Le réfectoire était à nouveau bondé. C’est qu’il y en avait, du monde, dans cette boîte, mine de rien… Et c’était aussi parce qu’elle était sortie en retard de l’infirmerie qu’elle avait du mal à trouver une place. Kevin avait un peu râlé quand elle était revenue, faussement penaude, avec la Poké Ball de son oiseau dans la main. Il ne lui avait pas fait la morale, mais l’avait gardée quelques minutes de plus pour compenser. Aileen s’en fichait. Au moins, elle avait pu donner les flacons à Sirius… Et elle vivrait les heures restantes dans l’angoisse que le médecin se rende compte que des flacons avaient disparu, du moins jusqu’à ce qu’on lui ramène les boîtes et qu’elle puisse les ranger. Elle ne savait pas trop comment ils allaient s’y prendre, mais elle leur faisait confiance. De toute manière, si elle se faisait attraper, elle préférait foutre son stage en l’air plutôt que de dire la vérité, pour ne pas saboter l’infiltration, et la possible libération des Manternel captifs. Après avoir récupéré son repas à la cafétéria (ce n’était pas que l’Ecremeuh sauce béarnaise ne l’attirait pas, mais si en fait) elle s’assit à côté de Sirius, qui se releva quelques minutes après pour aller donner un papier à Maribelle. Sans doute la localisation de l’équipe réduite qui travaillaient avec les Manternel… Il revint quelques secondes après et s’attaqua à son repas tout en papotant avec elle, ou plutôt parlant pour deux tandis qu’elle ne s’exprimait que par quelques grommellements monosyllabiques. Elle était inquiète. Tant qu’elle n’aurait pas ses flacons, elle serait inquiète, de toute manière. Inquiète, et paranoïaque. Elle avait l’impression que tout le monde sentait son trouble, et que tous pouvaient voir qu’elle était beaucoup trop nerveuse pour que ce soit naturel. Tout le monde la regardait. Non, elle ne devait pas céder à la paranoïa. Elle termina à grand-peine son repas, avant de quitter le réfectoire avec les autres pour retourner dans l’infirmerie. Sans les flacons. Misère de misère.
« Hey, toi, la stagiaire ! » Surprise, la Pyroli se retourna, juste à temps pour voir Lloyd s’approcher avec des cartons dans les mains.
« Rends-toi utile, et prends les trois au sommet de la pile, tu veux ? »Obéissante, Aileen les attrapa pour les jucher sur ses propres bras, s’étonnant de leur lourdeur peu commune. Vraisemblablement, Lloyd ne venait pas du réfectoire, mais de l’une des réserves, où il avait dû se surcharger de cartons pour tout ramener à sa salle de sport.
« Bon, tu viens, ou tu as besoin d’un carton d’invitation ? Les jeunes, j’vous jure… »Sans comprendre, la Pyroli suivit le coach, qui l’entraîna jusqu’à son lieu de travail, où elle posa les cartons à l’emplacement qu’il lui indiquait. Un Judokrak et un Karaclée, sans doute ceux de Lloyd, récupérèrent alors ce qu’il y avait dans les cartons pour tout installer dans la pièce, contournant un immense Bastiodon très occupé à dormir sur un tatami défoncé. En se penchant, Alban récupéra le plus petit des cartons, et l’ouvrit avant de le lui tendre. Les flacons ! La brune esquissa un sourire soulagé. Elle qui avait pensé ne plus jamais les revoir… Sookie et Silica se hâtèrent de les récupérer, en se débrouillant pour ne pas être vues. Assise sur les pattes tendues de la Zoroark, la Kirlia utilisait ses pouvoirs psychiques pour faire léviter les flacons autour d’elle, pour s’occuper du transport tandis que sa camarade achèverait de les camoufler. Les laissant se charger de ça, la brune, curieuse, se tourna vers le coach.
« Comment vous avez fait pour les récupérer ? »« Tu les as donnés à Sirius, qui les as donnés à Maribelle. Elle en a récupéré un certain nombre, s’est débrouillée pour donner les flacons à Alban, qui les a empaquetés avant de les déposer dans la réserve des matériaux sportifs, où je les ai récupérés. »C’était très ingénieux. Après l’avoir remercié, la petite espionne quitta la salle de sport, marchant calmement pour ne pas semer ses Pokémon, et retourna à l’infirmerie, laissant passer les gens qu’elle croisait pour ne pas prendre le risque qu’ils heurtent Silica ou un flacon flottant. Ce serait un peu dommage, tout de même. Quand elle entra dans l’infirmerie, ce fut pour voir Kevin Regnard sortir de la réserve pharmaceutique, l’air concentré, une feuille à la main. Le cœur de la brune rata un battement. S’était-il aperçu qu’il manquait quelque chose dans l’inventaire ?
