Les oeuvres d'art sont d'une infinie solitude. Rien n'est pire que la critique pour les aborder. Seul l'amour peut y parvenir, les garder, être juste envers elles.
Alice fait partie de ses personnalités étranges et difficiles à cerner, elle est de ces personnes qui semblent vivre dans une dimension parallèle à la notre. C’est une âme évanescente, éthérée, distante et, malgré son air rêveur, somme toute assez triste.
Alice pourrait se définir dans son allure par les contradictions qu’elle semble incarner. C’est une jeune femme frêle et de petite taille, à la silhouette menue et à la peau pâle, qui pourrait passer tout à fait inaperçue en marchant dans les lieux publics. Pour autant, l’aspirante artiste s’est trouvé dans son enfance un goût prononcé pour les garde-robes victoriennes et les chevelures longues, cela couplé à une démarche ample, gracieuse et noble quand elle se déplace, comme si chacun de ses mouvements étaient le fruit d’une chorégraphie tellement répétée qu’elle lui serait devenu naturelle. Aussi, malgré une allure discrète aux premiers abords, Alice reste une personne qui se remarque et qui laisse rarement indifférent. D’autant plus que son visage aux traits fins et doux, magnifié par ses grands yeux violets, respire une forme de sérénité apaisante. Malgré sa beauté naturelle, elle s’est pourtant toujours refusée à accentuer ses charmes par l’usage de toute forme de maquillage ou assimilés.
Alice est consciente du fait qu’elle ne passe pas inaperçue, ce qui est d’une certaine façon une bonne chose pour elle. Artiste dans l’âme, elle sait qu’elle se doit de se faire voir pour finir à termes par toucher un public, et cela commence d’abord par un rapport visuel aux potentiels admirateurs. Mais ici encore Alice se défini dans ses contradictions, car même si elle sait que cette donnée est un aspect primordial de la carrière qu’elle embrasse, elle déteste en jouer et n’en abuse pas.
Alice est sans cesse tiraillée entre son absence totale de confiance en elle et ses pulsions d’artiste en quête de reconnaissance, cette dualité l’ayant rendue pendant longtemps assez malheureuse. Très sensible aux moqueries et à la méchanceté, rien ne lui plaît plus néanmoins qu’un compliment, même discret, un simple sourire esquissé par un spectateur au moment de sa performance peut la rendre heureuse des jours durant.
D’un naturel assez solitaire, elle a un rapport à l’humain assez faible, préférant se cacher pour créer avant de faire brièvement surface afin de se dévoiler subrepticement aux yeux du monde, avant de disparaître à nouveau. Pour autant, plus le temps passe, et plus Alice se force à adopter des comportements sociaux valables. Son choix de l’île de Lansat comme destination ne s’est pas fait par hasard : elle y voit une opportunité de développer son art et de trouver un public dans un échantillon de population plus réduit et, de fait, plus rassurant.
Son caractère assez solitaire l’a amené à apprécier les longues marches en pleine nature et les veillées nocturnes, nimbant ainsi son personnage d’une aura de mystère aux yeux des autres. Car finalement, on ne sait que peu de choses de cette jeune musicienne, accompagnée de son étrange pokémon qui se produit quelque fois sur les places des villes et des villages, présentant un spectacle à la fois étrange, gracieux et onirique.
Je m’appelle Alice Hendel. J’ai 20 ans, et je viens d’arriver sur l’île de Lansat, laissant derrière moi ma famille et tous mes repères pour démarrer une vie nouvelle, loin de tout ce que j’ai pu vivre jusqu’à présent.
Mon histoire n’a rien d’exceptionnel. Elle n’a rien d’un conte ou d’un roman, c’est une suite d’événements quotidiens, certains joyeux, d’autres plus tristes. Je vais néanmoins faire l’effort de vous la narrer comme je le peux, afin que vous puissiez cerner qui je suis.
