octogone, sans règles sans arbitre
Les mains sur les hanches, Magnolia a l'air bien sérieuse. Pourtant, si on regarde autour d'elle, la situation est quelque peu ridicule. Son petit camp installé proche des Fjords pour profiter des hausses de températures et donc des petites cascades qui commencent à s'y profiler, elle observe son Moumouton. Ce dernier se tient, les yeux fermés, un air de concentration brute, au cœur du filet d'eau qui tombe depuis les hauteurs glacées. Le courant n'est pas bien fort mais Magnolia ne voulait pas faire affronter des forces trop importantes à son petit starter.

Mais elle aurait probablement pu viser un peu plus haut. Elle a pas l'impression que ça fasse grand chose cet entraînement … Pourtant, c'est une technique mondialement reconnue ! Elle a entendu certains coachs de l'école en parler et l'information peut facilement être confirmée sur internet. Non, vraiment, ça devrait fonctionner. Pourtant, tout ce que ça fait, c'est complètement tremper l'épaisse fourrure du Moumouton. Il ressemble de plus en plus à une serpillière mais il n'abandonne pas. Magnolia relativise facilement. Si ça ne lui donne pas de l'endurance en générale, ça l'entraîne à résister à des températures froides. Et ça lui fait travailler sa maîtrise de soin. Il n'a pas bougé depuis plus de 5 minutes ! C'est clairement un nouveau record.

Son iPok sonne. Le regard toujours vaguement posé sur son pauvre starter, elle répond, sans faire attention à son interlocuteur.

- Magnolia Jones.

Dés que la voix répond, elle se redresse d'un bon.

- Magnolia. Ici Léon Nahr, peux-tu venir dans mon bureau cet après-midi ? J'ai une mission que je voudrais te confier.

Une mission ? Intriguée par la requête peu habituelle de son professeur, elle s'empresse d'acquiescer. L'appel se termine rapidement après ça. Ni Magnolia, ni Léon ne sont de grands bavards. C'est bizarre comme manière de faire. Jusqu'à présent, toutes les missions dans lesquelles Magnolia s'est retrouvée embarquée ont été des choix. En avoir une sélectionnée juste pour elle par son référent scolaire ? Ça la stresse un peu mais ça ne peut vouloir dire que du bon.

Elle interpelle son starter qui semble être entrer en véritable méditation et qui n'a pas bronché de la conversation. Hmmm, c'est peut-être ça, le vrai renforcement de cet exercice ?

- Aries ! On y va, tu préfères retourner dans ta pokéball ou tu veux courir avec moi ?

Ne manquant jamais l'occasion de bouger, le petit pokémon s'agite vigoureusement, laissant son état un peu pateux dans l'eau et trottine dans sa direction, renâclant un peu quand sa dresseuse traîne à rassembler leurs quelques affaires. Elle sécurise son sac à dos, resserre sa queue de cheval puis démarre sa course pour rentrer jusqu'au campus. Elle aura le temps de manger rapidement avant de retrouver Léon. Avec un peu de chance, ça donnera à Aries le temps de sécher …

–

L'estomac plein, Magnolia se rend dans la Maison Voltali pour trouver le bureau du professeur de pokéathlétisme. Elle toque une fois avant de rentrer. Léon lui fait signe de s'installer et dépose un fin dossier devant elle. À l'intérieur, il n'y a que quelques feuilles. Ça mérite à peine un dossier. Elle jette un œil un peu surpris à Léon. Il reste concentré sur ses papiers. Elle reporte son attention sur les documents.

Une rapide présentation de l'Octogone de Combat des Noctalis. Elle est assez familière avec le lieu. Lyria l'y traîne assez régulièrement et de manière générale, elle préfère l'ambiance de l'Antre au côté beaucoup plus formel de la Tour de combat. Si elle sait qu'apprendre à se battre de manière officielle est important pour développer des bases solides, elle sait également que dans la vraie vie, les gens attendent rarement leur tour pour attaquer, qu'ils ne respectent pas toujours les règles mises en place par les ligues, que parfois, les dresseurs aussi s'affrontent. Le désordre de l'Octogone lui a toujours semblé bien plus vrai.