« Hmmmm… Aileen ? Il y a quelque chose que je ne retrouve pas… » La brune se raidit, très inquiète.
« Tu sais où sont les bandes de gaze ? Avec le bazar qu’a mis ton piaf, un Pokémaniac n’y retrouverait pas son équipe… »Aileen éclata d’un rire nerveux. Des bandes de gaze ! Et dire qu’elle s’était stressée pour les laxatifs volés ! Le médecin esquissa un sourire, la faisant se sentir coupable d’avoir piqué des trucs dans la réserve.
« Pour me faire pardonner, je vais tout ranger. Ca vous va ? »« Volontiers ! Bonne chance… Tu risques d’en avoir besoin ! »En pouffant de rire, la Pyroli s’engouffra dans la réserve, avant de piler brutalement. Ah… Ouais. En effet. Avec un soupir, elle referma la porte, permettant à sa Zoroark de redevenir visible, et à sa Kirlia de ranger les flacons de laxatifs dans les bons tiroirs. Une fois ceci fait, Silica resta dans sa Poké Ball, mais Sookie resta dehors pour l’aider à ranger, faisant léviter chaque boîte de médicament, chaque paquet, chaque flacon, jusqu’à ce que sa dresseuse trouve où il devait se ranger. Sans grande surprise, le rangement lui prit l’après-midi, et ce n’est qu’à la fin de la journée qu’elle sortit de la réserve, épuisée, mais heureuse. Elle avait fait un truc utile, ne s’était pas faite attraper, et contribuait à la libération future des Manternel. Que demander de plus ? Le cœur léger, la brune quitta la petite entreprise pour rejoindre Sirius qui l’attendait, et put, avec lui, assister à la suite des opérations. Maribelle plaisantait avec un homme et se laissait inviter à prendre un verre, Lloyd flirtait ouvertement avec un homme, faisant ciller la Pyroli qui ne s’y attendait pas, Alban allait boire un coup avec les stylistes s’occupant des Manternel, et Alice léchait outrageusement les bottes de la patronne, qui semblait apprécier les compliments flatteurs de la jolie blonde. Les membres de l’équipe géraient vraiment. Ca ne l’étonnerait même pas d’apprendre que dans le lot, il y avait un ou deux espions… Arrachant Sirius à sa contemplation, elle l’entraîna dans les ruelles pour le ramener au Chic à Porter. Il ne resterait pas ouvert longtemps, alors autant en profiter ! Cependant, quand ils poussèrent les portes, une vendeuse s’interposa, un peu gênée d’avoir à tenir ce rôle.
« Hrm… Je m’excuse d’avoir à vous dire cela, mais, il semblerait que vous ne soyez pas assez stylish pour entrer… »La déception de Sirius fut perceptible pour tous. Heureusement, Aileen se chargea de la retransformer en joie d’un simple sourire, et d’une phrase laconique.
« Ma mère a pourtant ses habitudes ici, et elle m’a fait inscrire sur la liste privée. Voici ma carte d’identité, si vous voulez. »La brune tendit sa carte, et après une brève recherche dans leur base de donnée, la vendeuse se répandit en excuses et les laissa passer tous les deux. Elle mena Sirius à l’étage, où se trouvaient les vêtements masculins, et se posa sur un siège pour attendre la fin des essayages du Noctali, supportant de bonne grâce ses hésitations, ses questions, jouant le rôle de la bonne copine pour lui dire ce qu’elle préférait. Au bout d’une heure, ils quittaient le magasin, Sirius s’étant offert une chemise et un costume hors de prix, tandis qu’elle-même passait en caisse avec un trench-coat noir soldé à soixante-quinze pour cent de son prix. Une excellente affaire, vraiment. Alors qu’ils allaient rentrer à l’hôtel, Sirius pila devant le Fringant Pokémon, un salon de coiffure pour Couafarel. Bah, si ça pouvait lui faire plaisir… Et elle en profiterait pour payer sa Coupe Kabuki à Olympe, histoire que cette dernière arrête de la souler en permanence.
