Interdiction de partir en vacances.

La nouvelle avait frappé la scientifique plus fort qu’un devoir de communication.

A cause des évènements de la classe verte, l’administration avait décidé que les élèves n’avaient le droit à rien cette année. Rien de vraiment étonnant vu la catastrophe de mai et l’attaque du ferry l’an dernier. Un an déjà où le ferry avait bien failli finir englouti par les flots et les Pokémons eau. Une expérience qui avait profondément marqué la jeune scientifique. Devant sa Pokéball ouverte en deux dans son atelier, la demoiselle soupirait, il était déjà 3 heures du matin. Trop tard pour se coucher désormais. Ces temps-ci elle ne dormait plus. Après les catastrophes des compétitions scientifiques, le fait de ne jamais avoir de commande la faisait travailler toujours plus et toujours plus tard.

En vain.

Elle ne pouvait rivaliser fasse au grand Sirius malgré son travail acharné. Elle n’avait pas le niveau et vu comment c’était parti, ne l’aurait sûrement jamais. Pitoyable. Inutile. Comme quoi travailler à fond pour compenser le talent ne suffisait à rien.

Elle ne pourrait rivaliser fasse à ce garçon.

Meilleur coordinateur.

Meilleur mécanicien.

Il avait toute la gloire.

Et elle n’avait rien.

Elle n’en dormait plus.

Un soupir, elle regarda derrière elle, plus aucun de ses Pokémons n’étaient debout désormais. Son Luxray et son Jungko dormaient enroulés l’un sur l’autre paisiblement. Sa Scalproie était juste assise les yeux fermés. Quant aux autres, ils étaient déjà reparti dans la chambre vide de la verte, seule depuis quelques temps dans le dortoir.

Elle était si désespérément seule. Et si désespérée. A quoi bon travailler si c’est pour ne rien récolter derrière. A quoi bon faire des efforts face à une personne dont juste l’ombre te dépasse en tout point. Elle voulait tout arrêter. Laisser sa vie où elle en était, et fuir, partir, mourir.

Elle réprima un sanglot.

Non elle ne le pouvait pas. Pas tout de suite du moins. Elle avait décidé de suivre un stage à l’usine de Pokéball de Kalos pour s’améliorer. Et si ce stage se passait mal, elle abandonnerait tout, de toute façon en tant que mécano elle ne manquerait à personne comme Sirius le génie était là. Un rival impossible à affronter. Il avait le monopole de toutes les constructions de l’académie. Elle n’aurait rien, et n’aurait jamais rien. Elle était trop mauvaise et lui parfait.

Un reniflement.

Ah tant de pensées négatives, elle devait se ressaisir, au moins pour le stage, et puis elle ne pouvait pas faire faux bond à Elise, sa camarade scientifique et Mentali toute adorable. Heureusement qu’elle était là, à cette simple pensée, les yeux de la verte cessèrent de couler. Elle devait faire quelque chose, au moins pas lui faire faux bond et faire de son mieux (et cacher ses cernes et ses yeux bouffis mais oh well ça ne se remarquera pas trop, si ?).

Et elle se remit à travailler, toujours déprimée, sur son prototype de Pokéball efficace pour les captures de Pokémon type normal.


Tool et Foster sursautèrent de concert. Metallica arma ses bras d’acier. Gwen, sans sourciller, éteignit son réveil puis s’étira.

6h30, l’heure de prendre une douche puis se diriger vers l’aéroport de Nuevo, rejoindre le point de rendez-vous avec Elise. Fort heureusement, elle avait préparé sa valise et son sac la veille, il ne lui restait plus qu’à s’habiller correctement et go.

Après avoir rapidement fait le topo à son équipe, elle n’aurait que trois Pokémons l’accompagnant, Tool son Jungko chromatique, Foster Luxray chromatique et enfin ACDC son Motisma, je vous le fais en 1000, chromatique. Les autres pourraient se la couler douce dans l’académie, le lieu du stage ne les intéressant pas vraiment.

La douche prise, la mécanicienne et ses trois compagnons partirent pressamment vers l’aéroport, à pieds, et avec beaucoup trop d’avance, il était à peine 7 heures.

Une fois arrivée au lieu, elle reçut un message de la part de sa collègue qui la prévenait de son heure pour le rendez-vous, elle était si prévoyante.