Elle trouve à la suite quelques images de combats. Les clichés sont plutôt bien réussis, ils arrivent à prendre l'action et la rendre presque belle. Même quand c'est deux élèves Noctalis qui ont facilement trois ans de plus qu'elle qui se battent à grands coups de poings. Enfin, la dernière page contient l'ordre de mission. Cette fois, la surprise est plus grande. C'est … clairement destiné aux coachs. Elle finit pourtant de le lire avant de relever un regard interrogateur vers son professeur.

- Je veux bien essayer Monsieur Nahr, mais … Je suis Agent, pas Coach.

Léon lui sourit, clairement amusé par son, très poli, « What the fuck ? ».

- Je sais, je sais. C'est simplement la base, je n'ai pas eu le temps de modifier l'ordre. Un de mes Coachs m'a ramené un rapport assez intéressant ce matin, s'axant beaucoup plus sur l'aspect psychologique qu'il pouvait observer au lieu de simplement se concentrer sur l'aspect technique. Tu n'es pas sans savoir que savoir lire l'ennemi et deviner ses intentions, c'est la moitié du combat.

Magnolia hoche la tête. C'est pas si vrai en combat formel mais ni Léon, ni elle, ne parlent vraiment de formalité quand ils pensent à son avenir.

- Je voudrais que tu réalises un rapport comme mes coachs mais en te concentrant sur les informations que tu peux tirer des actions, des stratégies, des comportements, voir même des pokémons utilisés par les dresseurs de l'Octogone. Voit ça comme un exercice de lecture des autres dans les situations de combat. Je pense que ça peut t'être sincèrement utile. Qu'est-ce que tu en penses ?

Magnolia se laisse un vrai moment pour tourner les mots de son professeur dans sa tête. Elle voit l'intérêt de l'exercice et elle sait que l'interprétation des autres est un vrai point sur lequel elle doit travailler. Si elle est assez douée dans la vie de tous les jours, les situations de combat … c'est quelque chose qu'elle ne maîtrise simplement pas encore. Convaincue, elle approuve rapidement.

- J'accepte Monsieur. J'imagine que je garde les mêmes délais que les coachs ? Je passe l'après-midi en observation et j'ai jusqu'à lundi pour vous rendre un rapport ?

Léon hoche rapidement la tête avant de lui souhaiter bonne chance et de la faire filer. Pas de temps à perdre, si elle veut avoir le temps de voir quelques combats. Surtout que les Noctalis sont de l'autre côté des Voltalis … Son Moumouton est un peu plus sec et peut-être qu'une autre petite course au travers du campus l'aidera à sécher un peu plus …

Le long bâtiment qui forme l'Antre Noctali est un endroit que Magnolia aime bien. Avec ses toits terrasses et son Octogone, il combine un peu de relaxation avec la passion du combat. L'Octogone en lui même est un lieu que Magnolia a l'habitude de visiter. Elle s'y dirige assez naturellement, saluant de la tête les quelques élèves qu'elle reconnaît. Elle ne les approche cependant pas, elle s'installe, un peu en hauteur, dans les gradins qui entourent l'arène.

Elle repli rapidement ses jambes sous elle pour s’asseoir en tailleur. Les gradins ne sont pas les plus confortable pour être honnête mais elle n'a pas voulu perdre le temps de faire un détour jusqu'à son propre dortoir pour attraper un coussin. Elle fera avec. Aries, toujours vaguement humide, s'allonge à côté d'elle et ne tarde pas à s'endormir. Il sait, grâce à leur position en hauteur, qu'ils ne combattront pas aujourd'hui.