« Bien, allons droit au but. J'ai reçu l'appel de deux de nos membres de la brigade spéciale des Manternels. Je vais donc avoir besoin de deux remplaçants. Sont donc promus Lloyd Graham et Alice Rivas. Félicitation à vous deux, vous viendrez me voir dans mon bureau à la fin de la réunion. »Sirius ravala à grand-peine son sourire. Aileen masqua le sien derrière un bâillement. La veille, les adultes leur avaient raconté comment ils avaient réussi leur coup. Les laxatifs avaient été pilés et transformés en poudre, et distribués à qui de droit pour permettre à Alice et Lloyd de prendre leur place. Dubitative, Aileen avait fait remarquer qu’il aurait été plus logique d’empoisonner plusieurs personnes plutôt que deux, histoire de ne pas attirer l’attention, mais son commentaire était passé à la trappe. Et ce qu’elle craignait se produisit. Les employés plus anciens se mirent à grommeler, agacés à l’idée de voir une nouvelle leur passer sous le nez. Le coach, encore, ils pouvaient comprendre, c’était le seul restant. Mais Alice ! Il y avait des tas de gens plus anciens et plus qualifiés ! Alice avait trop attiré l’attention sur elle. Ils auraient dû empoisonner plus de gens pour passer inaperçus… En quittant Sirius, la brune sentit son inquiétude monter, et elle rejoignit l’infirmerie avec la sensation que quelque chose allait se produire. Ce fut le moment où elle croisa Kevin, qui manqua de lui rentrer dedans, rattrapé par sa Mangriff qui l’empêcha de bousculer la jeune stagiaire.
« Que… Oh, pardon Aileen. Je te laisse le fort, je dois porter ça à la patronne. »Le médecin soupira, et la brune comprit aussitôt que quitter les lieux ne l’enchantait pas. Alors que si elle prenait sa place, elle pourrait monter à l’étage, et fouiner un peu, pour trouver un truc intéressant, si elle avait de la chance…
« Vous voulez que j’y aille à votre place ? »« Hm, eh bien… Pourquoi pas, après tout. C’est à l’étage, tu trouveras facilement. »La brune hocha positivement la tête, et récupéra les dossiers avant de faire demi-tour, son Absol la suivant à la trace de son habituel pas tranquille. Elle retrouva bien vite l’escalier qu’elle avait tenté de grimper quelques jours plus tôt, et munie cette fois-ci d’un sésame, elle le grimpa deux à deux pour débarquer comme une fleur à l’étage de la direction. C’était complètement autre chose. Ca semblait un peu plus pimpant, un peu moins désuet, et bien plus spacieux malgré le fait que l’étage était bien plus petit que le rez-de-chaussée. Bien. C’était l’heure de fouiner. Dossier serré contre sa poitrine, la Pyroli chercha son chemin, n’oubliant pas de laisser traîner ses yeux, s’arrêtant quand son chemin croisa, à nouveau, celui de Dany Derato, qui la considéra d’un œil agacé.
« Tu n’as rien à faire ici, jeune fille. De nouveau perdue, j’imagine ? »« Euh… Pas cette fois, non. J’apporte un dossier à la patronne, de la part de monsieur Regnard. »« Ah, sans doute celui de Lucifer… Suis-moi. »Lucifer. Quel malade mental peut nommer son Pokémon Lucifer ? Ouais, non, Orren en était capable, selon elle, donc mieux valait qu’elle s’arrête là. A contrecœur, elle suivit l’adulte qui la mena jusqu’au bureau de la patronne. Grand, lumineux, blanc, minimaliste mais si volumineux. Vaniteux et prétentieux, quoi. A l’image de la patronne qui, assise à son bureau, leva nonchalamment les yeux vers eux, comme surprise de voir deux cafards passer le seuil de sa porte, faisant se retourner Alice et Lloyd, qui avaient rendez-vous avec elle pour leur toute nouvelle promotion.
« Oui ? »« Mes excuses, Ludmilla, mais notre jeune stagiaire vous apporte le dossier de Lucifer que vous avez demandé à monsieur Regnard. »« Hm. Je finis avec nos deux jeunes promus, et je m’occupe de vous juste après. »Dany Derato ferma la porte du grand bureau, et la laissa s’installer sur un siège le temps de patienter. Durant son attente, la Pyroli eut tout le loisir de détailler le grand couloir, les pots de fleurs, les vases, les tableaux abstraits qui s’étalaient sur les murs. Ca faisait moderne. Riche. Un peu trop, d’ailleurs. Il était étonnant de voir que la patronne d’une petite boîte sous-traitante ait les moyens de décorer son étage de la sorte. Son bureau, pourquoi pas, mais tout un étage ? Ca sent l’argent sale à plein nez, ça. Au bout d’un moment, la porte du bureau se rouvrit, laissant passer Alice et Lloyd qui ne lui lancèrent pas un regard. Sur un signe du responsable du rendement, la brune se leva pour pénétrer dans le bureau, trottiner jusqu’à la patronne, et déposer sans rien dire le dossier devant elle. Cette dernière s’en saisit sans un mot, laissant la brune plantée là quelques secondes, avant de le lui tendre à nouveau.