Bonjour Elise ^3^

Merci pour le message, je suis déjà arrivée \o/ , je t’attends *3*.

A tout à l’heure !!

J’ai hâte d’y être

Plus qu’à attendre la chercheuse une heure, ça n’allait pas être si long, n’est ce pas ? Prenant de l’avance, la mécanicienne partie faire enregistrer ses bagages avant de se mettre sur un siège de la salle d’attente. A cette heure-ci pour Kalos il n’y avait pas foule, apparemment une épidémie se propageait là bas et ce n’était pas des plus conseillé d’y aller, mais he on s’en fiche, ça ne les toucherait pas, non ?

8h30, la verte regardait de tous les côtés avec Tool, la brunette n’était pas là, un léger retard, rien d’inquiétant.

5 minutes passèrent, toujours personne.

10 minutes, silence radio, pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de fâcheux.

15 minutes, serait-ce elle, en sueur et qui courrait dans la direction de la mécanicienne ? Mais oui, il semblerait que oui. Rassurée, la verte sourit, les yeux toujours bouffis dus à pleusieurs nuits passées à pleurer.

« Bonjour ! P-p-p-p-pas de de soucis pour le retard ! Tu v-v-v-vas bien ? » fit-elle en se dirigeant vers le lieu pour s’enregistrer, il fallait se dépêcher avant le vol.

Une fois les bagages déposés, direction Kalos, les Pokémons les accompagnant tant l’avion était vide. Une fois installée, il était temps de discuter.

« Tu tu tu aimerais bien voir quoi toi d-d-d-dans l’usine. Tu tu tu penses qu’on pourra avoir des des schéma de conception. J’ai si envie d’y aller ! »

Elle avait aussi envie de voir si elle était mauvaise ou très mauvaise. L’excursion pouvait commencer !

La pauvre, elle semblait revenir tout droit d’un marathon. Elle aurait couru dans tout Nuevo pour parvenir jusqu’à l’aéroport ? Peut-être voulait-elle se mettre au sport. Aucune idée, Gwenaëlle se contenta juste de lui sourire en parlant de la mission. Bien qu’après réflexion de la brunette, l’idée de fabriquer des Pokéballs à la chaine ne semblait pas lui plaire. Ainsi elle coupa court au sujet même si la verte aurait bien voulu s’épancher beaucoup plus dessus.

Bien installées dans l’avion, les deux demoiselles commencèrent alors à parler du stage qui allait se dérouler pendant une semaine, avec tous les détails techniques possible. Gwen ne tenait plus en place, en tant que mécanicienne, pouvoir passer une semaine dans ce temple de la technologie était bien plus qu’une aubaine, c’était un véritable rêve qui devenait réalité. Elle ne savait pas si Elise était aussi excitée qu’elle, puisqu’elle ne travaillait pas du tout dans ce domaine hélas. Et puis c’était surtout un test de la dernière chance, si elle ne réussissait pas correctement ce stage et ce travail, elle pourrait dire au revoir à la mécanique et rentrer bredouille chez ses parents faire autre chose. Oui, ce domaine la passionnait, et l’a toujours passionné mais à quoi sert cette amour quand il n’est pas réciproque ? Quand on n’a aucun talent comme elle ? à rien. La passion, si elle échouait, ne mènerait à rien.

Vous la sentez la dépression venir ?

Insidieusement, elle s’est infiltrée.

Malicieusement, elle dévorait Gwenaëlle.

Sadiquement, elle lui volerait tout.

M’enfin, c’est pas un point très important (c fo), concentrons nous sur le voyage plutôt. Il n’y avait pas grand monde à l’intérieur de l’engin, deux trois salarymans et les demoiselles avec leurs Pokémons. Rien de bien folichon en somme. Au moins elles ne seront pas dérangées par des gamins en bas âge hurlant à la mort pour tout mais surtout pour rien Ma vision de l’enfer c’est être dans un avion avec que des gosses qui pleurent, reniflent et mastiquent bruyamment).

La discussion bifurqua sur les examens, cela avait l’air d’avoir beaucoup touché Elise. Bien plus que Gwen apparemment l’examen des mécanos était, difficile ? La verte pencha la tête, sans vraiment comprendre.

