Une sortie capture. Bien qu’il n’ait jamais participé à un tel évènement dans son existence, ses aînés décrivaient ses moments avec nostalgie. Leur première capture, un accomplissement qui restera marqué dans leur mémoire probablement à jamais. Les amitiés fondées grâce à ces voyages organisés par l’école, un bonheur qui durera toute une vie. Ces rencontres, sérieuses ou cocasses selon le hasard du quidam, est un avantage pour ce dernier. Peut-être que la créature rencontrée répond parfaitement à ses besoins ou ses goûts. Dans ce cas-ci, il préservera affectueusement le Pokémon obtenu et suivra en sa compagnie la voie qu’il a choisi de braver. Dans l’autre cas, il s’agit d’une rencontre à laquelle les attentes du dresseur ne sont pas répondues. L’évènement sera perçu comme étant inutile à ses yeux s’il n’a rien capturé. Ou bien, par simple mesure de prévention, il se happera d’une créature qu’il a aperçue sur son chemin dans l’espoir que le Pokémon en question intéresse un autre dresseur. Ainsi, un échange aura lieu et comblera les deux camps. Un système à première vue qui manque de moralité. Cependant, mieux vaut placer un Pokémon entre les mains d’un personnage qui sera certain d’en prendre soin que de le laisser pourrir dans une Pokéball jusqu’à la fin de ses jours. Au final, ce procédé est un atout.

Pourquoi donc un tel résumé ? Car l’adolescent arborant le stigmate écarlate sera probablement un individu répondant au second critère. Depuis son arrivée sur l’île Cabobo, le sujet d’une sortie capture spéciale sur l’île même pour les nouveaux élèves retentissait souvent. Beaucoup sont très excité à l’idée d’acquérir rapidement un second compagnon. Fidèle à ses habitudes, Setsuna avait levé l’un de ses fins sourcils lorsqu’il apprit cette nouvelle. Le garçon affilié au dortoir scientifique se demandait comment allait procéder l’installation d’un tel évènement alors qu’il avait déjà compris que plusieurs zones étaient destinées à la construction de bâtisses dédiées au tourisme. Un peu plus tard, grâce à nul-ne-sait-quoi – il en déduit que ce fut à l’aide de leur influence ou de la très populaire et commune, je nomme, l’enveloppe brune – la direction de l’académie réussit à conquérir les lieux et en faire ce qu’elle en désire. En très peu de temps, suite à d’énormes efforts de la part du collectionneur, la botaniste et l’équipe scientifique, les endroits autrefois consacrés au marché touristique devinrent des zones métamorphosées, réservées aux Pokémons et aux dresseurs de l’institut. Un acte admirable de la part de la Pokémon Community – quoi que les moyens employés pour atteindre un tel succès doivent être investigués.

Une nouvelle fois, pourquoi dire que Setsuna sera un garçon répondant à la deuxième catégorie ? Tout bonnement parce qu’en enquêtant sur le sujet, il a eu la chance de repérer l’installation de nombreuses espèces différentes dans le parc. Il en a compté plus d’une quarantaine, mais peu d’entre eux ont réellement capté son œil. Aucun ne correspondait à ses ambitions futures ainsi qu’à ses goûts. En observant cela, la capture en elle-même devint moins enveloppante qu’elle l’était auparavant.  Toutefois, il est certain que le Phyllali n’a pas tout vu. Selon ses estimations, en prenant en compte l’ampleur du cargo emporté dans le Safari tout fraîchement construit et de la portion qu’il a observé, il devait avoir vu au moins les deux tiers des choix disponibles dans la nature. En prenant en compte les probabilités qu’il puisse tomber sur un truc qui répond à ses critères, il avait bel et bien des chances, mais très peu. Cependant, qui ne tente rien n’a rien. Il serait bien stupide de rater une telle chance. C’est pour cette raison qu’il arriva tôt le jour J pour être le premier en ligne. L’ouverture de la chasse n’était qu’à trois heures dans l’après-midi, sans oublier les explications de l’évènement et les règles de sécurité pour qu’aucun élève ne tombe dans une mauvaise posture.

