Trois heures avant le coucher du soleil.

Les feuilles des arbres et des buissons recouvraient presque en totalité le sol. Seules quelques téméraires persistaient à rester accrochés, comme si elles ne voulaient se détacher de leur racine par peur du grand inconnu. Dans un mois, jour pour jour, ça sera la grande fête que tout le monde attend à l'académie: Noël. La magie de cette période de l'année commence déjà à se faire sentir en ville. Les échoppes des marchands se voient décorer petit à petit de guirlandes et de paillettes dorées, les vitrines des magasins sont accompagnés de petit Père Noël ou de bonhomme de neige et si vous osez entrer, vous entendrez en fond musical une playlist regroupant toutes les chansons de Noël que l'on connaît par cœur.

Mais ce n'est pas encore l'heure. Nous entamons le troisième mois d'automne, le plus maussade. Le soleil se couche de plus en plus tôt et j'ai rendez-vous deux heures avant que celui-ci ne se produise. Depuis la rentrée, je me prépare à un événement particulier: l’Épreuve du Doyen. Ce nom est sur toutes les lèvres depuis que l'académie se trouve sur Adala. Cette épreuve ressemble à celle que l'on retrouve dans mon Archipel, à Alola. Le doyen en question est un certain Tabalibungaba et son épreuve est une ascension sur le Mont Skiddo, où celui qui y prétendra se verra mettre des bâtons dans les roues par divers obstacles. Le dresseur a droit à trois pokémons. J'avoue avoir mûrement réfléchi sur qui allait m'accompagner. Et j'ai trouvé digne de prendre mes trois pokémons originaires d'Alola, c'est-à-dire Louis, Plume et Ulka. Ce sont aussi les trois en qui j'ai une confiance aveugle, mais aussi ceux qui se ressemblent le moins. Parce que, pour cette épreuve, il faut être doué dans tous les domaines. La Prestance, la Recherche, le Duel, l'Athlétisme. Le dernier pourrait me porter défaut, mais je crois en moi et en mes compagnons.

Je prends une grande inspiration en levant mes bras vers le ciel puis expire lentement en venant toucher mes pieds avec mes mains avant de me redresser doucement. Il ne fait pas très chaud et cela ne va pas s'arranger. Je ne sais pas si d'autres élèves ont déjà tenté de passer l'épreuve. Peut-être que je serais la première, je n'en absolument rien. Tout ce que je sais, c'est que j'ai envie de réussir cette épreuve: pour prouver ma valeur, pour montrer la confiance qui règne entre mes pokémons et moi, pour montrer que tous nos entraînements vont payer mais aussi pour affronter de nouveaux dangers, me faire réfléchir et mûrir, et renforcer encore plus les liens que j'entretiens avec les êtres qui partagent ma vie quotidiennement, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Puis, je me dis que si j'arrive à passer cette épreuve, je pourrais faire mon Tour des Îles. C'est comme un entraînement, disons.

Il est temps de rejoindre la cabane du doyen. Suivie de près par le Gouroutan, la Plumeline et le Météno, je sors de l'académie avec mon sac à dos. Je me suis chaudement habillé, je n'ai pas envie de revenir bredouille en disant que tout ce que j'ai gagné, c'est un rhume. Aux portes de la Pokémon Community, je sors de ma poche mon sifflet fétiche. Je souffle dedans, aucun son n'est perçu à mes oreilles. Mais à celles de mon Bruyverne, oui. Il se pose devant nous et s'abaisse. Je grimpe sur son dos et aide Louis à faire de même. Ulka se bloque entre le pokémon psy et moi, et enfin Plume prend son envol pour s'installer à son tour sur le pokémon chromatique. Sonic prend une grande pulsion et s'envole dans les airs, direction la cabane du doyen.

Quatorze heures quarante-cinq. Deux heures et trois minutes avant le coucher du soleil.

Je regarde le Bruyverne repartir en direction de l'académie, nous laissant seuls devant l'étrange habitation de Tabalibungaba. Je m'avance vers la porte d'entrée -ou ce qui y ressemble- et au moment où j'allais m'annoncer, un vieil homme à peine plus grand que moi apparaît d'un seul coup, me faisant sursauter.