« Ah bon ? On t-t-t-t’a dit que c’était d-d-d-difficile. Je me demande bien pourquoi… » Elle réfléchissait vraiment pour une fois. Les défis techniques ne lui avaient jamais posé problème et celui de l’examen était d’une simplicité affligeante pour elle. Faire une IA qui générait des bruits de Pokémons, fastoche, le tout à insérer dans un haut-parleur qu’une FrambyPi contrôlait, la base.
Elle ne se rendait pas compte de son talent, pas le moins du monde d’ailleurs. Elle se dévalorisait tellement face à l’immense Sirius qu’elle pensait que tout ce qu’elle faisait était banal et normal. Or ça ne l’était pas, c’est une génie de l’électronique et de la mécanique. Elle n’a juste pas eu de chance avec la clientèle, mais comment le lui faire comprendre hein ?

« Mais jejeje suis ravie pour toi ! Bravo p-p-p-pour avoir réussi, je savais bien que que que tu étais douée ! » la verte lui sourit de toutes ses dents. Elise était une de ses premières amies au sein de l’académie, elle en était si fière, si heureuse, de pouvoir simplement se tenir à côté d’elle et discuter de manière banale. C’était si bien. Si seulement elle n’était pas aussi pitoyable, si ridicule face à toutes les personnes de l’académie.

Puis elle dérivèrent vers un autre sujet, l’évolution de Tool.

« Tu tu tu as vu ça ? Je l’ai toujours t-t-trouvé beau, mais là il est magnifique jejeje suis si fière de lui !

- Raaaaaaaaaaaaay !

- Haha et de toi aussi mon F-f-f-f-foster. Il a évolué en Luxray lors de la c-c-c-compétition scientifique, j’ai bien cru qu’on allait mal f-f-f-finir ce jour là. Ça s’était b-b-b-bien passé pour toi ? »

Fit la verte, se grattant la tête gênée mais toujours souriante. Surtout face à Koda qui gesticulait pour exprimer son désarroi. C’est vrai que cette peluche, sous cette forme, était des plus adorables, vraiment pas besoin d’évoluer quand on est aussi bien dans ses patounes. Cela rappela d’ailleurs quelque chose à Elise qui se mit à fouiller frénétiquement dans son sac à la recherche d’une chose. Avec fierté, sa chère collègue sortit une caméra de son sac, triomphante sous les ooooooh de Foster et Gwenaëlle.

« C’est une une une super idée ! Je n’y avais pas p-p-p-pensé dududu tout. J’accepte pour le montage avec g-g-g-grand plaisir, tant que je ne ne doive pas parler à la c-c-c-caméra ça me va ! Et puis je je je pense avoir un caméraman qui p-p-p-pourrait bien nous être utile. Mais c’est p-p-p-pas une bonne idée de le sortir dans l’avion, il p-p-pourrait faire des bêtises. »

Elle parlait de son Motisma, prudence et raison l’avait amené à le garder à l’intérieur de son ordinateur portable dans son sac. Qui sait ce que ce Motisma déluré pourrait bien faire dans un cockpit d’avion. Mieux valait ne pas trop le tenter.

L’atterrissage se fit sans encombre et c’est dans un aéroport quasiment désertique que le groupe arriva, mains chargées de valises. Plusieurs employés semblaient pressés et couraient dans tous les sens, portant des masques en tissus ou des foulards sur la bouche, ça ne semblait pourtant pas être la saison pour se couvrir autant. Des panneaux d’informations priaient le personnes de bien se laver les mains et de se couvrir la bouche en cas d’éternuement ou de toux.

Bonne ambiance.

Puis, un homme, cheveux décoiffés, grosses lunettes rondes noires et costume d’été vint à leur rencontre.

« Bonjour mesdemoiselles Sandstorm et Sokolodowasuka… Arff Gwenaëlle, je suis content de voir que vous avez pu arriver sans problème, et surtout sans annulation de dernière minute.

- Il y y y y un problème monsieur…

- Bertrand, Bertrand Bobillard, je suis un scientifique de l’usine de Pokéball, c’est moi votre tuteur pour la semaine. Tout va très bien hahaha, les gens sont juste un peu stressés en ce moment, suivez moi je vous prie, ma voiture est garée pas loin ! »

Il avait l’air plus qu’anxieux, Gwen regarda Elise avant d’hausser les épaules. Au moins quelqu’un était venu les chercher, un bon point déjà. C’est avec leurs bagages que tout le beau monde rejoignit une grande voiture familiale que conduisait monsieur Bobillard, il n’arrêtait pas de regarder de tous les côtés, comme effrayé par une menace invisible.

