui pourrait accomplir son rêve. Après tous les malheurs qu'ils leur étaient arrivés, ils avaient bien droit à ce bonheur-là, et à tout le bonheur du monde.
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