new pokemon snapLe dortoir Mentali est toujours un peu bruyant. Jamais vraiment silencieux. Même maintenant, au plus noir de la nuit, quand les derniers élèves ont enfin éteints leurs lumières, il y a du bruit. Quelques pokémons qui se promènent, quelqu’un qui fait un voyage vers la salle de bain, même le simple bruit du climatiseur qui garde le bâtiment frais en permanence. Il y a toujours un peu de bruit dans le dortoir des Mentalis.
Pourtant, pour Magnolia, c’est affreusement calme. Personne ne crie en bas de sa fenêtre. Aucune porte qui claque. Aucune voiture. Aucune télé allumée dans la pièce à côté. Elle n’entend pas l’engueulade des voisins.
C’est silencieux. C’est calme. C’est serein.
Mais Magnolia est incapable de se relaxer.
Ses yeux vrillent le plafond, un plafond qu’elle ne connaît que trop bien. Elle désespère de pouvoir fermer les yeux pour tomber dans un sommeil sans rêves. Elle tourne et se retourne. Il y a cette énergie dans ses membres qu’elle ne parvient pas à calmer. Elle tremblerait presque. Elle meurt de courir, sauter, voler. Elle meurt de respirer.
Mais elle n’ose pas. Elle n’ose pas parce que le bruit le plus fort du dortoir Mentali, c’est celui de la respiration d’Ana, qui dort dans le lit jumeau au sien.
Magnolia n’est pas habituée au luxe et au confort. Mais la seule chose qu’elle n’a jamais possédé, c’est cette chambre à elle. Qu’elle ne partageait avec personne d’autre qu’elle même. Et maintenant, maintenant, elle a un téléphone et un pokémon et un lit confortable et trois repas chauds et complets chaque jour mais elle n’a plus sa chambre et parfois elle se demande si ça vaut le coup.
Son regard se perd sur la silhouette paisible de sa colocataire. C’est même pas comme si Ana n’était pas adorable. La brunette a toujours été vraiment gentille avec Magnolia mais Magnolia … Magnolia voudrait juste être seule et respirer. Elle voudrait juste …
Et elle se sent si mal. Si mal de vouloir encore plus. Si mal de ne pas apprécier à sa juste valeur tout le confort dans lequel elle vit maintenant. Alors Magnolia se tait et endure, endure et endure.
Une chambre pour elle toute seule à toujours été son seul luxe et l’en voilà dépouillée. Dépouillée et si, si coupable.
Alors Magnolia continuera de fixer le plafond jusqu’à ce que son corps ne puisse plus suivre. Jusqu’à ce qu’elle tombe de sommeil.
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A l’école, Magnolia se fait discrète comme elle l’a toujours fait. C’est facile ici. Les fortes têtes sont nombreuses et il n’est pas très difficile de se fondre dans le décor, de se faire oublier. Mais il y a toujours la même tête rousse qui semble bien décidé à ne pas l’oublier.
Raven s’intègre bien mieux qu’elle dans ce nouvel environnement. Elle y brille comme elle brillait dans les bas quartiers de Vélocité. Elle détonne un peu mais elle n’est pas oubliée et elle n’est pas mise sur le côté. Raven s’éclate et découvre et … c’est … Magnolia est toujours si impressionné par l’aisance de sa camarade.
Alors si elle est toujours un peu étonnée quand la rousse l’embarque dans quelque balade ou qu’elle s’installe à sa table le midi, elle l’accepte avec plaisir. Il n’y a jamais qu’avec Raven que Magnolia est suffisamment à l’aise pour se laisser un peu aller. Il n’y a qu’avec elle qu’elle ose parler un peu plus fort.
C’est peut-être pour ça qu’elle ne l’oublie pas. Parce que Raven a le droit à un petit peu plus que le reste du monde.
Elle est un peu prise de court quand la Pyroli lui demande (ordonne ? La nuance est mince avec Raven) de leur choisir une mission. Histoire qu’elles avancent elles aussi dans cette espèce de compétition qu’est la Pokémon Community.
Et parce que Magnolia est bien incapable de dire non, elle hoche la tête et lit rapidement les propositions sur le tableau. Elle finit par se décider pour quelque chose d’un peu simple, un rallye photo sur une île où les gens capturent les pokémons. Le tout a été organisé par l’office de tourisme de l’île et ça à l’air dans leurs cordes.