Je suis né dans un appartement de Mérouville. Mon père était informaticien pour la société Devon, tandis que ma mère était une femme au foyer. Rien de tragique, ici, pas d’histoire d’orphelin. Néanmoins, il faut noter que ce mariage n’était pas heureux. Pas qu’il fut forcé, simplement que le père était trop peu présent pour se sentir lié à sa fille et à sa femme d’une quelconque façon, tandis que cette dernière était trop inquiète à l’idée de se retrouver seule à élever son enfant pour envisager sérieusement le divorce.
Ma condition d’enfant unique fut le point de départ du façonnement de ma personnalité. Très tôt, j’ai appris à jouer seule, et à me débrouiller seule, préférant passer mes journées dehors plutôt que dans l’appartement familial, afin d’éviter le visage morne de ma mère et mon père affable et quelque peu méprisant. Dans cette optique, je n’aimais pas non plus l’école : trop d’enfants bruyants, de bagarres, d’hypocrisie… J’étais toujours assise dans un coin de la cour, seule, me cachant derrière mes cheveux et dans mes longues robes, perdues dans mes pensées à tel point qu’il m’arrivait souvent de ne pas entendre la cloche sonner. Aussi, les élèves ne m’appréciaient pas trop, mais je m’en moquais. Les instituteurs, néanmoins, avait tendance à perdre patience avec la petite fille rêveuse et assez peu intéressée que j’étais.
Maria
Le seul éclat lumineux que j’eus dans ma petite enfance tiens d’une rencontre que je fis au jour de mes 10 ans. N’étant pas très portée sur les anniversaires, qui n’étaient finalement qu’un jour comme d’autres chez moi, j’étais partie me réfugier dans une bibliothèque où j’avais mes habitudes. En flânant parmi les étagères, je finis par tomber sur une personne que je n’avais encore jamais vue ici. C’était une fille aux cheveux blonds, vêtue d’une longue tunique blanche et portant sur son dos un étrange objet noir et long. Il émanait de sa personne une aura de douceur et de gentillesse comme je n’en avais encore jamais vu dans cette ville morne. Elle se déplaçait lentement et avec grâce, aussi ne pouvais-je détacher mon regard d’elle.
Mon naturel assez asocial ne me permettait pas de l’aborder comme je l’aurais voulu, aussi tentais-je simplement de l’observer aussi discrètement que possible en me cachant derrière les rayonnages. Ce manège dura plusieurs semaines, lorsqu’elle sortait du bâtiment, je la suivais à travers les rues et la suivait jusque chez elle, découvrant qu’elle habitait dans un immeuble à deux pas du mien. A force, je pus établir une ébauche de son emploi du temps, et aussi étais-je capable de la suivre de son départ de chez elle jusqu’à la bibliothèque, avant de la raccompagner sans qu’elle s’en rende compte chez elle.
Je ne saurais m’expliquer cette fascination que j’éprouvais pour elle. Sa beauté ? L’objet étrange qu’elle semblait toujours porter ? Ou son petit pokémon, un nymphali, qui semblait la suivre à chacun de ses déplacements ? Aujourd’hui encore, je ne saurai le dire.
L’incident se produit deux mois après notre première rencontre, au début des vacances d’été. Alors que j’attendais, cachée à l’angle d’une rue, qu’elle sorte de son immeuble, celle-ci n’apparut pas. Trouvant cela surprenant, je ne m’inquiétais néanmoins pas, et restais plantée près de ma cachette. Mais au bout de quelques minutes, j’entendis un raclement de gorge dans mon dos. Surprise, je me retournai avec une expression effarée sur le visage, car la jeune fille se trouvait derrière moi, accompagnée de son pokémon, et elle m’avait prise la main dans le sac. Si son compagnon me regardait avec une mine curieuse, son visage à elle était embelli par un petit sourire amusé.
-Hé bien, petite curieuse, ça fait bien longtemps que tu m’espionnes, maintenant !
