Ce qu’il y avait de bien avec Elise, c’était qu’elle était toujours partante et motivée lors d’une fouille. Elle ne rechignait pas et apportait une véritable expertise sur ce qui pouvait les entourer. Gwenaëlle se sentait à l’aise avec elle, elle l’avait toujours encouragé et toujours été à ses côtés. La chercheuse Pokémon était une amie plus que précieuse pour la mécanicienne. Sa présence la rassurait dans ce lieu d’histoires, laissé à l’abandon et intouchable depuis des années. Elles se dirigèrent toutes deux vers les chambres, couvertes de poussières et sentant un peu le moisi. Gwen éternua lorsqu’en foulant le sol de ses pieds elle souleva un nuage de saleté. Elle n’avait pas particulièrement un terrain allergique et pourtant la quantité était si importante que ses sinus ne l’avaient pas supporté. La fenêtre était calfeutrée de planches de bois où seul un rayon du soleil parvenait à filtrer péniblement de la paroi. La pièce dans laquelle elles se trouvaient se paraient d’immenses dimensions et la décoration était très luxueuse, surtout avec un tableau au mur, les chandeliers dorées, un tapis délavé et l’énorme lit à baldaquin trônant fièrement au centre de la pièce. Ses tentures avaient été rongées par les mites et le bois avait terni mais le meuble n’avait rien perdu de sa prestance. Hypno5e s’était approché de ce dernier pour admirer les draps d’anciennes époques. Kataoka elle, s’était fourrée la tête dans une de ses ailes histoire de ne pas trop respirer l’air poussiéreux de l’endroit.
Tool lui contemplait une des peintures du mur avec Elise qui ne semblait pas au mieux de sa forme. Elle précisa à sa partenaire qu’il y avait quelque chose de particulièrement déplaisant avec ce dernier. Gwen se rapprocha pour à son tour le contempler, laissant sa Chapotus tenter de grimper sur le lit, exaltant des volutes de moutons qui retombèrent mollement sur le parquet. La mécanicienne réprima un frisson en regardant le portrait de famille. Ils posaient à trois et pourtant quelque chose de malsain se dégageait de là. Comme si les regards se concentraient sur elle pour la dévisager, la passer sous rayon X et l’observer sous toutes ses coutures.
D’un coup le froid prit ses tripes.
Un frisson lui parcourut l’échine ce qui fit bouger sa Tylton sur son épaule qui ne comprenait pas ce qu’il arrivait à la dresseuse.
« O-oui il me met mal à à à l’aise ce t-t-tableau. Mais je je ne sais pas p-p-pourquoi. »
Comme s’il y avait un esprit à l’intérieur ou quoi. Et pourtant la maison était vide, il n’y avait aucun bruit à l’intérieur. Les filles étaient bel et bien seules. Et pourtant, elle se sentait étrangement observée. La maison était-elle aussi vide qu’elle le paraissait ?
Elise tira Gwen de ses rêveries en l’appelant de la pièce d’à côté, elle avait trouvé quelque chose d’intéressant. La verte fit signe à Tool et Hypno5e de la suivre. Dans ce genre d’endroit mieux valait ne pas trop se séparer, question de survie. Il n’y avait certes rien mais on n’était jamais trop prudent. La brunette lut à voix haute sa trouvaille dans la pièce, ancien bureau avec un secrétaire et des plumes noircies d’encre qui séchaient sur la table. La bibliothèque était abandonnée et tout aussi couverte de poussière que la chambre d’avant. Sûrement l’endroit où le ou la propriétaire travaillait ou faisait ses papiers administratifs.
Achevant sa lecture, Elise tandis un autre journal à Gwen qui le prit délicatement. Les pages jaunes s’émaciaient par endroit et le papier avait séché mais c’était encore en suffisamment bon état pour que l’on l’ouvre sans qu’il ne parte en cendre. Doucement, la verte se mit à en lire le contenu.
16 juillet 1868
Le verdict est tombé, Adélaide a de la dyspepsie sévère et une forme grave d’alopecie qui s’est déclarée. La chance est mince de l’avoir lorsque l’on est enceinte mais il fallait que ça tombe sur elle. J’espère que notre enfant s’en sortira. Voir sa souffrance tous les jours est trop difficile pour moi. Je veux qu’elle aime bien et que notre enfant aussi.
1er août 1868
Les douleurs d’Adélaide sont toujours plus fortes, j’ai si peur pour elle et pour l’enfant. Notre huissier m’a parlé de l’atermoiement d’un de nos employés en plus de cela. Pourquoi j’ai l’impression que Arceus nous a abandonné. Je veux simplement fonder ma famille et que tout aille pour le mieux. Adelaide, je prie tous les jours que tu ailles pour le mieux. Qu'un de mes employés ait du délais je n'en ai que faire, je veux juste que toi tu sois heureuse et en pleine santé.
24 septembre 1868
Nous avons enfin un médecin à domicile. Ça a été l’anarchie pour le dénicher mais il restera au chevet de ma bien aimée. Elle semble soulagée qu’il soit là et ses douleurs s’apaise. Son ventre a bien grossi, on sent l’enfant dans son ventre, il se débat, il sera vigoureux.
12 décembre 1868
Il est né. Il est magnifique, il sera fort, il sera beau, il sera intelligent. Je lui prodiguerais la meilleure éducation qu’aucun Adalien ne recevra jamais. Christophe tu as un grand avenir devant toi. Adelaide a beaucoup souffert de l’accouchement mais le docteur nous a annoncé qu’elle retrouverait ses cheveux et qu’elle n’aurait plus de problèmes gastriques. Par contre il a décelé en elle des problèmes au niveau de jambes. On ne sait pas plus pour l’instant, j’espère qu’elle ne sera pas dans un état trop grave.
L’écriture était claire, avec de belles boucles italiques sur les lettres qui en nécessitaient. Ce monsieur avait l’air d’avoir pas mal de problèmes dans sa vie. Dans la suite de l’histoire, il ne fait que parler de son fils. Les premières années de sa vie il semblait extatique puis au fur et à mesure, il s’aigrissait et critiquait Christophe, déjà de l’état de sa femme qui empirait au niveau des jambes. Elle souffrait de paralysie et avait été dans un fauteuil ce qui rendait l’homme toujours plus mauvais.
« Leur histoire n’est p-p-pas facile. Mais ça ne parle q-q-que jusqu’aux 10 ans du p-p-petit, il n’y a p-pas d’autre carnet ? »
Elles fouillèrent à deux pour finalement ne rien trouver ? Tant pis, il fallait désormais changer de pièce. La verte choisit la porte d’en face pour tomber sur une salle d’eau blanche avec un bain pattes de lions à l’ancienne, deux éviers et un miroir complètement brisé. Par les naufrages du temps ou bien exprès ? Elle ne saurait le dire. Encore une fois le mobilier poussiéreux était d’excellente facture. Elle remarqua par contre que les éviers étaient étonnamment propre et elle se prit de vérifier quelque chose qui l’intriguait. Elle tourna le robinet.
« Elise, c’est p-p-pas normal que l’eau c-c-coule dans une maison abandonnée depuis plus de de de 100 ans non ? »