« Ooh, on dirait bien que je t'ai fait peur. Ce n'est plus Halloween, inutile de se faire des frayeurs. » dit-il avant de tourner les talons et de disparaître dans sa cabane. « Suis-moi, suis moi.. si tu veux toujours prétendre à cette épreuve toutefois. »

Je m'avance timidement et passe la porte. Je découvre une maison qui colle bien au personnage: faite principalement en bois, la décoration atypique lui donnait un certain charme.

« Je sens que tu es prête à passer mon épreuve, il y a peu de gens qui le peuvent. Vas-tu faire cette ascension avec ces trois compagnons ? »

Je regarde les pokémons désignés en souriant avant d'hocher la tête.

« Bien, bien. Vas, petit Artikodin. Et puisse Lugia guider tes pas. »

Il ouvre une seconde porte sur le côté, donnant aussi sur l'extérieur (il a vraiment quatre portes d'entrée !?) en me faisant signe d'y aller. Je retourne donc à l'extérieur, face à un sentier qui semble monter jusqu'aux cieux. Je me retourne pour regarder une dernière fois le doyen, mais il a déjà disparu. Je me tourne donc vers mes trois pokémons.

« Vous êtes prêts ? »

Ils hochent tous la tête. Quatorze heures quarante-huit. Deux heures avant le coucher du soleil.

« Allons-y. »

Louis, le Gouroutan
• Objet tenu : Charme « Gouroutan »
• Points Duels : 0 (+1)
• Points Prestances : 0 (+1)
• Points Recherches : 2 (+2)
• Points Athlétismes : 0

Plume, la Plumeline
• Objet tenu : Aérozélite
• Points Duels : 1
• Points Prestances : 4 (+1)
• Points Recherches : 0
• Points Athlétismes : 0

Ulka, le Météno
• Objet tenu : Souvenir de Lansat
• Points Duels : 3 (+2)
• Points Prestances : 0 (+2)
• Points Recherches : 0 (+1)
• Points Athlétismes : 3 (+1)

Nous avançons, déterminés, en suivant le sentier qui très vite s'efface pour ne faire place qu'à de la roche. Je ne sais pas bien ce qu'il m'attend, mais je sais que je peux compter sur mes trois compagnons. Nous découvrons donc tranquillement le Mont Skiddo.

« Louis, tu peux utiliser ta télépathie pour qu'on puisse être en contact tous ensemble ? »

Le pokémon psy acquiesce avant d'utiliser son mystérieux talent.

« Quelle idée Ana de m'avoir emmener ! » rouspète la Plumeline en secouant ses plumes à chaque fois qu'une poussière vient se coller à elle.

Je mets à rire, pourquoi je m'attendais à ce genre de réflexions de sa part ?

« J'ai choisi les meilleurs, estime-toi heureuse. » répondis-je en haussant un sourcil.

Je lui fais un clin d’œil complice.

« J'espère que nous arriverons à vous aider à atteindre le sommet avant le coucher du soleil. » ajoute Ulka, en flottant prêt de moi.

Je tourne la tête vers lui et passe ma main sur sa coquille de roche.

« On y arrivera, tous ensemble. »

On pénètre dans une grotte où l'humidité règne en maître. La température baisse au fur et à mesure que l'on explore les lieux. Soudain, un étrange bruit retentit, formant un écho qui arrive jusqu'à nos oreilles. Je regarde mes trois amis, dans l'incompréhension. Le bruit se répète, ressemblant à un cri d'un pokémon.

« On dirait qu'un pokémon à besoin d'aide. » dit Louis en regardant autour de lui.

Je ne perds pas une minute et cours en direction de l'origine de l'appel à l'aide. Mais à peine quelques mètres et je me retrouve face à deux tunnels. Gouroutan, Météno et Plumeline me rejoignent. Le pokémon pousse à nouveau un cri.

« Par là ! »

Ulka part à droite à toute vitesse. On le suit tant bien que mal avant de tomber sur un cul de sac. Mais le pokémon roche avait disparu. Je m'avance vers le mur et cherche par où il a pu passer. Je trouve alors une mince ouverte où il a probablement pu se faufiler. Plume s'y glisse à l'intérieur sans peine, je fais de même. Malheureusement, Louis reste à l'entrée, beaucoup trop gros pour passer. Il me regarde dépité.

« Ne t'inquiète pas, on revient vite. »

Je passe de l'autre côté pour atterrir dans une cavité. Le Météno était prêt d'un pokémon recroquevillé sur lui-même. Je m'avance pour découvrir qu'il s'agit d'un Draco. Il redresse la tête vers moi, l'air affreusement triste et perdu.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » dis-je en m'accroupissant prêt de lui.