Il soupira de soulagement une fois dans le véhicule.

« Attachez bien vos ceintures et celles de vos Pokémons, on va déposer vos affaires dans l’hôtel puis on aura une réunion avec la directrice de l’usine pour discuter de votre stage, cela vous va ? »

Et on mange quand ???

Apocalypse.

Ou du moins les prémices. A force de voir les gens inquiets autour d’elles, Gwenaëlle commençait à avoir une bouffée d’angoisse. Et s’il y avait des zombies qui trainaient à Kalos ? Non non non, impossible, Gwenaëlle devait juste rêver, il fallait continuer de marcher et suivre cet inconnu qui l’invitait dans sa voiture. J’ai comme un doute sur ma phrase là. Instinct de survie 0.

Une fois à l’intérieur du véhicule, l’atmosphère se déraidit d’un coup, une vague de soulagement partit du siège conducteur pour arriver jusqu’aux places à l’arrière. Il fit un bref résumé du stage pour les mettre un peu plus à l’aise à la suite de leur périple. Gwen, peu attentive, regardait les paysages de Kalos défiler pour la première fois devant ses yeux. Elle n’avait pas l’habitude de voir un lieu si champêtre, elle qui venait d’Unys, dans une ville des plus citadines. Certes des paysages de campagne elle en avait vu lors de la classe verte, mais pas avec un côté aussi, féerique, dirons nous.

Un passage bref à l’hôtel leur suffit pour déposer leurs affaires, direction l’usine. On perdait pas de temps dans cette région dites moi, pourquoi être si pressés ? Et surtout, on vantait les mérites de la nourriture kalosienne (ptn les baguettes vous me manquez tellement), mais les demoiselles n’en verraient pas le bout décidément. Il fallait un café, un très gros café pour cette pauvre verte qui n’avait pas dormi de la nuit. Ses valises le plus lourdes n’étaient pas dans sa chambre mais sous ses yeux.

Bertrand les conduisit alors devant l’usine, ou plutôt le palace, de fabrication de Pokéballs. Ça n’avait rien à voir avec l’image qu’on se faisait d’une usine, celle-ci était, chic. Avec d’immenses statues de Pokéballs géantes qui accueillaient les visiteurs normalement, enfin là les visiteurs ne semblaient pas se presser au portillon, il n’y avait personne. Simplement Bertrand, Elise et Koda puis le trio Foster, Tool et Kaeko. Elle n’aurait pas voulu les laisser à l’hôtel. Tool et elle étaient beaucoup trop inséparables et Foster parce que s’il était tout seul, le Luxray chromatique risquait très probablement de bouder (comme si son illustre personne pouvait être seul, impossible).

Mais avant de sortir, une procédure s’ajouta avant qu’elles ne sortent. Il fallait porter des masques pour le visage. Sûrement pour prévenir de la pollution ou de la poussière mécanique dans l’usine, peut être. Gwenaëlle ne chercha pas plus à comprendre et remercia Elise avant de porter le bout de tissus, la sécurité avant tout. Parfois elle-même quand elle faisait des manipulations sensibles, elle portait un masque afin de ne pas contaminer tous ses échantillons et devoir recommencer tout à 0. Rien de plus frustrant.

Puis, une femme, immensément belle, accueillit les pauvres stagiaires. Elle aurait attiré le regard de n’importe qui (et si vous voulez mon avis pouvait marcher sur n’importe qui aussi). La blonde se présenta comme étant la directrice de l’usine (donc elle pouvait rouler sur nous) et directement Elise en fit de même (non pas en tant que directrice hein).

« B-b-b-b-bonjour, je suis G-g-g-ggwenaëlle Sklodowska, en en en chantée aussi. »

Elle l’était sincèrement, malgré un bégaiement. Très calme et diplomate, la directrice ne fit aucune remarque, elle se contenta d’un sourire (ou pas, on voyait juste ses yeux se plisser, fichu masque). Puis elle leur indiqua la marche à suivre en présenta comment fonctionnait les lieux. Tranquillement, bien que commençant à ressentir la fatigue, Gwen sortit crayon et carnet afin de tout prendre en note, autant pour le rapport que pour sa propre culture. Ce lieu était le paradis des mécanos après tout, elle devait se gaver du savoir de cet endroit.

