Vraiment... Encore un... ?
Salomé était las de tous ces Motisma avec pour toujours la même consigne ; leur enseigner l'attaque Balance.
Même si elle connaissait et maîtrisait parfaitement la marche à suivre – merci Chayana – un peu de folie ou d'originalité n'aurait pas été de refus.
Et, comme si la rousse n'était pas déjà suffisamment à plaindre, il fallait que l'ex-comateux ait eu la bonne idée de lui filer un Motisma totalement inutile, dépourvu de Motismachine. Un Motisma au naturel, en somme.
Comme toujours, elle comptait sur la Macronium pour l'apprentissage de l'attaque tandis que Salomé parcourait les pages d'un magazine, allongée sur son lit. Elle observait du coin de l’œil la chromatique pendant que le nouvel arrivé offert par son passage de grade épiait à son tour, restant aux côtés du type Plante au cas où. Le Kungfouine se montrait désireux d'apprendre mais à ses yeux, le Pokemon n'était encore qu'un simple stagiaire comparé à Chayana. Alors il allait devoir se contenter de regarder et rien d'autre.
– T'inquiète Karma, tu t'occuperas du prochain. Ça tombe bien, y a Yuna en liste d'attente, ça pourra qu'arranger Chayana de ne pas avoir à s'occuper d'un de ses monstres pyromanes...
Léger grognement de la part de la concernée qui n'approuvait pas d'être mise à l'écart. Après tout, si Salomé avait demandé un Kungfouine pour son passage de Grade, c'était aussi pour soulager la Macronium qui en faisait plus que nécessaire pour l'assister en médecine.
Même si tout restait à faire avec le type Combat dont le mode de vie était encore inconnu à la gitane, à peine quelques jours qu'elle l'avait obtenu, joli cadeau pour fêter la rentrée.
– En plus Django avait servi à rien ou presque pour la Braségali la dernière fois... Donc tu pourras pas faire pire que lui.
Le concerné remua à peine en bout de lit, visiblement trop occupé à dormir qu'à entendre les critiques qui lui étaient destinées.
Salomé referma son magazine, préférant finalement contempler pleinement le spectacle de Chayana dispensant son savoir à Omegta, désormais moins intimidé qu'au début de l'apprentissage. L'énergie s'accumulait doucement, la rousse pouvait le sentir, tout comme la Macronium qui ne s'arrêterait que lorsque l'attaque serait maîtrisée. Cela ne devrait pas prendre trop longtemps, jusqu'à aujourd'hui, tous les Motisma avaient été bons élèves, celui-ci ne ferait pas exception à la règle.
Il n'en avait pas le droit en tout cas.
La demoiselle laissa la chromatique œuvrer, toujours aussi concentrée, tandis qu'elle dispensait conseils et mots d'ordre à Omegta pour lui permettre de réussir au mieux. Et au plus vite, espérait-elle, elle commençait à en avoir marre d'être coincée dans cette chambre et n'avait qu'une envie ; prendre l'air.
Parfois, elle se demandait comment un de ses clients réagirait si elle leur renvoyait un Pokemon sans leur avoir appris l'attaque demandée en question. Pour une attaque comme Balance, Ginji s'en rendrait-il compte ? C'était à réfléchir car il y avait plus visuel comme attaque.
La rousse n'eut pas le temps d'y penser davantage que Chayana poussa un cri, visiblement le Pokemon avait réussi. Maintenant il allait falloir qu'il recommence, encore, encore, encore. Pour être sûr qu'il maîtrisait bien l'attaque.
– Bravo, je suppose que toi et tes copains Motisma allaient pouvoir révolutionner le monde avec cette attaque Balance.
Non mais vraiment, quelle utilité, cette capacité ?
Malgré tous les Motisma passés entre ses mains, Salomé ne comprenait toujours pas.
Elle observa le Pokemon s'entraîner, jusqu'à ce qu'enfin Chayana se rappelle à elle à nouveau.
L'apprentissage était terminé.
Pas trop tôt.***
Algernon au-dessus d'elle et Karma à ses côtés, la voilà parée pour se divertir loin de cette chambre ennuyeuse. Juste prendre l'air, sortir de là, ce serait déjà un bon début. Les cours avaient à peine repris que cela la fatiguait déjà. Voilà deux ans qu'elle étudiait dans cette académie, elle n'avait pas cru qu'elle tiendrait aussi longtemps.
Et pourtant, elle était encore là.
Tout comme la demoiselle qui venait de l'aborder, visiblement peu à l'aise avec les inconnus.
Cela fit hausser un sourcil à Salomé qui prit quelques instants pour détailler la jeune fille perdue et qui lui demandait un soupçon d'aide. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas joué les guides touristiques pour l'école, et cela ne l'avait pas manqué.
– Je peux, oui. Après, si je veux, c'est une autre histoire...
Mais qu'est-ce qu'elle racontait là ? La pauvre allait sûrement se décomposer devant elle, bégayer davantage ; déjà qu'elle écorchait son prénom – Quitterie, hein – ce n'était pas pour la faire paniquer plus encore ou la voir s'égarer entre les couloirs du dortoir.
– Je rigole, ça me pose pas de soucis de te faire visiter le dortoir. Faut bien s'entraider entre Givra' hein ?
Bon, cela dépendait des Givrali, mais cela, Salomé ne le précisa pas.
