Inspire.
Expire.

La boule qui grandit au creux de son ventre est bien différente de d’habitude. L’appréhension de l’avant scène, des spectacles, est bien éloignée de celle qu’il ressent aujourd’hui.

Car aujourd’hui, la scène sur laquelle se prépare à monter Sirius, le spectacle auquel il va prendre part … c’est si différent, si éloigné.

Pas de paillettes, pas de bling bling. La puissance est le mot d’ordre aujourd’hui. La puissance. Le combat. Brut.

Tout ce que Sirius a toujours dénigré, regardé de haut, voilà qu’aujourd’hui il participe. Après cet été, son alternance, les enseignements de l’arène … Aujourd’hui Sirius a changé, aujourd’hui, il ne regarde plus de haut les top dresseurs, il ne dénigre plus leur manque d’élégance.

Aujourd’hui Sirius est admiratif, curieux, il veut en apprendre plus.

Aujourd’hui, Sirius veut se sentir puissant.

La petite pokeball au creux de sa main semble peser bien lourd.

On lui fait signe de s’approcher, c’est à son tour. C’est à son tour de s’avancer et de défier la championne. C’est à son tour d’essayer de lui arracher le badge. C’est à son tour d’essayer de gagner le badge nymphe.

C’est étrange.

Sirius se sent étrangement à sa place alors qu’il monte les escaliers qui l’emmènent vers l’extérieur, vers le stadium. Vers le terrain du combat. C’est si similaire et si différent de quand il s’avance pour entrer sur scène.

Il ajuste rapidement la chemise blanche qu’il porte rentré dans son pantalon noir, sa veste droite oubliée dans les vestiaires du stade. Il est peut-être un peu trop bien habillé pour l’occasion, pour un défi de champion mais Sirius n’est pas exactement un habitué, il ne sait pas exactement comment se comporter.

Il rentre les épaules, inspire, expire, et sort.

C’est si similaire et si différent.

C’est comme entrer sur scène et en même temps …

Il entend la clameur des spectateurs venus voir les combats, Sirius serre les poings, pas question de leur présenter un spectacle bâclé. Il s’avance jusqu’à la petite estrade destinée au challenger. Elle n’est plus très propre et comme elle, le terrain a subit quelques coups de la part des combats précédents. De l’autre côté, la championne lui sourit.

Elle est … stupéfiante.

On dirait plus une coordinatrice qu’une championne d’arène. Son kimono rose est tout simplement unique et d’après ce que Sirius sait, c’est elle qui le fabrique et le pense. Sa coiffure est toute aussi élégante que son maquillage et pour être honnête tout son look est pensé, réfléchit et tout à fait parfait.  

Sirius incline la tête pour la saluer, de plus en plus en confiance. L’élégance de la championne ne signifie pas une quelconque faiblesse, Sirius est bien placé pour le savoir. Mais ça le met à l’aise, c’est quelque chose qu’il connaît. Bien loin des pectoraux luisants de l’arène dans laquelle il a passé deux semaines cet été, bien loin de la force brute qu’il y a apprise, Valériane a une force élégante, discrète mais tout à fait présente.

Elle rayonne et ne serait pas du tout de mauvais goût sur la scène d’un concours de coordination.

Sur la droite du Noctali, l’arbitre attend son signal. Sirius hoche la tête et la voix de l’arbitre résonne dans le stade.

- Veillez accueillir Sirius Powell d’Algatia, challenger de la Championne de Romant-Sous-Bois, Valériane !

Le stade éclate en applaudissement. Sirius sourit. Ça c’est son domaine. Le public ça le connaît. Il ne reste plus qu’à offrir un spectaculaire spectacle …

Les deux pokeballs montent vers le ciel avant de s’ouvrir, libérant les deux pokemons. Les rayons écarlates, jumeaux, prennent lentement la forme des deux pokemons qu’ils contiennent. La petite taille de Naos semble encore plus marquée dans l’énorme stadium et pendant un instant, Sirius craint que sa petite Feunnec panique.

Et elle semble paniquer pendant une demi seconde, regardant autour d’elle avec effroi. Sirius lui a pourtant expliquer ce qu’elle ferait aujourd’hui, la taille de l’endroit et tous les autres éléments que la petite aurait besoin pour être prête. Mais rien ne peut véritablement préparer un pokemon à la réalité. À cette toute première entrée sur scène.

Naos jette un regard vers lui. Leurs yeux se croisent. Sirius hoche doucement la tête. Vas y ma belle. C’est à toi. Alors Naos fixe son regard sur son opposante, une imposante Mysdibule. Voilà, entrer dans la zone, ne pas laisser l’extérieur l’atteindre. Se concentrer sur le pokemon en face et sur la voix de son dresseur.

Cependant, alors que Naos se prépare au combat, l’équipe opposée semble se mettre à briller et en quelques minutes, la Mysdibule se transforme. Plus grande, plus colorée, sans aucun doute plus puissante. Sirius déglutit.

- C’est rien Naos, concentre toi !

C’était peut-être une mauvaise idée au final, de choisir un pokemon aussi peu expérimenté que Naos pour combattre contre une championne d’arène … Pourtant, Naos pousse un petit cri déterminé et Sirius réalise que le choix est fait, qu’il n’y a plus de retour en arrière et qu’il doit maintenant absolument tout donner.

- Feu Follet !

La stratégie de Sirius n’est pas très complexe. Handicaper l’ennemi puis se protéger. Ensuite, il pourra se lancer dans les attaques offensives. Dressée avant tout pour la coordination, Naos caste avec élégance les lumières violacées. Toujours en mouvement, le feu violet s’enroule pendant quelques secondes autour du corps de la Feunnec avant de partir attaquer et brûler la Mysdibule ennemie.