« Pour visiter normalement nous nous contentons de monter à l’étage et de faire voir aux visiteurs l’usine vue de haut. Mais vous allez travailler ici pour une semaine donc autant tout vous montrer directement. Le premier lieu où nous allons pénétrer est la salle de transformation, on y compresse des lingots de fer ramenés des mines, le plus pur possible, afin d’en faire des plaques pour l’intérieur de nos Pokéballs. C’est ici aussi que nos wafers de sillicium sont découpés et nos pcb sont fabriqués selon le dernier modèle de nos experts. Nous faisons tout nous même, ne voulant pas faire appel à une entreprise extérieure, et cela prouve notre excellence avec des Pokéballs qui nous ont jamais fait défaut. »

Tellement sans défaut qu’une mafia avait tenté de s’emparer de l’usine, mais ça c’était une autre histoire. Ne pouvant retenir son fangirlisme, Gwen buvait les paroles de la directrice en prenant en photo absolument toutes les machines qu’elle présentait, des étoiles plein les yeux.

« Bien, nous avons fait le tour pour cette salle, je laisserais les scientifiques vous expliquer tout plus en détails plus tard si vous le voulez, pas de questions jusque là ? »

Gwenaëlle regarda sa camarade, pour sa part pour le moment elle n’en avait aucune, elle attendrait d’être avec les ingénieurs pour avoir tous les détails que la directrice ne pouvait pas avoir.

La session question terminée, elle les emmenait sur le lieu le plus important, le banc de montage des Pokéballs.

« Une fois les matières premières rassemblées, nous mettons chacune des trois parties à savoir les plaques de fer fines, le pcb, ou carte électronique avec tous les composants comme la batterie et tous les capteurs et enfin le montage électrique dans des cuves séparées. Nos machines se contentent de faire le tri, de plier le fer pour faire une sphère, la plus légère possible pour des dresseurs de tout âge. Nous comptons un jour passer aux nanocouches de carbone, plus fin, plus léger et surtout, plus résistant. Les employés sur la chaine de montage font… »

Oui les employés, que faisaient-ils ? Comme pour les visiteurs, il n’y avait pas grand monde. Chacun avec un masque et ils semblaient tous se porter à des distances de sécurité très élevées. Il n’y avait pas grand monde et on sentait une tension comme celle de l’aéroport. Il y avait un souci ou bien ? à moins que l’usine était tellement automatisée qu’il n’y avait pas besoin de beaucoup d’ouvrier en même temps. Bonne question.

« Bien il est temps de vous parler de la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise, Bertrand je vous prie ! »

Oh non, pas ça, pas dès le premier jour, et surtout, pas sans café !

Et c’est là où on décroche, pile pile pile à ce moment-là. Celui où on parle de RSE dans le jargon marketo socio mes yeux révulsés. Responsabilité sociale et environnementale qui intéresse personne à part les profs de communication, les ressources humaines qui se la pètent et de temps en temps les sociologues. Et encore, c’était même pas sûr pour le dernier cas, sauf si vraiment ces personnes n’avaient rien à faire dans leur journée de boulot entre midi et deux vous voyez.

Bref, Gwen piqua un peu du nez en écoutant l’adulte parler, elle regarda furtivement sa camarade qui ne semblait pas être en écoute active très optimale non plus. Son regard était plus vide que celui d’un Magikarpe que tu viens de pécher. Plus creux qu’un cours de topdressage et plus dans le néant que le gérant de la boutique. Franchement dès qu’on s’éloignait un tant soit peu de la mécanique ou de l’électronique, Gwen avait beaucoup de mal à suivre. Peut être à cause du débit de parole trop rapide ou simplement de son désintérêt au plus gros possible de ce sujet. Elle se réveilla uniquement lorsqu’on leur demanda si elles avaient des remarques à faire ou des questions à poser. Le cerveau de Gwen semblait avoir subi une injection de morphine après les explications de l’écologie de l’entreprise qu’elle ne trouva rien à redire. Et encore moins lorsque les adultes leur demandèrent de se séparer sous le regard trop surpris de la mécanicienne et sa collègue chercheuse.

