« Le Pokemon ne se nourrit pas d'attentes idéalisées vers les humains, il les accepte pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils devraient être. »
Introduction
Au fil de mes études et de mes divers stages j’ai pu constater que beaucoup de patients se retrouvaient isolés pendant leur hospitalisation. Leurs proches, lorsqu’ils en ont, sont souvent dans l’incapacité de rester aussi longtemps qu’ils le voudraient à leurs côtés : le rythme de la vie et ses impératifs, la fermeture de certains hôpitaux de proximités et la centralisation des soins les plus techniques sur de grands établissements hospitaliers ont certainement une influence. De plus, le personnel soignant a une charge de travail assez difficile. En conséquence, ces soignants ont parfois moins de temps qu’ils le souhaitent à consacrer à leurs patients. Cette carence relationnelle peut amener à l’ennui voire engendrer une perte de moral du patient isolé. Or, il est prouvé que l’état psychologique et émotionnel influe grandement sur le somatique. Il est donc important de prendre en compte cet isolement pour adapter sa prise en charge.
Grâce à un stage spécifique sur l’île Touga durant les vacances d’été (
www), j’ai remarqué que le contact avec les Pokemon permettaient à des personnes isolées de se sentir accompagnées, voir même soutenues. Cette expérience m’a permis de me forger la conviction que la présence d’un Pokemon pouvait contribuer à rompre l’isolement.
C’est pour cette raison que je me suis intéressée aux soins à médiation thérapeutique : la Pokethérapie. J’ai souhaité savoir si les effets que j’ai eu l’occasion d’observer pouvaient trouver des applications réelles dans le soin. J’ai donc cherché à définir la Pokethérapie et ses effets relatés dans la littérature sur le plan psychique, physique et social. J’ai aussi mené une enquête sur le terrain auprès de personnel soignant travaillant dans un service qui mettait en pratique ce soin. Cela m’a permis d’observer les modalités de réalisation et leurs effets immédiats sur les patients qui y participent.
Description de la situation initiale
Lors de mon stage dans le petit hôpital de l’île Touga, j’ai pu participer à la vie quotidienne des patients qui s’y trouvaient pendant plusieurs jours. C’est ici qu’un projet est né : confier le rôle thérapeutique en partie à un Pokemon. Au début, certains étaient réticents, mais très vite, tout le monde s’est dit que ça pouvait être bénéfique. Je vais donc vous décrire la situation qui m’a confortée dans l’idée d’écrire cette thèse :
Dans une chambre de l'hôpital, Arys est sur les genoux d'Eliott... Arys, c'est un joli Skitty qui ne veut pas quitter son maitre. Eliott, c'est un jeune garçon très malade, atteint d'une pathologie cardiaque qui l'empêche de réintégrer son domicile pour le moment. Eliott est en manque de son Skitty, son Pokemon, son compagnon de toujours. Sans lui, il a peur. Il appréhende les soins invasifs, notamment, mais aussi les futurs diagnostiques. Seul, ce jeune garçon est orphelin. Il n'a plus de famille. Sauf son Skitty. Il se referme sur lui-même, il devient mutique et peu coopérant au soin. Mais lorsque qu'Eliott retrouve Arys, tout change. Sa présence le sécurise et l'apaise. Il se sent bien avec lui. « Tout devient plus facile, j'ai mon propre confident. » Il retrouve le sourire et verse des larmes de joie.
Cette relation singulière entre l’homme et le Pokemon a particulièrement attiré mon attention. Cela m’a permis de me forger la conviction que la Pokethérapie pouvait avoir un effet positif et donc induire un meilleur état de santé. Mais peut-elle avoir d’autres effets ? Existe-t-il des études scientifiques qui ont mentionné ses effets ? Comporte-t-elle des risques ou des contre-indications ?
Exploration théorique
Définition de la médiation
La médiation est définie comme le « fait de servir d’intermédiaire entre deux ou plusieurs choses » Elle s’exerce via un ou plusieurs médiateurs pouvant être des personnes, d’autres êtres vivants, des objets ou des activités. Leur action est toujours de permettre ou faciliter la mise en relation entre deux ou plusieurs parties.
Définition des soins à médiation thérapeutique
Les soins à médiation sont des activités socio-thérapeutiques qui se définissent comme un ensembles d’actions proposées aux patients dans le cadre de leur prise en soins. Elles s’inscrivent dans un projet thérapeutique visant à conserver, développer ou restaurer l’autonomie du malade et ses capacités relationnelle ou physique. Les praticiens s’appuient sur un large panel d’activité comme l’art, la musique ou le sport pour pouvoir créer une relation thérapeutique avec les patients.
