Sirius s’appuya à la rambarde du bateau, les yeux totalement perdus dans l’immensité bleu sous lui. Ça tenait à pas grand-chose en réalité. Un tout petit trou et le bateau coulait. Et eux avec. Il releva les yeux pour observer les sourires autour de lui. Tout le monde avait l’air tellement heureux. Il y avait de quoi après tout, tous les éléments étaient rassemblés pour que cette journée soit parfaite. C’était le premier jour des vacances, il faisait très beau et ils partaient pour une île étrange pour découvrir certains des pokemons de la région récemment découverte d’Alola. En temps normal, Sirius aurait été plus que ravi de participer à la sortie. Aujourd’hui pourtant, il s’était mollement fait traîner par sa Funécire, qui avait d’ailleurs prit place sur son épaule.
Tout était fait pour que cette journée soit idéale et pourtant, lui, il trouvait encore le moyen de se lamenter. Pardonnons le, un des membres de son équipe était dans un état plus ou moins critique. Quelques jours plutôt, lors d’un énième entraînement, Sirius avait poussé un peu trop fort sur les limites de sa Roucoups et maintenant, elle était aux bons soins de l’infirmière de l’école. Il était vraiment qu’un imbécile. Un joyeux imbécile qui travaillait trop et qui oubliait trop souvent les limites physiques de ceux qui l’entouraient et de lui même.
C’était pourtant prévisible. Ça lui pendait au nez depuis le début de cette crise et de ces entraînements trop longs, trop pressants. Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort. Sauf que, Sirius, tout le monde à des limites et la douleur dans son genou le lui rappelait en permanence. Et Soleil n’avait été que la première à tomber. Autour de lui, il repérait maintenant les signes de fatigue. Il voulait trop bien faire. Il voulait tellement la perfection qu’il oubliait la santé de son équipe.
Groudon qu’il s’en voulait. Il avait tout stoppé net. D’un entraînement de deux heures par jour, il était passé à un vide intersidéral. Il avait justifié ça avec l’approche du défilé, il avait justifié ça avec les fêtes de fin d’année. Mais personne dans l’équipe n’était dupe. La culpabilité de Sirius se laissait voir dans le moindre de ses gestes. La délicatesse nouvelle qu’il avait en brossant Spica. L’attention qu’il avait pour Dénébola et Véga. Un tas de petits détails qui laissait penser à l’équipe, et à Adara, que non, Sirius n’allait vraiment pas bien.
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Adara était assise sur la rambarde du bateau juste à coté de son incompétent dresseur. Andouille. Et Acrux et Gacrux ne voulait pas l’aider, toutes les deux perdues dans leurs stupides histoires de couple. Pire que les humains. En parlant d’humain, pourquoi est-ce que la jolie brune autour de laquelle Sirius n’était pas dans le coin ? Pour une fois qu’elle pouvait servir à quelque chose … Adara soupira vaguement en observant son dresseur du coin de l’œil.
Elle adorait son dresseur. Sincèrement. Il faudrait la tuer pour qu’elle le dise clairement mais elle l’adorait. Il était toujours patient, il leur apprenait pleins de chose, il était un artiste, il la faisait rêver. Mais par toutes les divinités de ce monde, qu’est ce qu’il pouvait être con. Et le mot était faible. Il était tellement obsédé par l’idée de les faire devenir meilleurs, que l’on reconnaisse leur talent, et le sien, qu’il en oubliait le présent. Il vivait dans le futur et ça le perdait. Et le connaissait bien son Sirius. Elle savait à quel point il voyait loin, à quel point ses plans d’avenir étaient préparés à la seconde près. Mais parfois, elle aurais aimer brûler ces montagnes de papier, effacer les ambitions et retrouver le Sirius joueur qu’elle avait rencontré un an et quelques plus tôt. Il lui manquait.
Mais pour ça, il fallait qu’elle l’aide à remonter la barre. C’est pour ça qu’elle avait ordonné à Véga de forcer le garçon à prendre part à la sortie capture d’aujourd’hui. Il s’en voulait et le connaissant, il ne voudrait rien capturer aujourd’hui. Mais elle était là et son équipe d’intervention spéciale était prête à suivre le plan qu’elle avait monté. Elle esquissa un sourire. Elle ne laisserait pas son dresseur se paresser dans cette pseudo déprime débile. Il valait mieux que ça.
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Sirius frissonna et jeta un regard sombre à sa starter. Elle avait prévu un truc, il en était certain. Il n’avait aucune idée de quoi, mais elle avait prévu quelque chose et il allait pas apprécier. Il soupira avant de descendre du bateau pour se poser sur le dos du premier Locklass venu. Il rappela sa Funécire et laissa Adara se poser sur son épaule à sa place.
