Quelle mission, mais quelle mission. Si longue et si prenante qu’on a du mal à se replonger dedans après un hiatus long de la part d’une narratrice qui s’excuse d’être aussi manche et d’avoir aucune inspiration malgré des collègues de rp extraordinaires. Cette phrase était décidément trop longue, tout ça pour faire une intro pas top, c’est pas beau ça ! Non.
Par contre ce qui était beau, c’était le discours que fit Ranya à l’égard de la verte. Son manque de confiance flagrant n’échappa pas au regard de l’archéologue (en même temps, tout le monde le remarquait, c’était plus visible que le nez au milieu de la figure) et elle la rassura comme le ferait une vraie amie. Ses chaudes paroles firent monter les larmes dans les yeux de celle qui n’avait aucune assurance. Certes Ranya pouvait manquer de tact (était ce un caractère propre aux personnes blondes ? Kasai aussi n’était pas très délicat) mais elle réussit tout de même à convaincre Gwen d’aller à cette conférence.
Mais un doute subsistait. Disait-elle ça pour être gentille ? Le pensait-elle vraiment ? Elle qui était parmi les meilleures archéologues de Pokémon Community. Lui trouvait-elle réellement des qualités ? à la plus mauvaise mécanicienne de toute l’école ? Peut-être au moins une, celled e savoir comment les machines fonctionnaient.
Mais tout le monde ne savait pas cette évidence ?
La mécano avait du mal à se l’imaginer. Tout le monde faisait facilement ce qu’elle effectuait et comprenait n’est ce pas ? Connaître l’électronique d’une machine était à la portée de tous et toutes non ?
Parfois, ce qui nous parait évident ne l’est pas nécessairement pour tout le monde. Et cela, Gwen ne le concevait pas. Toujours en face de Ranya qui attendait une réponse, la verte entortilla une mèche de ses cheveux entre ses doigts, son regard n’arrivait pas à soutenir les yeux perçants de son interlocutrice.
« Je… Merci Ranya, jejeje suis désolée.. Je v-v-v-viendrais et ferait de de de mon mieux p-p-pour être à votre hauteur. »
Cela ne paraissait peut-être pas dans sa phrase, mais elle venait de faire un grand pas en avant. Accepter d’aller à une conférence dont elle ne se sentait pas légitime était un progrès indéniable. Tool la regarda alors avec un grand sourire, il posa sa patte sur l’épaule de sa dresseuse, comme pour la féliciter d’essayer de pallier son manque de confiance en elle. Tout avancement même minime était bon à prendre, il fallait récompenser ce genre d’effort conséquent pour la pauvre scientifique terrifiée par les autres, mais avant tout par elle-même. Et l’intervention d’Elisa sur le fait qu’elles devaient rester toutes les trois ensemble pour cette conférence acheva les larmes de la verte. Elle pleura chaudement, sans un bruit, réconfortée par les patpats d’un Jungko chromatique (oui j’aime me la péter avec son chroma YAKOI) et finit par hocher vivement la tête pour accepter cette proposition (même si vraisemblablement elle n’avait pas le choix).
« M-m-merci… »
Il était désormais temps de s’atteler à une nouvelle tâche, tout aussi importante : le rituel pour Lugia. Ranya partit directement se préparer de son côté tandis que la brunette emmena Gwenaëlle dans la tente de recherce pour trouver mythes et ouvrages sur la possible musique à chanter.
Tout va bien aller chantait Thomas Gauthier, c’est presque ce que dirait Gwen pour l’ode à Lugia si elle n’avait pas déjà une idée de la partition à jouer avec Elise. Elle lorgna dessus sur leur note de la musique probable, déchiffrant avec peine les notes inscrites sur le bout de papier. Ses yeux regardèrent tour à tour Elise et Tool. Les notes étaient si hautes, trop hautes pour sa voix encore peu entrainée par rapport à des chanteurs aguerris. Mais plus on visait, plus les paroles pourraient atteindre Lugia n’est ce pas ? Qu’il soit au fond de l’océan ou bien dans le creux d’un nuage en pleine tempête. Enfin si on partait du principe que ce Pokémon légendaire existe bien entendu. Mais l’heure n’était pas aux conjectures sur l’existence ou non de cet être, après tout, le chant, la danse et l’ocarina servirait aussi pour les âmes des voyageurs morts en mer, une manière de leur faire des funérailles dignes de ce nom. Parce qu’après tout, se rappeler de leur mémoire avec leurs rites étaient la meilleure chose que pouvaient faire les demoiselles pour les remercier de leur avoir appris leur coutume. En quelques sortes.
Grattant le papier, le nez dans les bouquins, Gwenaëlle était des plus sérieuse, à chaque couplet elle montrait ce qu’elle avait trouvé à Kamini pour qu’il valide ou nom les paroles qui devaient coller à la mélodie jouée à l’ocarina par Elise. Il fallait autant se rapprocher des anciens textes que d’adapter pour avoir une chanson belle à écouter. Et ce n’était guère une partie facile à faire. Cela prit plusieurs heures au groupe à composer.
Puis il fallait chanter.
Et là ce fut une catastrophe.