Elle savait. Elle savait que je l’avais observée pendant des semaines, et elle n’en était pas inquiète, elle semblait juste amusée.
A l’inverse, j’étais pleine de honte, et après la surprise, c’était la tristesse qui se lisait dans mon regard. Je me mis alors à pleurer, sans pouvoir m’arrêter, incapable de parler. Je sentais bien que la jeune fille se trouvait gênée face à cette drôle de situation, mais je n’étais pas en mesure de me calmer, mes années passées dans l’isolement m’ayant fait perdre tout repère social.
La fille blonde m’attrapa doucement la main, me dit de sécher mes larmes et de l’accompagner chez elle où je pourrais me reposer et boire quelque chose. Si les règles élémentaires de prudence voulait que je ne la suive pas, j’étais bien incapable d’y réfléchir sur le moment et m’avançait avec elle jusqu’à la porte de son immeuble, montai les escaliers à ces côtés et passai une porte…
Elle s’appelait Maria. C’était une jeune fille de 16 ans, issue d’une bonne famille, dont les parents lui avaient offert un appartement en ville afin de prendre un peu d’indépendance. Elle était accompagnée de Myst, une Nymphali femelle qu’elle avait eu à ses 10 ans, alors qu’elle n’était encore qu’un Evoli.
Dans son appartement, elle m’offrit un verre de jus de fruit. Je restais près d’une heure le regard dans le vague, buvant mon verre à petite gorgée, honteuse de m’être fait prendre sur le fait. Maria, quant à elle, vaquait à ses activités, préférant me laisser seule afin que je puisse récupérer un peu.
Elle se plaça à quelques mètres de moi et saisit le grand objet noir qu’elle portait généralement sur le dos. Elle l’ouvrit par une fermeture éclair et en tira un violon. C’était la première fois que je voyais un tel objet, et mes yeux se mirent à luire d’une lueur d’intérêt, sans doute. Pour autant, je restais silencieuse, observant Maria avec toute l’attention dont j’étais capable.
Elle se mit alors à jouer, et le temps sembla alors se figer. Myst, à ses pieds, tapait divers rythmes de ses pattes, en cadence avec la musique de sa maîtresse. Ce spectacle dura bien trois heures, sans que nous décrochions un mot. J’étais fascinée par la beauté de la musique émanant de son instrument et par la régularité du pokémon qui l’accompagnait.
Elle finit par cesser, et me regarda avec un sourire doux sur son visage. Elle m’indiqua ensuite la fenêtre.
-Il commence à se faire tard, tu devrais rentrer chez toi, tes parents, vont commencer à s’inquiéter.
Je hochai la tête, assez peu convaincue : tant que la nuit n’étais pas tombée, mes parents ne remarqueraient probablement pas mon absence.
Elle se leva, me raccompagne jusqu’à la porte, et à ma surprise, m’accompagna jusque chez moi. Avant de pénétrer dans le hall de mon immeuble, je me retournai vers elle, les yeux brillants, et parvint à lui parler pour la première fois :
-Je… Je m’appelle Alice…
Maria sourit avec bienveillance en m’entendant.
-Enchantée Alice. Je suis Maria. Tu peux revenir demain, si tu veux, je jouerai pour toi.
6 ans
Je me rendis bien entendu chez elle le lendemain, et le jour qui suivit, et finalement, presque tous les jours suivants.
Maria fut ma seule amie pendant longtemps. Elle représentait la mère protectrice, la grande sœur bienveillante et la meilleure amie confidente dont j’avais toujours eu besoin. A son contact, j’étais capable de parler, de me soulager de mes peines, mais aussi d’exprimer mes quelques joies, je pouvais rire, sourire, plaisanter… Chaque visite chez Maria était grisante, à tel point qu’il m’arrivait régulièrement de sécher l’école pour aller la voir. Jamais elle ne me réprimandait ou ne me grondait, elle était seulement heureuse de ma présence.
