Le nez bien caché dans la longue écharpe qui s’enroule autour de son cou, Sirius frissonne quelque peu. Le soleil est certes de la sortie mais la température n’en est pas forcément plus agréable. Au moins, il ne fait pas un temps humide. Le froid est sec et c’est un soucis de moi pour le grand frileux qu’est Sirius.

N’empêche qu’il fait grave froid.

Les doigts perdus dans l’épaisse fourrure de Naos, Sirius laisse son regard vagabonder sur l’île qui les accueille pour cette sortie capture. C’est pas la première, pas la dernière et il y a quelque chose d’étrangement rassurant dans cette pensée.

Malgré tout ce qui peut se passer dans sa vie, à l’académie, il y a toujours, quelque part, la routine de l’académie qui l’attend, qui existe, qui persiste et qui signe. Et alors oui, il leur a fallut du temps, beaucoup de temps même, pour que l’académie reparte à en sortie capture, qu’elle retrouve son rythme classique. Mais les compétitions, les cours de spécialité, cette sortie capture … toutes ces petites choses ont un goût de routine, un goût de déjà vu, un goût de tout va bien.

Et Sirius doit reconnaître que ça lui fait du bien. Qu’il en avait besoin.

Il respire à nouveau.

Il profite de ce semblant de normalité. De ce semblant de tout va bien.

Sirius n’est pas là pour explorer, pour capturer, pour se battre. Aujourd’hui, il cherche avant tout à profiter. Sortir, prendre l’air. Après le mois de décembre plus que chargé du jeune homme et une fin d’année pour le moins intense, Sirius se complaît dans ce rythme un peu plus lent, un peu plus tranquille.

Il prend le temps pour la première fois depuis … depuis longtemps.

Et ça lui fait un bien fou. Sirius doit bien reconnaître que ça fait du bien de prendre le temps. De pas de presser, de pas stresser. De se relaxer. C’est pas … C’est pas dans ses habitudes. Sirius est un perfectionniste. Un jamais satisfait. Quelqu’un qui en veut toujours plus. Sirius n’a pas le temps de s’arrêter.

Alors Sirius prend le temps. Il inspire, expire, inspire, expire et s’offre enfin tout le temps dont il a besoin. Et ça fait du bien.

Naos se débat un peu et Sirius laisse la Feunnec sauter de ses bras jusqu’au sol. Elle se secoue joyeusement et s’étire une minute avant de partir à toute allure, sautillant entre les brins d’herbe et montrant les crocs aux fleurs, sous le regard amusé et attendrit de son dresseur.

Ça fait du bien d’avoir un pokemon aussi jeune de nouveau dans l’équipe. Elle a une naïveté rafraîchissante, une simplicité et une joie de vivre qu’aucun membre de son équipe à vraiment. C’est un petit feu d’artifice. Un petit arc-en-ciel.

Elle lui fait du bien.

Il va bien.

L’île sur laquelle l’académie a décidé de les envoyer cette fois-ci est délicieusement charmante. Un petit bout de paradis tranquille, non sans lui rappeler d’autres sorties captures. Il faut dire qu’ils sont, de manière générale, assez chanceux. Leurs professeurs leur proposent de plus en plus rarement les étranges îles du style tas de crasse, désert affreux ou encore, cette fois où ils ont dû sauter en parachute.

Ouais, tout compte fait, c’est assez rare une sortie capture aussi calme. Aussi simple. Et franchement, Sirius ne va pas se plaindre.

Un sourire amusé sur les lèvres, il se lève dirigé par la petite Naos. Il laisse la Feunnec qui ne connaît qu’Adala découvrit ce nouveau territoire et ces nouveaux environnements. Elle a cette curiosité que seuls les jeunes pokemons ont encore et si, quand il a demandé un Feunnec au collectionneur il n’avait aucune autre attente, Sirius est bien heureux que le vieil homme ait choisit de lui confier un jeune pokemon.

Malgré les deux œufs qu’il a reçu pour Noël cette année, les pokemons qui y résident n’ont pas encore éclos et Naos est bel et bien la seule jeune de l’équipe. Et quelque part, Sirius en est satisfait. Après le départ de certains de ses pokemons, il doit bien reconnaître qu’il s’est remit en question. Cependant, cette réflexion n’a pas vraiment eut le temps de se compléter avec tous les événements de Lansat. Entre ça et sa rééducation cet été, autant dire qu’il n’a pas exactement eut le temps d’y repenser.