« En trois exemplaires. C’est tout. »Un peu désabusée, la Pyroli le récupéra, et suivit le directeur du rendement qui la faisait sortir du bureau, la plantant à nouveau là pour repartir vers le sien. Cependant, la voix de la brune le stoppa net.
« Je suis sensée faire quoi avec ça ? »« Hmpf. » L’adulte se tourna vers elle.
« C’est plutôt clair, non ? Ludmilla t’a donné ses directives, à toi de les suivre. »« Plutôt clair ? En trois exemplaires, ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. »« Je dois vraiment tout t’expliquer ? » Le silence de la brune lui sembla positif.
« Misère… Bon, s’il le faut vraiment. Rend-toi à la photocopieuse et fais trois exemplaires du dossier. Ramène-en un au médecin, les deux autres à la patronne. Au passage, n’oublie pas son café, son eau gazeuse et ses magazines au kiosque. »« C’est… C’est une blague, j’imagine. » Il leva un sourcil à peine méprisant.
« Son eau ? Son café ? Ses photocopies ? Elle n’a pas un assistant pour lui faire ça ? »« Non, mais apparemment, elle a une stagiaire. Alors au boulot, la stagiaire. »« Je suis stagiaire en médecine, moi, pas en larbinisme ! »« Dois-je te rappeler qui t'a accordé ton stage ? » La brune, qui allait répondre, referma la bouche. Ludmilla Troce. Touché.
« Alors si tu tiens à le garder, arrête de lambiner, et au travail. Elle n’a pas toute la journée… Et moi non plus, accessoirement. »A nouveau, il la planta là pour retourner à son bureau, la laissant seule dans le couloir. Ravalant la volée d’insultes qui lui brûlaient la langue, la Pyroli soupira, et se mit en route pour trouver la photocopieuse. Finalement, elle comprenait ce que ressentait Sirius depuis le début de son stage. Paie ta vie d’esclave ! Ses photocopies faites, elle descendit en donner une à Kevin, et remonta avec les journaux, le café et l’eau pétillante avec l’impression de s’être, quelque part, faite bien pigeonner. Bon, ça ne durerait que quelques minutes, elle pourrait ensuite retourner à l’infirmerie. Mais malheureusement pour elle, Ludmilla Troce avait dû être conquise par sa rapidité et son obéissance, et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Absol », elle se retrouva stagiaire officielle de la patronne. Aileen n’avait même pas tenté de protester. Ce rôle ne lui plaisait pas du tout, mais avec un peu de chance, ça lui permettrait de pouvoir fouiner dans les hautes sphères sans attirer l’attention sur elle. N’était-elle pas le larbin attitré de la grande patronne, après tout ? Elle déchanta bien vite en découvrant à quel point Ludmilla Troce pouvait, comme son nom l’indiquait si bien, être vraiment atroce. La Pyroli passa son temps à courir d’un point à l’autre de la petite entreprise pour aller chercher ci et ça, sans avoir plus de quelques minutes pour se poser, ce qui semblait faire sourire la patronne. Rigole, ma grande, rigole. Dans quelques jours, tu rigoleras moins, quand tu seras derrière les barreaux à cause de la maltraitance prouvée des Manternel…
Le soir venu, la Pyroli quitta la boîte, vannée, lessivée, et de fort méchante humeur. Elle n’avait pas envie de rentrer à l’hôtel, et de devoir subir les adultes qui lui expliqueraient que sa nouvelle place était pour le mieux. Sa seule envie était de manger et de se laisser tomber dans son lit pour dormir jusqu’au matin. Alice et Lloyd avaient intérêt à avoir découvert des trucs utiles, parce que sa journée avait été tellement pourrie qu’elle ressentait le besoin de frapper quelque chose. D’un pas traînant, elle rejoignit Sirius qui l’attendait dehors, et en silence, tous deux prirent le chemin de l’hôtel sur l’avenue Ventôse. Plus vite ils seraient rentrés, plus vite elle pourrait se poser. Cependant, alors qu’ils remontaient l’avenue Thermidor, où se trouvait l’atelier, la corne de Sphax effleura sa main pour la mettre en garde, quelques secondes avant que la voix de Kipling ne retentisse dans son esprit.