Elle lui pointa du doigt la porte au bout du couloir ; autant commencer par le principal et surtout l'essentiel :
– Là, c'est ma chambre. Sait-on jamais, ça pourrait servir un jour. Et voici Algernon et Karma, fit-elle en montrant respectivement les deux Pokemon, mon starter et un nouveau venu dans mon équipe.
Comme à son habitude, le Picassaut s'en alla saluer la jeune fille à grand renfort de cercles décrits au-dessus de sa tête. Le Kungfouine, lui, semblait perdu dans ses pensées, sûrement occupé à réfléchir, penser ou méditer. La demoiselle avait encore du mal à cerner son Pokemon et espérait qu'il ne finirait pas dans une réserve Ranger comme le Feuforêve de son précédent passage de grade.
Au moins avait-il un nom, lui, c'était déjà un bon début.
– Allez viens, je vais te montrer le reste !
La rousse fit signe à l'adolescente de la suivre à travers les méandres des couloirs du dortoir.
Et c'était parti pour une visite guidée, une !
– Ah et je m'appelle Salomé, ça aussi ça pourrait te servir.
Ah le plaisir des banalités.
Salomé était loin de la stimulation que pouvait lui procurer Ranya, ou même des fous rires prodigués par Erika. Juste un simple échange de questions avec une Givrali sûrement banale, du mois l'était-elle à ses yeux.
Mais à quoi bon se montrer hostile contre le monde entier ? La rousse ne l'oubliait pas, toute nouvelle rencontre était bonne à prendre, bonne à utiliser aujourd'hui ou demain.
Viendrait une heure pour Quitterie, sans nul doute.
Alors elle était là, à lui sourire presque tendrement sans se départir de l'éclat nouveau qui brillait au fond de ses prunelles, avançant le long de ce couloir qu'elle ne connaissait que trop bien avant de reprendre finalement la parole pour répondre à la nouvelle venue :
– Deux ans ? s'interrogeait-elle elle-même, ouais, c'est ça, deux longues années à apprendre ou m'ennuyer selon les jours !
La Médecin salua les Pokemon de Quitterie, bientôt imitée par Algernon, toujours de sa même manière habituelle, tandis que Karma posait simplement un regard nouveau sur ces inconnus, ne cillant ni ne sourcillant, attendant seulement.
– Tu as déjà une idée du parcours que tu souhaiterais rejoindre ? Ça doit pas être simple de choisir quand on vient de débarquer, moi j'avais fait la classe d'été alors je savais déjà vers quoi me diriger quand les cours ont commencé, mais sans ça, j'aurais mis sûrement deux mois de plus avant de me décider. Au moins.
Tout cela pour rejoindre les Pokathlètes et plus encore les Médecins.
Un peu à cause d'Idalienor, beaucoup à cause d'Algernon.
Juste une histoire de hasards et de rencontres.
Comme pour beaucoup de gens, sûrement.
Voilà le duo face au bassin central du dortoir, lieu apaisant et de méditation par excellence. Le Kungfouine s'en approcha, visiblement désireux de s'attarder dans le coin, Salomé ne pouvait que trop bien le comprendre, tant bien même la réflexion et l'introspection n'étaient pas son fort.
– Tu connais déjà la salle commune, donc voilà un autre lieu caractéristique de notre dortoir ; ce bassin. Plutôt pas mal si tu veux t'isoler... même s'il est souvent pris d'assaut.
Quelques filles gloussaient à proximité, propageant sûrement les dernières rumeurs et ragots pour le plus grand plaisir de tout le dortoir, y compris Salomé.
– Tu le sais peut-être mais les Givra' sont réputées pour être de véritables commères... Te suffira de traîner ici ou dans la salle commune si tu veux être au courant des derniers potins de l'académie !
Et quelles rumeurs circulaient sur Salomé ?
Circuleraient ?
Mieux valait ne pas y penser.
C'était elle qui s'occupait de les propager, elle qui avait lancé toute cette histoire autour de Logan, elle qui choisissait ses cibles et aucun cas elle au centre de ces rumeurs.
Et puis quoi encore ?
Les rires s'éteignirent tandis que le duo s'éloignait, laissant là le groupe de demoiselles pour se recentrer sur le dortoir et ses différentes facettes.
La gitane se rapprocha de la nouvelle, lui chuchotant alors à l'oreille de manière à ce qu'elle seule puisse entendre ces quelques mots :
– Fais attention à ce que des rumeurs ne naissent pas autour de toi, Quitterie... Il suffit d'un rien parfois pour déchaîner les passions des Givra'.
Et elle se détourna, éclatant alors de rire face à cette étrange mise en garde qui n'avait même pas pour but de l'effrayer mais certainement pas de rassurer la demoiselle.
La rousse lança un clin d’œil complice à la dresseuse avant de reprendre son chemin, réfléchissant aux quelques merveilles qu'elle pourrait encore présenter à l'étudiante.
– Je crois qu'on a fait le tour...
La Givrali s'adossa à un mur, son pied droit placé contre ce dernier tandis qu'elle essayait de voir ce qu'elle avait bien pu oublier.
Et l'essentiel lui sauta à l'esprit.
– Par contre, tu m'as pas montré où toi, tu dormais !
Parce que oui, Salomé avait eu la bonne idée de montrer, au moins du doigt, sa chambre à Quitterie. Qu'elle l'ait retenue ou non lui importait peu mais elle souhaitait ardemment être sur un semblant de pied d'égalité avec elle.