La Plumeline s'avance vers lui. Je devine qu'elle lui parle, mais je ne parle pas pokémons, je reste donc là, silencieuse. Plume me montre alors ce que semble cacher le Draco: un œuf.

« C'est son œuf. Elle est en train de le couver. Elle s'est installé ici le temps qu'il éclose pour le protéger. Malheureusement, il fait beaucoup trop froid et elle ne peut plus le faire passer de l'autre côté parce qu'il est devenu trop gros. Il est sur le point d'éclore, mais il a besoin de chaleur ! »

Je réfléchis le plus vite possible. J'enlève alors directement ma veste et le met autour du précieux.

« Plume, utilise Atterrissage sur le Draco pour lui redonner de l'énergie et pour qu'elle puisse réchauffer son œuf. »

L'oiseau mauve s'exécute. Je viens alors m'allonger contre le pokémon sauvage et son œuf, accompagné de Plume, pour transmettre toute la chaleur que l'on a. J'effleure la coquille: elle semble se réchauffer doucement. Après une dizaine de minutes, je sens l’œuf s'agiter en dessous de moi. Je me redresse alors et m’aperçois que la coquille est fendue. Un grand sourire s'affiche sur mon visage. Je me relève dès qu'il commence à s'agiter de plus en plus. Plume s'écarte elle aussi et nous assistons à son éclosion. L’œuf se fend entièrement pour laisser paraître un petit être semblable à sa mère: un Mini-Draco.

« Elle nous remercie. » me dit Plume.

Les deux pokémons sauvages s'extirpent alors de la grotte pour sortir et se réchauffer. Je récupère ma veste et me faufile à nouveau dans la crevasse, suivie par Plume et Ulka.

« Tout va bien ? » demande Louis.

J'acquiesce.

« Reprenons notre route, nous devons nous dépêcher. »

On retourne sur nos pas et on continue à explorer la grotte. Après quelques minutes, on en voit le bout. On déboule sur un nouveau sentier à l'extérieur, me permettant de profiter des faibles rayons du soleil.

Notre chemin continue sur ce sentier sinueux. Il nous reste encore du temps, mais nous marchons d'un pas rapide. Je commence à chantonner pour que le temps soit moins long, puisque personne ne parle.

« ♪ C'est plus fort que moi, je fais mon numéro quand je sors de ma limousine rose fluo. Les regards se tournent et les voitures s'arrêtent. Quand je parle, ils rient et quand je chante, ils crient: ça en jette ! ♪ »

Plume se met à soupirer alors que Louis se met à taper dans les mains en rythme. Ulka se met à tournoyer dans les airs joyeusement, ce qui me fait rire.

« ♪ Dans mes yeux, ils se perdent et ils se noient, hypnotisés par chacun de mes pas. Telle une magicienne, je les envoûte. D'un geste, ils me suivent et d'un seul mot il m'écoutent mais.. ♪ »

Je fais un grand saut pour passer au dessus d'une pierre en poussant un cri de joie.

« ♪ Besoin d'un ami, un vrai ! Et moi, je vous ai vous et vous ! Tout ces noms que je ne connais pas, m'en voulais pas, je suis une star c'est tout ! ♪ »

Je secoue mes cheveux de la manière la plus fab possible avant d'éclater de rire. Puis quelque chose vient percuter ma tête: un petit caillou. Je me retourne vers Ulka qui me regarde, inexpressif. Je plisse les yeux puis reprend mon chemin. Après quelques secondes, je reçois encore un caillou sur la tête.

« Bon, ça suffit. Pourquoi tu me lances des cailloux ? » dis-je au pokémon roche.

Je trouve ça quand même étrange, car ce n'est pas son style. C'est alors qu'un petit truc rose apparaît derrière un rocher et court avant de s'arrêter en face de moi.

« Oooh, un Ptiravi. Qu'il est mignon ! Aller, ouste. On a un sommet à atteindre nous. »

Je lui fais signe au revoir avant de reprendre ma marche. Mais le pokémon rose semble obstiné à nous suivre. Je ne dis rien, tant qu'il ne m'envoie pas d'autres cailloux. On marche encore au moins dix minutes quand j'entends Plume qui râle. Le Ptiravi a décidé de s'acharner sur elle. L'oiseau mauve s'approche en lui criant dessus, probablement un truc du style « ARRÊTE » mais en langage pokémon. Le pokémon sauvage se met alors à pleurer, nous faisant tous soupirer. On continue notre chemin, le laissant finir son caprice seul. Cependant, il ne semble pas décidé à se laisser faire. Il nous relance plusieurs fois des cailloux. On essaye de l'ignorer mais impossible.