Magnolia dégaine un carnet et un stylo et se prépare à prendre des notes. Rapidement, les premières combattantes s'avancent dans l'arène. Le système de l'Octogone est assez particulier. Les duos peuvent venir directement pour s'affronter. C'est souvent utilisé pour régler des comptes ou pour ajouter du piment à un affrontement prévu entre deux amis. L'autre option, c'est de simplement ajouter son nom dans les combattants de la journée. Le responsable des combats établit ensuite un planning des affrontement du jour. La répartition entre les deux types est assez équilibrée.

Le premier combat à l'air de faire parti de la première catégorie. La grande blonde s'avance d'un pas assuré, annonçant à haute voix qu'elle va régler son compte à Ananke. Enfin. Ses cheveux sont remontés dans une haute queue de cheval et elle porte un survêtement bleu roi. Derrière elle, son adversaire est plus petite et plus menue. Ses cheveux bruns clairs sont coupés sèchement au niveau de ses épaules. Sa tenue est plus habillée, avec un long pantalon noir ajusté et une jolie blouse vert émeraude. Magnolia lève un sourcil surpris quand elle constate que la fameuse Ananke porte également des escarpins. Si les talons ne sont pas très hauts, ça reste un choix étonnant pour un ring de combat. Surtout que son adversaire porte une paire de baskets bien plus raisonnables.

Grâce aux chuchotis des élèves autour d'elle, elle peut mettre un nom sur la blonde. Prim. Elle est chez les Pyroli tandis qu'Ananke est une Givrali, tout comme le petit groupe dont elle écoute la conversation sans se gêner.

Pendant qu'elles se préparent, Magnolia fait un premier point sur ce que la première impression lui offre comme information. Marquer l'évolution de son opinion entre ses premières idées et quand elle aura eu le temps de les observer pendant un moment sera sans doute un élément apprécié dans son rapport.

Prim. En accord avec son dortoir, elle est sportive et active. Elle aime le combat si ses petits mouvements d'excitation sont véridiques. Sa tenue supporte l'idée qu'elle est une habituée de l'endroit et Magnolia en a rapidement la confirmation quand elle l'a voit passer un bras sur l'épaule d'un des organisateurs, lui ébouriffant les cheveux au passage. Elle a confiance en elle, ou, tout du moins, veut qu'on croit qu'elle a confiance en elle. Elle parle fort et n'a pas peur de prendre l'attention de toutes les personnes présentes dans l'octogone. Maintenant qu'elle marche un peu, Magnolia remarque avec étonnant qu'elle a une certaine grâce et démarche qui n'est pas sans rappeler les danseuses. Si la rose a du arrêter les cours assez jeune pour des raisons financières, elle a apprit à remarquer ce genre de chose. Prim est donc très probablement une ballerine. Hm. Plus étonnant dans le portrait un peu garçon manqué qu'elle avait jusqu'alors. Ses habits ont également l'air d'être d'excellente qualité. Potentiellement d'une marque assez luxueuse, Magnolia n'a pas l'expérience de reconnaître ce genre de vêtement d'un simple coup d’œil. Peut-être riche ?

Magnolia tourne son regard sur la deuxième combattante, Ananke. Elle est déjà plus difficile à lire. Là où Prim semble porter ses émotions sur son visage, la brune est bien plus réservée. Ses mouvements sont plus restreints, sa voix ne résonne pas dans l'arène quand elle répond … elle est simplement bien plus discrète. Elle est très propre sur elle, même d'ici, Magnolia peut constater qu'elle n'a pas un cheveux hors de sa place, que son maquillage est impeccable et surtout … sa tenue. Pour être franche, sa tenue lui fait penser aux tenues des costumes-cravates qu'elle pouvait croiser lors de ses expéditions dans le centre de Volucité. Et les talons … Elle n'a pas bronché en montant sur le ring, même avec sa texture molle au sol. C'est de toute évidence une habituée. Si Magnolia devait émettre une hypothèse, elle imagine cette Ananke comme quelqu'un de très contrôlé, qu'il ne laisse absolument rien au hasard. Cependant, elle n'est pas complètement froide. Loin d'être aussi chaleureuse que Prim, elle lui adresse des sourires mi amusés mi exaspérés qui ne sont pas si différents que ceux que Magnolia donne à ses amis.