Du moins les premiers essais. L’espoir ne se perdit pas, et Gwenaëlle continuait le chant à perdre haleine, à se faire rabrouer par Kamini en plus de se faire fustiger par Tool lorsqu’elle n’arrivait pas à tenir le rythme. A côté Elise faisait aussi de son mieux pour faire sonner les notes du coquillage-instrument. Il fallait espérer que la danseuse s’en sortait mieux que les demoiselles pour ses répétitions. Même si en soi Gwen ne se faisait aucun souci pour elle, Ranya était très connue dans le monde de la danse apparemment, une vraie professionnelle.
La lune haute dans le ciel berçait de ses doux rayons le trio de scientifiques. Toutes étaient parées pour l’occasion de bleu et blanc représentant les couleurs de Lugia, que ce soit Elise en Kimono que Ranya en robe blanche et Gwenaëlle en robe très longue de scène d’une blancheur immaculée (on remercie Andréas pour cette tenue). La caméra fixée sur un Pokémon de Ranya, Tool avec un tambour pour battre le rythme et les demoiselles sur la plage, le rituel pouvait commencer.
Inspirant profondément, la verte attendit patiemment que résonne les premières notes mélodieuses de l’ocarina et que l’archéologue entame son premier pas de danse. Peu confiante, elle ferma les yeux, se concentrant simplement sur les sons l’entourant, du bruit des vagues, au ronronnement des Pokémons jusqu’aux notes aérienne d’un instrument à vent, le chant pouvait débuter.
« Tu représentes la marée
Destinée à chercher la vie, »
Et Ranya dansait, soulevant le sable au moindre mouvement, bougeant son corps avec une souplesse durement acquise.
« hors de portée
Mais l'océan est changeant,
comme coule le temps, »
La voix de la mécanicienne tremblait un peu avec l’émotion, mais cela se décanta avec le temps, uniquement mue par l’envie de chanter, de faire résonner sa voix en concordance avec ses amies, pour atteindre un Pokémon légendaire.
« Saisis donc ton destin.
Dans la lumière, une main t'atteint
Un double tranchant coupe ton coeur en deux
Ta rêverie t'as quittée,
accepte ta destinée »
Le temps était comme stoppé, prêt à s’arrêter pour regarder et écouter la mélopée. Gwen n’était plus elle-même, portée par la musique, par les vagues, par le tendre alizé sur la plage. Elle insuffla son énergie à chacun de ses mots,, souhaitant qu’ils atteignent les voyageurs par delà l’espace.
« Chante avec moi la chanson de droits et d'amour
La lumière se diffuse dans le ciel autour
L'aube déchire les ténèbres,
blanche clarté
Perdue dans mes pensées. »
Une ode, simple et complexe à la fois. Douce, aérienne, les entends tu puissance marine ?
« Tu représentes la marée
Destinées à chercher la vie,
hors de portée
Mais l'océan est changeant,
comme coule le temps,
Saisis donc ton destin.
Accepte l'ombre sommeillant en toi
Un regard sur le trône abandonné
Un héritage de mensonges,
un costume familier
Chante avec moi la chanson de la destinée
Les pilliers se fissurent sous leur poids
La nuit remplace la lumière,
sans aucun choix
Perdue dans mes pensées.
La voie que tu suis, appartient au destin,
tu n'y peux rien
Toutes tes joies et malheurs viendront telle la marée,
laisse aller
La vie n'est pas faite que de bonheur ou de malheur,
En rose se transformera, l'épine qui s'est logée, dans ton cœur
Un cœur peiné s'enfonce dans le sol
Le voile tombe au loin sans causer de bruit
Ni vrai ni faux, jour ou nuit
Pour la paix tu agis
Chante avec moi la chanson du sanglant silence
La pluie ne peut laver cette décadence
Dans mon cœur habite une folle fierté
Peut-on m'entendre pleurer ?
Tu représentes la marée
Destinée à chercher la vie, hors de portée
Mais l'océan est changeant,
comme coule le temps,
Saisis donc ton destin.
Tu représentes la marée »
Elle ne pensait plus, et ce fut quand les notes à l’ocarina et la danse de Ranya s’arrêta que la verte reprit ses esprits. Ses yeux se rouvrirent pour contempler la plage éclairée par des millions d’étoiles et par la bienveillance de la Lune.
Un frisson, un appel au long imaginaire, une impression. Impression que sur cette plage, les membres de la mission n’étaient plus seuls, comme observé par une entité mythique, mystique qui avait peut être porté son regard un temps sur elles.
Était-ce là une réussite ?
********************************************
Des flashs, par dizaine, un brouhaha intense géré par plusieurs journalistes en effervescence, se rassemblant près de la tribune que tenait cinq personnes, dont une couverte de sueur, tremblante devant tant de monde.
La conférence de presse allait débuter, et Gwen paniquait. Elle avait l'impression d'avoir oublié tout ce qu'elle avait fait pendant trois jours avec Ranya et Elise. Les mains moites, elle regardait tour à tour ses notes et ses amies. Tout ceci était bien réel ? Pas besoin de se pincer pour savoir qu'en aucun cas il s'agissait d'un rêve, un songe ne produirait jamais des douleurs d'estomac aussi vivace.
Elle n'aurait jamais accepter de venir, elle préférait être n'importe où plutôt qu'ici devant ces gens avides de savoir? Heureusement que Vicky et Hévéa semblaient être plus à leur aise que la mécanicienne. Ils discutaient tous les deux avec bonne humeur, heureux de ce qui avait été trouvé.
Puis silence dans la salle.
La présentation pouvait commencer.