« MAIS VA EMBÊTER QUELQU'UN D'AUTRE, BON SANG ! »

Le Ptiravi se remet de nouveau à pleurer. Me vient alors une idée. J'appelle Plume et lui demande d'utiliser son attaque signature: Danse Eveil. Le pokémon spectre s’exécute et créer une multitude de plumes qui vient tournoyer autour du pokémon rose. La Plumeline agite alors ses ailes pour qu'elles s'envolent dans la direction opposé à notre route. Le Ptiravi, hypnotisé les suit, innocent et naïf. Je fais signe alors au groupe de courir pour le semer et être sûr qu'il ne nous retrouve plus.

« ♪ Regardez-moi, je suis une star. Quand je suis apparue, le monde s'est arrêté ! Je m'envole au-delà de vos regards, brillante dans le ciel étoilé ! ♪ »

Enfin délivré du Ptiravi, on continue notre chemin dans la joie est la bonne humeur. Je pense que l'on doit être à la moitié de notre périple. Mais on n'a certainement pas fait le plus dur.

« ♪ Brillaaaaaaaaante.. dans le ciel.. étoooooooilé ! ♪ »

Louis m'applaudit alors que je me remets à rire. J'adore chanter, je n'ai pas une voix extraordinaire, je ne fais simplement pas de fausses notes. J'aimerais bien savoir jouer d'un instrument, autre que la flûte traversière, comme la guitare, ou le ukulélé qui est très populaire à Alola ! Mais je n'ai pas le temps. Mon enthousiasme s'envole rapidement lorsque j’aperçois au loin que le sentier est coupé par un amoncellement de rochers.

« Oh, fais chier. Ils ont du s'écrouler y'a pas longtemps.. »

On s'approche du gros tas de cailloux. L'escalader serait de risquer de marcher sur une pierre instable, de glisser et de tomber dans le ravin. Et je n'ai pas spécialement envie de mourir. Plume passe de l'autre côté en volant, en toute grâce et délicatesse.

« Je vous attends de l'autre côté. »

Je soupire en secouant la tête. Je me tourne vers Ulka.

« Je vais avoir besoin de toi. » dis-je avec un grand sourire.

J'aurais pu déloger les pierres avec la force de mes bras et ceux de Louis, mais cela aurait pris trop de temps. Et nous n'avons pas de temps.

« Ulka, utilise Bélier ! »

Le pokémon fonce droit vers le tas de roche et vient violemment le percuter, formant un début de passage et écartant les pierres gênantes.

« Utilise Rayon Gemme ! »

Il envoie un puissant rayon au milieu des roches. Il avait presque finit de former le passage qu'un cri retenti.

« RAAAAAACAAAAAAILLOUUUUUUUUU. »

J'écarquille les yeux lorsque je vois trois Racaillou s'élever du tas de roche.

« Oups. »

Un des Racaillou fonce vers Ulka en utilisant Charge. Heureusement il esquive.

« Riposte avec Ultralaser ! »

Le Météno envoie un puissant Rayon vers son attaquant qui se le prend en pleins fouet avant de tomber au sol. Les deux autres s'approchent de lui et l'aide à se relever. Voyant que nous sommes plus forts et plus nombreux, ils décident de s'en aller. Je soupire de soulagement. Ulka termine de déloger les pierres pour que Louis et moi puissions passer. On retrouve Plume qui se prélassait au soleil de l'autre côté. On reprend notre chemin normalement, en espérant de pas recroiser ces Racaillou.

Cette épreuve me fait réellement penser à celles que l'on retrouve sur Alola. J'ai l'impression d'être chez sans vraiment l'être. Il m'arrive d'avoir le mal du pays mais quand je vois Gouroutan, Plumeline et Météno, je vais mieux. Ils me rappellent pas terre natale, celle que je pensais que je ne pourrais quitter pour rien au monde. Mais est-ce que les rêves rentrent dans « rien au monde » ? On continue tranquillement notre route dans cette montagne. On retrouve un peu de végétation autour de nous, ce qui fait du bien. Je commence à avoir un peu mal aux pieds, mais je ne dis rien. Plume a arrêté de marcher pour planer dans les airs et ainsi éviter de salir son plumage. Une véritable diva, ça ne fait aucun doute.