L'arbitre annonce les combattantes puis le combat démarre. Prim envoie un Colossinge ce qui fait ricaner Magnolia dans la prédictibilité du pokémon. Une grosse brute qui va aller taper vite et fort. Ça semble plutôt bien correspondre à l'esprit combatif de la blonde. Ananke répond avec un Insécateur, prenant l'avantage de type et gardant l'espèce d'esthétique verte qu'elle présente au monde. Si Ananke semble être le type de dresseuse qui apprécie de se placer, elle est obligée de répondre immédiatement aux assauts féroces de Colossinge. Rapidement, les deux pokémons se retrouvent, haletants, au centre de l'arène. Ananke fait preuve d'intelligence et d'imagination en utilisant les barrières de l'arène pour permettre à son insecte de prendre et de garder de la hauteur face au Colossinge qui a du mal à suivre. Il ne lui suffit que de quelques coups pour le faire tomber KO.

Les deux dresseuses rappellent leurs pokémons et à nouveau, c'est Prim qui ouvre le bal avec un superbe Némélios. Le lion est étonnamment thématique avec la blonde. Elle est tout aussi solaire que lui. Ananke risposte avec un Chapignon. Cette fois, elle est un peu étonné. Elle aurait imaginé des pokémons un peu plus délicat pour la jolie femme qu'est la brune. Enfin, un pokémon comme Chapignon reste très contrôlé. Contrairement au Colossinge de Prim, le type plante-combat est un de ces pokémons qui savent se maîtriser et qui s'entendent bien avec les dresseurs qui suivent une routine rigoureuse. Peut-être que c'est pas si étonnant au final.

Cette fois-ci, l'affrontement est plus serré. Le type normal de Némélios est faible face au combat de Chapignon mais son feu est fort contre sa plante. Parfaitement opposé. En parfait miroir avec leurs dresseuses. Prim hurle ses ordres à son équipier là où Ananke se contente de signes et de quelques murmures. De manière de maîtriser le terrain qui sont très différentes. Les hurlements de Prim sont marquant et attirent l'attention. Contre un autre dresseur, ils pourraient potentiellement le déconcentrer complètement. Les signes et murmures d'Ananke par contre, sont terrifiants d'une autre manière. En communiquant ainsi avec ses pokémons sans un mot, elle montre un contrôle sur eux qui est grand et une confiance qui l'est encore plus. Ça donne une idée de son niveau et si son adversaire se pense moins … il peut aisément perdre les pédales.

Finalement, après une bataille acharnée (et cette fois-ci, Ananke s'est en effet placée et à placé des effets de statuts sur Némélios quand elle le pouvait), c'est la brune qui remporte à nouveau la manche. Concrètement dans un 3v3, la deuxième manche gagnée donne la victoire mais elle se sont visiblement mises d'accord pour jouer le combat en entier. Prim ne semble pas déconfite pour un sous d'enchaîner les défaites et redouble simplement d'effort pour s'encourager et se motiver. Ananke se contente d'un léger sourire narquois comme seule manifestation de son contentement.

Les pokémons rappelés, c'est le tour d'une Givrali pour Ananke et d'une Fragilady d'Hisui d’apparaître pour Prim. Le type Plante-combat confirme quasiment la théorie de la danse aux yeux de Magnolia. Amusée de voir ses prédictions prendre vie, elle est surprise de voir qu'avec ce nouveau pokémon, la concentration de Prim semble changer. Moins désordonnée, moins éparpillée dans ses ordres, elle semble tirer de la force de son pokémon. C'est probablement son starter. De l'autre côté, Givrali et Ananke ont bien du mal à réagir face à ce changement de rythme.

