Résurgence de la causalité |
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Résurgence de la causalité |
Alezar Ilea L'échec n'est qu'une opportunité de recommencer plus intelligemment ~ |
Est-ce qu'il ne fait pas trop froid là-bas, est-ce que les lumières veillent sur toi, est-ce que les cailloux roulent toujours comme quand je m'en approchais d'un peu trop près, est-ce que tu sais pour le départ puis le retour de Faulkner, est-ce que tu as remarqué comme le vent s'est levé alors qu'on approche de toi, toujours plus près, pour mieux te contourner et nous éloigner, est-ce que la pluie tombe comme avant, et la neige, et la grêle, et les cailloux, est-ce que tu es tendre avec ceux qui t'ont enlevée comme tu l'étais avec nous, est-ce qu'un jour tout redeviendra comme avant ?
Maintenant il fait tout le temps nuit sur toi.
Tu n'entends pas tous ceux qui pensent à toi, maintenant, tous ceux qui chantent, comme moi, tous ceux qui t'ignorent, comme ma Salomé, tous ceux qui pleurent, comme la grande à la chevelure de feu, tous ceux qui parlent, comme un peu tout le monde, tous ceux qui font silence, comme un peu tout le monde encore. Est-ce que je peux t'apporter quelques graviers, ou des pierres qui brillent, une nuée de confettis, une de mes plumes, noire ou blanche, ou celle de Miss Acacia, rouge, que tu n'as pas vue partir, une griffe de Faulkner ou de la comme lui bleue, petite source, une braise étincelante de Django, ou scorie, ou cendre, un peu de gentillesse, affectueuse affectée, de Chayana, un peu de venin, perfide, d'Ankou, une écaille comme l'océan, ouragan ou tempête, de Sheitan, et l'attrape-rêves de ma Salomé, Granny, Mavka, Babushka ?
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.
Est-ce que tu vas disparaître à nouveau, comme un an plus tôt, retourner te terrer dans un diamant, te cacher parmi les vagues, t'enfouir entre les racines, t'éclipser entre les baies, t'évanouir entre les branches, te dissimuler entre les feuilles, t'envoler à mes côtés et comment c'est maintenant qu'il fait nuit tout le temps ?
Est-ce que ça va mieux, est-ce que c'est comme quand je bats des ailes dès que j'en ai envie ou besoin, pour se sentir léger, est-ce que c'est comme devenir un caillou qui vole, est-ce que c'est faire le vide pour ne plus penser à rien, pas même aux cailloux si bons, juste toi laissée à la dérive sans personne pour te gronder ? C'est fini ces gens en uniforme qui s'imposaient à toi, qui t'ont détournée de nous, qui t'ont éloignée, qui ont voulu t'arracher tes cailloux, qui t'ont fait plus de mal que toutes les Salomé du monde réunies ? Tu les as fait fuir, dis ? Avec ta générosité plus longue encore que mon aile maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ?
Même les cailloux d'Adala ne font pas le poids face aux tiens. Du genre tous beaux, tous neufs, jamais picorés, jamais écorchés, jamais rien, jamais mais rien. Alors ça fait un an qu'on voit rien, un an que t'es plus là, et là tu surgis, tu nous appelles, on t'entend, mais personne pour prendre son envol, même pas moi, même pas pour toutes les pierres du monde, car je le sens bien le regard de ma Salomé qui m'enflamme les plumes parce qu'elle se doute de quelque chose, et c'est comme ça depuis le début de l'été, depuis ce journal commencé, mais moi j'ai plus la tête à ça maintenant que je te vois, je veux juste une dernière balade à tes côtés, en piqué vif, et moi qui frôle ta terre depuis mes serres avant d'atterrir enfin. Toujours rien de ça, toujours l'obscurité, le noir seulement, et toi qui surgis brusquement ce soir, comme pour nous rappeler qui tu es où tu es parce qu'il fait tout le temps nuit sur toi.
Et si tu m'appelles quand les cauchemars t'habitent, avec toujours ceux en uniformes, regarde comme je pourrai m'envoler vers toi, pour les chasser, cauchemars ou uniformes, moi l'avalanche presque noire prête à leur glisser dessus. Les cauchemars, tu ne dois faire que ça, maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.