« Qu'est-ce qu'on entend ? » demande soudainement Louis.

Je tends l'oreille et entends un bruit assez grave et lourd. Je plisse les yeux pour me concentrer sur ce que peut bien être l'origine de ce bruit. Mais finalement, je n'en ai pas besoin. Je vois la Plumeline prendre de la hauteur pour observer. Elle revient vers nous quelques secondes après.

« Il y a un torrent qui coupe le passage. »

En effet, on avance quelques mètres plus loin et, dans un tournent, on aperçoit l'eau qui dévale la montagne à toute vitesse. Génial. Il est hors de question qu'on traverse en nageant, le courant est trop fort. Quand on s'approche un peu plus, on tombe sur un regroupement de Keunotor. Ils tirent tous une tête d'enterrement. Je comprends rapidement pourquoi en regardant le début d'un barrage de chaque côté du rivage. Si on les aide à construire le barrage, on pourra probablement traverser dessus ensuite.

« Louis, on va avoir besoin de tes bras ! » dis-je, déterminée.

On s'approche de la horde de pokémons sauvages. Je laisse le Gouroutan leur expliquer que l'on va les aider. Pendant ce temps, je réfléchis comment on pourrait les aider. J'aperçois alors la souche d'un arbre. Si elle est assez large, on peut peut-être s'en servir pour ralentir le courant ? J'appelle le Gouroutan et lui explique mon idée.

« Ulka, il faudrait que tu arrives à déraciner l'arbre. Louis, tu la portes et tu la mets perpendiculaire au torrent. Essaye de la coincer. Avec Plume, on ira chercher des lianes ou ce genre de chose pour l'accrocher. D'accord ? »

Les trois pokémons acquiescent. Je pars vers l'amas de végétation qui s'est formés aux alentours du torrent. Avec Plume, on arrive tant bien que mal à trouver des lianes, mais aussi des branchages, de la mousse et tout ce qu'il faut pour construire un barrage de luxe aux Keunotor. Lorsqu'on revient, Louis et Ulka avaient finit d'enlever les racines de l'arbre, aider par les pokémons sauvages. Le Gouroutan soulève alors la souche. J'avais vu juste: elle est tout juste assez grande pour être à moitié immergé dans l'eau mais en se coinçant avec les rochers qu'il y a dans l'eau. Les Keunotor et notre petit groupe, ensemble, on commence à placer les divers branchages et mousse que les pokémons souridodue viennent aplatir avec leurs derrières avec de l'eau et de la terre pour former de la boue séchée. Avec Louis, on refait plusieurs fois l'aller-retour pour ramener des branches plus ou moins grandes pour consolider le barrage et être sûr qu'il ne cède pas sous le poids des Keunotor et aussi sous le notre. Le torrent commençait à couler de moins en moins. Il n'y avait plus qu'un fin filet d'eau qui perçait le barrage que l'on venait de construire. On termine quelques petits détails et c'est terminé. Notre joli barrage est prêt à accueillir la horde de tous ces petits Keunotor. Et nous, on doit marcher dessus pour traverse. Je pris Solgaleo pour qu'il ne casse pas et qu'on ne se retrouve pas tout en bas de la montagne. L'épreuve serait forcément raté et je n'ai pas envie d'échouer. Je ne veux pas terminer l'année sur un échec, il en ait hors de question. Je laisse Plume et Ulka traverser en premier, puisqu'ils volent. Avec Louis, on décide lequel de nous deux passe en premier. Après quelques arguments, cette personne sera moi. Je m'avance vers le barrage et prends une grande inspiration. Je pose un pied, puis deux. J'avance doucement en posant un pied devant l'autre pour ne pas perdre l'équilibre ou pour ne pas glisser. Après dix minutes, les plus longues de ma vie (oui, j'ai été très très trèèès lente, mais je ne voulais vraiment pas tomber), j'arrive enfin de l'autre côté de la rive. Je saute, heureuse de retrouver le sol rocheux de la montagne. Je fais signe entre à Louis de traverse. Il fait comme moi et prend les mêmes précautions. Mais que serait un récit d'aventure sans problèmes ? Du à sa taille et à sa forme imposante, il est compliqué pour lui d'avancer en mettant une patte devant l'autre. Il glisse et se rattrape tant bien que mal au barrage. Mon cœur loupe un battement, j'écarquille les yeux. Ma première peur est que le barrage cède sous son poids. Heureusement, Ulka vole à son secours et l'aide à se relever. Il remonte tant bien que mal sur le barrage et finit sa traverser sans peine. Je le serre fort dans mes bras lorsqu'il nous rejoint.

