Il tire sur la fermeture éclair de son sac à dos, l'attrape et sort en courant comme si sa vie était en jeu jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Sept heures moins cinq. Dans cinq minutes, le bateau allait partir, sans lui. Soudain, Ross s'arrêta pour se rappeler d'une chose très important qu'il avait oublié dans sa chambre.

Dobby !

Il refait demi-tour, saisit maladroitement ses clefs qui , a l'impression, sont cachées au fin fond de sa poche, les enfonce dans la serrure et ouvre la porte. Le petit Salamèche est debout là, un visage aux traits mécontent. Il murmure des choses qui sont surement des insultes et commence déjà à courir. Son dresseur le rejoint, ayant cette fois-ci, oublié de fermer à clef sa porte de chambre. Tant pis, se dit-il au pas de course.
Comment avait-il bien réussi à se mettre en retard le jour de sa première sortie capture ? Évidemment que c'est totalement possible si monsieur se couche tardivement. Alors oui, c'est bien lui tout craché, pas ponctuel mais alors pas du tout.
Après deux minutes de course rapide, Ross et son pokémon à la queue enflammée arrivent enfin à destination : le bateau.
Ils y grimpèrent , essoufflés, les professeurs engueulaient après lui, qu'il avait de la chance.

Après quatre longues heures de voyage -durant lesquels Ross a rattrapé ses heures de sommeil manquantes-, ils étaient enfin arrivé à destination : l'île Chilan. L'île où Ross allait réaliser sa première capture digne de ce nom, bien sûr, faudrait-il déjà qu'il rencontre ne serait-ce qu'un pokémon.

Tu penses que deux pokéballs nous suffiront ? J'ai pas eu assez d'argent pour en acheter d'autre.

Et comme si le Salamèche allait lui répondre, Ross continua à le regarder fixement jusqu'à que Dobby soupire. Le futur-scientifique enfile ses bottes, au moins, il n'avait pas oublié le plus important. Ils marchèrent une trentaine de minutes sans s'échanger de regard, comme s'ils ne se connaissaient pas, qu'ils ne s'aimaient pas.
Le soleil brillait au-dessus de leurs têtes, faisant rappeler que le printemps allait bientôt faire apparition. Or, même si la vue était belle, il faisait quand même frais; le temps parfait selon Ross.
L'heure affiche onze heures quarante-trois. Cela fait donc plus d'une heure et demie qu'ils marchent ? Ils marquent une pause, quand soudain, ils entendent des bruits venant de derrière eux, une créature se cachant derrière un rocher...

Méditikka. Voilà le pokémon qui apparaît sous les yeux de Ross et Dobby, un Méditikka. Cette bête est semblable à un petit singe bleu, qui, d'où son nom, médite. Ils restent plantés là, tous les trois, à se regarder dans le blanc des yeux, en silence. Pourquoi ne réagissent-ils pas ? Pourquoi le jeune dresseur à la touffe bleue ne lance-t-il pas une de ses deux pokéball afin de l'attraper, d'attraper son premier pokémon capturer par lui-même. Qu'attend-il ? Dobby fini par soupirer et tourne la tête vers son dresseur pour exécuter l'ordre qu'il souhaite, n'importe lequel. Après plusieurs minutes passés dans le total silence, Ross réagit enfin.

Salut, ça va ?

Dobby pousse son énième soupire de la journée et finit par poser son postérieur au sol, fatigué par l'attitude de son dresseur. Comme s'il n'avait jamais vu de pokémon de sa vie. Ross essai d'approcher le petit singe lentement, mais à chaque pas qu'il fait, le pokémon sauvage, craintif, recule afin de laisser toujours le même espace entre eux. Dobby laisse, désespéré, son dresseur faire ce qu'il veut, en les regardant d'une façon bizarre. Pourquoi était-il tombé sur lui ?

Tu a l'air cool. Ca te dit qu'on soit ami ?

Choqué, le Salamèche se relève d'un bond en grondant. Comment se fait-il, Ross, veut un ami ?! Du peu que le pokémon à la queue enflammée connait cet élève, il est sûr et certain d'une chose; Ross n'aime pas la compagnie, et encore moins se faire des amis, des personnes qui le collent à tout bout de champ. Mais.. Après tout, peut-être que pour lui, le jeune dresseur avait sûrement un comportement différent entre les humains et les pokémons ? Oui, ça devait être cela.

Allez, s'il-te-plait, je te donnerais ce que tu veux !

Ross commence à accélère le pas ce qui effraye le Méditikka qui court. L'humain le pourchasse en criant, tout comme le pokémon en fait. Dobby se tape la tête contre un rocher. Qu'avait-il fait de si mal pour mériter cela ? Le singe bleu hurle et fini par escalader un rocher assez haut afin d'échapper à ce dresseur. Ross, essoufflé, s'arrête.

Partons autre part, Dobby. De toute façon, il ne m'a pas plu. C'est trop un peureux.

Le Salamèche gronde et part dans une autre direction, suivi de près par son dresseur.

