The Legendary Sword, but without the Shield.
"You're so impressed by your own false humiliy."
Le soleil brillait dans le ciel. Trop. Beaucoup trop. A tel point qu'il était hors de question pour le sans doute vampire qu'était Raudhr de mettre le pied dehors ou tout du moins d'y passer plus de dix minutes. Non pas qu'il faisait particulièrement chaud, non, mais le soleil était beaucoup trop éclatant au goût du jeune homme. Il avait espéré un temps bien immonde, moche, terrible ; bref, de la pluie. Ces derniers jours, il n'était pas sorti de chez lui, à surveiller l'éclosion de son œuf. Ce dernier n'arrêter pas de bouger violemment d'un coup, avant de ne présenter aucun signe de vie dans les secondes d'après. C'était par vagues qu'il se manifestait, par à-coups. Quel Pokémon pouvait donc bien réagir ainsi ? Mais comme la-dite créature tardait à se manifester, le Stratège n'avait d'autre choix que de bouger de la pièce, et emmener son œuf avec lui. Il était léger, comparé à celui de Kveykva, et pas particulièrement encombrant. Il fallait encore qu'il ne fiche pas le bazar lors de son éclosion..
Surtout qu'aujourd'hui, Raudhr avait décidé de se rendre à la bibliothèque. Depuis le temps qu'on lui collait l'étiquette de « rat de bibliothèque » et non pas que ça lui déplaise. Après tout, selon lui, les livres étaient déjà beaucoup plus intéressants que les humains, surtout au niveau de leurs interactions. Pas de bavardage inutiles, pas de faux-semblants, juste du silence et du texte, quel bonheur.
Armé de sa sacoche noire et d'un livre qu'il avait encore emprunté, il sortit de sa chambre avec son œuf dans les bras et talonné par Skölir. Le Luxio était devenu particulièrement passif, et accablé d'un sérieux sans égal. Ses crises de rébellion s'étaient très vites calmées, à se demander si ses changements brusques d'attitudes étaient l'annonce d'une évolution à venir. Mais comme le Pokémon venait d'évoluer il y a peut de temps, Raudhr avait écarté cette possibilité. Il ne pouvait pas évoluer aussi vite. Et ses tendances encore rebelles par moments lui confirmaient son hypothèse.
Sortant de sa chambre et s'engageant dans les couloirs de son dortoir, le Stratège mit son œuf dans sa sacoche, au chaud contre son livre. Récemment, il s'était épris des vieux classiques et d'histoires assez communes, de vieilles légendes au sujet des humains comme des Pokémon. Le Roi Arthur et son Dimoclès, ou encore la légende de l'Yggdrasil dans d'autres contrées. Il y avait beaucoup de coutumes différentes en fonction des contrées et des peuples, même dans les mêmes régions. Le Nord n'aurait pas les mêmes croyances que le Sud, et c'était ce qui intéressait le jeune homme aux cheveux de sang. D'où venait ces légendes, et pourquoi n'étaient-elles pas les mêmes que les autres ? Ou, au contraire, pourquoi est-ce que certaines arrivaient à croiser les frontières et à devenir universelles ? Plus il lisait de ces légendes, plus il devenait avide de connaissance et de réponses à ses questions, bien qu'elles ne soient pas particulièrement utiles autre qu'à sa propre soif de connaissance. Raudhr n'était pas vraiment un érudit en soi, mais il aimait beaucoup savoir les choses. Le savoir était une forme de pouvoir et de contrôle, en soi..
Fort heureusement, la bibliothèque n'était pas loin, aussi n'avait-il pas eu besoin de marcher dehors bien longtemps. Il avait vu quelques nuages plus ou moins gris au loin, dans l'horizon, et avait espéré que le vent les porte le plus rapidement possible vers l'académie : il voulait sa pluie.
Descendant quelques marches de marbre, le Dresseur leva la tête. Il était devant les grandes portes de la bibliothèque de l'académie, imposantes et impressionnantes. Deux portes de bois sculptées, donnant un aspect assez rustique mais particulièrement agréable pour le lieu qu'elles protégeaient. En les poussant, il retrouva rapidement cette odeur de livres vieillots, de poussière et de bois, avec du neuf ici et là. Et du silence. Ce doux silence, qui lui plaisait tant. Une douce déchirure dans ce brouhaha quotidien, cette terrible cacophonie qui hurlait sans arrêt dans ses oreilles lorsqu'il croisait des gens ou sortait en ville. Il croisa le regard de la bibliothécaire, qu'il connaissait bien maintenant, puisqu'il passait régulièrement, et lui fit un signe poli de la tête en guise de salutations. Il alla placer son livre dans le bac des livres à ramener, en prenant soin de ne pas faire de mouvement trop brusque avec son œuf, alors que Skölir s'était étiré, attendant que son maître choisisse un ouvrage à lire et qu'il se pose à une des nombreuses tables.
Se tournant vers l'entrée, Raudhr leva à nouveau la tête. Devant lui s'étendait des étagères de plus de trois ou quatre mètres de hauteur, avec différents étages tout aussi remplis, vers lesquelles menaient des escaliers et passerelles de bois ici et là. Il y avait énormément de répertoires différents et d'ouvrages aussi variés les uns que les autres. Les couvertures étaient colorées ou ternes, neuves ou veilles, et il y avait même des vieux grimoires perdus dans des coins poussiéreux que personne ne touchait, bien que le Stratège les définissait comme les plus intriguant à lire. Tout ce qui avait été rongé par le temps et qui avait subi son passage était ce qui le fascinait le plus. La différence entre les siècles, les croyances, les contrées, c'était justement ce qu'il cherchait. Son œil unique se baladait avec attention sur les différentes étagères, soutenues par des poutres de bois rustiques mais sculptées. Par où commencer ?
