des yeux de chien battu
Le mois de Septembre est déjà bien engagé. Fini l’ambiance détente des vacances, Magnolia a repris le rythme endiablé de la rentrée scolaire. Cours divers et variés, explications théoriques, exercices pratiques et longs devoirs à rendre dans les temps, elle regrette presque ses excursions estivales.

Il faut dire que c’était une nouveauté surprenante. Magnolia n’a jamais eu l’occasion de véritablement voyager avant de rejoindre la Pokémon Community et de profiter de déplacements tous frais payés par la gracieuse bourse qu’elle est plus déterminée que jamais à conserver. Une rapide discussion avec Mr. Nahr au début du semestre l’a rassurée sur sa place à l’académie et elle peut se relaxer un peu plus que lors de son premier semestre à l’académie.

Désormais bien dans ses baskets au sein du campus, elle se permet de regarder un peu plus librement les missions et ne pas forcer son regard à se cantonner aux missions sur Leiar. Pour être honnête, elle a bien envie de profiter du week-end qui arrive pour changer d’air et c’est la raison derrière son épluchage nocturne des missions disponibles.

Quatre d’entre elles lui sautent aux yeux comme un peu étrange … Des pokémons inconnus qui apparaissent dans quatre endroits différents à la même période ? Si vous voulez l’avis de la rose, c’est carrément étrange. Et tout se passe dans le Sud-Ouest de Kalos … est-ce que c’est simplement le seul endroit où les pokémons ont été remarqués ou est-ce que la localisation a un sens ?

Magnolia ne pourra pas aller fourrer son nez dans tous les points cités sur par les intitulés de mission mais elle peut en choisir un et tenter de glaner le plus d’informations possibles … En voilà une occupation chouette pour son week-end. Décidée, elle sélectionne la dernière mission du lot, celle avec les petits chiens. Elle aime bien les pokémons canins de manière générale et des quatre descriptions c’est celle qui l’inspire le plus.

Sa demande part et avec un brin de retard, elle réalise que Mr. Nahr va probablement froncer les sourcils en voyant qu’elle a soumis sa candidature à trois heures du matin … Aaaah, elle pourra toujours lui dire qu’elle tentait de rendre son insomnie productive. C’est même la vérité. Elle sait pas trop si avouer à son professeur référent qu’elle souffre d’insomnie est une bonne idée mais dans le pire des cas, elle pourra toujours minimiser ses symptômes .. Enfin, c’est trop tard maintenant et elle n’a pas encore le niveau de s’infiltrer dans le réseau et de modifier l’heure de soumission.

—

Le week-end arrive enfin et avec lui, son départ pour Kalos et Quarellis. L’itinéraire est simple. Elle prend la navette jusqu’à Adala puis elle un avion vers Illumis pour terminer son trajet avec un petit tour en bus jusqu’à Quarellis. D’après ses informations, elle en a pour quatre bonnes heures. Un temps de trajet plus que raisonnable pour la rose.

Pour être honnête, ça lui fait un peu bizarre de partir comme ça en plein milieu d’un semestre mais c’est quelque chose qui semble être de plus en plus courant avec les montées en grade. Du moins, c’est ce qu’elle en a déduit de ses observations et des quelques remarques faites par les professeurs sur le caractère très modulaire des cours et des suivis.

Plus qu’une participation assidue à tous les cours, plus les élèves montent en grade et plus on leur demande de remplir des critères pour valider leurs années. Bien sûr le plus gros des programmes reste sur les cours sur le campus, mais les expériences pratiques sont très mises en avant par l’école. C’est une des raisons qui différencie la Pokémon Community de toutes les autres écoles du monde.

Enfin, toujours est-il qu’elle peut quitter Leiar le temps d’un week-end, découvrir une nouvelle région et une nouvelle ville et potentiellement rencontrer un pokémon tout nouveau. C’est une super opportunité et même la mine sévère de Léon quand il l’a confronté face à l’heure tardive de sa demande n’a pas suffit à entacher la bonne humeur de la jeune dresseuse.

Les heures de trajet sont mises à contribution pour commencer (et terminer) ses devoirs ainsi qu’avancer dans ses propres recherches personnelles. Avec l’annonce du Défi Pokéathlète, Magnolia s’est plongée dans son étude de son équipe, leurs points forts et faibles et ce qu’elle va pouvoir mettre en place pour faire de son mieux. Elle part d’ailleurs à Kalos sans son starter puisque qu’elle l’a confié à Kasai pour deux semaines de coaching intensif.

Depuis leur rencontre avec la horde de Galopa, Magnolia et Aries se sont décidé à s’intéresser un peu plus sérieusement au combat et à comment s’améliorer. Déterminer leurs points faibles et forts, comment réduire les premiers et booster les seconds, quelle peut-être l’utilité première d’Aries au combat … Tant de questions qu’elle se pose encore et qu’elle cherche à éclairer pour ne plus ressentir le terrible sentiment d’impuissance du printemps dernier.