Son violon, notamment, me fascinait. Un jour, je me mis à chantonner pendant qu’elle jouait, ce qui la surprit. Ce petit essai devint une habitude, et peu à peu, je pris l’habitude de l’accompagner au chant. Nous en arrivions à écrire nos propres chansons, jouant parfois dans la rue pour les passants, accompagnées de Myst. Je me découvris une passion pour la musique à partir de ce moment-là. A mes 12 ans, Maria m’offrit un violon neuf, que ses parents avaient en partie payé. Je pleurai de joie ce jour-là, et Maria mit un point d’honneur à m’apprendre à jouer de cet instrument. J’apprenais vite, du fait de ma pratique quotidienne, et je finis par atteindre rapidement un niveau tout à fait honorable.
Cette vie dura jusqu’à mes 16 ans, l’âge qu’avait Maria quand je l’avais rencontré. Cette vie aurait pu être parfaite s’il n’y avait pas eu mon père.
Celui-ci voyait d’un très mauvais œil mon absence d’intérêt pour l’école et les études en général. Il me traitait souvent de bonne à rien, me prévoyant un avenir à la rue. Quand je jouais du violon à ma mère pour lui montrer mes progrès, celui-ci passait mon temps à me rabaisser, me disant que j’étais minable, que jamais je ne pourrais tirer un quelconque revenu de cette activité… Peut-être faisait-il cela pour me dissuader de continuer et me remettre sur le chemin de l’école, je ne le sus jamais. Mais mon amitié pour Maria était trop courte pour renoncer à mes rêves de devenir musicienne.
Cette vie en double teinte, où mon amour pour Maria grandissait tandis que ma confiance en moi s’effondrait, dura donc jusqu’à mes 16 ans.
Le départ
Un jour que j’allais chez Maria, j’aperçus quelques cartons dans son appartement. Mon amie ne m’en parla pas, aussi décidai-je d’éluder la question pour le moment.
Néanmoins, les jours passaient et les cartons s’accumulaient, tandis que les objets disparaissaient peu à peu des étagères. Mais Maria ne m’en parlait pas. Et malgré mes inquiétudes, je continuais de me taire.
Puis vint un jour où Maria ne m’attendit pas en bas de son immeuble. Je montai les escaliers, un horrible pressentiment grimpant dans mon esprit. Une fois devant sa porte, j’y frappai trois coups, qui restèrent sans réponse. J’ouvris la porte, qui s’avérait ne pas être verrouillée.
L’appartement était vide. Désespérément vide.
Le mois qui suivit fut le pire de ma vie. Ma détresse était tellement grande que je fis un malaise le lendemain en cours, m’amenant à l’hôpital, où l’on me prescrit de rester alitée quelque temps tant j’étais faible.
Je passais ainsi un mois chez mes parents, où ma mère s’inquiétait pour moi et mon père continuait d’être exécrable avec moi. Ce n’est que maintenant que je me rends compte de l’amour que m’avais porté ma mère toutes ses années, mais elle s’était avérée, tout comme moi, incapable d’exprimer ses émotions.
Le départ de Maria m’avait littéralement ravagée. Elle était partie sans prévenir, et n’avait pas donné de nouvelles depuis. J’étais désespérée. Néanmoins, si mon esprit était en lambeaux, mon corps commençait peu à peu à se remettre.
Flandre
A la fin de mon mois de rémission, je pris une décision qui allait être décisive pour le reste de ma vie. Un soir, alors que mes parents dormaient, je m’équipai d’un sac avec quelques provisions, mon violon, et fit ma première et, à ce jour, unique fugue. Je quittai la ville et commençait à marcher en direction de la forêt.