Il fit un pas en avant, son long manteau bougeant au rythme de ses mouvements, alors qu'il se baladait lentement dans l'allée centrale, observant les différentes reliures devant lui. Il n'avait pas de but précis, mais savait vers quel coin se rendre, là où personne ne se rendait jamais ; c'était le coin des vieux bouquins couverts de poussière dont tout le monde oubliait l’existence ou des classiques que personne ne lisait jamais. En montant quelques marches, il était déjà devant des tonnes de livres et de grimoires à la couverture sans doute aussi fascinante que leur contenu.
Passant sa main gantée sur les arrêtes des livres, il lit rapidement les titres qui défilaient sous ses doigts. Il avait du temps devant lui, aussi pouvait-il faire sa sélection tranquillement, bien que son Luxio semblait s'impatienter. Ce dernier n'avait qu'une envie, s'étaler de tout son long sur le sol et faire une sieste dans le doux silence de la bibliothèque. Raudhr leva les yeux au ciel. Skölir n'avait pas changé sur ce point-là, au moins.
Alors qu'il avait prit un livre pour en lire la quatrième de couverture, un coup contre sa hanche le sortit de son univers de texte. Il leva la tête, avant de recevoir un autre coup, toujours contre sa hanche, et baissa les yeux sur sa sacoche noire, qui justement, était en train de bouger frénétiquement. Encore des à-coups. C'était son œuf. Cependant, le Stratège ne bougea pas. Il s'attendait à ce que les coups cesse, comme d'habitude. Malheureusement, il reçu un troisième coup, encore plus fort que le précédent, et il s'agenouilla pour poser le livre par terre, avant de sortir son œuf de son réceptacle de fortune. En le prenant dans ses mains, bien que gantées, il était particulièrement froid, ce qui lui fit hausser un sourcil. Était-ce un type Glace qui allait en sortir ? Et surtout, pourquoi sortir maintenant ? Ce n'était pas l'endroit ni le moment.
Mais l’œuf n'en avait rien à faire. Un craquèlement se fit entendre, et d'un coup, un objet pointu sortit de la coquille en furie, si bien qu'il surpris Raudhr, le forçant à faire un bond en arrière. Qu'est-ce que c'était que ça ? Une sorte de bec, couleur métal. Il semblait luire et réfléchir la lumière comme la pointe d'une épée particulièrement aiguisée. Il se retira soudainement, et puis d'un coup, l’œuf sembla éclater. Raudhr lâcha la coquille d'un bond, confus à ce qui était en train de se passer. Des morceaux de coquilles fusèrent dans tous les sens si bien que Skölir dû les éviter, et que d'autres heurtèrent les livres des étagèrent, en faisant tomber quelques-uns au passage.
Quand tout s'arrêta, Raudhr regarda à nouveau l'emplacement de ce qu'il restait de l’œuf, pour y voir un Pokémon vaguement familier dans sa forme, mais aux couleurs étrangères. C'était un oiseau d'environ vingt centimètres, avec une sorte de forme de boule. Son plumage principal était d'un noir corbeau, alors que son ventre avait l'apparence métallisée de son bec. Il était globalement noir avec quelques parties sur le visage plutôt grises, et le tout contrastait avec ses yeux d'une sorte de rouge magenta. Il avait les ailes repliées, et à son allure, Raudhr aurait pu jurer qu'il était de type Acier en plus de son sans doute type Vol. La créature ne bougeait pas, et se tenait déjà fièrement de son Dresseur. Il avait une véritable allure fière, et semblait planté sur le sol, sans bouger.
Planté sur le sol ? Un bec d'acier ? Avec le contexte et les dernières lectures du Stratège, il avait déjà un surnom pré-déterminé.
-Ça t'ira parfaitement bien, Excalibur.
Sortant son iPok, le garçon le pointa vers le Pokémon oiseau, pour identifier son espèce.
« Minisange, Pokémon minioiseau. Ce Pokémon brave affronte même les adversaires les plus redoutables. Il devient plus fort à mesure qu'il subit les contre-attaques. Il profite de sa vitesse pour attaquer. » En passant le doigt sur son écran, Raudhr vit les évolutions du Pokémon, et haussa un sourcil. Ses évolutions étaient particulièrement imposantes, et il reconnut le Corviknight de Galar, d'où son origine. Esquissant un léger sourire moqueur, Raudhr sortit une Pokéball vide, et la pressa contre l'oiseau. Il fut aspiré dans le halo, et finit par être détenu par la capsule après le « clic » familier. Par contre, il allait devoir ranger tout ce bazar.. que justement il avait voulu éviter. Il y avait des coquilles partout. Et des livres étaient même tombés de l'étagère. Cet oiseau avait une force si conséquente malgré ses vingt centimètres ?
Se levant, il ramassa une à une les petites coquilles, éparpillées ici et là. Il ramassa également les livres, et les replaça sur l'étagère. Il ramassa le dernier et poussa un soupir en observant la quatrième de couverture d'un livre noir et rouge, étrangement plein de poussière. Il souffla dessus, et haussa un sourcil au titre, qui lui semblait familier. Encore un ouvrage classique ?