Le soin à médiation est donc une thérapie utilisant diverses activités comme médiateurs pour faciliter la mise en place d’une relation de soin entre le patient et le soignant.
Définition des soins à médiation Pokemon
C’est une technique thérapeutique se fondant sur la relation triangulaire patient-Pokemon-soignant et s’intégrant dans un projet de soins. Ça s’appuie sur les interactions homme-Pokemon. Cela nous permet de déterminer que le simple fait de mettre en relation un Pokemon avec une ou plusieurs personnes peut être défini comme de la Pokethérapie.
Effets thérapeutiques
Effets de la relation homme/Pokemon
L’homme est un être de communication. L’action de communiquer est le fait de transmettre une information par l’emploi du langage, de gestes, d’attitudes ou de mimiques. Pour que l’information soit transmise, il fait que l’émetteur et le récepteur aient un code commun et l’envie de communiquer ensemble. La réponse du récepteur, appelée « feed back » est le signe que l’information a été décodée. La communication est une succession de « feed back » entre deux ou plusieurs acteurs.
Beaucoup d’études montrent que les interactions d’un jeune bébé avec sa mère sont indispensables au développement du nourrisson. Les graves troubles du développement des enfants qui ont grandi dans l’isolement attestent que cette relation est une nécessité biologique. Or, nous oublions trop souvent que notre communication est permanente et s’exerce sur de multiples canaux. Le langage ne vient que s’insérer que dans un second temps au sein de la communication : regard, attitude corporelle, toucher, expression du visage, etc. C’est pour cela que, bien que les Pokemon ne soit pas des êtres spécifiquement de langage, une relation homme/Pokemon peut naître car les interactions entre ces derniers se font principalement par le regard et le toucher.
Des cliniciens relèvent des effets thérapeutiques sur leurs patients lors de la présence de Pokemon à leur côté. Pour exemple, l’un des médecins de l’hôpital de l’île Touga m’a raconté avoir découvert fortuitement les effets thérapeutiques que la présence de son Rocabot pouvait avoir sur ses patients. Lorsque Elodie, jeune fille autiste, mutique et vivant renfermée sur elle-même depuis plusieurs mois fut accompagnée par ses parents chez ce médecin, le Rocabot était présent dans la pièce. Ce dernier est allé à la rencontre de la jeune fille qui se mit à le caresser spontanément. Puis, Elodie se mit à parler au Rocabot, établissant une communication par la voix et le toucher avec ce dernier. Le médecin comprit alors qu’un lien s’était créé et que le Rocabot pouvait être un médiateur entre lui et sa jeune patiente. Des effets thérapeutiques sont bien là, malgré qu’il est difficile de les démontrer scientifiquement.
Les études existantes dans cet hôpital mettent en évidence que la présence d’un Pokemon après d’une personne contribue à une diminution de la tension artérielle et du rythme cardiaque. Une amélioration de l’humeur, notamment chez la personne dépressive.
Sur le plan interpersonnel, les soignants mentionnent une amélioration de la communication, de la verbalisation et de la socialisation de leurs patients. La présence du Pokemon contribue aussi à diminuer le sentiment d’ennui. Il permet également au patient de communiquer de manière aussi compétente que le thérapeute. La communication étant principalement non-verbale (comportement, émotion), le patient n’a pas de difficultés dans la relation qu’il crée avec le Pokemon.
Sur le plan comportemental, les soignants ont noté que la présence d’un Pokemon majorait la participation aux différentes activités thérapeutiques ou de la vie courante de leurs patients. Cette présence agirait sur l’apragmatisme et favoriserait une augmentation des prises d’initiative des patients.
Sur le plan personnel, les soignants ont constaté une majoration du sentiment d’utilité chez leurs patients. Le sentiment d’être responsable d’un Pokemon et de son bien-être et la création d’un lien affectif, lié au sentiment d’être apprécié de manière « inconditionnelle » par le Pokemon induisent une meilleure estime de soi. L’interaction avec un Pokemon permet aussi de satisfaire des besoins émotionnels fondamentaux comme le toucher et l’intimité d’une relation sans danger sur le plan émotionnel. De plus, certains professionnels ont perçu une diminution du stress et de l’anxiété.
Effets thérapeutiques de la Pokethérapie décrits par les cliniciens
Les effets thérapeutiques perçus sont d’ordre physique, psychique, cognitif et social.