Magnolia est un peu intriguée. Est-ce que Prim est simplement lente au démarrage de la stratégie ou est-ce que c'est simplement une question de son lien avec ses pokémons ? Impossible de le savoir mais elle note ses théories. À nouveau, le combat est serré mais cette fois-ci, Prim parvient à l'emporter, capitalisant sur la décontenance d'Ananke suite à son changement de comportement. Magnolia tape gentiment des mains pendant qu'elles se les serrent. La blonde rayonne, un large sourire sur les mains et ignore bien vite la poignée de main pour attraper Ananke dans ses bras. La Givrali n'est visiblement pas ravie par le côté tactile de son amie mais se laisse faire, levant les yeux au ciel.

Elles regagnent rapidement les gradins et le staff de l'octogone s'active pour tout remettre en état pour le prochain combat. En attendant, Magnolia fignole ses notes et réfléchit à ce qu'elle a concrètement appris et comment elle l'appliquerait en mission.

Premièrement, Prim était clairement plus lisible qu'Ananke. Elle est impulsive, combative et à suffisamment de charisme pour entraîner les autres dans son élan. Elle combat de manière un peu désordonnée et maladroite à l'exception de sa Fragilady d'Hisui. Avec elle, elle semble devenir une autre personne. Elle soupçonne également une famille riche et des cours de danse dans son passé.

Ananke est bien plus renfermée mais reste capable d'émettre des émotions et de les laisser transparaître sur son visage. Peut-être que Magnolia s'avance un peu mais elle a tendance à penser qu'elles sont un peu similaire. Peu d'amis mais des amis chers, pour lesquels elles sont très loyales. Elle combat de manière clinique, très réglementaire. Elle n'a cependant pas peur de sortir des codes et d'utiliser son imagination.

Avec ça, elle imagine sans trop de mal comment les aborder. Elle se mettrait probablement dans l'orbite de Prim. Elle est honnête et chaleureuse, quelques questions pointées suffiront à lui faire ressortir tous ses secrets. Pour Ananke, il faudrait être plus subtile. Peut-être se mettre dans son champs de vision régulièrement, lentement envahir son espace jusqu'à devenir une valeur sûre et pouvoir ainsi intégrer son cercle.

Posant sa conclusion dans son brouillon, elle relève à temps la tête pour observer le deuxième duo entrer sur scène.  

À nouveau, les combattants sont physiquement … opposés. Le premier est grand et … imposant ? Il fait probablement le double en largeur de son adversaire et ça n'a l'air d'être que du muscle. Il a l'air d'être un peu plus vieux, probablement un invité d'un des Pôles. Ses cheveux sont d'un auburn presque roux, coupés courts. Il a également un peu de barbe, comme si il avait oublié de se raser pendant quelques jours. Définitivement pas un élève donc. Il porte ce que Magnolia a envie d’appeler une tenue d'aventurier. Un pantalon cargo avec plein de poches, une grosse ceinture et un t-shirt qui lui colle à la peau sont complété par une grosse paire de rangers.

Son adversaire est long et fin. Tout aussi grand que le rouquin, il est bien plus délicat. Si le premier peut-être appelé beau, le deuxième est plutôt joli. La différence est subtile, mais elle fait sens pour Magnolia. Si il a l'air un peu plus âgé que les élèves, Magnolia l'estime possiblement Nymphali. Il est un jeune adulte dans tous les cas. Il porte un pantalon ajusté, des chaussures de costume et une chemise blanche parfaitement taillée. À son poignet, il a une montre qui doit probablement coûter plus chère que l'ensemble des possessions de Magnolia combinées. Ses cheveux noirs sont coiffés en arrière, quelques mèches lui tombant artistiquement sur le front. Ses yeux sont vifs mais elle n'arrive pas à identifier leur couleur depuis sa position et les lunettes qu'il porte.