« Ne me fais plus jamais ça ! » dis-je, le cœur battant encore la chamade.

On fait signe au Keunotor au revoir avant de reprendre notre route. Je sens que c'est la dernière ligne droite. On est bientôt au sommet de la Montagne Skiddo. Je suis peut-être pas la première finalement à réussir cette ascension, je ne serais probablement pas la dernière non plus. Mais je me rends compte que ces petites épreuves que nous avons pu rencontrer durant notre montée, on les a surmontés ensembles. Cela va probablement nous rapprocher, Gouroutan, Plumeline, Météno et moi. On fera des privates jokes « Épreuve du Doyen » que nous seuls pourront comprendre, et ça nous fera rire.

Nous sommes bientôt au bout de notre incroyable ascension. Il ne nous reste plus qu'un pan de montagne à franchir. On avance donc tranquillement, en apercevant presque le sommet à atteindre. Qui sait ce que l'on trouvera là-haut ? J'ai hâte de voir la vue qu'on aura, elle sera sûrement magnifique. On quitte le sentier encore un peu boisé pour revenir sur un chemin plus escarpé, fait uniquement de roche. Je ne sais pas exactement combien de temps il nous reste, mais le soleil est déjà presque couché. Peut-être encore quarante-cinq minutes ? Non, je n'en ai aucune idée. J'ai l'impression d'avoir perdu la notion du temps. Soit. Dans un virage, on tombe nez à nez avec un pokémon sauvage que je n'apprécie pas énormément: un Absol. Pokémon annonciateur de mauvais présage, ce qui n'a rien de bon pour nous. Assis en plein milieu du passage, il relève la tête à notre arrivée. Il se redresse alors immédiatement et pousse un léger grognement. Louis et Ulka se mettent directement devant Plume et moi pour nous protéger. Louis semble alors lui parler. Ils discutent quelques minutes puis le Gouroutan se retourne vers moi.

« Je lui ai dit qu'on veut simplement passer, mais il refuse catégoriquement de nous laisser et il ne veux pas donner les raisons. »

Je fronce les sourcils. On passera, qu'il le veuille ou non. Je dépasse mes deux pokémons pour faire face au pokémon sauvage. Je remarque alors que d'ailleurs sa mine effrayante, il semble avoir de l'inquiétude. Je le regarde un instant en essayant de comprendre.

« S'il y a un danger dont tu veux protéger les grimpeurs, je comprends. Mais nous sommes quatre, nous pouvons affronter ce danger. »

L'absol secoue la tête, obstiné. Je soupire.

« Je t'en prie. »

Je fais un pas en avant mais il me repousse aussitôt, sous l’œil attentif de mes trois compagnons.

« Je n'ai pas envie de me battre avec toi. Je t'en supplie. Viens avec nous si tu veux t'assurer que l'on est rien. »

L'Absol redresse la tête et me fixe un instant, l'air intrigué.

« C'est gagnant-gagnant. Tu nous laisses passer, on sera content. Tu nous accompagne pour nous prévenir du danger, on te montre qu'on pourra l'affronter, tu es content. Tout le monde est content. » expliquai-je en souriant bêtement. « Marché conclu ? »

L'Absol réfléchi un instant puis finit par céder sous mon regard insistant. Il passe devant suivie de Plume et moi. Ulka et Louis ferment la marche. On reprend notre chemin sur le sentier sinueux. Puis on comprend de quel danger il voulait nous prévenir. Plus ça vient, plus le chemin devient de plus en plus fin. Au bord d'un ravin, on avance, coller le plus possible au mur. La roche où nous posons les pieds semble instable et au bout de quelques minutes, on s'arrête. L'Absol pousse un petit grognement. Ulka s'en va voir avant de revenir vers nous.

« Le chemin s'est écroulé, il y a un trou d'environ deux mètres. On ne peut pas passer. »

Je fronce les sourcils: mais on doit passer. Je réfléchis un instant avant de faire signe au Gouroutan de faire demi-tour. On revient sur nos pas pour retourner sur un sol plus stable.