Enfin arrivée à Quarellis, un petit bourg sans prétention mais au style très charmant, Magnolia dégaine son Ipok pour trouver l’hôtel où elle passera la nuit. Elle veut y déposer son sac de voyage pour ne pas être encombrée pendant son exploration et son enquête. Les tracas pratiques réglés, sa chambre est un véritable petit bout de paradis, Magnolia est prête à démarrer.

Taurus est sortie rapidement. La rose sait que son Ecreumeuh n’apprécie pas beaucoup l’exercice mais elle aime tout de même se balader et découvrir de nouvelles choses. D’autant plus qu’il y a de fortes chances que son caractère aimable et sociable soit un atout de taille dans l’exécution de la mission.

Quarellis n’est pas bien grande. Au Nord, l’Oriel, le large fleuve qui découpe Kalos, est traversable grâce à un pont aux allures impressionnantes. Fortifié, le village est entouré de haut remparts et comme pour compenser le fait qu’ils ne peuvent pas s’étendre au sol, les bâtiments sont hauts. Elle n’a pas vu une seule construction qui n’a pas au moins deux étages. Le centre du bourg détonne du reste avec son petit square et sa fontaine. Partout ailleurs, le sol est pavé.

Une rapide recherche lui donne le nom des personnes derrière les différents témoignages ; une vieille femme qui est réputée pour ses soins aux pokémons et deux jeunes gens qui tiennent les boutiques du village. La mission mentionne également que la boulangerie est un point d’intérêt à ne pas louper … Après une minute d’hésitation, Magnolia décide de commencer par les témoignages. Ça lui semble être une source un peu plus sûre qu’une vague mention pour des viennoiseries. Elle est à Kalos, bien évidement que la boulangerie est un centre d’intérêt.

Plan établi, le duo dresseuse et pokémon se dirige d’un bon pas vers la première boutique, spécialisée dans les pokéballs. Dommage qu’elle est fait le stock récemment, elle n’a plus trop le budget d’investir dans de nouvelles balls. Ça ne l’empêchera cependant pas de jeter un coup d’œil au stock. Qui sait, peut-être qu’il aura des pokéballs rares ou que les prix seront très différents de ce qu’elle peut trouver sur Leiar. Dans tous les cas, ça sera intéressant de voir.

Le magasin n’est pas difficile à trouver et le jeune homme derrière le comptoir semble ravi de voir quelqu’un entrer. C’est sûr que le trafic ne doit pas être des plus affluents à Quarellis. La ville est un peu perdue et à part Bourg Croquis qui est encore plus petit, Quarellis ne mène pas à grand-chose. Ça n’est pas forcément la destination à visiter lors d’un voyage à Kalos.

- Bonjour, je suis Magnolia Jones, de la Pokémon Community. Je viens enquêter sur l’étrange pokémon qui a été aperçut. C’est bien vous qui a laissé un témoignage ?

Visiblement refait à l’idée d’avoir, enfin, de l’animation dans son bled du bout du monde, le vendeur se redresse immédiatement.

- Salut, je suis Thomas, ouais c’est bien moi. T’es arrivée super vite !

Il lui fait signe de passer de l’autre côté du comptoir où elle trouve un deuxième tabouret, ça sera mieux pour discuter. Elle est contente de voir qu’il n’est pas désabusé par son jeune âge et qu’il semble prêt à collaborer.

- Du coup, ouais, trop bizarre. Tu sais dans le coin, on a pas vraiment des pokémons très rares. C’est les classiques chenilles et petits types vols. Et bien sûr notre Saperau national ! Un peu plus haut, dans la forêt de Neuvartault ça arrive de voir des trucs un peu plus chaud mais c’est tranquille aussi. En vrai, forêt c’est un peu fort comme nom mais bon, ça fait des générations qu’elle s’appelle comme ça, c’est pas moi qui va faire tout changer, tu vois ce que je veux dire ?

Magnolia pince les lèvres quand il commence à raconter sa vie. Soudainement, elle a le sentiment que ça va être un peu long. Elle tente de recentrer la conversation.

- Et ce nouveau pokémon, il ressemblait à quoi ?

- Comme un petit chien je dirais ? Haut comme trop paume le machin, il est peu jaune. La première fois que je l’ai vu, je pensais que c’était le chiot de Galar là, comment il s’appelle ?

- Voltoutou ?

- Oui ! Mais en regardant une image sur internet, c’était clair que c’était pas ça. Mais ils se ressemblent un peu. Il était plus rond ? Et … Nan, tu vas trouver ça trop bizarre …

- Tout ce que tu me diras peut m’aider à résoudre cette affaire tu sais.

