Il existe des instants où j’ai envie de tout abandonner dans la vie. Envoyer valser mon jeu d’acteur lourd et dénué de naturel. J’ai envie d’être inélégant et lourd, j’ai envie de me laisser aller et de glander. Mais je ne peux jamais car il est mort et pas moi, chaque seconde que je passe à rien faire, c’est une seconde que je gâche. Cette pression m’écrase à chaque instant, elle me tétanise, dès que je ne suis plus sûr de ce que je fais je me questionne. Est-ce que je me comporte bien, est-ce que c’est le bon choix ou est-ce que je gâche mon temps sur cette terre. Pourquoi c’est aussi dur, pourquoi est-ce qu’il faut que l’on finisse par sombre. On doit avancer avec cette guillotine au-dessus de la tête qui peut tomber n’importe quand. Et on a envie de la surveiller mais en le faisant on joue son jeu.
Ne me laissez pas seul, aimez-moi, s’il-vous-plaît. J’ai besoin de vos compliments pour aimer la vie et avoir l’impression de vivre pour de faux. C’est tout ce que je demande, de rester là pour de faux, qu’il soit là avec moi, un petit peu. Aussi. Si je veux continuer d’avancer, je dois continuer de me torturer, je dois observer cette guillotine et en avoir peur. Vivre dans la mort pour lui échapper. Laissez-moi continué à souffrir, laissez-moi continuer d’être ici, je vous en prie. J’aime ce fragile équilibre entre la peur et l’extase d’exister.
Non Obéline ne part pas, ne te dérobe pas de mes bras, pourquoi me fais-tu ça ? Je souffre déjà assez, c’est de l’autre côté du fil que j’ai besoin d’être emmené. Ou je vais sombrer. Non ne rigole pas, ne t’amuses pas de moi, je suis trop faible et trop cassé. Trop tard, tu le fais, tu me tues. Je vais disparaître, je vais redevenir Leype alors. Lui au moins, il est mon armure, il est mon chevalier. Leype c’est toi qui tenait ma main et qui me faisait voir le bonheur, quand tu es mort, si je t’ai ressuscité, c’est pour moi, pour me protéger. Et quand j’essaye d’être Pavel, de temps en temps, de juste être moi. Quelques minutes et je sombre et je disparais dans la tourmente de mes profonds désespoirs. Mais merde, vous ne pouvez pas comprendre que le problème c’est MOI et que Leype est mon médicament, comment pouvez-vous être aussi stupide à la fin.
Arrêtez de penser que je suis là pour lui ou je pourrais être là pour elle, soyez là pour moi et arrêter de me faire disparaître. Une dernière phrase.
Tu m’accompagneras pendant les vacances d’été ?
Le chevalier reprend place dans la scène, il plonge ses yeux profondément dans les yeux de la dresseuse. Des larmes scintillent au creux de ses iris, mais elles ne couleront pas, Leype ne pleure pas. Il ne sait que sourire pour dire vrai. Il sait aussi faire chavirer les cœurs mais avant tout, il sait encaisser. Dans son armure, je me sens à l’abri.
J’ai envie de rentrer à Kalos avec toi, ma région me manque et ta compagnie aussi. Je ne t’ai évidemment pas oublié.
Puisqu’il ne t’a jamais connue.