Et toutes ces histoires que tu n'auras jamais contées ? La mienne que tu portais en toi ? Celle d'Ankou que tu tais secrètement ? Celle de Dovah qui ferait rire ma Salomé ? Et toutes celles que tu ignores, à commencer par la comme Faulkner, petite source, ou celle de Sheitan, roi des mers ? Il y a ces vies vécues, ces pans de passé qui ont coulé le long de Django, premier œuf d'entre nous, Chayana, fidèle, toujours, et Faulkner, qui s'en va et repart dès que l'envie l'en prend ? Dis, qu'est-ce que tu vas bien pouvoir nous narrer maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi ?
Tu le vois bien que personne ne t'a oubliée, tu le vois bien que chacun te guette et te veille, chacun te vit à sa manière mais tu dois le savoir que penser à toi nous brûle autant que le pelage fraîchement éteint de Django, et c'est notre cœur entier qui se consume sous ta pensée. Ça remonte depuis le bec jusqu'à se perdre sous mes pattes, tiraillant mon sang qui bouillonne jusqu'à ma langue désormais asséchée pendant que tu te dresses face à nous.
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi.
Et si je t'attache au bateau, peut-être pourras-tu nous suivre ? Et si je sème caillou sur caillou pour que tu puisses retrouver ton chemin jusqu'à nous, jusqu'à Adala, pour te fondre en elle, pour que vous ne soyez plus qu'une ? Et si je chante plus fort que ces mélodies qui s'élèvent, plus fort que ces pas qui se perdent, plus fort que Salomé qui parle avec la comme Faulkner, petite source, Aoi maintenant, petite source toujours pour nous, plus fort que la foule qui broie ton nom entre leurs lèvres et toi si fragile qui te perds sous mon bec mais personne pour y faire attention, juste toi et moi dans la nuit noire, et toi qui m'éclaire, vaguement, même si rien ne change car il fait tout le temps nuit sur toi.
Mais moi je veux croire.
Croire qu'il ne fera pas tout le temps nuit sur toi.HRP :Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur Lansat par Algernon.
Le temps s'arrête, et la nostalgie prend place.
Installée sur la terrasse principale du paquebot, je laisse couler mon regard vers l'horizon en laissant mon esprit vagabonder comme il l'entend, profitant simplement de la beauté du paysage. Hortensia, postée à mes côtés, semble bien plus intriguée par ce qu'il se passe autour d'elle que par la magnificence naturelle de la mer. Vanitas, lui, dort encore et toujours dans sa Pokéball. Déjà un mois que nous étions tous les trois ensemble, à vivre parmi nos futurs camarades, à profiter des plaisirs que l'énorme bateau nous offrait. Ce mois d'Août est passé à une telle vitesse que je me revois encore en train de faire mes adieux à mes parents la veille. Depuis mon départ, j'ai l'impression que tout passe si vite. Je n'ai même pas eu le temps de vraiment sympathiser avec les autres élèves. Pour eux, je reste encore une grande inconnue, aucun doute là-dessus. D'ailleurs, peu calculent la jeune métisse solitaire que je suis actuellement, préférant visiblement aller observer le lointain.
▬ Arc !
Hortensia me tire subitement de mes pensées, m'indiquant avec insistance son envie d'aller découvrir la raison de cet étrange mouvement de foule. C'est seulement à ce moment-là que je remarque qu'une bonne partie des personnes présentes sur le bateau se trouve sur le rebord du bateau, observant une île somme toute ordinaire. Cela a tout de même le mérite de me rendre curieuse et je finis par suivre le mouvement, rejoignant le bord pour observer cette fameuse île. Elle n'a pourtant rien d'extraordinaire par rapport à celles que l'on a déjà approché au cours du mois, mais en venant vers la foule, je peux remarquer en un instant à quelle point elle suscite l'émotion des gens. Sauf que c'est plus que ça. C'est de la nostalgie, en tout cas pour ceux qui semblent avoir de l'ancienneté. Il n'en faut pas plus que cela pour que je me connecte mes neurones et comprenne ce qu'il en est. Ce n'est pas n'importe quelle île qui se tient à l'horizon.