Un petit peu, d’une certaine manière. Il ne l’a pas dit à grand monde, mais … on lui a retiré ses pokemons pendant son temps à l’hôpital, puis dans l’arène. Il a eu tout le temps du monde pour réfléchir sur lui même. Sur ses capacités, là où il voulait aller, ce qu’il souhaitait faire maintenant.

Ça a pas été évident et avec le recul, il comprend la décision du corps hospitalier de lui retirer son équipe. Il n’avait ni le temps, ni l’envie, ni le courage de s’occuper de sa petite équipe. De sa petite famille. Le gros soucis, avec le fait d’être un dresseur de pokemon, c’est qu’on a rarement, voir jamais, du temps pour soi. Rien que pour soi. En total solitaire. Quand bien même vos pokemons sont dans leurs pokeballs, ils vous voient et vous entendent.

Donc oui. Il peut maintenant le reconnaître, l’avouer, ça lui a fait du bien. D’être seul. De réfléchir par lui même, sans l’influence maternelle d’une Adara ou l’invasion psychique permanente de Murzim et Gacrux. Non, ça n’était que lui.
Difficile, mais nécessaire.

Sirius est satisfait. Content. Heureux même.

Aujourd’hui, il est capable de le dire, il est heureux. Et Naos est probablement une des raisons de son rétablissement moral. Elle l’a aidé sur de nombreux aspects. Elle l’a aidé plus que beaucoup d’autres. Sans vraiment le savoir, juste avec son attitude et sa joie de vivre. Juste avec son innocence et sa fraîcheur.

Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.

Il la regarde, avec ce regard nouveau, emplit d’une tendresse certaine. Elle a une énergie débordante et la voilà d’ailleurs qui course un pauvre petit Zarbi Z. Sirius la laisse faire un instant avant de la gronder doucement et de laisser le pokemon sauvage filer.

S’il n’est pas fermement opposé à l’idée de capturer un pokemon aujourd’hui, il estime que son équipe est plus qu’équilibrée et il n’est pas exactement besoin d’un Zarbi. D’autant plus qu’il se sentirait probablement mal. Les Zarbis sont des pokemons communautaires et priver celui-ci de ça, juste parce que Naos semble l’apprécier, ça ne lui semble pas exactement être juste.

N’importe quel autre jour, Sirius aurait probablement été frustré au possible par la quiétude de cette journée. Il se passe pas grand-chose. Il se passe rien. Juste du calme et une ballade paisible dans une île plutôt agréable alors que le soleil est haut et réchauffe doucement ses épaules.

Juste ça.

Rien que ça.

Et ça amène un large sourire sur le visage de Sirius. Comme quoi, parfois, il n’en faut pas beaucoup pour embellir une journée. Un peu de calme, de verdure et d’eau fraîcheur ! C’est tout ! Et la petite Naos qui court après les papillons et les pokemons qu’ils croisent sur le chemin. Rien que les deux. Sirius ne s’embête pas à laisser le reste de son équipe sortir. Il aime bien, de temps en temps, consacrer son entière attention à un pokemon.

Quand vers midi, ils s’arrêtent pour manger les quelques sandwichs que Sirius a pensé à prendre, la petite Feunec, visiblement épuisée par ses crapahutages, s’allonge à ses côtés et s’endort en quelques secondes. Amusé et attendri par l’affection évidente du petit pokemon, le Noctali laisse faire et profite du temps agréable pour s’allonger également.

Et peut-être que comme Naos, il laisse ses yeux se fermer et son esprit dériver dans les limbes du sommeil. Personne ne peut lui en vouloir de prendre une pause, une sieste, alors que ça fait très longtemps qu’il n’a pas eut une nuit de sommeil complète. Pas que ça soit vraiment inhabituel pour Sirius de ne pas dormir autant qu’il le devrait, mais parfois, il faut rattraper le tout. Visiblement, aujourd’hui est une journée idéale pour faire ça.

Le coordinateur a tout de même la présence d’esprit de caler un réveil au cas ils ne se réveilleraient pas à temps pour rejoindre le bateau. Parce que parfois, ça arrive, Sirius a un éclair de responsabilité qui lui fait penser à ce genre de petit détail.

Les détails réglés, Sirius se laisse entraîner dans le sommeil et s’endort en bien peu de temps pour quelqu’un qui souffre d’insomnie de manière récurrente. Comme quoi, être détendu ça aide pour s’endormir. Faudrait peut-être qu’il trouve des méthodes pour s’endormir plus facilement. Ça serait probablement pas un luxe. Mais en même temps, ses insomnies lui permettent d’être toujours plus ou moins à jour dans ses projets.

Ce qui est pas forcément la méthode la plus saine de vivre.

Mais hey, c’est simplement ce que Sirius est.