Raven n’a pas l’air super emballée mais un rapide parcours des missions de leur niveau lui rappelle qu’elles n’ont clairement pas le niveau de faire les missions les plus intéressantes. Pas que Magnolia soit vraiment emballée par l’idée de s’embarquer dans quelque chose avec trop de responsabilité ou de danger et vraiment rien que l’idée de telles missions lui tord l’estomac et elle voudrait vomir alors elle pousse un léger soupir de soulagement quand Raven accepte sa proposition.
Magnolia ne veut vraiment pas perdre le semblant de lien qu’elle a avec la rousse.
Les prochains jours sont dédiés à la préparation de leurs dossiers et lettres de motivation. Les capacités scolaires de Magnolia parviennent sans trop de mal à leur assurer la place pour la mission.
Le jour du départ, Magnolia prépare son vieux sac avec tout ce qui lui semble indispensable. Un gilet, un spray anti-moustique, crème solaire, trousse de secours, plusieurs en-cas et une bouteille d’eau, elle est toujours un peu étonnée par la facilité qu’elle a eut à récupérer tout ce matériel. L’enthousiasme de ses remerciements à même laissé l’infirmière un peu surprise. Il faut dire que l’accès facile et garanti à des ressources n’est pas encore tout à fait ancré dans les habitudes de la gamine.
Armée de son sac à dos, ses cheveux rassemblés dans une petite queue de cheval au dessus de sa nuque et protégé par une vieille casquette appartenant sans aucun doute à son … son père, elle a enfilé un simple short qu’elle traîne depuis quelques années et un t-shirt un peu trop large qui lui durera un moment.
Elle retrouve Raven sans trop de mal et malgré un début de journée mal entamé au vu du caractère absolument pas matinal de la rouquine, tout est bien vite oublié quand elle la retrouve un peu plus tard, cette fois-ci bien réveillée, habillée et prête à partir.
- Oh, hm, j’en avais pas alors j’en ai emprunté un à l’office de tourisme. Il va falloir que je fasse attention.Contrairement à Raven, l’appareil dans les mains de Magnolia est un peu plus professionnel et probablement un peu trop complexe face aux véritables capacités de la rose. Mais elle peut pas vraiment dire ça à l’agence après leur avoir venté son amour pour la photographie n’est-ce pas ? Heureusement qu’elle a pensé à leur expliquer qu’elle utilisait celui de son père quand elle était encore chez elle …
Les détails calés, les deux jeunes filles se rendent rapidement au port d’Adala pour embarquer vers leur mission. Après la rencontre d’une drôle de dame, les deux enfants trouvent sans trop de mal leur capitaine. Elles montent sur le bateau et ensuite il n’est plus que question d’arriver sur l’île.
Elles n’ont pas beaucoup d’informations sur l’île qu’elles doivent photographier. Apparemment l’île de Zalis est une île que les élèves de la Pokemon Community ont visité, des années plus tôt alors que l’académie venait quasiment tout juste de naître. Oubliée depuis lors, l’office de tourisme veut lui redonner ses galons d’honneur avec une campagne de publicité. Et c’est la raison de la mission de Raven et Magnolia.
Mais plus elles s’approchent de l’île et plus les propos du capitaine se plantent dans la tête de la rose. Un pari perdu ? Cette île serait dangereuse de quelque manière que ce soit ? Elle ose espérer que non. Raven et Magnolia ne sont que des apprenties dresseuses. Elle attrape la pokéball de son starter et unique pokémon entre ses doigts. Aries est certes plein de bonne volonté et elle ne doute pas de son envie de la protéger mais … elle n’est pas sûre qu’il ait la puissance pour remplir ses ambitions.
Le trajet est calme et alors qu’ils entrent dans les alentours de l’île, une lourde brume vient couvrir l’horizon. Il est encore tôt dans la journée et si à Adala la température était bien estivale … ici … il fait presque froid.
Le capitaine manœuvre sans trop de soucis et les amènent jusqu’à la berge de l’île grâce à une petite barque. Un petit coup d’œil aux alentours permet à Magnolia de confirmer son mauvais sentiment. Il y a une ambiance lourde sur cette île et est-ce que c’est bien un crâne qu’elle voit au loin ? Elle jette un regard inquiet vers Raven mais la rousse a plus l’air excitée qu’inquiète alors Magnolia ravale sa peur et serre les poings. Tout ira bien.
Avec un sourire un peu amusé, le capitaine leur explique qu’il reviendra vers 17 heures pour les récupérer. Une fois le vieil homme reparti, il n’y a plus que Raven, Magnolia et une île … tout bonnement flippante.