Ils ne se comportent pas du tout de la même manière. Le premier homme, introduit comme Dax par le présentateur, est chaleureux, salut toutes les personnes qui finissent de préparer l'arène et même le public. Il est ouvert, confiant et prêt à l'action. Orazio, le deuxième combattant, est bien plus en retrait. Mais pas exactement comme pouvait l'être Ananke. Non, il observe d'un air presque dédaigneux les travailleurs et s'en tient éloigné. Pour être franche, tout dans cet homme lui donne des frissons. C'est d'autant plus le cas quand elle voit son visage se transformer du mépris à un sourire compatissant quand le présentateur lui fait signe d'entrer dans l'arène. Si Magnolia n'avait pas de favorite au premier combat, cette fois, elle espère sincèrement que Dax gagnera.

Tout dans les gestes d'Orazio est calculé. Il est minutieux dans la manière dont ses doigts semblent pianoter sur ses pokéballs. Elle remarque qu'il porte de fin gants de cuir noir quand sa main se décide enfin à se fermer sur son premier combattant. D'un geste presque paresseux, il active le bouton central de la ball. Une Rosérade en sort. En face, Dax ne perd pas de temps avant de répondre avec un large Arcanin. Magnolia grince un peu des dents. Si elle est clairement en faveur de Dax, le match-up est quelque peu … évident.

Pourtant, la Rosérade est de toute évidence extrêmement bien entraînée. Si le gagnant de ce round est décidé avec les pokémons qui entrent sur le terrain, Orazio ne se laisse pas abattre et prépare son terrain pour la suite du combat. Il dépose lors de son premier tour des Pics Toxics qui font grimacer Dax. L'empoisonnement dès l'entrée sur le terrain sera un véritable avantage. Alors qu'il combat, Orazio semble se révéler. Il remarque la moue déconfite de son adversaire et s'en réjouit visiblement. Si ça n'est pas étonnant en soit, il y a simplement quelque chose dans son regard, dans son sourire, qui fait dire à Magnolia qu'il en tire une satisfaction plus … importante. Il semble prendre plaisir face à la douleur des autres.

Le reste du round est rapidement expédié. Même si la Rosérade se défend plutôt bien, Arcanin a un clair avantage et en profite sans se priver. Quelques puissantes attaques de feu parviennent à détruire l'endurance de la Rosérade et cette dernière tombe bien vite KO. Orazio met du temps à la rappeler, fixant longuement son corps évanoui dans l'arène. Suffisamment longtemps pour que Dax lui en face la remarque et lui demande d'accélérer, son Arcanin déjà retourné dans la ball. Le grand rouquin observe son adversaire et fronce les sourcils, n'appréciant de toute évidence pas son attitude quelque peu nonchalante avec la santé de son équipier.

Le deuxième combat ne tarde pas et cette fois, c'est un Scalproie pour Orazio et un Goupelin pour Dax. Plus équilibré cette fois-ci. Si le type Psy de Goupelin sera inefficace face aux ténèbres de Scalproie, il peut parfaitement compenser avec son Feu sur l'Acier. D'autant plus qu'il peut apprendre des attaques fées. Si le renard de feu lui semble assez étonnant entre les mains du grand monsieur qu'est Dax, elle n'est absolument pas surprise de voir un pokémon aussi coupe-gorge entre celles d'Orazio.

Et sa stratégie est … cohérente avec le sentiment de malaise qu'il lui donne depuis son apparition. Il se concentre sur des attaques qui coupent, jouant de son avantage de ténèbres pour disparaître et réapparaître, deux lames en mains. Il embrume le terrain, empêchant Goupelin de pouvoir utiliser au mieux ses capacités. Ses puissantes tornades de feu se perdent dans le vide alors que le Scalproie se déplace à toute vitesse sous le couvert de la brume. Même quand Dax change de tactique et utilise des attaques fées pour ramener un peu de lumière sur le terrain, il parvient à peine à rééquilibrer le combat. L'avance prise au début est insurmontable et c'est Goupelin, cette fois-ci, qui pose un genoux au sol en premier.

