| De quel bois te chauffes-tu ? |
Ilea s’amuse à voir Kasai ainsi avec elle. Le voir lutter désespérément pour ne rien montrer, pour ne dévoiler aucune faiblesse, a de quoi gentiment amuser l’éducatrice. Il n’y a aucune moquerie là-dessous. Seulement l’attrait d’observer l’adolescence sous toutes ses coutures. Elle aime les voir grandir, se confronter à des obstacles, affirmer leur personnalité et se relever, toujours un peu plus fort.
Ainsi, il décline son invitation à s’assoir, prétextant de pas souhaiter refroidir ses muscles. Son visage n’a rien d’amical, et conserver de cette façon avec la rousse n’a pas l’air de beaucoup lui plaire. Dans tous les cas, Ilea n’en a clairement pas fini avec lui et souhaite profiter de cette occasion pour en apprendre plus. Et ce sujet de colle d’il y a quelques mois déjà est une excellente occasion. Après sa réflexion impolie et volontairement provoquante sur la situation de Paul, jeune papa imprévu, l’éducatrice lui avait demandé de réfléchir sur la jeune parentalité et d’en parler dans un devoir sous forme libre. Et si son devoir n’était pas mauvais, il était purement factice.
Et le Pokathlète n’hésite pas à le clamer haut et fort, de quoi faire rire franchement la jeune femme. Etonné, le blond ne dit plus rien, comme attendant une réponse de l’adulte.
— Tu vois, c’est ça qui m’amuse avec toi Kasai. Tu es un garçon extrêmement intelligent, mais tu penses toujours que les gens autour de toi sont plus bêtes. Alors, effectivement, je n’ai pas la prétention d’avoir 160 de QI. Pour autant, je ne suis pas complètement idiote, surtout quand tu touches à un sujet comme celui-là. Il ne me paraissait pas nécessaire de te rappeler mes diplômes et mes fonctions, mais je suis éducatrice Kasai. Alors le livre sur lequel tu as tout pompé, je le connais sur le bout des doigts.
La rousse ne peut réprimer un sourire narquois, entrant complètement dans le jeu du jeune homme. Probablement qu’il s’en doutait au fond, mais se voir confronté à sa propre arrogance n’est jamais quelque chose de très agréable. Sans pour autant se montrer très sévère, juste convaincante, la rousse reprend.
— Pour autant, tu as suffisamment reformulé pour que je ne puisse pas te sanctionner pour plagiat. Mais l’opinion de cet éminent psychologue que tu auras reformulé ne m’intéresse pas. Il expliquera toujours mieux les choses qu’un gamin de 16 ans qui se croit plus malin que tout le monde. Alors maintenant, ce que je veux, c’est TON avis. Ce que toi tu penses de la jeune parentalité. J’ai bien compris que tu trouvais ça stupide, mais développe un peu. Explique-moi ce que tu trouves bête. Je veux t’entendre toi Kasai, et personne d’autre, me convaincre que ton opinion est la meilleure.