« Absol, j'ai une solution. On revient dans 15 minutes. »

Je fais signe à mes trois compagnons de me suivre. Je dévale le sentier que l'on venait de parcourir à tout allure pour revenir au barrage des Keunotor. Les pokémons sauvages nous accueillent, intrigués, lorsqu'ils nous voient arrivés en courant, essoufflés.

« Louis, demande-leur de nous aider à ramasser des branches et des lianes. On va construire un petit pont pour passer. »

Le Gouroutan acquiesce l'idée avant d'expliquer à la horde ce qu'ils peuvent faire. Ils se dépêchent alors de ramasser tout les branchages qu'ils trouvent, ou autre branches cassées malmenées par les intempéries de la montagne. Plume et Ulka me ramènent des lianes et avec Louis, on arrive à construire un pont en bois de deux épaisses couches pour permettre de traverser le sentier coupé en deux. Je ne sais pas si cela est vraiment sécurisé mais si on peut au moins traverser une fois, c'est déjà ça de gagner. Je laisse donc Louis transporter le pont de fortune jusqu'à l'endroit où on avait laisser l'Absol sauvage. Je remercie une énième fois les Keunotor avant de suivre mes pokémons. On a prit plus de temps que prévu pour construire notre mini-pont, j'espère que l'on arrivera à atteindre le sommet avant le coucher du soleil.

On retrouve l'Absol, qui n'avait pas bouger. Je lui montre notre pont. Il laisse alors passer le Gouroutan sur le sentier. Je le suis avec précaution suivie du pokémon sauvage. Plume et Ulka volent à côté de nous, dans la crainte qu'il y en ait un qui tombe. On marche encore pendant plusieurs minutes, je n'en pouvais plus. Je n'avais qu'une hâte, c'était d'arriver en haut. On arrive finalement à l'endroit où le sol s'est écroulé. Louis pose doucement le pont en bois et s'assure qu'il est bien stable. Il allait commencer à traverser mais le Absol pousse un grognement. Il se faufile ensuite devant moi puis devant le pokémon psy pour l'empêcher de passer. Il voulait le franchir en premier pour être sûr que ce n'était pas dangereux et qu'il n'y avait plus aucun risque. Il s'avance doucement et pose une patte sur le bois. Un craquement se fait entendre mais rien de se produit. Il avant une deuxième patte, puis une troisième et une quatrième. Quelques pas et il était déjà de l'autre côté. Il se retourne et fait un signe de la tête pour nous dire de traverser. Louis s'avance doucement et traverse sans peine. A mon tour. Je pose un pied sur le pond en prenant une grande inspiration. Je ne suis plus sur un barrage, si je tombe, je ne suis pas sûr de m'en sortir aussi bien. J'avance lentement en posant un pied devant l'autre. J'entends un énorme craque, mon cœur lâche alors que le sol se dérobe sous mes pieds. Solgaleo, non. Heureusement, j'ai pu prendre une dernière impulsions pour venir m'accrocher à Louis qui me réceptionne et me remonte sans peine. Je pousse un soupir de soulagement, c'est terminé. On continue de suivre le sentir tranquillement pendant encore quelques minutes. Puis enfin, on en voit le bout. Il s'élargit de plus en plus. L'Absol nous quitte, on se retrouve de nouveaux à quatre. J'aperçois alors le sommet de la montagne. Un énorme sourire s'affiche sur mon visage. Je mets à courir en faisant signe à mes amis de me suivre.

Un petit plateau surplombe le plus haut pic de la montagne. On s'avance lentement avant de se mettre au bord de la falaise. Je m'assoie et observe le spectacle devant moi: une vue incroyable sur toute l'Île d'Adala avec un magnifique coucher de soleil. L'étoile jaune disparaît derrière l'océan lentement, plongeant petit à petit l'Île dans l'obscurité. Plus personne ne parle, on observe tous la vue.

« Merci de m'avoir accompagné. » dis-je en regardant les trois pokémons.

Ils viennent tous se serrer contre moi. Je passe mes bras autour d'eux pour faire un câlin collectif. Je me retourne ensuite et me redresse pour me diriger au centre du plateau où se trouve une pierre sculptée. Je m'approche et voir en son centre une petite boite en bois. Je la prends et l'ouvre délicatement. Je découvre alors ce qu'elle contient: ma récompense pour avoir réussi l'épreuve.

« Une Normazélite ! »