Contrairement à Orazio, Dax rappelle immédiatement Goupelin dans sa ball pendant que le brun et son bourreau échange un léger sourire amusé. Magnolia observe, vaguement horrifiée, le pokémon lever un de ses bras-lame jusqu'à sa bouche et lécher un peu de sang qui s'y est déposé suite à ses violentes attaques. Elle sait que certains pokémons sont naturellement plus sauvages que d'autres et que certains de leurs instincts peuvent les pousser à des comportements qui peuvent être perturbants. Le problème dans cette situation, c'est qu'Orazio encourage les actions de son pokémon. Il encourage sa violence. Elle ne serait pas étonnée d'apprendre que c'est quelque chose qu'il nourrit, qu'il perfectionne, depuis que le Scalproie a rejoint son équipe.

Frissonnante, elle regarde les deux hommes envoyer leurs troisièmes et derniers pokémons au combat. Orazio confirme son amour du tranchant en appelant un Malvalame, un de ces nouveaux pokémons de Paldea. Face à lui, c'est un étrange spécimen. Magnolia est forcée de dégainé son Pokédex, pas capable d'identifier le Spiritomb qu'à choisit Dax. D'après ce qu'elle lit de leurs types, il a un léger avantage grâce à son type Ténèbres qui diminue sa faiblesse Spectre.

Le combat est une véritable démonstration. Elle entend autour d'elle les murmures des top dresseurs les plus expérimentés et si elle ne comprend pas encore toutes les subtilités de certaines actions, elle est capable de reconnaître les deux hommes comme de très bons dresseurs. Leurs pokémons possèdent des éventails d'attaques larges qu'ils connaissent sur le bout des doigts qui leur permettent de réagir en un rien de temps à tout ce que peut leur envoyer l'autre. Ils font preuve d'ingéniosité et de créativité pour détourner les actions de leur adversaire.

Pourtant, c'est peut-être l'expérience, c'est peut-être son léger avantage de type, mais Dax prend doucement le dessus et quand il récupère le contrôle du round, il ne le lâche plus, enchaînant ses attaques de manière efficace. Orazio se retrouve surmené et c'est Malvalame qui s'effondre en premier, sous les applaudissements de la foule.

Son visage se tord. Il a l'air enragé. Mais sa colère est froide, mauvaise, calculatrice. Il rappelle son pokémon et lance un regard noir à Dax. Quand ce dernier s'approche pour lui serrer la main, comme il est coutume, il ne réciproque pas. D'où elle est, Magnolia ne peut pas entendre la remarque, sans aucun doute piquante, qu'il lance à Dax et le sourire de ce dernier se voile, ses yeux se crispent. Il laisse tomber sa main alors qu'Orazio quitte l'arène, drapé dans ce qui lui reste de fierté. Le combat était serré et Dax s'est simplement révélé être le plus fort.

Le présentateur annonce la fin des combats planifiés de la journée mais rappelle que tout le monde peut encore monter sur scène pour des petits combats amicaux. Rien de l'échelle de ce qu'ils viennent de vivre. Pendant que les gradins se secouent et que les élèves descendent pour s'amuser, Magnolia reporte son regard sur ses notes, cherchant à établir le même type de profil pour Dax et Orazio qu'elle a fait pour Prim et Ananke.

Dax a sincèrement l'air d'une bonne personne. Il est de toute évidence un combattant expérimenté, qui a confiance en ses capacités et qui porte sa compétence dans chacune de ses actions. Il a une certaine sûreté dans ses mouvements, un peu comme si il avait tout vu et que plus rien ne pouvait vraiment le surprendre. Il est charismatique, sans lui avoir adressé la parole, Magnolia est certaine que c'est quelqu'un qui peut entraîner des foules, un leader né. Un leader par la gentillesse et la bienveillance.