Cette dernière pousse un léger gémissement avant de se reprendre. Profitant du fait que Naos n’a pas tout eut le réflexe de se reculer après son attaque, elle s’avance d’un pas vif et lance son Crochet Venin à bout portant. Le pokemon feu jappe de mécontentement et se recule.

- Utilise Mur Lumière tout autour de toi, comme à l’entraînement !

C’est une technique qu’il a développé pour les concours à la base. Le public est rarement simplement en face du pokemon qui participe et il est intéressant de pouvoir varier les effets des attaques connues pour surprendre le jury.

Ou, visiblement, l’adversaire.

Valériane, face à lui, observe le petit pokemon qui concentre son énergie mentale autour d’elle, formant une sorte de bouclier blanc tout autour d’elle. La lumière du soleil se réfléchit pendant un instant sur les murs intenses, formant un véritable halo de lumière, tout autour de la Feunnec.

Dans le même temps, Mysdibule semble utiliser la même technique et s’illumine légèrement, améliorant sans doute sa défense. Incapable de réellement identifier l’attaque, Sirius se concentre sur son propre pokemon.

La lumière s’est lentement dissipée mais le Mur Lumière s’est déposée comme une seconde peau sur sa Feunnec, la faisant apparaître comme irréelle, comme magique. Le sourire de Sirius s’agrandit. Naos a apprit à modifier l’apparence de l’attaque en peu de temps, exprès pour ce combat et son dresseur ne pourrait pas être plus fier.

Son attention se reporte sur le duo en face de lui. Valériane semble terriblement amusée alors que Mysdibule fait claquer sa mâchoire de manière inquiétante. Sirius serre le poing, le combat est loin d’être facile mais après tout, il aurait été déçu du contraire.

Le voilà enfin, plongé entièrement, dans un pur combat de dresseur.

Oubliée, la coordination.

Valériane ne perd pas plus de temps et envoie une baie Fraive à sa Mysdibule, supprimant la brûlure que lui a infligé Naos. Sirius serre les dents, agacé. Il énonce le prochain mouvement de son pokemon d’une voix qu’il reconnaît à peine.

Il panique.

Son premier tour semble n’avoir servit à rien du tout maintenant et il ne peut qu’essayer de donner à sa Feunnec le pouvoir de se battre contre une Mysdibule aussi imposante et puissante. Enchaîner quatre attaques non offensives n’était peut-être pas la meilleure des idées.

Le Zénith illumine le Stadium avec facilité, obligeant les deux dresseurs à plisser des yeux pour s’habituer au changement de luminosité. Sirius n’attend pas de voir à nouveau pour demander à Naos de lancer une Danse-Flamme sur son adversaire.

Avec élégance, la Feunnec s’entoure de vives flammes et les relâche avec une pirouette sur la Mysdibule. Cette dernière accuse le coup et maintenant que les flammes l’ont trouvé, Sirius sait qu’elle ne s’enfuiront pas. Contrairement à la brûlure lancée plus tôt.

Parfait, terrain à son avantage puis infliger un problème de statut. Maintenant il va pouvoir attaquer plus férocement.

Le petit corps de Naos s’envole.

Elle parvient tant bien que mal à atterrir ses pattes mais elle ne reste pas bien longtemps debout. Elle titube.

Elle tombe.

Ko.

- Feunnec n’est plus en mesure de se battre. Mysdibule et Valériane, la championne, remportent le match !

Sirius n’aura pas eu le temps d’attaquer. Son poing se serre alors qu’il rappelle la petite renarde dans sa pokeball.

Juste comme ça.

C’est finit.

La déception lui ronge l’estomac et il ose à peine lever les yeux vers la championne qui se contente d’un bref sourire. Elle n’a pas besoin de lui dire grand-chose, Sirius sait déjà où est son erreur. Où est sa faute.

Il incline sa tête avant de quitter le stadium, le goût de la défaite sur les lèvres. De retour dans les vestiaires, il confie la pokeball de Naos à une médecin qui lui dit d’attendre quelques minutes. Les yeux dans le vide, Sirius se repasse le match dans la tête.

Il avait une stratégie, plutôt efficace à la base mais il a trop attendu. Trop attendu pour attaquer fermement. Sa brûlure a permit à Sirius de faire perdre un tour à la championne mais tout ce qu’il a vu c’est la négation de son action. Et ça lui a fait perdre le fil.

Il l’a sentit, la panique. Ce sentiment de « Je ne sais pas quoi faire ». Comment se reprendre, comment gagner. Il est peut-être trop dur envers lui même. Après tout, ce combat est son premier véritable combat d’arène. Son premier vrai combat avec un enjeu autre que l’entraînement.

Et il a perdu.

D’une manière ridicule.

Il a cette terrible impression d’avoir été arrêté en plein vol. Ce sentiment qu’il n’a pas fait tout ce qu’il aurait put faire et pour Sirius, c’est probablement le pire.

Pire que la défaite, pire que son échec devant toutes ces personnes, c’est le sentiment de n’avoir pas fait de son mieux qui va le ronger pendant les prochaines nuits d’insomnie.

Il récupère la pokeball de sa Feunnec avec un merci pour la docteur avant de s’éloigner et de quitter le stadium totalement. Il laisse le petit pokemon sortir et la prend dans ses bras. Il n’a pas vraiment envie de rentrer à l’école et croiser les sourires désolés de ceux qui ont vu. Il veut juste …

Prendre le temps. Pour réfléchir à tout ça, pour réfléchir à cette défaite et à comment faire en sorte que la prochaine fois, ça ne sera pas une défaite.

Il y a une nouvelle détermination, une nouvelle étincelle qui naît dans le cœur de Sirius à ce moment là. Semblable et pourtant très différente à celle qu’il a après une performance.

C’est juste une nouvelle scène à conquérir.