Il avait pas envie d’être là. Il avait pas envie de voir se dessiner la silhouette de l’île mobile face à eux. Il n’avait pas envie de sentir la petite main d’Adara contre sa gorge. Il ne le méritait pas. Il ne méritait pas tout le soutient qu’il obtenait de la part de son équipe. Il était un mauvais dresseur. Il leur en demandait toujours trop parce que c’était comme ça qu’il avait toujours penser. Il fallait toujours faire plus. On se s’arrêtait que quand était au sol sans bouger. Avant ça, c’est qu’on pouvait encore avancer. On le lui avait répété de nombreuses fois pourtant. Dans le travail, il y avait du repos. Si on travaillait trop, on travaillait mal. On se fatiguait, on faisait des erreurs. On se blessait.
Un an. Il avait fallu un an pour que Sirius use toute son énergie et celle de Soleil. Ils étaient vides désormais. Ils allaient devoir décider d’un nouveau programme d’entraînement, quelque chose d’intensif mais sain. Parce que Sirius ne voulait pas abandonner. C’était peut-être égoïste, mais il avait comprit depuis bien longtemps qu’il l’était. Il avait envie de continuer. Une mortelle envie de continuer. Mortelle envie d’avancer. Mortelle envie de continuer d’être ce bourreau de travail. Mortelle envie de continuer à viser toujours plus haut.
Mais il devait savoir si Soleil le voulait toujours. Il ne pouvait pas la forcer. Il ne pouvait plus la forcer. Il devait lui dire tous les risques, tout le mal qu’elle risquait et pourquoi elle risquait tout ça. Il devait être honnête avec elle. Il avait besoin. Il essuya la larme qui s’était échapper sans qu’il fasse attention sous le regard tendre de sa starter. Au final, elle n’aurait peut-être pas tant besoin de le bouger que ça. Tant mieux, elle préférait cette lueur de battant dans les yeux de son dresseur plutôt que le terne éclat de la culpabilité.
Sirius posa le pied sur l’île avec un sourire avant de se diriger vers le professeur Heartnett. Il n’oublia évidement pas de remercier le pokemon qui l’avait mené ici. Maintenant, tout devenait concret et le frisson d’excitation qui traversa la colonne vertébrale de Sirius rassura Adara. Il allait mieux. Il allait beaucoup mieux. Il était capable de faire la part des choses. Elle était fière de lui.
Le duo dresseur et starter suivit donc le référent Voltali. La visite de l’île semblait se transformer en ballade sur la plage. Dommage qu’il ne fasse pas nuit et qu’il ne soit pas seul avec Etna, ça aurait été super romantique. Sirius soupira en portant son regard dans le ciel où l’astre solaire semblait lui rappeler en permanence qu’il manquait une pokeball à sa ceinture.
Un imprudent osa faire remarquer au professeur qu’il choisissait le chemin le moins susceptible de salir ses vêtements. Ce qui était tout à fait juste et qui convenait parfaitement à l’état d’esprit de Sirius actuellement. Il n’avait clairement pas envie de se perdre dans une forêt remplie de trucs qu’il connaissait pas et qui pouvait potentiellement le manger. Non merci, il n’avait pas envie de déchirer son sublime t-shirt à l’effigie d’Indiana Powell. (Pour ceux qui ne savent pas qui c’est, ne cherchez pas. C’est pour votre bien. Et pour ceux qui savent, oui il a vraiment fait un t-shirt avec ça dessus.)
Encore un peu perdu dans ses réflexions, il suivit le coordinateur en chef les yeux dans le vague et manqua de se prendre son voisin de devant. Il fut sortit de ses pensées par sa starter à l’affût. Et Sirius leva les yeux. Et Sirius rencontra le plus beau pokemon qu’il n’avait jamais vu. Une sirène, une déesse. Une créature mythique qui les graciait de sa présence. Tellement élégante, sublime, magnifique. Une incarnation de la perfection sur terre. Et visiblement le nouveau rival de son professeur. Tandis que la majorité du groupe s’éloignait en voyant que le professeur était totalement occupé, Sirius s’installa sur le sable chaud pour observer le spectacle. Au plus grand malheur de sa starter qui voulait bouger.
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Adara esquissa un sourire machiavélique. Il était temps d’enclencher l’étape un du plan. Elle enclencha la pokeball de Murzim et exactement comme elle l’avait prévu, la Neitram souleva télépathiquement le Noctali dans les airs avant de l’entraîner vers la forêt sans qu’il ne puisse protester. Enfin, physiquement, parce que clairement, le garçon beuglait comme une poule qu’on égorge. La type fée esquissa un sourire mesquin en croisant ses petits bras. Tout marchait comme sur des roulettes. Elle n’eut qu’à claquer des doigts pour que Murzim ne fasse taire leur dresseur. Adara était aux commandes et Sirius avait intérêt à marcher au pas.