Sur le plan physique, les cliniciens notent une stimulation de la sensorialité. Ils décrivent une nette amélioration de la motricité fine, de l’équilibre et de la maîtrise du corps dans son ensemble. Tout cela favorise une plus grande autonomie des patients. Plusieurs soignants déclarent avoir mesuré une baisse de la pression artérielle, du rythme cardiaque et du ressenti de la douleur pendant les séances.
Sur le plan psychologique, la médiation Pokemon augmente l’interaction verbale des patients avec leur entourage (soignant, patient, famille) Cette amélioration des interactions sociales induites par la Pokethérapie contribuent à améliorer leur estime personnelle et la confiance en eux. De plus, elle leur permet de vivre un moment de détente ou de loisirs et favorise leur bien-être, ce qui peut aider à réduire l’anxiété, le stress ou un épisode dépressif.
Sur le plan cognitif, les soins à médiation Pokemon vont stimuler et maintenir les capacités résiduelles des patients. Les interactions et les activités avec les Pokemon et le thérapeute améliorent la communication verbale et bob verbale, développe le langage et le vocabulaire et augmente la durée d’attention et de concentration. Cela stimule les fonctions mnésiques du patient et favorise une meilleure compréhension des concepts de taille et de couleur.
Sur le plan social, les cliniciens ont remarqué que les patients établissent parfois des liens affectifs avec les Pokemon au fils du temps, il se souvient alors du bien-être de ces derniers ce qui peut concourir à renforcer leur sens des responsabilités. Ils notent aussi une nette amélioration des interactions avec les autres patients, l’équipe de soins et le monde extérieur.
Nous pouvons donc conclure que les soins à médiation Pokemon peuvent avoir un effet bénéfique sur la santé car l’ensemble des effets thérapeutiques décrits par les soignants interviennent sur les composants de cette dernière.
Contre-indications des soins de Pokethérapie
Comme toute autre thérapeutique, la Pokethérapie présente certaines contre-indications qu’il faut connaitre pour garantir la sécurité des patients et des Pokemon.
Les contre-indications absolues
Le risque immunologique représente certainement la contre-indication la plus absolue. Les patients souffrant de toutes pathologies entraînant une importante immunodépression n’ont plus de système immunitaire en capacité de les protéger et le moindre germe peut être pathogène pour eux. De plus, la Pokethérapie est totalement exclue pour les personnes présentant des allergies aux poils ou aux plumes. La Pokephobie et le manque d’intérêt pour les Pokemon sont deux autres critères d’exclusion pour ce soin. Il est important de ne jamais forcer les patients et de leur chercher une thérapeutique plus adaptée.
Les contre-indications relatives
Ces dernière n’excluent pas totalement la possibilité de proposer des soins à médiation Pokemon, cela reste possible, notamment par la mise en place d’adaptions tenant compte de la nature des contre-indications en cause. Toutefois, il est souvent préférable de rechercher un autre soin plus adapté. Les principales contre-indications relatives sont : un degré de validité ou une capacité mentale ne permettant pas d’interagir avec le Pokemon et le soignant. Cependant, les perturbations d’ordre psychique pouvant amener le patient à devenir maltraitant envers le Pokemon doivent également inciter les soignants à s’interroger sur la pertinence du choix de cette thérapie.
Conclusion
L’ensemble des informations recueillies mettent en évidence que la relation particulière entre l’homme et le Pokemon induit des effets qui peuvent devenir thérapeutiques. L’intervenant Pokethérapeute s’appuie sur ce lien pour créer une relation thérapeutique en fonction des besoins de ses patients. Les effets sont particulièrement visibles sur les plans psychique et social. Cependant, les effets de la Pokethérapie ne semblent pas se limiter à cela. On relate aussi quelques effets sur le plan somatique, notamment sur la motricité, l’équilibre, la sensorialité et la pression artérielle. Les soignants interrogés décrivent également une amélioration des capacités de préhension.
La médiation Pokemon a donc un effet global sur la santé. La Pokethérapie semble ainsi pouvoir s’intégrer au rôle des soignants. Malgré cela, le soin à médiation Pokemon n’est que très peu présent au sein des hôpitaux. Cela peut en partie s’expliquer par le fait de la principale contre-indication de la Pokethérapie est la faiblesse sur le plan immunologique, alors que les patients hospitalisés sont souvent fragilisés sur ce point. Malgré ce risque, cette thérapie se développe. Et le résultat de mon développement tend à indiquer que la Pokethérapie peut s’insérer dans le projet de soins de beaucoup de patient pour contribuer à maintenir ou améliorer leur bien-être et leur autonomie.
Cela me conduit à émettre l’hypothèse que l’inclusion de la Pokethérapie au sein de la pratique soignante présente une balance bénéfice/risque favorable aux patients.