« On est suivis, maman. »
« Par qui ? »
« Le gros chat très moche qui t’a déjà suivi une fois. »
« Lucifer. Merde ! »
« Oui, Lucifer. Le Chaffreux de la méchante madame. »Zut. Ils ne pouvaient pas remonter à l’hôtel. Si Lucifer faisait le pied de grue devant toute la nuit, il verrait le reste du groupe en sortir, et ça foutrait en l’air leur couverture. Avec un peu de chance, elle était la seule qu’il avait eu pour ordre de suivre. A moins que sa cible ne soit Sirius ? Ils n’avaient pas été particulièrement discrets, pendant ces trois derniers jours, à fouiner partout sans faire attention. Il fallait qu’elle tire Sirius de là. D’un bon pas et avec un sourire, elle se mit à sa hauteur avant de tourner à peine la tête vers lui.
« Suis-moi. Pose pas de questions. »Ils venaient de s’engager sur l’avenue Ventôse. Mais au lieu de continuer tout droit vers l’hôtel, la brune tourna vers la place Rouge, Sirius la suivant sans comprendre, et Lucifer leur emboîtant le pas, se pensant caché dans les ombres. D’un pas tranquille, sans se presser, comme si tout était naturel, la Pyroli remonta jusqu’à une jolie maisonnette à proximité de la place Rouge, et ouvrit la porte avec ses clés, laissant passer Sirius avant de refermer la porte. Avant de répondre aux nombreuses questions de Sirius, qu’elle fit taire en levant un doigt vers ses lèvres, elle sortit son iPok pour appuyer sur le numéro d’Alban, premier à apparaître dans sa liste, et plaqua son téléphone à son oreille, volant la parole à l’adulte quand ce dernier décrocha. Sirius n’allait rien comprendre. Mais avec Lucifer sans doute collé à la porte, elle n’avait pas trop le choix…
« Allô maman ? C’est moi. Je ne te dérange pas ? »« Maman ? Je pense que tu t’es trompée de numéro, Aileen. »« C’est juste pour te dire qu’on est bien rentrés à la maison, Sirius et moi. Merci pour le petit mot ! Même si j’ai passé l’âge d’être appelée chaton… »« Ah, je vois, tu ne peux pas parler. Je comprends. Vous ne rentrerez pas à l’hôtel, j’imagine. »« Exactement. Vu mon âge, je tiens plus du chat que du chaton, maintenant. En parlant de chat, il faudra surveiller Lucy. Elle a trop tendance à te suivre partout, si tu vois ce que je veux dire… »« Parfaitement. Merci Aileen. Je me charge de contacter les autres. Vous avez un endroit où loger ou tu veux que je vous trouve un hôtel ? »« Oui maman, promis, on reste à la maison et on n’ouvre à personne. »« Alors restez où vous êtes. Je vais prévenir les autres et leur trouver de nouveaux hôtels. Ce serait dommage de se faire griller à quelques heures de l’envoi final. »« Oui, hein ? Bon, je ne t’embête plus, tu dois avoir des choses à faire. A la prochaine ! »Aileen raccrocha, et entraîna Sirius dans le couloir pour l’emmener jusqu'au salon, où elle alluma la lumière et le laissa s’installer le temps qu’elle aille chercher à boire. C’était la première fois que quelqu’un de l’académie venait chez elle, tiens… Ca lui faisait tout bizarre. Revenant vers Sirius, elle lui donna son jus de baies, seul truc qu’elle avait trouvé au frigo, et déposa des chips sur la table avant de s’asseoir à son tour.
« Désolée pour les mystères, mais je ne pouvais pas t’en parler dans la rue. Le Chaffreux de la patronne nous as suivis, et pour ne pas l’entraîner jusqu’à l’hôtel, j’ai préféré tourner vers chez moi, c’est plus prudent. J’ai téléphoné à Alban pour tout lui dire, il se charge de trouver de nouveaux hôtels pour qu’on loge tous séparément. » Elle soupira légèrement, quelque peu agacée.
« Je me doutais bien, aussi, que deux malades ça attirerait bien plus l’attention que tout un groupe… Et on a dû fouiner un peu trop pour être honnêtes. Il va falloir faire profil bas, demain. »