La masse se rassembla en un seul point. Les superviseurs donnèrent les explications. Rien de bien surprenant, mis à part un petit détail : les élèves ne sont pas libre de visiter les lieux à leur guise, les surveillants limitent leur terrain de chasse à trois zones. En outre, ce sont eux qui choisissent les secteurs que visitera chaque étudiant. En assimilant cette information, Setsuna fronça les sourcils. Il ne voyait clairement le but d’une telle règle. Est-ce pour éviter l’excès dans des endroits particuliers ? Peu importe l’angle du règlement qu’il analysait, il ne pouvait obtenir une réponse concrète. Et puis, ce n’est pas comme s’il était prêt à contester. Les superviseurs commencèrent à appeler les élèves en ordre alphabétique, tout en débutant par leur nom. En voyant cela, le Yuuki baissa un peu la tête. Il s’était douté que la procédure allait fonctionnée ainsi, mais par simple doute, il était arrivé une demi-heure à l’avance. Finalement, puisque son nom commence par la lettre Y, il fut le dernier.

• Yuuki Setsuna. Mmh ? Plus personne ?
  

Alors qu’il se tenait tout juste aux côtés du responsable, ce dernier réussissait à le rater. Setsuna savait qu’il possédait une présence masquée, mais il n’avait jamais testé à que point cet « atout » pouvait être utile – ou handicapant. Une simple tape sur l’épaule réussit à attirer l’attention sur lui, causant un léger sursaut chez l’adulte.

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Dernière édition par Setsuna Yuuki le Ven 1 Aoû - 14:54, édité 1 fois

Le responsable énonça à l’élève affilié au dortoir verdâtre les trois secteurs qu’il avait le droit de visiter. Tout d’abord, il y avait les plaines. Il les décrivit comme étant de grandes étendues d’herbes paisibles où les créatures relaxent ou s’entraînent. Selon l’adulte, l’on peut y observer des dragons voler tel des maîtres dans la voûte céleste. La description est alléchante, le lieu a définitivement le mérite d’être examiné. Par la suite, il y a le marécage. Cet environnement sonnait moins intéressant aux tympans de notre héros obscur. Il n’avait guère envie d’aller patauger dans de la boue et de l’eau crassée. Puis, pour finir, il tomba sur le pire d’entre tous : une décharge. Rien de plus simple. La direction de l’académie a littéralement transformé un secteur dédié au tourisme en dépotoir. À l’entente de ses choix, le faciès de Setsuna resta inerte, arborant toujours son masque de glace. Une plaine, un marécage ou bien un ramassis de déchets. Une personne normale accourserait directement et sans hésitation vers la plaine. C’est en suivant ce résonnement que le garçon écarta cette idée. Ce terrain de chasse est certainement très populaire. Puisqu’il est le dernier élève à entrer dans le parc, il est clair que ses congénères ont détalé vers la plaine.

Ne voyant aucune réaction de la part du dernier élève, le surveillant lui donna le feu vert pour passer à l’action. Il pénétra les frontières de l’enclos alors que la clôture derrière lui se ferma et se verrouilla. Le jouvenceau ne perdit pas de temps d’entamer sa route vers le choix de sa destination. Si la plaine, en théorie, est bien trop occupée et que le marécage sera probablement un lieu qui attirera les esprits aventureux, il choisit donc l’endroit qu’aucun humain sensé ne choisirait par simple éthique d’hygiène : la décharge. Ce n’est pas comme si patauger dans des ordures lui plaisait, mais la possibilité que ce terrain de chasse soit encore vierge est bel et bien existence. Là, aucun dresseur n’y aura encore mis les pieds. Et puis, quel type de Pokémon habite les dépotoirs ? Le type poison, spécifiquement, sera indubitablement un type récurent en un milieu aussi néfaste qu’une décharge. Le poison n’est pas le meilleur des choix pour un futur athlète, certainement l’un des pires puisqu’il n’est pas pratique dans un tel domaine, très incommode même. Néanmoins, pour la voie qu’a choisie la chimère, cet élément est un excellent choix pour ses futures ambitions : mortel et efficace.