- Ah, bon, bah en fait, j’suis pas sûr que ça soit vraiment un pokémon normal. Tu sais, les pokémons du coin, ils sont fait de chair et d’os quoi, avec des poils ou des plumes, bref des vrais pokémons. Lui là, il avait l’air d’être en pâte à choux …

Passant sans mal autour de la vision assez réductrice des pokémons et pas forcément étonnée à l’idée d’un pokémon un peu plus proche de la pâtisserie que du mammifère, Magnolia enchaîne quelques questions pour approfondir ce que lui raconte Thomas.

Après une heure d’une discussion parfois un peu longue, Magnolia s’extirpe des pattes de Thomas. Midi est déjà passé depuis un petit moment et la rose décide d’aller voir la boulangerie pour un sandwich. D’une pierre deux coup comme ça, elle mange et elle peut voir ce qu’il s’y passe.

Une fois arrivée le service est rapide et Magnolia s’installe en terrasse, profitant de la fin des beaux jours avec un classique jambon-beurre qui est, semble-t-il, un classique Kalosien. Le pain est, en effet excellent, et elle entend autour d’elle des habitués mentionner que la baguette est soudainement devenue encore plus délicieuse récemment …

Hmm, peut-être que ça vaudra le coup d’interroger le boulanger après ses deux autres témoins.

Le vendeur de potion n’apporte pas grand-chose de nouveau. Il est visiblement le frère jumeau de Thomas et ce que sait l’un, l’autre connaît aussi. Elle termine rapidement la discussion avant d’aller rencontrer son dernier témoin officiel.

La vieille dame est installée dans le petit parc central de Quarellis et la repère bien vite. Il faut dire qu’ici, des nouvelles têtes, ça doit pas être très fréquent. D’autant plus que Thomas est visiblement une commère qui a annoncé sa présence à tout le village.

Une fois installée avec Thérèse et un sac de miette de pain dans les mains pour les Passerouges et Roucools de passage, les deux se lancent dans une petite discussion sur l’étrange petit chien. Thérèse le décrit d’une manière similaire à Thomas, un petit chien mi-beige, mi-jaune qui, s’il ressemble à Voltoutou reste expressément différent. Elle mentionne que ses oreilles sont toutes rondes. Comme son premier témoin, Thérèse semble assez convaincue que le pokémon est fait de pâte ou de quelque chose de similaire. Elle explique même qu’elle a pu le voir se gonfler pour avoir l’air plus impressionnant face à un Roucool visiblement intéressé pour le picorer.

Et avec l’après-midi qui s’achève, Thérèse lui propose de la retrouver le lendemain matin pour qu’elle la présente à Olivier, le boulanger, qui est probablement déjà parti se coucher pour suivre le rythme tout particulier que sa profession implique. Satisfaite de ses progrès, Magnolia accepte la proposition.

Il fait encore jour pour un bon moment et Magnolia décide qu’une petite promenade jusqu’à l’orée de la forêt lui fera, à elle et Taurus, le plus grand des biens. Qui aurait cru qu’une citadine de naissance, aille aussi délibérément vers la nature ainsi ? Elle reste plus à l’aise dans les environnements urbains, mais la force des choses lui enseigne l’importance de savoir se débrouiller dans des environnements plus sauvages.

Cependant, sauvage n’est pas forcément le bon adjectif pour définir la route 2. Visiblement calme, les espèces qui s’y baladent sont de jeunes pokémons de bas niveau. Ils les laissent tranquilles et Magnolia et Taurus profite de leur petite ballade avant de retourner à l’hôtel pour manger puis se reposer.

Le lendemain matin, à cinq heures tapantes, Magnolia se réveille et se prépare en vitesse pour rejoindre Thérèse, une demi heure plus tard. Sur ses conseils, elle ne prend pas son petit déjeuner et choisira plutôt quelque chose à la boulangerie. Elle arrive bien vite et la vieille dame l’y rejoint et ensemble, elles rentrent et sont accueillies chaleureusement par Delphine, la compagne d’Olivier.

Elle les installe à une des petites tables, avec un croissant chacune, un café pour Thérèse et malgré les réclamations de Magnolia, un chocolat chaud pour la plus jeune. Le duo prend le temps de déjeuner et de profiter du délice que sont ces viennoiseries. La richesse de la pâte, le goût du beurre, le feuillage qui laisse à l’air la place pour de belles bulles dans le croissant … C’est tout simplement divin. Et quand elle plonge un morceau dans son chocolat chaud, c’est une nouvelle explosion de saveur …

Les rumeurs sur Kalos et la pâtisserie sont de toute évidence, totalement valides.