Bien à l'opposé d'Orazio. Le brun est tout simplement terrifiant. Si il semble se cacher derrière ses manières et son attitude, ça n'est qu'une façade qui glisse lorsqu'il combat. Il ressemble alors à un animal sauvage, toute trace de civilité laissée tombée. Magnolia aurait presque envie de le qualifier de sadique, de par l’extrême violence dont à fait preuve son Scalproie, tout particulièrement. Son détachement complet face à la souffrance de son Rosérade aussi était choquante. Magnolia ne serait pas étonnée d'apprendre qu'il est aussi un leader. Mais un qui se joue de ceux qui le suivent. Qui manipule et intimide et cajole. Quelqu'un capable d'être ce qu'il doit être pour avoir ses objectif. Quelqu'un qui n'a pas peur de blesser, quelqu'un qui aime ça.

C'est plus dur, avec eux, d'envisager des approches. Pour Dax, elle imagine sans trop de mal qu'il doit régulièrement recevoir des demandes d'aide ou d'enseignement. Elle tiendrait peut-être ainsi sa manière de l'approcher. En se rendant dépendante de lui et de ses monstrueuses capacités. Pour être honnête, elle doute être la seule à penser à aller lui demander des conseils. Il est brillant et semble très abordable. Pour Orazio … elle aurait besoin de beaucoup plus de temps de préparation. Dans l'idéal, elle pourrait l'observer dans diverses situations, repérer les personnes avec qui il parle, qui sont les gens qui l'entourent et les aborder eux, plutôt, avant de l'aborder lui. Si elle n'a pas le choix que de viser immédiatement Orazio, le mieux serait probablement de calquer son attitude à la sienne. Afficher un extérieur poli et lui faire voir, à lui seul, des côtés sombres. Une tendance à la violence, des mots secs envers les gens qui l'entourent … Magnolia sait qu'il est dangereux et que la prudence serait capitale en essayant de l'approcher. La moindre erreur serait … probablement fatale en réalité. Douloureuse au mieux.

Toujours est-il que ce n'est vraiment pas quelqu'un qu'elle souhaiterait approcher.

Satisfaite par ses notes, Magnolia rassemble ses affaires et, du coin de l’œil, vérifie que la voie est libre jusqu'à la sortie. Pour être franche, elle n'a pas vraiment envie de faire la discute à qui que ce soit. Orazio l'a … perturbée. Peut-être plus qu'elle ne le réalise vraiment.

Elle se faufile hors de l'Octogone pour tomber sur une étrange scène. Immédiatement, elle se fond dans les ombres les plus proches, désireuse de ne pas se faire remarquer. Le grand brun est appuyé contre un mur, un autre jeune homme, plus petit se tenant devant lui, un œuf à la main. Agacé, Orazio agite la main en sa direction. Il est piquant dans ses mots, ciblant avec une précision terrifiante ce qui doit être les insécurités de la personne qui l'accompagne. Orazio se redresse et part, sans rien dire de plus. L'autre garçon soupire et laisse son front tomber contre le mur. Il se redresse après une longue minute et regarde autour de lui avant de laisser tomber l’œuf au sol et de partir à son tour, sans un regard en arrière.

Magnolia fronce les sourcils et, une fois sûre que la voie est libre, s'avance jusqu'à l’œuf. La décision est un peu impulsive. Elle ne doute pas vraiment que quelqu'un remarquerait l’œuf si elle le laissait là mais … elle a vu la scène. Elle se sent … responsable. Elle prend l’œuf. Il est peut-être temps, après tout, que d'agrandir son équipe.

Sa bonne action du jour réalisée, Magnolia presse le pas jusqu'à son propre dortoir. Elle aura tout demain pour mettre au propre ses notes et y ajouter des réflexions supplémentaires si elle y pense. En plus de tout ça, elle précisera à Monsieur Nahr qu'il faudrait peut-être garder un œil sur Orazio. Avec tout ce qui se passe actuellement sur l'île, elle n'a pas envie de voir un énième fauteur de trouble déranger ce qui est devenue sa maison.

Dans tous les cas, il y en aura toujours une qui gardera l’œil ouvert. Après tout, il ne lui faut qu'un peu de temps dans les systèmes d'informations de Kasai pour trouver un nom de famille.

Cortesi.