C'est Lansat, la tristement célèbre île où se trouvait auparavant la Pokemon Community.
C'est en le comprenant que me revint en mémoire cette étrange période. Depuis les hauteurs de Frimapic, nous n'étions pas réellement concernés par les événements, mais j'avais eu cœur à suivre les événements, ne pouvait m'empêcher de me sentir triste pour ceux qui s'y trouvaient. Ça avait dû être une sacré épreuve à traverser pour certains … Je me rappelle mon père en train de lire le journal, tremblant alors qu'il pensait lui aussi à tous ces jeunes au cœur de ce conflit qui avait enflammé l'île au point de pousser ses habitants à l'exil total. S'il avait pu faire quelque chose pour aider, il l'aurait fait sans hésiter. Tout comme maman. Tout comme moi à vrai dire. Et au bout du compte, sans être concernés par l'événement, nous avions tous les trois été touché par ce dernier, bien trop réceptifs à la souffrance. Heureusement, Mickael et son insouciance d'enfant étaient là pour nous remettre d'aplomb, mais nous gardons, moi en tout cas, une certaine trace de cet événement en nous.
Quelque part, je pense que c'est ce qui m'a fait longtemps hésiter à accepter de rejoindre la Pokémon Community, me mettant en tête que ce genre de choses pouvait se reproduire en allant là-bas. L'attaque des Pokémon sauvages me l'avait d'ailleurs prouvé dans un sens, mais maintenant, je me suis convaincu d'une chose : si quelque chose de similaire devait survenir, alors je pourrai enfin agir, ne plus avoir à m'attrister de rester étranger à cette affaire. Oh, je sais pertinemment que mon poids pèse peu aujourd'hui, mais je suis convaincu qu'avec le temps, je serai de celles sur qui on pourra compter pour sortir des situation les plus fâcheuses. Ce n'est pas pour rien que j'ai décidé de devenir une Ranger !
▬ ... Moi aussi, un jour, je pourrai fièrement m’exprimer : j’ai connu Lansat ! J’ai pu y vivre des aventures merveilleuses et y côtoyer des gens formidables ! Voilà… Voilà quel est mon souhait ! Alors, je t’en prie… Accepte-le, et arme toi de patience ! Car je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour revenir vers toi ! Je te le promets !
Comme un écho à mes pensées, la douce et quelque peu fluette voix d'une jeune élève me ramène à la réalité et me transmets une étrange sensation de bien être. Cette fille … j'ai eu la sensation qu'elle vient de mettre des mots sur ce que moi-même je rêve d'avoir. Adapté à Adala bien sûr, au monde même à vrai dire, mais c'est bien là mon objectif désormais. Vivre des aventures. Me faire des amis. Apprécier la vie que je vivrai à la Pokémon Community, tout simplement. Mais surtout, pouvoir en repartir avec la tête remplie de souvenirs d'une vie que jamais plus je n'oublierai. Je dois l'avouer : quelque part, je jalouse tous ces gens autour de moi. Je jalouse la nostalgie qui les envahit, le bonheur qui en résulte. Moi aussi je veux vivre cela un jour, et pas seulement avec mes parents.
Vanitas est le premier à m'avoir ouvert la marche vers cet objectif, Hortensia la seconde.
J'accorde un regard à cette dernière avant de me tourner de nouveau vers la jeune fille mystérieuse qui se confond en excuse suite à son petit discours. Je me mets alors à sourire jusqu'aux oreilles, autant amusée qu'heureuse du plaisir que m'ont procuré ses paroles. Désormais, je me sens vraiment prête à aborder cette première année à la Pokémon Community. Je sens qu'elle deviendra au moins pour un temps la meilleure année de toute ma vie. Ne serait-ce que pour mes compagnons et futurs compagnons. J'offre d'ailleurs une caresse généreuse à Hortensia, quelque peu surprise par mon geste, puis je lance un dernier regard satisfait vers Lansat, la remerciant intérieurement pour m'avoir indirectement permise d'effacer mes derniers doutes quant à ma venue dans la Pokémon Community.
Le temps s'est remis en marche. La nostalgie laisse désormais place à la découverte.
La vie reprend son inlassable et plaisant cours.
Commence alors ma nouvelle de PCienne …