La voie qui mène à la destination désirée par notre protagoniste n’est qu’un simple chemin de terre improvisé, assez large pour laisser rouler sans problème sur la chaussée de poussière un camion probablement destiné à décharger sa charmante marchandise dans la zone dédiée aux rebuts. Très vite, il n’y avait plus aucun signe de végétation et à l’horizon, l’œil nu pouvait percevoir ce qu’il pouvait distinguer comme étant une colline. Cependant, le regard perçant de Setsuna identifiait cette silhouette inégalée comme étant artificielle, faite à la main : il s’agit d’une montagne de déchets. Rapidement, il atteignit le terrain. Effectivement, ce ramassis d’ordures est tout sauf magnifique. Cette odeur funeste qui chatouille les narines a le même effet que lorsqu’un quidam coupe des oignons. Le port d’un masque est fortement conseillé – objet que le Yuuki n’a malheureusement pas en sa possession. Il utilisa le col de sa veste comme remplacement – substitution minimalement efficace. La vue d’un tel paradis abject lui remémorait de son chez-soi, Pyrite. Non, pas que la ville soit dans le même état, mais les conditions ignobles s’en approchaient étrangement – à un niveau extrémiste, bien entendu. Bien que répugnant, le Phyllali n’eut d’autre choix que de se salir les chaussures en piétinant dans les déchets. Ce n’est pas en restant hors zone qu’il allait découvrir quoi que ce soit.

Plus qu’il avançait dans ce territoire infesté, il se rendit compte que son hypothèse s’avéra exacte : personne n’avait osé s’aventurer dans les poubelles. Le lieu est complètement désertique. À un tel point que seule le bruit sonore des pieds du stigmatisé écrasant les rebuts retentissaient en écho dans la décharge. Pas la moindre créature ne pouvait être aperçue. Toutefois, Setsuna flairait une présence. Une tension dans l’atmosphère augmentait graduellement. Il s’arrêta et resta un moment immobile, son corps bien droit et son regard hétérochromique cloué dans le vide face à lui. Il sentait un regard le guetter. De près. Il ferma ses paupières et focalisa toute son attention sur son ouïe. Pendant un moment, il n’y avait que la brise soufflant sur la zone, le souffle de Zéphyr caressant son fin minois. Puis, un mouvement brusque provenant de son dos. Sa réaction fut vive : il fit volte-face, agrippant un objet métallique ressemblant à une patte d’un pupitre ou d’une chaise. Il voulait utiliser la barre comme moyen de défense, arme d’auto défense qui fut rapidement neutralisé par la menace. À peine qu’il ait brandit la barre vers la provenance du son, elle s’est retrouvée scindée en deux. Tout ce qu’il vu n’était qu’une simple lame. Pris par surprise, l’athlète engagea son protocole de défense : il ne prit pas le temps d’analyser son adversaire, bondit vers l’arrière et appela son fidèle compagnon sur le champ de bataille.

• Noctis. Au combat.

Setsuna décrocha la seule Pokéball à sa ceinture et libéra le renard illusionniste qui n’attendait qu’à en découdre avec l’opposant. Un moment de répit enfin en vue, il profita de cet instant pour observer la menace. Sans même l’aide de l’application Pokédex de l’iPok, il sut à qui il avait affaire : un Scalpion. Son comportement agressif est certainement dû au fait que l’humain a trépassé dans son territoire. Comme cri de guerre, le Scalpion frappa ses lames entre elles avant de se relancer à l’assaut. Une stratégie, voilà la première réaction du garçon. Le Zorua étant un Pokémon de type ténèbres comme son adversaire, et prenant compte que ce dernier possède un corps en acier, Noctis est en total désavantage, ne détenant dans son arsenal que des attaques de type normal et ténèbres. Heureusement que son maître a une idée derrière la tête pour pallier la faiblesse du Sombrenard.

• Groz’Yeux suivit de Combo-Griffe. Cherche à le déstabiliser.

Le renard au duvet de jais cloua ses petites pattes dans l’amas d’ordures à ses pieds et lança à l’intention du fantassin un regard noir, effrayant sa cible qui freina sa course. Noctis se jeta ensuite sur le Scalpion, griffant son corps résistant à trois reprises avant de bondir vers l’arrière. Malgré l’effet d’une technique telle que Groz’Yeux, les dégâts causés sont moindres. Néanmoins, l’originaire de Rhode réussit à atteindre l’effet rechercher : l’opposant était confus. Il dégaina de sa ceinture une Hyperball – une Pokéball très sophistiquée qu’il a gagné à un jeu de chance la veille – et, tel qu’on lui avait appris à lancer un couteau, darda la balle vers le Pokémon au double type ténèbres et acier, visant spécifiquement sa tête.