Le petit déjeuner pris et la boulangerie encore fermée pour un peu de temps, Magnolia et Thérèse sont guidées jusqu’à la cuisine où Olivier et Delphine sont aux fourneaux. Le boulanger explique rapidement qu’il ne peut pas vraiment s’arrêter mais qu’il peut répondre à ses questions pendant qu’il travaille. À ses côtés, un Cupcanaille aide à la cuisine.

Magnolia se fait concise, bien décidé à ne pas déranger le monsieur plus que nécessaire et décrit le pokémon inconnu en quelques mots. Le boulanger éclate soudainement de rire avant de siffler rapidement.

- Bah bien sûre qu’on le connaît. C’est Patta ! Il est apparu d’on ne sait trop où mais il est pas méchant et il aime bien être derrière. Puis, depuis qu’il est là, le pain est devenu encore meilleur. J’pense que c’est comme Cupcake, mon Cupcanaille, il a un truc avec la cuisine et il émet un truc qui fait que ça devient super bon.

Delphine approuve.

- Je l’ai vu souffler sur la farine plusieurs fois. J’imagine que c’est dans son souffle. On utilise beaucoup moins de levure quand il est là.

Réagissant sûrement au sifflement d’Olivier, Patta débarque, se dandinant joyeusement sur ses toutes petites pattes. Il regarde tout le monde d’un air un peu ahuri, à moitié recouvert de farine. Magnolia est quelque peu … surprise de la conclusion de toute cette histoire. Après avoir vérifié qu’Olivier est ok, elle s’approche doucement de Patta avant de s’accroupir devant lui.

- Bonjour, est-ce que tu accepterais que je te prenne en photo et que je récupère quelques informations sur toi, Patta ?

Un jappement approbateur lui répond et avec un sourire, Olivier leur fait signe d’aller dans la cour arrière du bâtiment pour les tests. Thérèse s’éclipse alors, elle a un poste à tenir à la mairie et de toute évidence, un rapport à faire au maire. Elle lui dit rapidement de passer lui dire au revoir avant de rentrer à Leiar. Magnolia approuve avant de se diriger, en compagnie du petit chien dans l’arrière cour.

Là commence les quelques mesures et tests que Magnolia veut faire pour monter son dossier. Elle commence à prendre quelques photos et Patta se prend vite au jeu, s’amusant à prendre des poses entre chaque prise. Quelques mesures lui permettent de définir sa taille (30 centimètres en temps normal mais il peut quasiment doubler de volume quand il cherche à intimider), son poids (une petite dizaine de kilos) et son type (fée, comme quoi, c’est un point commun de ces pokémons pâtisseries).

Elle n’arrive pas bien à déterminer la matière qui le compose mais prend autant de notes que possible. Ferme mais molle, élastique mais pas trop … C’est une étrange combinaison qui lui fait penser à une pâte à pain. Elle parvient à le convaincre de souffler dans une petite fiole. Avec un peu de chance, l’échantillon sera analysable et ils pourront confirmer que c’est bien de la levure que Patta produit, comme le soupçonne Delphine.

Après une bonne heure avec le chiot, il commence à s’agiter et ne désirant pas l’embêter plus longtemps, elle le laisse repartir, non sans que Taurus ne lui ait proposé un peu de lait. Le petit chiot a eu l’air de grandement apprécier et enfin, Magnolia quitte la boulangerie, laissant Olivier et Delphine aux proies de leurs clients.

Avec toutes ces informations, Magnolia a plus que ce dont elle à besoin pour écrire son rapport et elle se pose tranquillement proche de la fontaine du village pour le rédiger. Elle peut même l’agrémenter de photos, vu qu’elle a pu voir le pokémon de ses propres yeux. Sans être professionnelle et les subtilités de la classification des pokémons lui échappent encore mais c’est probablement une nouvelle espèce.

Elle n’a pas réussi à remonter sa piste puisqu’il semble être apparu de nulle part, peut-être que le mystère se résoudra avec les enquêtes sur les autres mystérieuses apparitions du coin.

Enfin, avant de reprendre le bus, Magnolia passe par la mairie, laissant une copie de son rapport au maire et disant au revoir à Thérèse. Puis c’est reparti pour quelques heures de transport. Elle a volontairement pris un avion qui la ramène en milieu d’après-midi pour tout de même profiter d’un bout de week-end avec ses amis mais avant de les retrouver, elle devra aller déposer son rapport à Mr. Nahr et confirmer qu’elle a complété sa mission.

Et avec ça, l’objectif du Grade 2 est atteignable. Elle aura de nouveaux avantages qui sont indispensables à sa préparation pour le Défi Pokéathlète. Comme quoi, un peu de planification aide beaucoup à accomplir ces objectifs !