Nous avons tous plus ou moins fantasmé, au cours de notre adolescence, sur la beauté de l’acte de fugue. La liberté qui en résulte, le sentiment d’avoir enfin échappé à l’autorité parentale… Pour autant, la réalité est souvent tout autre. Si au début de ma marche, j’étais complètement déterminée, la peur s’insinua peu à peu dans mon cœur à mesure que j’avançais dans la forêt. Les bruits de la nuit m’inquiétait, la solitude m’envahit, et mes pensées s’évadèrent vers Maria. Je me mis à pleurer en m’asseyant sous un arbre, où j’allais probablement passer la nuit. Pour tenter de me réconforter face à ma terreur nocturne, je pris mon violon et commençait à jouer le dernier morceau que nous avions écrit avec Maria, chantant pour vaincre la peur que m’inspirait la nuit.
Cela dura une heure, et aurait pu continuer ainsi si un événement ne s’était pas produit.
A la fin d’un morceau, mon oreille fut attirée par un couinement de l’autre côté de l’arbre auquel j’étais adossée. Un couinement plaintif, qui appelait clairement à l’aide. La musique m’ayant partiellement revigorée, je me mis à quatre pattes et contournait à le tronc, curieuse, mais toujours inquiète.
Devant moi se tenait un jeu Goupix, recroquevillé sur lui-même, les yeux larmoyants. Ses petits cris de détresse s’intensifiaient à mesure que j’approchais de lui. Il semblait avoir une patte blessée. J’approchais ma main de lui, ce qui entraîna de sa part un mouvement de recul. Je restai la main tendue, attendant une forme d’approbation de la part du pokémon. Peu à peu, il approcha son visage de ma main, et se mit à me lécher les doigts. Je me permis alors de lui caresser la tête, ce qui sembla le rassurer. Je finis par l’attraper délicatement et le posai sur mes genoux. Il se recroquevilla contre moi et s’endormit rapidement, et je ne tardai pas à le suivre dans les bras de Morphée.
Departure
Je me réveillai ce qui me semblait être le lendemain dans un lit d’hôpital. Le Goupix dormait dans un panier à côté de mon lit.
J’appris par la suite qu’on m’avait trouvée assommée dans la forêt, le pokémon à côté de moi. Ce dernier avait émis de vives protestations quand des infirmiers avaient voulu m’enlever de terre, si bien qu’ils avaient été contraints de l’emmener avec eux. J’avais probablement surestimé l’état de mon corps après ma convalescence, et j’avais dormi deux jours complets à l’hôpital en récupérant de ma fugue.
J’appris que le Goupix qui m’avait accompagné était en fait une femelle. Sans égard aux considérations de mon père, je décidai de la garder et je la surnommai Flandre.
La vie repris son cours chez mes parents. Ma solitude quelque peu compensée par la présence de Flandre à mes côtés. Je travaillais avec à l’élaboration de mes compositions, lui apprenant à se servir de mes capacités pour illustrer mes musiques et les contes que j’avais commencé à écrire.
Je me produisais dans la rue de temps à autre. Je n’aimais toujours pas les gens, mais j’étais prise d’une envie parfois frénétique d’exposer mes œuvres, et si mon père continuait à me considérer comme une ratée et que certaines personnes me regardaient avec un regard suspicieux quand je me produisais, les rares sourires des passants me confortaient dans l’idée que c’était ça que je voulais faire de ma vie.
Je cumulais de l’argent afin de préparer mon départ. Celui-ci se produit 4 ans après le départ de Maria, dont je n’ai jamais eu la moindre nouvelle.
Je pris la décision de quitter le continent pour l’île Lansat. La population faible de l’endroit me paraissait être une belle opportunité de développer mon art dans un contexte moins stressant et oppressant que celui des villes. Et, qui sait, peut-être pourrai-je apprendre de l’académie qui s’y trouve ?
Je m’appelle Alice Hendel. J’ai 20 ans, et je viens d’arriver sur l’île de Lansat, laissant derrière moi ma famille et tous mes repères pour démarrer une vie nouvelle, loin de tout ce que j’ai pu vivre jusqu’à présent.