Quatorze heures et quarantte-trois minutes. Cela fait je ne sais combien d'heure que nous marchons et nous avons encore rencontré aucun autre pokémon que le singe bleu de toute à l'heure. Et si jamais nous allions rentrer à l'académie sans nouveau pokémon ? Et si tout le monde se moquaient de moi ? Et si, et si, et si... Ces mots me trottaient dans la tête depuis toute à l'heure. Pourquoi me posais-je autant de questions ? Est-ce que je stresse ? De l'avis des gens ? Moi ? Non, c'est pas possible, c'est stupide, bête, idiot, tout ce que tu veux, mais non. Je fais un signe à Dobby pour qu'il s'arrête un instant, il s’exécute. Nous nous asseyons au sol pour en profiter afin de grignoter des quelques petites choses, et surtout boire. Certes, le temps était parfait, un air frais et le soleil qui nous illumine au-dessous de nos têtes, mais marcher, ça fatigue, surtout si c'est depuis plusieurs heures maintenant. Plusieurs heures à marcher sans trouver rien, rien du tout...

Remettons-nous en route.

Et de ce pas, nous nous levons, prêts à reprendre la route. Oh et puis, tant pis si nous rentrons les bras vides, au moins nous avons... nous avons... Bref. Les mains dans les poches, nous recommençons à marcher pour une bonne heure encore, sûrement.
Après plusieurs minutes de silence total, le salamandre à la queue enflammée grogna derrière mon dos. Que se passe-t-il ? Je me retourne immédiatement et fais face à une scène... Une scène plus que bizarre. Un Abra qui tire sur la queue de Dobby. Je fronce les sourcils et après une bonne minute pour avoir le temps que l'information monte à mon cerveau, je souris.

Eh, tu joues à quoi toi ?

Dobby me hurle dessus, sûrement pour me dire de venir à son secours, tandis que le pokémon sauvage, riant à plein éclat, continue de jouer avec le minuscule pokémon feu qui ce dernier, n'a pas l'air de prendre plaisir à son jeu. Je m'avance vers les deux pokémons en riant et essaie de les séparer. L'Abra ne se laisse faire, prenant cela à la rigolade, tandis que Dobby me lance des injures. Le pokémon sauvage prend le Salamèche dans ses bras, le sert longuement. Attends, il l'étouffe ?

Eh, eh, laisse le !

L'Abra rigole une énième fois et commence à lécher Dobby qui commence limite à pleurer. Je rigole en ouvrant la fermeture éclair de mon sac à dos pour en sortir une pokéball afin de la lancer sur le pokémon sauvage. Dobby voit mon geste et d'un coup, par je ne sais qu'elle moyen, il enflamme sa queue, l'Abra se brûle et le lâche directement, tandis que je jette l'objet bicolore sur lui.

Un pokémon surexcité ?

L'objet de forme ronde et aux couleurs blanches et rouges s'ouvre, et fait apparaître des tas de lumières étincelantes. Le pokémon sauvage qui est l'Abra pousse un hurlement, et rentre dans la pokéball. Il disparaît dans la pokéball, qui finalement, celle dernière, tombe au sol, fermé. Faites que je l'ai, faites que je l'ai, faites que je l'ai... L'objet bicolore se secoue, se jetant de gauche à droite. Dobby se relève en soupirant, tout en me lançant un de ses regards les plus noirs, puis grogne, les yeux tournés vers la pokéball. Je ne pourrais pas dire si, il préférerait que nous attrapions pas l'Abra à cause de ce qu'il s'est passer entre eux, ou si il espérait que nous réussissions. Bon. Tant pis, ils s'entendront au fil du temps, du moins, je l'espère.

La pokéball continue ses secousses, signifiant que ce petit pokémon sauvage est robuste. Nous attendons. Nous attendons pour voir le résultat.

Au bout d'une minute, plus rien, l'objet arrête de bouger. Oui ! J'ai attrapé mon tout premier pokémon ! Je pousse un cri de joie et cours vers la pokéball, le prend entre mes mains et pose un baiser dessus. Je me retourne vers Dobby, pour voir sa réaction. Son expression est neutre. Il n'aime pas notre nouvel ami, mais, il à l'air heureux pour moi. C'est déjà cela.

Je tend la pokéball vers Dobby. Il me lance un regard interrogatif.

Ecoutes. Si tu ne veux pas garder cet Abra qui va sans doute rester avec nous pendant un long moment, avec qui nous allons vivre jour et nuit, je respecte ton choix. Je ne t'oblige pas à passer ton temps avec une personne que tu n'apprécies pas. Alors je te laisse le choix, Dobby. Je te laisse choisir si tu veux que nous gardions ce pokémon. Parce que, je ne peux pas avancer sans toi. Quand les personne diront Ross, ils penseront à Dobby, le Salamèche. Nous sommes deux à choisir ce que nous voulons faire. Alors, choisis.

Wow. C'était quoi ce discours de petit garçon fragile ? Je laisse tendu mon bras, la pokéball dans ma paume. Dobby, a au visage une expression que je n'ai encore jamais vu. Il est fière. Il est fière que nous soyons si complice, même si nous ne sommes pas proches, comme le serait une éleveuse avec ses chères pokémons.

Il hésite un long moment.

J'ai des crampes, alors si tu pouvais te dépêcher...

Il sourit et prend finalement la pokéball en main. Il jette un coup d'oeil derrière lui. Va-t-il abandonner ce pokémon ? Est-ce qu'il va le libérer ? Non. Il s'approche de moi, ouvre mon sac à dos, et y pose la pokéball.

Je souris. Puis j'attrape mon pokémon, mon ami, et le serre fort dans mes bras. C'est la première fois que cela nous arrive. La première fois qu'on montre qu'on s'aime, malgré nos indifférents.

Et nous marchons, comme avant, en silence, vers le bateau qui nous emportera à l'île.