« On on on va vraiment être sépapaparées ? »

La directrice leur fit un sourire désolé avant d’indiquer qu’il y avait une pénurie de main d’œuvre dans le secteur. D’où la présence obligatoire des masques peut être. A y regarder de plus près, c’est vrai que Gwen trouvait l’usine anormalement vide, certaines chaines de travail étaient clôturées et plusieurs employés semblaient au bout du rouleau à enchainer les vérifications. L’assistant parti alors avec Elise tandis que la directrice prit la verte sous son aile.

« Ne t’en fais pas vous ne travaillerez que jusqu’en début d’après midi ici, certes on manque d’effectif mais on ne va pas vous surchargez non plus. On vous laisse partir plus tôt pour écrire votre rapport journalier. C’est ça notre jargon d’entreprise, un temps pour soit, et plus efficace quand reposé ! »

Elle lui fit un nouveau sourire que Gwen lui rendit tant bien que mal. Elle la suivit jusqu’au poste des ingénieurs où se trouvait un grand garçon avec une houpette et barbe rousse vétu d’une blouse qui dévoilait un embonpoint. Il avait l’air vide à l’intérieur mais salua tout de même la directrice la gratifiant d’un bonjour un peu trop vif avant de retourner sur son ordinateur.

« Gwenaëlle je te présente Quentin, c’est notre meilleur ingénieur

- Le seul surtout.

- Ahem, notre meilleur ingénieur de test de Pokéball, tu vas passer la journée avec lui, tu verras il est très bien formé et explique bien les autres.

- J’explique bien que si tu comprends vite.

- Oh Quentin ne soit pas si sarcastique. »

Après avoir maugréé un peu, la directrice les laissa tous les deux dans cette salle qui contenait tous ls nouveaux prototypes de Pokéball qui ont été mises en vente ou qui vont l’être prochainement.

« Purée mais j’ai pas le temps de m’occuper de toi moi, j’ai trop de travail sur le dos.

- Je… Je p-p-peux peut être v-v-vous aider…

- Tutoies moi va, ça ira plus vite, je suis pas vieux même si j’en ai l’air. A force de travailler avec des Chevroums ont a l’air plus vieux que la normal.

- D-d-des Chevroums ? » Crédule, la mécanicienne regarda dans toute la pièce mais n’aperçut aucun Pokémon à l’horizon, ce qui fit rire le fameux Quentin.

« Non pas au sens du Pokémon au sens les gens sont des Chevroums tellement ils sont pas qualifiés mais viens je vais te montrer ce que je fais et tu vas essayer de m’aider ! »

Il ferma son ordinateur portable et se leva de sa chaise pour se diriger vers un pan de mur qui contenait une douzaine de blouses. Il en lança une à peu près à la taille de Gwen qui l’enfila sans poser de question, il faut respecter les protocoles dans un laboratoire. Il indiqua par la suite une table qui contenait plusieurs Pokéballs violettes encore jamais observées par la mécanicienne, un nouveau type.

« On essaye ici de faire deux types de Pokéballs, une sorte de soin ball qui détecterait le Pokéruss en plus de détruire d’autres virus potentiellement dangereux, bien sûr pour le moment ça ne marche pas, mais on travaille avec du Pokérus et une Pokéball qui détecte les types de virus présent sur le Pokémon. En ce moment un mutant du Pokérus qui se refile aux humains et est assez dangereux sévit dans la région, on a donc besoin de donner le bon Pokérus et surtout de détecter et soigner le mauvais. On en est qu’aux prémices mais c’est mon projet.

- Et tu tu tu es tout seul ? »

Il ne répondit pas et se contenta d’un sourire encore une fois sarcastique. Comme si l’idée d’avoir du personnel était une sorte de blague chez eux.

« Pour le moment et toi avec l’autre stagiaire n’allez pas rester suffisamment longtemps pour nous aider malheureusement. D’ailleurs il me semble que celle qui est avec toi fait le travail sur la chaine, ce sera toi demain je pense.

- Sususurement…

- C’est sûr oui, on a trop d’absents. Enfin bon. Là on va aller vers notre cour remplit de Rattata de laboratoire, ils sont tous porteur du Pokérus et on lancera les Pokéballs dessus pour voir si notre Pokéball détecte bien le Pokérus.On fera pareil avec des Rattatas sains. Prête ?

- J’imagine… »

Ça allait être long avant de rejoindre Elise.