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Projeté de toutes ses forces, le projectile fusa vers la cible à vitesse grand V. La force ainsi que la forme employée par le garçon fait étrangement penser à un lanceur au baseball – sans toutefois compter les positions exagérées du début et la fin. La Poké Ball était tirée avec une précision accrue, heurtant violemment là où souhaitait le dresseur. La sphère noire et dorée frappa la tête du pauvre Scalpion, l’impact imposant un puissant mouvement involontaire de sa petite caboche vers l’arrière, témoignant la force employée dans le jet. Immédiatement après le choc, la balle technologique se déboucla. La créature visée se transforma en une sorte d’énergie d’un blanc pur, étincelant et aveuglant. Comme par magie, cette lueur opaline se dirigea rapidement à l’intérieur de la Hyper Ball et cette dernière se referma, piégeant ainsi sa victime. L’objet de capture tomba lourdement sur le sol, les déchets amortissant sa chute. Pour la première fois, Setsuna vit une Poké Ball bouger d’elle-même, le Pokémon à l’intérieur tentant de se libérer de son prédateur coûte que coûte. La sphère roulait dans tous les sens, le Scalpion puisant dans ses forces pour fuir. Néanmoins, il n’avait pas affaire à un simple gadget, la Hyper Ball n’allait pas abandonner si facilement. Finalement, après un long moment de débat, la balle s’empara de la victoire.

L’outil de capture cessa d’esquisser le moindre mouvement, le bouton central clignotant d’une lumière rouge pour signifier que la saisie est un succès. La créature à l’intérieur de la prison abandonna et accepta son nouveau destin : ce geôle devint sa nouvelle maison, sa vie appartient à un humain. Le Yuuki passa de longs moments à regarder de ses joyaux d’océan et de braise la Hyper Ball, reposant sur un trône d’ordures au loin devant lui. Il s’immergea sous un océan de mutisme, se questionnant sur l’expérience qu’a vécu le Scalpion en essayant d’adopter son point de vue. À la place du fantassin, voyant un étranger pénétrer son territoire ainsi, il aurait probablement chassé cet inconnu qui peut s’avérer dangereux. Son ressentit lorsqu’il s’apprête à se faire capturer ? Probablement de la frayeur. On l’arrache de son habitat naturel – sa maison dans ce cas-ci, voyant bien qu’une décharge n’est heureusement pas une invention de Mère Nature – et on l’oblige à vivre sous les ordres d’un humain. Les traits du faciès du garçon à la cicatrice écarlate se raidirent alors qu’il plongeait profondément dans ses pensées. On dit que la capture est un moment inoubliable, une expérience de joie et de fierté. Néanmoins, cet évènement n’a apporté que des questions au Phyllali qui est certain que son adversaire a certainement vécu un horrible incident.

Un grattement sur sa jambe gauche le tira hors de sa rêverie, ses yeux bicolores se posèrent sur un Noctis inquiet qui se tenait en équilibre sur ses deux pattes arrière en s’appuyant le membre de son maître. Après un moment d’hésitation masqué par son visage de glace, il s’accroupit pour caresser le Zorua avant de se diriger vers la Hyper Ball. Il l’a ramassa et l’inspecta sous tous les angles. Peut-être qu’il réfléchit trop, c’est une possibilité. Tous les Pokémons se débattent à ce stade de la capture, mais dans tous les cas qu’il puisse avoir évalué à ce jour, le Pokémon fraîchement capturé ne dédaigne pas la compagnie du dresseur… Une sorte de lavage de cerveau ? Le jouvenceau capuchonné n’a pu continuer longtemps sa nouvelle hypothèse alors que sa fine ouïe saisit plusieurs sons. Le Sombrenard aboya vers la provenance de ces nouveaux bruits. Peu à peu, d’autres Pokémons immergeaient des rebuts, une intention malsaine dans leurs yeux collés sur le seul humain du lieu. Voyant bien que leur probabilité de gagner un combat dans ces conditions était plutôt minime, Setsuna appela le renard illusionniste à ses côtés et ordonna le retrait en douceur. Vaut mieux éviter de se frotter à une bande d’animaux enragés et d’engendrer le pire scénario possible.

Spoiler :